La Saint-David, la fête d'un roi à l'image idéalisée

Aujourd'hui nous fêtons la Saint-David, que les Églises d'Orient célèbrent comme le saint roi-poète qui est la figure messianique du Christ. En réalité, le David historique s'oppose non seulement aux légendes vertueuses et héroïques, mais aussi à notre propre définition de lui à travers ses descendants nationaux et religieux.

David semble avoir été plus un chef de clan basé sur les plateaux désertiques judéens, puisque les hautes terres de la province de Judée étaient marginales et avaient une population clairsemée. L'atmosphère Apirou dans l'ascension de David doit être vu comme la préservation de traditions d'avant le IXe siècle avant notre ère, lorsque le système d'occupation en Juda s'étendait jusqu'au sud de la région d'Hébron. Cela s'intègre dans une tradition proche-orientale, celle des exilés politiques ou économiques, exclus des centres habités et qui vivent de brigandage. Il est raisonnable de penser que vers le milieu du IXe siècle, il n'y avait guère de place que pour des activités de type Apirou dans cette région. Le cœur du récit de David sa bande comme étant des mercenaires opérant dans la zone aride d'Hébron et à la frontière de Gath, la Philistine, représente une phase de l'histoire précédant l'expansion démographique (et par conséquent administrative) de Juda avant la deuxième moitié du IXe siècle avant notre ère.

David dans cette activité réussit à se faire nommer porte-bannière du roi d'Israël, Saül, puis son général grâce à ses succès, avant que son bienfaiteur cherche alors à le tuer , ce qui le poussa à s'enfuir chez les Philistins plus particulièrement à Ziqlag, où se trouvait des grands bâtiments au centre du site et de plus petits à la périphérie, et elle bénéficiait de terres fertiles qui représentent le bien le plus précieux de la région, servant comme mercenaire chez eux, et il profita de la mort de Saül et de ses fils à Gelboé, où il était sans doute présent aux côté des Philistins, au moment où l'unique fils survivant de Saül, Isbaal fut nommé roi du Nord, pour qu'on le proclame roi du Sud en 1010 avant J.-C. à Hébron, deux rois régnaient alors sur le pays. L'existence d'une dynastie judéenne fondée par un roi nommé David parait confirmée par la fameuse stèle de Tel Dan, célébrant la victoire d'un roi araméen sur les rois d'Israël et de Juda vers 840 avant J.-C., dans laquelle le royaume de Juda est appelé «Maison de David». Un des hommes d'Isbaal, Abner se rallia à sa cause, et Isbaal fut ensuite assassiné par deux de ses hommes. Selon le Livre des Rois, les tribus du Nord se soumirent à lui, mais cette trame biblique est complètement remise en question depuis trois décennies, car on tend à penser aujourd'hui qu'il y aurait eu non pas succession, mais coexistence entre le territoire d'Israël, au nord, plus étendu, plus riche, plus peuplé (40 000 habitants environ), et celui de Juda, au sud, abritant environ 5000 habitants. Le Livre des Rois, nous donne un certain Meribaal, fils de Jonathan, à qui David restitua l'héritage de Saül, qui eut un fils Micah, qui eut trois fils : Pithon, Melech, Tarea et Achaz. Le royaume du Nord continua donc à exister.

Dans le Sud, David ne s'intéresse pas aux Philistins sans soute à cause de son alliance avec le roi de Gath, et parvient à s'emparer du pouvoir à Hébron, et à Jérusalem, qui est alors une modeste bourgade, opérant en razzia sur les plaines fertiles environnantes. On dit qu'il se consacra à la construction d'un État fort, ce qu'il ne faut pas exagérer puisqu'en Juda, l'écriture ne devient courante qu'à partir du VIIIe et VIIe siècle avant notre ère, et il érigea un palais dans le quartier connu sous le nom de Cité de David qui fut exhumé dans les années 1960, cependant, il semble que les murailles de la ville et la citadelle des époques antérieures ont continué sans doute à être en usage. Pour consolider son pouvoir, il a peut-être imposé des tributs et fait des alliances, par la guerre et le mariage. Il aurait aussi élargit son territoire jusqu'à faire d'Israël l'État dominant du Levant, mais cette allégation est mise en doute, car les prospections archéologiques menées en en Judée ont écartées l'idée d'un grand royaume unifié d'Israël et de Juda sous David et Salomon s'étant étendu sur ses voisins, car ce n'est qu'après la capture de Samarie et la fin du royaume du Nord, qu'au VIIIe siècle émerge réellement le royaume de Juda. Il ne serait pas étendu sur les royaumes voisins mais aurait eu des accords avec eux, cela peut expliquer pourquoi les royaumes de Moab, d'Edom, d'Ammon et la Philistie n'ont pas connu de perte de territoire ou de soumission à un souverain puissant, tout au plus David et sa bande de mercenaires auraient pu au profit des Égyptiens protéger les mines de cuivre à Timna, situé dans l'Arava dans le sud d'Israël qui étaient exploitées par l'empire égyptien pendant deux siècles.

Cependant, son règne ne fut pas glorieux par la suite car il se présente par un adultère puisqu'il prend comme maîtresse Bethsabée la femme d'un ses général Urie, avant de le tuer, et des conflits familiaux car la rivalité entre ses fils (et leurs mères) étaient endémiques et minaient la force de la famille, et un de ses fils Absalon, fomenta une révolte à Hébron soutenue par le royaume du Nord et échoua de justesse... Le tout aboutissant à une fin de règne crépusculaire qui permit à Bethsabée de lui faire croire que son fils Adonijah voulu prendre le trône par la force, trompé, il ordonna que Salomon prit le pouvoir avec la complicité de la cour, ne voulant pas d'un roi qu'elle ne pouvait pas contrôler. Après sa mort, David, dont la mémoire a été célébrée par la Bible, est encore à ce jour une “figure clé de la mémoire culturelle d'Israël”, cependant cela ne fut que le résultat d'une propagande du royaume du Sud, après la chute du royaume d'Israël en 722, pour annexer ce dernier au VIIe siècle avant notre ère, période qui vit une augmentation de la population de Jérusalem à partir du VIIIe siècle avant notre ère passant de 3000 à 20 000 habitants avec l'afflux de réfugiés venus du Nord, cet ensemble de deux royaumes devaient être gouvernés par un roi davidique à Jérusalem, au moment où le roi Josias caressait l'espoir de s'emparer d'Israël en échange de son appui à Babylone, ce qui entraina sa mort à Megiddo en 609 avant J.-C.