Barbe, une martyre très révéré aux Hauts de France, dont il faut dé...

Aujourd'hui nous fêtons la Sainte Barbe, on honore à cette occasion, une chrétienne morte en martyre pour qui il n'y a pas de compte rendu éligible pour son martyr, puisque des auteurs disent qu'elle souffrit son martyr en 235 à Nicomédie en Asie Mineure, sous l'empereur Maximien 1er, tandis que d'autres disent qu'elle a été victime de la Grande Persécution des mains de Galère, le collègue de Dioclétien, et trouva la mort à Héliopolis, en Égypte, en 306. Barbara fut vénérée immédiatement après sa mort, à cause des miracles qui avaient lieu sur sa tombe. Cependant, dès la fin du IVe siècle, il y avait à Édesse un monastère qui portait son nom, ce qui semble montrer que c'était le lieu de martyr et que son corps semble y reposer.

Édesse, à l'Est de L'Euphrate, était la capitale de l'Osrhoène, est depuis la fin du IIe siècle, un centre chrétien important, et le christianisme y devient majoritaire au IVe siècle. Une «église des chrétiens» est mentionnée dans la Chronique d'Édesse au cours de l'inondation qui ravagea la région en 202, et on pense que le roi d'Osrhoène se serait converti au christianisme. Édesse devint par la suite une colonie romaine en 242 après que la dynastie des Agbar s'est éteinte, et elle est faite capitale de province en 298. Son lien avec l'Église d'Antioche existe depuis le début du IIIe siècle, car son évêque était nommé par celui de la métropole syrienne. Son christianisme est de langue syriaque et il a conservé des traditions particulières liées à ses origines judéo-chrétiennes. Il s'y réfugia aussi des chrétiens perses chassés de l'empire sassanide, de religion mazdéenne, où le christianisme était considéré comme la religion de l'ennemi, comme une religion romaine sans doute durant le règne de Vahram II (276-293), au moment où devenu le grand prêtre mazdéen, Kartir fait expulser d'Iran les propagateurs des religions étrangères, c'est sans doute à ce moment-là que Barbe et ses parents se retrouvèrent à Édesse. Pour Barbe, sa situation devait suivre celle des femmes chez les Perses Sassanides qui étaient libres de choisir leurs époux, elles n'étaient pas obligées de se marier avec l'homme que leur père avait choisi. Leur père n'avait pas le droit de les priver d'héritage ou de leur infliger d'autres punitions si elles n'obtempéraient pas et on ne trouve aucune différenciation entre les filles et les garçons en ce qui concerne l'enseignement et l'éducation, mais elles devaient aussi participer au paiement des dettes de leurs parents décédés. Il existait aussi dans cette Église, comme dans l'Église de Perse, l'institution des «fils/filles du Pacte», un ordre prémonastique rassemblant des ascètes célibataires ayant fait le pacte de respecter le célibat et d'être au service de l'église de leur village ou de leur ville, et dont un des rôles est d'assister le clergé. L'insistance sur la virginité de Barbe et sa résistance à l'apostasie semble montrer qu'elle faisait partie de cet ordre.

La Grande persécution eut lieu à Édesse en l'an 306, au moment où prêtres Gurias, et Samonas, subirent des tortures répétées, et furent condamnés à mort par le préfet Mysianus, et décapités, c'est sans doute à ce moment-là que Barbe trouva la mort. Sa mort est sans doute liée à la persécution sévère et généralisée en Orient qui débuta par des persécutions locales entre 305 et 306 amena 14 exécutions en Palestine, une exécution collective et 4 individuelles en Cappadoce, dont celle de l'évêque Athènogène, et le refus de sacrifier et l'exécution de l'évêque Philés de Thmouis en Égypte, qui furent suivies en 306, par l'édit de Galère et Maximin Daïa est promulgué en Orient, réitérant l'obligation de sacrifier pour tous et confiant la répression aux magistrats locaux, avec l'appui de l'armée (persécutions, recensement, convocation des citoyens), puis en 309 par un nouvel édit de Maximin Daïa réitérant l'obligation de sacrifier pour tous, ce qui aboutit entre 306 et 312 à 91 exécutions individuelles ou par groupes en Palestine, auxquels s'ajoutent 377 condamnations pour travaux forcés surtout dans les mines, surtout des Égyptiens. Suite à son exécution, des chrétiens avait réclamé le corps de la martyre afin de l'inhumer dignement, mais ne voulant ni l'appeler par son prénom païen, ni par son nom de baptême afin de ne pas se trahir auprès des instances décident de la nommer 'Barbara femina iuvenis est' (La jeune femme Barbare) qui donna le Barbara/Barbe.

Dans les Hauts-de-France, la Sainte Barbe est l'une des traditions les plus fortes de la vie de la mine dans notre région. Depuis près d'un siècle, et jusque dans les années 1980, les mineurs de fond s'envoyaient en effet des petites cartes représentant un mineur, souvent avec des fleurs, pour se souhaiter mutuellement, le 4 décembre, une bonne et heureuse Sainte-Barbe. Aujourd'hui encore, de nombreux retraités continuent de faire vivre cette tradition, née chez nous au XIXe siècle, avec l'industrialisation de l'extraction du charbon et l'arrivée massive de mineurs d'origine paysanne, principalement polonais et de religion catholique. Sainte Barbe fait son apparition dans la région au XIXe siècle avec l'essor du bassin minier. Elle protège les mineurs des explosions et coups de grisou. La "sainte du feu", comme on la désigne aussi, devient également la patronne des métiers ayant un rapport avec la chaleur, comme les artificiers, les carriers, les fondeurs, les verriers, les artilleurs, elle est la patronne du Bataillon des canonniers sédentaires de Lille, et bien sûr, les pompiers. Célébrée par les mineurs du monde entier, c'est toutefois en Hauts-de-France que la Sainte-Barbe s'est imposée au fil des décennies, comme une fête profondément ancrée dans la culture du bassin minier et du monde du travail. Concernant ces derniers, la tradition de la sainte Barbe remonte à la Troisième République. Vers 1870-75, des festivités se répandent dans les corps de pompiers, avec au final, le sacro-saint banquet. Le 4 décembre fut ainsi longtemps un jour chômé et payé dans les mines. Jusqu'à la fermeture des dernières houillères, la fête de la Sainte-Barbe était aussi traditionnellement précédée de deux semaines de surproduction et de travail supplémentaire pour les "gueules noires", avec une période dite de "longues coupes" et des nuits de sommeil de quatre heures, permettant aux mineurs de doubler leur salaire. Avec l'arrivée, dans les années 1960 et 1970, d'une main d'œuvre de religion musulmane et l'évolution sociale et politique des ouvriers, les aspects religieux de la fête se sont peu à peu estompés, transformant la Sainte-Barbe et la date du 4 décembre en moment d'unité et, traditionnellement, de revendications syndicales. Intimement liée à l'histoire du grand bassin minier des Hauts-de-France, la Sainte-Barbe, est aussi depuis la fermeture des mines une journée de recueillement en souvenir de tous les hommes morts au fond, sous l'effet des coups de grisou, scellant la fraternité entre les mineurs.

Mais heureusement, depuis 2018, les Fêtes de la Sainte Barbe comme on peut le voir à Lens-Liévin s'attachent à faire perdurer et renouveler cette tradition très ancrée dans le Bassin minier. Artistes, habitants, acteurs locaux s'associent pour proposer une programmation riche de rendez-vous autour de la lumière, du feu et de la détonation. Un spectacle à ne pas rater qui vient inscrire les Fêtes de la Sainte Barbe parmi les rendez-vous incontournables des amateurs des arts du feu. Chaque rendez-vous est une expérience à vivre et à voir autour des éléments symbolique de sainte Barbe : le feu, le bruit et la lumière. Une trentaine d'événements sont ainsi programmés dans onze communes : du mapping, de la pyrotechnie, des rencontres, des concerts... On peut ainsi découvrir jusqu'au 5 décembre l'œuvre de LEVALET, invité par l'association Run.da.ART. Il fait revivre le site minier du 11/19, par ses dessins éphémères inspirés de l'architecture et de l'histoire du lieu. On peut poursuivre sa visite au Centre Arc-en-ciel de Liévin qui expose les œuvres d'atelier de l'artiste jusqu'au 11 décembre.