La France aurait pu poursuivre la guerre en 1940

La France aurait pu continuer la guerre en 1940. Au sein du gouvernement, une majorité voulait la poursuivre, mais ils ont fini par céder aux l'intimidation de Pétain et Weygand, le commandant en chef des armées. Le défaitisme qui a saisi une partie des élites françaises a condamné la France. De plus, Reynaud, le chef du gouvernement, qui préconisait la continuation de la lutte en Afrique du nord, démissionna le 16 juin.

Gamelin et Weygand qui commandaient les forces alliés s'étaient cantonnés dans la conception d'une guerre défensive et n'ont su ni prévoir ni parer une attaque utilisant massivement les forces combinées de l'aviation et des blindés, tout en hésitant aux démarches à suivre par la suite. Weygand a pourtant des généraux compétents qui peuvent limiter la casse et même résister durablement : le village de Stonne, surnommé par les Allemands le "Verdun de 1940", changea de mains dix-sept fois en trois jours; à Landrecies, deux chars lourds français détruisirent une centaine de blindés allemands en quelques heures; le général de Gaulle, commandant la 4e division cuirassée, enfonça à Abbeville les positions allemandes; sur la Loire, les cadets de Saumur bloquèrent 40 000 soldats ennemis (de simples cadets qui bloquent une armée professionnelle devait être une honte pour l'état-major allemand); et au moment de l'armistice, 45 des 53 ouvrages de la ligne Maginot restent invaincus.

Weygand ne voulant pas prendre ses responsabilités pour la future défaite qui aurait pu être moins cuisante ne veut pas capituler et veut pousser le gouvernement à l'armistice, ce qu'il obtient le 22 juin à Rethondes avec Pétain devenu le chef du gouvernement le 17 juin. Pétain récompensera son défaitisme par le ministère de la Défense nationale dans le Gouvernement de Vichy (juin 1940 à septembre 1940). Le principal résultat de l'armistice sera d'asservir durablement la France et son économie aux objectifs stratégiques de Hitler. Pour économiser ses troupes, il préfère laisser une partie de la souveraineté à un gouvernement français à sa botte, avec une armée réduite, sans armement lourd, juste pour maintenir l'ordre. Nommer Pétain fut une grave erreur, il ne doutait pas qu'on puisse s'accommoder avec Hitler en moyennant quelques sacrifices. De plus, son anglophobie et son défaitisme étaient déjà sensibles en 1914-1918.

L'intention de poursuivre la lutte outre-mer avait été l'objectif jusqu'au 16 juin de Paul Reynaud, et de ses principaux ministres, mais également celle du Président de la République et des présidents des deux Assemblées parlementaires. Dans les territoires de l'Empire cette même volonté était partagée par tous les hauts responsables civils et militaires. Ils se déclaraient prêts à suivre le général Noguès, commandant en chef du théâtre des opérations de l'Afrique du Nord, dès lors que celui-ci assurait en avoir les moyens. Le gouvernement britannique poussait à la résistance française et celui des États-Unis se montrait déterminé à la soutenir.

Pour éviter ce déshonneur, la France aurait pu tenir huit semaines supplémentaires, et permettre au gouvernement français d'organiser le transfert d'hommes, d'armes et d'équipement en Angleterre et surtout en Afrique du nord. Cela pouvait réussir si dans diverses régions de la France une lutte de guérilla dispersait les efforts de l'ennemi, grâce à une farouche résistance militaire comme le montre l'opiniâtre résistance des troupes françaises à Lille et Dunkerque qui permit de sauver de la capture 340 000 soldats alliés. L'exemple des gouvernements belges et néerlandais continuant la guerre en exil montre qu'avec un gouvernement moins défaitiste la France aurait pu lutter durablement en Afrique du nord. Hitler avait surtout le souci de ne pas pousser la France et sa puissante flotte à continuer la guerre à partir de ses colonies.

L'Allemagne aurait difficilement pu continuer plus longtemps, car durant ces six semaines de campagne les pertes militaires allemandes ont été proportionnellement plus élevées que les six premiers mois de guerre sur le front russe en 1941 et que les trois mois de la bataille de Normandie en 1944. À la fin de juin 1940, la Luftwaffe ne possède plus que 841 bombardiers opérationnels et un peu plus de 700 chasseurs. Près de 1600 avions allemands ont été détruits ou endommagés du 10 mai au 25 juin 1940. Pour arriver jusqu'à la Méditerranée, les troupes allemandes auraient dû mener encore de longs et durs combats.

Même après la signature de l'armistice, des unités françaises continuèrent à se battre, refusant de se rendre malgré la démission des chefs; il a fallu de nombreuses injonctions du nouveau gouvernement, menacé par les Allemands de représailles et de l'annulation de l'armistice, pour qu'ils déposent les armes seulement après le 10 juillet. Comme on peut le voir, la décision de demander un armistice n'était en rien inéluctable.

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