
Fils de charpentier, il est né à Utrecht aux Pays-Bas 1459, Adrien Florensizoon Boyens fait ses études de Théologie à l'Université de Louvain et devient docteur en théologie, puis entre dans les ordres, en 1490 on le charge de l'éducation de Charles de Gand dont il devient à la fois le mentor et le confesseur. Il devient évêque de Tortosa puis sera élevé au titre de cardinal.
Lorsque Charles Quint est fait roi d'Espagne, il est couronné à Bruxelles en l'Eglise Ste Gudule et Michel. Ce dont les Espagnols ne peuvent se contenter. Ils exigent que celui qui prétend les gouverner vienne alors prendre fonction en son nouveau territoire. Charles doit tenir compte du fait que l'Espagne représente une pièce importante de l'échiquier mondial en raison des découvertes relativement récentes du nouveau monde et de ses richesses que l'on pense incommensurables. Il se rend alors en Espagne, mais entouré d'une cour de Flandriens, Bruxellois, Hollandais riches de forte influence sur Charles et le montrant. Et bien entendu, il est accompagné de son conseiller spirituel Adrien Florenszoon Boyens. Il remplit en Espagne les fonctions de vice-roi en l'absence de Charles-Quint. Les Espagnols somment Charles Quint de renvoyer toute sa cour "étrangère" chez elle et de s'en former une avec les nobles et hidalgos d'Espagne.
Se défaire de son conseiller spirituel n'est pas mince affaire, l'occasion lui est offerte sur un plateau par la mort de Léon X de Médicis (né en 1475 Fils de Laurent Ier de Médicis (le Magnifique) et Clarice Orsini. Frère de Lucrezia de Médicis, Pierre II de Médicis (le Malchanceux) et Julien de Médicis. Léon X sera sous ce nom pape de 1513 jusqu'à la date de son décès en 1521). Ce décès permet alors à Charles Quint d'éloigner son confesseur Adrien Florensizoon Boyens sans l'irriter et en appuyant sa candidature au poste religieux le plus élevé de la chrétienté: celui de pape. Le conclave chargé d'élire un successeur à Léon X était une fois de plus divisé en partis intransigeants. La solution fut trouvée en l'élection d'un quasi inconnu, absent du conclave : Adrien Florensz, cardinal d'Utrecht (9 janvier 1522). Un chroniqueur contemporain commenta l'élection ainsi : "Conformément à la décision de Dieu, les cardinaux, jusque là désunis, ont élu contre leur propre gré Adrien de Tortose qui n'était pas présent au conclave. C'est un homme tout simple, qui ne s'est distingué jusqu'ici que par la crainte de Dieu ; à Louvain il ne vivait que de science". Et encore : "À la nouvelle de son élection, il n'a donné aucun signe de joie, mais a soupiré profondément".

Son style de vie, simple, pieux et austère, impressionne d'abord le peuple romain. Il réduit le nombre de ses serviteurs à quatre (de 100 qu'avait son prédécesseur). Il évite les banquets et se contente d'un plat de viande à sa table. Il se lève la nuit pour réciter l'office divin et se relevait à l'aube pour célébrer la messe. Il interdit le port d'armes dans la ville et en expulse les femmes de mauvaise vie. Au lieu de poètes et de bouffons, il s'entoure de pauvres et de malades. L'édification augmente en même temps que l'inquiétude : il est un reproche vivant pour beaucoup.
Mais, les cardinaux et autres évêques du Vatican déchantent rapidement. Ce Pape n'est guère de leur goût. Il flirte avec les idées de philosophes comme Erasme qu'il a pour ami, il veut réformer l'église pour la rapprocher du Luthéranisme et ainsi rendre inutile le schisme de l'église. Adrien, un théologien classique, est cependant intransigeant sur les questions de doctrine. Luther doit être puni pour ses hérésies et interdit d'enseignement (comme décidé à Worms en 1521). Par ailleurs il est le tout premier pape à reconnaître que les sources de l'hérésie et de l'attraction qu'elle suscite sont à trouver dans le désordre même de la curie romaine et le comportement déréglé de nombreux prélats de l'Eglise. Lors de son premier consistoire, cinq jours après son arrivée à Rome (1 septembre 1522), il est brutal dans son constat : il faut commencer la réforme par Rome même. Adrien s'attaque vigoureusement aux abus (simonie, cumul des bénéfices, etc.), mais il le fait à coups de décrets et ordonnances sans s'entourer suffisamment de soutiens efficaces. Il ne fait rien pour se concilier les sympathies. Même les cardinaux favorables à la réforme de la curie romaine se tournent contre lui : "Il manque d'égards pour le Sacré Collège".
Il veut aussi restructurer le Vatican et les dépenses de son Etat pour assainir les caisses que son successeur lui a laissé avec un déficit d'un million de ducas. Adrien, de plus, ne possède en rien les manières élégantes si prisées à Rome. Il ne cherche d'ailleurs pas à être romain. Il mésestime les chefs d'œuvre présents dans son palais et commence à les distribuer en cadeaux. Aucun intérêt pour les arts et la littérature (dont ses prédécesseurs étaient les grands mécènes.
Il veut remettre de l'ordre dans les comportements libertins et corrompus de Rome. Qui ne ne demande qu'à être débarrassé de ce puritain empêcheur de danser en rond. ). Aux yeux de la noblesse romaine, des artistes et de l'intelligentsia en général, Adrien reste un 'barbare inculte', un 'buveur de bière'. Très rapidement, ce sera le déchaînement contre lui, d'autant plus qu'après avoir limogé les fonctionnaires corrompus de son administration, il s'entoure d'hommes nouveaux, étrangers à Rome et inexpérimentés. Personnellement intègre, il interdit aux membres de sa famille de venir à Rome pour y chercher près de lui faveurs et bénéfices. Ses tentatives de petites réformes, lui amène des menaces d'assassinats et d'empoisonnements.

Le pape a été insulté par le peuple de Rome sur la Pasquino, et les Romains, qui n'avaient jamais pris en affection cet homme qu'ils considéraient comme un "barbare", se réjouirent de sa mort, déclarant qu'une statue devait être érigée à son médecin. La déclaration dans l'une de ses œuvres qu'un pape peut se tromper, en privé ou dans un décret mineur, y compris dans les questions de foi, a attiré l'attention. Sa mort reste des plus suspectes, et on peut se demander s'il n'a pas été empoisonné. Il ne règnera pas longtemps sur St Pierre de Rome, il meurt un an et huit mois plus tard, il a alors 64 ans. C'est avec un sentiment d'échec qu'il va mourir, épuisé et malade. Inhumé en la basilique Saint-Pierre, il fut transféré rapidement en l'église Santa-Maria-dell'Anima : on accède à la pièce où se trouve son tombeau par le cloître. Ses papiers personnels disparurent après sa mort.
C'est Clément VII (Giulio de Médicis) qui lui succède et se maintiendra lui plus de dix ans.
J'espère avoir été instructif.
Merci !
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