La naissance de Jésus entre symbolisme et réalité politique

Jésus a vu le jour 3 ans avant la mort d'Hérode, autrement dit il est né en 7 avant notre ère (Matthieu 2,16) pendant une conjonction planétaire dans la constellation des Poissons, il n'y a pas lieu de faire coïncider cet événement avec le recensement ordonné par Auguste et conduit par Quirinus, légat de Syrie en 6 de notre ère (Luc 2,1-5), comme le montre les recherches les plus récentes, car il n'y a jamais de recensement général de l'empire, sauf pour les citoyens romains, les habitants de la tétrarchie d'Hérode Antipas n'ont pas été concerné par le recensement, mais seulement les habitants de la province de Syrie et leurs environs, les procédures censoriale romaine s'opposent à ce que celui-ci se déroule ailleurs qu'en son lieu de résidence, et même si Joseph dans un besoin impérieux devait venir à Bethléem, il n'était pas obligé de faire venir sa femme, puisque c'était le chef de famille qui devait toujours enregistrer les gens de sa maison. Mais cela suggère que la naissance de Jésus n'était pas en hiver, mais plutôt en septembre. De plus, Jésus est né à Nazareth, un petit village de Galilée, probablement considérablement plus grand qu'on ne le pensait auparavant, et qui comptait probablement jusqu'à 1 000 habitants (plutôt que d'être simplement un village de taille petite à moyenne de 100 à 500, comme on le pensait auparavant), non à Bethléem, comme le rapporte les évangiles canonique de l'enfance, qui n'est que le produit de leur auteurs pour renforcer l'idéologie messianique faisant de Jésus un descendant de la lignée royale davidique au regard des prophéties messianique de l'Écriture sainte (Michée 5,1-2). Pour cela, les auteurs de l'évangile de Luc et de Matthieu ont construit une généalogie destinée à établir la filiation davidique de Jésus, conformément aux prédictions des prophètes d'Israël. Mais, une différence est visible entre les auteurs, la généalogie de Matthieu 1,17 au début de l'évangile veut montrer les origines humaine de Jésus, où il y a une donné exacte celle du nom du père de Joseph, Jacob qui sera donné au frère de Jésus, et celle de Luc 3,23-28 placée après le baptême de Jésus, où Jésus serait plutôt d'ascendance sacerdotale par Marie, une double ascendance qui apparaît à l'époque des Hasmonéens. Paul se plie aux exigences de la tradition juive et indique que le Messie est «né de la postérité de David, selon la chair» (Romains 1,3-4), car seule l'ascendance paternelle est admissible. Les évangiles de Luc et Matthieu ajoutent qu'il est le Fils de Dieu, à un niveau supérieur, depuis le début de sa la vie, conçue par l'œuvre de l'Esprit Saint, à travers Marie, dépassant ainsi le niveau d'une généalogie purement charnelle, mais les évangiles de Marc et de Jean ignorent la conception virginale, ce qui semble montrer que c'est une tradition tardive qui vint s'agréger aux dernières rédactions des évangiles de Matthieu et Luc entre 80 et 90. Un curieux passage de Flavius Josèphe (Antiquité Judaïques 17, 44-45) qui nous apprend que des Pharisiens étaient parvenus à entrer en contact avec Bagoas, un jeune eunuque, et Caros, un mignon d'une grande beauté, qui partageaient la couche d'Hérode peuvent nous montrer la vision de cette idée de conception miraculeuse. À en croire les Pharisiens, la mort d'Hérode ne devait permettre rien de moins que la venue de l'Oint de Dieu, le Messie; les Juifs seraient alors sauvés; et Bagoas, le castrat, pourrait retrouver sa virilité par la grâce divine et même avoir des enfants ! Le Messie en personne considérerait l'eunuque comme «son père et bienfaiteur» (Antiquité Judaïques 17, 45). La croyance qu'un castrat qui aura des enfants et la vierge qui donne naissance à un enfant sans avoir de relations sexuelles sont tout à fait probable dans un contexte de frénésie religieuse mélangé aux réalités politiques. Il est possible que Nazara / Nazareth était une petite colonie de Nazoréens, à l'origine liée à Bethléem, le lieu de la pousse ("ne-zer") de l'arbre de Jessé, le père de David (Michée 5,2). De nombreux Judéens vinrent s'installer en Galilée à la fin du IIe siècle avant J.-C. et au Ier siècle av. J.-C. Joseph, père de Jésus, vivant à Nazareth, semble être originaire de cette migration judéenne.

Il est né dans une famille aux prétentions davidiques, et ses parents, sont Joseph répertorié comme un nationaliste juif dans Luc 4,22, sans doute «un artisan (tektôn en grec) itinérant», du fait que le bâtiment était en plein essor avec les nombreuses constructions d'Hérode le Grand (Sébaste, Machéronte, Jéricho, l'Hérodion, Massada, Césarée Maritime, etc.), et de son fils Hérode Antipas (Tibériade et Sepphoris), et Marie, une femme forte nourrie de l'Écriture sainte depuis sa tendre enfance, a sans doute mené des activités dans le filage et le tissage dans une Galilée qui s'était spécialisé dans la soie venant de Chine et le lin, ils sont d'une classe sociale qui s'apparente à notre 'classe moyenne', car Nazareth était un village juif d'une cinquantaine de maisons où l'on pratiquait la polyculture et la culture de la vigne, fonctionnant comme un centre pour les communautés agricoles environnantes, sans doute un écart du village de Jafia, débouché d'une terre à blé particulièrement riche, et associé à l'artisanat et à l'exploitation des carrières, alors c'était exactement le genre d'endroit où l'on pourrait s'attendre à ce qu'il y ait une synagogue, que ce soit comme bâtiment ou assemblée publique, puisqu'on y a découvert des miqvots, ou bassins de purification et une salle de réunion, comme celui mentionné dans les évangiles de Matthieu et de Marc, et où l'on pourrait trouver un tektôn, un artisan, et de la même tribu que car, selon la loi de Moïse, il n'était pas permis de se marier dans d'autres tribus que la sienne. Les parents de Jésus ont pu aussi compléter leurs revenus comme moyens propriétaires terriens puisqu'on trouvait à Nazareth des fermes protégées par des murets de pierre flanqués d'une tour. Ses parents sont présentés comme des stricts observants de la Loi. Un point que semble démontrer les travaux archéologiques, dirigés par un archéologue britannique, le Dr Ken Dark de l'Université de Reading sur le site de Nazareth, qui suggèrent qu'il y avait une différence très substantielle entre les valeurs religieuses auxquelles adhèrent les Juifs vivant à Nazareth et ceux vivant dans une ville voisine appelée Sepphoris. Un examen détaillé des découvertes archéologiques de Nazareth révèle qu'ils avaient une interdiction stricte d'utiliser des excréments humains comme engrais pour les cultures implique donc qu'ils les considéraient eux aussi comme rituellement impurs, plutôt que simplement désagréables, et n'ont utilisé que de la céramique et d'autres artefacts comme des récipients en pierre considérés comme rituellement purs, tandis que dans la ville voisine de Sepphoris, ces règles religieuses semblent avoir été moins strictement appliquées. Cette vision stricte de la Loi, se couple aux pratiques des pharisiens de Galilée, les hassidim, qui s'adonnent à l'étude de Loi pour laquelle ils ont une interprétation personnelle, ils font aussi une place importante aux femmes, et sont sensibles à la piété envers les pauvres, exigeant davantage la modestie et l'humilité, attendant qu'on se mette au service de l'autre.

Le lieu où est né Jésus pourrait être cette maison découverte dans le centre de la ville de Nazareth, en Israël, sous le couvent des Sœurs de Nazareth. Tout près de l'église de l'Annonciation où, selon les chrétiens, l'ange Gabriel a informé Marie qu'elle allait avoir un enfant. Une maison "très ordinaire" explique l'archéologue Ken Dark : "Il n'y avait rien d'inhabituel. Elle n'est pas pitoyablement pauvre, mais il n'y a aucun signe de grande richesse non plus. Une maison familiale typique de son époque et de son lieu." Comme Ken Dark l'explique à CBS News, cela fait parfaitement sens : "Si c'est l'environnement de l'enfance de Jésus, il n'y a aucune raison de croire qu'il a grandi dans autre chose qu'une maison rurale galiléenne très typique de son époque." Les artefacts trouvés dans la maison du premier siècle comprennent des marmites cassées, un fuseau (utilisé pour le filage) et des récipients en calcaire, suggérant qu'une famille y vivait peut-être, ont déclaré les archéologues. Les vases en calcaire suggèrent qu'une famille juive vivait dans la maison, car les croyances juives considéraient que le calcaire ne pouvait pas devenir impur. Si une famille juive vivait ici, cela soutiendrait l'idée que cela aurait pu être la maison de Jésus. La maison du premier siècle "avait été construite en coupant une colline calcaire alors qu'elle s'inclinait vers l'oued (vallée) en contrebas, laissant des parois rocheuses autoportantes soigneusement lissées, auxquelles des murs en pierre ont été ajoutés", a écrit Dark dans une revue d'archéologie biblique. "La structure comprenait une série de pièces", a-t-il écrit. "L'un, avec sa porte, a survécu sur toute sa hauteur. Un autre avait un escalier adjacent à l'un de ses murs. Juste à l'intérieur de la porte survivante, des fouilles antérieures avaient révélé une partie de son sol de craie comprimée d'origine." L'habitation était probablement une maison à cour, avec des pièces de vie et de stockage à côté d'une cour, et un toit-terrasse pour les activités domestiques extérieures. Mais Ken Dark possède d'autres indices. Il évoque notamment la qualité de la construction de la maison, digne d'un artisan confirmé : "Celui qui a construit la maison avait une très bonne connaissance du travail de la pierre. Cela correspondrait au type de connaissances que l'on attend de quelqu'un que l'on pourrait appeler un tektôn." Un détail ne trompe pas l'archéologue puisque "L'escalier a été habilement construit en utilisant une partie d'une grotte naturelle et une autre partie de la grotte a été utilisée pour soutenir le plafond de la pièce et ces caractéristiques montrent que celui qui a construit la pièce avait une bonne connaissance des propriétés de la pierre locale et de la façon de la travailler", a-t-il ajouté. Tektôn est le mot grec pour nommer un artisan, également utilisé pour désigner Joseph. "En soi, il n'y a pas de lumières clignotantes qui disent : 'C'est ici que Jésus a vécu'. Mais elles sont enfouies sous une église byzantine datant du 5ème au 7ème siècle.", s'enthousiasme l'archéologue britannique.

Le récit de la naissance de Luc affirme aussi que Jésus est né à Bethléem, en tant que descendant de David et citoyen d'un empire qui avait décidé d'enregistrer ses habitants (Luc 2,1-4), pour montrer que Jésus n'est pas né sous un roi juif (comme dans Matthieu), mais sous un empire mondial, qui contrôle (et compte) ses vassaux, y compris à Bethléem, la cité des promesses de David, où vont ses parents. Il est aussi né en chemin, dans une écurie ou "ferme" d'animaux et de bergers (les seuls qui l'accueillent), sous le règne d'Auguste, afin de montrer que Jésus est né au recensement donné par Rome et mourra condamné par elle. Ce récit de la naissance de Jésus à Bethléem ne doit pas être considéré comme un fait historique mais comme une affirmation théologique mise sous la forme d'un récit apparemment historique. L'Évangile de Matthieu évoque également sa naissance à Bethléem, sans plus de détails, adoptant la même approche. D'ailleurs, les fouilles dans la basilique de la Nativité, construite au niveau de l'étable, n'ont révélé ni objet de l'époque, ni indice suggérant que le site était consacré pour les premiers chrétiens. Mais, la naissance a eu probablement lieu à Nazareth, et du récit de Luc on peut tirer quelques éléments. Joseph et Marie étaient avec leurs proches à Nazareth et il n'y avait pas assez de place dans l'étage des invités - généralement situés au niveau supérieur d'une maison - pour accueillir une venue imminente. Ainsi, Marie a dû accoucher ailleurs, très probablement dans la pièce principale de la maison, à l'étage inférieur. Il n'y a aucune mention d'animaux présents, mais le détail de la crèche semble être ce qui a conduit à l'image d'une écurie, et de nombreuses scènes de la Nativité en direct mettant en vedette des animaux de la ferme. Quand les gens parlent d'une scène de crèche, ou de la naissance de Jésus dans une crèche, ou d'une étoile qui brille sur la crèche, il n'est pas clair qu'ils comprennent toujours que «crèche» ne fait pas référence à une grange mais à la crèche de fortune de Jésus, une mangeoire est une auge utilisée pour nourrir les animaux. Dans les maisons judéennes du 1er siècle, des mangeoires se trouvaient à la fois à l'extérieur et à l'intérieur de la maison, séparant parfois un espace intérieur pour les personnes d'un espace où étaient gardés les animaux. Ainsi, dans le récit de la Nativité, Marie peut en avoir un à sa disposition, bien qu'elle ne se trouve pas à proximité immédiate d'une étable.

La naissance de Jésus a surtout un sens politique et les récits de Matthieu et de Luc semble le montrer sous une forme symbolique. Après la mort d'Hérode en 4 avant J.-C., s'ouvrit un vide de pouvoir qui dura jusqu'en l'an 6, de sorte qu'ils ont explosé par partout la violence et beaucoup se sont soulevés contre l'ordre romain et la politique en vigueur. Dans ce contexte est né, divers leaders populaires qui ont généralement aspiré à la royauté dans sa forme traditionnelle, héritée de David, comme le brigand Judas, fils d'Ézéchias qui s'est saisi des arsenaux de Sepphoris, capitale de la Galilée (à 6 km de Nazareth, où vivait l'enfant Jésus), a pris les armes qui y étaient entreposées et pillé les réserves du palais impérial, on dit même qu'il s'est proclamé roi d'Israël et en est venu contrôler toute la Galilée, l'esclave Simon de Pérée qui pilla le palais royal et l'incendia, le berger Athrongès dans les environ d'Emmaüs entouré de ses 4 frères, et du docteur de la loi Judas le Galiléen qui avec Sadoq s'opposa au recensement de l'an 6 sans violence et arriva à avoir la tête du grand-prêtre partisan des romains, Hoazar, liés aux traditions populaires, hommes de charisme, capables de s'enflammer. Ces conflits, étouffés par l'administration militaire romaine qui se débarrassa de leur chefs puisque Judas, fils d'Ézéchias, mourut sans doute au combat, Simon de Pérée a la tête tranchée, Athrongès après 2 ans de résistance, la perte de ses 4 frères se rend et finit crucifié, et Judas le Galiléen est crucifié en l'an 9 sans doute après avoir tenté de convaincre les Romains, la mémoire des parents de Jésus et de ce dernier, plus encore celle de Judas, fils d'Ézéchias, qui prit le contrôle de la Galilée, y compris Nazareth où Jésus vivait avec ses parents qui ont peut être soutenu l'opposition à la domination étrangère tout autant que celle d'une élite considérée comme proromaine, mais les soldats romains commandés par Gaïus envoyé par Quinitilius Varus ont étouffé la rébellion, prenant la ville (Sepphoris) la mettant à feu et à sang, sans oublier de raser les villages alentour, tuant beaucoup de ses habitants et les amenant en esclavage, et la rébellion de Simon de Pérée et d'Athrongès finira sur 2000 crucifiés aux environs de Jérusalem, dans cette époque qui a ravivé les espoirs peuple messianique et national, où Jésus a grandi entre affrontements et défaites non vengées, ce qui poussera Jésus à décrire les Romains comme les «maîtres des nations», qui gouvernaient les peuples en «seigneurs absolus», les «opprimant sous leurs pouvoirs», mais cela le poussa sans doute à imiter l'insurrection de Judas qui n'était pas armée, comme l'avaient été les précédentes, mais pacifique. Judas n'avait pas l'intention de se proclamer Messie, mais il voulait que l'on reconnaisse Dieu comme roi du pays, et que l'on respecte ses droits sur la terre, il ainsi parvenu à se rallier tout le pays, mais mettre en question un impôt décrété par Rome revenait à contester l'autorité impériale et sa présence en Palestine.

Donc, les récits de la naissance de Luc et de Matthieu sont en réalité subversifs défient délibérément le règne de César en appliquant ses titres de Seigneur, de Fils de Dieu, d'apporteur de la paix et de Sauveur du monde, à Jésus, et offrent à leurs auditeurs un choix de royaume. À travers le message de l'ange aux bergers qui montre que pour le peuple est né un sauveur, le Seigneur, qui apportera la paix sur la terre. Mais par un moyen très différent, non par le pouvoir et la domination de l'empire, non par les seigneurs de ce monde, mais par la manière dont Jésus est né. Les premiers chrétiens voyaient en Jésus l'alternative à un monde impérial basé sur l'injustice et la violence. Jésus en naissant sous le recensement d'Auguste après que l'empire romain s'est emparé de la Judée et envoya un préfet nommé Coponius pour gouverner la Judée en l'an 6, est proclamé comme celui qui va libérer Israël de l'oppression romaine. Il né comme un sauveur alternatif face à la pratique de recenser les biens qui irrita les Juifs et provoquera un mouvement de résistance passive. La présence de bergers n'est pas non plus un incident. Le mouvement populaire messianique en Judée, illustré par le petit peuple, incluait les bergers, qui étaient devenus important dans un mouvement sous la conduite d'Athrongès contre les Hérodiens et les Romains en 4 avant J.-C. dirigé et mené par un roi venu de leur rang, ce qui était le comble pour les Hérodiens et les collaborateurs des Romains. C'est pour cela qu'apparait l'annonce aux bergers apparaissent dans Luc 2,8-20, qui est célébrée par des chants provenant de l'armée céleste, un groupe social méprisé par les élites car il vit en marge de l'Israël religieux, et ce sont eux qui symboliquement sont les premier bénéficiaires de la naissance de Jésus. Ce n'est pas à travers un homme fort que vient la libération mais par un enfant né dans une mangeoire.