La malédiction du Hope, une légende pour vendre du papier

Le diamant bleu de la Couronne passionne les amateurs du genre depuis plusieurs siècles. Pourtant, le "diamant bleu de la Couronne", également connu sous le nom de "Bleu de France", est sans doute la pierre qui a la plus mauvaise réputation, alors que celle-ci est infondée.

Cette histoire rocambolesque qui commence dans les mines de Golconde lorsqu'un marchand nommé Jean-Baptiste Tavernier rentre d'Inde qui après les avoir exploré, a négocié un millier de gemmes destinées au roi. Le diamant, pierre brute de 115 carats d'un bleu si profond qu'il tend vers le violet, est proposé en 1668 à Louis XIV. Acquis en 1671 par Louis XIV, le diamant de 69 carats a été choisi pour compléter la parure du roi. Le monarque fait retailler ce joyau par Jean Pittan, qui lui donne une forme unique, et devient l'un des symboles de son règne. Placé sur un bâton d'or, la lumière du diamant donne l'illusion d'un soleil au centre d'un ciel bleu. Vers 1749, son arrière-petit-fils Louis XV demande à ce que le Bleu de France soit incrusté sur le riche insigne de l'Ordre de la Toison d'or, un ordre de chevalerie.

En 1783, le Bleu de France apparaît dans l'inventaire des bijoux de la Couronne qui mentionne un «très grand diamant brillant bleu, ayant beaucoup de dessous, forme en cœur, d'eau vive et nette, désigné par l'inventaire de 1691, pesant 67 carats 1/8. Lequel a été retaillé depuis et est estimé 1 000 000 de livres». Louis XVI en hérite et chérit ce joyau hors norme. Tout comme Marie-Antoinette. Mais en 1792, la pierre précieuse a été dérobée lors du vol des joyaux de la Couronne de France à l'hôtel du Garde-meuble, pour finalement réapparaître en 1812 sous la forme d'un diamant bleu plus petit, entre les mains d'un marchand londonien du nom de Daniel Eliason, dont les circonstances de cette acquisition restent entourées de mystère, tout comme l'identité du propriétaire suivant, et en 1839, en Angleterre, lors de la succession d'Henri-Philippe Hope, un autre diamant d'un même bleu. Il ne fait plus que 45 carats et sa taille coussin permet d'éviter de faire tomber son propriétaire pour recel. Il prend alors son nom : Hope. La «perfide Albion» le rend méconnaissable. Sa retaille – qui lui fait perdre 23,5 carats – est un massacre. Au-delà de son existence mouvementée, ce sont sans doute les rumeurs entourant ce diamant qui restent les plus troublantes. Et pour cause : la légende raconte qu'un grand nombre de ses possesseurs ont été malmenés par le sort de la pierre.

Il reste dans la famille du même nom jusqu'à ce qu'Henry Francis Hope Pelham-Clinton en hérite en 1887 sous forme d'assurance-vie. Joueur et flambeur, il court à sa propre perte et se retrouve rapidement ruiné, mais rien à voir avec le bijou. La famille Hope a revendu le diamant en 1902, après que Henry Francis Hope Pelham-Clinton réussit à obtenir l'autorisation d'un Board of Trustee et du tribunal pour vendre le Hope, il passe entre les mains en 1902, du courtier américain Frankel, mais il fait rapidement faillite et se voit obligé de la revendre à un prix dérisoire à S. Habib, marchand et collectionneur turc, en 1908. C'est à cette époque, le Washington Post publie d'ailleurs le premier article sur l'âme maléfique du diamant, s'inspirant des légendes pue fondées, selon lesquelles certains propriétaires du auraient été déchiquetés par des chiens à Constantinople, abattus sur scène et même, dans le cas de Marie-Antoinette et de Louis XVI, qui avaient hérité de la pierre, décapités lors du point d'orgue de la Révolution française, mais il ne possédait plus la pierre çà ce moment-là. Une malédiction dont on n'avait jamais entendu parler avant.

À peine un an après son acquisition, en 1909, Habib se sépare du Hope, qui se retrouve entre les mains de Cartier au début du XXe siècle après que le joaillier français Rosenau l'a acquis et revendu, avant d'être racheté en 1912 par une mondaine de Washington, Evalyn Walsh McLean qui le fera parfois porter en médaillon par son chien. L'affaire est conclue avec, en bas de l'acte de vente, une bien étrange clause stipulant que Cartier s'engage à reprendre le bijou si dans les dix-huit mois suivant la transaction, un malheur arrive à la famille McLean. Dans ses mémoires, Evalyn raconte qu'elle va jusqu'à faire bénir la pierre qui ne la quitte plus. Mais la malédiction frappe ou plutôt des événements qui ont des explications beaucoup plus simple : en 1919, son fils de 9 ans, meurt renversé par une voiture. Le Hope est retrouvé, intact, dans la poche de sa veste. Son mari devient alcoolique et la quitte. Quelques années plus tard, sa fille de 25 ans décède d'une overdose. Ruinée, l'héritière est internée dans un hôpital psychiatrique suite à tous ces drames et disparaît à l'âge de 60 ans en 1947.

Lorsqu'il en avait fait don au musée, son dernier propriétaire, l'ayant acquis à la mort de l'héritière en avril 1949, l'excentrique et passionné bijoutier Harry Winston ( avec qui de 1949 à 1953, la pierre sillonne l'Amérique dans le cadre de l'exposition «The Court of Jewels») avait envoyé en 1958 la pierre par la poste dans du vulgaire papier kraft au musée national d'histoire naturelle des États-Unis en songeant que «Si le diamant est volé ou se perd, cela sera son destin !», à la grande inquiétude du personnel du musée, où l'anecdote fait encore frémir les admirateurs du diamant. Ce possesseur ne semble pas avoir subi la moindre malédiction. Les universitaires suspectaient depuis fort longtemps que le diamant Hope et le Bleu de France n'étaient qu'une seule et même gemme, mais ce n'est qu'en 2005, soit 213 ans après son vol, qu'ils ont été en mesure de le démontrer. Jeffrey Post, le conservateur de la collection de gemmes du musée d'histoire naturelle des États-Unis, et d'autres experts ont eu recours à une modélisation informatique basée sur des témoignages du XVIIe siècle, des illustrations détaillées du diamant bleu et des scans du diamant Hope. Leur étude a permis de conclure que la pierre Hope était bel et bien le diamant indien original, taillé à deux reprises.

Jusqu'en 2007, la France n'était pas en mesure d'obtenir une réplique du diamant de Louis XIV. Mais, cette année-là, une équipe tombe sur un moulage du Bleu de France, tapi dans les réserves. Ni une ni deux, des chercheurs français s'associent à des confrères nord-américains. Afin de «recalculer par ordinateur et de manière absolue la couleur du minéral, en prenant en compte sa composition chimique», raconte à l'AFP François Farges, le commissaire de l'exposition «Pierres précieuses». Une centaine d'essais plus tard, en jouant sur l'interaction entre la lumière et la structure atomique, les chercheurs parviennent à obtenir le fameux bleu roi. Ils déposent alors des nanoparticules de titane sur cette réplique, ce qui donne «l'impression de voir enfin ce diamant bleu, tel qu'apparu au Roi-Soleil». Actuellement exposé au Museum national d'Histoire naturelle, l'imitation duperait les diamantaires. «Ils étaient incapables de faire la différence avec un vrai !» se réjouit François Farges.

Finalement, comme on peut le voir, la malédiction du Hope est une création journalistique qui a voulu lier des événements n'ayant rien à voir les uns avec les autres pouvant s'expliquer par leur contexte historique afin de faire du sensationnalisme. Ce bijou mérite qu'on parle sérieusement de lui surtout que son histoire est plus intéressante qu'une pseudo-malédiction.

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : https://www.forbes.fr/lifestyle/lincroyable-histoire-du-diamant-hope/, https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/pierres-precieuses-mythique-diamant-bleu-louis-xiv-renait-grace-science-83076/, https://www.lepoint.fr/culture/hope-le-plus-gros-et-le-plus-cher-diamant-du-monde-se-dote-d-une-nouvelle-monture-21-11-2010-1265157_3.php, https://www.nationalgeographic.fr/sciences/lincroyable-destin-du-diamant-bleu-de-la-couronne-de-france, https://www.parismatch.com/Vivre/Mode/Joyaux-destins-de-pierres-1684823, https://www.planet.fr/societe-secrets-historiques-phenomenes-inexpliques-decouvrez-les-10-plus-grands-mysteres-de-france.895968.29336.html?page=1, https://www.vanityfair.fr/mode/story/folie-suicide-faillite-noyade-la-folle-saga-du-hope-le-diamant-maudit/11951, et https://www.vogue.fr/joaillerie/article/bijoux-les-diamants-les-plus-spectaculaires-episode-3-le-roman-policier.

Merci !