
Il est généralement admis que la conversion de l'Irlande s'est produite au Ve siècle, probablement au commencement du siècle. Notre plus ancienne information digne de confiance est offerte à l'année 431 par la Chronique de Prosper : un certain Palladius, consacré par Célestin aurait été croyant envoyé comme premier évêque aux Irlandais «croyant dans le Christ». Il était vraisemblablement originaire de Gaulle. Il est indubitable que l'on peut se fier au témoignage de Prosper et cela implique, dès avant 431, l'existence en Irlande de communautés chrétiennes suffisamment organisées pour justifier la décision de Rome de leur envoyer un évêque pourvoyant à leurs besoins et de les faire entrer dans l'obédience papale (Les Royaumes celtiques, 2001).
L'année suivante c'est-à dire en 432, les annales d'Ulster enregistrent l'arrivée de Patrick débarquant à Saul, près de Downpatrick, et nous ne savons rien de la mission de Palladius. Les annales d'Ulster contiennent un certain nombre de rubriques qui annoncent la mort de Saint Patrick à des dates variables, par exemple 457 où il est désigné par l'expression senex Patricius, en 461 (Hic alii quietem Patrici dicunt), et à nouveau en 492. La chronologie traditionnelle de l'activité de Patrick a été mise en cause par Charles Thomas et reportée aux années 455-490 (Christianity in Roman Britain to AD 500, Batsford, London, 1985).
Ce sont la Confession et la Lettre aux Soldats de Coroticus qui sont nos deux meilleures sources d'information sur l'activité de Saint Patrick. Toutes deux sont courtes, mais de grandes importances : la première nous apprend que Patrick faisait partie d'une famille bretonne romanisée - son père était décurion et diacre –, il serait né vers 385-390 près de Dumbarton, au nord de l'Angleterre actuelle, et qu'il avait été emmené comme esclave en Irlande, en Ulster, dans le comté d'Antrim, à l'âge de 16 ans, qu'il s'en échappa après y avoir passé 6 ans. Patrick va acquérir en Gaule la formation religieuse qui lui manque. Les traditions tardives sur son séjour à Lérins et sur ses relations avec Saint Martin de Tours, c'est-à-dire l'Église continentale, sont dépourvues de tout fondement. En revanche, il est possible qu'il se soit fixé à Auxerre, comme l'affirme La vie de Saint Patrick de Muirchu, et même qu'il ait été consacré des mains de saint Germain avant d'être envoyé en Irlande par le pape Célestin.

La deuxième source qui nous vient de Patrick est la Lettre aux soldats de Coroticus, écrite après une première remontrance qui a été reçue par le ridicule et les insultes. À cet égard, Patrick écrit une lettre ouverte annonçant qu'il a excommunié Coroticus parce qu'il avait pris une partie des convertis de Patrick en esclavage en attaquant en Irlande. La lettre décrit les vassaux de Coroticus comme des «concitoyens des démons» et «associés aux apostats Scots [c'est-à-dire les Irlandais d'Argyll et du nord de l'Irlande] et les Pictes». Basé en grande partie sur un brillant écrit du huitième siècle, Coroticus est considéré comme le roi Ceretic d'Alt Cluit. Il est suggéré que l'envoi de cette lettre a provoqué le procès que mentionne Patrick dans la Confession (De Paor, Liam, Saint Patrick's World: The Christian Culture of Ireland's Apostolic Age, Dublin: Four Courts Press, 1993; Charles Edwards, Early Christian Ireland, Cambridge: Cambridge University Press, 2000). La tradition le montre s'adressant de préférence aux rois et à leur famille pour convertir ensuite plus facilement le reste de la population, il aurait été pendant une trentaine d'années, avec quelques disciples, l'infatigable propagateur de l'Évangile en Irlande, baptisant des milliers de personnes, fondant de nombreuses églises et l'évêché d'Armagh.

Sans pour autant offenser la tradition irlandaise et diminuer les mérites de saint Patrick, il est difficile de croire qu'il ait trouvé en 432 l'Irlande vierge de toute influence chrétienne alors que l'île voisine, la Grande-Bretagne, avait été touchée par la nouvelle religion au moins deux siècles plus tôt. Il est probable que le message chrétien avait en fait déjà été introduit dans l'île par des missionnaires venus de Grande-Bretagne, d'Aquitaine, d'Espagne ou même d'Orient dès la fin du IVe siècle ou les débuts du Ve siècle.
On admet généralement l'existence d'une Église d'Irlande, organisée dans tous ses aspects essentiels sur les schémas comparables à ceux des évêchés de l'Église gauloise contemporaine. Cette Église gauloise était essentiellement urbaine, édifiée sur le modèle officiel, légal et administratif des services romains. Tel a dû être le modèle de l'Église primitive en Grande-Bretagne avec laquelle Patrick était familiarisée (Les Royaumes celtiques, 2001). Comme le montre la création de l'évêché d'Armagh vers 445, c'est bien une Église épiscopale de type continentale que Rome a cherché à implanter en Irlande (Charles Thomas, Christianity in Roman Britain to AD 500, Batsford, London, 1985).
J'espère avoir été instructif. La prochaine fois nous devons voir les survivance du paganisme en Bretagne.
Merci !
x-Rastamanga-x, Posté le mardi 25 janvier 2011 14:22
L'image est magnifique!!