
Avec le kung-fu, le film de sabre ou wu xia pian est l'autre genre fondateur du cinéma d'arts martiaux hongkongais. Né d'une tradition à la fois historique, littéraire et orale qui remonte aux origines de la culture chinoise, le wu xia pian est à rapprocher du film de «cape et d'épée ». Un genre purement héroïque, basé sur les qualités morales et individuelles des protagonistes. Littéralement, le terme wu xia pian désigne un «film de combats de chevaliers ». La figure centrale du genre est le you xia, qui selon une définition remontant à 90 avant J.-C. désigne un «chevalier errant». Ses vertus sont le courage physique et moral, l'honnêteté, la générosité, l'honneur et le respect de la justice. Traditionnellement, le chevalier met sa vie et son épée au service de son clan, de la veuve et de l'orphelin. Par définition, il s'oppose au mal sous toutes ses formes.
La dimension fantastique, constitutive du genre, offre au chevalier la capacité de voler, de s'évanouir dans la nature ou de survivre à d'innombrables blessures au mépris de toute vraisemblance. L'univers du wu xia pian est organisé de manière très codée. Le monde de la magie et des arts martiaux s'y divise en deux zones distinctes qui s'opposent au monde réel : le jiang-hu (littéralement «rivières et lacs ») désigne l'espace des chevaliers errants et le Lu Lin («vertes forêts ») désigne celui des hors-la-loi.

Au début des années 1960, c'est Hong Kong qui devient le principal producteur de film de ce genre. S'inspirant des films de sabre de l'âge d'or japonais (tels que les Sept Samouraïs d'Akira Kurosawa), la Shaw Brothers les adapte à la culture chinoise assurant au cinéma de Hong Kong une renommée mondiale. C'est à ce moment que les combats d'arts martiaux prennent une nouvelle dimension : plus longs, plus chorégraphiés, plus violents. Cette métamorphose s'accompagne d'un changement de langue, du mandarin de Shanghai au cantonais de Hong Kong. La première grande réussite a lieu en 1965 avec «The Red Lotus Temple» de Xu Zeng-hong, puis ce sont Chang Cheh, avec «Le trio magnifique» et King Hu avec «L'Hirondelle d'or» expriment le mieux la maturité gagnée par ce nouveau genre de cinéma hongkongais. King Hu (Hu Jinquan) et Chang Cheh deviennent alors les deux réalisateurs les plus importants en matière de wu xia pian.

A l'origine, l'élaboration d'un scénario subtil, une présentation détaillées des personnages et des forces en présence étaient les bases des wu xia pian, mais à partir des années 70, avec l'essor des arts martiaux notamment, l'aspect spectaculaire des scènes de combat s'impose comme prioritaire. Les scènes de combat d'arts martiaux deviennent plus élaborées avec le temps et le spectaculaire prit progressivement de l'importance, au détriment bien souvent de l'intrigue elle-même.
Dans les années 1990, notamment sous l'impulsion de Tsui Hark, qui révolutionne à son tour le genre, le réalisme devient même secondaire et les mises en scène montrent des personnages aux capacités surnaturelles.

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