Le 4 mars 1861, Abraham Lincoln est investi en tant que seizième président des États-Unis. Il est le premier président Républicain. Il prononce son premier discours d'investiture. Souhaitant préserver l'unité du pays, il tente de pacifier le Sud en déclarant qu'il n'interfèrera pas avec l'esclavage là où il existe, mais que la sécession des États de l'Union est illégal. Il prévient qu'il va répondre à la violence par la force. Dès son investiture, Abraham Lincoln montre qu'il occupe une place à part dans l'Histoire des États-Unis et dans la mémoire de ses citoyens. De la cabane en rondins de son enfance à son assassinat, l'ascension du "bûcheron devenu roi" est l'exemple même du rêve américain, au point d'être l'objet d'un véritable culte laïque.
Né dans une cabane en rondins dans le Kentucky en 1809, fils d'un pionnier, très religieux, qui émigra dans l'Indiana en 1816 pour éviter les exploitations agricoles utilisant des esclaves, puis dans l'Illinois en 1830, et homme de la Frontière, tenu à l'écart des études, promis à une existence sans relief puisqu'il exerce divers métiers (ouvrier agricole, bûcheron, batelier, épicier, postier et arpenteur) afin d'assurer sa subsistance, et en 1832, il mène une compagnie de milicien lors de la guerre de Black Hawk (entre les États-Unis et des Amérindiens conduits par Black Hawk, un chef sauk), cet autodidacte et lecteur avide devenu avocat par son seul mérite en se faisant admettre au bureau de l'Illinois en 1837, sillonne alors les plaines de l'Illinois pour plaider dans les villages les plus reculés, se lance en politique à vingt-trois ans dans le parti whig, se fait élire à la législature de l'Illinois entre 1834 et 1846, et rencontre Mary Todd en 1838 et se marie avec elle en 1842 de qui il aura quatre enfants, mais seulement un seul atteint l'âge adulte, Robert Todd Lincoln, elle abhorre l'esclavage et encourage son ascension politique, même s'il se dit contre l'esclavage de 1837, il ménage son électorat à ce sujet, devient représentant au Congrès en 1846, mais ses propos contre la guerre du Mexique et le président Polk lui font perdre son mandat, il retourne dans l'Illinois où il revient à ses activités juridiques et en s'impliquant de plus en plus en politique, tout en refusant le poste de gouverneur de l'Oregon. Profondément contre l'extension de l'esclavage à l'Ouest et malgré la mort prématurée de son fils de trois ans, Edward, en 1850, il rejoint le nouveau Parti Républicain en 1854, et en 1856, il se fait battre de justesse aux élections sénatoriales par Stephen Douglas, mais il se fait connaître du grand public par ses discours sur la «Maison divisée», ce qui permet la montée en puissance du Parti Républicain, et grâce à ses positions modérées, il sera élu à la Maison Blanche le 6 novembre 1860, à cinquante et un ans, alors que la question de l'esclavage déchire les États-Unis, quatre hommes attendent les résultats du vote d'investiture du tout jeune Parti Républicain. Face à trois politiciens renommés d'envergure nationale, c'est contre toute attente le 4e homme, Abraham Lincoln, un petit député de l'Illinois, qui l'emporte.
Quelques mois plus tard, il devient le 16e président des États-Unis le 4 mars 1861, et malgré ses appels à la concorde et à l'unité nationale, Abraham Lincoln est confronté à la plus grande crise que le pays ait jamais traversée : la sécession de onze États du Sud après le bombardement de Fort Sumter, dans la baie de Charleston, en Caroline du Sud, le 15 avril 1861, et la guerre civile qui s'ensuivra, le poussant à décréter l'appel d'insurrection et à ordonner l'appel sous les drapeaux de 75 000 volontaires, et le 19 avril sous la pression de son cabinet à mettre en état de blocus les côtes du Sud. À la surprise de tous, Lincoln décide alors de rassembler ses rivaux pour former un gouvernement d'exception qui mènera l'Union à la victoire et délivrera l'Amérique du démon de l'esclavage. Il accomplira l'impensable : remporter la victoire militaire contre les États du Sud, sauver l'Union fédérale du naufrage en étoffant et restructurant une armée embryonnaire où la corruption règne et subissant des défaites durant les 1er mois de la guerre qui permettent aux soldats confédérés de menacer la côte Est et Washington, faire preuve d'autorité en limogeant les généraux attentistes - à commencer par le trop attentiste général McClellan, qui sut sauver Washington à la bataille d'Antietam (17 septembre 1862), futur candidat démocrate à la Maison-Blanche, et en nommant les meilleurs aux postes clefs des généraux plus jeunes et offensifs comme Sherman et Grant (qui remporta des victoire dans l'Ouest du pays en 1862), qui à partir de 1864 obtinrent des victoire décisives au prix de nombre de leurs hommes, tout en évitant grâce à William Seward, son secrétaire d'État et principal collaborateur à éviter l'ingérence de la France et de l'Angleterre au profit des États confédérés et à imposer des mesures impopulaires au nom de l'effort de guerre comme quant il suspend l'Habeas corpus, arrête les opposants, mais la mort de son deuxième fils, Willie, en 1862 de la fièvre typhoïde fit tomber sa femme Mary dans un comportement irrationnel, tandis que l'éloquence de son verbe résonne encore à Gettysburg le 19 novembre 1863, dans un discours qui fait figure d'Évangile de l'Union, où il rappelle les buts du combat contre les Confédérés que sont la lutte pour la liberté et l'égalité entre les hommes, ou Washington en 1865, où il insiste sur la nécessité d'abolir l'esclavage et de pacifier le pays, et proclame l'abolition de l'esclavage le 1er janvier 1863 après avoir signé l'acte d'émancipation promulgué le 22 septembre 1862, pratique indigne d'une nation formée pour "éclairer le monde", ce qui signe son arrêt de mort. Acte de bravoure inouï, dont il eut le génie de penser qu'il accélérerait la réunification, au lieu de la freiner, à cela s'ajoute la mobilisation industrielle et humaine du Nord qui lui donne à partir de 1863 un avantage sur le champ de bataille.
Réélu le 8 novembre1864 face à George McClellan, promettant la paix, au moment où la victoire ne fait plus aucun doute, Lincoln choisit alors une ligne de conduite bienveillante, pour réintégrer les États du Sud dans le corps national suite à la prise de Richmond le 3 avril 1865, et apprenant la nouvelle de la capitulation à Appomattox le 9 avril 1865, il fait par la suite des appels à la paix et à la fraternité. Tant de courage vaudra à Lincoln d'être assassiné, le 14 avril 1865 dans sa loge du théâtre Ford, à Washington, par John Wilkes Booth, un acteur déséquilibré acquis à la cause sudiste, quelques jours après la fin des hostilités. Cette mort fera sombrer sa femme dans la folie. Mais, deux siècles après sa naissance, il demeure dans la mémoire américaine une figure mythologique, un "père de la nation" au même titre que Washington.Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Bernard Vincent, Lincoln. L'homme qui sauva les États-Unis, L'Archipel, 2009, Farid Ameur, La Guerre de Sécession : Image d'une Amérique déchirée, François Bourin, 2011, Doris Kearns Goodwin, Abraham Lincoln. L'homme qui rêva l'Amérique, Michel Lafon, 2013, et https://www.lexpress.fr/culture/livre/lincoln_1206777.html, Liliane Kerjan, Abraham Lincoln, Gallimard, 2016, Fred Duval, Arancia Studio, et Farid Ameur, Ils ont fait l'Histoire, tome 28 : Lincoln, Glénat, 2018 (BD), https://www.histoire-pour-tous.fr/biographies/2755-la-biographie-dabraham-lincoln-1809-1865.html, et https://www.medarus.org/NM/NMPersonnages/NM_10_01_Biog_Presidents/nm_10_01_16_lincoln.htm.
Merci !
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