Tristan : derrière la légende, un personnage historique

Après avoir vu le roi March, qui dirigeait le Cornwall en Bretagne et les Cornouailles en Armorique, nous verrons aujourd'hui son fils Tristan.

Contrairement à ce qui avait été cru pendant longtemps, le nom Tristan n'était pas du nord de la Bretagne, on voulu l'identifier au picte, Drust, mais comme le montre une pierre commémorative du VIe siècle à Castle Dore, dans le Cornwall, son nom Drustan était du sud de la Bretagne. Son père March était traditionnellement un roi du Cornwall, et que le personnage dont il est amoureux dans Tristan et Iseult, sa belle-mère Eselt dans sa forme cornique était peut-être une princesse venue d'Irlande (Gaël Milin, Le roi Marc aux oreilles de cheval, Librairie Droz, 1991 et Joan Grimbert Tasker, Tristan and Isolde : A Casebook, Routledge, 21 août 2013).

En poussant plus loin et en regardant dans les Triades Galloises (si l'on croit que les plus anciennes sources datent du IXe siècle), il est nommé à plusieurs reprises comme l'un des trois hommes couronnés par les batailles de l'île de Bretagne avec Cai et Bedwyr, l'un des trois hommes entêtés avec E(i)ddilig le Nain et Gwair à la grande valeur, l'un des trois amoureux, où il est décrit comme l'amant d'Essylt, femme du roi March, et finalement un des trois puissants porchers qui empêche Arthur d'enlever les porcs du roi March. Il est aussi l'un des trois guerriers d'Arthur avec Cai et Bedwyr, puisqu'il est également mentionné comme l'un des trois pairs de la cour du roi Arthur (Gaël Milin, Le roi Marc aux oreilles de cheval, Librairie Droz, 1991 et Joan Grimbert Tasker, Tristan and Isolde : A Casebook, Routledge, 21 août 2013).

Ces passages peuvent correspondre à une réalité. Le fait que l'on définit particulièrement son rôle de guerrier et son entêtement, semble correspondre au fait qu'on associe aussi Tristan avec le fort de South Cadbury et à Tintagel, la forteresse de duc de Cornouailles (Rodney Castleden, King Arthur : The Truth Behind the Legend, Routledge, 2003). Ce qui montre ses qualités de défense et d'offensive puisqu'on sait que les forteresses servaient à reposer les armées et permettaient des sorties offensives. Si un personnage historique surnommé ou nommé Arthur lui a fait pleinement confiance, durant une période que l'on peut placer entre 530 et 550, alors il faut sans doute le retrouver chez Maelgwn Hir ap Cadwallon (mort en 547) et son fils Rhun Hir ap Maelgwn, rois du Gwynedd, ou bien Custennin ap Cado (530–560), roi de Dumnonia.

Les Triades Galloises montre aussi ses amours contrariées avec Iseult. Selon l'inscription trouvée à Castle Dore, Tristan serait le fils de March et non son neveu, et Iseult aurait été sa jeune belle-mère. Les poètes auraient alors altéré leur relation pour rendre leur situation plus acceptable (Norris J. Lacy, Geoffrey Ashe, Sandra Ness Ihle, Marianne E. Kalinke, et Raymond H. Thompson, The New Arthurian Encyclopedia : New Edition, Routledge, 2013). Les événements de la romance de Tristan seraient donc basés sur des événements réels du VIe siècle, qui ont été incorporé au poème de Béroul au XIIe siècle (Rodney Castleden, King Arthur : The Truth Behind the Legend, Routledge, 2003)

On pense qu'il serait mort en 550 (Rodney Castleden, King Arthur : The Truth Behind the Legend, Routledge, 2003). Son père le roi March Cunomor aurait fait alors une pierre commémorative en son honneur portant l'inscription : DRUSTANUS HIC IACIT CUNOMORI FILIUS, "Ci-gît Drustan, fils de Cunomorus". Ce qui nous apporte une preuve matérielle de son existence (Christopher Snyder, À la recherche du Roi Arthur, Le Pré aux Clercs, 2001).

J'espère avoir été instructif. La prochaine fois nous verrons Judual.

Merci !