Le réveillon du Nouvel An, comment une journée terrifiante fut repr...

Le passage de l'année, était le moment où les sorcières, revenants et mauvais esprits couraient la campagne, c'était une nuit de tous les 'dangers'. On faisait alors la tournée des villages le 31 décembre et le 13 janvier avec des groupes costumés faisant du bruit pour chasser les esprits, cette nuit était placée sous la tutelle de Saint Sylvestre.

Et en Autriche, on gardé des traditions de ce genre et selon la vieille opinion publique, de nombreux fantômes et démons circulent pendant les nuits longues et froides du milieu de l'hiver, c'est aussi le moment de la sortie des sorcières. Les Sorcières par contre sont des personnages qui n'existent que dans l'espace alpin des traditions bavaroises et autrichiennes. Selon les différentes sources, le nom nous ramène sans doute à un personnage de légende, la «Perchta» (ou «Berchta») ou Frau Perchta (Mme Perchta), une créatrice démoniaque, mi-dieu, mi-homme, qui apparaît à la fin de l'ancienne année et au début de la nouvelle année, accompagnée de diverses figures maléfiques, et elle veillait sur les gens et les protégeait contre les mauvais démons et infligeait également des punitions. Et si on prête attention, on en distinguera deux sortes différentes : les «bonnes», qui sont belles et les méchantes, qui portent des masques laids, appelés aussi «larves», et qui effraient. A propos, tous ces masques sculptés dans le bois par des artistes, sont encore faits main. Les deux groupes de Sorcières portent une ou plusieurs cloches pour chasser l'hiver. Selon la coutume, les Sorcières ne viennent que dans la nuit du 24 au 25 décembre et du 31 décembre au 1er janvier. Mais entre-temps, les défilés des Sorcières (Perchten en allemand) ont lieu pendant tout le mois de décembre. En 1837, celles de Gastein sont même venues saluer l'empereur Ferdinand 1er. Depuis 2011, les Sorcières de Gastein sont inscrites sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO.

Au XVIe siècle, son nom a également été donné aux créatures maléfiques qui l'accompagnaient et aux jeunes hommes athlétiques enveloppés de masques sinistres, effrayants et horribles qui se déplaçaient de maison en maison pour bannir les mauvais démons et les fantômes. Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, l'Église catholique tenta d'interdire les coutumes païennes des Perchten, mais avec peu de succès : au XIXe siècle, la Perchtenläufe (Procession/pandémonium des Perchten à travers les villages) redevint populaire. Au cours des siècles, Perchtenläufe a eu lieu dans toutes les vallées montagneuses de Salzbourg, mais bien que les coutumes soient à nouveau populaires de nos jours, les coutumes d'origine n'ont survécu qu'en Gastein, Altenmarkt et St. Johann. Les Perchtenläufe sont à l'origine limités à quatre nuits par an - les quatre Rauhnüchte. Ces nuits sont la nuit de Thomas (21 décembre), la nuit du Christ (24 décembre) la veille de Silvestre (le réveillon du Nouvel An) et la veille du jour des trois mages (5 janvier). Dans la région de Pongau ont lieu chaque année de grandes processions de Perchten avec Schönperchten et Schiachperchten. Les plus grands se trouvent à Gastein, Altenmarkt, St. Johann et Bischofshofen. En raison de la popularité croissante du Perchtenläufe, ces événements se sont répandus dans tout Salzbourg et la plupart des grands événements sont désormais programmés autour du 5 et 6 décembre où vous pouvez voir le Perchten à Henndorf , Oberndorf, Neumarkt, Maxglan et bien sûr à le Salzburger Christkindlmarkt am Domplatz pour ne citer que quelques-uns des plus grands.

Dans le Nord de la France, du 25 décembre au 6 janvier, jour de l'épiphanie, ce sont les douze nuits les plus longues de l'année. Ce furent pendant longtemps douze longues nuits d'hiver où tous les dangers guettent petits et grands. Les fées, les sorcières, les mauvais esprits... Et les brigands qui se tapissent dans l'obscurité; le froid, la famine pour les plus démunis; et cette nouvelle année qui vient ... Sera-t-elle bonne ou mauvaise ? Faite d'abondance ou de disette ? Le feu, la lumière des bougies et des lanternes, les noix, les fruits, les friandises, les quelques pièces offertes aux plus jeunes, les cadeaux, les porte-bonheur, les vœux échangés pour qu'ils apportent joie, santé et prospérité... Sont autant de traditions et de liens sociaux qui rassemblent et soudent la communauté aux moments les plus sombres – et les plus difficiles – de l'année. On craignait beaucoup ce passage entre le 31 janvier et le 1er janvier comme en Belgique et en Suisse.

En gros, la tradition de faire du bruit et de faire exploser des pétards nous viendrait de cette longue nuit, où les dangers n'était pas loin avec des menaces bien humaines comme les brigands et aussi surnaturelles. Heureusement qu'aujourd'hui sortir n'est plus aussi dangereux.

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : François Walter, Hiver: Histoire d'une saison, Payot, 2014, https://nord-decouverte.fr/les-guenels-de-noel-la-tradition-des-betteraves-grimacantes/, https://www.salzburg.info/fr/salzbourg/avent/krampus-et-sorcieres, https://www.salzburgerland.com/en/krampus-and-perchten/, et http://www.visit-salzburg.net/travel/perchten.htm.

Merci !