Saint Valentin, un saint composite fêté pour empêcher les danses de...

En 494, 495, 496 ou 498, le pape Gélase 1er décida de fixer la Saint-Valentin au 14 février. Trois Valentin avaient alors été retenus par ses soins. Pour Saint Valentin deux candidats possible se situent au IIIe siècle. Le 1er est un prêtre romain emprisonné par l'empereur Claude II le Gothique, et décapité le 14 février 268 ou 270 sur la Via Flaminia, un autre est l'évêque de Terni qui a une histoire assez semblable et serait mort persécuté en 273 par l'empereur Aurélien, et dont la ville chercha à récupérer le culte au détriment de Rome. Ces martyrs sous le règne de Claude II le Gothique (268-270) et Aurélien (270-275), semble montrer que ces persécutions locales furent provoquées par des troubles populaires ou quelques gouverneurs fanatiques, ou encore à cause de l'opposition énergique du pape Félix 1er (268-274) envers ces 2 empereurs qui a pu expliquer qu'ils s'en sont pris à la hiérarchie ecclésiastique entre 268 et 273. Le 3eValentin de Rhétie qui vécut au Ve siècle invoqué pour guérir les épileptiques fut ajouté aux deux autres.

Saint Valentin, est comme on a pu le voir un saint à l'origine modeste, qui le 14 février occulte des cérémonies calendaires liées à l'ours célébrant la première fin de son hibernation, alors que rien ne le connecte à cet animal, comme on pouvait le voir en Bavière et en Autriche, moment où dans calendrier rural, les oiseaux recommençaient à babiller, se cajoler et s'accoupler. L'Église mit peut à peu des saints pour remplacer les festivités de l'ours, et Saint valentin permit de combattre les débauches lubriques des hommes qui «faisaient l'ours», qui obtenaient des libertés sexuelles avec les femmes grâce à se déguisement, d'où les interdictions des danses avec un ours (un homme déguisé en ours) à partir du IXe siècle. Mais la raison la plus judicieuse était d'empêcher ces hommes déguisées en ours d'attraper des femmes et les entraînent dans leur antre, où se déroulent de nombreux viols. Il s'agissait d'une pratique violente et sexiste, mais à l'époque très répandue et impunie. La fête instituée par l'Église était faite de messes et de processions sans évocations de l'amour. Mais, cela n'a pas empêché la fête de l'ours de survivre comme dans la vallée pyrénéenne du Haut Vallespir, où on célèbre chaque année au mois de février, une très ancienne fête de carnaval dans trois villages catalans

Valentin va malgré lui fédérer les amoureux son nom, et on remplacera les ours par les Valentins, au moment où au XVe siècle la fête prend un tournant poétique et verse dans l'amour courtois, le jour où les oiseaux se reproduisent le plus, à travers un mouvement initié en France qui gagne l'Angleterre, où se développe une tradition de poèmes et de dessins d'amour, puis de cartes, dont la tradition gagne les États-Unis dans les années 1840 et rencontre un énorme succès. Et au XVIIe siècle, l'Église favorisera ce mouvement en le focalisant sur les sentiments amoureux et les couples. Et la tradition de la Saint-Valentin reviendra en France pendant la Seconde Guerre mondiale, grâce aux soldats américains qui vantent les mérites de cette fête pour séduire les Françaises, en leur achetant des fleurs et des cadeaux.

Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Jean-Marie Mayeur, ‎Luce Pietri, ‎et André Vauchez (dir.), Naissance d'une chrétienté (250-430) : Histoire du christianisme 2, Desclée, 1995, Michel Pastoureau, L'Ours. Histoire d'un roi déchu, 2016, Jean-Claude Kaufmann, Saint Valentin, mon amour !, Les liens qui libèrent, 2017, et https://www.geo.fr/histoire/quelle-est-lhistoire-de-la-saint-valentin-203591, https://www.marieclaire.fr/,la-veritable-histoire-de-la-saint-valentin,842823.asp, et https://www.tourisme-pyreneesorientales.com/fetes-de-lours.

Merci et bonne Saint-Valentin !