En juillet 1968, pour le 12e volume d'Astérix, René Goscinny et Albert Uderzo amènent Astérix et Obélix aux Jeux Olympiques antiques. "J'ai eu l'idée de faire cet album à cause des Jeux de Mexico [prévus à l'été 1968], mais j'explique comment cela se passait à l'époque, indiquait René Goscinny. Il s'agit des Jeux d'Olympie, les premiers véritables JO." Et les premières planches de ce qui deviendra le 12e album des Gaulois sont publiées dans l'hebdomadaire Pilote pendant les Jeux d'hiver de Grenoble. Et bénéficient de la ferveur liée, notamment, aux trois médailles d'or de Jean-Claude Killy.
Dans cet album Goscinny et Uderzo se font plaisir et Agecanonix obtient un rôle à sa mesure, et nous voyons que le camp d'Aquarium est en plein émoi : son champion a été sélectionné pour participer aux Jeux Olympiques qui se tiennent à Olympie, en Grèce. Mais ce bonheur est de courte durée, car les Gaulois - qui une fois n'est pas coutume, se prétendent Romains - décident eux aussi de participer à ces Jeux et de gagner toutes les épreuves grâce à la potion magique. Mais une fois arrivés à Olympie dont Uderzo livre une belle reconstitution, les Gaulois dont Goscinny se moque allégrement en leur mettant les travers des touristes français lorsqu'ils se déplacent à l'étranger (en plein développement du concept Clud Med) lors de leur visite d'Athènes, ou du colosse de Rhodes avant de se rendre aux jeux, apprennent que le dopage est interdit. Albert Uderzo explique que la peur que l'on compare la potion magique à du dopage a joué dans la création de cette aventure : «Un journaliste, un jour, a osé comparer la potion magique à une drogue.» René a réagi aussitôt : «vous connaissez beaucoup de drogues qui se terminent brutalement, sans effets secondaires et sans rendre malade ? Avec la potion magique, il n'y a en effet pas de phénomène d'accoutumance. Astérix aux jeux olympiques était donc aussi un moyen de montrer que nous ne confondions pas la potion magique et les drogues.»
La compétition devient alors ardue surtout que les Grecs qui ont un profil superbe qui fait bien rire nos héros remportent toutes les épreuves au grand désespoir de Claudius Cornedurus, et il faudra que les Gaulois malgré la défense chauvine de leurs héros et qui perturbent considérablement la préparation des athlètes Romains, Astérix le premier, utilisent aussi bien leur tête que leurs muscles pour essayer de remporter une palme olympique, dans l'épreuve de course que les Grecs laissent aux Romains, où seul Astérix est en lice pour les Gaulois, laissant une marmite de potion devant ces derniers durant la nuit, le lendemain, ils remportent tous la course, laissant Astérix dernier, mais Panoramix montrant les langues bleues des athlètes romains tricheurs, puisqu'il avait mis un colorant dans la potion, ce qui permet à Astérix de remporter la course et est sacré champion olympique. Goscinny dans un choix judicieux et pleinement dans l'esprit olympique que le Gaulois remet la palme à l'athlète du camp d'Aquarium qui est félicité par César. Astérix démontre ainsi que l'essentiel est de participer et pas de vaincre à tout prix.
L'album avec les superbes dessins d'Uderzo est totalement hilarant, il se moque du chauvinisme, du tourisme de masse et du dopage, et s'avère une œuvre originale qui montre que la ruse est préférable à la facilité. Et les Grecs ressemblent beaucoup aux Américains qui trustaient une bonne partie des médailles lors de JO de Mexico en 1968 en battant les records du 100m (9''95) avec Jim Hines, du 200m sous les 20'' au 200 m (19''83) avec Tommy Smith, du 400 m sous les 44'' (43''86) avec Lee Evans, du saut en longueur avec 8,90 m grâce à Bob Beamon,et du saut en longueur avec Dick Fosbury qui efface une barre à l'envers sous le regard interloqué du public à 2,24 m, et le chauvinisme français eut le droit à la victoire de Colette Besson qui gagne le 400 m après une dernière ligne droite d'anthologie. Elle bat le record d'Europe et égale le record olympique.
Mais ce dernier a eu le droit un film qui a vu les choses en grand : 78 millions d'euros de budget et un casting All Stars : Alain Delon, Benoît Poelvoorde, Clovis Cornillac qui doit remplacer Christian Clavier qui ne veut pas rempiler, Zidane, Tony Parker, Michael Schumacher, Amélie Mauresomo... et bien évidemment Gérard Depardieu dans le rôle d'Obélix. L'objectif de Thomas Langmann était de réaliser une superproduction à en faire pâlir les mastodontes Hollywoodiennes. Seulement voilà, malgré tous les moyens déployés, le film est un véritable échec critique. Le binôme Clovis Cornillac qui incarne Astérix, et Gérard Depardieu peine à séduire. La présence au casting de Benoît Poelvoorde et Alain Delon en acteurs secondaires ne parvient pas non plus à susciter l'enthousiasme. "La démesure a mené au désordre" explique Christian Guillon, le directeur des effets visuels du film. De plus, plusieurs acteurs n'y mettaient pas forcément les formes, comme Alain Delon et Gérard Depardieu, qui, en tant que grandes pointures du cinéma français aux personnalités explosives, menaient une guerre d'ego sur le tournage. Si l'équipe du film espérait 11 millions d'entrées pour rentrer dans ses frais, "seuls" 6,8 millions de spectateurs se sont finalement rendus dans les salles obscures.Au-delà de ces mauvais chiffres, Astérix aux Jeux olympiques obtient surtout la plus mauvaise réception critique de la série surtout que le film s'est considérablement éloigné du scénario original puisque nos héros doivent permettre au jeune Gaulois Alafolix d'épouser la Princesse Irina et lutter contre le terrible Brutus qui n'est pas dans la bande dessinée et veut, lui aussi, la main d'Irina, tout cela dans une course de char finale transformé en course de char à la Ben Hur, où ce sont les chevaux qui sont dopés avec Brutus, ce que ne pouvait cacher les effets visuels. Trahir le matériel de base ne donne pas de bons films, là ou ça pouvait marcher avec Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre qui gardait la base de la bande dessinée Astérix et Cléopâtre en 965 qui donna un très bon film animé en 1968, ici ça ne marche pas, car la différence est trop grande.
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : https://asterix.fandom.com/fr/wiki/Ast%C3%A9rix_aux_Jeux_Olympiques, https://thereaderwiki.com/fr/Ast%C3%A9rix_aux_Jeux_olympiques_(album), https://www.asterix.com/la-collection/les-albums/asterix-aux-jeux-olympiques-1968/, https://www.europe1.fr/culture/asterix-et-obelix-grandeur-et-decadence-au-cinema-3472424, https://www.lejdd.fr/Culture/en-grece-pour-les-jo-asterix-se-moque-du-chauvinisme-et-de-la-surperformance-sportive-4059351, https://www.lequipe.fr/Tous-sports/Actualites/Disparition-albert-uderzo-le-dessinateur-d-asterix-est-mort/1122050, https://www.letournepage.com/livre/asterix-aux-jeux-olympiques/, http://www.otakia.com/1392/produit/bd/t12-asterix-aux-jeux-olympiques-bd/https://www.rtbf.be/tv/article/detail_les-revelations-du-realisateur-d-asterix-aux-jeux-olympiques-sur-gerard-depardieu?id=10813359.
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