
Né à Bologne en 1675, Prospero Lambertini, pourvu d'une solide formation théologique et canonique, mena de front une vie de fonctionnaire ecclésiastique, exerçant diverses charges au sein de l'administration pontificale, et une vie de recherche scientifique, qui le maintint en liaison avec les grands érudits de son temps, Assemani, Mabillon, Montfaucon, Muratori. Archevêque d'Ancône (1727), puis de Bologne (1731), cardinal (1728), il fit preuve d'un zèle pastoral qui ne le détourna cependant pas de ses études, ainsi qu'en témoigne la publication, parmi d'autres ouvrages, de son célèbre traité historico-canonique De servorum Dei beatificatione et beatorum canonizatione sur la béatification et la canonisation des saints (4 vol., 1734-1758). Un heureux mélange en lui d'un large savoir, d'une réelle expérience administrative et pastorale et d'une urbanité assez enjouée le font choisir comme pape au terme d'un difficile conclave de six mois.
Son intelligence et sa modération gagne les louanges même parmi les accusateurs de l'Eglise Romaine dans un temps où elle est assaillie par les critiques des philosophes des lumières et où ses prérogatives sont mises à mal par l'absolutisme des souverains. Caractéristiques de son pontificat sont sa promotion des études scientifiques et son admonition à ceux qui sont en charge de rédiger l'Index Librorum Prohibitorum (Index des livres interdits) pour qu'ils agissent avec modération.
Pape, il encouragea le commerce et l'agriculture, entama plusieurs réformes, rédigea plusieurs bulles — dont Providas — et encycliques destinées à réglementer les mariages mixtes et à mettre fin aux querelles relatives aux rites indiens et chinois. Reconnu comme l'un des papes les plus érudits, il encouragea fortement l'enseignement et la science, créa les chaires de physique, chimie et mathématiques à l'université de Rome, et rétablit l'académie de Bologne. Benoit XIV fonde des académies d'anatomie, d'archéologie, d'histoire de la liturgie et d'histoire de l'art. En littérature, il favorisa la traduction en italien des principaux ouvrages anglais et français. Il a laissé un grand nombre d'ouvrages, qui ont été publiés à Bassano en 1788, 15 vol. in-folio. Ses œuvres les plus importantes sont De servorum Dei beatificatione et beatorum canonizatione (Sur la béatification et la canonisation des saints, 1734-1738), De sacrosancto missae sacrificio (Sur le sacro-saint sacrifice de la messe, 1748) et De synodo dioecesana (Sur le synode diocésain, 1748). Il jouit d'une large estime dans le monde savant.

Dans la seconde moitié de son pontificat, il se montra plus "conservateur" mais sans aller trop loin : soupçonneux à l'égard des initiatives missionnaires des jésuites, il condamna les Réductions du Paraguay et mit fin à la querelle des rites en interdisant définitivement les rites chinois et malabars.

En outre, il renouvela les réserves pontificales à l'égard de la franc-maçonnerie, condamnée en 1751 dans la bulle Providas romanorum. En 1756, il condamne la pratique de refuser les derniers sacrements aux ecclésiastiques français qui sont opposés à la bulle Unigenitus, dirigée contre certaines propositions du Jansénisme. L'encyclique Vix pervenit, à l'adresse des évêques d'Italie est la dernière prise de position doctrinale du Magistère catholique au sujet du prêt à intérêt : une condamnation sans appel, qui n'a jamais été révoquée et excommunie encore aujourd'hui de facto tous les banquiers. Pontife, il écrivit de nombreux ouvrages de droit canonique , introduisant plusieurs réformes liturgiques notamment dans les sacrements de pénitence et de mariage. Il admet notamment la validité du mariage entre catholiques et protestants.
Dans le domaine liturgique, Benoit XIV entreprend une réforme du bréviaire et l'épuration des leçons historiques. Il réduit le nombre exagéré de fêtes chômées. Il s'applique à bien distinguer sa souveraineté spirituelle et sa souveraineté temporelle, en soulignant que la première est de beaucoup plus importante.
Éclairé, conciliant, il tacha de calmer les querelles religieuses, de ramener l'église grecque dans le giron de l'Église, et, tout en confirmant la bulle Unigenitus, adoucit les rigueurs que l'on exerçait à l'occasion de cette bulle. D'esprit ouvert, il témoigne d'un intérêt pour les relations inter-religieuses en adressant une lettre au 7e Dalaï Lama, Kelzang Gyatso qu'il remet au père capucin italien Orazio Della Penna. Il réforma les Jésuites du Portugal. Ce pape protégea les arts et l'industrie, ainsi que les lettres, qu'il cultivait lui-même. Il s'attacha à embellir Rome qui lui doit la superbe façade de la Basilique Sainte-Marie-Majeure et déclara le Colisée sanctuaire des martyrs (bien que le fait soit contestable car il n'est pas prouvé que les chrétiens aient été suppliciés en ce lieu), car il voulait mettre un terme à son démantèlement.

J'espère avoir été instructif.
Merci !
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