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Le roi Arthur, la réalité derrière le mythe

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Ce blog s'intéressera avant tout à la question de l'historicité du roi Arthur durant les Dark Ages, une période de grands changements dans la Bretagne post-romaine, et ce qui amena sa légende.

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L'émeute raciale de Tulsa en 1921, ou la fin du Black Wall Street

L’émeute raciale de Tulsa en 1921, ou la fin du Black Wall StreetAprès la Première Guerre mondiale, Tulsa se vantait de l'une des communautés afro-américaines les plus riches du pays, connue sous le nom du district de Greenwood. Ce quartier d'affaires prospère et la zone résidentielle environnante étaient appelés «Black Wall Street». Tulsa avait le quartier noir le plus riche du pays. Le dimanche, les femmes portaient des robes de satin et des diamants, tandis que les hommes portaient des chemises de soie et des chaînes en or. À Greenwood, écrit l'historien James S. Hirsch, «les enseignants vivaient dans des maisons en brique meublées de meubles dans une salle à manger Louis XIV, avec de la porcelaine fine et de pianos Steinway». "Ils ont fait tout ce qu'ils étaient censés faire en termes de rêve américain", explique Carol Anderson, professeur d'études afro-américaines à l'Université Emory. "Vous travaillez dur, vous économisez votre argent, vous allez à l'école, vous achetez des biens. Et c'est ce qu'ils avaient fait dans des conditions horribles." Greenwood était strictement séparé du reste de la ville, mais il a toujours prospéré. Il abritait des avocats noirs, des propriétaires d'entreprise et des médecins, y compris le Dr A.C. Jackson, qui était considéré comme le chirurgien noir le plus qualifié en Amérique et il avait une valeur nette de 100 000 $. Cette richesse de la communauté noire à Greenwood s'explique par différents facteurs. En 1890, un groupe de migrants fuyant le sud hostile s'installa dans une ville entièrement noire appelée Langston, à 80 miles à l'ouest de Tulsa. L'Oklahoma n'était pas encore un État et sa dynamique raciale n'était pas figée. L'architecte de la colonie, Edwin McCabe, avait une vision de l'Oklahoma comme la terre promise noire. Il a envoyé des recruteurs dans le Sud, prêchant la fierté raciale et l'autosuffisance. Au moins 29 villes séparatistes noires ont été établies dans l'Oklahoma à la fin du XIXe siècle. Les colons blancs opposés à «l'africanisation de l'Oklahoma» ont mené un contre-mouvement, et les colonies rurales noires ont été presque effacées de la carte. McCabe lui-même a fui à Chicago en 1908. Mais les Noirs étaient définitivement dans l'Oklahoma, et ils ont déménagé dans les villes, prenant ce rêve d'autonomisation avec eux. Tulsa a connu un boom pétrolier massif dans les années 1900, et les résidents noirs ont commencé à faire beaucoup d'argent en tant que cuisiniers et domestiques pour les nouveaux riches blancs libres. Ils ont investi cet argent dans leur propre quartier et, en 1920, Greenwood était la communauté noire la plus dynamique et la plus riche des États-Unis.
 
L’émeute raciale de Tulsa en 1921, ou la fin du Black Wall StreetLes résidents blancs ont été dérangés par la richesse croissante des noirs à Greenwood, et ont cherché à imposer des mesures de ségrégation officielles. En 1914, la ville a adopté une loi qui interdit à quiconque de vivre sur un bloc où plus des trois quarts des résidents préexistants étaient d'une autre race. Dans l'isolement, Greenwood a plus prospéré. Sa rue principale comprenait des bureaux d'avocats, des magasins d'automobiles, des cafés, un cinéma, des salons funéraires, des salles de billard, des salons de beauté, des épiceries, des fourreurs et des confiseries. Un entrepreneur a construit un élégant hôtel de 54 chambres, probablement le plus grand jamais possédé par une personne noire dans l'Amérique pré-Guerre de Sécession. Des lustres de cristal pendaient au plafond dans la salle de banquet. Son propriétaire, J.B. Stradford, était né esclave. «Le ressentiment blanc à Tulsa était si intense», dit Carol Anderson, «il était juste en attente d'une étincelle pour mettre le feu.» Cette étincelle était une allégation d'agression sexuelle contre un jeune cireur de chaussures noir de 19 ans nommé Dick Rowland. On ne sait pas très bien ce qui s'est passé dans l'ascenseur du Drexel Building le 30 mai 1921, mais un récit courant est que Rowland a accidentellement trébuché contre son opératrice, Sarah Page, 17 ans, lui écrasant le pied et la faisant crier. Un employé de l'immeuble entend la jeune femme hurler et voit Rowland s'enfuir. Pensant qu'elle a été importunée – un euphémisme courant à l'époque pour dire violée – l'employé appelle la police. Après avoir interrogé Page, les forces de l'ordre concluent à une broutille, et Page elle-même refuse de porter plainte. L'histoire aurait pu s'arrêter là si un journal local, le Tulsa Tribune, publication raciste détenue par des Blancs, n'avait pas titré quelques heures plus tard «Coincez-moi le nègre qui a attaqué une fille dans un ascenseur», une manchette accompagnée d'un éditorial intitulé «Un nègre à lyncher ce soir».
 
L’émeute raciale de Tulsa en 1921, ou la fin du Black Wall StreetLe 31 mai 1921, des centaines d'hommes blancs armés se rassemblèrent devant le palais de justice où l'homme était détenu et un groupe d'hommes noirs armés (d'anciens combattants de la Première Guerre mondiale), est arrivé pour empêcher le lynchage. Les vétérans ont suivi les conseils d'un journal noir local, le Tulsa Star, qui les a encouragés à prendre des mesures pour se protéger contre un lynchage. Ils ont revêtu leurs uniformes, ont pris des armes et se sont rendus au palais de justice. Quand des hommes blancs ont essayé de les désarmer, des coups de feu ont été tirés et les émeutes. Un coup de feu a été tiré. Une fusillade éclate, dix Blancs et deux Noirs en mourront. S'ensuit une nuit complète d'échauffourées. Les hommes noirs fuient à Greenwood, et les hommes blancs les chassèrent jusque là. La bataille qui s'ensuivit, fut permise par le chef de la police de Tulsa, qui aida des centaines d'hommes blancs et réquisitionna les armureries, dura toute la nuit et jusqu'au lendemain. Le gouvernement et la police autorisèrent non seulement le pillage, les fusillades et l'incendie de Greenwood, mais y participaient activement en dépêchant des citoyens blancs au hasard, en distribuant des fusils et des badges ou en envoyant des hommes s'armer. De même, la garde nationale a agi de façon inconstitutionnelle, arrêtant tous les résidents noirs qu'ils ont trouvés, laissant les propriétés vulnérables à la foule blanche. Vers l'aube du 1er juin, les policiers et les unités de la Garde nationale basées à Tulsa commencèrent à balayer Greenwood, désarmant et arrêtant les habitants, puis les emmenant dans des camps autour de la ville, ostensiblement pour les protéger. Certains qui refusèrent d'abandonner leurs armes ont été fusillés. Des foules de pillards, certains portants des insignes de police ou des uniformes de police, suivirent peu après. Les pillards ont pris ce qu'ils pouvaient et ont ensuite brûlé les bâtiments. Trente-cinq blocs de Greenwood ont été rasés cette nuit-là. 1256 maisons et 191 commerces ont été détruits. 10 000 Noirs sont restés sans abri. Le nombre de morts, qui n'a probablement jamais été entièrement déterminé, a été estimé dans le rapport de l'État entre 100 et 300, parmi eux le Dr A.C. Jackson. Des logements temporaires ont été construits par la Croix-Rouge après l'émeute de la course de Tulsa. Les maisons ont été construites en planches de bois et en toile. Un cabinet d'avocats temporaire a été installé dans une tente après l'émeute raciste de Tulsa. Un grand jury à l'époque a blâmé la communauté noire pour l'émeute. Personne n'a été reconnu coupable d'avoir participé à l'émeute; personne n'a été indemnisé pour les biens perdus.
 
L’émeute raciale de Tulsa en 1921, ou la fin du Black Wall StreetDe nombreuses victimes se sont efforcées d'oublier les événements de 1921, détruisant les documents relatifs à l'émeute et refusant même d'en parler. Cette dissimulation a été menée à travers le demi-siècle suivant avec un succès surprenant. La Tulsa blanche a prospéré, et la ville est devenue un bastion de l'activité du Ku Klux Klan vu que les ouvriers et les hauts fonctionnaires civils ont afflué vers cette organisation xénophobe. Pendant ce temps, les anciens résidants de Greenwood se sont efforcés de reconstruire leur voisinage en dépit des tentatives officielles de les contrecarrer. Au fil des décennies, les divisions économiques et sociales entre les mondes blanc et noir se sont approfondies. Au cours des années 1960 et 1970, le renouveau urbain a aidé à finir ce que l'émeute avait commencé, en gâchant Greenwood. Paradoxalement, cependant, les événements de 1921 ont sauvé Tulsa des conflits raciaux qui ont frappé tant d'autres villes américaines dans les années 1960, car les habitants de Tulsa blancs et noirs feraient presque n'importe quoi pour éviter une reprise de l'émeute. En 2001, la législature de l'Oklahoma a envisagé de payer des réparations aux survivants en reconnaissance du tort qu'ils ont causé. La législature de l'Oklahoma a refusé, disant que c'était constitutionnellement interdit. Les tribunaux fédéraux ont rejeté une action en justice au nom des victimes, affirmant que le délai de prescription avait expiré. Et les efforts du Congrès pour éliminer cet obstacle juridique ont échoué à plusieurs reprises, en partie à cause des inquiétudes que cela pourrait ouvrir la porte à des réparations pour l'esclavage, bien qu'il y ait des plans pour réintroduire ce projet de loi. Charles Ogletree, un professeur de droit de Harvard qui a représenté les survivants dans cet effort, a qualifié l'affaire de «très décevante et déchirante».
 
Je vous conseille aussi ces lectures : Scott Ellsworth, Death in a Promised Land : The Tulsa Race Riot of 1921, LSU Press, 1992, Alfred L. Brophy, Reconstructing the Dreamland : The Tulsa Riot of 1921: Race, Reparations, and Reconciliation, Oxford University Press, 2003, Tulsa race Riot, Dictionary of American History History, The Gale Group Inc., 2003, James S. Hirsch, Riot and Remembrance : America's Worst Race Riot and Its Legacy, Mariner Books, 2003, Race Riots (U.S.), 1917–1923, Dictionary of American Encyclopedia of Race and Racism, Thomson Gale, 2008, Tim Madigan, The Burning : Massacre, Destruction, and the Tulsa Race Riot of 1921, Macmillan, 2013, https://www.huffingtonpost.com/entry/tulsa-race-riots_us_574fc3aae4b0ed593f134a92, http://www.nytimes.com/2011/06/20/us/20tulsa.html, http://www.slate.fr/story/146580/etats-unis-histoire-les-violences, https://timeline.com/history-tulsa-race-massacre-a92bb2356a69, et https://tulsahistory.org/learn/online-exhibits/the-tulsa-race-riot/.
 
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#Posté le mardi 06 février 2018 05:24

Kathrine Switzer, celle qui donna aux femmes le droit de courir

Kathrine Switzer, celle qui donna aux femmes le droit de courirLe 19 avril 1967, Kathrine Switzer est une jeune étudiante en journalisme à l'Université de Syracuse, dans l'État de New York, aux États-Unis. Du haut de ses 20 ans, elle s'inscrit sur la liste des participants au marathon De Boston sous l'identifiant "K. V. Switzer", plusieurs années avant que les femmes ne soient officiellement autorisées à concourir, en raison de la règle de 100 ans : «pas de femmes autorisées» au marathon de Boston. Cette fille de soldat américain, née en Allemagne en 1947, ne comptait pas faire un coup politique.
 
L'histoire aurait pu en rester là si une série d'images, capturées durant la course par Harry Trask, photographe du Boston Traveler (lauréat du Prix Pulitzer en 1957), n'avait pas donné une toute autre tournure à l'acte de bravoure de la jeune femme, qui raconte sur son site : "Instinctivement, j'ai tourné la tête et je me suis retrouvée nez-à-nez avec le visage le plus vicieux que j'ai jamais vu. Un homme grand, énorme, édenté, était résolu à bondir, et avant que je puisse réagir, il a attrapé mon épaule et m'a tirée en arrière, criant : 'dégage de ma course et rends-moi ce numéro'", se souvient Kathrine Switzer.
 
Kathrine Switzer, celle qui donna aux femmes le droit de courirCet homme, c'est Jock Semple, un des organisateurs de l'événement, qui refuse de voir une femme courir les 42,195 kilomètres. Défendue par son compagnon Tom Miller et son entraîneur, Arnie Briggs, Kathrine poursuit sa course qu'elle terminera en environ 4 heures et 20 minutes. "Ce moment a changé ma vie, avoue-t-elle à Vanity Fair. J'ai baissé les yeux et j'ai essayé de me concentrer sur ma course. Je me suis répétée que je devais finir la course, peu importe le temps ou mon état physique. Autrement personne ne croira qu'une femme en est capable. C'est en ceci que c'est devenu un acte politique. Avec le recul, je me demande comment j'ai pu avoir le courage de prendre cette décision à seulement 20 ans".
 
Kathrine Switzer, celle qui donna aux femmes le droit de courirLors du marathon de 1967, l'entraîneur et le compagnon de Kathrine Switzer prennent sa défense pour qu'elle puisse terminer sa course. À une époque où certains avancent que l'effort pourrait faire tomber l'utérus, grossir les jambes de façon monstrueuse ou faire pousser des poils sur la poitrine des femmes, la jeune affranchie va ainsi devenir une véritable icône. "Dès que j'ai franchi la ligne d'arrivée, j'ai su que ça allait être le combat de ma vie", explique Kathrine Switzer dans le film "Free to run". Il faudra néanmoins attendre 1972 pour que les organisateurs du marathon de Boston acceptent officiellement les femmes.
 
Kathrine Switzer, celle qui donna aux femmes le droit de courirUne fois arrivée, au bout d'environ 4h20, «je me suis radicalisée», se souvient-elle. Et depuis ce jour, elle se bat pour élargir les frontières de la course. «J'ai reçu beaucoup de courriers haineux, il y a eu beaucoup d'agitations de la part des officiels», explique cette femme aux cheveux longs gracile et élégante. Suspendue par la fédération américaine d'athlétisme, disqualifiée du marathon de Boston, Kathrine Switzer aura l'outrecuidance de faire remarquer aux organisateurs que le règlement de l'épreuve ne contenait aucune mention relative au sexe des participants. «Vous auriez dû le savoir», lui ont-ils rétorqué.
 
Depuis, la marathonienne a contribué à l'organisation de centaines d'épreuves féminines dans le monde, plaidé publiquement pour l'inclusion des femmes et fait campagne, avec d'autres, pour l'inscription d'une épreuve féminine de marathon aux Jeux olympiques, devenue réalité en 1984. Après Boston en 1967, elle a couru beaucoup d'autres marathons, remportant même le marathon de New York en 1974. À cette vie bien remplie, s'ajoute le BA (Baccalauréat universitaire ès lettres) en 1968, et le MS (Master of Science) en 1972.
 
Kathrine Switzer, celle qui donna aux femmes le droit de courir«Cela a changé le paysage», dit-elle. En 2016, 63 % des coureurs aux États-Unis étaient des femmes, du jamais vu, selon l'étude annuelle réalisée par le site spécialisé Running USA. Elles «ne courent pas pour perdre du poids», dit Switzer, «mais pour prendre confiance en elles-mêmes et avoir le sentiment d'avoir accompli quelque chose. Cela change fondamentalement leur vie. Elles n'ont plus peur de rien.» En 2015, Kathrine Switzer a créé sa fondation, 261 Fearless, son numéro de dossard lors du marathon de Boston 1967, avec toujours l'ambition d'inciter plus de femmes à «mettre un pied devant l'autre», selon sa propre expression.
 
Devenue journaliste, auteure et activiste, elle a ensuite déserté les courses pendant des décennies, se contentant de couvrir, 28 années durant, le marathon de New York pour la télévision, calée à l'arrière d'une moto. Militante pour la cause des femmes dans le monde sportif, Kathrine Switzer est inscrite, en 2011, au National Women's Hall of Fame. "J'ai compris qu'il ne fallait pas enfoncer des portes, mais contourner les obstacles", résume-t-elle.
 
En 2009, elle a décidé de s'y remettre, même si elle n'avait jamais arrêté de courir «pour (s)'amuser et explorer la physiologie d'une femme plus âgée». En 2017, Kathrine Switzer a pris le départ le lundi 17 avril avec le même numéro que dans ses jeunes années, le 261. Un quarantième marathon (le neuvième à Boston) qu'elle a terminé au bout en 4 heures 44 minutes et 31 secondes.
 
Kathrine Switzer, celle qui donna aux femmes le droit de courirJe vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Switzer, Kathy (1947–), Dictionary of Women Worldwide : 25,000 Women Through the Ages, Thomson Gale, 2007, http://www.huffingtonpost.fr/2017/04/18/kathrine-switzer-court-a-nouveau-le-marathon-de-boston-50-ans-ap_a_22043953/, et http://www.leparisien.fr/laparisienne/actualites/societe/kathrine-switzer-la-femme-qui-a-brise-le-monopole-masculin-du-marathon-04-11-2017-7372740.php.
 
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#Posté le mercredi 07 février 2018 03:35

Les Neuf de Little Rock, les difficiles débuts de la déségrégation scolaire

Les Neuf de Little Rock, les difficiles débuts de la déségrégation scolaireL'un des événements les plus importants dans la lutte pour les droits civils noirs en Amérique a été l'intégration en 1957 de Central High School à Little Rock, Arkansas. En 1954, la Cour suprême des États-Unis a jugé dans l'affaire Brown c. Board of Education que la ségrégation était inconstitutionnelle.
 
Le gouverneur de l'Arkansas, Orval Faubus appelle la garde nationale pour entourer le lycée Central aux élèves blanc et empêcher l'entrée de neuf étudiants noirs (Melba Patillo Beals, Elizabeth Eckford, Ernest Green, Gloria Ray Karlmark, Carlotta Walls Lanier, Terrance Roberts, Jefferson Thomas, Minnijean Brown Trickey, et Thelma Mothershed Wair), contestant l'ordonnance de 1954 de la Cour suprême d'intégrer des élèves noirs dans toutes les écoles publiques. Les responsables des districts scolaires de Little Rock ont mis en place un système dans lequel les étudiants noirs intéressés à fréquenter les écoles réservées aux blancs étaient soumis à une série d'entretiens rigoureux afin de déterminer s'ils étaient aptes à l'admission. Les responsables de l'école ont interrogé environ 80 élèves noirs pour l'école secondaire centrale, la plus grande école de la ville.
 
Les Neuf de Little Rock, les difficiles débuts de la déségrégation scolaireLe 4 septembre 1957, à Little Rock, dans l'Arkansas, la rentrée des classes est sous le signe de la fin de la ségrégation scolaire. Huit des enfants noirs inscrits au lycée jusque-là réservé aux seuls blancs bien que sceptiques au sujet de l'intégration d'une ancienne institution exclusivement blanche, sont encerclés par une foule hystérique, et ils sont renvoyés chez eux. La photographie de l'une des Neuf pas au courant du lieu de la rencontre avec les huit autres, Elizabeth Eckford, âgée de 15 ans, marchant seule, huée, insultée et menacée par une foule blanche alors qu'elle échappait de justesse à une blessure, fait la une des journaux le lendemain. L'Amérique est bouleversée. Commence alors un bras de fer qui oppose le gouverneur de l'Arkansas Orval Faubus au président des États-Unis Dwight Eisenhower. Dix jours plus tard, Eisenhower a invité Faubus dans sa maison d'été dans le Rhode Island et a exhorté le gouverneur à cesser de désobéir aux ordres du tribunal. Confrontés à aucun autre choix, les «Neuf de Little Rock» ont abandonné leur tentative de fréquenter le Central High School restant chez eux de peur de se faire tuer, qui est rapidement devenu le centre d'un débat national sur les droits civils, la discrimination raciale et les droits des États.  
 
Les Neuf de Little Rock, les difficiles débuts de la déségrégation scolaireLe 20 septembre 1957, le juge fédéral Ronald Davies a ordonné au gouverneur Faubus d'enlever la garde nationale de l'entrée de l'école secondaire centrale et de permettre à l'intégration de suivre son cours à Little Rock. Mais Faubus défie l'ordre du tribunal, et le 23 septembre, Daisy Bates, une officielle de la NAACP en Arkansas, conduit les neuf enfants à l'école d'abord avec la police qui doit faire évacuer les neufs élèves noirs pour les protéger de la violence de ségrégationnistes blancs, puis avec l'aide des troupes fédérales (près de 1000 parachutistes fédérés avec 10 000 soldats de la garde nationale de l'Arkansas envoyées par le président Eisenhower à la demande du maire de Little Rock, Woodrow Mann (1916-2002), la première fois en 81 ans qu'un président avait envoyé des troupes dans le Sud pour protéger les droits constitutionnels des Noirs américains.
 
Les Neuf de Little Rock, les difficiles débuts de la déségrégation scolaireLes troupes de l'armée sont restées à Little Rock pendant plus de deux mois pour maîtriser la violence populaire et les unités de la Garde nationale sont restées jusqu'à la fin de l'année scolaire de mai 1958. Malgré tout, les Neuf de Little Rock ont été constamment harcelé par des ségrégationnistes en colère. Une des Little Rock Nine, Minnijean Brown (1941-), perdit son sang-froid après des provocations verbales et physiques répétées et fut expulsée en février 1958 pour avoir échangé des propos raciaux avec une fille blanche (qui restait une élève en règle).
 
Un an plus tard, en septembre 1958, la Cour suprême a statué à l'unanimité que la déségrégation scolaire devait se poursuivre à Little Rock. Faubus a réagi en fermant toutes les écoles publiques de la ville pour l'année scolaire 1958-59. Les Neuf de Little Rock ne sont pas allés à l'école cette année-là. Ce n'est qu'en août 1959, après que la Cour suprême a mis hors la loi le programme de Faubus, que les écoles secondaires publiques ont été ré-ouvertes de façon intégrée. L'épreuve prolongée du Little Rock Nine n'a pas apporté de gains immédiats au mouvement des droits civiques. Le président Eisenhower n'a jamais approuvé l'appel de la Cour suprême pour la déségrégation scolaire. Dans un sondage réalisé à la fin de 1958, les Américains ont choisi le gouverneur Faubus comme l'un de leurs dix hommes les plus admirés.
 
Les Neuf de Little Rock, les difficiles débuts de la déségrégation scolaireEn 1960, seulement 6,4% des écoliers noirs du Sud (et 0,2% de ceux du Sud profond) suivaient des cours avec des Blancs. Pourtant, le Little Rock Nine a reçu une reconnaissance internationale pour son courage à rechercher la justice raciale. Ernest Green (1941-) fut le premier étudiant noir à obtenir son diplôme de Central High en mai 1958. Quel que soit le coût personnel, il savait à l'obtention de son diplôme qu'il avait remporté une grande victoire dans le mouvement pour les droits civiques.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures : John A. Kirk, Redefining the Color Line : Black Activism in Little Rock, Arkansas, 1940-1970 (New Perspectives on the History of the South), University Press of Florida, 2002, Daisy Bates, The Long Shadow of Little Rock : A Memoir, University of Arkansas Press, 2007, Little Rock Central High School Desegregation, U*X*L Encyclopedia of U.S. History, Cengage Learning, 2009, Thomas Snégaroff, Little Rock, 1957, Editions Tallandier, 2018, et  http://www.blackpast.org/aah/little-rock-crisis-1957.
Merci ! 
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#Posté le mercredi 07 mars 2018 09:29

L'assassinat de Martin Luther King : la fin d'un leader contesté des mouvements des droits civiques

Aujourd'hui, cela fait 50 ans que Martin Luther King est mort. Penseur, poète, disciple de Gandhi appliquant la philosophie de la non-violence dans sa lutte pour les droits civiques des Américains noirs, il a su franchir la «ligne des couleurs» pour s'attaquer à la question plus générale de la pauvreté. Pourtant, il était de plus en plus contesté en 1968 par des mouvements plus radicaux comme les Black Panthers créés en 1966 qui n'obtiennent que peu de résultats venant des marches non violentes.
 
L’assassinat de Martin Luther King : la fin d’un leader contesté des mouvements des droits civiques Martin Luther King veut organiser une marche des pauvres à Washington le 22 avril, et après le rassemblement de février, il visite des villes clés pour voir de première main le sort des pauvres, mais ce projet est interrompu le 28 mars 1968 par un déplacement à Memphis (Tennessee) afin de soutenir une grève des éboueurs de la ville. La manifestation en ville s'est rapidement transformée en émeute, lorsque des jeunes noirs frustrés ont commencé à casser des vitres, à piller et à brûler des magasins. Les représailles policières sont rapides et sanglantes. Martin Luther King promet alors de revenir diriger personnellement une autre manifestation afin de rétablir la non-violence dans ce conflit local.
 
L’assassinat de Martin Luther King : la fin d’un leader contesté des mouvements des droits civiques À Memphis, au Temple Mason, dans centre-ville, il s'adresse le 3 avril à un rassemblement et parle de menaces sur sa vie. Son vol pour Memphis a été retardé, pour alerte à la bombe. Il a exhorté ses partisans à continuer la lutte non-violente, peu importe ce qui lui arrive. Mais, il va plus loin, en prenant position non seulement pour les droits civiques, contre la guerre du Vietnam mais aussi sur le combat unifié, social contre cette société capitaliste. Il y prononce aussi un discours prophétique dans lequel il dit être au sommet de la montagne et ne pas avoir peur de la mort : «Certains ont commencé à faire des menaces, ou parler des menaces faites. Que pourront me faire nos frères blancs malades ? (...) J'ai atteint le sommet de la montagne. (...) Donc je suis content ce soir. Je ne m'inquiète de rien. Je n'ai peur d'aucun homme. Mes yeux ont vu la gloire de la venue du Seigneur.»

L’assassinat de Martin Luther King : la fin d’un leader contesté des mouvements des droits civiques Le 4 avril 1968, alors qu'il se tient au balcon du premier étage du Lorraine Motel où il séjourne avec ses partisans, King est tué par un tireur isolé d'une balle en plein visage. Il meut quelques heures plus tard. Un jour de deuil national est décrété et plus de 300 000 personnes assistent aux funérailles. Son assassinat déclenche des émeutes et des troubles dans 125 villes américaines. Le meurtre du pasteur King fit basculer la fronde de la communauté noire en une rébellion massive. Certains activistes prônèrent la manière forte et défièrent l'administration américaine. En définitive les émeutes raciales sont moins meurtrières que celles de l'été précédent.
 
L’assassinat de Martin Luther King : la fin d’un leader contesté des mouvements des droits civiques Le 10 mars 1969, l'assassin blanc inculpé, James Earl Ray, plaide coupable et est condamné à 99 ans de prison. Il reviendra sur ses aveux par la suite, clamant que ses avocats l'ont forcé à se confesser et qu'il est victime d'une conspiration. Mais très vite, se développe la rumeur d'un complot réunissant des représentants de la Mafia et des services secrets. Le 17 août 1978 Le Figaro révèle, que le condamné a protesté de son innocence la veille devant la commission des assassinats de la Chambre des représentants. Il a déclaré que «le meurtre était le résultat d'un complot ourdi entre le F.B.I. et la police de Memphis.» Le condamné ne cesse de clamer son innocence, jusqu'à sa mort en prison en 1998 et le plus jeune fils du révérend assassiné s'est dit convaincu de son innocence, après l'avoir visité en détention.
 
Pourtant rien ne lie pour l'instant, la CIA, le FBI, les services de l'armée ou le gouvernement à son assassinat. Auraient-ils laissé faire ? Il faut dire que Martin Luther King allait jusqu'à inciter les soldats de couleur à cesser de se battre au Vietnam. Au moment de son assassinat, Martin Luther King est un homme seul, complètement déprimé, épuisé, contesté, voire détesté, par d'autres mouvements noirs... Il est malade, il fume, il boit, sa vie privée est un échec et il vit dans un état de menace et d'angoisse permanente. Ce n'est plus l'humaniste qui défend les Noirs, mais quelqu'un de beaucoup plus radical qui met en cause de façon virulente, voire violente, la politique américaine au Vietnam et le sort réservé aux minorités.
 
L’assassinat de Martin Luther King : la fin d’un leader contesté des mouvements des droits civiques Pour un certain nombre de gens, King devait disparaître. Il représentait un danger énorme. Les dirigeants, au plus haut niveau, craignaient une jonction des Noirs avec la jeunesse blanche des universités qui luttait contre la conscription et la guerre du Vietnam. Il gênait tout simplement et n'importe qui aurait pu le tuer, car il ne désirait pas avoir de gardes du corps auprès de lui, au grand mécontentement du FBI qui le savait menacé.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures : King Jr., Martin Luther, Encyclopedia UXL of World of Biography, The Gale Group, Inc., 2003,  Martin Luther King Jr, Encyclopedia of World Biography, The Gale Group Inc., 2004 , King, Martin Luther Jr. 1929-1968, Contemporary Black Biography, Thomson Gale, 2005, Roger Martin, Le rêve brisé : L'assassinat de Martin Luther King, Editions De Borée, 2018, David L. LEWIS, « KING MARTIN LUTHER - (1929-1968) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 3 avril 2018. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/martin-luther-king/, https://www.laprovence.com/article/edition-vaucluse/4907214/la-version-officielle-de-cet-assassinat-ne-tient-pas-la-route.html, http://www.lefigaro.fr/histoire/archives/2018/04/03/26010-20180403ARTFIG00245-il-y-a-50-ans-martin-luther-king-etait-assassine.php, et https://www.rtbf.be/info/monde/detail_martin-luther-king-il-y-a-50-ans-la-fin-brutale-d-une-vie-d-exception?id=9883130.
 
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#Posté le mercredi 04 avril 2018 05:38

"Black Dolls" : fierté et beauté noires au c½ur d'une exposition à Paris

"Black Dolls" : fierté et beauté noires au c½ur d'une exposition à ParisLa Maison rouge à Paris a commencé le 23 février 2018 l'exposition des poupées "Black Dolls" venues des États-Unis, qui mettent au jour un pan méconnu et symboliquement très fort de l'histoire afro-américaine. L'exposition regroupe 200 poupées artisanales d'une beauté stupéfiante, créées entre 1840 et 1940. Cette exposition se terminera le 20 mai 2018.
 
Pendant près d'un siècle, entre 1840 et 1940, des hommes et une majorité de femmes Afro-Américaines, ont conçu et fabriqué des poupées pour leurs propres enfants, ou les enfants que celles-ci gardaient. Deborah Neff, une avocate de la Côte Est, a bâti en vingt-cinq ans la collection de ces poupées la plus ample et la plus rigoureuse qui ait jamais existé : elle a patiemment mis au jour ces 200 objets considérés jusque-là comme des artefacts domestiques indignes de mémoire, pour en constituer un ensemble dont la beauté, la richesse formelle, l'originalité – en un mot, la valeur artistique – s'imposent puissamment. S'y ajoute un fonds de 80 photographies d'époque, représentant des enfants posant avec leurs poupées entre la période de l'avant-Guerre de Sécession jusqu'au milieu du XXe siècle.
 
"Black Dolls" : fierté et beauté noires au c½ur d'une exposition à ParisEn effet, pendant l'esclavage, aboli en 1865, leurs dates de naissance ne sont pas conservées, l'état civil et l'accès à la propriété leur sont refusés et les familles souvent séparées. Avec cette exposition de La Maison rouge, ancienne usine du quartier de la Bastille à Paris qui fermera ses portes fin 2018, ces poupées franchissent pour la première fois l'Atlantique. Nuance des couleurs de peau, texture des cheveux, variété des vêtements, yeux, nez et bouche cousus main : ces poupées, "censées être des objets domestiques et ordinaires", font preuve d'une modernité, d'une diversité et d'un niveau de détails surprenants, explique à l'AFP Nora Philippe, réalisatrice, auteure et commissaire de l'exposition. Outre leur valeur historique, ces poupées ont aussi une dimension politique. "La norme aux États-Unis au 19e siècle et au début du 20e, c'est que les poupées sont blanches et représentent des projections idéales pour la fillette de ce qu'elle sera en tant qu'adulte", poursuit la commissaire.
 
"Black Dolls" : fierté et beauté noires au c½ur d'une exposition à ParisL'existence de ces poupées met en lumière la résistance des Afro-Américains de l'époque à des standards racistes, érigeant la blancheur en modèle, et la profondeur de leur réflexion sur la représentation des Noirs. Á travers ces personnages en tissu, les femmes et les enfants noirs se voient donc non seulement "représentés en tant que sujets", mais incités à aimer leur peau, leurs cheveux, leur négritude. Cette collection de poupées s'inscrit ainsi dans la longue lignée de la lutte pour l'émancipation des Afro-américains, des abolitionnistes du XIXe siècle au mouvement des droits civiques notamment. Ceux-ci soulignent l'importance pour les Noirs d'écrire leur propre histoire et la nécessité pour les États-Unis d'honorer la mémoire des victimes de l'esclavage.
 
"Black Dolls" : fierté et beauté noires au c½ur d'une exposition à ParisIci on troque donc les poupées de porcelaine aux cheveux blonds et au teint clair pour des poupées de chiffon, faites de cuir teinté, de broderies délicates et de tissu rembourré... Chacune incarne en elle-même un geste de résistance, combattant le cliché raciste. Certaines auront des airs bienveillants, sophistiqués, extrêmement doux. D'autres afficheront des traits maigres, terrifiés ou terrifiants. Certaines se parent d'atouts bourgeois ou d'yeux bleus, troublantes hybridations, projections de l'autre que l'on voudrait être. Car ces jouets sont loin d'être anodins, certains étant réalisés par les femmes noires pour leurs enfants, d'autres pour les enfants dont elles sont la nounou, et qui cherchent le réconfort dans l'image de cette maman de substitution, certains émettent même l'hypothèse d'une volonté de ces esclaves de s'immiscer dans l'intimité des enfants blancs en imposant un doudou à peau noire... Plus surprenantes encore, ce sont les "topsy-curvy", des poupées réversibles à deux têtes, une noire et une blanche, séparées par une jupe. Apparue dans les plantations esclavagistes, elle dérange à bien des égards : n'incarne-t-elle pas un monde binaire où les races ne peuvent que s'opposer ?
 
Finalement, ces petits personnages, masculins ou féminins, évoquent, au-delà de leur charme désuet, une tout autre histoire... Celle des relations sociales dans une Amérique marquée par la ségrégation, celle aussi de la construction du regard des Afro-Américains sur eux-mêmes.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures : https://www.arte.tv/fr/videos/081413-000-A/black-dolls-des-poupees-subversives/, https://www.expointhecity.com/2017/10/24/black-dolls-la-collection-de-deborah-neff/, http://www.expointhecity.com/2018/03/27/on-a-vu-lexposition-black-dolls-la-collection-de-deborah-neff-a-la-maison-rouge/, https://gap.inha.fr/fr/actualites/par-annee/archives-2018/france-exposition-black-dolls-la-collection-deborah-neff.html, https://la1ere.francetvinfo.fr/black-dolls-fierte-beaute-noires-au-coeur-exposition-paris-573233.html, et http://sortir.telerama.fr/evenements/expos/black-dolls-la-collection-de-deborah-neff,n5352046.php.
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#Posté le mercredi 09 mai 2018 03:58

Pocahontas : une princesse indienne victime d'une légende durable

Pocahontas : une princesse indienne victime d’une légende durableTant d'½uvres de la littérature et du cinéma se sont inspirées de Pocahontas qu'il est souvent difficile de dissocier les faits de leurs nombreuses réécritures.
 
En 1607, une centaine d'hommes débarquent en Virginie dans le but d'établir une colonie au nom de la couronne d'Angleterre. Parmi eux se trouve John Smith, un capitaine aux aventures picaresques. Il est capturé par les Powhatans au cours d'une expédition de reconnaissance, et sauvé in extremis de la mort par Pocahontas (née en 1595), la fille du chef, dans un récit sans doute inventé, qui au cours des premiers mois d'existence de la colonie, se rendit à Jamestown, et devint rapidement une intermédiaire importante entre les colons et Powhatan. Celle-ci devient l'ange gardien de la colonie de Jamestown. Ses vrais noms étaient Matoaka et Amonute, Pocahontas étant un surnom d'enfance se rapportant à sa nature espiègle (dans la langue de Powhatan cela signifie «petite dévergondée»).
 
Pocahontas : une princesse indienne victime d’une légende durablePocahontas rend de fréquentes visites à la colonie et se lie d'amitié avec John Smith. Très appréciée pour son caractère enjoué, elle révèle un intérêt pour la langue anglaise qui s'avéra bien utile aux colons. Elle leur apporte parfois de la nourriture que son père offre pour soulager leur sort difficile. Cependant, il est quasi-certain qu'en 1608, à treize ans, Pocahontas ait averti des colons invités par son père qu'ils étaient tombés dans un piège et leur ait ainsi sauvé la vie. En 1609, John Smith, blessé, rentre en Angleterre. Tous les Powhatan le croient mort, mais rien n'indique qu'il ait été l'amant de Pocahontas, par contre, elle aurait été à partir de 1610 l'épouse de Kocoum, a.k.a. «Feu-Monsieur-pattes-d'ours-sur-le-torse». Elle aurait emménagé dans le village de Potowomac. Les noces auront été de courte durée.
 
Pocahontas : une princesse indienne victime d’une légende durableEn dépit de la trêve, des hostilités se poursuivirent cependant par intermittence, et lorsque Sir Thomas Dale fut nommé gouverneur de la colonie, en 1611, il entama une politique agressive. Powhatan fut obligé de se replier davantage à l'intérieur des terres. En 1613, le capitaine Samuel Argall captura Pocahontas par ruse. Kocoum est assassiné et leur fils abandonné à des membres de la famille. Une fois entre les mains des autorités de Jamestown, elle devint un pion dans les discussions entre Anglais et Indiens.
 
On la force à adopter la langue, les vêtements, les manières et la religion des colons. Baptisée, son nom a été changée en Rebecca, et mariée à John Rolf en 1614, un ambitieux planteur de tabac, ce qui était la condition de sa libération, elle donne naissance à un fils, qui reçut le prénom de Thomas en 1615, et elle est ensuite emmenée en Angleterre en 1616 et présentée à la cour comme un trophée. La visite de Pocahontas à Londres a été organisée par la Virginia Company, qui a établi la colonie de Jamestown, non seulement comme un geste d'appréciation pour la jeune princesse, mais aussi comme un moyen de stimuler l'intérêt pour la colonisation du Nouveau Monde.
 
Pocahontas : une princesse indienne victime d’une légende durableMalgré elle, et en dépit de ses protestations, elle devient à la fois le symbole d'une prétendue amitié entre les colons et les indigènes, et celui des «bienfaits de la colonisation». Elle apprend que John Smith est vivant, et il la recommande chaudement à la reine Anne; elle rencontrera également le roi Jacques Ier. Après quelques mois passés à Brentford, la petite troupe repart pour l'Amérique en 1617, mais Pocahontas/Rebecca a contracté une maladie pulmonaire et meurt peu de temps après son retour en Virginie. C'était le dernier acte de dévouement de Pocahontas aux colons. Elle ne devait plus jamais revoir sa patrie. Elle fut enterrée dans le ch½ur de l'église Saint George.
 
Mais la rencontre initiale entre l'Indienne et Smith pose les jalons d'une légende romantique qui se transforme rapidement en un mythe fondateur de la nation américaine. Dès lors, Pocahontas est une source d'inspiration qui semble intarissable. Au fil des siècles, elle entre dans la littérature et le théâtre, apparaît comme icône en peinture, génitrice spirituelle, ancêtre précieuse, héroïne pour enfants, et enfin victime silencieuse, selon certains auteurs qui tentent de la réhabiliter en la libérant d'un mythe biaisé.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures : Grace Steele Woodward, Pocahontas, University of Oklahoma Press, 1969, David Garnett, Pocahontas, la princesse indienne, Les Editions du Rocher, 1995, Audrey Bonnet, Pocahontas, princesse des deux mondes : Histoire, mythe et représentations, Les Perséides, 2006, http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Pocahontas/180387, http://www.madmoizelle.com/vraie-histoire-pocahontas-mulan-anastasia-106353, et David A. PRICE, «POCAHONTAS (1596 env.-1617)», Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 15 juillet 2018. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/pocahontas/.
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#Posté le mardi 17 juillet 2018 07:44

Modifié le mardi 17 juillet 2018 07:59

Black Klansman, ou comment un policier afro-américain a infiltré le Ku Klux Klan

Black Klansman, ou comment un policier afro-américain a infiltré le Ku Klux KlanEn 2006, l'Amérique découvre "Black Klansman", un livre bourré d'humour racontant l'incroyable infiltration d'un inspecteur noir au sein du Ku Klux Klan, célèbre groupe raciste radical prônant une "supériorité des blancs". Cette aventure folle est racontée par celui qui l'a menée : Ron Stallworth, un policier fraîchement retraité. Il aura attendu près de trente ans pour écrire sept mois d'une expérience hors du commun.
 
Lorsque le détective Ron Stallworth, le premier détective noir de l'histoire du département de police de Colorado Springs en 1972 affecté au département des renseignements, non sans subir au préalable un entretien des plus hostiles, est tombé dans le journal local sur une demande pour tous ceux qui souhaitent rejoindre le Ku Klux Klan de contacter le P.O. Box, le détective Stallworth fait son travail et répond avec intérêt, en utilisant son vrai nom tout en se faisant passer pour un homme blanc. Il se dit qu'il recevra quelques brochures par la poste, peut-être même un magazine, et en apprendra davantage sur la menace terroriste grandissante pour sa communauté.
 
Quelques semaines plus tard, le téléphone du bureau sonne et l'appelant demande à Ron de répondre à une question à laquelle il pensait ne jamais devoir répondre : «Aimeriez-vous rejoindre notre cause ?» L'un des responsables du Ku Klux Klan qui lui demande d'exposer ses motivations. Il fait croire qu'il déteste les noirs, les juifs, les mexicains et les asiatiques. Il ajoute que les blancs étaient trop injustement traités dans ce pays, que sa s½ur avait fréquenté un noir et qu'il était dégoûté de savoir que ses mains avaient touché son corps. C'est en 1978, et le KKK est en hausse aux États-Unis. Son Grand Sorcier, David Duke, s'est fait un nom, apparaissant dans des talk-shows, et des interviews de grands magazines prêchant pour le Klan qu'il ne veut rien de plus que préserver le patrimoine et restaurer une nation dans sa gloire passée.
 
Black Klansman, ou comment un policier afro-américain a infiltré le Ku Klux KlanRon répond à la question de l'appelant ce soir-là par un oui, lançant ce qui est sûrement l'une des enquêtes secrètes les plus audacieuses et incroyables de l'histoire. Ron recrute son partenaire Chuck pour jouer le Ron Stallworth "blanc" qui assiste tout le long aux réunions, tandis que Stallworth lui-même conduit toutes les conversations téléphoniques ultérieures. Grâce à cette couverture, il va intégrer de hauts grades du KKK et ainsi empêcher diverses opérations élaborées par l'organisation raciste. Attentats dans des bars gays ou vol d'armes militaires... Les membres de l'organisation ne cachent rien à Ron Stallworth de leurs desseins.
 
Au cours de cette enquête qui a duré sept mois, Stallworth parvient à déjouer des opérations planifiées par les suprémacistes, les empêchant à trois reprises de brûler des croix en augmentant la sécurité dans les lieux visés, expose les suprématistes blancs dans l'armée en informant le Pentagone de cette menace pour la sécurité nationale et se lie même d'amitié avec David Duke lui-même... Jugeant que cette mascarade va trop loin, son chef le contraint de mettre fin à sa double vie quand il est élu à l'unanimité organisateur local de l'association. Hasard ou coïncidence, le jour même de son retrait une croix est brûlée devant la discothèque où Stokely Carmichael, membre des Black Panthers, avait livré un discours quelques années auparavant.
 
Black Klansman, ou comment un policier afro-américain a infiltré le Ku Klux KlanIl faudra 27 ans pour que Ron Stallworth fasse son coming-out devant les médias, ce qui lui vaudra d'être visé par de nombreuses menaces de mort. Qu'importe, l'ancien détective est fier qu'aucun «enfant ne se soit réveillé devant une croix enflammée» et, pour mieux provoquer ses détracteurs, montre à qui veut l'entendre sa carte de membre modèle du Ku Klux Klan. Nul doute que le film de Spike Lee saura lui rendre honneur et, près de neuf mois après les événements de Charlottesville, accomplir un travail indispensable de mémoire.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures : Ron Stallworth, Black Klansman : Race, Hate, and the Undercover Investigation of a Lifetime, Flatiron Books, 2018, https://www.huffingtonpost.fr/2018/05/13/cannes-2018-lhistoire-vraie-de-ron-stallworth-heros-de-blackkklansman-le-dernier-spike-lee_a_23426409/, et https://www.vanityfair.fr/culture/ecrans/story/la-veritable-histoire-de-ron-stallworth-le-blackkklansman-de-spike-lee/1977#sept-mois-denquete-perilleuse-2.
 
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#Posté le mercredi 01 août 2018 04:02

Le 11 septembre 2001 : 102 minutes qui ont changé le monde

Le 11 septembre n'est pas un accident de l'histoire, il découle d'un enchaînement de circonstances, d'erreurs stratégiques, de décisions erronées, d'incompétences, de pesanteurs bureaucratiques...
 
Le 11 septembre 2001 : 102 minutes qui ont changé le mondeLes organisations terroristes ont considérablement évolué depuis la chute du communisme en 1991. Elles se sont émancipées de la tutelle des puissances engagées dans la "guerre froide" lors de l'invasion de l'Afghanistan par les troupes de Moscou en 1979 et ont acquis une autonomie stratégique et financière qui les rend plus insaisissables. Un visage se dégage durant cette période, Oussama Ben Laden,  qui fonda «la Base» (Al-Qaida), en août 1988 dans la banlieue de la ville pakistanaise de Peshawar, et qui après la déroute russe, en 1989, il rentre en héros en Arabie Saoudite, où il  multiplie les conférences, dans les mosquées et les écoles, sur les succès du  djihad. Après l'attaque du Koweït par l'armée irakienne, il propose au roi Fahd de bouter l'envahisseur hors de la péninsule avec l'aide de sa «légion islamique»  d'anciens de l'Afghanistan. Le souverain saoudien refuse. En 1992, il s'installe au Soudan, où il finance des camps  d'entraînement terroristes. Sa nationalité saoudienne lui est retirée en 1994, après la publication de «fatwas» dénonçant les Etats-Unis et la famille royale saoudienne.
 
Le 11 septembre 2001 : 102 minutes qui ont changé le mondeUn attentat avait déjà eu lieu en 1993 au niveau des tours jumelles  avec une voiture piégée, et en 1995, son auteur Ramzi Yousef est jugé et mis en prison. Pourtant, cela n'a pas mis en défaut Al-Qaïda. La CIA et le FBI informés dès 1995, n'ont rien fait alors qu'ils avaient connaissance des grandes lignes de l'opération et même des noms de certains des pilotes. En 1996, le Soudan, soumis à des pressions internationales, demande à Ben Laden de partir. Il refait surface avec hommes, armes et bagages en Afghanistan, d'où il lance de nouveaux appels anti-américains, de plus en plus radicaux, juste avant  la prise du pouvoir à Kaboul par les talibans. Ben Laden y met en place des camps d'entraînement terroristes qui attirent  des milliers d'hommes venus du monde musulman et planifie une série d'attaques meurtrières qui l'élèvent au rang d'ennemi public numéro 1 aux États-Unis.
 
Le 11 septembre 2001 : 102 minutes qui ont changé le mondeEt pourtant, dès 1998 des hommes et des femmes, agents des services de renseignement ou diplomates, avaient risqué leurs carrières, leur tranquillité, leurs vies pour alerter leurs supérieurs sur l'imminence d'un complot de grande envergure contre des villes américaines, allant même parfois jusqu'à donner les noms des terroristes présumés, dont Mohamed Atta et Zacarias Moussaoui. Ces agents ont tous été immédiatement licenciés, poursuivis et mis à l'écart. Les attentats d'Al-Qaïda les plus spectaculaires, avant ceux du 11 septembre 2001, ont  lieu en août 1998, lorsque des véhicules piégés frappent simultanément les  ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya (224 morts). Pendant ce temps, Al-Qaïda prépare plus grande infiltration terroriste jamais vue aux États-Unis et un nouvel attentat. 19 terroristes presque tous recherchés ont pu pénétrer sur leur territoire. Á 12 reprises, les administrations ont manqué d'être alertées par leurs agissements. Dans ce qui sera baptisé "le mémo de Phoenix", un agent du FBI Kenneth Williams indique clairement le 10 juillet 2001 qu'un grand nombre de Saoudiens prennent des cours de pilotage en Arizona. Son rapport est classé sans suites. Venus de Malaisie, d'Allemagne et de France, parfaitement intégrés et instruits, les terroristes poursuivent leurs préparatifs sans être inquiétés par les services chargés de la sécurité du territoire.
 
Le 11 septembre 2001 : 102 minutes qui ont changé le mondeÁ New York, le 11 septembre 2001, à 8 heures 48, détourné par des terroristes, le vol American Airlines 11 reliant Boston à Los Angeles percute la tour Nord du World Trade Center, précédant de peu un deuxième avion qui détruit la tour Sud puis un troisième qui vient s'encastrer à l'intérieur du plus secret des bâtiments de Washington : le Pentagone. Un quatrième Boeing kamikaze se dirige alors vers le Capitole. Il sera stoppé par la bravoure de passagers qui vont s'opposer au commando terroriste. L'avion s'écrase dans un champ de maïs. Le bilan humain de ces attentats est terrifiant, 2977 morts et des milliers de blessés. Mais la condamnation générale de ces attentats dans le monde musulman et l'effondrement rapide du régime taliban représentent un désastre pour Al-Qaïda, qui perd près de la moitié de son millier de membres et se replie vers le Pakistan voisin.
 
Le 11 septembre 2001 : 102 minutes qui ont changé le mondeAprès les attentats du 11 septembre 2001, une commission américaine a aussi enquêté sur "les faits et les circonstances liés aux attaques terroristes". Après dix-neuf mois de travail, elle a remis son rapport final le 22 juillet 2004. Deux millions et demi de documents pour la plupart classés " secret-défense " ont été consultés. Dans dix pays, mille deux cents personnes, dont les présidents Clinton, Bush et tous les responsables de l'administration américaine, ont été interrogées. Ces investigations ont conclu que c'est l'organisation terroriste Al-Qaïda qui a organisé ces attaques (qu'elle a revendiquées), sous le patronage d'Oussama ben Laden. Il souligne la vulnérabilité des États-Unis, la faiblesse de la protection des frontières et les failles du Renseignement. Enfin, il propose une réforme du système de sécurité américain et des relations des États-Unis avec le monde arabe.
 
Le 11 septembre 2001 : 102 minutes qui ont changé le mondeTrès vite après le 11 septembre, les Américains désignent un "axe du Mal" et décident de répliquer, sans passer par les instances internationales, en frappant vite et fort. Hélas, les leçons amères de leur intervention en Afghanistan et celles de l'après-guerre en Irak sont claires : aucun pays, quelle que soit sa puissance réelle ou supposée, ne peut répondre seul aux défis lancés à l'ensemble des démocraties et cela ne peut aboutir qu'à un échec. C'est l'invasion américaine de l'Irak, en mars 2003, qui, en ouvrant à Al-Qaida les portes du Moyen-Orient, lui permet de trouver un second souffle, avec la formation d'Al-Qaida pour la péninsule arabique (A.Q.P.A.), d'Al-Qaida en Irak (A.Q.I.), puis d'Al-Qaida au Maghreb islamique (A.Q.M.I.). Les soulèvements populaires, à la fois démocratiques et non violents, qui agitent le monde arabe à partir de l'hiver 2010-2011 constituent un désaveu cinglant pour la propagande d'Al-Qaïda. Et la disparition de Ben Laden, le 2 mai 2011, prive le djihad global de l'icône médiatique qui lui préservait un semblant de cohérence. En revanche, Daech, l'acronyme arabe de l'État islamique en Irak et au Levant, qui a absorbé la branche irakienne d'Al-Qaida, remporte des succès importants à partir de 2013, jusqu'à contrôler un an plus tard un territoire d'une superficie équivalente à celle de la Jordanie. Le «califat» proclamé par le chef de Daech vaut désaveu posthume de Ben Laden et de son héritage.
 
Cela montre que les perspectives de la domination unilatérale des États-Unis sont au contraire alarmantes et ne peuvent que favoriser le terrorisme, alors qu'une réponse internationale serait nécessaire. La manière dont cette hyperpuissance mène le combat contre "la terreur" en est un bel exemple puisque l'ONG Amnesty International a recensé et dénoncé des centaines de cas de torture et d'autres graves violations des droits humains (le Patriot Act, camp de Guantanamo, extraordinary renditions, sites noirs de la CIA, etc.) commis dans le cadre de cette nouvelle politique.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures : Romain Clergeat, La guerre, 11 septembre 2001: enquête sur un assassinat contre l'humanité, Filipacchi, 2001, Evgueni Primakov, Le monde après le 11 septembre et la guerre en Irak, Presses de la Renaissance, 2003, 11 Septembre, Rapport final de la Commission nationale sur les attaques terroristes contre les États-Unis, Éditions des Équateurs, septembre 2004, Loïck Berrou, 11 septembre 2001, Alban, 2005, François Bringer, Ils avaient donné l'alerte (Enquête & Histoire), Editions du Toucan, 2011, Fabrizio Calvi, 11 septembre, la contre-enquête, Fayard, 2011, Quentin Convard, Les attentats du 11 septembre 2001, le traumatisme de toute une nation : Le jour où tout a changé, 50 minutes, 2014, https://www.franceculture.fr/geopolitique/y-a-t-il-un-complot-derriere-le-11-septembre, http://www.rfi.fr/moyen-orient/20110502-ben-laden-vie-mort-terroriste-le-plus-recherche-monde, et Jean-Pierre FILIU, «AL-QAIDA», Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 11 septembre 2018. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/al-qaida/.
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Tags : Histoire des États-Unis
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#Posté le mardi 11 septembre 2018 05:21

Spotlight, ou la révélation du scandale de la pédophilie cléricale à Boston

Spotlight, ou la révélation du scandale de la pédophilie cléricale à BostonLe film Spotlight s'inspire de faits réels plus particulièrement des scandales pédophiles couverts par l'institution ecclésiastique, et devrait être vu pour comprendre que c'est la dénonciation qui sauvera l'Église, et pas l'omerta. Tout commence quand en juillet 2001 Marty Baron, jeune rédacteur en chef du Boston Globe - un type qui "n'a pas fait l'école du rire" selon ses adjoints - va pousser quatre de ses journalistes d'investigation de l'équipe de «Spotlight» (Walter Robinson, Matt Carroll, Michael Rezendes, et Sacha Pfeiffer), à enquêter en toute discrétion pour ne pas éveiller les soupçons de l'Église, sur une suspicion d'abus sexuels commis par un ancien prêtre John Geoghan. La machine est enclenchée, l'affaire va éclabousser cette institution, l'une des plus respectées au monde.
 
Spotlight, ou la révélation du scandale de la pédophilie cléricale à BostonL'équipe va enquêter durant un an, sans publier une ligne (un luxe extraordinaire que bien peu de journaux peuvent s'offrir), et mettre à jour un gigantesque scandale : des dizaines et des dizaines d'affaires étouffées par la hiérarchie catholique. Patiemment, les fins limiers du Boston Globe rencontrent des prédateurs, leurs avocats et surtout leurs victimes, toutes issues de milieux très modestes, incapables de se défendre. Ils découvrent les méthodes employées par l'Église. Témoignages après témoignages, les journalistes du Boston Globe, regroupés au sein de la cellule d'investigation "Spotlight", découvrent que plus de 130 enfants, dont l'un d'eux était âgé de seulement 4 ans, auraient été violés par cet homme d'église. Des crimes commis pendant près de trois décennies. Pis, le diocèse du père Geoghan, et sa hiérarchie en générale à Boston, aurait caché pendant des années ces abus sexuels. L'équipe à travers le père Geoghan va alors enquêter sur 12 à 13 prêtres, qui étaient déplacés très souvent comme le montraient les registres de l'Église. En moyenne, un prêtre passait sept à huit ans dans une paroisse avant d'être envoyé ailleurs. Mais ces prêtres-là étaient envoyés dans une nouvelle paroisse tous les 2 ou 3 ans. Ce qui était suspect, étant donné que l'Église souffrait d'un manque chronique de prêtres. Elle découvre également que ces 12 ou 13 prêtres, c'est qu'ils étaient fréquemment mis au placard. Au lieu d'être remis au travail, ils étaient inscrits comme étant en congé maladie – parfois pour un ou deux ans – ou «en attente d'affectation», ou encore «assignés à l'administration du clergé». L'équipe décide d'utiliser ces registres pour trouver combien de prêtres entraient dans ces catégories. L'équipe a ainsi construit une base de données de 87 prêtres. Certains étaient logés chez des particuliers, d'autres séjournaient dans leur famille... Mais beaucoup étaient hébergés dans une grande demeure de vingt-cinq pièces, dans la banlieue de Boston, offerte à l'Église par l'une de ses riches ouailles. Dans les années 1970, elle avait été utilisée comme un centre de désintoxication pour les prêtres ayant un problème d'alcool. Dans les années 1980, c'était devenu un centre de réhabilitation pour les prêtres pédophiles... Ces prédateurs sexuels, qui ont violé des enfants en toute impunité pendant des décennies, ciblaient des familles issues de milieux défavorisés, en particulier celles où le père était absent du foyer. Pour ne pas ébruiter ces affaires, l'évêque du coin payait un groupe d'avocats pour négocier une somme d'argent avec la famille des victimes et acheter leur silence au cours de médiations privées.
 
Spotlight, ou la révélation du scandale de la pédophilie cléricale à BostonPour arriver à ce résultat, l'unité Spotlight s'est acharnée. "L'Église est protégée par le Ier amendement et n'a pas à dévoiler ce document, rappelle aujourd'hui sur BFMTV Walter Robinson, l'un des journalistes du Boston Globe. C'était difficile pour nous d'avoir des informations. L'Église ne voulait même pas connaître nos questions." Car à Boston, comme dans la plupart des villes américaines, on ne touche pas impunément à la religion. De partout, les pressions s'exercent. Discrètes, jamais violentes, mais lourdes de sous-entendus menaçants. Le Boston Globe, et c'est tout à l'honneur de la presse, ne faiblira pas dans son combat et finira par sortir son scoop. Et l'équipe de Spotlight a été aussi aidée par un cabinet d'avocats, Roderick Mac Leish Jr, et une association de victimes, SNAP (littéralement «réseau de survivants abusés par des prêtres») qui sont vraiment à l'origine de la chute du cardinal Law, certes largement soutenus par la presse et le Boston Globe en particulier. À la suite d'une longue bataille juridique, ce cabinet avait obtenu de la justice américaine, mi-2001, le droit d'accéder aux archives de l'archidiocèse de Boston. C'est là que les avocats ont trouvé les preuves, à savoir des lettres signées par le cardinal Law et adressées à des paroisses où le prélat avait successivement muté ces prêtres, sans jamais mentionner le problème de pédophilie alors qu'il savait qu'ils étaient pédophiles par des plaintes internes, également retrouvées dans les archives. Les courriers épiscopaux de mutation louaient plutôt les qualités pastorales des prêtres...
 
Spotlight, ou la révélation du scandale de la pédophilie cléricale à BostonDans la nuit du 5 au 6 janvier 2002, les rotatives du Boston Globe tournent à plein régime. Le quotidien de la plus grand ville du Massachusetts s'apprête à dégainer le premier scoop d'une longue série – 250 articles au total – qui, au fil des mois, va lever le voile sur le plus grand scandale de pédophilie des États-Unis. Les premières révélations du quotidien vont pourtant offrir l'opportunité à des milliers de victimes de témoigner. L'envergure du scandale provoque une onde de choc mondiale au sein de l'opinion publique. En tout, 249 religieux sont accusés d'abus sexuels dans l'archidiocèse de Boston. On reproche au cardinal Bernard Law, archevêque de la ville, d'avoir trop longtemps fermé les yeux. Le scandale en 2002, éclabousse aussi le Vatican. Le cardinal Law a démissionné en décembre, soit onze mois plus tard, après s'être retranché dans son évêché et résisté pendant sept mois aux demandes de démission, et cela malgré une lettre signée par 55 prêtres lui demandant de partir. Les révélations ont continué d'arriver et, dans les documents, il y avait des preuves indéniables que le cardinal et ses subordonnés savaient ce qui se passait et néanmoins déplaçaient ces prêtres d'une paroisse à une autre. C'étaient des documents extrêmement compromettants. Avant cela une lettre signée par 55 prêtres demanda au cardinal qu'il parte. Mais le cardinal Law fervent défenseur de la cause pro-life, très investi dans l'½cuménisme et les relations avec les juifs, avait en effet participé activement à la commission de cardinaux mise en place – sur sa proposition – par le pape Jean-Paul II pour travailler à l'élaboration du Catéchisme de l'Église catholique promulgué en 1992. Un rôle clé qui lui vaudra la protection de Jean-Paul II, même après la révélation du scandale. Deux ans plus tard, le pape le nomme archiprêtre de Sainte-Marie-Majeure, l'une des quatre basiliques majeures de Rome. Il occupera cette charge jusqu'en 2011... Échappant ainsi à toute comparution devant la justice.
 
Spotlight, ou la révélation du scandale de la pédophilie cléricale à BostonPour tenter de se racheter une conduite, en juin, l'Église catholique américaine publie une Charte pour la protection des enfants et des jeunes qui prévoit notamment une suspension systématique de ses membres en cas d'accusation de pédophilie et la saisie automatique de la justice civile, par exemple. L'affaire dépasse toutefois les océans. Une réunion d'urgence est d'ailleurs organisée en avril 2002 par la papauté où sont convoqués 12 cardinaux américains. "Comme vous, je suis profondément peiné du fait que des prêtres et des religieux, dont la vocation est d'aider les gens à vivre saintement devant Dieu, aient causé souffrance et scandales à des jeunes", déclarait à l'époque Jean-Paul II. Mais l'ampleur du scandale ne se limite pas à Boston. En 2004, une étude indépendante du John Jay College of Criminal Justice of New York recense 4400 prêtres accusés d'abus sexuels entre 1950 et 2002, sur 100 000 en fonction aux États-Unis pendant cette période. Soit 4% de l'ensemble des 110 000 prêtres en fonction pendant cette période, mais ça pourrait bien être plus que ça. À Boston, près de 11 % des prêtres ont commis des agressions sexuelles sur des enfants, ce qui fait plus d'un prêtre sur 10, sur une période de cinquante ans. Le nombre de victimes mineures est évalué à 11 000, 67% ayant entre 11 et 17 ans. Les victimes des abus sexuels recevront des indemnités pour un total de 2 milliards de dollars. Seul mérite de ce scandale sans précédent : améliorer la lutte contre la pédophilie de l'Eglise. En 2011, le Vatican a ainsi demandé à toutes les conférences épiscopales de collaborer avec les justices civiles et d'élaborer des normes contre les prêtres coupables ou soupçonnés; en 2013, le Saint-Siège a durci sa législation pénale, mettant fin à l'impunité de ses prélats; en 2014, une commission pontificale pour la protection des mineurs, constituée de 17 experts dont d'anciennes victimes, a été créée.
 
Spotlight, ou la révélation du scandale de la pédophilie cléricale à BostonSi ce scoop vaut au journal le prix Pulitzer en 2003, le sujet reste encore d'une douloureuse actualité aujourd'hui, comme le prouve la publication du rapport d'un grand jury de Pennsylvanie, le 15 août dernier, révélant le nom de 300 prêtres auteurs de viols ou d'agressions sexuelles sur des centaines de mineurs. Si les faits sont pour la plupart proscrits, ils ont été condamnés "avec force" par le pape François quelques jours plus tard. Enfin, le film Spotlight consacré à l'enquête des journalistes du Boston Globe sur les abus sexuels dans l'église catholique a été sacré meilleur film aux oscars, au détriment du favori The Revenant en 2016. Une récompense méritée qui permet de lancer un message au pape François. "Ce film a donné voix aux survivants. Et l'Oscar amplifie cette voix, en espérant qu'elle devienne une chorale qui résonnera jusqu'au Vatican", a déclaré dimanche le co-producteur Michael Sugar, en s'adressant au pape François : "Il est temps de protéger les enfants et de rétablir la foi".
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures : https://www.bfmtv.com/international/ispotlighti-le-scandale-de-la-pedophilie-dans-l-eglise-americaine-946649.html, https://culturebox.francetvinfo.fr/cinema/sorties/spotlight-la-grande-lecon-de-journalisme-du-boston-globe-233921, https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/Pape/Mort-cardinal-Law-larcheveque-Spotlight-2017-12-20-1200900932, https://www.lci.fr/international/spotlight-retour-sur-laffaire-de-pedophilie-qui-a-fait-vaciller-leglise-1502514.html, http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2017/12/20/01016-20171220ARTFIG00168-scandale-pedophile-de-boston-mort-du-cardinal-qui-avait-couvert-des-pretres.php, https://www.mediapart.fr/journal/france/100616/walter-robinson-spotlight-leglise-catholique-doit-enfin-rendre-des-comptes, et https://www.programme-tv.net/news/cinema/214544-spotlight-france-3-derriere-le-film-une-terrible-histoire-vraie/.
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Tags : Histoire des États-Unis, Histoire du christianisme
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