Je vais vous parler aujourd'hui des goules, des démons orientaux qui ont beaucoup inspiré la littérature fantastique. J'espère que l'image vous plaira, vous pouvez la prendre si vous voulez.
Ghûl en arabe signifiait à peu près "ogre" ou "démon". Dans les traditions orientales, la goule est une sorcière ou "vampire" mangeant la chair humaine et buvant le sang, comme les loups-garous, plutôt que comme les vampires, car elles n'ont pas toujours besoin d'être mortes pour se livrer à leurs festins funestes. D'après les contes, ce seraient des animaux gigantesques qui avaleraient les gens, des sortes de vampires femelles. Elles forment une classe de Jinn, comme les Éfrits par exemple, et sont donc à ce titre l'engeance du diable, Iblis. Les goules changent de forme, prenant le plus souvent l'apparence d'une hyène ou celle d'une femme, mais elles sont reconnaissables à leurs pieds fourchus, seul élément constant de leur apparence. La goule hante aussi le désert sous les traits d'une jeune femme et elle dévore les voyageurs qui succombent à ses appels, non sans rappeler les sirènes du récit de l'Odyssée. Quand la chair vivante leur manque, elles vont dans les cimetières déterrer les cadavres frais. Le poète anté islamique Ta'abbata Charrane décrit dans l'un de ses poèmes sa rencontre et sa lutte contre une goule. De nombreux récits terrifiants destinés aux enfants ont pour acteur principal une goule dans les pays du Maghreb. La goule y joue souvent le rôle du Grand méchant loup. Ces traditions doivent être fondées sur des faits sinistres. Peut-être des traces de cannibalisme rituel.
La tradition rabbinique parle de Gholes ou spectres se nourrissant de sang. Et dans la tradition hébraïque, la ghole inspire la folie aux hommes.
On voit aussi dans les contes orientaux une espèce de vampire qui ne peut conserver son odieuse vie qu'en avalant de temps en temps le c½ur le c½ur d'un jeune homme : ces contes prouvent que les horribles idées du vampirisme sont anciennes en Arabie. On rencontre de fréquentes allusions aux goules dans les poèmes d'Horace et dans les Mille et Une Nuit, "et maintenant encore cette terrible superstition porte l'épouvante dans plusieurs contrées de la Grèce moderne et de l'Arabie... On cite des histoires qui remontent jusqu'au 10ème siècle et même jusqu'au règne d'Haroun Al-Rachid" (Collin de Plancy, Dictionnaire, 1863).
Elle est à l'origine du vampire, d'après beaucoup, mais il est plus vraisemblable qu'elle en soit l'appellation locale au Moyen-Orient. Et si finalement le vampire n'était qu'une mutation de la goule. En 1749, l'ecclésiastique Dom Augustin Calmet, dans sa "Dissertation sur les apparitions des Esprits et sur les Vampires et Revenants" relate le cas d'un certain Arnold Paole. Cet habitant de Medvegia, écrasé sous un chariot de foin, fut enterré de manière tout à fait normale. Trente jours plus tard, quatre personnes de la région moururent "de la manière dont meurent, suivant la tradition du pays, ceux qui sont molestés de vampires". Or, ce même Paole racontait souvent, de son vivant, qu'aux frontières de la Serbie Turque, un vampire venait le tourmenter, mais qu'il avait trouvé le moyen de s'en débarrasser en s'enduisant de son propre sang et en mangeant de la terre. Mais lorsque l'enquête voulu qu'on ouvrit sa tombe, il s'avéra que sa dépouille portait tout les stigmates habituels du vampire (corps vermeil, cheveux, barbe et ongles longs, linceul couvert de sang). On fit donc venir un expert, qui le supprima comme la tradition le préconisait : pieux dans le coeur (causant, parait-il, un effroyable cri de la part du malheureux Paole), et tête décapitée, puis brûlée.
Les turcs croyaient aux goules et non aux vampires, donc ce vampire qui attaqua Arnold Paole était une goule. À partir de ces faits certains crurent que l'origine du vampirisme était orientale.
Adoptée en Occident comme personnage fantastique dans des récits d'horreur, la goule devient une sorte de vampire femelle qui s'attaque aux cadavres, les déterrant dans les cimetières pour les dévorer au clair de lune. Elle dévore aussi de jeunes enfants.
Le romancier populaire du 19e siècle Paul Féval, fait de la goule la femelle du vampire. Dans son livre La Vampire (1856), une vampire femelle hante le Paris de 1804, où elle est mêlée au complot de Georges Cadoudal contre le Premier Consul. Dans un épisode comique, le secrétaire général de la préfecture de la Seine étale sa science et précisant que la femelle du vampire n'est pas appelée une vampire, mais une "oupire" ou une "goule".
L'auteur de récits fantastiques H. P. Lovecraft et le jeu de rôles tiré de ses oeuvres, L'Appel de Cthulhu, en font des nécrophages capables d'absorber les souvenirs de leur "repas" et de prendre son aspect pour un temps limité. On trouve donc des humains qui louent des goules pour ressusciter les morts et les interroger ou revivre une dernière fois avec elles. De surcroît, trop fréquenter les Goules peut mener un humain à devenir Goule lui-même. Il s'agit d'une sorte d'humanité parallèle qui vit principalement dans les grottes des "Contrées du Rêve".
Selon les ½uvres d'Edgar Allan Poe, la goule se transforme en femme afin d'attirer ses victimes. Elle n'est cependant ni homme, ni femme, ni bête, ni humaine.
Enfin, George A. Romero n'a jamais donné le nom de zombi à ses morts qui marchent. Le cinéaste débutant de La nuit des mort-vivants se nourrit à la fois du livre culte de Richard Matheson paru en 1954 Je suis une légende (I am Legend) et du film Carnival of souls (1962) de Herk Harvey, et livre du roman de Matheson une interprétation toute personnelle, remplaçant les vampires de l'histoire par des goules dévorant les humains, on ne parle alors pas encore de "morts-vivants", le mot n'est d'ailleurs jamais cité dans le film mais uniquement dans son titre. C'est d'ailleurs dans une interview le nom de goule qu'il leur donne, disant que ses morts vivants ne ressemblent pas aux zombis haïtiens.
J'espère vous avoir fait découvrir ce personnage.
Merci !
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