La présentation de Jésus au Temple, un événement exagéré par un éva...

Chaque année, le 2 février, nous célébrons la Chandeleur. C'est l'occasion de manger des crêpes sucrées ou salées. Ce jour là nous fêtons la présentation au temple de l'enfant Jésus par Marie. Un événement qui, selon la Bible, a eu lieu 40 jours après la veillée du 24 décembre, et à la suite de l'Épiphanie qui, elle, se fête 12 jours après Noël.

La circoncision rituelle (brit milah) eut lieu 8 jours après la naissance de Jésus. Joseph en suivant la pratique célébra l'événement en nommant l'enfant. Puis pendant 33 jours, Marie n'eut pas le droit de «toucher aucune chose sainte, ou d'entrer dans le sanctuaire». Pour retrouver son état de pureté elle fit un sacrifice au Temple selon ce qu'ordonne la loi de Moïse (Luc 2,22), et avec Joseph offrit non pas un agneau mais «une paire de tourterelle ou deux colombes» (Luc 2,22-24), confirmant que le couple était pauvre, puisque d'après le Lévitique, un aussi petit sacrifice n'était permis qu'aux couples ayant des moyens limités (Lévitique 12,6-8). Cependant, la pauvreté du couple semble exagérée par l'évangile de Luc, car le couple formé par Joseph et Marie faisait partie de la classe moyenne juive dans laquelle se trouvait les artisans qui ne vivaient pas dans l'indigence grâce à l'essor du bâtiment à travers les nombreuses constructions d'Hérode le Grand et Hérode Antipas en Judée et Galilée, doublé par l'activité textile dans une Galilée qui s'est spécialisée dans la soie venue de Chine et le lin, et les activités agricoles dans la moyenne propriété, qui possédait pleinement ses terres au lieu de les louer à un grand propriétaire. Si le sacrifice semble si petit, une autre raison valable est celle que Marie et Joseph faisait partie de la population de Galilée que Flavius Josèphe qualifiait de jalouse de son indépendance, et résistante aux influences extérieures, comme on peut le voir à travers les mouvements nationalistes galiléens notamment celui de Judas le Galileen en l'an 6 proche du groupe des l'aile pharisienne radicale de l'école de Shammaï, qui voit dans les relation avec les Grecs une sorte de souillure, menant au rejet de toute autorité étrangère, et à prôner la liberté et la souveraineté unique de Yahvé sur Israël. On peut aussi voir à travers ce sacrifice peu important un soutien aux métayers et fermiers de Judée expulsés des terres royales appartenant à Archélaos, vendues à des propriétaires grecs lorsque la province devint romaine menant à la protestation contre la perception du tribut que voulait mener Rome en l'an 6. Ces textes servaient à montrer que les parents de Jésus étaient des Juifs très pieux, et devaient s'en tenir à une pratique simple et conservatrice de la loi de Moïse respectant les rites dans le village de Nazareth, où se retrouvait de nombreux bassins ou miqwaot pour les ablutions et une synagogue, qui résistait à la mainmise romaine et à une hellénisation rampante dans les villes toutes proches, comme Sepphoris. De plus, ils servent aussi à montrer la fidélité au Temple de la famille de Jésus, car dans les moments de crise, la fidélité au Temple était visible en Galilée : en l'an 39, Juifs et Galiléens protestèrent massivement à Tibériade contre la menace de profanation de leur capitale par le placement d'une statue de Caligula dans le temple (Antiquité Judaïque 18, 269), et lorsque Flavius Josèphe organisa la résistance en Galilée au début de la guerre juive, il montra avec succès son ascendance sacerdotale, comme il ressort du récit de la Vita, et fit appel à la loyauté de la population envers Jérusalem, qu'il appelle "notre grande ville", et au Temple, "notre sanctuaire commun".

Puis intervient dans le texte, à travers un récit retravaillé, deux personnages représentatifs de la piété juive faisant partie du petit peuple pauvre et fidèle, ou des humbles et des doux (les anawims) que visaient le Magnificat de Marie (Luc 1,26), le vieillard Siméon (Luc 225-32), et la prophétesse Anne (Luc 2,36-38), que l'on présente comme la fille de Phanuel de la tribu d'Aser, qui gardent l'ancienne foi vivante dans le temple et saluent la naissance de Jésus comme l'irruption du Salut pour Israël et le monde, qui même s'il va rendre sa gloire à Israël, il sera contesté (Luc 2,34), ainsi Luc montre que Jésus est un Messie visant les femmes, les pauvres et les opprimés. De plus, Anne et Siméon représentent un courant messianique de la libération d'Israël, et il semble que l'auteur de l'évangile s'inspire de mouvements de cette époque comme les pharisiens qui introduit dans la cour d'Hérode par les femmes, prophétisèrent à Phéroras et sa femme que le trône serait pour eux et leurs descendants, et les esséniens vus favorablement par Hérode grâce à la prophétie de son élévation à la royauté par l'un d'eux, Menahem. Le Temple était durant cette période un haut lieu de contestation et il semble qu'annoncer Jésus comme un Messie potentiel pouvait réveiller des envies d'indépendance comme le montre la plus célèbre affaire, survenue à la veille de sa mort, dite de l'aigle d'or en l'an 4 avant J.-C., qu'Hérode a fait placer au-dessus d'une porte pour orner le sanctuaire, et deux maîtres pharisiens excitèrent leurs disciples les poussant à abattre l'aigle, ce dernier fut démoli à coup de hache, et les maîtres furent arrêter par Hérode avec une quarantaines de leurs disciples, comparaissant sans crainte devant lui prêt à subir le martyr, ils furent brulés vifs, puis quand son fils Archélaos lui succéda la même année, lors de la fête de Pâque, ce dernier fait face à une foule de pèlerins demandant l'amnistie des responsables de l'affaire de l'aigle du Temple, la punition des conseillers d'Hérode et le destitution du grand-prêtre, ne voulant pas désavouer ce dernier envoie la troupe sur la foule dans le Temple, faisant 3000 morts, à cela s'ajoute l'intervention du procurateur financier Sabinus, chargé de protéger les trésors du Temple qui provoqua aussi des émeutes lors de la Pentecôte de l'an 4 avant J.-C. dans le Temple et à Jérusalem, puis dans toute la province. Cela peut expliquer pourquoi les parents de Jésus, Joseph et Marie, avaient peur d'aller dans les territoires gouvernés par Archélaos et préféraient rester en Galilée (Matthieu 2,22). L'évangile de Luc écrit vers 80-85 emmène donc l'enfant Jésus au Temple de Jérusalem dans un contexte de piété israélite sacrée, pour qu'il hérite de sa sacralité (Luc 2,1-38), modifiant les vers primitifs de tendance nationalistes en une vision universaliste plutôt que de favoriser ceux mettant en avant la liberté nationale et religieuse du peuple que l'on retrouvait dans un courant d'opinion chez des prêtres et des pharisiens qui seront le moteur de la première guerre judéo-romaine en 66 dans un parti devenu militaire, critiquant en même temps ces prophètes rassemblant des foules et leur promettant la liberté entre 50 et 66, ce qui entraînait la réaction immédiate des Romains, montrant ainsi à travers Anne et Siméon le choix que d'autres prophètes et Messies bien moins violents étaient possibles à travers un mouvement de protestation non violent comme celui de Judas le Galiléen en l'an 6 ou celui de ses fils, Jacques et Simon entre 46 et 48. Tout au plus, si l'événement est réel, il ne devait concerner que les félicitations de deux personnes âgées aux parents de Jésus, leur disant que leur enfant aurait un grand avenir, mais rien d'aussi spectaculaire que nous le dit l'évangile. Et au final de la présentation de Jésus au Temple, Luc note que les parents de Jésus avaient accomplis tout ce que prescrivait la loi, puis ils retournèrent en Galilée (Luc 2,40).

C'est le pape Gélase Ier qui aurait le premier associé cette commémoration aux “chandelles”. Il aurait en effet organisé en 494 des processions aux flambeaux lors de cette messe spéciale. C'est plus particulièrement au Moyen-Âge, que le mot Chandeleur évoque les chandelles que l'on allumait symboliquement ce jour-là, Jésus ayant été reconnu comme Lumière du monde par le prophète Siméon, à l'arrivée au Temple de Joseph et Marie. Selon la Bible, après avoir demandé à prendre l'enfant dans ses bras, le vieillard s'est exclamé : «Mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples : lumière pour éclairer les nations païennes et gloire d'Israël, ton peuple.» C'est ainsi que cette fête de la présentation a ensuite pris l'appellation populaire de Chandeleur qui vient de l'expression latine «festa candelarum» qui signifie «fête des chandelles». Il y a quelques décennies, on préparait encore dans les églises des brassées de cierges que le prêtre bénissait et distribuait aux paroissiens pour organiser, le 2 février, des processions de lumières. Après ces processions, les familles revenaient à la maison, porteuses de lumières, et poursuivaient la soirée par une veillée autour d'un grand plat de crêpes, qui évoque le retour prochain du printemps après l'hiver sombre et froid. C'est également une sorte de rappel des offrandes traditionnelles, qui se pratiquaient à l'époque de Jésus, lors de la présentation des enfants au Temple. Le 2 février marquait donc chez les paysans la fin de l'hiver et le retour dans les champs. Pour les crêpes, en réalité, elles ne s'inspirent pas des Lupercales, mais du fait que quand il instaura la Chandeleur, le pape Gélase Ier en 494 fit distribuer des galettes - faciles à réaliser - aux nombreux pèlerins qui arrivèrent à Rome. De plus, la crêpe étant confectionnée avec la farine excédentaire de la récolte de l'année précédente, elle est un symbole de prospérité. Plusieurs traditions y sont associées, comme celle de faire sauter la première crêpe de la main droite en tenant un louis d'or (ou une pièce) dans la main gauche qui date du Ve siècle. Certains, notamment dans le Sud-Ouest, placent même la première crêpe en haut d'une armoire pour assurer bonheur et prospérité au foyer toute l'année. Si elles étaient au départ faites d'un mélange de farine et d'eau, les crêpes ont aujourd'hui bien des saveurs.

Pour aller plus loi, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Xavier Pikaza, La Madre de Jesús, Suigueme, 1990, et Historia de Jesús, Verbo Divino, 2013, Marie-Françoise Baslez, Bible et histoire : Judaïsme, hellénisme, christianisme, Paris, Gallimard, 1998, Annette Merz et Gerd Theissen, El Jesús histórico, Sigueme, 1999, Frère Bernard-Marie, La langue de Jésus: L'araméen dans le nouveau testament, Editions Pierre Téqui, 2002, Jerry Knoblet, Herod the Great, University Press Of America, 2005, Mireille Hadas-Lebel, Hillel, un sage au temps de Jésus, Albin Michel, 2005, Géza Vermes, Dictionnaire des contemporains de Jésus, Bayard, 2008, Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère : des prêtres aux rabbins, Presses Universitaires de France, 2015, Christine Pedotti (dir.), Jésus - L'encyclopédie, Albin Michel, 2017, Jésus, une encyclopédie contemporaine, Bayard, 2017, Christian-Georges Schwentzel, Les Quatre Saisons du Christ : un parcours politique dans la Judée romaine, Vendémiaire, 2018, Les plus grands récits de la Bible : Histoire - Archéologie – Découvertes, National Geographic, 2021, https://www.femmeactuelle.fr/cuisine/guides-cuisine/les-origines-de-la-chandeleur-36189, https://www.geo.fr/histoire/pourquoi-mange-t-on-des-crepes-a-la-chandeleur-208097, https://www.lefigaro.fr/langue-francaise/actu-des-mots/connaissez-vous-l-origine-du-mot-chandeleur-20220202, https://www.lhistoire.fr/la-ville-ingouvernable-de-lempire-romain, https://www.linternaute.com/sortir/guide-des-loisirs/1211535-chandeleur-2022-nos-recettes-de-la-crepe-facile-a-la-plus-originale/, et https://www.sudouest.fr/archives/c-est-la-chandeleur-pourquoi-fait-on-des-crepes-d-ou-vient-cette-fete-1162009.php.

Enfin, mes amis, voici vos cadeaux de la Chandeleur qui je l'espère vous plairont.

Tout d'abord celles pour lucinda-et-lestat-vampir, le-royaume-de-marie et athena59, qui est une image d'elle.fr pour des recettes simples et originale de crêpes, c'est ici celle d'une crêpe à la crème de stracciatella et beurre à l'orange,

Puis celui pour loups-06, les-anges-noir-666, et les-amis-des-nours, provenant d'une image de magazine-avantages.fr qui présente sa sélection de recette de crêpes,

... et celui pour freyr1978, jema-lou, et les-babies-anges-noir, provenant de tendances.orange.fr et de son article «Comment réussir la pâte à crêpe parfaite ?», spécialement pour faire des crêpes réussies natures ou garnies de confiture ou chocolat,

Enfin, celui pour tous mes amis virtuels, une image du site Gault&Millau pour son article «C'est la Chandeleur : Crêpes ou galettes ?», qui donne à choisir entre la team sucrée ou salée pour les crêpes,