Le 3 juin 1792, c'est la fête de la loi sur le Camps-de-Mars en l'honneur de Jacques-Guillaume Simmoneau, maire d'Étampes et victime d'une émeute de la faim le 3 mars après avoir été accusé à tort de spéculer sur la pénurie alimentaire, le cortège partit de l'extrémité des boulevards, à la place de la Bastille, pour se rendre au champ de la Fédération. Olympe de Gouges, mène un cortège de femmes. Elles sont chahutées par des voyous. Un orage éclate et met fin à l'agression. Le 4 juin, le nouveau ministre de la guerre Servan propose à l'assemblée de regrouper autour de Paris un camp de 20 000 fédérés pour commémorer le 14 juillet 1789. La mesure présentée est comme purement militaire. Le 7 juin, Robespierre craignant la guerre qui pourrait être l'arme du «despotisme», y voir un plan des ennemis de la Constitution et d'ennemis cachés. Dénonçant les Vergniaux, les Guadets, les Ramonds et les Jaucours jouant double jeu à l'Assemblée. Il se permet dans Le Défenseur de la Constitution de dire que l'égalité des biens est impossible, mais il faut malgré tout y remédier. Le 8 juin, l'Assemblée sur la proposition du ministre de la guerre Servan, décrète la formation d'un camp de 20 000 fédérés près de Paris pour une nouvelle fédération cette fois aux allures militaires, avec mission de demeurer sur place pour défendre la ville, afin de faciliter le départ des troupes à la frontière. Inquiet, Robespierre, même s'il apprécie le ministre de la guerre, rejette sa proposition acceptée par la Législative.
Le 11 juin, c'est le véto du roi contre ce décret et celui contre les réfractaires. Ce refus est aussi celui de la cour, des royalistes, et des Feuillants, qui ne veulent pas avantager les jacobins, tandis que les amis de Robespierre pour qui la force des Parisiens suffit, juge que les fédérés pourraient être détournés un général, les Montagnards craignent une manipulation des Feuillants ou des Fayettistes. La protestation de Roland ne fléchit pas et Mme Roland accuse le roi d'être contre-révolutionnaire. Le 11 juin, les Français reprennent l'offensive en Belgique, au combat de La Glisuelle, près de Maubeuge, contre les Autrichiens, qui coûte la mort d'un coup de canon au maréchal de camp Gouvion, frère de Gouvion de Saint-Cyr. Jean Duprat, commerçant en soierie à Avignon, favorable à la réunion d'Avignon à la France dès le début de la période révolutionnaire, nommé en avril 1790 comme membre de la nouvelle délégation envoyée à Paris après les troubles de juin pour présenter le v½ux de Avignonnais à l'Assemblée constituante d'être rattaché à la France, il est l'un des chefs de la milice urbaine qui s'empare de Carpentras, puis après la paix revenue entre Avignon et Carpentras le 14 juin 1791, il part à nouveau à Paris pour demander l'intégration à la France ce qui est fait le 14 septembre 1791, n'ayant pas participé aux massacres de la Glacière le 16 et 17 octobre 1791, il est accusé de les avoir préparés, mais se disculpe, ce qui lui permet d'être élu maire le 12 juin 1792, mais il ne siège pas à la Législative, où il a été élu. Le 12 et 13 juin, le roi remplace ses ministres jacobins que sont Roland (Intérieur), Clavière (Contributions publiques) et Servan (guerre) par des feuillants, les complétant par Dumouriez à la guerre, qui est hué à l'Assemblée lorsqu'il décrit l'état catastrophique des armées. L'Assemblée se montre solidaire des ministres congédiés. De Grenoble, une adresse au roi, s'inquiète du départ des ministres. Se joue alors un jeu complexe, puisque les royalistes récusent les Feuillants autant que la gauche, les sans-culottes et les Montagnards luttent contre la droite et les Brissotins. Le 13 juin, au combat de La Glisuelle, le général Clairfayt est défait par La Fayette. Le 15 juin, Dumouriez démissionne et prend un commandement à l'armée du nord. Le 16 juin, c'est lettre violente de La Fayette à l'Assemblée. Il y dénonce l'anarchie des troupes et les intrigues des Clubs, et exige que l'Assemblée mette fin au désordre. Ces protestation semblent donner raison à Robespierre qui pensait déjà que La Fayette aspirait à la dictature et voulait sa destitution, Brissot se range de son côté. Robespierre reconquiert son ascendant sur les Jacobins et il en devient vice-président. Quand il s'en prend au général, on l'écoute sans l'interrompre et on l'applaudit fréquemment. La Fayette ne fait qu'envenimer les choses, puisqu'il veut mener son jeu personnel à l'imitation de Washington, pour restaurer le pouvoir royal et briser les Jacobins comme il le souhaite dans une lettre publique du 18 juin. Le même jour, à la différence de Danton, Robespierre craint une insurrection populaire qui ferait le jeu de La Fayette. Dans les clubs et dans les salons de Mme Roland, on préparait le peuple à manifester pour demander au roi "le rappel des bons ministres" et "la sanction des décrets". Dans la capitale en proie au chômage, la tension monte, le maire de Paris, Pétion, est impuissant à canaliser la tension des faubourgs. Le même jour, l'invasion de la Belgique continue, et le maréchal Luckner s'empare de Courtrai avec 20 000 hommes, défendue par le colonel Wylins et 1200 Autrichiens.
Le 19 juin, en protestation, les sections des sans-culottes des faubourgs Saint-Marcel et Saint-Antoine manifestent, tandis que l'Assemblée ordonne de brûler les titres de noblesse existant dans les dépôts publics, et le 20 juin, jour anniversaire du Serment du jeu de paume, cette manifestation populaire conduite par Santerre, Legendre, un boucher, et Saint-Huruge, apportent à l'Assemblée une pétition contre les vétos. Cette foule énorme défile dans la salle des séances, puis se présente en armes et envahi les Tuileries pour exiger, en vain, le retrait du véto royal et le rappel des ministres patriotes. L'Assemblée, le département et la commune de Paris sont dépassés par les événements, Louis XVI rudoyé par Legendre, s'en sort en s'exhibant avec le bonnet phrygien que lui a donné un certain Mouchet, et en acceptant de boire à la santé du «peuple de Paris» et de «la nation française». La reine menacée et conspuée, fait face entourée de ses enfants. Désormais l'affrontement est direct et inévitable. Vergniaud puis Pétion arrivés tardivement mettent fin, sans violences, à la manifestation en fin d'après midi. Pétion déclare même "qu'il ne fallait pas que la réponse du roi eut l'air arraché de force mais qu'il se portait garant de celle ci". Robespierre n'approuve pas, il dénonce une man½uvre de la cour et de La Fayette. Dubois-Crancé affirme même que le mouvement fut provoqué par des agents de la cour dans le but d'amener une réaction royaliste. Cette journée enclenche le processus d'illégalité contre La Fayette approuvé par Robespierre et Brissot. Cela conduit l'Assemblée à interdire l'accès de sa barre aux citoyens en «armes» le 21 juin, et La Fayette quitte brusquement le camp retranché de Maubeuge, et rentre à Paris pour échafauder un coup d'État. Partout en province et dans les milieux modérés l'indignation fut générale on avait touché à la personne du roi. Un mouvement contre-révolutionnaire assez fort se précisait et les Jacobins se sentaient minoritaires. Louis XVI adresse, le 22 juin, une proclamation aux départements pour se plaindre de la violation de son domicile et déclarer qu'il persiste à refuser son consentement aux décrets. Cette humiliation royale provoque une pétition, signée par 20 000 citoyens de Paris, demande à l'Assemblée la punition des fauteurs de troubles, ce qui permet au roi grâce au Directoire du département de Paris de suspendre le maire de Paris, Pétion, et le procureur de la commune Manuel, les accusant d'avoir connu la sédition longtemps à l'avance et de n'avoir rien fait pour l'entraver. Le même jour, à Marseille, Le chant de guerre de l'Armée du Rhin est entonné au cours d'un banquet patriotique.
Le 26 juin, c'est la représentation à Paris de La Mère coupable de Beaumarchais. La pièce fait suite au Barbier de Séville et au Mariage de Figaro, mais elle un échec lors de sa sortie. Dans cette pièce, en pleine effervescence révolutionnaire, la famille Almaviva revient du Mexique et fait halte à Paris. On retrouve le Comte et Rosine, Figaro et Suzanne, Léon, enfant illégitime de la Comtesse, Florestine, pupille du Comte, ainsi que l'Irlandais Bégearss, qui convoite la fortune du Comte et la main de Florestine. Le 28 juin, La Fayette vient protester en personne devant les députés afin de rappeler l'Assemblée à l'obéissance, la main sur la garde de son épée, il a tenté en vain de convaincre le roi de fuir, de lui lever des troupes et de lui confier le pouvoir. Le général Montesquiou, qui était dans le Midi, vient également à Paris déclarer que son armée veut la Constitution, toute la Constitution, rien que la Constitution. Robespierre se permet de réclamer un décret d'accusation contre La Fayette. Un instant le parti révolutionnaire faiblit. Une motion de Guadet tendant à décréter La Fayette d'accusation pour avoir abandonné son armée est repoussée à une grande majorité. Mais la Cour perd de nouveau tous ses avantages par haine de La Fayette. Au lieu de soutenir ce général, elle empêche les gardes nationales de se grouper autour de lui pour marcher sur les Jacobins; elle s'attendait à être prochainement délivrée par la coalition étrangère, qui préparait alors son plan d'invasion, et elle ne voulait pas traiter avec les constitutionnels. Marie-Antoinette dira même : "mieux vaut mourir que d'être sauvé par M. de La Fayette et les constitutionnels". On rejette donc sa proposition et pire on le trahit en dénonçant son projet de profiter d'une revue militaire le lendemain pour marcher avec ses troupes sur les Jacobins. Marie-Antoinette ne s'est pas gênée pour le dénoncer. La Fayette déçu, repart le 30 juin et regagne son poste, et le peuple déçu de sa duplicité brûle son effigie dans le jardin du Palais-Royal.Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures : Félix Wouters, Histoire de la République et de l'Empire (1789-1815), Vve. Wouters, 1849, Claude Manceron, et Anne Manceron, La Révolution française : dictionnaire biographique, Renaudot et Cie, 1989, Jean-Clément Martin, La Révolution française, 1789-1799, Éditions Belin, 2003, et Robespierre, la création d'un monstre, Perrin, 2016, Michel Biard et Pascal Dupuy, La Révolution française : dynamiques, influences, débats, 1787-1804, Armand Colin, coll. «U», Paris, 2004, Michel Biard, Philippe Bourdin, et Silvia Marzagalli, Révolution, Consulat, Empire (1789-1815), Belin, 2014, Jean-Pierre Jessenne, Révolution et Empire 1783-1815, Hachette, 2014, Hervé Leuwers, Robespierre, Fayard, 2014, et La Révolution française, PUF, 2020, Renaud Thomazo, 1789, La révolution qui a changé notre histoire, Larousse, 2015, http://revolution.1789.free.fr/page-6.htm, http://www.corpusetampois.com/cpa-es-allorge079.html, https://www.cosmovisions.com/ChronoRevolutionLegislative.htm, https://www.editionsdelondres.com/La-mere-coupable, et https://www.maisondelaculture-amiens.com/saison/saison-21-22/la-mere-coupable/.
Merci !
jema-lou, Posté le jeudi 30 juin 2022 18:34
Tumultueuse situation après Révolution avec cette haine contre LA FAYETTE ... vive la République !
Mon cher ALEXANDRE ... je te souhaite un bon début du mois de JUILLET ... KISS !