Dans toute la région du Tyrol du Sud/Alpes d'Europe, du sud de l'Allemagne, de l'Autriche et du nord de l'Italie à la Croatie, la Hongrie, la République tchèque, la Bulgarie et la Slovénie, Krampus est une créature démoniaque qui accompagne saint Nicolas. Dans le reste de l'Allemagne, le Grand Saint est accompagné de Ruprecht, comme il l'est du Père fouettard ou de Zwarte Piet en Belgique. Alors que le bon Saint Nicolas donne des cadeaux aux enfants sages, Krampus donne des avertissements et des punitions aux petits méchants. Cette figure popularisée au XVIe siècle s'est notamment agglomérée dans la pratique actuelle aux "Perchten", esprits bénéfiques et maléfiques chargés de chasser l'hiver, une tradition probablement d'origine païenne qui s'est maintenue dans certaines vallées alpines, comme à Gastein près de Salzbourg. Les Krampus et les Perchten ont ainsi fusionné en "êtres hybrides" incorporant aussi des influences allant des films d'horreur au heavy metal. D'après le folklore germanique, Krampus arrive dans les villes la veille du 6 décembre, la Krampusnacht. Traditionnellement, les jeunes hommes se déguisent en Krampus durant les deux premières semaines de décembre, en particulier dans la soirée du 5 décembre, et parcourent les rues en effrayant les femmes et les enfants avec des chaînes et des mêmes cloches dont on orne le cou du bétail.
Les costumes modernes de Krampus se composent de masques en bois, de peaux de mouton, et de cornes. La fabrication des masques à la main représente un effort considérable. À Oberstdorf, dans la partie sud-ouest de la Bavière, la tradition de Wilder Mann («l'homme sauvage»), est maintenue, il est comme Krampus (sauf les cornes), vêtu de fourrure, et effraie les enfants (et les adultes) avec des chaînes et des cloches. Il n'accompagne toutefois pas Saint-Nicolas. À Munich, on peut voir le Krampuslauf (littéralement la «pluie de Krampus»), un défilé de groupes de Krampus de toute l'Europe. Plus de 300 personnes vêtues de tenues Krampus défilent sur la Marienplatz pour le plus grand plaisir de milliers de spectateurs. Munich voit son grand Krampuslauf généralement le dimanche après le 6 décembre. Des groupes de Krampus de toute l'Europe se rendent à Munich pour une marche à travers la Marienplatz pour le plus grand plaisir et l'horreur des spectateurs. Une tradition qui peut être observées en Autriche, en Allemagne, en Hongrie, en Slovénie et en République tchèque, où des hommes ivres se déguisent en Krampus et tels des diables envahissent les rues pour le Krampuslauf, tandis que les gens courent partout pour les fuir. Cependant, les incidents restent fréquents, l'anonymat conféré par les masques - et souvent l'alcool - étant propice aux bagarres voire aux agressions sexuelles, comme celle subie récemment par une jeune femme à Zell bei Ebenthal, dans le sud de l'Autriche en 2017. En Autriche «la personnalité hostile» de Krampus est en passe de devenir un objet commercial : chocolats, figurines et cornes en plastique sont chaque année proposées au grand public. La commercialisation à outrance de l'image de ce monstre commence déjà à être critiquée dans le pays.
Alors que Krampus s'accrochait dans la région alpine, la peur qu'il suscitait a disparu pendant plusieurs années - l'Église catholique a longtemps interdit les célébrations pouvant créer la panique et durant la deuxième guerre mondiale, les fascistes avaient interdit cette tradition qu'ils associaient aux sociaux-démocrates, c'est au début des années 2000 qu'un effort concerté pour maintenir la tradition de Krampus vivante a pris racine en Europe. La redécouverte de cette ancienne tradition culturelle a inspiré les nouvelles générations à dépoussiérer les masques de Krampus qui appartenaient à la famille ou à sculpter habilement les leurs. Des enfants, des hommes et des femmes participent désormais aux Krampuslaufs dans toute l'Europe. Noël devenant de plus en plus commercialisé, les traditions moins accessibles ont diminué. L'arbre de Noël est resté et Krampus s'est retiré dans l'obscurité. Les participants le font pour les aspects culturels et de camaraderie et aiment interagir avec des spectateurs ravis. Cet aspect redécouvert des fêtes de fin d'année saute aux États-Unis. Certains en Pennsylvanie connaissent déjà Krampus sous un nom différent – Belsnickel. Des villes telles que Détroit, Portland, Oregon et Los Angeles organisent des événements Krampus annuels de plus en plus nombreux et de plus en plus de villes se joignent chaque année. Même les séries s'y mettent : un épisode d'«American Dad» a été consacré à ce personnage fallacieux («Minstrel Krumpus»), mettant en lumière le mouvement des célébrations anti-Noël. Certains événements cherchent à empêcher les aspects culturels de cette ancienne tradition de devenir trop commercialisés. Mais il est clair que des racines païennes aux réjouissances modernes, Krampus enfonce à nouveau ses griffes dans la saison de Noël.Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : https://voyages.ideoz.fr/krampus-munich-agenda-baviere/, https://www.lepoint.fr/insolite/en-autriche-les-peres-fouettards-chassent-en-meute-07-12-2017-2177870_48.php, https://www.lonelyplanet.com/articles/krampus-run-munich, et https://www.nationalgeographic.fr/histoire/qui-est-krampus-la-creature-legendaire-qui-punit-les-enfants.
Merci et bonne 2e semaine de l'avent !
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