Le 1er février 2013, les parents d'Elisa Lam s'inquiètent de ne plus avoir de ses nouvelles, cette dernière voyage seule en Californie, et pose ses bagages au Cecil Hotel, un établissement de style Art déco disposant de 700 chambres dans un quartier animé de la mégalopole californienne de Los Angeles. Sur son compte Tumblr, Elisa qualifie l'endroit de "classe", jurant même que "Baz Luhrman aurait pu y tourner Gatsby le Magnifique". Une semaine plus tard, en l'absence de piste, la police demande l'aide de la population pour éclaircir ce qu'elle pense être un crime. Malgré une conférence de presse, l'affaire ne fait pas grand bruit. Avant cela, le 31 janvier, la jeune touriste se rend au magasin The Last Bookstore afin d'y acheter quelques cadeaux pour sa famille. Katie Orphan, la gérante du magasin, dira plus tard à CNN "qu'Elisa semblait très amicale et qu'elle s'inquiétait de savoir comment elle transporterait tous ces souvenirs le long de son voyage". Ce jour-là, la jeune femme disparaît.
Ce n'est que lors de la diffusion, le 13 février, des images de la vidéosurveillance que l'histoire prend de l'ampleur. On y voit la jeune femme de 21 ans entrer dans l'ascenseur, appuyer sur un bouton avant de se placer dans un coin. La porte ne se refermant pas, elle se penche rapidement à l'extérieur, regardant à droite et à gauche. On pourrait croire qu'elle fuit mais elle n'exprime aucune peur, on dirait plutôt un jeu d'enfant. Pourtant elle cherche ensuite à se cacher dans la cabine. Là encore, se demandent les internautes, son comportement est-il dû à une menace réelle, à un état psychologique contrarié, à l'effet d'une drogue ou à cause... d'un fantôme ? Plus troublant encore, comme l'ascenseur ne bouge pas, elle ressort et soliloque en faisant des gestes étranges. Puis Elisa Lam disparaît.
Malgré l'intérêt des médias pour l'affaire, cette disparition reste soit disant un mystère. Jusqu'à ce que, cinq jours après la diffusion des images de vidéosurveillance, les clients de l'hôtel se plaignent d'un manque de tirage d'eau. Certains lui trouvent même une drôle d'odeur. L'hôtel, alerté par les nombreuses plaintes ayant surtout à voir avec le faible tirage d'eau, envoie un agent de maintenance vérifier les réservoirs d'eau, situés sur le toit. L'employé monte alors sur le toit et ouvre un des réservoirs. Il y découvre la jeune femme entièrement nue, ses vêtements flottant autour d'elle.Au-delà de l'horreur inspirée par cette mort solitaire et tragique, la police n'a jamais pu déterminer s'il s'agissait d'un crime ou d'un suicide. C'est du moins ce que l'on dit, car la police a abouti à la noyade accidentelle. Une cliente qui avait partagé une chambre avec la malheureuse aurait demandé à déménager à cause des «bizarreries» de la jeune femme, qui prenait des médicaments pour soigner des troubles bipolaires. Mais les parents de la défunte affirment qu'elle n'avait pas de tendance suicidaire. Les légistes n'ont trouvé aucune trace de violence sur le corps. Ce qui accrédite l'hypothèse du suicide. Mais les enquêteurs n'ont pas pu expliquer pourquoi ni comment Elisa Lam serait montée seule sur le toit, fermé à clé et équipé d'un système d'alarme. Ni comment elle aurait pu entrer dans le réservoir, dont la trappe, bloquée par une lourde pièce en métal, ne peut être atteinte qu'en utilisant une échelle.
Les internautes se sont vite passionnés pour une affaire qui les fait penser à un film d'horreur. L'hôtel, théâtre de meurtres et de suicides par le passé, aurait logé plusieurs tueurs en série. La solitude de la jeune femme, peut-être en proie à la folie, et le confinement des lieux (ascenseur, couloir d'hôtel désert, réservoir sombre), évoquent les terribles scènes de «Shining» et, forcément, «Dark Water», film japonais dans lequel rôde le fantôme d'une fillette noyée... dans un réservoir d'eau. D'autres hypothèses encore plus farfelues sont venues. Le compte Tumbler d'Elisa continue d'être alimenté de nombreux jours après sa mort. Ces différents posts sont partagés en masse par les internautes qui imaginent la possibilité que ces messages soient envoyés par l'assassin potentiel de Lam, dont le portable n'a jamais été retrouvé. Toujours plus troublant, peu avant sa mort, le Centre de Contrôle des Maladies dépêche une équipe chargée d'endiguer la plus large épidémie de tuberculose dans la région depuis des années. Le nom du test utilisé pour identifier les malades potentiels est baptisé LAM-ELISA. Un pur hasard.
D'autre part, la jeune femme ignorait tout de l'hôtel dans lequel elle séjournait, qui fut le théâtre de nombreux crimes sordides depuis sa construction en 1927. Suicides, meurtres, disparitions s'y sont en effet produits. Tout cela pouvait-il être une simple coïncidence ? Et pourquoi pas. Deux ans plus tard, le mystère n'est pas entier quant à la disparition d'Elisa puisque l'enquête a statué la mort accidentelle. Si l'enquête est aujourd'hui au point mort, de nombreux scénaristes se sont inspirés de cette sordide histoire. Un épisode de la série américaine Castle, le film The Bringing et dernièrement la cinquième saison de la série American Horror Story, diffusée depuis ce début octobre, reprennent tous de près ou de loin des éléments de l'histoire de la disparition d'Elisa Lam.
Pourtant, en cherchant un peu des réponses simples abondent. Elisa Lam a eu une rupture psychotique avec la réalité, a commencé à avoir des hallucinations et s'est suicidé ou s'est noyé par accident. Bien entendu, les informations circulant sur Internet omettent commodément la maladie mentale de Lam et mettent plutôt l'accent sur le fait qu'aucune drogue n'a été trouvée dans son système et qu'elle n'était pas une toxicomane connue. USA Today a écrit que le rapport de police qui avait statué que la mort de Lam était accidentelle et qu'il avait également déclaré qu'elle souffrait d'un trouble bipolaire grave.Le rapport de police indique également que le réservoir d'eau dans lequel se trouvait Lam avait «des ouvertures déverrouillées». Les réseaux sociaux laissent de côté le fait que le réservoir d'eau dans lequel Lam a été trouvé était déverrouillé et se concentre plutôt sur le fait que le corps était derrière une «porte verrouillée et mis sous alarme dont seuls les employés avaient la clé». Cependant, l'information importante effacée de cette partie de l'histoire est qu'Elisa Lam pouvait également atteindre les lieux en grimpant par une issue de secours sans alarme et dégagée, très accessible et que tout le monde peut monter sans effort, en particulier une femme de 21 ans en pleine forme.
Le comportement de Lam dans l'ascenseur a été décrit comme «presque pas humain» et «très étrange» par de nombreux sites sur le sujet, et pourtant, son comportement ressemble exactement à celui d'une personne qui a un épisode psychotique ou qui est confuse. L'ascenseur n'est pas non plus «défectueux», puisqu'on peut clairement voir Elisa Lam frapper plusieurs étages encore et encore. Cela provoque l'ouverture et la fermeture multiple de tout ascenseur; et il n'y a rien de mystérieux ou surnaturel à ce sujet.
Comment expliquer la nature bizarre de la mort de Lam (trouvée dans un réservoir d'eau) ? Eh bien, Elisa Lam est loin d'être la première personne à s'être suicidée ou à se noyer accidentellement dans un réservoir d'eau. En 2010, un homme de Spotswood, dans le New Jersey, est entré dans un réservoir d'eau isolé et s'est noyé. Sa mort a été jugée comme un suicide provoqué par son manque d'emploi à l'époque. En 2013, un enfant en bas âge s'est noyé accidentellement dans un réservoir d'eau dans le Wisconsin. Pourtant, à l'époque on n'a pas crié au surnaturel pour ces deux cas.Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : https://www.7sur7.be/monde/la-mysterieuse-et-sordide-affaire-du-cecil-hotel~a6e08455/, https://guardianlv.com/2013/11/was-elisa-lam-murdered-by-a-ghost/, https://www.lematin.ch/faits-divers/video-terrorise-internautes/story/10055312?track, et http://skepticsboot.blogspot.com/2015/01/elisa-lam-and-hotel-cecil.html.
Merci !
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