Simone Signoret, une actrice engagée

Nous allons voir aujourd'hui Simone Signoret, dont on fête les 30 ans de sa mort, afin de lui rendre un hommage, elle qui fut une grande actrice et une femme engagée.

Simone Signoret de son nom, Simone Kaminker est né en 1921 à Wiesbaden, en Allemagne, d'André Kaminker (1888-1961), un juif polonais et de Georgette Signoret (1896-1984). Durant la Seconde Guerre mondiale, elle se réfugie en Bretagne avec ses parents, où elle est élève au lycée de Vannes, et elle aura comme professeur d'Histoire Lucie Aubrac. À paris, elle devient secrétaire de Jean Luchaire au journal Le Petit Parisien. Simone s'installe alors à Saint-Germain-des-Prés et fréquente les cafés. La fille de Jean Luchaire, la comédienne Corinne Luchaire, la fait débuter au cinéma. Elle fait des apparitions dans des films de Jean Boyer et de Marcel Carné. En 1943, elle rencontre le réalisateur Yves Allégret, de qui elle aura une fille Catherine le 16 avril 1946 et qu'elle épouse en 1948. C'est lui qui lui offre ses premiers rôles importants d'abord dans un second rôle remarqué pour les Démons de l'Aube (1946), puis dans des rôles principaux : une fille à matelots désabusée dans Dédée d'Anvers (1948) et une épouse manipulatrice dans Manèges (1950), aux côtés de Bernard Blier.

En 1949, elle tombe amoureuse d'Yves Montand, puis elle quitte Yves Allégret. Ils s'installent dans un appartement place Dauphine et se marient en 1951. La carrière de Simone Signoret est alors à son zénith. On la voit dans la Ronde de Max Ophuls (1950) où elle joue une prostituée, et dans Casque d'or de Jacques Becker en 1951, où elle incarne une demi-mondaine submergée par l'amour, aux côtés de Serge Reggiani. Suivent Thérèse Raquin de Marcel Carné en 1953 et Les Diaboliques d'Henri-Georges Clouzot en 1954,qui est un énorme succès. Femme engagée, elle figure parmi les signataires de l'Appel de Stockholm en 1950 pour l'interdiction de l'arme atomique. En 1954, elle s'installe avec Montand dans une propriété à Autheuil-Authouillet, en Normandie, qui devient un haut lieu de rencontres artistiques et intellectuelles. Durant cette période, Signoret fait aussi ses débuts au théâtre avec Yves Montand dans les Sorcières de Salem en 1954, une allégorie du maccarthysme signée Arthur Miller. Elle endosse une nouvelle fois un rôle de prostituée dans la Mort en ce jardin de Luis Bunuel (1956).

Le couple milite en faveur de ses idées de gauche et il est catalogué comme un "compagnon de route" du Parti communiste français (PCF). En 1957, Yves Montand, accompagné de Simone Signoret, entreprend une tournée triomphale dans tous les pays du bloc de l'Est, qui les font déchanter tous les deux du modèle soviétique. En 1959, accompagnée de Montand, Simone Signoret part aux États-Unis tourner Les Chemins de la haute ville sous la direction de Jack Clayton, pour lequel elle recevra l'Oscar de la meilleure actrice en 1960, mais également le prix BAFTA de la meilleure actrice étrangère, le Prix d'interprétation féminine à Cannes en 1959 ainsi que le prix Jussi (diplôme finlandais du mérite pour une actrice étrangère). Le couple fréquente l'écrivain Arthur Miller et sa femme Marilyn Monroe, qui devient la maîtresse d'Yves Montand, avant que ce dernier rejoigne Signoret au bout de quelques mois, après la promotion du film Le Milliardaire. Elle adapte en 1963 pour le théâtre français les Petits Renards, une pièce de l'Américaine Lillian Hellman, qu'elle interprète ensuite, et elle enchaîne par la suite plusieurs rôles importants aux États-Unis : la Nef des fous de Stanley Kramer (1965), le Diable à trois de Curtis Harrington (1967), inspiré des Diaboliques, et la Mouette de Sidney Lumet (1968) d'après Tchekhov. Au théâtre, elle interprète Macbeth, à Londres en 1966, face à Alec Guinness. EN 1968, suite au printemps de Prague, Simone Signoret et Yves Montand rompent avec le PCF et remettent en cause leur engagement en dénonçant le stalinisme.

Simone Signoret incarne ensuite de nombreux rôles, changeant de registre en devant une femme vieillissante pour les Mauvais Coups (F. Leterrier, 1960), ou une bourgeoise en fuite dans le Jour et l'Heure (R. Clément, 1963), parfois politiques comme dans L'Aveu de Costa-Gavras avec Montand en 1970, qui dépeint la violence du procès de Prague, ou Judith Therpauve, du jeune Patrice Chéreau (1978), qui s'avère un plaidoyer pour la liberté de la presse, sans oublier des rôles avec une puissance dramatique indéniable comme L'Armée des ombres de Jean-Pierre Melville en 1969, où elle est crédible dans le rôle d'une résistante dans la France occupée, dans les deux films de Pierre Granier-Deferre Le Chat avec Jean Gabin en 1971, où forme avec lui un couple de "gueules" du cinéma empêtré dans un huis-clos étouffant, et La Veuve Couderc avec Alain Delon en 1971, où elle garde dans sa ferme un jeune homme en fuite, puis dans Les Granges brûlées (à nouveau avec Delon) de Jean Chapot en 1973, où elle joue la chef de famille, Rose, très peu empressée d'aider un juge. Elle tourne également avec la nouvelle génération de réalisateurs, notamment Patrice Chéreau dans La Chair de l'orchidée en 1975, et Alain Corneau dans Police Python 357 en 1976. En 1978, son interprétation de Madame Rosa dans le film La Vie devant soi de Moshe Mizrahi en 1977, lui vaudra alors le César de la meilleure actrice. Au milieu des années 1970, elle se consacre également à l'écriture en publiant son autobiographie, "La nostalgie n'est plus ce qu'elle était" en 1976. ainsi que deux romans, Le lendemain, elle était souriante... en 1979 et Adieu Volodia en 1985.

Sa santé se dégradant puisqu'en 1981, Simone est atteinte d'un cancer du pancréas, ses apparitions se deviennent plus rares au tournant des années 1980 : on la retrouve dans l'Adolescente réalisé par Jeanne Moreau (1978), dans la série télévisée Madame le Juge (1978) ou dans l'Étoile du Nord de Pierre Granier-Deferre (1982), elle apparaît aussi dans deux téléfilms avec Marcel Bluwal : Thérèse Humbert en 1983 et Music Hall en 1985. En 1982, elle voyage avec le philosophe Michel Foucault et Bernard Kouchner pour soutenir Solidarnosc. Au cours d'une de ses dernières apparitions publiques, à l'émission télévisée 7 sur 7, elle insiste pour présenter le logo "Touche pas à mon pote" de SOS-Racisme. Simone Signoret meurt chez elle le 30 septembre 1985, à l'âge 64 ans. Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise, aux côtés d'Yves Montand, qui mourra six ans plus tard, en novembre 1991.

Merci !