Auguste, un empereur stabilisateur et pacificateur

Nous allons voir aujourd'hui Auguste qui est l'un des personnages les plus célèbres et les moins connus de l'Antiquité, que l'on réduit souvent à quelques clichés. Pourtant le fondateur de l'Empire romain, qui a vécu aussi longtemps que Louis XIV, a comme ce dernier forgé les instruments d'un empire de cinq siècles, étendu aux limites du monde connu en Occident. Il a imposé non seulement une " paix romaine ", mais l'a ancrée par la propagande, par l'efficacité administrative et financière, au point de transformer son règne en modèle et en référence chez tous ses lointains successeurs, de Charlemagne à Louis XIV ou Napoléon.

 

Caius Octavius, est né en 63 av. J.-C. sur le mont Palatin, il est le fils de Caius Octavius Thurinus devait devenir préteur en 61 et proconsul de Macédoine en 60-59, qui devait accéder un jour au consulat  et d'Atia, nièce de César, Auguste porte d'abord le nom d'Octave. Son oncle César, qui a tôt remarqué son intelligence, veille à son éducation intellectuelle et militaire et l'adopte (45 avant J.-C.). Il avait pu le mettre à l'épreuve en le faisant participer à la guerre en Espagne contre le fils de Pompée. S'il refuse, en 44 avant J.-C., de le nommer maître de la cavalerie (c'est-à-dire second personnage de l'État, après le dictateur) et s'il nomme Lépide à sa place, il projette néanmoins de l'emmener avec lui dans la grande expédition contre les Parthes, puis le fait parfaire son éducation à Apollynie d'Illyrie. Lorsque son adoption est officiellement reconnue, un an après l'assassinat de César en 44 avant J.-C., il devient C. Julius Caesar Octavianus, Octavien alors que  sa mère et son beau-père, lui déconseillent de revendiquer ce dangereux héritage.

 

Octave qui a seulement 19 ans manœuvre alors pour asseoir son pouvoir. Il fait valoir ses droits sur l'héritage et s'oppose donc à Marc-Antoine qu'il fait revenir à la raison à la bataille de Modène en 43 avant J.-C et il obtient le consulat par la force. Il rencontre un soutien inespéré chez Cicéron, qui prend son parti dans un discours resté célèbre, les Philippiques. Puis il tourne le dos à l'aristocratie romaine pour venger la mort de César, en s'alliant avec Antoine, le fidèle général de César, et avec Lépide, en laissant son allié Cicéron se faire tuer lors des prescriptions pour satisfaire Antoine. Ils forment le second triumvirat en 43 avant J.-C. Après la bataille de Phillipes en 42 avant J.-C., le but de cette alliance a été atteint : Brutus et Cassius, les assassins de César, sont morts. Après Philippes, Antoine a l'avantage puisqu'il contrôle l'Orient et la Gaule chevelue, Octave la Narbonnaise, l'Afrique, la Sicile et la Sardaigne, et Lépide reste avec la Transalpine et l'Espagne. Sextus Pompée, s'invite à la fête avec la Sicile, ce qui pose problème à Octave.

 

Octave, réputé peureux (alors qu'il n'en est rien), devient un homme de guerre aidé par son fidèle Agrippa et élimine un à un ses rivaux, tout d'abord Lucius Antonius et Fulvie en 40 avant J.-C. soutenant Marc Antoine (qui suite à sa rencontre avec Cléopâtre en 41 avant J.-C souhaite se servir de l'Orient afin de regrouper les anciens royaumes hellénistiques sous sa coupe) durant la guerre de Pérouse, ce qui obligea Marc Antoine à conclure la paix de Brindes où il reçut l'Orient et épousa la sœur d'Octave, la jolie Octavie après avoir divorcé de Fulvie, puis Sextus Pompée qui bloquait les approvisionnements vers Rome avec sa flotte qui lui permet de s'emparer d'une partie du Péloponnèse, de la Sardaigne et de la Corse, dont il épousa la sœur Scribonia de qui il eut Julie, mais il divorça d'elle pour épouser Livie en 38 avant J.-C, et le vainquit en 36 avant J.-C. à Mylae et Nauloque, cela lui permet d'écarter aussi Lépide et de s'emparer de l'Afrique, et il peut enfin se mesurer à son principal adversaire, Marc Antoine qui après la réorganisation des États clients orientaux au profit de l'Égypte et une campagne catastrophique face aux Parthes se réduisant à une victoire face à l'Arménie en 34 avant J.-C., divorce de sa sœur Octavie en 32 avant J.-C. pour rejoindre Cléopâtre afin d'avoir ses fonds, et après avoir fait sa campagne en Illyrie, Octave le défait à la bataille d'Actium en 31 avant J.-C. (illustrée par de fins bas-reliefs historiés) avec Cléopâtre. Tous les deux se suicidèrent en 30 avant J.-C. et il put s'emparer de l'Égypte qu'il s'occupa de réorganiser.

 

En 27 av. J.C., le Sénat lui reconnait la qualité d'Auguste (divin). Il est le "Princeps Senatus", le Premier du Sénat, mais se garde bien de rétablir la monarchie. En 23 avant J-C, il est menacé par un complot, il sauve le Sénat en 22 avant J-C. qui lui donne la gestion de l'annone,  et rappelle d'Orient Agrippa en 21 qu'il marrie avec sa fille Livie et l'associe à l'empire en 18. Il devient consul à vie en 19 avant J.-C. et pontifex maximus à la mort de Lépide en 12 avant J.-C. À une Rome lassée par la guerre civile, davantage qu'un guerrier revanchard, l'autocrate entend présenter l'image d'un «prince libérateur et pacificateur». Il professionnalise l'armée, réforme l'administration, renforce l'empire sans trop chercher à l'étendre, organise les provinces occidentales entre 16 et 13 avant J.-C. et embellit Rome entre 20 et 19 avant J.-C. La terrible défaite de son parent Varus, qui fit des milliers de victimes en l'an 9 de notre ère, stoppera net toute ambition à l'est du Rhin. Cela n'empêchera pas l'imperator, décédé à 75 ans, de proclamer dans son testament : «J'ai pacifié la Germanie...» Sous le soleil d'Apollon, le rayonnement de l'empereur est consacré par les prophéties des sibylles, le passage opportun d'une comète, le rétablissement des rites publics. Célébré par les sculpteurs, historiens et écrivains (Tite-Live, Ovide, Horace, Virgile), inspirés par les modèles hellénistiques, tout son règne tend à la divinisation du souverain. La diffusion de son image héroïque à travers statues et monnaies soutient un théâtre et une poésie acclamant le retour de l'Âge d'or, tel que les Grecs l'avaient rêvé. Cela explique pourquoi le Sénat lui donnera le titre de «Père de la patrie» en 2 avant J-C.

 

Le chef de l'empire ne soigne pas que son image : il met en avant sa famille recomposée – il s'est marié trois fois. Après la mort d'Agrippa en 12 avant J.-C., ses petits-fils Lucius et Caius doivent lui succéder. Une salle entière est consacrée à son cercle familial, compliqué. Il a clairement la volonté de créer une dynastie. Mais ses héritiers naturels décèdent avant lui (Drusus en 9 après J-C., Lucius et Caius en 2 et 4 après J-C) en 2 et 4 après J-C, et l'empereur doit adopter Tibère, le fils que Livie, sa troisième épouse, a eu d'une première union, qui avait auparavant épousé Julie en 11 avant J.-C, qui tenta de limiter l'œuvre augustéenne et que son père banni pour complot. Le 19 août 14 avant J.-C., Auguste meurt à l'âge de 75 ans. Un mois après, le Sénat l'élève au rang de Dieu, en lui décernant le titre de divus. Son épouse devient prêtresse de son culte.

 

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