Les origines de Rome sont d'abord un récit fondateur, dont les éléments sont partie travaillés par Tite-Live dans son Histoire romaine. Rome aurait été fondée en 753 avant J.-C. par Romulus, lointain descendant d'Énée, héros de la guerre de Troie. Traçant à l'aide d'une charrue le sillon qui marque l'enceinte sacrée de la future ville, Romulus aurait tué son frère jumeau, Rémus, qui avait osé la franchir en armes. Il augmenta la population de sa ville en offrant l'asile à des fugitifs et des exilés. Pour peupler d'épouses une ville qui en manquait singulièrement, il aurait ensuite procédé à l'enlèvement des femmes du peuple voisin, les Sabines, ce qui aurait provoqué une guerre. Après de nombreuses guerres, il disparut mystérieusement, lors d'un orage.Pourtant, malgré les doutes à propos de ce récit. Les dernières découvertes archéologiques permettent de se faire une idée de la Rome du VIIIe siècle avant J.-C. Au départ on pensait que deux villages existaient du côté de l'emplacement plausible de la fondation légendaire. Les bas de collines étaient occupés, ici et là, par des nécropoles, dont certaines urnes reproduisent la forme des cabanes. Mais l'historien français Alexandre Grandazzi dans Les Origines de Rome en 2003, reprend l'hypothèse en lui donnant une réflexion profonde. Pour lui, les trois villes successives de Lavinium, Albe et Rome, existaient avant le milieu du VIIIe siècle avant J-C., et n'avaient jamais été des villes, mais des groupes de huttes dispersées. Rome représenté par la colline du Palatin semble avoir eu la primauté vers 730 avant J.-C.
Andrea Carandini dans son ouvrage de 2006, Remo e Romolo. Dai rioni dei Quiriti alla città dei Romani (775/750 - 700/675 a.C. circa), fait part des recherches de ses fouilles entre 1985 et 1988 au Palatin, où il a découvert un mur, une palissade et un espace vide entre les deux, qui doit évidemment nous rappeler de la célèbre pomerium de Romulus, qui datent des années 730 - 720 avant J.-C. Il avait aussi découvert en 2005 sur le forum romain, sous le temple de Romulus actuellement visible et près du temple de Vesta (à l'extérieur du mur du Palatin), les traces d'un bâtiment monumental d'une surface de 345 m². Les murs étaient en bois et en argile, le bâtiment comportait une entrée monumentale, une salle de banquet, et on y a trouvé de la vaisselle de qualité ; il daterait du VIIIe siècle avant J.-C. et il est d'une taille nettement supérieure à celle des autres vestiges (de simples huttes) de la même époque. Ce qui conduit Andrea Carandini à affirmer qu'il s'agit d'un palais royal. Selon Alexandre Grandazzi, le mur autour du Palatin démontre que cette colline avait progressivement atteint une réelle primauté sur les autres collines, qui trouva son expression dans la concentration des établissements dispersés dans une unité fortifiée.
Andrea Carandini va plus loin, en s'appuyant sur ses propres fouilles ainsi que des sources historiques et littéraires, il fait valoir que le noyau du mythe fondateur de Rome n'est pas purement mythique. Dans le récit qui le compte rendu d'un roi dont le nom pourrait être Romulus fonda Rome un 21 avril au milieu du VIIIe siècle avant J.-C., probablement lors d'une cérémonie dans laquelle un taureau blanc et une vache tiraient une charrue afin de tracer les limites d'un mur marquant ainsi la terre bénie d'une nouvelle ville. Cette cérémonie instituant le mur Palatin, que Carandini avait découvert, aurait inauguré la vie politique d'une ville. Alexandre Grandazzi pense qu'un individu nommé, ou plutôt surnommé Romulus, ait réellement existé au VIIIe siècle avant J.-C., et soit à l'origine des vestiges. Selon son hypothèse, la mise en place de la muraille visait à unifier le Palatin, à consacrer sa primauté, acquise par les armes comme le montre l'épisode de la guerre contre une population guerrière et pastorale qui fut identifié plus tard avec les Sabins qui occupait l'Esquilin, le Viminal et le Quirinal où l'on trouve des traces d'occupation dès le IXe siècle et dont les tombes avaient un armement impressionnant. Grâce aux découvertes archéologiques, on a donc "un événement datable, localisable, visible, bref historique et mémorable" : la construction du pomérium ne serait plus simplement symbolique, mais utilitaire. Ce mur aurait donc eu des constructeurs, et il est possible qu'un personnage nommé ou surnommé Romulus en soit à l'origine.
Les doutes sont permis comme l'avance après Paul Fontaine dans l'article ""Des remparts de Romulus" aux murs du Palatin : du mythe à l'archéologie" dans FEC (Folia Electronica Classica) 15, de janvier-juin 2008, où il montre que l'épaisseur réduite de la construction et sa fragilité n'en fait pas une fortification. Que la hauteur ait été suffisante pour empêcher un homme debout sur un cheval de monter sur le mur "n'est pas en soi très rassurant". Mais cette description suit le récit où Rémus sauta la muraille de son frère par défi. Comme on peut le voir ici l'existence ou non de Romulus est un débat qui n'a pas fini de faire débat.Merci !
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