1792, de la guerre à la chute de la monarchie (partie 1)

En janvier 1792, Barnave rentre au Dauphiné, où il commence son Introduction à la Révolution française. L'ouvrage ne sera publié qu'en 1843. Dans cette retraite, il demeure fidèle à deux principes : ni contre-révolution ni intervention étrangère dans les affaires intérieures de la France. Il veut éviter, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, la guerre qui ne peut qu'engendrer une révolution démocratique et amener la République.

 

Pétion va  se faire de nombreux ennemis à commencer par Marie-Antoinette, qui depuis le retour de Varennes ne pouvait plus le supporter, le différent connu une suite quelques mois après. Quand il refusera les honneurs à la reine lors des vœux du 1er janvier 1792. L'Assemblée, alors, décrète d'accusation le comte de Provence, le comte d'Artois, le prince de Condé, Calonne, Laqueuille et Mirabeau cadet (1-2 janvier 1792) Alors que le 2 janvier, le comte d'Artois, frère du roi, réfugié à Turin pour s'entendre avec les conspirateurs royalistes de Lyon et du camp de Jalès, est sommé par l'Assemblée législative de rentrer en France dans un délai de deux mois, il persista dans son opposition et ne parut pas s'émouvoir des décrets qui le mirent en accusation et prescrivirent la, saisie de ses revenus. Le même jour Robespierre fait un discours sur les fêtes patriotiques aux Jacobins, tout en renforçant sa démonstration en phrases fortes contre la guerre, qui assurent que «personne n'aime les missionnaires armés», et invite à remettre de l'ordre dans le pays «avant de porter la liberté ailleurs», et un décret de l'Assemblée législative date le 1er janvier 1789 comme l'ère de la liberté. 1792 devient l'an IV de la Liberté. Le 6 janvier, l'électeur de Trêves disperse les émigrés présents sur son territoire. Et le 9 janvier, c'est aussi le traité de Iassy entre les Russes et les Turcs. Cette dernière cède aux Russes Oczakow et le pays entre le Bog et le Dniester, qui est établi pour limite des deux empires. Les habitants de la Moldavie et de la Valachie acquièrent divers privilèges. L'opposition entre Brissot et Robespierre s'accroît sur la question de la guerre. Le 11 janvier, Robespierre dit qu'une seule guerre serait acceptable, celle accomplie par les hommes du 14 juillet, du Comtat-Venaissin, les émeutiers réprimés par la loi martiale, et les soldats patriotes, elle serait dirigée par un général fidèle à la cause du peuple, loin de la cour et des ministres qui contrôlent l'armée. Il répond ainsi à Brissot qu'il met aux côtés de La Fayette, touchant ainsi les Jacobins et émouvant au passage son ami Camille Desmoulin. Plusieurs violents discours à l'Assemblée sont alors prononcés contre l'Autriche. Le 14 janvier, elle déclare infâme, traître à la patrie, coupable du crime de lèse-nation tout Français qui pourrait prendre part à un projet dont le but serait une modification de la Constitution, une médiation avec les rebelles, ou qui tendrait à rendre aux princes possessionnés en Alsace et en Lorraine quelqu'un des droits supprimés par les décrets de l'Assemblée constituante, ce qui n'empêche pas de reprendre reprend avec ardeur la campagne contre le ministère. Isnard tonne contre le ministre des affaires étrangères, Delessart; Guadet incrimine tous les agents du pouvoir exécutif le même jour.

 

Du 15 au 23 janvier 1792, la peur de soulèvements et de complots est constante. Le 16 janvier, le comte de Provence, frère du roi, est déchu de ses droits à une éventuelle régence. Le 18 janvier, lorsque paraît une lettre élogieuse pour La Fayette dans le Patriote Français, Robespierre en profite pour viser directement Brissot, qui assure ne pas être au courant, car le journal n'a publié qu'une lettre reprise du Moniteur Universel sans faire l'éloge du général. Le 20 janvier, c'est le début d'une semaine de troubles à Paris, avec le pillage de boutiques. L'établissement du maximum en France, donna l'occasion au peuple de Paris de piller les boutiques des épiciers, sous prétexte d'accaparement à cause de la hausse du prix du sucre par les marchands qui accumulent des stocks (particulièrement au faubourg Saint-Marcel) pour faire monter les prix avec pour motif la révolte d'esclaves et d'hommes libres de couleur à Saint-Domingue au cours de l'été 1791, du fait que la situation exaspère les classes populaires urbaines car l'habitude a été prise, parmi le peuple, «de prendre tous les matins une forte quantité de café qui le soutenait jusqu'à ce que, revenu de ses travaux, sur les 4 ou 5 heures de l'après-midi, il prît un second repas par lequel il terminait sa journée», ce qui oblige les blanchisseuses a supprimer le café au lait du matin pour leurs ouvrières et le remplacent par un verre d'eau-de-vie. Ce qui fait que plusieurs dépôts sont pris d'assaut dans les faubourgs et le sucre est vendu et payé au prix antérieur. Présent au moment de l'émeute, le maire de Paris minimise les faits devant les parlementaires car les marchands en gros de sucre, à l'encontre de la loi Le Chapelier, se sont entendus pour constituer un fonds commun afin d'indemniser les pertes subies «pour cause d'insurrection».

 

Dans son discours d'investiture à la commune de Paris le 20 janvier 1792, le lien de Danton avec Robespierre est loin d'être tranché même s'il partage ses idées, et de façon habile, il arrive à ménager tout le monde pour garder ses liens personnels et publics avec Dumouriez et Brissot. Le même jour aux Jacobins, Brissot essaye d'apaiser les choses et invite Robespierre à cesser la lutte. À l'invitation de Dusaulx, Brissot et Robespierre s'embrassent en signe d'estime. Gorsas et Brissot annoncent le 21 janvier une proche réconciliation, qui est vite démentie car cette accolade qui ne trompe personne, vu que Brissot a défendu aux Jacobins la nécessité de la guerre. Le 23 janvier, l'Assemblée législative accueille une députation des citoyens et citoyennes de la section des Gobelins qui protestèrent avec violence contre les «accapareurs». Enfin le 25 janvier, l'Assemblée invite le roi à demander à l'empereur d'Autriche des explications claires et catégoriques sur ses intentions à l'égard de la France et à lui déclarer la guerre s'il ne répond pas d'une façon satisfaisante avant le 1er mars. Et le même jour, Robespierre prononce un nouveau discours sur la guerre qu'il voit comme un piège tendu par le gouvernement qui mènera à un retour à la monarchie absolue ou à la dictature militaire. Brissot le contredit disant qu'il mène un combat funeste et qu'il est presque seul, mais Robespierre est soutenu par Billaud-Varenne, Desmoulins, Collot d'Herbois et de Manuel. Le 26 janvier, aux séances des Jacobins, c'est un nouvel échange et différent entre M. Lasource et Robespierre sur le contenu de l'ordre du jour, l'un souhaite parler finances publiques, l'autre se tient à ce qui est prévu et concernant le sujet de la guerre. Aux Jacobins, Danton s'oppose à la motion d'un proche de Robespierre, M. Doppet demandant une garde de protection pour l'Assemblée nationale.

 

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures, Michel Biard et Pascal Dupuy, La Révolution française : dynamiques, influences, débats, 1787-1804, Armand Colin, coll. «U», Paris, 2004, Danton, Serge Bianchi, Ellipses, 2021, Michel Biard, Philippe Bourdin, et Silvia Marzagalli, Révolution, Consulat, Empire (1789-1815), Belin, 2014, Historia, La Révolution française du chaos à l'unité, Historia, 2014, Jean-Pierre Jessenne, Révolution et Empire 1783-1815, Hachette, 2014, Hervé Leuwers, Robespierre, Fayard, 2014, Renaud Thomazo, 1789, La révolution qui a changé notre histoire, Larousse, 2015, Jean-Clément Martin, Robespierre, la création d'un monstre, Perrin, 2016, https://www.1789-1815.com/1792.htm, https://www.amis-robespierre.org/Une-chronologie-de-la-Revolution, https://www.cairn.info/revue-du-nord-2010-2-page-315.htm, https://www.cosmovisions.com/CharlesX.htm, http://www.cosmovisions.com/ChronoRevolutionLegislative.htm https://www.editions-zones.fr/lyber?les-luttes-et-les-reves#chap-004, http://lionel.mesnard.free.fr/Paris-revolution-1792-1.html, et http://lionel.mesnard.free.fr/Paris-revolution-1792-2.html, et Roger DUFRAISSE, « BARNAVE ANTOINE PIERRE JOSEPH MARIE - (1761-1793) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 19 janvier 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/antoine-pierre-joseph-marie-barnave/.

 

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