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Le roi Arthur, la réalité derrière le mythe

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Ce blog s'intéressera avant tout à la question de l'historicité du roi Arthur durant les Dark Ages, une période de grands changements dans la Bretagne post-romaine, et ce qui amena sa légende.

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Les Cinq de Central Park, une erreur judiciaire qui a brisé cinq vies

Situé dans un contexte de ville en ruine, en proie à la violence et à la tension raciale, où à la fin des années 1980, le taux d'homicides à New York atteint un niveau record, et rien qu'en 1989, 1905 meurtres ont été recensés dans la ville, la hâte du jugement de la police, les médias qui réclament des histoires sensationnelles et un public scandalisé, l'affaire des Cinq de Central Park a bouleversé cinq vies par une grosse erreur judiciaire.
 
Les Cinq de Central Park, une erreur judiciaire qui a brisé cinq viesLe 20 avril 1989, deux passants ont découvert le corps du "jogger de Central Park", Trisha Meili. Elle avait été violée et sévèrement battue. Elle a perdu les trois quarts de son sang, son crane a été fracturé à de nombreux endroits, au point que son ½il gauche est sorti de son orbite. Les médecins pensent qu'elle va mourir, on lui donne les derniers sacrements, mais après 12 jours de coma, elle se réveille. Sans aucun souvenir de son agression. Il lui faut presque un an et autant de rééducation pour pouvoir marcher, parler et vivre à nouveau. Meili deviendra le visage de cette soirée aux yeux de l'opinion publique. Quelques jours plus tard, cinq adolescents noirs et latinos (Raymond Santana, Kevin Richardson, Antron McCray, Yusef Salaam et Korey Wise) ont été appréhendés après une série de vandalismes et d'agressions dans Central Park, tous cinq confessant le crime un par un, après douze ou quinze heures de harcèlement avec privation de sommeil et mensonges délibérés des inspecteurs pour leur tirer de faux aveux, ils disent devant la caméra et sans aide d'un avocat qu'ils ont commis ce qu'on leur reproche, alors qu'au départ Raymond Santana, Kevin Richardson, Antron McCray, et Yusef Salaam ont admis qu'ils ont participé à des faits de violence mais nient avoir violé la victime. Linda Farstein, la procureure a reconstitué le crime et d'autres attaques cette nuit-là en comparant des entretiens avec des membres de gangs, des policiers, des victimes et d'autres témoins pour inculper 10 suspects, en retenant 5 parmi eux, avec des preuves matérielles du viol qui ne liaient pas les cinq adolescents à celui-ci. Pire encore, Korey Wise, âgée de 16 ans, dans une démonstration de soutien, a décidé d'accompagner son ami Yusuf et n'avait rien à voir avec les événements. Dans un contexte de très fortes tensions raciales, d'épidémie de crack dans les communautés les plus pauvres et de criminalité endémique, la police fait tout pour trouver un coupable, jusqu'à soutirer aux jeunes garçons de faux aveux montés de toutes pièces et incohérents, leur promettant un rapide retour à la maison s'ils admettaient un crime qu'ils n'ont pas commis. Ces témoignages absurdes, incomplets et contradictoires qui répètent, mal, l'histoire que les flics ont exigée, sont la base à travers laquelle la presse va se déchaîner.
 
Les Cinq de Central Park, une erreur judiciaire qui a brisé cinq viesLe torrent de couverture médiatique qui s'ensuivit, associé à un tollé général, exposa les divisions profondément enracinées des races et des classes à New York à l'époque. Cette tempête médiatique est bien relayée par quelques personnages comme Donald Trump, alors au sommet de sa fortune et de son arrogance. Il achète des pleines pages dans les journaux new-yorkais pour demander le rétablissement de la peine de mort pour les cinq de Central Park, dont le plus âgé a alors 16 ans et le plus jeune, 14. Pendant la campagne de presse appelant au lynchage des cinq adolescents, le nom de la jeune femme n'a jamais été dévoilé par les journaux. Par pudeur, disaient-ils alors que ceux d'Anton McCray, Kevin Richardson, Raymond Santana, Korey Wise et Yusef Salaam s'étalaient chaque jour en une. Pas besoin de preuves matérielles, l'Amérique toute entière est persuadée d'avoir trouvé les coupables, avant même leur condamnation, et crache sa haine dans les médias. Les adolescents se rétractent, affirmant que ces aveux avaient été contraints et forcés par la police, des accusations que réfute actuellement la procureure Linda Farstein, ont été jugés et condamnés à purger entre 5 et 15 ans de prison malgré la défense acharnée de leur avocat et du soutien d'une partie de l'opinion publique ainsi que des activistes afro-américains, l'absence de preuves les liants à la victime et la non-correspondance avec l'ADN retrouvé sur le lieu du crime. En outre, l'auteur réel des faits, Matias Reyes a tout de suite attiré l'attention de la police, mais n'a jamais subi de véritable interrogatoire. Á cause de leur aveu, plus personne ou presque ne doute de leur culpabilité. Pour la police, la justice menée par la procureure Elizabeth Lederer, les médias et l'opinion, l'affaire est entendue... Korey moisira 12 ans en prison. Un juré se rappelle des contradictions dans le témoignage de Korey Wise : «Sa confession n'avait aucun sens. Cela ne collait pas. Plusieurs jurés m'ont poussé à aller dans leur sens», a expliqué Victoria Bryers, sur ABC, expliquant que cette décision a été «le plus gros regret de [sa] vie» pendant trente ans. Les autres, presque sept ans (Raymond Santana, 5 ans, Antron Mc Cray, 6 ans, Yusuf Salaam, 6 ans, et Kevin Richardson, 5 ans). Quatre des accusés ont fait appel de leurs déclarations de culpabilité, qui ont toutefois été confirmées par les cours d'appel. Gamins perdus, exposés aux violences des co-détenus qui sont impitoyables pour les violeurs, ils vont jusqu'au bout de leurs peines, malgré leurs protestations d'innocence. Korey Wise est celui qui souffrira le plus puisque jugé comme un adulte, il est d'abord enfermé à Rikers Island. Alors qu'il demande à être transféré dans une prison plus proche du domicile de sa mère, il ne cesse d'être incarcéré toujours plus loin, condamné à l'isolement sous peine d'être le souffre-douleur des matons sadiques et des autres détenus.
 
Les Cinq de Central Park, une erreur judiciaire qui a brisé cinq viesPourtant, en 2002, le criminel Matias Reyes reconnaît avoir commis l'agression sur Trisha Meili alors que certains des condamnés sont toujours derrière les barreaux. Des tests ADN ont confirmé sa culpabilité. Si leur innocence a été reconnue en 2002 Après une enquête de Robert Morgenthau, procureur du comté de New York, ils n'ont reçu aucun dédommagement, rien. Ni d'excuses. Pire, les policiers, les médias, le système judiciaire ont ignoré le fait que la cour les avaient innocentés. Du coup, non seulement leur jeunesse a été bousillée, mais leur futur aussi. Dans le cas des Cinq, les procureurs ont eu une brillante carrière. S'ils avaient été plus consciencieux, s'ils avaient suivi la piste d'un autre violeur, ils auraient pu empêcher d'autres viols, capturer le vrai violeur et éviter le meurtre d'une femme enceinte. En 2003, les cinq de Central Park ont intenté un procès contre la ville de New York, les officiers de police et les procureurs impliqués dans cette erreur judiciaire. Les accusés dans l'affaire, qui sont des procureurs (Linda Farstein et Elizabeth Lederer) et des policiers, ainsi que le NYPD et la ville dans son ensemble, ont été défendus par des avocats de la ville, appelés conseil de corporation. La position qu'ils semblent prendre est la même que celle du NYPD, à savoir «que même si nous savons que Matias Reyes a violé la joggeuse de Central Park, ces gars-là ont sûrement eu quelque chose à voir avec cela, alors ce que nous avons commis est fondamentalement de bonne foi et nous avons fait un excellent travail». En 2014, un juge fédéral a ordonné le versement de 40 millions de dollars de la part de la ville de New York (répartis entre les cinq plaignants) en réparation pour leur condamnation. Les cinq hommes ont également engagé des poursuites contre l'État de New York pour obtenir des dommages supplémentaires de 52 millions de dollars devant la Cour des réclamations de New York; cela a été réglé en 2016 pour un total de 3,9 millions de dollars. "Même si nous sommes blanchis, la cicatrice est toujours là", confesse Yusuf Salaam, un des accusés innocentés. Récemment interrogé par une journaliste, Donald Trump s'est abstenu de présenter ses excuses aux "Cinq de Central Park". Malgré les preuves de leur innocence, Donald Trump continue d'affirmer qu'ils sont coupables. Dans un édito, publié sur le site du «New York Daily News» en 2014, il se justifiait en estimant que «ces jeunes hommes n'ont pas un passé d'anges», bien qu'aucun des adolescents n'ait été arrêté avant les événements de Central Park. En 2016, il continuait d'affirmer sur CNN : «Ils ont admis qu'ils étaient coupables. La police en charge des investigations disait qu'ils étaient coupables.»
 
Les Cinq de Central Park, une erreur judiciaire qui a brisé cinq viesSi trois d'entre eux (Richardson, Salaam et Santana) décrocheront en juin 2017 leur diplôme du lycée, cette affaire a marqué les années formatrices de leur vie. Et surtout, comme le démontre le documentaire réalisé en 2012 par Ken Burns, Sarah Burns et David McMahon, elle est le parfait exemple d'une justice à deux vitesses pénalisant les minorités. Les Cinq de Central Park veulent que d'autres ne subissent pas ce qu'ils avaient vécus. Depuis qu'il a été libéré de prison et exonéré, Korey  Wise a continué à vivre à New York, où il travaille comme orateur et défenseur de la réforme de la justice pénale. Lorsque les poursuites de Kevin, Antron et Raymond contre New York ont ​​finalement été réglées en 2014, Korey Wise a reçu 12,2 millions de dollars, soit la plus grande partie du règlement. Mais il sait que l'argent ne lui rendra jamais le temps perdu par une incarcération injustifiée. En 2015, il a fait un don de 190 000 dollars à la section du projet Innocence de l'Université du Colorado, qui a ensuite pris le nom de Korey Wise Innocence Project of Colorado Law en son honneur. Yusef Salaam quant à lui vit aujourd'hui en Géorgie avec sa femme et ses 10 enfants. Il est un poète, un conférencier et un défenseur de la réforme de la justice pénale. Yusef a également reçu divers prix pour son travail, notamment un prix d'excellence décerné par l'ancien président Barack Obama en 2016. Et Kevin Richarson vit au New Jersey avec sa femme et ses deux filles. Il travaille en tant que défenseur de la réforme de la justice pénale et continue de parler de ses expériences lors de divers événements. Antron Mc Cray mène une vie relativement calme en Géorgie, où il vit avec son épouse et leurs six enfants. Mais à ce jour, il n'a toujours pas pardonné à son père de l'avoir poussé à mentir à la police. Il est en grande partie resté en dehors des projecteurs depuis sa libération de prison. Enfin, Raymond Santana vit en Géorgie avec sa fille adolescente. En 2018, il a créé sa propre entreprise de vêtements appelée Park Madison NYC (Entre autres chemises, vestes et chapeaux, la société propose un t-shirt sur lequel figurent les noms des Central Park Five) après ses difficultés à trouver du travail et avoir purgé deux peines de prison. Et ce qui est intéressant, c'est en fait un tweet de Raymond qui a incité la réalisatrice Ava Duvernay à commencer à travailler sur Dans leur regard. Rien d'étonnant alors à ce qu'Ava DuVernay, réalisatrice du documentaire Le 13e sur l'incarcération de masse des Afro-Américains, décide de leur rendre justice avec la mini-série Netflix When They See Us en 2019. Mieux vaut tard que jamais.
 
Les Cinq de Central Park, une erreur judiciaire qui a brisé cinq viesMais pour les procureures qui se sont chargées de l'affaire, la série TV porte atteinte à leur réputation. Depuis la sortie de Dans leur regard, Linda Fairstein ne mène pas une existence tranquille. Celle qui est jouée par Felicity Huffman dans la série disponible sur Netflix, subit des campagnes Twitter (#CancelLindaFairstein) et a même perdu son contrat pour son prochain livre. L'ex-procureure s'est en effet reconvertie en autrice de romans pour enfants. Et la procureure de district adjoint de Manhattan Elizabeth Lederer a démissionné de la Columbia Law School le mercredi 12 juin 2019 – où elle a enseigné à titre de conférencier à temps partiel – en raison d'exigences du corps étudiant qui voulait qu'elle soit renvoyée. La tempête de feu contre Lederer a été ravivée par la publication de la nouvelle minisérie de Netflix sur le Central Park Five, Dans leur regard.  Le détective de la police de New York Eric Reynolds, qui avait été le premier à arrêter deux d'entre eux, Raymond Santana et Kevin Richardson, juge que la série est "infiammatoire" et "remplie de mensonges" selon ses propos publiés dans le Daily Mail. Ava DuVernay, elle, ne s'est pas laissée intimider et a confié que ces réactions étaient malheureusement «prévisibles».
 
Les Cinq de Central Park, une erreur judiciaire qui a brisé cinq viesTout ce qu'attendent les Cinq de Cenral Park sont des excuses. Ils ont été victime d'une justice qui voulait régler une affaire rapidement et faire de ces cinq adolescents un exemple alors que la police et les procureures n'avaient aucune preuve et des aveux contradictoires. Ces derniers ont fait carrière en brisant la vie de cinq personnes. Des excuses seraient les bienvenues.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Timothy Sullivan, Unequal Verdicts : The Central Park Jogger Trials, Simon & Schuster, 1992, Ken Burns, The Central Park Five, 2012 (documentaire), https://www.la-croix.com/Culture/Cinema/Le-J-accuse-de-Ken-Burns-_NG_-2012-05-26-811204, http://www.premiere.fr/Cinema/L-Histoire-des-US-a-toujours-evite-de-se-confronter-au-racisme-rencontre-avec-le, et https://www.telerama.fr/television/the-central-park-5-ou-quand-le-jeune-noir-est-l-espece-la-plus-menacee-des-etats-unis,109626.php, Sarah Burns, The Central Park Five : The Untold Story Behind One of New York City's Most Infamous Crimes, Vintage, 2012, Ava DuVernay, Dans leur regard, 4 épisodes, Netflix, 31 mai 2019 (série TV), http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18681729.html, http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18682016.html, http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18682501.html, https://parismatch.be/culture/series/280310/quand-donald-trump-exigeait-la-peine-de-mort-pour-les-cinq-de-central-park, https://www.rtl.fr/actu/international/netflix-when-they-see-us-la-serie-sur-l-histoire-vraie-d-une-injustice-americaine-7797743374, https://www.vanityfair.fr/culture/ecrans/story/la-veritable-histoire-de-when-they-see-us/5816#1, https://www.vanityfair.fr/actualites/articles/linspecteur-dans-laffaire-des-cinq-de-central-park-accuse-dans-leur-regard-when-they-see-us-sur-netflix-de-mensonges/75428; https://www.goodhousekeeping.com/life/entertainment/a27820212/central-park-five-now/, https://www.goodhousekeeping.com/life/entertainment/a27757516/korey-wise-central-park-five/, et https://www.miroir-mag.fr/culture/elizabeth-lederer-demissionne-de-la-colombie/.
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#Posté le mardi 02 juillet 2019 04:45

Toni Morrison, ou la fiction au service de la communauté noire

Nous allons rendre hommage aujourd'hui à une très grande romancière, Toni Morrison, première auteure afro-américaine à avoir reçu le prix Nobel de littérature. Descendante d'une famille d'esclaves, elle est connue pour avoir donné une visibilité littéraire aux Noirs.
 
Toni Morrison, ou la fiction au service de la communauté noireNée le 18 février 1931 à Lorain, près de Cleveland dans l'Ohio, Chloe Ardelia Wofford (patronyme du planteur blanc qui possédait ses grands-parents esclaves) de son vrai nom dans une famille ouvrière de quatre enfants. Élevée par un père ouvrier dans la métallurgie, qui détestait les Blancs et une mère femme de ménage gaie et bienveillante, Toni Morrison grandit dans un milieu pauvre et multiculturel. À l'âge de 12 ans, elle choisit Anthony comme nom de baptême - Chloe Anthony Wofford - et le diminutif, Toni, reste. Elle affirme n'avoir jamais eu vraiment conscience de la ségrégation jusqu'à ce qu'elle parte en 1949 pour l'Howard University, surnommé la «Black Harvard», à Washington. Lorsqu'elle arrive à Washington en 1949, les bus portent encore des panneaux "réservés aux personnes de couleur" : cette séparation ne sera abolie légalement qu'en 1964 avec la loi sur les droits civiques. Mais Toni Morrison aura toujours eu le sentiment que les Afro-Américains étaient des citoyens de seconde zone. Elle poursuit ses études à l'université de Cornell et y présente une thèse sur le suicide chez William Faulkner et Virginia Woolf. Elle devient professeure de littérature au Texas avant de revenir à Washington. En 1958, elle épouse Harold Morrison, un étudiant en architecture d'origine jamaïcaine, mais le quitte en 1964 et s'installe avec leurs deux fils de 3 ans et 3 mois à New York.
 
Toni Morrison, ou la fiction au service de la communauté noireMue par «la joie et non la déception» et douée d'une force de caractère et d'un humour à toute épreuve, Toni Morrison publie, à 39 ans en 1970, The Bluest Eye : un premier livre aux antipodes des récits militants du «Black Power» alors en vogue mais aussi des plaidoyers sociaux et des descriptions exotiques. Elle y raconte l'histoire d'une adolescente noire, une de ses camarades, qui rêve de la beauté des poupées aux yeux bleus et qui sombrera dans la folie après avoir été mise enceinte par son père adoptif. Elle n'en vend que 700. "Elle se lève à quatre heures tous les matins", raconte une journaliste du Guardian à laquelle Toni Morrison avait donné une interview en 2012, "si elle se sentait découragée, elle pensait à sa grand-mère qui avait fui le sud avec sept enfants et sans aucune aide. Toutes ses angoisses existentielles - son revenu, ses perspectives en tant qu'écrivaine, son rôle de mère - s'évaporaient devant les nécessités du quotidien".
 
Alors que l'Amérique est en pleine lutte pour les droits civiques, elle devient éditrice chez Random House et milite pour la cause noire en publiant les biographies de Mohammed Ali et Angela Davis. Son anthologie d'écrivains noirs The Black Book (1974), plusieurs fois rééditée, incite toute une génération d'auteurs à faire entendre leur voix. La reconnaissance arrive en 1977 avec Le Chant de Salomon et le triomphe mondial en 1985 avec Beloved. L'histoire tragique d'une ancienne esclave qui tue sa fille pour lui éviter cet asservissement lui vaut le Pulitzer en 1988 avant d'être adapté au cinéma en 1998 avec Oprah Winfrey. En 1993, elle reçoit le Prix Nobel de littérature pour l'ensemble de son ½uvre. Lors de sa remise, l'Académie suédoise salue dans l'½uvre de cette New-Yorkaise d'adoption «une puissante imagination, une expressivité poétique et le tableau vivant d'une face essentielle de la réalité américaine». En 2006, le New York Times consacre Beloved comme «meilleur roman des 25 dernières années».
 
Toni Morrison, ou la fiction au service de la communauté noireHabituée des tribunes de presse, elle lance en 1998 que Bill Clinton, alors en plein scandale Lewinsky, est le «premier président noir» américain. «Il a été traité comme un noir dans la rue, déjà coupable, déjà criminel», expliquera cette démocrate convaincue quelques années après. Fervente soutien de Barack Obama, elle publie dans le New Yorker, au lendemain de l'élection de Donald Trump, un article intitulé En deuil de la blancheur. L'élection d'Obama en 2008 a été la première fois où elle s'est sentie véritablement américaine... "Les soldats, le drapeau, que je ne regardais jamais. Tout cela semblait soudainement... sympathique. Cela n'a duré que quelques heures."
 
Dans onze romans écrits entre 1970 et 2015, Toni Morrison raconte ce qu'est être Noir à toutes les époques dans la société américaine. Un don a pour cadre le XVIIe siècle. Home se passe dans les années 50 et Délivrances, son dernier roman, se déroule de nos jours. Si beaucoup de ses livres sont profondément désespérés et tragiques, d'autres peuvent aussi comporter des touches d'espoir : c'est le cas de Délivrances par exemple. Échappant toujours au simplisme et au manichéisme, Toni Morrison nous laisse une ½uvre aussi riche qu'indispensable. Si elle écrit d'abord «pour les Noirs», son écriture métissée, «jazzée», folklorique, veut, dans un second temps, dépasser l'«obsession de la couleur» pour toucher le lecteur dans ce qu'il a d'universel. «J'aimerais écrire sur des Noirs sans avoir à dire qu'ils sont noirs. Exactement comme les Blancs écrivent sur les Blancs», aimait-elle répéter de sa voix grave, entrecoupée de rires communicatifs.
 
Toni Morrison, ou la fiction au service de la communauté noireToni Morrison, est décédée paisiblement d'une maladie courte entourée de sa famille et de ses amis à l'âge de 88 ans le lundi 5 août 2019, dans un hôpital de New York, a annoncé mardi 6 août sa famille.  Elle s'était juré de “survivre” au mandat de Donald Trump. La romancière avait multiplié les piques à l'égard du président américain qu'elle jugeait inculte et dangereux.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : https://www.20minutes.fr/arts-stars/culture/2578431-20190806-romanciere-prix-nobel-toni-morrison-morte, https://www.franceculture.fr/litterature/lecrivaine-et-prix-nobel-de-litterature-toni-morrison-est-morte, https://www.huffingtonpost.fr/entry/opposante-a-trump-toni-morrison-ne-voulait-pas-mourir-avant-la-fin-de-son-mandat_fr_5d49ab1fe4b01ae816c965a5, et https://www.rtl.fr/culture/arts-spectacles/l-ecrivaine-toni-morrison-prix-nobel-de-litterature-est-decedee-a-l-age-de-88-ans-7798153738.
 
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#Posté le mercredi 14 août 2019 03:07

Woodstock, symbole d'une génération brimée

Woodstock, symbole d’une génération briméeLes 15, 16 et 17 août 1969, dans un immense pâturage perdu dans le sud-ouest de l'État de New York, a eu lieu le plus grand festival de musique jamais organisé au monde pour «trois jours de paix, d'amour et de musique». C'est le symbole d'une génération brimée, transcendée par la musique. Les baby-boomers grandissent entres les lignes des écrivains de la beat generation, et conduisent un vaste mouvement de contre-culture au cours des années 60, qui les voit réclamer à hauts cris de véritables changements, une rupture avec la société archaïque et réactionnaire de leurs parents qui végètent dans le silence et la crainte, étouffée par ses certitudes et perdue dans sa quête impossible du rêve américain.
 
Woodstock, symbole d’une génération briméeAttirés par l'annonce d'un festival de folk, de blues et de rock psychédélique, des jeunes de la côte est des États-Unis, de tous les milieux, de toutes les origines, ont convergé vers Woostock, dans des proportions jamais atteintes, ce qui provoque d'immenses embouteillages et empêche certains groupes programmés d'atteindre les lieux. Seul sur scène, Richie Havens improvise alors Freedom pour faire patienter le public. Un hymne prônant la paix et l'amour, en pleine guerre du Vietnam. Les jeunes à Woodstock viennent surtout pour écouter, entre autres, Joan Baez, Janis Joplin, Jefferson Airplane, Carlos Santana, Joe Cocker, les Who et Jimi Hendrix. Ces jeunes artistes électrisent la scène et plusieurs morceaux joués à Woodstock deviendront légendaires.
 
Á Woodstock a brusquement surgi une véritable ville de 500 000 personnes, entièrement peuplée de très jeunes gens, alors qu'on en attendait 50 000. Et le festival a failli tourner au fiasco. Refus des autorités locales, affluence démesurée, manque de nourriture et de sanitaire, pluie battante, problèmes d'argent... les organisateurs de l'événement ont rencontré de nombreux déboires que la patine du temps a fini par effacer dans la mémoire collective. Et pendant ces trois jours la drogue devient aussi légion.
 
Woodstock, symbole d’une génération briméeCeux qui ont assisté à Woodstock ont vécu une expérience au sens plein : collective, bien sûr, et même unanimiste, mais aussi existentielle, mystique, voire religieuse. Pendant trois jours et trois nuits, les centaines de milliers de personnes qui ont envahi ces terres ont pu rire, partager leurs expériences, se faire arroser, partager d'autres expériences, écouter, dormir, manger, bavarder, chanter et partager encore. Sans le moindre acte de violence physique, ils montrèrent au monde de quoi était faite leur génération et ce que voulaient vraiment dire paix, amour et musique. Woodstock, c'était tous ces gens les uns à côté des autres, le partage, l'attention, même si cela fut de courte durée.
 
Woodstock, symbole d’une génération briméeL'expérience de Woodstock a été pleine de chaos, de ferveur, de joie et même de délire, bien au-delà de ces fameux «trois jours d'amour, de musique et de paix», trop souvent limités à une mode vestimentaire et à un message superficiel. Cinquante ans plus tard, Woodstock n'a jamais connu de seconde vie, mais il a changé à tout jamais la perception du rock dans la société.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Elliott Landy, 1969 Woodstock, le premier festival : L'album des 40 ans, Editions Fetjaine, 2008, Michka Assayas, Woodstock - Three days of peace and music, GM EDITIONS, 2018, Olivier Roubin, et Romuald Ollivier, Woodstock : La contre-culture hippie, Editions Pratiques Automobiles, 2019, https://www.francetvinfo.fr/culture/patrimoine/histoire/woodstock-50-ans-d-un-festival-mythique-symbole-des-mutations-de-la-societe_3578183.html, https://www.lemonde.fr/culture/video/2019/08/15/woodstock-comment-ce-festival-mythique-a-failli-tourner-au-fiasco_5499591_3246.html, et https://www.rts.ch/info/culture/10634590-woodstock-50-ans-d-un-festival-qui-a-change-a-jamais-l-histoire-du-rock.html.
 
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#Posté le vendredi 16 août 2019 05:33

Mindhunter, une série inspirée d'une histoire vraie

Mindhunter, une série inspirée d’une histoire vraieEn octobre 2017, Netflix a proposé à ses abonnés la série Mindhunter, racontant les débuts du profilage criminel avec les agents Holden Ford et Bill Tench, aidés par la psychologue Wendy Carr. Ensemble, ils ont réalisé des entretiens avec de nombreux criminels pour établir des profils aidant à résoudre des enquêtes criminelles. Mindhunter a été renouvelée pour une deuxième saison sur Netflix.
 
Mindhunter, une série inspirée d’une histoire vraieCette série est une version romancée du travail de recherche bien réel de deux agents du FBI qui furent à l'origine du profilage criminel, dans les années 1970-1980 : Robert Ressler (a servi dans l'armée) et John Douglas (membre de l'équipe du SWAT et négociateur en prise d'otage) ont tous deux rejoint le FBI au début des années 1970, avant de travailler ensemble dans l'unité des sciences du comportement (BSU) de Quantico en 1974. La seule manière d'arrêter un tueur en série, pour ces deux enquêteurs du FBI, suppose d'apprendre à penser comme lui : en s'engouffrant aussi loin que possible dans sa psyché, il s'agira in fine de déceler son profil psychologique. Ce qui implique d'aller prendre des leçons auprès de ceux qui ont été arrêtés, à la découverte de ce qu'ils peuvent avoir en commun. C'est ce que font Ressler et Douglas en 1978. Ils ont interrogé pas loin d'une quarantaine (36 très exactement) de tueurs en série et tueurs de masse. Le travail des deux hommes a permis de dessiner une typologie des actes criminels (organisé/désorganisé). Il a aussi été employé pour établir un grand nombre de statistiques et de schémas comportementaux qui ont été très utiles aux enquêteurs de terrain dans les années 80, alors que le phénomène tueur en série prenait de l'ampleur. Pour cela, ils eurent aussi l'aide de la Dre Ann Wolbert Burgess. Burgess, une universitaire qui étudiait l'impact des traumatismes et des abus sur les victimes, en particulier en ce qui concerne les tueurs en série, les violeurs et les ravisseurs. Tout au long de sa carrière, elle a beaucoup travaillé avec l'unité des sciences du comportement du FBI. Pour autant, ce travail, désormais à la base du profilage criminel, était à l'époque regardé comme une "lubie" des deux hommes par leurs patrons.
 
Mindhunter, une série inspirée d’une histoire vraieAujourd'hui, l'héritage de John Douglas et Robert Ressler perdure à plus d'un titre : même aujourd'hui, leur protocole est utilisé comme base du profilage criminel moderne. Le terme «serial killer», ce meurtrier qui fait tant florès dans la culture populaire, vient lui-même des films à épisodes, les serials. Robert Ressler, un agent du FBI décédé en 2013, est le père non contesté de l'expression – bien qu'elle soit d'abord apparue dans un roman des années 1950. A la fin des années 1970, on parlait de «serial murderers», ou de «crimes in series» (meurtres en séries). Puis Robert Ressler proposa «serial killer», qui apparaît dans la presse en mai 1981. Et le programme de capture des criminels dangereux (le ViCAP), que Robert a aidé à créer et dont il est le 1er responsable en 1985, est toujours utilisé par les responsables de l'application de la loi du pays pour suivre et analyser les similitudes entre les homicides non résolus, les agressions sexuelles et les disparitions. De 1979 à son départ du FBI en 1995, Douglas a interviewé les assassins de masse les plus effroyables de ces 40 dernières années : Ed Kemper, Charles Manson, Ted Bundy, Richard Speck, David Berkowitz, Jerry Brudos... Ses travaux ont fourni des bases méthodologiques décisives dans l'étude psychologique des meurtriers en série, tandis que sa proximité controversée avec eux lui a aussi permis de recueillir auprès des monstres de précieux tuyaux pour mieux résoudre d'autres affaires. Parmi ses «amitiés» les plus polémiques, sa correspondance avec le matricide Edmund Kemper, le tout premier assassin cuisiné en prison par Douglas.
 
Mindhunter, une série inspirée d’une histoire vraieDepuis qu'il a quitté le FBI en 1996, John Douglas a continué à mettre son expertise au service des enquêtes en cours. Il se consacre depuis à une activité de consultant free-lance depuis Fredericksburg, en Virginie, où il réside. Il n'en a bien sûr pas fini avec les tueurs en série. Récemment, le FBI a reconnu son ½uvre en lui décernant une plaque pour sa contribution à la recherche sur les tueurs en série. À l'aube des années 80, la réputation de John Douglas sort vite des murs du FBI et fascine l'écrivain Thomas Harris, qui assiste à ses conférences et s'en nourrira intensément pour son roman Dragon rouge. Jack Crawford, héros du livre ainsi que de ses suites Le Silence des agneaux (1988) et Hannibal (1999), est donc directement calqué sur Douglas. Robert Ressler, qui a pris sa retraite du FBI en 1990, est décédé en 2013 de la maladie de parkinson, malgré la retraite, il a activement donné des conférences à des étudiants et aux forces de police sur le sujet de la criminologie, tout en participant à des enquêtes sur des meurtres. À Hollywood, John Edward Douglas est connu depuis longtemps comme l'homme qui murmurait à l'oreille des tueurs en série. Holden Ford dans Mindhunter n'est pas le seul avatar fictionnel inspiré de sa vie : le romancier Thomas Harris a créé l'agent Jack Crawford (mentor de Clarice Starling dans Le Silence des agneaux) d'après Douglas et, dans la série Esprits criminels, les personnages d'agents fédéraux Jason Gideon et David Rossi sont également basés sur lui. Dans la série Hannibal, même si le héros Will Graham est initialement une création de Thomas Harris (dans le roman Dragon rouge en 1981), il a été aussi réécrit par le showrunner Bryan Fuller comme un double plus proche de John Douglas, avec qui il partage la même fragilité cérébrale. On oublie également que l'écrivain Thomas Harris s'est aussi inspiré de Robert Ressler pour créer l'agent Jack Crawford dans la trilogie d'Hannibal Lecter.
 
Mindhunter, une série inspirée d’une histoire vraieSon flirt avec Hollywood va laisser à son tour l'agent spécial plutôt amer. Il rejette en bloc les quatre incarnations de Crawford à l'écran – celle de Glenn dans Le Silence des agneaux mais aussi Dennis Farina dans Le Sixième Sens, Harvey Keitel dans Dragon rouge et Laurence Fishburne dans la série Hannibal. "Je ne peux même pas revoir ces fictions tellement elles s'éloignent du réel. Holden Ford dans Mindhunter est la seule version de moi-même que j'approuve», nous répète le consultant, que David Fincher s'est bien gardé de convier en personne sur le tournage («Ce sera sûrement pour la saison 2 !»).
 
Robert K. Ressler, Chasseur de tueurs, Les Presses De La Cite, 1993, Ressler, Robert K, World of Forensic Science, Thomson Gale, 2005, John Edward Douglas, et Mark Olshaker, Mindhunter : Dans la tête d'un profileur, Points, 2018, et https://www.lepoint.fr/pop-culture/series/rencontre-avec-le-vrai-profileur-derriere-la-serie-mindhunter-08-11-2017-2170650_2957.php, https://www.popsugar.co.uk/celebrity/Mindhunter-True-Story-44146635?utm_medium=redirect&utm_campaign=US:FR&utm_source=www.google.com, https://www.goodhousekeeping.com/life/entertainment/a28710489/mindhunter-netflix-true-story/, https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/27/mindhunter-glacants-interrogatoires-captivantes-interrogations_5503372_3246.html, https://www.letemps.ch/culture/serial-killer-miroir-monstre, https://www.telestar.fr/serie-tv/autres-series/mindhunter-la-serie-est-elle-adaptee-d-une-histoire-vraie-310037, et https://www.telerama.fr/series-tv/avec-mindhunter,-david-fincher-entre-dans-la-tete-des-tueurs-en-serie,n5239983.php.
 
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#Posté le mercredi 04 septembre 2019 05:45

Modifié le mercredi 04 septembre 2019 05:57

Ed Gein, un sérial killer inspirateur de fictions

Nous allons voir aujourd'hui Ed Gein, un fermier du Wisconsin aux manières douces qui a assommé une nation sans méfiance et redéfini le sens du mot "psychopathe". C'était en 1957. L'endroit était une ferme ordinaire située au c½ur de l'Amérique, remplie de preuves extraordinaires d'une dépravation impensable. Celui qu'on appelait alors "Le boucher de Plainfield" a tellement fait la Une des journaux de l'époque qu'il a, sans surprise, inspiré par la suite de nombreuses fictions, comme le roman Psychose et son adaptation au cinéma (1960) mais aussi Massacre à la tronçonneuse (1974) ou encore Le Silence des Agneaux (1991).
 
Ed Gein, un sérial killer inspirateur de fictionsL'homme à l'origine du massacre était un homme du Midwest, léger et sans prétention, avec un sourire étrange et un attachement encore plus étrange à sa mère dominatrice et bigote qui juge la femme immorale et réduit l'homme au rang de pêcheur, qui réduit son apprentissage scolaire. Son père, alcoolique et violent, battait régulièrement sa femme, tout en admettant une haine considérable envers ses fils. Ed Gein aurait grandi en marge des autres, physiquement mais aussi émotionnellement. A l'époque, il aurait d'ailleurs souffert des brimades de ses camarades qui le trouvaient efféminé. A 13 ans, il quitte finalement l'école et finit par fréquenter uniquement les membres de sa famille. Son père meurt en 1940 d'une crise cardiaque, et en 1944, son frère Henry décède dans un incendie aux causes encore énigmatiques (on pense qu'Ed l'aurait tué), puis c'est en 1945 que la vie psychologique d'Edward bascule, lorsque sa mère décède. Dévasté, il prie pour son retour, préserve les pièces qu'elle fréquentait comme les pièces d'un musée et finit par laisser libre cours à ses délires.
 
Ed Gein, un sérial killer inspirateur de fictionsPourtant, pour les habitants de Plainfield, dans le Wisconsin, Ed Gein était un vieux célibataire solitaire, d'une nature douce, peut-être un peu sombre, mais tout à fait anodin, un homme sur lequel ils pouvaient compter pour faire des petits boulots et s'occuper de leurs enfants. Ed paraissait être un peu décalé, bien sûr, mais les histoires racontées par les adolescents locaux, à propos des têtes rétrécies qui pendaient autour de son lit, et à propos de la silhouette macabre qui dansait au clair de lune sur la propriété de Gein ont été rejetées avec un rire et une poignée de scepticisme. Il faut dire que son intelligence très modeste, son éducation et ses ambitions limitées, imposaient d'avance ce manque de méfiance à son encontre.
 
Ed Gein, un sérial killer inspirateur de fictionsAprès la mort de sa mère et une tentative infructueuse de déterrer le corps de sa mère dans le cimetière local, Ed Gein s'est tourné vers d'autres vols graves, voire de multiples meurtres. En 1954, Mary Hogan disparaît dans des circonstances étranges, et l'enquête des policiers locaux ne mène à rien. Trois ans plus tard, Bernice Worden se volatilise dans les mêmes conditions, sauf qu'Ed Gein est aperçu par un témoin. Très vite, Edward devient le suspect principal, et sa trace mène jusqu'à sa ferme personnelle. En novembre 1957, il est alors arrêté pour le meurtre de Bernice Worden. Son corps est retrouvé dans sa grange, décapité et suspendu au plafond par les chevilles, comme du gibier de chasse prêt au dépeçage. Pour Mary Hogan, le lieu de son corps reste inconnu, mais sa tête est bel et bien présente dans un sac en papier. Quand les enquêteurs pénètrent dans la ferme de l'étrange petit homme qui vit seul, reclus depuis le décès de sa mère, ils découvrent une collection morbide de mobilier confectionné en peau humaine, et de nombreux autres objets macabres bricolés à partir de restes humains putréfiés.
 
Ed Gein, un sérial killer inspirateur de fictionsIl ne sera pas condamné à la peine capitale pour les crimes et les atrocités qu'il a commis. Jugé irresponsable. Ed Gein aurait souffert de schizophrénie, d'hallucinations et aurait alors pensé être l'instrument de Dieu. Après avoir porté les vêtements de sa mère, il aurait tenté de la ressusciter en visitant les cimetières où il déterrait des corps de femmes. Il va alors se fabriquer un costume de femme, comme pour en devenir une à son tour : une "veste mammaire" avec un torse de femme, des sortes de jambières avec la peau tannée des jambes d'une femme et il va également récupérer des organes génitaux féminins. Une dizaine d'années plus tard, il revient devant la Cour en 1968, où il a droit à deux nouveaux procès, le second le déclarant finalement non coupable car mentalement irresponsable. Il finira sa vie en institut psychiatrique. Durant l'Été 1984, il s'éteint dans le service de gériatrie de l'institut pour la santé mentale de Mendota.
 
Poussé à commettre des actes horribles et bizarres au-delà de toute imagination, Ed Gein reste l'un des esprits les plus dérangés des annales de l'homicide américain. Ce tueur nécrophile qui a inspiré de nombreux psychopathes du grand écran, du Norman Bates de Psychose au Buffalo Bill du Silence des Agneaux.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures : Dobbs, et Alessandro Nespolino, Dossier tueurs en série, Tome 4 : Ed Gein, Soleil, 2009, et https://www.bdgest.com/news-384-BD-ed-gein-le-boucher-de-plainfield.html, Harold Schechter, Deviant, Simon and Schuster, 2010, Gilbert Gallerne, Edward Gein, le psycho, Objectif Noir, 2014, John Borowski, Camion Noir : L'affaire Ed Gein. Confessions et dossier psychiatrique d'un tueur nécrophile, Camion Noir, 2017, Robert Keller, Unhinged: The Shocking True Story of Ed Gein, The Butcher of Plainfield, CreateSpace Independent Publishing Platform, 2017, http://www.allocine.fr/diaporamas/cinema/diaporama-18644612/?page=7, et https://hitek.fr/actualite/ed-gein-psychopathe-inspire-massacre-tronconneuse-psychose_11914.
 
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#Posté le lundi 21 octobre 2019 14:15

Le Blob, un cas réel qui a inspiré un film

Mêlant horreur et science-fiction, le film Le Blob de 1958, puis ses remakes de1972 et de 1988, s'inspirent d'un fait divers paru dans la presse locale de Philadelphie. L'article décrivait un phénomène étrange survenu le 26 septembre 1950.
 
Le Blob, un cas réel qui a inspiré un filmDeux policiers en patrouille ont vu ce qui semblait être un parachute descendre du ciel. Ils se rendirent sur le site d'atterrissage et découvrent dans un champ une masse gélatineuse de couleur lavande, rempli de cristaux étranges et dégageant une brume. Naturellement, un des policiers lui a mis la main droite. Cela lui laissa un "résidu collant sans odeur" sur sa main. Cette mystérieuse masse se désintègre ensuite d'elle-même avant que les scientifiques aient eu le temps de l'analyser laissant soi-disant l'herbe en dessous non pliée. Au cours de ces 25 minutes, deux autres policiers ont été appelés, ainsi que le FBI, bien que les agents ne soient pas arrivés à temps pour témoigner.
 
L'histoire a été rapportée localement, puis reprise dans la presse nationale comme une sorte de blague. Personne ne savait quoi en faire, donc personne ne l'a traité sérieusement. Le FBI a demandé à l'armée de l'air de se pencher sur la question. L'armée de l'air a décliné. On pense maintenant être "gelée stellaire", une substance gélatineuse transparente que l'on trouve parfois sur de l'herbe ou même sur les branches des arbres.
 
Le Blob, un cas réel qui a inspiré un filmDevenu culte, le film de 1958 est célébré chaque année à Phoenixville, la petite bourgade de Pennsylvanie où il a été tourné. Depuis l'an 2000, les habitants organisent en effet un festival baptisé Blobfest. Le clou du spectacle est la reconstitution avec le public de la scène mythique où la marée humaine de spectateurs se rue en hurlant vers la sortie du Colonial Theatre pour échapper à la créature gélatineuse.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : https://io9.gizmodo.com/the-true-story-behind-the-blob-1623120977, https://www.proximus.be/pickx/fr/1685539/10-films-dhorreur-inspires-de-faits-reels, et http://mentalfloss.com/article/59754/9-horror-movies-inspired-real-life-events.
 
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#Posté le mardi 22 octobre 2019 14:12

Le boycott des bus de Montgomery, ou la première pierre de la lutte pour les droits civiques

Le boycott des bus de Montgomery, ou la première pierre de la lutte pour les droits civiquesEn Alabama, une couturière noire de 42 ans est accusée de n'avoir pas cédé sa place à un Blanc le 1er décembre 1955 dans un bus de Montgomery. Mais Rosa Parks, dont le geste n'était pas prémédité, n'entend pas se laisser faire. Elle prend des risques lorsqu'elle fait ça. On est dans une période où elle risque gros. Malgré les menaces du chauffeur, elle ne bouge pas. La police est appelée. Arrêtée et emmenée au bureau de police, elle est incarcérée dans la foulée, avant qu'une militante ne paie sa caution. Chez elle, en compagnie de son mari et du président de l'Association pour la promotion des gens de couleur, elle accepte de porter l'affaire devant la Cour suprême.
 
Le boycott des bus de Montgomery, ou la première pierre de la lutte pour les droits civiquesUn an avant le geste de Rosa Parks, Claudette Colvin, une lycéenne, refusa, elle aussi, d'obéir aux injonctions d'un contrôleur de bus de la ville de Montgomery qui lui intimait l'ordre de laisser sa place à un blanc. Devant la résistance nette et déterminée de la jeune fille, deux policiers, appelés en renfort, l'attrapent chacun par un bras et la forcent à descendre. Elle ne se défend pas, mais répète qu'elle a des droits. Tenue comme un quartier de viande, comme un paquet de linge sale, elle continue à leur parler de légalité. Son arrestation fait grand bruit. Mais Claudette Colvin est tombée enceinte d'un homme marié et il serait hasardeux d'être représenté  par une mère célibataire dans la bataille juridique qui s'annonce. De plus, son jeune âge pose problème ainsi que son charisme trop fluctuant. Enfin, conte toute attente, les dirigeants  du NAACP estiment qu'elle est "trop noire". Mary Louise Smith, a également été envisagée pour représenter le mouvement.  Elle aussi, dans le même bus, a connu la même mésaventure que Claudette Colvin, quelques semaines après elle. Mais son profil est pareillement écarté. La rumeur affirme que son père boit. Impossible. Il  faut une personne solide, aux parents irréprochables. Les leaders anti-ségrégationnistes savent que toute la vie de la personne choisie sera fouillée, disséquée. Comparé à elles, Rosa Parks avait la peu plus claire que Claudette Colvin et les Blancs l'aimaient bien, et ses parents étaient irréprochable comparé à Mary Louise Smith, ce sera elle qui représentera le mouvement.
 
Le boycott des bus de Montgomery, ou la première pierre de la lutte pour les droits civiquesS'ensuit alors l'un des plus grands soulèvements pour l'égalité des droits civiques le 5 décembre, et un boycott de 381 jours de la compagnie de bus malgré les menaces jusqu'à ce que la municipalité cède aux revendications des citoyens noirs. Ainsi soutenue par un jeune pasteur de 26 ans appelé Martin Luther King et des Blancs progressistes, Rosa Parks entre dans l'Histoire. Cette action spectaculaire, avait lancé le mouvement de désobéissance civile dans tous les États-Unis afin de revendiquer l'égalité des droits civiques pour les Noirs. Les femmes représentaient non seulement le leadership dans le mouvement, mais elles s'occupaient également de la planification quotidienne des manifestants. Elles ont mis en place un covoiturage pour les femmes qui travaillaient loin de chez elles. C'est la première pierre d'une décennie fantastique pour la communauté afro-américaine, celle de la lutte pour les droits civiques. Son geste individuel a tout à coup rejoint une conscience collective.
 
Après une année de boycott, le 13 novembre 1956, la Cour suprême statue : la ségrégation des bus est inconstitutionnelle. Avec le succès du boycott des bus de Montgomery, les militants des droits civils ont tourné leur attention vers l'intégration des écoles publiques.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Eugène Ébodé, La Rose dans le bus jaune, Gallimard, 2016, https://www.cath.ch/newsf/etats-unis-bill-clinton-decore-rosa-parks-militante-noire-des-droits-civiques/, https://www.europe1.fr/international/ce-jour-ou-rosa-parks-a-lance-la-premiere-pierre-dune-decennie-fantastique-pour-la-communaute-afro-americaine-3861869, https://www.franceinter.fr/emissions/l-ephemeride-de-frederic-pommier/l-ephemeride-de-frederic-pommier-05-decembre-2013, https://information.tv5monde.com/terriennes/destins-de-femmes-et-claudette-colvin-15-ans-refusa-de-ceder-sa-place-300846, https://www.unidivers.fr/montgomery-alabama-droits-civiques-usa-segregation/, et https://www.womenshistory.org/resources/general/montgomery-bus-boycott.
 
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#Posté le jeudi 05 décembre 2019 09:00

La Révolution américaine, la précurseur des révolutions

Cinq ans avant la Révolution française, Mirabeau saluait dans les événements d'Amérique "la révolution la plus étonnante". Cette révolution, en effet, fut pour les États-Unis un acte fondateur. Les étapes qui, de 1763 à 1788, conduisent les treize colonies à l'indépendance et à la République - et leurs populations à la liberté - revêtent à la fois un caractère d'exception et une portée universelle. Là-bas est née, à la lumière de la raison, mais aussi par la violence, la première démocratie du monde et s'est développée une civilisation d'un type nouveau : celle qui, par la Déclaration d'indépendance du 4 juillet 1776, reconnaît à tous les hommes, comme un droit inaliénable, la "quête du bonheur". La révolution américaine est ainsi à la source des sociétés modernes.
 
La Révolution américaine, la précurseur des révolutionsEn 1754, les treize colonies rejettent un projet de confédération proposé par Benjamin Franklin, et depuis 1763, les relations entre l'Angleterre et ses colonies américaines n'ont cessé de se dégrader sur fond de réformes fiscales car l'Angleterre se retrouve dans une situation budgétaire particulièrement difficile après la Guerre de sept ans (1756-1763) et de nouveaux impôts frappent les colonies entre 1764 et 1765, qui entraine la réunions des délégués des 13 colonies dans un Congrès continental pour rédiger une adresse à la couronne, le boycott des produits anglais, l'agression des agents de la couronne, et une rébellion fiscale permettant de détourner une partie de la colère populaire jadis contre les élites coloniales, contre la métropole, puis pousse en 1773, à la Boston Tea Party, une révolte politique à Boston contre le Parlement britannique à la suite des nouveaux droits liés à l'importation qui frappent les colonies en 1767 et les taxations imposées par Londres, en particulier celles sur le thé en 1773, jusqu'à tourner à la guerre ouverte en avril 1775, au moment de la fusillade de Lexington, opposant les milices américaines aux troupes britanniques, et du début du siège de Boston, à cause de la présence militaire anglaise qui s'accentue à partir de 1773.
 
La Révolution américaine, la précurseur des révolutionsEn juin 1775, George Washington est nommé à la tête de l'armée continentale, ce riche planteur, délégué de Virginie au 1er Congrès continental, s'était illustré durant la Guerre de sept ans. Les premières batailles se déroulent dans le Nord-est, en Nouvelle-Angleterre et dans l'arrière-pays new-yorkais. Le Britanniques, plus entrainés, mieux encadrés, prennent rapidement le contrôle des villes, notamment grâce à leur marine. Les Américains s'inspirant de la tactique des Amérindiens, pratiquent la guérilla, après que Washington se replie en Pensylvanie entre 1776 et 1777. En janvier 1776, parait le Common Sense de Thomas Paine, un anglais immigré dans les colonies, où il dénonce le système colonial anglais et appelle à l'indépendance. Le 4 juillet 1776, les représentants des treize colonies votent à Philadelphie, la Déclaration d'indépendance des États-Unis d'Amérique. Dans ces conditions, la jeune république cherche l'aide de la France qui pourrait, par cet engagement, prendre une revanche sur l'Angleterre après la guerre de Sept Ans. Louis XVI hésite, malgré les démarches secrètes de Beaumarchais pour armer les Insurgents et les quelques volontaires s'enrôlent à titre individuel dans les troupes américaines, comme le marquis de La Fayette le 13 juin 1777. De plus, les Insurgents profitent des divisions au sein de l'armée britannique puisque des divisions au sein du commandement se font jour, ce qui amène la perte de Philadelphie en septembre 1777 par le général Howe.
 
La Révolution américaine, la précurseur des révolutionsLe 15 octobre 1777, le Congrès continental adopte les Articles de Confédération confirmant la formule d'«États-Unis d'Amérique», et organise les 13 États en confédération. La défaite anglaise à Saratoga, le 17 octobre 1777, fait basculer la France dans le conflit, et les Insurgents prouvent qu'ils peuvent battre les Britanniques. Le 6 février 1778, la France et les États-Unis signent un traité d'alliance, qui peut s'expliquer par le succès de Franklin lors de son ambassade, la France entre en guerre contre l'Angleterre. La France sera suivie par l'Espagne en juin 1779, puis par les Provinces-Unies en 1780, tandis que la Ligue des Neutres, comprenant les grands États d'Europe du Nord entendent poursuivre le commercer avec tous les pays belligérants ou non. Le soutien français ne sera opérationnel qu'en début 1780. Le soutien français (Rochambeau qui commande l'armée de terre dispose de 8000 hommes et l'amiral De Grasse, commandant l'armée navale dispose de 20 000 marins) avec leurs alliés espagnols et hollandais est suffisant pour faire la décision. Le financement et les résultats militaires vont être importants.
 
La Révolution américaine, la précurseur des révolutionsTrès vite la guerre se déplace dans le Sud, avec la prise de Charleston par les Britanniques le 12 mai 1780, métropole de la Caroline de Sud. Cornwallis après quelques victoires en Caroline du Sud remonte vers le Nord. Son armée s'enferme à Yorktown attendant les renforts par mer. Rochambeau, officier expérimenté, débarque alors à Newport, le 11 juillet 1780. Il suggère à Washington de cerner les troupes anglaises du général Cornwallis situées à Yorktown. Sur mer, le 5 septembre 1781, la Royal Navy subit une lourde défaite contre le comte de Grasse. Les espoirs anglais sont anéantis, d'autant que la voie est désormais libre pour les renforts français venus de Newport commandés par de Barras : l'armée de Cornwallis capitule à Yorktown le 19 octobre 1781. C'est la fin des opérations militaires sur le sol américain. En remerciement de ses services rendus, La Fayette est fait citoyen d'honneur du Congrès américain.
 
La Révolution américaine, la précurseur des révolutionsLe traité de Paris de 1783 reconnaît l'indépendance des États-Unis; de nombreux loyalistes quittent le pays pour le Canada. Le nouvel État se met ensuite en place, puisqu'en 1787 une Constitution est adoptée, et en 1789, George Washington devient le premier président des États-Unis, poste qu'il occupera jusqu'en 1797. La Révolution américaine enfante celle de 1789 sur un point qui n'a rien à voir avec les principes. Il s'agit du soutien apporté aux insurgés d'Amérique qui est financé par le ministre Necker à coups d'emprunts périlleux contractés auprès des banques anglaises et hollandaises. Le paiement des intérêts finit par manger tout le budget de l'État. À tel point qu'il fallut convoquer les états généraux pour tenter de sortir de l'impasse. On connaît la suite. Avec la chute de la monarchie, puis l'½uvre de la Convention, l'élève français dépasse le maître américain. Ce dernier est d'ailleurs si pressé de se détourner de ce soi-disant fils trop émancipé qu'il néglige d'entrer en guerre au côté de la France révolutionnaire, alors que le traité signé en 1778 avec Louis XVI l'y contraignait en théorie. En 1796, les États-Unis s'allient même contre la France à l'ancienne métropole anglaise.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Serge Bianchi, Des révoltes aux révolutions - Europe, Russie, Amérique (1770-1802). Essai d'interprétation, Collection Histoire, Presses Universitaires de rennes, 2004, Bernard Cottret, La Révolution américaine : La quête du bonheur 1763-1787, Perrin, 2004, Historia, La Révolution française du chaos à l'unité, Historia, 2014, Mathilde Larrère, Vincent Lemire,‎ Félix Chartreux,‎ Maud Chirio,‎ et Eugénia Paleraki, Révolutions - Quand les peuples font l'histoire, Belin, 2017, https://www.lepoint.fr/histoire/la-guerre-d-independance-americaine-a-t-elle-entraine-la-revolution-francaise-07-09-2013-1721980_1615.php, https://www.lhistoire.fr/carte/guerre-dind%C3%A9pendance-des-%C3%A9tats-unis, et https://www.universalis.fr/encyclopedie/independance-des-etats-unis-d-amerique-reperes-chronologiques/.
 
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#Posté le mercredi 18 mars 2020 11:07

1812, la seconde guerre d'Indépendance américaine

En 1812-1814, alors que le monde a les yeux tournés vers l'Europe, embrasée par les guerres napoléoniennes, une autre guerre se déroule sur le continent américain. Elle oppose les États-Unis d'Amérique à l'Angleterre. La Guerre de 1812-1814, appelée aussi Seconde Guerre d'indépendance américaine, aurait pu s'appeler "Naissance d'une Nation". Les États-Unis entrevoient le formidable potentiel qui est le leur sur un continent d'où les puissances européennes vont être chassées. Les conséquences de la Guerre de 1812-1814 sont toujours bien présentes. Cette guerre a forgé une nation dans les épreuves, bien davantage que la première Guerre d'indépendance n'avait été en mesure de le faire.
 
 1812, la seconde guerre d'Indépendance américaineTout commence en 1812, alors que la Grande Armée de Napoléon entre en territoire russe, et le blocus continental  pratiqué par les Anglais en Europe stimule les initiatives manufacturières américaines et provoque, notamment, la naissance de l'industrie textile de la Nouvelle-Angleterre et la construction du canal Érié, une autre guerre s'allume en Amérique du Nord. Elle oppose les États-Unis d'Amérique à leur ancienne métropole, l'Angleterre. Face aux britanniques qui s'appuient également sur une supériorité navale écrasante. (Plus de 800 bâtiments de guerre), les jeunes forces américaines apparaissent bien faibles. La prévention américaine originelle contre les armées permanentes les a conduits à dissoudre les unités constituées lors de la première guerre d'indépendance. Les constituants fondateurs des États-Unis sont favorables aux milices, c'est à dire à des groupes de civils en armes, ce qui explique le deuxième amendement sur «le droit qu'à le peuple de détenir et de porter des armes qui ne sera pas transgressé.»
 
 1812, la seconde guerre d'Indépendance américaineLorsque la guerre commence, une guerre que le Président Madison présente comme «une promenade de santé» dans les possessions britanniques du Canada, les troupes américaines connaissent des échecs cuisants. Les hostilités commencent par une invasion américaine de la province britannique du Haut-Canada. La réplique des Anglais, alliés aux Indiens, est cinglante. Paradoxalement, c'est sur la mer que la toute jeune US Navy, pourtant bien moins nombreuse que la Royal Navy remporte ses premiers succès. Les descendants des colons loyalistes de la première guerre d'indépendance, réfugiés au Canada, ont peu de sympathie pour les héritiers de ceux qui les sont contraints à l'exil. Mais l'apathie de la population canadienne face à la menace d'invasion américaine témoigne d'une ambivalence dans le désir des habitants de la colonie de servir les intérêts de la métropole anglaise. 
 
 1812, la seconde guerre d'Indépendance américaineToutefois, la guerre s'installe sur tous les fronts, prend aussi bien l'allure d'une guerre de guérilla dans laquelle les tribus indiennes excellent que celle d'une attaque de lignes selon les règles européennes en usage à l'époque (Artillerie mobile et attaques en ligne.) Les batailles terrestres se poursuivent autour des Grands Lacs, puis sur la côte Est et dans le Sud, et la guerre ne concerne pas seulement le Nord des États-Unis mais également le Sud avec le soulèvement des tribus indiennes de la rive gauche du Mississippi comme les Creeks et les Choktaws, rivaux des Cherokee. Ce sont les Creeks influencés par Tecumseh qui engageront la lutte dans l'état du Mississippi contre les garnisons américaines. C'est là que le futur Président Andrew Jackson fera ses premières armes. Tandis que sur mer la jeune US Navy défie la prestigieuse Royal Navy dans le Pacifique avec l'USS Essex et l'USS Georgiana, un ancien navire marchand capturé et armé.
 
 1812, la seconde guerre d'Indépendance américaineLa guerre de 1812 démontre la problématique d'utiliser la milice dans l'effort de guerre et elle amorce le développement d'une armée américaine professionnelle bien structurée. Toutefois, pour chaque citoyen américain, la guerre de 1812 demeure le creuset d'un des principaux symboles de leur patrie : The Star Spangled Banner. Ce poème de Francis  Scott  Key  commémore  l'acharnement des troupes américaines à faire flotter leur drapeau durant le bombardement du fort McHenry à Baltimore par la Royal Navy. Dans le Haut-Canada et dans les colonies britanniques du Canada atlantique, la guerre de 1812 permet aux Canadiens anglais d'affirmer leur identité en se distinguant des Américains. Fidèle à la couronne, les loyalistes réarment leur opposition aux principes républicains. De plus, cette opposition à la démocratie américaine caractérise un attrait pour l'ordre et le bon gouvernement qui évoluera jusqu'à son inscription dans l'Acte de l'Amérique du Nord britannique. 
 
 1812, la seconde guerre d'Indépendance américaineEn 1814, la situation peut pourtant apparaître difficile pour les américains après l'offensive anglaise de la Chesapeake. Les Anglais bien organisés et disciplinés, réunissant des vétérans des guerres napoléoniennes infligent à Bladensburg en août 1814 une défaite cinglante aux américains qui permet aux troupes du Général Ross d'atteindre Washington, d'incendier la Maison blanche, la bibliothèque du Congrès et les bâtiments qui abritent le Sénat et la Chambre des représentants. Toutefois les troupes anglaises se retrouvent isolées, en situation difficile et en infériorité numérique face à des miliciens cette fois ci motivés et déterminés ce qui les amène, après la mort du Général Ross à se retirer en ayant échoué à s'emparer de Baltimore. La Campagne de la Chesapeake n'est finalement pas le succès attendu malgré la chute symbolique mais temporaire de la Capitale fédérale.
 
 1812, la seconde guerre d'Indépendance américaineLes négociations se sont ouvertes à Gand le 2 décembre 1814. Les britanniques en ayant conquis Washington estiment être sortis la tête haute de ce conflit. Dans le même temps ils essaient de s'emparer de la Nouvelle Orléans pour négocier en position de force, mais cela ne réussi pas et au final, le statu quo ante bellum est acquis à la fin décembre 1814, même si des combats continuent au Sud, face à la nouvelle Orléans et à la frontière canadienne où des francophones finissent par se rallier à la cause américaine. Et Le 8 janvier 1815, à la Nouvelle-Orléans, les Américains remportent sur terre une grande victoire, après qu'une paix entérinant le statu quo ante bellum entre les belligérants.
 
Pour  les  Amérindiens,  le  bilan  est  plus  sombre. Tecumseh rêvait de créer une fédération des nations indiennes présentes de la Floride jusqu'aux Grands Lacs. Cette alliance avec les colons canadiens aurait permis de résister à l'avance de la colonisation sur les terres des Autochtones peuplant l'Amérique du Nord. En soi, la guerre de 1812 ne met pas ­fin à la présence amérindienne sur le territoire, mais elle amorce la période de transition conduisant au déclin démographique des nations amérindiennes vivant autour des Grands Lacs.
 
Pour aller plus loin je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Sylvain Roussillon, L'autre 1812 : La seconde guerre de l'indépendance américaine, Editions Bernard Giovanangeli, 2012, et https://clio-cr.clionautes.org/lautre-1812-la-seconde-guerre-dindependance-americaine.html, et https://www.erudit.org/en/journals/cd/1900-v1-n1-cd0333/67630ac.pdf.
Merci !
Tags : Histoire des États-Unis, Histoire britannique
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