Zizi Jeanmaire, de la danse classique au music-hall

Nous allons rendre hommage aujourd'hui à la ballerine et chanteuse de music-hall Zizi Jeanmaire, connue pour son “Truc en plumes” et dont la carrière est étroitement liée à celle du chorégraphe Roland Petit.

Née Renée Jeanmaire le 29 avril 1924, elle est encore petite fille lorsque son grand-père l'emmène à l'Opéra voir Roméo et Juliette de Gounod, ce qui sera son coup de foudre artistique. Entrée en 1933 dans la vénérable maison à l'âge de 9 ans, le même jour et dans la même classe qu'un certain Roland Petit (lui aussi âgé de 9 ans), elle a intégré le corps de ballet sept ans plus tard, puis l'a quitté en 1944, à vingt ans, pour rejoindre les Ballets de Monte-Carlo, et au sortir de la Seconde guerre mondiale, elle décide de rejoindre la compagnie créée en 1945 par le jeune Roland Petit : les Ballets des Champs-Elysées. “Roland, lui, avait envie de créer sa propre compagnie”, racontait-elle dans un entretien à l'AFP en 2008. Mais la jeune danseuse a la bougeotte et part au bout de six mois. Elle intègre ensuite les Ballets du Colonel de Basil, compagnie créée en 1932 pour succéder aux Ballets russes.

En 1949, elle retrouve son cher Roland Petit qui vient de laisser les Ballets des Champs-Elysées pour fonder Les ballets de Paris-Roland Petit. La troupe, dans laquelle danse Zizi Jeanmaire, se révélera dans Carmen, œuvre, jugée sulfureuse, qui crée la polémique, où elle adopte la coupe courte qui ne la quittera plus, du fait que le chorégraphe veut une danseuse androgyne, puis dans La Croqueuse de diamant en 1950 sur des textes de Raymond Queneau, pour lequel elle obtient le Grand prix du disque pour la chanson titre du spectacle, la première qu'elle interprète. Un passage aux États-Unis les fait participer aux films de Hollywood où le célèbre producteur Sam Goldwyn la repère, la fait venir à Hollywood et lui fait tourner Hans Christian Andersen et la danseuse avec Danny Kaye pour partenaire, et aux revues de Broadway, à la suite d'une dispute en 1953, avec son pygmalion et ses Ballets de Paris, partant alors à New York pour créer sur Broadway une comédie musicale : The girl in Pink Tights, avant de se marier à son retour de Paris avec Roland Petit en 1954 et d'avoir leur fille, Valentine.

Á la fin des années 50, Zizi tourne plusieurs films : Folies-Bergère d'Henri Decoin avec Eddy Constantine, Charmants garçons du même Decoin avec Daniel Gélin, Guinguette de Jean Delannoy avec Paul Meurisse et Jean-Claude Pascal, Black tights de Terence Young avec Cyd Charisse et Roland Petit. Raymond Queneau, Serge Gainsbourg ou Barbara vont se mettre à écrire ou à composer pour «Mademoiselle Jeanmaire». Roland Petit profite aussi de son expérience américaine pour se lancer dans un nouveau genre, au théâtre de Paris, puis à l'Alhambra. “Mon truc en plumes”, créé à Paris en 1961, imprime durablement l'image de Zizi Jeanmaire, délurée et chic à la fois. Ce numéro iconique où elle joue à cache-cache avec de grands éventails en plumes restera son plus grand succès. En 1965, elle sera à l'affiche du Palais Royal pendant deux ans avec le rôle de la môme Crevette dans La dame de chez Maxim's de Feydeau aux côtés de Jean Le Poulain et de Pierre Mondy. Pour la seule et unique fois de sa vie, elle est blonde. Son interprétation dans “Le jeune Homme et la mort”, aux côtés de Rudolf Noureev en 1966, pour une version filmée est largement saluée. Et ses talents de ballerine sont encore utilisés par Michaël Denard dans La symphonie fantastique ou encore Mikhaïl Baryshnikov.

En 1970, le couple avait repris la direction du Casino de Paris. Roland Petit fonde ensuite la compagnie des Ballets de Marseille. Dans les années 80 et 90, Roland Petit continue à monter des spectacles pour elle : Can-Can sur une musique de Cole Porter, Hollywood paradise, Zizi au Zénith sur des musiques de Serge Gainsbourg. A 76 ans, ses belles jambes toujours gainées de noir, elle interprète les chansons de ses amis poètes à l'Amphithéâtre de l'Opéra Bastille. Ce sera dernière apparition sur scène. Zizi Jeanmaire souffrait depuis de nombreuses années de graves problèmes d'audition. Quitter la scène fut pour elle une déchirure, suivie de la disparition, en 2011, de son grand amour Roland Petit. Zizi Jeanmaire s'éclipse mais elle brille déjà au firmament des étoiles.

Zizi Jeanmaire est décédée ce vendredi 17 juillet à 96 ans, a annoncé sa famille à l'AFP. Elle s'est éteinte paisiblement cette nuit à son domicile de Tolochenaz, dans le canton de Vaud, en Suisse.

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : https://www.francetvinfo.fr/culture/spectacles/danse/mort-de-la-danseuse-zizi-jeanmaire-l-inoubliable-interprete-de-mon-truc-en-plumes_3286315.html, https://www.franceculture.fr/danse/mort-de-zizi-jeanmaire-artiste-aux-confins-de-la-danse-classique-et-du-music-hall, https://www.huffingtonpost.fr/entry/zizi-jeanmaire-est-morte-la-ballerine-et-chanteuse-de-music-hall-avait-96-ans_fr_5f1165c1c5b6d14c3365ce10?utm_hp_ref=fr-culture, et https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2020/07/17/la-ballerine-et-chanteuse-de-music-hall-zizi-jeanmaire-est-morte-a-l-age-de-96-ans_6046492_3382.html.

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