Véronique, ou comment créer une sainte de toute pièce et des reliqu...

Ce vendredi 4 février, on fête la Sainte Véronique, une sainte à l'historicité plus que douteuse.

En réalité, Véronique s'inspire de ces filles de Jérusalem qui se lamente sur le chemin du calvaire (Luc 23,28), alors que les hommes, les apôtres, s'étaient tous enfuis au Jardin des Oliviers (Marc 14,50). Ensuite, l'hagiographie inventa une sainte sur le peu qu'on avait, puisque dans la tradition apocryphe des 1ers siècles les dans les "Actes de Pilate" (IVe siècle), elle devint Bérénice, identifié à l'Hémorroïsse guérie par Jésus (Marc 5,25), puis bien aidé par la propagation de sa légende au VIIe et VIIIe siècle, la légende aquitaine du XIe siècle, avança que l'Hémorroïsse après avoir épousé Zachée, devenu Amadour, aurait fini ses jours à Soulac-sur-Mer, près de Bordeaux pour échapper aux persécutions de Titus en 70, cependant, les Juifs fuyaient dans les zones proches durant la guerre judéo-romaine de 66-70, et le christianisme n'est apparu en Gaule qu'à partir du IIe siècle, puis à partir du XIIIe siècle son culte elle est mise en rapport avec la figuration de la Sainte-Face (vero-nica), on la transforma alors en cousine de Jean-Baptiste, qui s'appelait Seraphia, et ce n'est qu'après avoir essuyé le visage de Jésus durant le chemin de croix, qu'elle reçue le nom de Véronique. Et on inventa aussi le récit que Véronique se rendit à Rome avec son mari et grâce à la relique de la 'Sainte-Face', elle guérit la fille de l'empereur Tibère et remit ensuite la relique au pape, un récit pour justifier la fausse relique présente à Rome.

Ces récits inventés de toutes pièces menèrent à croire à des fausses reliques de la Sainte-Face soit disant miraculeuse qui ont en fait été peintes avec le technique de la peinture à la détrempe sans doute entre le XIIIe et le XIVe siècle, comme le mandylion d'Édesse, qui fut d'abord associé au roi d'Édesse Agbar au IVe siècle, puis à Véronique, et demeura à Edesse avant son transfert à Constantinople en 944 avant d'être acquis par le roi Louis IX (1214-1270), qui la fit installer à la Sainte-Chapelle à Paris avant de disparaître en 1792, ou bien l'empereur byzantin Jean V en fit don au doge de Gênes Leonardo Montaldo, ou encore celui du Vatican, conservée au couvent de San Silvestro in Capito, il aurait été interdit aux religieuses de l'exposer, afin qu'elle ne concurrence pas la Veronique de Rome en 1517, et la Véronique de Rome, arrivée au bon moment en 1216, en accomplissant des miracles au palais du Latran, au lendemain même du concile de Latran IV, qui affirme précisément le dogme de la transsubstantiation, disparue pendant le sac de Rome de 1527, elle réapparaît subitement au Vatican en 1533.

Véronique devint un objet d'adoration qu'à partir du XVe siècle, car les très populaires mystères qui se jouaient sur les parvis des églises et des cathédrales privilégiant la passion du Christ, où Véronique tenait un rôle de 1er plan.