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Le roi Arthur, la réalité derrière le mythe

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Amos Oz, un intellectuel militant de la paix

Je vais rendre hommage aujourd'hui à Amos Oz, un célèbre écrivain israélien, ardent défenseur de la paix, mort le 28 décembre 2018 à l'âge de 79 ans.
 
Amos Oz, un intellectuel militant de la paixAmos Oz, de son vrai nom Amos Klausner, a vu le jour à Jérusalem le 4 mai 1939 dans une famille d'origine russe et polonaise ayant fuit l'antisémitisme en Lituanie. Séduit par la gauche israélienne, il adopte le nom d'Oz au Kibboutz de Houlda à l'âge de 15 ans qui signifie «force» en hébreu. C'est là qu'il commencera à écrire et qu'il vivra pendant près de 30 ans en famille publiant avec une grande régularité des romans qui sondent les relations humaines, le couple, l'amitié. Mais aussi les liens de voisinage dans des lieux comme Jérusalem ou le Kibboutz. Il cherchait ainsi à envisager l'humanité dans son ensemble. Il publie en 1966 son premier roman, Les Terres du chacal, puis enchaîne articles, essais et romans.
 
Amos Oz, un intellectuel militant de la paixSalué à ses débuts comme le "Camus israélien", l'écrivain était aussi un fervent militant de la paix avec les Palestiniens. Après avoir pris part à la guerre des Six jours en juin 1967, Amos Oz milite dans le mouvement contre l'annexion des Territoires palestiniens, il avait aussi fondé le mouvement «La paix maintenant», qui fit défiler des Israéliens par centaines de milliers, en 1978, dans la foulée des accords israélo-égyptiens de Camp David, qui conduiront à la signature d'un traité de paix.  À la fin des années 1980, Amos Oz et sa famille quittent Hulda, où il a enseigné pendant plus de 25 ans, pour s'installer dans le désert du Néguev (sud). Dans les années 1990, il quitte le parti travailliste pour rejoindre le Meretz, plus à gauche, dont la priorité est la paix avec les Palestiniens.
 
Amos Oz, un intellectuel militant de la paixIl avait dénoncé ces dernières années la politique du Premier ministre Benjamin Netanyahu, protestant contre ce qu'il a qualifié d'"extrémisme croissant" du gouvernement. Très critique envers les dirigeants de son pays, il se passionnait également pour la psychologie des fanatiques, juifs ultra-orthodoxes ou partisans du djihad : «Ces gens - aussi bien les croisés antijihad que les croisés du jihad - m'effraient et me fascinent. Beaucoup de mes personnages sont des fanatiques. J'essaie de les comprendre. Je crois qu'ils portent en eux deux tares essentielles. D'abord il leur manque le sens de l'humour. Ensuite ils sont dépourvus de toute vie privée. Le fanatique s'intéresse à l'autre, à la vie publique. Mais jamais à lui. Il est dépourvu de Moi intime. Il aspire à n'être qu'une molécule du grand tout. Au fond, il est toujours plus intéressé par vous que par lui. Et s'il vous tue, c'est pour votre bien.»
 
En 2014, il avait créé la polémique en qualifiant de "néo-nazis hébreux" les extrémistes juifs responsables de violences contre des musulmans et des chrétiens. "La paix n'est pas seulement possible, elle est inévitable, parce que nous n'avons nulle part ailleurs où aller et les Palestiniens non plus", proclamait-il en septembre 2016 lors de l'éloge funèbre de son ami Shimon Peres, prix Nobel de la paix. Il ne fréquentait plus Jérusalem, «devenue un aimant pour tous les excités de la planète. Chacun, là-bas, passe son temps à entendre des voix» expliquait-il un journaliste, lors d'une rencontre chez lui, en 2003.
 
Amos Oz, un intellectuel militant de la paixEn 2003, il avait publié «Une histoire d'amour et de ténèbres», son roman le plus autobiographique qui revenait sur le suicide de sa mère alors qu'il était âgé de 12 ans. Adepte de la forme brève de la nouvelle, Amos Oz militait pour une approche simple de la littérature, ce qu'il appelait un bonheur tranquille. Parmi ses livres figurent "la Boîte noire", qui a obtenu en 1988 le Fémina étranger en France, ou encore "Seule la mer" (2002). Lauréat du prestigieux prix Goethe 2005 en Allemagne, il avait aussi reçu le prix d'Israël de littérature en 1998, le prix Méditerranée (étranger) en 2010 et le prix Franz Kafka en 2013. En 2016, il avait publié Judas. Le romancier y livrait une réflexion vibrante sur la trahison en puisant dans la théologie et l'histoire d'Israël, où il explore la figure du traître, qualificatif dont Amos Oz a été affublé pour ses positions politiques. Marié et père de trois enfants, Amos Oz était très apprécié par les Israéliens de tous bords, notamment pour son humour.
 
Amos Oz s'est donc éteint le vendredi 28 décembre à l'âge de 79 ans. Sa fille, Fania Oz-Salzberger, a annoncé la mort de son père sur Twitter le vendredi 28 décembre. L'écrivain est décédé à la suite d'un cancer, a déclaré Fania Oz-Salzberger, remerciant "ceux qui l'ont aimé". Vient de paraître un nouveau volume d'essais "chers fanatiques" dans lequel il y déployait son sens intense de l'analyse et de l'humanité pour comprendre et apprendre à repousser le petit fanatique présent en chacun.
 
Je vous mets ces lectures qui m'ont beaucoup aidé à faire cet article : https://www.bfmtv.com/culture/l-auteur-israelien-amos-oz-est-mort-1599597.html, https://culturebox.francetvinfo.fr/livres/amos-oz-l-ecrivain-israelien-militant-pour-la-paix-est-mort-a-l-age-de-79-ans-283799, https://www.la-croix.com/Culture/Amos-Oz-ecrivain-israelien-militant-paix-2018-12-28-1300992159, http://www.rfi.fr/moyen-orient/20181228-israel-amos-oz-deces-ecrivain-journaliste, https://www.sudouest.fr/2019/01/03/dossier-amos-oz-5702960-6103.php, et https://www.telerama.fr/livre/le-grand-ecrivain-israelien-amos-oz-est-mort,n6069235.php.
 
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Tags : Littérature, Histoire
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#Posté le vendredi 04 janvier 2019 05:26

L'œuvre de Tolkien : la Terre du Milieu, une saga littéraire (partie 1)

Dès ses premières œuvres, le romancier anglais J.R.R. Tolkien, posait les bases d'un genre nouveau, l'heroic fantasy, forme de science-fiction transposée en plein univers médiéval. Grâce au Seigneur des Anneaux, Tolkien est devenu l'un des écrivains les plus lus et les plus célébrés au monde. Dans son imaginaire, les chevaliers et les magiciens affrontaient un bestiaire extraordinaire où les dragons côtoient les elfes... Je m'excuse d'avance, si je vous donne des éléments des romans de Tolkien et plus particulièrement du Seigneur des Anneaux, je vous conseille de les regarder.
 
L’œuvre de Tolkien : la Terre du Milieu, une saga littéraire (partie 1)Né à Blomfontein, en Afrique du Sud, le 3 Janvier 1892, et arrivé en Angleterre dès 1896, dans le village de Sarehole (près du Pays de Galles), au moment où son père décède en Afrique, J.R.R. Tolkien sait lire à 4 ans, se démarque en dessin, langues (surtout le latin), mais à  l'automne 1899, il échoue à passer l'examen d'entrée à la King Edwards School, qu'il réussit un an plus tard. La famille déménage dans la banlieue de Birmingham (à Moseley). Pour économiser, sa mère le retire de cette école (avec son frère) et le place à St. Philips, un collège catholique. Mais en 1903, Tolkien retourne faire ses études à Kings Edwards (le niveau de St. Philips était trop bas) et gagne un prix. Á la mort de sa mère, ils sont placés sous la tutelle du père Francis Morgan, de l'oratoire de Birmingham, puis habitent chez une tante en 1905. Dès sa jeunesse, J. R. R. Tolkien aime écrire des histoires et inventer des langages qu'il se plaît à doter d'une étymologie et d'une grammaire. Il exprime cette passion dans A Secret Vice (1931, repris dans Les Monstres et les critiques et autres essais). À l'université d'Oxford, il étudie à partir de décembre 1910 la littérature anglaise, plus particulièrement l'anglo-saxon médiéval, et découvre la grammaire finnoise, ce qui fut pour lui une véritable découverte linguistique et la philologie. Il commence à écrire dès 1910, cette œuvre qui va longtemps rester souterraine. Il se marie en 1916 avec Edith Brat rencontrée en 1905 chez sa tante, après l'avoir convaincue de rompre avec son fiancé George Field, en 1913 et part pour la guerre en 1916 en tant qu'officier des transmissions des fusiliers du Lancashire, où il passera un temps dans les tranchés de la Somme. Rapatrié sanitaire à cause de la fièvre des tranchés, c'est en convalescence qu'il commence à rédiger The Book of the Lost Tales qui deviendra The Silmarillion (1977, Le Silmarillion), l'œuvre qu'il ne cessera de remanier tout au long de sa vie, et qui ne sera publiée qu'à titre posthume. En 1917, il a son premier fils, John. Il commence ensuite une carrière littéraire puisqu'entre 1919 et 1920, il travaille pour l'Oxford English Dictionary, et devient entre 1920 et 1924 professeur assistant à l'université de Leeds, au moment où Michael, et Christopher, son deuxième fils et troisième fils naissent en 1920 et 1924, et le "livre des contes perdus" est pratiquement terminé en 1923 qu'il rebaptise alors le "Silmarillion", puis il est professeur en 1924, et entre 1925 et 1945 professeur titulaire de la chair de vieil anglais du Pembrock College d'Oxford. Tolkien participe à beaucoup de travaux, littéraires ou philologiques (avec notamment des études sur Chaucer – 1936 -, les poèmes anglo-saxons du VIIe siècle - comme Beowulf -, et d'autres thèmes, comme les légendes arthuriennes - Sir Gawain and the Green Knight, 1925-). Et en 1929, naît sa fille Priscilla.
 
L’œuvre de Tolkien : la Terre du Milieu, une saga littéraire (partie 1)Avant d'écrire le Seigneur des anneaux, Tolkien écrit The Hobbit, or There and Back Again (1937, Bilbo le Hobbit), qui trouve son inspiration dans une histoire qu'il racontait à ses enfants. Une de ses étudiantes découvre l'histoire avec enthousiasme, ce qui le pousse à achever le récit avec entrain. Il s'agit de la quête burlesque et passionnante d'un groupe de nains accompagné d'un magicien, Gandalf, qui va chercher à reprendre un trésor volé par un dragon. Ils entraînent avec eux un hobbit, Bilbo, qui ne connaît rien de plus excentrique que de faire des ronds de fumée, ni de plus intéressant qu'un bon repas. Jusque-là, Tolkien n'a publié qu'un essai très remarqué sur Beowulf, le grand poème épique et peuplé de monstres écrit au Moyen-âge. Bien que très fier de ses ancêtres allemands, Tolkien refuse de faire traduire le "Hobbit" en allemand, lorsque l'éditeur demande de spécifier qu'il appartenait à la race aryenne. Après le succès de Bilbo le Hobbit, sa maison d'édition Allen & Unwin n'apprécie pas du tout le "Silmarillion" que Tolkien leur propose et lui font comprendre que ce n'est pas ce que le public attend. Trop difficile, décrète l'éditeur qui continue de le harceler. L'écrivain accepte alors, un peu à contrecœur, de se lancer dans une nouvelle histoire. Tolkien entame le deuxième tome fin 1938; il s'interrompt un an (1940) au milieu du tome II. Il attaque le chapitre 31 (fin livre III) en décembre 1942. En 1947, Tolkien fait lire le "Seigneur des Anneaux" à Rayner Unwin (fils de Allen Unwin) qui apprécie beaucoup le roman (c'était le jeune critique du "Hobbit" dix ans auparavant). Après quelques mois de correction minutieuse, Tolkien met le point final au "Seigneur des Anneaux" en 1949. Il aura fallut en tout douze ans pour l'écrire. Durant la période de publication du roman (elle a duré cinq ans, de 1949 à 1954), Tolkien, qui souhaite toujours faire paraître "le Silmarillion" en même temps que "le Seigneur des Anneaux", se fâche avec Allen & Unwin. Il a recours à un autre éditeur, Collins, mais ce dernier ne laisse aucun compromis à Tolkien; le manuscrit revient finalement à Allen & Unwin... au grand dam de Tolkien, le roman est divisé en trois livres pour des raisons techniques et économiques. Mais Unwin et son fils s'engagent à publier le Silmarillion lorsque celui-ci sera terminé.
 
L’œuvre de Tolkien : la Terre du Milieu, une saga littéraire (partie 1)The Lord of the Rings (1954-55, Le Seigneur des anneaux), paraît alors en trois volumes (La Communauté de l'anneau, Les Deux Tours, Le Retour du roi) et connaît un succès qui ira grandissant, surtout lors de sa publication aux États-Unis, en 1966, où il est particulièrement apprécié sur les campus universitaires. Pour être la suite de Bilbo le Hobbit, ce roman n'en est pas moins très différent. Inspiré du Kalevala, chant mythique finnois que Tolkien avait lu dans sa version originale, il n'est plus écrit pour des enfants, mais pour des adultes. Chez Tolkien on sait qu'on est dans un monde à part, avec de la magie : on est dans la fantasy, c'est une autre branche de la littérature de l'imaginaire. Mais de la fantasy avec un contexte. La mort de sa mère quand il avait douze ans l'a marqué. Déjà orphelin de père, il fut élevé avec son frère par un prêtre oratorien. Cette perte, et les tranchées de la guerre de 1914 où il fut envoyé comme officier à vingt-deux ans, et où il a perdu des amis très chers, ont laissé en lui une tristesse indélébile qui explique la couleur mélancolique de son imaginaire. Dans ses romans, les victoires sont toujours provisoires et le bien advient parfois par le mal. Cette vision mélancolique prend aussi pour base son éducation et sa pratique catholique, à travers le sentiment de loyauté qu'il construit comme une vertu après son expérience lors des batailles sombres et sanglantes de la Première Guerre mondiale qui ont alimenté la communauté de l'anneau avec quatre hobbits, deux hommes, un elfe, un nain et un magicien, une communauté qui a connu des moments sombres de désespoir et qui est même témoin de trahison - pas seulement la tentation de Boromir (et Frodon à la fin, une fois qu'il atteint le Mont Destin) qui se ressaisit comme Pierre, mais aussi celle plus surprenant de Saroumane, le sorcier blanc, que Gandalf avait aimé, comme Jésus avait aimé Judas. Tolkien s'intéressait aussi beaucoup à la nature... les grandes descriptions de la faune et de la flore, surtout de la flore, sont une corde principale de l'écriture de Tolkien. C'est quelque chose que l'on retrouve beaucoup dans la littérature fantasy de cette époque, car nous sommes en pleine industrialisation, c'est une époque de destruction massive de la vie sous toutes ces formes et beaucoup d'auteurs essayent de faire revivre la nature dans leurs œuvres. Son univers, «comme celui des contes de fées des frères Grimm au siècle précédent, est entré dans le mobilier mental du monde occidental», estime l'universitaire Thomas Alan Shippey. Les écrits de Tolkien marquent la renaissance de l'heroïc fantasy, ce genre né au XIXe siècle qui foisonne aujourd'hui. Mais, les femmes sont assez absentes dans la trilogie du Seigneur des anneaux, on peut compter 4 ou 5 personnages féminins et surtout elles sont très statiques (Baie d'Or est l'épouse de Tom Bombadil et reste avec lui, Arwen reste à Fondcombe, Galadriel en Lórien, est une princesse elfique, majestueuse et inaccessible, et Éowyn doit se faire passer pour un homme avant de participer vraiment à l'action du récit)... Il y a une mise à l'écart des personnages féminins qui sont idéalisées d'après le topos médiéval qu'utilise l'auteur.
 
L’œuvre de Tolkien : la Terre du Milieu, une saga littéraire (partie 1)Les tomes I et II sortent en 1954 : les critiques sont presque toutes unanimes, et le tirage de 4500 exemplaires est vite épuisé. Dans La communauté de l'anneau nous voyons que dans les vertes prairies de la Comté, les Hobbits, ou Semi-hommes, vivaient en paix... Jusqu'au jour fatal où l'un d'entre eux, au cours de ses voyages, entra en possession de l'Anneau Unique aux immenses pouvoirs. Pour le reconquérir, Sauron, le seigneur ténébreux, va déchaîner toutes les forces du Mal. Frodon, le Porteur de l'Anneau, Gandalf, le magicien, et leurs intrépides compagnons (Samsaget Gamgie (dit Sam), Meriadoc Brandibouc (dit Merry) et Peregrin Touc (dit Pippin), l'Arpenteur (Aragorn), qui se révèle être un ami de Bilbo et de Gandalf, et aussi l'héritier du trône du Gondor, Boromir le fils de l'intendant du Gondor, Legolas, fils de Thranduil, le roi des Elfes de la Forêt de Grand'Peur, et Gimli, un Nain, fils de Glóin, l'un des compagnons de Thorin Lécudechesne dans Le Hobbit) réussiront-ils à écarter la menace qui pèse sur la Terre du Milieu ? Les sacrifices sont grands car Gandalf dans les mines de la Moria affronte le Balrog pour leur permettre de passer et on le pense mort, puis à Fendeval, où ils rencontrent le roi des Elfes Elrond et Galadriel, puis poursuivent leur chemin, et à la hauteur des chutes de Rauros, Boromir qui tente de prendre l'anneau à Frondon se ressaisit au moment om la communauté est attaqué par des orques et trouve la mort en protégeant Merry et Pippin, ce qui pousse Frodon et Sam à aller au Mordor seul. Puis dans Les Deux Tours, dispersée dans les terres de l'Ouest, la Communauté de l'Anneau (Aragorn, Legolas et Gimli), affronte les périls de la guerre dans les plaines du Rohan et dans la forêt de Fangorn (Merry et Pippin), où Gandalf que l'on croyait mort les retrouver et doit mener la bataille du Gouffre de Helm contre les orques et les uruk-hai ressemblant à la bataille de la Somme en 1916 et au siège de Vienne en 1683 où la cavalerie polonaise sauva la ville comme dans le roman celle de Rohan, et celle de contre la forteresse de Saroumane (qui a trahi pour Sauron), Isengard, que mènen les deux hobbits, Merry et Pippin avec les Ents de Barbebois (qui on découvert qu'il détruit la forêt pour alimenter le feux de ses machine), tandis que Frodon, accompagné du fidèle Sam Gamegie, poursuit une quête presque désespérée : détruire l'Anneau Unique en le jetant dans les crevasses d'Oradruir, la Montagne du destin. Mais aux frontières du royaume de Mordor, une mystérieuse créature Gollum les épie... pour les perdre ou pour les sauver ? Les lecteurs attendent avec impatience le tome III. Mais plusieurs cartes sont à refaire (c'est Christopher Tolkien qui s'y attelle), et de nombreux lecteurs réclament des éclaircissements sur les personnages, les territoires... Ce qui retarde grandement la publication. En mars 1955, peu avant la publication du tome III, Tolkien écrit : "Je souhaiterais à présent n'avoir jamais prévu d'appendices ! car leur publication, sous forme tronquée et abrégée ne satisfera personne ; et certainement pas moi, et manifestement pas non plus, à voir le nombre de lettres (en quantité ahurissante !) que je reçois, les gens qui aiment ce genre de choses -et ils ont étonnamment nombreux".  
 
L’œuvre de Tolkien : la Terre du Milieu, une saga littéraire (partie 1)Le tome III paraît en 1955, et c'est un nouveau concert d'éloges... Il faut dire que Le retour du roi nous montre que le royaume de Gondor s'arme contre Sauron, le seigneur des ténèbres, qui veut asservir tous les peuples libres, hommes et elfes, nains et hobbits. Mais la vaillance des soldats de Minas Tirith ne peut rien désormais contre la puissance maléfique du Mordor. Minas Tirith est finalement libéré par les cavaliers du Rohan, et par Aragorn à bord des navires d'Umbar, ce dernier ayant libéré le sud du Gondor grâce à l'armée des Morts. La bataille des champs du Pelennor se conclut par une défaite des forces de Sauron et par la mort, donnée par Eowyn de son plus puissant lieutenant, le Roi-Sorcier. Un fragile espoir, toutefois, demeure : le Porteur de l'Anneau, jour après jour, s'approche de la montagne où brûle le feu du destin, seul capable de détruire l'Anneau Unique et de provoquer la chute de Sauron, et Aragorn mène une armée devant la Morannon, la Porte Noire du Mordor afin de faire diversion... Finalement Frodon, le héros du Seigneur des anneaux, chargé de détruire l'anneau de pouvoir que convoite le maléfique Sauron en le jetant dans un volcan, au dernier moment ne voudra plus s'en séparer. Frodon échoue et pourtant la quête aboutit : c'est le triste Gollum qui, en se jetant dessus pour s'en emparer, tombe avec l'anneau dans le volcan. Tolkien n'est jamais manichéen. La destruction de l'anneau entraîne la chute de Sauron et permet la restauration d'une royauté heureuse, mais Frodon est définitivement brisé. Le premier chèque de droits d'auteur envoyé par Allen & Unwin, en 1956, dépasse le montant de son salaire annuel à Oxford ! Tolkien sera surpris de cette fortune tardive après des années d'économie; mais, en bon Hobbit, il ne vivra pas dans le luxe pour autant. Mais ce n'est pas avant le milieu des années 60 que l'univers de Tolkien capture l'attention du grand public, lorsque que le "Seigneur des Anneaux" est publié en livre de poche.
 
L’œuvre de Tolkien : la Terre du Milieu, une saga littéraire (partie 1)En 1957, Tolkien reçoit une proposition d'adaptation de sa trilogie par Forrest J. Ackerman, auteur et éditeur de science-fiction. Le film serait un savant mélange de prises de vue réelles, de miniatures et d'animation, avec une durée totale de trois heures – durée très inhabituelle pour l'époque, mais il s'avère réticent dans les coupes faites au scénario. La même année, Tolkien doit aller aux États-Unis pour recevoir différents honneurs à Harvard (et dans d'autres universités...) mais le voyage est annulé en raison de la santé de sa femme Edith. Après avoir quitté son poste de professeur en 1959, Tolkien passe le reste sa vie à travailler sur les textes du "Silmarillion", un cycle de mythes complexes de la Terre du Milieu. Il déménage au bord de la mer pour rester avec sa femme mourante. Le 28 mars 1972, Tolkien est récompensé pour son œuvre, il est fait commandeur de l'Ordre de l'Empire Britannique par la reine Elisabeth II et reçoit un doctorat ès lettres honoraire de la part d'Oxford. Quand il meurt, le 2 septembre 1973, après la mort de sa femme Edith le 29 novembre 1971, où il fait écrire sur sa tombe "Lúthien", car c'est elle, lorsqu'ils étaient encore étudiants, qui lui inspira le plus beau passage du Silmarillion en dansant pour lui dans les bois, il reste alors une gigantesque part inédite : Bilbo le Hobbit et Le Seigneur des anneaux ne sont que des épisodes d'une histoire imaginaire s'étendant sur des millénaires. Avant cela, en 1966, l'écrivain vend en effet au studio d'Hollywood United Artists les droits cinéma et produits dérivés pour Bilbo le Hobbit et Le Seigneur des anneaux. La transaction s'élève à 100 000 livres sterling, un prix non négligeable pour l'époque, mais dérisoire quand on sait ce qu'il est advenu.
 
L’œuvre de Tolkien : la Terre du Milieu, une saga littéraire (partie 1)Le "Silmarillion" paraîtra bien plus tard en 1977, quelques années après la mort de l'auteur, grâce à son fils Christopher. Cet ouvrage nous parle des Premiers Jours du Monde étaient à peine passés quand Fëanor, le plus doué des Elfes, créa les trois Silmarils. Ces bijoux renfermaient la Lumière des Deux Arbres de Valinor. Morgoth, le premier Prince de la Nuit, était encore sur la Terre du Milieu, et il fut fâché d'apprendre que la Lumière allait se perpétuer. Alors il enleva les Silmarils, les fit sertir dans son diadème et garder dans la forteresse d'Angband. Les Elfes prirent les armes pour reprendre les joyaux et ce fut la première de toutes les guerres. Longtemps, longtemps après, lors de la Guerre de l'Anneau, Elrond et Galadriel en parlaient encore. C'est cette combinaison d'aventure dynamique (susceptible de plaire au grand public) et de légendes oubliées (apportant une touche mythologique) qui sera la clé du succès, et qui constituera l'inspiration de nombre d'aventures d'"heroïc fantasy".
 
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#Posté le mardi 12 février 2019 07:03

Modifié le mardi 12 février 2019 07:14

L'œuvre de Tolkien : la Terre du Milieu et son influence sur l'heroïc fantasy (partie 2)

L'influence de l'écrivain se fait d'abord sentir dans le domaine littéraire, où ses créations ont réactivé un genre qui date du XIXe siècle, la fantasy. A partir des années 1970 et surtout 1980, une heroïc fantasy très imprégnée de "tolkiénisme" se développe, sur fond de décors légendaires, d'elfes et de dragons, de magie et de lutte contre les puissances du mal. Son monde, "comme celui des contes de fées des frères Grimm au siècle précédent, est entré dans le mobilier mental du monde occidental", écrit l'Anglais Thomas Alan Shippey dans un essai non traduit consacré à l'écrivain.
 
L’œuvre de Tolkien : la Terre du Milieu et son influence sur l’heroïc fantasy (partie 2)Mais les décennies 1960 et 1970 lui réservent aussi un autre sort : dans les campus universitaires américains, notamment celui de Berkeley, Le Seigneur des Anneaux devient un classique de la contre-culture hippie et se propage dans le monde entier. Les Beatles ambitionneront même de racheter les droits cinématographiques et de jouer dans une adaptation en 1969 confiée à Stanley Kubrick, où John Lennon serait Gollum. Á l'époque de la guerre du Vietnam, on voit même fleurir des slogans comme "Gandalf président", du nom du vieux magicien qui apparaît dans le roman, ou encore "Frodon est vivant". Signe que la légende a la vie dure, des autocollants satiriques furent d'ailleurs encore imprimés durant la seconde guerre d'Irak : "Frodon a échoué, Bush a l'anneau." Aux États-Unis d'abord, puis dans tous les pays d'Europe et même en Asie, le genre deviendra une énorme industrie, bientôt déclinée en bandes dessinées, jeux de rôle, puis jeux vidéos, films, et même musique, avec le rock progressif. Á partir des années 2000, des "fan fictions" voient le jour sur Internet, chaque contributeur peuplant à sa guise le monde créé par Tolkien. Le Seigneur des anneaux se mue en une sorte d'entité autonome, vivant sa propre vie. Il inspire par exemple George Lucas, l'auteur de la série Star Wars, dont le premier film sort en 1977. Ou le groupe rock Led Zeppelin, qui a incorporé des références au roman dans plusieurs chansons, parmi lesquelles The Battle of Evermore en 1971.
 
L’œuvre de Tolkien : la Terre du Milieu et son influence sur l’heroïc fantasy (partie 2)Mais rien de tout cela n'émeut vraiment la famille, tant que les films de Peter Jackson n'ont pas vu le jour. Il faut dire que dans les années 1970, le réalisateur John Boorman est contacté par United Artists pour adapter tout Le Seigneur des Anneaux en un seul film, mais les changements de scénario sont trop radicaux (des relations sexuelles entre Frodon et Galadriel, Gimli se faisant torturer pour obtenir le mot de passe permettant d'entrer dans la Moria, Arwen transformée en un «guide spirituel adolescent» et laissant entièrement sa place à Éowyn dans le cœur d'Aragorn, avec, là encore, de forts sous-entendus sexuels), puis en 1977 la première adaptation de Tolkien sous forme de long-métrage est une version animée du Hobbit, créée pour la chaîne de télévision américaine NBC par le studio Rankin/Bass, qui modifie ou oublie certaines parties du livre, et les elfes deviennent des gnomes verts, et vient le film très réussi de Ralph Bakshi en 1978, est un succès commercial mais la deuxième partie ne verra jamais le jour, du fait que les producteurs n'ont pas prévenu le public d'une suite. Puis, Le studio Rankin/Bass se charge de compléter ce que Bakshi a commencé, et réalise, toujours en animation, The Return of the King, qui reprend là où le film de 1978 s'était arrêté, mais il est moins bon que le précédent. En 1985, une nouvelle adaptation moins connue du Hobbit, qui est aussi la première à être tournée en prises de vues réelles, voit le jour en URSS pour la télévision. Ce film est un navet involontairement hilarant. Et en 1993, c'est au tour de la Finlande de s'attaquer, sans grand succès, au Hobbit et au Seigneur des Anneaux avec une minisérie de neuf épisodes de 30 minutes, intitulée Hobitit («Les Hobbits» en français), puis en 1994, après le fiasco du Hobbit soviétique de 1985, la Russie se lance dans une nouvelle adaptation du roman de Tolkien, cette fois en version animée. Il en ressort un prologue de six minutes d'un film qui se serait appelé The Treasure under the Mountain; mais le reste du film ne verra jamais le jour, étant donné que les Russes ne possédaient pas les droits d'adaptation.
 
L’œuvre de Tolkien : la Terre du Milieu et son influence sur l’heroïc fantasy (partie 2)C'est la sortie du premier volet de la trilogie réalisée par Peter Jackson produite par MGM et New Line, en 2001, qui modifie la nature des choses. Les réactions ont été mitigées parmi les téléspectateurs qui connaissaient les livres, mais aussi par ceux qui ont remarqué qu'il s'inspire du film d'animation de Ralph Bakshi dont il copie certaines scènes allégrement. Pour autant, le succès critique et commercial est indéniable, et le dernier film obtiendra même 11 oscars en 2004. Certains, en particulier des adolescents, se sont opposés aux modifications de l'intrigue, tandis que d'autres ont estimé que les films étaient aussi fidèles que possible, et beaucoup les ont félicités pour avoir suscité un nouvel intérêt pour les livres. En trois ans, de 2001 à 2003, il s'est vendu 25 millions d'exemplaires du Seigneur des anneaux - 15 millions en anglais et 10 millions dans les autres langues. Et au Royaume-Uni les ventes ont augmenté de 1000 % après la sortie du premier film de la trilogie, La Communauté de l'anneau, confirme David Brawn, l'éditeur de Tolkien chez HarperCollins, qui détient les droits pour le monde anglo-saxon, à l'exception des États-Unis. Enfin, en 2007 : MGM et New Line annoncent, à l'étonnement général, qu'ils considèrent la possibilité de produire deux films tirés du Hobbit avec Peter Jackson au poste de producteur exécutif. En 2008, Warner Bros rachète New Line. Le cinéaste mexicain Guillermo Del Toro, qui était en contact avec Peter Jackson depuis des années, est engagé pour réaliser Le Hobbit, et la pré-production du film commence au mois d'août. Guillermo Del Toro accepte le poste uniquement sous la condition que Peter Jackson soit également de la partie. Puis en 2010, face aux déboires financiers de la MGM qui retardent sans cesse la production, Guillermo Del Toro préfère abandonner le projet. Peu après, on apprend que Peter Jackson est finalement en négociation avec le studio pour devenir le réalisateur des deux opus du Hobbit.
 
L’œuvre de Tolkien : la Terre du Milieu et son influence sur l’heroïc fantasy (partie 2)Cette hypothèse est officiellement confirmée fin 2010, et Jackson annonce qu'il tournera les films en 3D, mais se ravise ensuite. À la même époque, MGM et New Line donnent enfin le feu vert à la production du projet, dont le tournage devra débuter quelques mois plus tard. Le tournage des films, qui se déroule en Nouvelle-Zélande, débute le 21 mars 2011 après de nombreux contretemps. Puis en 2012, En juillet, à seulement quelques mois de la sortie du premier volet du Hobbit, Peter Jackson annonce que la saga ne comportera finalement pas deux mais trois films, et précise qu'il piochera abondamment dans les appendices du Retour du Roi pour étoffer son scénario. Un Voyage Inattendu sort le 12 décembre sur les écrans et remporte immédiatement un succès considérable. Puis en 2013, la sortie du troisième et dernier volet du Hobbit est repoussée de l'été à l'hiver 2014, en raison de la sortie de X-Men : Days of Future Past en juillet de la même année, risquant de concurrencer le film. Le tournage additionnel du Hobbit débute en mai pour une durée de 10 semaines... Et c'est ainsi que, après des années de tractations, procès, retards et complications diverses, les fans de la trilogie de Peter Jackson ont enfin eu le plaisir de retourner en Terre du Milieu et de retrouver leurs personnages favoris dans une nouvelle saga qui s'annonce aussi épique que la première. Mais la trilogie le Hobbit même si elle est bonne, aurait pu être plus courte et durer sur 2 parties seulement comme le souhaitait les fans du roman et ressemblerait moins à la trilogie précédente du Seigneur des anneaux.
 
L’œuvre de Tolkien : la Terre du Milieu et son influence sur l’heroïc fantasy (partie 2)Ces succès expliquent que la nouvelle version du livre «Les Enfants de Hurin», parue en 2007, un roman sur la Guerre entre les elfes et le premier Seigneur des Ténèbres Morgoth, Beren et Lúthien qui décrit l'histoire d'un amour impossible entre l'humain Beren et la princesse elfe Lúthien, parue en 2017, ont par exemple trouvé preneurs, mais aussi l'adaptation par Peter Jackson de cet œuvre et du Sillmarion en 2015 par Warner Bors, tandis que La Chute de Gondolin, l'un des premiers écrits de l'auteur du Seigneur des anneaux, est disponible en librairie depuis 2018 dans une nouvelle édition définitive sous la direction de Christopher Tolkien, troisième fils et exécuteur testamentaire de l'écrivain, est une pépite écrite en 1917 par le père de la fantasy alors qu'il était en convalescence, au lendemain de la bataille de la Somme. L'affrontement le plus sanglant de la Première Guerre mondiale lui inspira ce récit guerrier Le texte se déroulant lors du Premier Âge, bien des siècles (près de 7000 ans) avant les événements du Hobbit et du Seigneur des anneaux, et racontant le siège d'une ville elfique, Gondolin, qui est attaquée par les forces du mal, celles du seigneur sombre Morgoth (et maître de Sauron), qui est présenté par la maison d'édition HarperCollins comme un ouvrage fondateur de la Terre du Milieu.
 
Le filon est loin de se tarir comme le trésor de Smaug, après les films de Peter Jackson, Le Seigneur des anneaux aura bientôt droit à une adaptation télé produite par Amazon Prime Video. Cette adaptation télé du Seigneur des anneaux devrait explorer de nouvelles histoires, qui précèdent La Communauté de l'anneau. Selon le site américain Variety en 2018, le contrat ne devrait toutefois pas couvrir le roman The Silmarillon, publié de manière posthume par le fils de Tolkien.
 
Enfin, je vous conseille ces lectures sans lesquelles je n'aurais pas pu faire ces deux articles : Lord of the Rings and J. R. R. Tolkien, Encyclopedia of Children and Childhood in History and Society, The Gale Group Inc., 2004, Leo Carruthers, Tolkien et la Religion, Comme une lampe invisible, Presses Universitaires de la Sorbonne, 2016, https://www.britannica.com/topic/The-Lord-of-the-Rings, http://www.elbakin.net/tolkien/bibliographie/sda/petitehistoire, https://www.franceculture.fr/oeuvre/le-silmarillion, https://www.franceinter.fr/emissions/blockbusters/blockbusters-24-juillet-2018, http://www.lefigaro.fr/livres/2012/12/07/03005-20121207ARTFIG00634-tolkien-un-ecrivain-marque-par-la-tristesse.php, https://www.lemonde.fr/culture/article/2012/07/05/tolkien-l-anneau-de-la-discorde_1729858_3246.html, https://www.lepoint.fr/pop-culture/livres/pourquoi-la-chute-de-gondolin-est-une-oeuvre-majeure-de-tolkien-03-09-2018-2248011_2945.php, https://www.millenium.org/news/294135.html, http://salon-litteraire.linternaute.com/fr/j-r-r-tolkien/content/1811498-j-r-r-tolkien-biographie, http://www.tolkiendil.com/essais/femmes/femmes-tolkien, http://www.tolkiendrim.com/les-adaptations-tolkien-au-cinema/, et Lucie CHENU, «TOLKIEN JOHN RONALD REUEL - (1892-1973)», Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 8 février 2019. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/john-ronald-reuel-tolkien/.
 
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#Posté le mercredi 13 février 2019 06:00

Michel Serres, un philosophe optimiste

Je vais rendre hommage aujourd'hui à ce "Voyageur infatigable de la pensée", comme le décrit sur son site internet Le Pommier, son éditeur de longue date, Michel Serres qui est l'auteur de quelque 80 ouvrages et continuait de publier régulièrement ces dernières années.
 
Michel Serres, un philosophe optimisteNé le 1er septembre 1930 à Agen, fils d'un marinier de la Garonne, il entre à l'Ecole navale en 1949, puis à l'Ecole normale supérieure en 1952. Agrégé de philosophie trois ans plus tard, ce spécialiste de Leibniz, bouleversé par le bombardement d'Hiroshima en 1945, entreprend pourtant une carrière d'officier de marine, et il sillonne l'Atlantique et la Méditerranée, et participe comme enseigne de vaisseau à la réouverture du canal de Suez, puis s'est tourné vers l'enseignement en 1958. Avec toujours la volonté de s'affranchir des frontières des disciplines universitaires. 
 
Ses cours d'histoire débutent "avec zéro étudiant", mais peu à peu son auditoire s'étoffe. Et si ses premiers livres passent inaperçus, la notoriété arrivera dans les années 1980, avec la série intitulée "Hermès", "Les cinq sens", prix Médicis de l'essai en 1985, ou "Éléments d'histoire des sciences" (1989). L'académicien, était aussi professeur à l'université californienne de Stanford. C'est dans cette université californienne qu'en septembre 1981, un colloque sur "l'auto-organisation" avait été organisé, dont Michel Serres fut le conférencier vedette.
 
En 1990, il est élu à l'Académie française, où il est reçu l'année suivante sans la traditionnelle épée, "en signe de paix" en pleine Guerre du Golfe. Il devient dès lors une figure intellectuelle familière et touche un plus large public. Dans "Le contrat naturel" (1990), il propose de bâtir un nouveau droit pour réguler les rapports entre l'homme et la nature. Et "Le tiers-instruit" (1991), réflexion brillante sur l'éducation, l'impose comme un spécialiste de la question. Edith Cresson, Premier ministre, le charge de préparer "l'Université de France", qui doit délivrer un enseignement à distance des savoirs fondamentaux. Mais son rapport jugé "utopique" est accueilli fraîchement. 
 
Michel Serres, un philosophe optimisteSon parcours le conduit à s'intéresser aussi bien aux "Origines de la géométrie" (1993) qu'à "La légende des anges" (1993) ou au créateur de Tintin, dont il fut l'ami pendant plus de vingt ans ("Hergé, mon ami", 2000). En 1996, il relevait que les moyens modernes de communication bouleverseront la nature même de l'enseignement. Michel Serres, dont l'éditeur était, depuis longtemps, une petite maison, Le Pommier, a écrit au total quelque 80 ouvrages. Á un âge avancé, ce philosophe de la révolution douce continuait à publier un ou plusieurs livres par an. Michel Serres s'est particulièrement intéressé aux nouvelles technologies, et notamment dans un de ses derniers ouvrages, 'Petite poucette'. "C'était quand même un homme de 80 ans passés qui, à l'époque, avait tout compris d'internet", sourit encore Michel Polacco, "qui était un défenseur de Wikipédia, l'encyclopédie en ligne alors qu'il était lui-même académicien depuis 1990 et qu'il participait aux définitions du dictionnaire".
 
Michel Serres, un philosophe optimisteMais son principal succès populaire est arrivé deux décennies plus tard, en 2012, quand Petite Poucette s'était vendu à 270 000 exemplaires. Rien avoir avec les contes de fées, ce titre était un clin d'œil à la maestria avec laquelle certains utilisent leurs pouces pour taper sur leurs portables. Partant du postulat qu'un nouvel humain est né, le philosophe y analyse les mutations politiques, sociales et cognitives qui accompagnent cette "nouvelle révolution". "En regard de ce que j'ai vécu durant le premier tiers de ma vie, nous vivons des temps de paix. J'oserai même dire que l'Europe occidentale vit une époque paradisiaque", malgré le terrorisme, a-t-il assuré à l'occasion de la sortie de "Darwin, Bonaparte et le Samaritain, une philosophie de l'histoire" (2016), essai très libre entre réflexion et poésie, à rebours du catastrophisme ambiant. Du pur Michel Serres. Son dernier livre, Morales espiègles, était paru en février.
 
Le philosophe Michel Serres, figure intellectuelle familière du grand public, est donc décédé samedi 1er juin 2019 à l'âge de 88 ans, annonce sa maison d'édition, Le Pommier. "Il est mort très paisiblement à 19h entouré de sa famille", déclare son éditrice Sophie Bancquart.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : https://actu.orange.fr/france/michel-serres-libre-penseur-de-la-nature-et-de-l-education-CNT000001g9piV.html, https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/deces-de-michel-serres-sa-vision-des-choses-etait-veritablement-originale-selon-le-journaliste-michel-polacco_3470625.html, https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/le-philosophe-michel-serres-est-mort-a-l-age-de-88-ans_3470593.html, et https://www.ladepeche.fr/2019/06/01/le-philosophe-agenais-michel-serres-est-decede,8233513.php.
 
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#Posté le mercredi 05 juin 2019 04:37

Fantômas, l'éternel retour

Trente-deux volumes. Un univers baroque, d'une inimaginable noirceur, qui s'épanouit aussi bien dans les salons des beaux quartiers que dans la «zone» au-delà des fortifications... Des aventures extraordinaires, qui emmènent le lecteur des plaines désolées du Transvaal aux faubourgs de Londres. Surtout, une cartographie de Paris, à la fois imaginaire et réaliste, hausmannienne et sordide, splendide, inquiétante, une ville-labyrinthe, foisonnante, énigmatique, qui n'avait plus été décrite avec autant de verve et de précision depuis Balzac ou Zola. Et la figure tutélaire d'un Génie du crime aux mille visages, aux mille apparitions, disparitions et stratagèmes, que les surréalistes éliront comme une création littéraire sans précédent, que Cendrars célébrera aussi bien que Magritte et Queneau. Le Fantômas de Pierre Souvestre et Marcel Allain n'est pas seulement cette apothéose du roman populaire qui nous fait entrer de plain-pied, mieux que n'importe quel livre d'histoire, dans le XXe siècle. Il est aussi l'une des œuvres les plus riches et les plus fécondes de la période, qui inspire encore, cent-huit ans plus tard, artistes et poètes.
 
Fantômas, l’éternel retourCréé en 1911 par Pierre Souvestre et Marcel Allain, lancé à grand renfort de publicité par l'éditeur Fayard, Fantômas, gigantesque cycle romanesque de trente-deux volumes, connaît un fabuleux succès jusqu'à la guerre de 1914. Quand les deux auteurs vont proposer leur idée de roman-feuilleton dont le héros sera un génie malfaisant dans la veine de Rocambole, l'éditeur Arthème Fayard dit banco, mais réclame un volume de 300 pages par mois. Fantômas, bandit sans visage, accumule les crimes monstrueux et lance des défis à la police, représentée par l'inspecteur Juve. Il utilise tous les stratagèmes possibles et peu imaginables. Rien ne l'arrête, il nargue les hommes et transgresse les lois. Il pénètre toutes les couches de la société, des apaches des banlieues aux aristocrates des palaces, il franchit les frontières, connaît aussi bien Whitechapel et les docks de Londres que les fortif' de Paris et la haute société européenne. Flanqué du journaliste Jérôme Fandor, qui souhaite par dessus tout faire un scoop de l'arrestation de Fantômas et se venger des manipulations dont il a fait l'objet, et de sa fiancée Hélène, la fille de Fantômas qui ne supporte pas le mal qu'il cherche à faire à la société, Juve tente, sans jamais y parvenir, de capturer le diabolique criminel, lequel lui échappe toujours au dernier moment. Régnant sur un Paris peuplé d'Apaches auxquels il s'adresse comme un officier à ses troupes et dont il punit sévèrement la désobéissance comme pour Le Bedeau, Fantômas sévit dans un paysage politique et social troublé, celui de la Belle Epoque finissante, fragilisée par les révoltes syndicales et les attentats anarchistes. Ses armes sont l'argent et la menace afin de garder la fidélité des Apaches, petits artisans du crime typiques de l'époque, et comme Bouzille au service de Fantômas, ces derniers contre argent peuvent aider Juve et Fandor. Fantômas peut aussi compter sur son amante la mystérieuse Lady Beltham, tiraillée entre son amour pour Fantômas et son honnêteté, et à partir du Train Perdu en 1912, sur son fils le Prince Vladimir, un aristocrate russe, bandit solitaire et chef de bande, son rival par amour pour Hélène puis pour Firmaine, qui devient son allié le temps d'une escroquerie. Les auteurs l'ont bien compris, qui recyclent les crimes de la bande à Bonnot ou mettent en scène les innovations techniques de leur temps (automobile, téléphone, métro), jusqu'au naufrage final du paquebot Gigantic. Á bord du paquebot Gigantic, en train de sombrer, Fantômas révèle au commissaire Juve qu'il est en réalité son frère jumeau ! Tous deux disparaissent ensuite dans les profondeurs de l'océan. Pour toujours ? Non, car heureusement pour la carrière de leur héros, Marcel Allain reprend seul l'œuvre publiée après la mort de Souvestre poursuivront le 26 février 1914, d'une congestion pulmonaire, dans trente-quatre hebdomadaires français de seize pages par la Société parisienne d'édition entre avril et septembre 1926, puis en livres par Arthème Fayard, sauf, semble-t-il, le dernier, et il dédaigne cette révélation dramatique : se réveillant sur un toit avec Fandor, l'inspecteur se contente de ridiculiser ce prétendu lien familial par une brève allusion, tout faisant de Fantômas le véritable père de la fiancée d'Hélène. Il écrira près de 500 ouvrages en 60 ans de carrière. Il décède en 1969 à l'âge de 85 ans. Et Fantômas, l'homme sans visage par excellence, d'incarner l'inconscient refoulé d'un monde qui s'apprête à sombrer dans le chaos des tranchées... 
 
Fantômas, l’éternel retourCes romans sans intention artistique, écrits "n'importe comment" disait Apollinaire ont pourtant un certain succès, et ce héros immoral, ce génie du mal, cette menace sur la ville est devenu une figure clé de l'imaginaire surréaliste, et même une figure pop. Pour arriver à cela, entre 1911 et 1913, Souvestre et Allain qui écrivent déjà des romans-feuilletons depuis 1909, vont donc publier 32 aventures de Fantômas. Pour soutenir ce rythme dément, ils enregistrent à l'aide d'un dictaphone leurs écrits qui sont ensuite tapés par des dactylos. D'où leur style rocambolesque et débridé qui vaudra à Fantômas l'admiration des surréalistes. Cette série perpétuait aussi un imaginaire criminel dont la mythologie était portée depuis la fin du XIXe siècle par la presse spécialisée dans le fait divers, qui fut réactivée par la bande à Bonnot au début des années 1910, et dont les péripéties constituaient l'essentiel des publications en série de type Nick Carter (détective américain créé en 1886 et diffusé en France à partir de 1907) ou Zigomar (Léon Sazie, 1909), Erik, le Fantôme de l'Opéran de Gaston Leroux et l'Arsène Lupin de Maurice Leblanc, moins terrifiant mais non dénué d'ombres. Fantômas s'inscrivait donc dans une tradition du roman-feuilleton, revue par les pratiques d'édition anglo-saxonnes. Les deux auteurs se nourrissent abondamment des méfaits, catastrophes et crimes de leur temps. Les bandits, les proxénètes, prostituées, bandes d'apaches et tout le petit monde obscur de la nuit parisienne deviennent une source d'inspiration, ainsi que les fait-divers découpés dans les journaux et archivés dans une fameuse boite qu'ils appellent «L'armoire aux trucs». Fantômas s'inscrit dans l'époque, le Paris de la Belle époque, un Paris en mutation, une ville qui s'invente, avec l'électricité, le téléphone et le télégraphe. Fantômas est moderne, il voyage,  il va vite. Fantômas est futuriste, il utilise l'automobile, le train, le bateau et l'avion, toutes les inventions du moment. Il échafaude des plans machiavéliques et invente des traquenards improbables. Voleur, assassin et manipulateur, il n'a pas de visage, il usurpe les identités, il est un maître du grimage et du déguisement (Juve est habile aussi en la matière),  il escamote le train du cirque Barzum, il enferme Fandor dans la boule du Moulin-Rouge, il vole l'or des Invalides, il kidnappe un roi, une ribambelle de crimes hallucinants. Fantômas est un audacieux, il effraie, il fascine. Les fascinantes couvertures de Gino Starace, les titres évocateurs (Le Bouquet tragique, Le Cadavre géant), le rythme infernal des intrigues qui entraînent les lecteurs de la Russie tsariste au Mexique en passant par un sanatorium suisse où sévissent de peu scrupuleux directeurs, ne séduisirent pas seulement le public populaire auquel Fantômas était destiné, mais aussi l'avant-garde littéraire, d'Apollinaire à Desnos.
 
Fantômas, l’éternel retourLe cinéma vient au secours du succès : en 1913 et en 1914, Louis Feuillade porte à l'écran cinq épisodes de la saga, qui seront largement diffusés dans le monde entier. Plébiscités par l'avant-garde surréaliste, ces films furent considérés comme des chefs d'œuvres par Alain Resnais et nombre de cinéastes de la Nouvelle Vague. Puis le groupe surréaliste s'enthousiasme pour l'écriture automatique de la série (pressés par le temps, les auteurs dictaient chaque volume en trois jours) et la diffuse dans les milieux intellectuels. Apollinaire, Cendrars, Desnos, Aragon, Artaud comptent parmi ses fanatiques. Queneau lui-même consacrera, dans Bâtons, chiffres et lettres, une savoureuse étude aux forfaits de Fantômas. On l'imagine mort, il renaît; on le croit disparu, il surgit comme un diable de sa boîte. Il a même le droit à une bande dessinée hebdomadaire en couleur écrite par Marcel Allain et dessinée par P. Santini a été publiée dans "Gavroche" n ° 24-30, en 1941 au titre évocateur Fantômas contre les nains, mais elle a été interrompue à cause de la censure; une suite, Fantomas et l'Enfer Sous-marin a été écrite mais n'a pas été publiée. Dans les années 30-40, Fantômas est aussi l'objet de nombreux films, y compris à Hollywood qui copie Louis Feuillade sous un autre titre, et l'adaptation de Paul Fejos en 1932 qui ne comprenait pas très bien le film mais il a réussi quelques séquences, ce qui a permis au film d'être un succès, est par suivie un petit film belge en 1937 qui donna à Fantômas les traits de Léon Smet, le père de Johnny Halliday, puis par Fantômas en 1946, réalisé par Jean Sacha avec Marcel Herrand dans le rôle titre et sa suite, Fantômas contre Fantômas en 1948 dirigé par Robert Vernay avec Maurice Teynac, réalisés avec peu de moyens avec des acteurs peu convaincus, auquel on peut rajouter un feuilleton radiophonique Fantômas (12 novembre 1946-17 janvier 1947) a été diffusé sur RTF en 60 épisodes et dirigé par René Guignard, écrit par Georges Janin avec la voix de Paul Bernard (Fantômas).
 
Fantômas, l’éternel retourMais c'est André Hunebelle qui, en 1964, relance l'engouement pour le grand méchant masqué avec sa trilogie : Fantômas, Fantômas se déchaîne un an plus tard, et Fantômas contre Scotland Yard en 1967. La trilogie d'Hunebelle est très librement inspirée des romans d'origine dont elle reprend les personnages principaux : le journaliste Fandor, le commissaire Juve, Hélène et Lady Beltham. Mais Fantômas, lui, n'inspire plus le même effroi macabre dans ces comédies d'aventures qui lorgnent du côté de James Bond, dont le premier opus James Bond 007 contre docteur No, est sorti deux ans plus tôt. D'ailleurs, le but de l'insaisissable Fantômas n'est plus le crime, mais comme tous les méchants jamesbondiens, la domination du monde. Dans ces films, la cagoule du criminel a été remplacée par un masque bleu qui compose un visage dénué de traits qui esquisse un sourire sarcastique, à la fois inquiétant et inhumain. Selon Hunebelle, la formule de ses Fantômas peut se résumer ainsi : L'action (Jean Marais), le rire (Louis de Funès), le charme (Mylène Demongeot), et la menace (Raymond Pellegrin qui fait la voix inquiétante de Fantômas). Les trois films mêlant gags burlesques, péripéties rocambolesques et gadgets high-tech (La DS de Fantômas se transforme en avion !) rencontrèrent un succès phénoménal dans la France des années 60. Mais le film a but moins noble puisque le Fantômas des années 1960, moins corrosif, remet l'inspecteur, fonctionnaire incarné au cinéma par Louis de Funès, au centre de l'attention. Les œuvres de Fantômas sont alors conservatrices, et reprennent le verrouillage moral et la domination masculine des Trente Glorieuses. Dans le même temps, ce n'est plus le Fantômas originaire des couches miséreuses de la société qui effraie, mais bien plus un Fantômas issu d'un milieu de délinquants professionnels, dont le peuple est une possible victime. Á cela on peut ajouter une bande dessinée quotidienne sur Fantômas dessinée par Pierre Tabary a été distribuée par Opera Mundi de novembre 1957 à mars 1958 (192 au total), adaptant les deux premiers romans, qui a été suivie par 17 fumetti Fantomas (romans-photos) portant les numéros 1, 2, 3 et 5 de la série de livres qui ont été publiés par Del Duca en 1962 et 1963. Un nouvel hebdomadaire en couleur Fantômas, écrit par Agnès Guilloteau et dessiné par Jacques Taillefer, a de nouveau publiée par Opera Mundi en 1969 et publiée dans "Jours de France".
 
Fantômas, l’éternel retourRemarquons une politisation du héros, en 1974, en soutien aux ouvriers de Lip, par le biais de la couverture d'une bande dessinée de deux illustrateurs alors militants de la Ligue communiste, Piotr Barsony et Wiaz, et aussi des réappropriations de la figure de Fantômas réalisées en dehors de l'imaginaire culturel français : les comix mexicains des années 1960 et 1970 en offraient une libre interprétation et influencèrent l'ouvrage hétéroclite de l'écrivain argentin Julio Cortázar, Fantômas contre les vampires des multinationales (1975). Un autre feuilleton radiophonique également intitulé Fantômas (8 mai 1973-16 août 1974) a été diffusé sur RTF de 256 épisodes, dirigé par Claude Mourthé et écrit par Henri Béhar; cette émission reprend les voix de Roger Carel (Fantômas), Alain Mottet (Juve), Claude Nicot (Fandor), Catherine Rich (Lady Beltham) et Jean Rochefort (narrateur). Les quatre épisodes produits pour la télévision par France 2 en 1979 méritent plus d'attention. Claude Chabrol et Juan Luis Bunuel, ils offrent une vraie qualité de cinéma, les rôles-titres sont tenus par des interprètes convaincants. Helmut Berger fait un Fantômas charmant et inquiétant, Jacques Dufilho est un rugueux inspecteur Juve et Pierre Malet tient le rôle du dynamique Fandor. Á la justesse du jeu d'acteurs s'ajoute une mise en scène d'ombres et de lumière, qui restitue l'atmosphère à la fois pesante et trépidante des livres. Ces quatre films pour la télévision de 1979 sont téléchargeables sur la boutique de l'INA. Cette série télévisée est suivie par la bande dessinée Fantômas en 1980, publiée dans Télé Junior, qui est une adaptation de Sacha, avec le dessin de Pierre Frisano de 6 épisodes présentant des versions très résumées de certains romans : Un crime mystérieux, La malle sanglante, Fantômas contre Juve, Le tueur de l'ombre, Le portefeuille rouge, Mieux vaut «Tsar» que jamais. Ensuite, vient le feuilleton radiophonique, La Fin de Fantômas (12 mai 1984) qui a été diffusé sur France Culture, durée de 130 minutes, et dirigé par Arlette Adrian, Claude Calvez, Anna Sibert, Jean-Jacques Vierne, écrit par Pierre Dupriez et Serge Martel; elle inclut les voix de Philippe Clay, Jean-Marc Thibault, Yves Rénier, Claude Piéplu, Marie-Hélène Breillat et Germaine Montero. Puis, l'adaptation en bande dessinée de Fantômas entre 1990 et 1995 écrite par L. Dellisse et dessinées par Claude Laverdure et qui ont été publiés par l'éditeur belge Claude Lefrancq dans son édition "BDétectives" est la plus connue et s'avère très réussie. Elle sera suivi par La Naissance de Fantômas (13-24 mai 1991) qui a été diffusé sur France Culture, 10 épisodes, dirigé par Claude Guerre, écrit par Cécile Wajsbrot et Didier Jouault. Version fictionnelle d'évènements réels avant la création et la publication de Fantômas; elle reprend les voix de Fred Personne (Pierre Souvestre), Daniel Dublet (Marcel Allain), Raymond Jourdan (Louis Feuillade), C. Sauvage, J. Kircher, D. Massa, J.-C. Durand et Jean-François Delacour. Un dernier feuilleton intitulé Fantômas (7 août 1991) a été diffusé sur France Culture et reprend la voix de Med Hondo en tant que Fantômas.
 
Fantômas, l’éternel retourEn 1999, Thomas Langmann acheta les droits de Fantômas auprès des héritiers de Marcel Allain et Pierre Souvestre, les deux créateurs du personnage. Les noms de Jean Reno, José Garcia ou Benoît Poelvoorde furent évoqués pour les rôles titre, et celui de Jamel Debbouze pour Juve. Puis, silence radio pendant dix ans... jusqu'à 2009 où Le Film français annonçait à sa Une le grand retour de Fantômas en 3D avec Vincent Cassel devant la caméra, et Christophe Gans derrière. On attend toujours... Les adaptations en bande dessinée permettent d'attendre. Entre 2002 et 2003, la série Fantômas au ton surréaliste en 3 volumes (Le double rêve de Lady Beltham, Fandor au paradis, La dame qui aimait la foudre), est écrite et dessinée par Damien Cabiron. L'auteur Benoît Preteseille aussi a consacré deux ouvrages au personnage de Fantômas : Fantômas, le Dernier Geste, en 2008 aux éditions Warum, et L'Art et le Sang aux éditions Cornélius en 2010. Esthétiquement, le Fantômas de Preteseille emprunte autant à la version cinématographique des années 1960 (visage bleu, costume noir) qu'à la Belle Époque. Entre 2013 et 2015, Fantômas est revenu, cette fois ranimé par les soins d'Olivier Bocquet dans la bande dessinée, La Colère de Fantômas dans 3 volumes. D'un personnage populaire mais vieillot, le scénariste a fait un super-vilain effrayant, au charisme décuplé par le trait de la dessinatrice Julie Rocheleau.
 
Aujourd'hui sans doute encore, endormi quelque part, sommeille un homme sans visage. Quand il paraîtra à nouveau, n'en doutons pas, son nom sera sur toutes les lèvres : Fantômas.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Annabel Audureau, Fantômas : Un mythe moderne au croisement des arts, PUR, 2010, Loïc Artiaga et Matthieu Letourneux, Fantômas! Biographie d'un criminel imaginaire, Les Prairies ordinaires, 2013, https://journals.openedition.org/1895/4884, https://journals.openedition.org/lectures/12048, https://www.monde-diplomatique.fr/2013/12/PIEILLER/49960, Alfu, L'Encyclopédie de Fantômas : Etudes sur un classique, Encrage Édition, 2015, Olivier Bocquet et Julie Rocheleau, La colère de Fantômas, Dargaud, 2017, https://www.bodoi.info/olivier-bocquet-ranime-fantomas-et-fait-trembler-paris/, et http://www.planetebd.com/bd/dargaud/la-colere-de-fantomas/-/35331.html, Dominique Kalifa, Tu entreras dans le siècle en lisant Fantômas, Vendémiare, 2017, https://dissidences.hypotheses.org/3741, https://www.franceculture.fr/emissions/concordance-des-temps/fantomas-rode-encore, et https://www.franceculture.fr/emissions/poesie-et-ainsi-de-suite/fantomas-ou-le-fantasme-a-poetes, https://www.20minutes.fr/culture/401260-20100429-fantomas, https://www.20minutes.fr/culture/401260-20100429-fantomas, Michel LEBRUN, «FANTÔMAS», Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 28 juillet 2019. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/fantomas/, https://fr.wikipedia.org/wiki/Fant%C3%B4mas#Feuilleton_radiophonique, https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-samedi-noir/fantomas-le-genie-du-crime-de-pierre-souvestre-et-marcel-allain, https://www.la-croix.com/Culture/Fantomas-mechant-temps-2019-07-26-1201037786, https://www.ladepeche.fr/article/2016/05/03/2337076-le-retour-de-fantomas.html, https://www.lemonde.fr/livres/article/2005/12/15/fantomas-frappe-encore_721491_3260.html, https://www.lexpress.fr/culture/livre/fantomas-fait-son-cinema_1268917.html, http://www.objectif-cinema.com/horschamps/060.php, https://polar.blogs.la-croix.com/fantomas-revient/2013/12/14/, et https://www.programme-tv.net/news/cinema/103734-fantomas-france-2-qui-est-le-genie-masque-du-crime-video/.
 
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Tags : Littérature, Bande Dessinée., Cinéma
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#Posté le jeudi 01 août 2019 05:03

Toni Morrison, ou la fiction au service de la communauté noire

Nous allons rendre hommage aujourd'hui à une très grande romancière, Toni Morrison, première auteure afro-américaine à avoir reçu le prix Nobel de littérature. Descendante d'une famille d'esclaves, elle est connue pour avoir donné une visibilité littéraire aux Noirs.
 
Toni Morrison, ou la fiction au service de la communauté noireNée le 18 février 1931 à Lorain, près de Cleveland dans l'Ohio, Chloe Ardelia Wofford (patronyme du planteur blanc qui possédait ses grands-parents esclaves) de son vrai nom dans une famille ouvrière de quatre enfants. Élevée par un père ouvrier dans la métallurgie, qui détestait les Blancs et une mère femme de ménage gaie et bienveillante, Toni Morrison grandit dans un milieu pauvre et multiculturel. À l'âge de 12 ans, elle choisit Anthony comme nom de baptême - Chloe Anthony Wofford - et le diminutif, Toni, reste. Elle affirme n'avoir jamais eu vraiment conscience de la ségrégation jusqu'à ce qu'elle parte en 1949 pour l'Howard University, surnommé la «Black Harvard», à Washington. Lorsqu'elle arrive à Washington en 1949, les bus portent encore des panneaux "réservés aux personnes de couleur" : cette séparation ne sera abolie légalement qu'en 1964 avec la loi sur les droits civiques. Mais Toni Morrison aura toujours eu le sentiment que les Afro-Américains étaient des citoyens de seconde zone. Elle poursuit ses études à l'université de Cornell et y présente une thèse sur le suicide chez William Faulkner et Virginia Woolf. Elle devient professeure de littérature au Texas avant de revenir à Washington. En 1958, elle épouse Harold Morrison, un étudiant en architecture d'origine jamaïcaine, mais le quitte en 1964 et s'installe avec leurs deux fils de 3 ans et 3 mois à New York.
 
Toni Morrison, ou la fiction au service de la communauté noireMue par «la joie et non la déception» et douée d'une force de caractère et d'un humour à toute épreuve, Toni Morrison publie, à 39 ans en 1970, The Bluest Eye : un premier livre aux antipodes des récits militants du «Black Power» alors en vogue mais aussi des plaidoyers sociaux et des descriptions exotiques. Elle y raconte l'histoire d'une adolescente noire, une de ses camarades, qui rêve de la beauté des poupées aux yeux bleus et qui sombrera dans la folie après avoir été mise enceinte par son père adoptif. Elle n'en vend que 700. "Elle se lève à quatre heures tous les matins", raconte une journaliste du Guardian à laquelle Toni Morrison avait donné une interview en 2012, "si elle se sentait découragée, elle pensait à sa grand-mère qui avait fui le sud avec sept enfants et sans aucune aide. Toutes ses angoisses existentielles - son revenu, ses perspectives en tant qu'écrivaine, son rôle de mère - s'évaporaient devant les nécessités du quotidien".
 
Alors que l'Amérique est en pleine lutte pour les droits civiques, elle devient éditrice chez Random House et milite pour la cause noire en publiant les biographies de Mohammed Ali et Angela Davis. Son anthologie d'écrivains noirs The Black Book (1974), plusieurs fois rééditée, incite toute une génération d'auteurs à faire entendre leur voix. La reconnaissance arrive en 1977 avec Le Chant de Salomon et le triomphe mondial en 1985 avec Beloved. L'histoire tragique d'une ancienne esclave qui tue sa fille pour lui éviter cet asservissement lui vaut le Pulitzer en 1988 avant d'être adapté au cinéma en 1998 avec Oprah Winfrey. En 1993, elle reçoit le Prix Nobel de littérature pour l'ensemble de son œuvre. Lors de sa remise, l'Académie suédoise salue dans l'œuvre de cette New-Yorkaise d'adoption «une puissante imagination, une expressivité poétique et le tableau vivant d'une face essentielle de la réalité américaine». En 2006, le New York Times consacre Beloved comme «meilleur roman des 25 dernières années».
 
Toni Morrison, ou la fiction au service de la communauté noireHabituée des tribunes de presse, elle lance en 1998 que Bill Clinton, alors en plein scandale Lewinsky, est le «premier président noir» américain. «Il a été traité comme un noir dans la rue, déjà coupable, déjà criminel», expliquera cette démocrate convaincue quelques années après. Fervente soutien de Barack Obama, elle publie dans le New Yorker, au lendemain de l'élection de Donald Trump, un article intitulé En deuil de la blancheur. L'élection d'Obama en 2008 a été la première fois où elle s'est sentie véritablement américaine... "Les soldats, le drapeau, que je ne regardais jamais. Tout cela semblait soudainement... sympathique. Cela n'a duré que quelques heures."
 
Dans onze romans écrits entre 1970 et 2015, Toni Morrison raconte ce qu'est être Noir à toutes les époques dans la société américaine. Un don a pour cadre le XVIIe siècle. Home se passe dans les années 50 et Délivrances, son dernier roman, se déroule de nos jours. Si beaucoup de ses livres sont profondément désespérés et tragiques, d'autres peuvent aussi comporter des touches d'espoir : c'est le cas de Délivrances par exemple. Échappant toujours au simplisme et au manichéisme, Toni Morrison nous laisse une œuvre aussi riche qu'indispensable. Si elle écrit d'abord «pour les Noirs», son écriture métissée, «jazzée», folklorique, veut, dans un second temps, dépasser l'«obsession de la couleur» pour toucher le lecteur dans ce qu'il a d'universel. «J'aimerais écrire sur des Noirs sans avoir à dire qu'ils sont noirs. Exactement comme les Blancs écrivent sur les Blancs», aimait-elle répéter de sa voix grave, entrecoupée de rires communicatifs.
 
Toni Morrison, ou la fiction au service de la communauté noireToni Morrison, est décédée paisiblement d'une maladie courte entourée de sa famille et de ses amis à l'âge de 88 ans le lundi 5 août 2019, dans un hôpital de New York, a annoncé mardi 6 août sa famille.  Elle s'était juré de “survivre” au mandat de Donald Trump. La romancière avait multiplié les piques à l'égard du président américain qu'elle jugeait inculte et dangereux.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : https://www.20minutes.fr/arts-stars/culture/2578431-20190806-romanciere-prix-nobel-toni-morrison-morte, https://www.franceculture.fr/litterature/lecrivaine-et-prix-nobel-de-litterature-toni-morrison-est-morte, https://www.huffingtonpost.fr/entry/opposante-a-trump-toni-morrison-ne-voulait-pas-mourir-avant-la-fin-de-son-mandat_fr_5d49ab1fe4b01ae816c965a5, et https://www.rtl.fr/culture/arts-spectacles/l-ecrivaine-toni-morrison-prix-nobel-de-litterature-est-decedee-a-l-age-de-88-ans-7798153738.
 
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Tags : Littérature, Histoire des États-Unis
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#Posté le mercredi 14 août 2019 03:07

Zorro, 100 ans d'un héros qui a inspiré les autres

Zorro a soufflé ses cent bougies le 9 août 2019, et il est bon de revenir sur celui qui est le précurseur de tous les super héros.
 
Zorro, 100 ans d’un héros qui a inspiré les autresAvant de devenir une star du petit écran, c'est sur le papier qu'il a vécu ses premières aventures. L'écrivain américain Johnston McCulley a créé le personnage dans un feuilleton intitulé Le Fléau de Capistrano, pour la gazette illustrée américaine All-Story Weekly. Né le 2 février 1883 à Ottawa, dans l'Illinois, ce brillant étudiant en histoire fut d'abord reporter de faits divers pour le tabloïd The Police Gazette, puis officier en charge des relations publiques de l'armée américaine pendant la Première Guerre mondiale. Lecteur compulsif, il va devenir à son tour un auteur incroyablement prolifique. Sa bibliographie donne le tournis : près d'un millier d'œuvres - nouvelles, romans, scénarios - sous divers pseudonymes (dont un féminin). Polars, aventures historiques, westerns, sa palette est large. Jusqu'au jour où il a l'idée de mettre en scène dans la Californie du Sud des années 1800, sous occupation espagnole, un jeune noble nommé don Diego Vega (rebaptisé plus tard don Diego de la Vega). "Sans donner de date précise, contrairement à la série, McCulley prit toutefois la précaution d'évoquer des lieux connus, comme les villages de Reina de Los Angeles et de San Juan de Capistrano, et les villes de Monterey et de Santa Barbara", indique Michelle Roussel, co-auteure, avec Didier Liardet et Olivier Besombes, d'un ouvrage de référence, Zorro, l'emblème de la révolte (éditions Yris, 2015). Issu d'une riche famille terrienne, don Diego Vega devient le pourfendeur de l'oppression et de l'injustice en opérant secrètement sous le nom de Zorro, "renard" en espagnol. Il révèle à la fin de l'histoire, qu'il est Zorro au gouverneur de Californie et à la population.
 
Zorro, 100 ans d’un héros qui a inspiré les autresL'auteur s'inspire de trois personnages : Monrouge, (personnage de justicier anglais sous la Révolution française créé par la baronne Emma Orczy en 1903) où l'aristocrate anglais Sir Percy Blakeney revêt également un costume de justicier et il prête surtout assistance à d'autres aristocrates durant la Révolution française; Joaquin Murietta (1829–1853) qui lors de la ruée vers l'or en Californie vengeait les mineurs latinos des exactions perpétrés par les Anglo-américains (sa vie avait fait l'objet d'un roman de John Rollin Ridge en 1854); et William Lamport (1611-1659), un contrebandier irlandais qui marquait ses victimes d'un Z influencé par l'esprit de justice de son grand-père Patrick, il est escrimeur un hors pair. Aux côtés de pirates, il pille des navires anglais, avant de jeter l'ancre en Espagne, afin d'y gagner les faveurs de la Couronne et de se faire appeler Guillen Lombardo. Envoyé au Mexique, probablement comme espion, il découvre l'insupportable condition des Indiens et des esclaves noirs exploités par les Conquistadores et s'acharnera à les libérer, agissant dans l'ombre. Accusé de sorcellerie et de conspiration par l'Inquisition, mais aussi d'adultère pour avoir séduit la femme d'un vice-roi, Guillen Lombardo croupira de longues années en prison avant d'être condamné au bûcher. En 1872, le général mexicain Riva Palacio, écrivain et franc-maçon, emprisonné à deux reprises pour ses idées libérales, lui a consacré l'un de ses romans historiques, "Mémoires d'un imposteur. Don Guillén de Lampart, roi du Mexique". Quant au surnom de Zorro, McCulley l'a certainement emprunté à Martin Garatuza, autre roman historique de Riva Palacio, en 1868, qui met en scène un noble défiant l'autorité, cachant son identité sous un masque. Et surnommé El Zorro... Mais il serait réducteur de ne voir qu'opportunisme dans la reprise de ces trois personnages par McCulley, à savoir don Guillen, son ami don Diego et Martin Garatuza. Il s'est nourri de ses lectures et de sa culture pour créer un personnage correspondant à ses convictions. Certes moins complexe, plus contemporain, surtout en butte à la corruption des puissants.
 
Zorro, 100 ans d’un héros qui a inspiré les autresMais Zorro, dont le nom signifie «renard», n'a pas attendu longtemps pour s'incarner à l'écran : en 1920 déjà sortait une adaptation cinématographique de ses péripéties, sous le nom de Le Signe de Zorro, dans laquelle Douglas Fairbanks, le Tom Cruise de l'époque, joue le rôle de Zorro. Zorro était si populaire que le public a demandé plus d'histoires sur Zorro après avoir vu Douglas Fairbanks adapter l'écran muet de la création de McCulley. Les nouvelles rencontrent un immense succès après les parties de l'histoire The Adventures of Zorro publié en 1922 et sont rééditées en 1924, en grand format cette fois, sous le titre The Mark of Zorro qui reprend aussi la nouvelle The Curse of Capistrano, où l'on voit don Diego, qui se fait passer pour un jeune homme timide et craintif combattre le sergent Gonzales et le capitaine Ramón. Quant à la jolie Lolita, elle n'est pas insensible au charme du rebelle. Et dans "The Adventures of Zorro", le méchant capitaine Ramón est ressuscité dans "La malédiction de Capistrano" pour qu'il puisse se venger avec une bande de pirates et kidnapper Lolita Pulido. Pour la sauver, Zorro doit encore reprendre le masque. En termes d'aventure pure, " The Adventures of Zorro" est encore plus excitant - plus rapide et plus varié dans son action - que l'original plus romantique. Un choix insupportable est proposé à la señorita Lolita : épouser l'odieux Ramón ou regarder son bien-aimé Diego être torturé à mort. Cela permet de réaliser un nouveau film avec Douglas Fairbanks en 1925, Don Q, Son of Zorro. Puis Johnstone McCulley revisite Zorro dans The Zorro Rides Again dans le magazine Argosy en 1931, et ayant révélé son identité dans Le Fléau de Capistrano, on comprend facilement l'aide de la population à son encontre dans ce roman. En 1941, dans The Sign of Zorro, Lolita est morte d'une courte fièvre après son mariage avec Diego, qui est ensuite resté autour de son hacienda jusqu'à ce que la belle Panchita Canchola implore son aide et le pousse à revêtir à nouveau son masque. À la fin de ce roman, la belle señorita semble devenir la deuxième Señora Vega, mais ses yeux étincelants ont dû perdre leur éclat parce que nous ne l'entendons plus jamais. Dans le magazine West en 1944, il introduit le serviteur muet Bernardo, le Franciscain Frère Felipe et son père Dom Alejandro, le respecté propriétaire du ranch de Reina de Los Angeles, qui sont les seuls à savoir l'identité secrète de Zorro, et en juillet, dans Zorro Draws His Blade, il introduit aussi le sergent Manuel Garcia, qui devient un antagoniste récurrent.
 
Zorro, 100 ans d’un héros qui a inspiré les autresDepuis, pas moins de 55 films mettent en scène le héros masqué Zorro dont le premier film couleur de Republic Pictures en 1936, The Bold Caballero et un sérial de 1937 en 12 chapitres, Zorro Rides Again (1937), puis Tyrone Power l'incarne en 1940 dans l'une des version du personnage les plus appréciés, et d'autres dans des films européens entre 1952 et 1973, avec Walter Chiari (1952), avec Tony Russel (1965), avec Howard Ross (1965), avec George Ardisson (1968), avec Dean Reed (1968), avec Alberto Dell'Acqua dans une comédie avec Franco Franchi & Ciccio Ingrassia, Il figlio di Zorro (1973), Alain Delon l'interprète aussi en 1975 pour "faire plaisir à son fils", Georges Hamilton (Dracula) suit dans le parodique La Grande Zorro en 1981 et, plus récemment, l'espagnol Antonio Banderas en 1998 dans l'adaptation de Martin Cambpell en 1998 qui redonne un souffle nouveau à Zorro au cinéma, puis 2005, alliée de sa sémillante coéquipière Catherine Zeta-Jones; mais aussi des séries télévisées dont la plus fameuse est produite par Walt Disney en 1957, un an avant la mort de Johnston McCulley (en 1958), son générique est devenu célèbre, et c'est Guy Williams - 1m 90 et un vrai talent d'escrimeur - qui joue le justicier hispanique de cette série, colorisée en 1992, il y exécute sans doublure tous les duels alors que la pointe des épées n'était pas mouchetée, sans oublier la série des années 1980, Zorro and Son, la série de 88 épisodes, Les Nouvelles Aventures de Zorro, coproduite par Ellipses (France), Rai (Italie) et New World (États-Unis) entre 1990 et 1993, tandis qu'en Colombie et aux Philippines, ont été récemment tournées des séries télé de Zorro, comptant respectivement 112 épisodes (2007, vendue dans 97 pays) et 98 (2009); et des dessins animés parmi les plus connu celui de Mondo Television (Italie), La Légende de Zorro en 1992 sous le format de l'animation japonaise et sa dernière adaptation audiovisuelle remontant à 2015 avec Les Chroniques de Zorro, un dessin animé en images de synthèse diffusé sur France 3; ainsi que d'autres romans, notamment "Zorro : The Novel" de 2005, où la romancière chilienne Isabel Allende imagine l'arrière-plan du personnage de Zorro et le décrit comme "un mélange de Robin Hood, Peter Pan et Che Guevara".
 
Zorro, 100 ans d’un héros qui a inspiré les autresLa BD notamment un comics britannique publié en 1952 par L. Miller & Son dans une version moderne utilisant des avions, celles de Dell de 1938 à 1955, et de 1956 à 1959, les aventures de Zorro que dessina Jean Pape de 1967 à 1980 à partir de la série TV, de Marvel en 12 volumes en 1990 avec son sideckick féminin Lady Rawhide, puis avec Zorro vs Dacula en 1993, le comic strip entre 1999 et 2001, le comic book Django/Zorro, publié en 2014 par DC et Dynamite Entertainment, dont l'intrigue se déroule quelques années après les événements de Django Unchained, et menacé par un mandat d'arrêt, le cow-boy vengeur parcourt l'ouest des États-Unis, met sa femme, Broomhilda en sécurité à Chicago, et sur sa route, il croise le chemin de Don Diego de la Vega, alias Zorro, et décide de devenir son garde du corps, alors que les deux hommes se donnent alors pour mission de sauver des peuples autochtones de l'esclavage, puis une série de comic book entre 2018 et 2019 pour le 100 ans du personnage, où il affronte des démons, des vampires et d'autres menace paranormales ; la chanson comme celle du Français Henri Salvador, 1964; ou les jeux vidéo notamment Zorro and Son sur Commodere 64 et Apple II, Zorro : A Cinematic Adventures, sur Capstone DOS Video en 1995, The Mask of Zorro sur Game Boy Color en 1999, Shadow of Zorro sur Playstation en 2000, Zorro sur Nintendo Wii en 2009 et Nintendo DS en 2010, et une apparition sur le jeu Persona 5 en 2017 sur Playstation 4, ont aussi copieusement exploité l'image de Zorro. Le créateur de Batman, Bob Kane, a dit avoir très influencé par le film muet "Le signe de Zorro", avec Fairbanks, pour inventer son super-héros à la cape noire, et même par le destrier Tornado pour imaginer sa Batmobile, et Zorro fut aussi une inspiration pour El Aguila chez Marvel Comic.
 
Zorro, 100 ans d’un héros qui a inspiré les autresLes aventures de Don Diego de la Vega, fils d'un notable, qui se fait justicier la nuit, dissimulant sa véritable identité derrière un loup noir, ont su toucher des millions de lecteurs et de spectateurs jusqu'à aujourd'hui, 100 ans après la naissance de Zorro. Et l'aventure continue. Un projet, avec l'acteur mexicain Gael Garcia Bernal, est en préparation à Hollywood. En 2016, Bold Venture Press a republié les histoires de Zorro, puis des histoires originales en 2018 comme Zorro and Little Devil, et souhaite publier en 2019 les Tales Old's Zorro California de Johnston McCulley. Enfin, Quentin Tarantino, réalisateur de Pulp Fiction et Kill Bill travaille sur une adaptation de sa bande dessinée mettant en scène Django et Zorro.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Roy Thomas, Alter Ego #158, TwoMorrows Publishing, 2019, https://actu.fr/normandie/bretoncelles_61061/bretoncelles-conference-sur-mythique-zorro-24-novembre_19578290.html, http://www.ansa.it/sito/notizie/speciali/editoriali/2019/08/10/zorro-compie-100-anni-tra-fumetti-film-libri-e-show_ff9098bc-caf1-4259-8cbb-5c39eeb88b01.html, https://www.francebleu.fr/infos/culture-loisirs/zorro-le-justicier-masque-fete-ses-100-ans-1565327604, https://www.francetvinfo.fr/culture/series/zorro-a-100-ans-retour-sur-une-icone-culturelle-qui-aura-marque-des-generations_3570515.html, http://www.lefigaro.fr/cinema/quentin-tarantino-imagine-une-suite-de-django-unchained-avec-zorro-20190605, https://www.heraldnet.com/life/zorro-the-masked-avenger-is-still-a-thrill-100-years-later/, http://www.hurriyetdailynews.com/z-for-zorro-100-years-on-145469, https://www.la-croix.com/Culture/TV-Radio/Zorro-100-ans-cinq-choses-savoir-cavalier-masque-2019-08-09-1201040201, https://www.lest-eclair.fr/id85708/article/2019-08-09/zorro-100-ans, https://www.lexpress.fr/actualites/1/culture/zorro-un-centenaire-en-pleine-forme_2092695.html, et https://www.lexpress.fr/culture/livre/zorro-a-100-ans-retour-sur-les-origines-du-justicier-masque_2087342.html.
 
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#Posté le dimanche 18 août 2019 07:26

Modifié le dimanche 18 août 2019 07:50

Weird Tales, le pulp de légende

Weird Tales, le pulp de légendeLorsque le magazine de pulp Weird Tales, créé par J.C. Henneberger et J.M. Lassinger pour donner une voix aux écrivains pour sortir leur rêves sombres et imaginations sauvages, est apparu sur les kiosques à journaux en 1923, il s'est avéré être un moment charnière dans l'évolution de la fiction spéculative. «The Unique Magazine» comme il était surnommé, «Weird Tales» a été le premier véritable lieu d'écriture des auteurs dans les genres naissants du fantastique, de l'horreur et de la science-fiction. Des pionniers de fiction étranges tels que H.P. Lovecraft, Robert E. Howard, Clark Ashton Smith, Robert Bloch, Catherine L. Moore et bien d'autres ont perfectionné leur art dans les pages de Weird Tales dans les années 1920 et 1930 et leur travail a eu une influence considérable sur les générations futures d'auteurs de genre.
 
Weird Tales a fait ses débuts en mars 1923, offrant un lieu de fiction, de poésie et de non-fiction sur des sujets allant des histoires de fantômes aux invasions extraterrestres aux occultes. J.C. Hennenberger et J.M. Lansinger, les fondateurs de Rural Publications, ont fait irruption dans les pulpes avec Weird Tales et Real Detective. Edwin Baird a été le premier éditeur des deux magazines. Hennenberger a envisagé Weird Tales comme un débouché pour des histoires qui ne correspondaient pas aux conventions des pulps existants. Dans sa première année, Henneberger a employé Harry Houdini en tant qu'écrivain, ce qui a donné lieu à la rubrique «Ask Houdini» et à la publication d'histoires (écrites par des fantômes de H.P. Lovecraft) sur des événements supposés dans la vie de Houdini. Ces aventures ont en outre établi une fascination pour l'Égypte, la magie et le surnaturel. Les contes orientaux de Frank Owen et la série de détective psychique "Jules de Grandin" de Seabury Quinn ont contribué à la popularité du magazine. Après 13 numéros, Weird Tales est tombé dans des difficultés financières. Hennenberger se sépara avec Lansinger prenant le contrôle de Real Detective, plus réussi, et Hennenberger consacra son temps et son argent à Weird Tales. En novembre 1924 paraît le premier numéro de Weird Tales publié par la nouvelle publication de Hennenberger, Popular Fiction Publishing, et édité par Farnsworth Wright. Avec ce numéro, Weird Tales est entré dans son ère la plus importante.
 
Weird Tales, le pulp de légendeEntre 1925 et 1937, on pu voir d'importants écrivains du fantastique et de l'horreur dans le magazine se faire un nom, comme Robert E. Howard (1906-1936, créateur de Conan le barbare, Sonia la rousse, Kull, Solomon Kane, et Bran Mak More), promoteur de la «sword and sorcery», des récits avec des héros épée à la main placés dans un univers où se mêlent guerre et magie, Seabury Quinn (1889-1969, le plus prolifique des auteurs du magazine) et le légendaire H.P. Lovecraft (1890-1937), écrivain de Providence, à Rhode Island, dont les récits atmosphériques et moroses d'une race de dieux sauvages formeront ce qu'on appelle aujourd'hui le «mythe de Cthulhu», Clark Ashton Smith (1893-1961), ou d'écrivains de science-fiction tels que Edmond Hamilton, qui a eu une influence dans le développement du "Space opera". Sa série "Interstellar Patrol" a été publiée dans Weird Tales de 1928 à 1930. Le magazine publiait aussi des contes étranges d'Edgar Allan Poe, de Mary et Percy Shelley, de Nathanael Hawthorne, de Bram Stoker, de Charles Dickens, d'Oscar Wilde, d'HG Wells, de John Keats, de William Blake, de Samuel Taylor Coleridge et de Paul Verlaine ont permis un mélange éclectique avec les écrivains précédents. Un autre argument de vente du magazine sont les illustrations de couverture de Margaret Brundage méritent une part du mérite de la popularité de Weird Tales.
 
Weird Tales, le pulp de légendeLa deuxième vague est arrivée à la fin des années 1930 au moment où la rédaction a été reprise par Dorothy McIlwriath, rédactrice du magazine, qui a séjourné chez Weird Tales jusqu'à la faillite de la maison d'édition en septembre 1954. À la fin de 1938, Hennenberger a vendu le magazine à William J. Delaney, éditeur de Short Stories. Delaney a ensuite déplacé le magazine à New York et imposé de nouvelles contraintes fiscales. Il a commencé à publier le magazine par l'intermédiaire de l'empreinte Weird Tales, Inc., une filiale de Short Stories, Inc.; ce qui poussa à changer de rédacteur en chef puisqu'en 1940, la maladie de Wright s'aggrava. Sa politique éditoriale était axée sur la fiction surnaturelle, notamment la détection occulte comme la série Judge Pursuivant de Manly Wade Wellman publié entre 1938 et 1941. Elle devait mener la lourde tache de relancer le magazine suite à la mort des auteurs phares du magazine : Robert E. Howard d'un suicide en 1936, d'H. P. Lovecraft en 1937 d'un cancer de l'intestin,  auxquels on peut ajouter la retraite d'Ashton Smith en 1936 et de Wright en 1940 des suites de la maladie de Parkinson. Entre 1938 et 1940, Weird Tales subit une série de changements de formats, passant de 144 pages à 160 dans le but de courtiser de nouveaux abonnés, puis de tomber à 128 pages et de baisser le prix de la couverture de vingt cinq à quinze cents. En janvier 1940, le magazine passait d'un programme mensuel à un programme bimensuel. Elle permit donc à des auteurs de se faire un nom comme Henry Kutner et son épouse C.L Moore. (1911-1987), qui deviendront des écrivains de 1er plan, et Jack Williamson (1908-2006), qui se spécialisa dans la science-fiction. Robert Bloch (1917-1994, qui allait plus tard écrire Psycho en 1959), Manly Wade Wellman (1903-1986), Fritz Leiber (1910-1992), et Ray Bradbury (1920-2012) seront actifs dans les années 1940 et 1950.  Mais Weird Tales n'arriva pas à faire face à la concurrence dans la fantasy, il continua pourtant à lutter financièrement, cependant, et près de la fin de la série originale de 279 numéros, le nombre de pages a commencé à baisser à mesure que les prix de couverture augmentaient. Criblé de dettes dès sa première année d'existence, le magazine est parvenu à survivre jusqu'en septembre 1954.
 
Weird Tales, le pulp de légendeAprès 1954, il y eut plusieurs tentatives pour le faire revivre : des réimpressions d'anthologies dans les années 1960 et 1980, notamment en 1973-74 sous la direction de Sam Moskowitz, et encore en 1984-5 sous Gordan MD Garb. À partir de 1988, Weird Tales fut republié plus ou moins régulièrement de façon  trimestrielle, par Darrell Schweitzer en collaboration avec George H. Scithers et John Betancourt. En 2007, Ann VanderMeer est devenu rédacteur en chef, au cours de laquelle Weird Tales a été nominé pour trois prix Hugo, en remportant un. En 2011, Nth Dimension Media a acheté le magazine. Marvin Kaye a pris la relève en tant que rédacteur début 2012.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Jacques Sadoul, Les meilleurs récits de Weird Tales, Tome I : 1925-1932, J'ai Lu, 1975, Weird Tales, St. James Encyclopedia of Popular Culture, The Gale Group Inc. 2000, Weird Tales, Bowling, Beatniks, and Bell-Bottoms : Pop Culture of 20th-Century America,  The Gale Group, Inc., 2002 , Justin Everett et Jeffrey H. Shanks, L'héritage unique des contes bizarres : l'évolution de la fantaisie et de l'horreur modernes, Rowman & Littlefield, 2015, https://www.actualitte.com/article/patrimoine-education/telecharger-l-integralite-des-numeros-de-weird-tales-le-pulp-legendaire/67092, https://www.babelio.com/auteur/-Weird-Tales/250029, et http://www.pulpmags.org/content/info/weird-tales.html.
 
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#Posté le mardi 29 octobre 2019 15:04

Guy de Maupassant et la littérature fantastique, une entrée dans les peurs de l'auteur

Guy de Maupassant et la littérature fantastique, une entrée dans les peurs de l’auteurDans Trois contes de fantômes paru le 9 octobre 2019 dans les éditions Soleil, nous voyons un hommage ciselé à l'œuvre de Guy de Maupassant. Trois contes de fantômes nous proposent trois nouvelles fantastiques écrites par Guy de Maupassant, choisies et illustrées par Camille Garoche, véritable orfèvre du papier découpé.
 
Apparition s'intéresse à une histoire étrange survenue au marquis de la Tour-Samuel, alors qu'il était âgé d'une vingtaine d'années, et qui le hante depuis... Le Tic est le récit d'un père, affligé d'un tic singulier, qui raconte les mystérieuses raisons qui incitent sa fille à porter un gant à la main gauche... Enfin, La Mort nous immerge dans les souvenirs du narrateur dont la femme est morte, lorsque d'étranges phénomènes se produisent... Illustrés par un époustouflant mélange de dessins et d'œuvres en papier découpé, ces trois récits d'angoisse sont un sublime hommage à l'œuvre de l'un des plus grands conteurs de la littérature française.
 
Guy de Maupassant et la littérature fantastique, une entrée dans les peurs de l’auteurCette sortie me permet de parler du passage de Guy de Maupassant dans le fantastique. Il a écrit d'autres histoires entre 1882 et 1887 qui sont maintenant des chef d'œuvre de la littérature fantastique comme Le Horla, où un homme est persécuté par un être invisible qui le menace et le pousse au crime, La peur, dans laquelle un homme raconte une nuit de pure terreur, La main dans laquelle un juge raconte l'histoire d'un homme qui gardait une main coupée chez lui, Conte de Noël, où un docteur raconte la possession diabolique d'une paysanne, et Un fou ?, dans laquelle un homme raconte le magnétisme dont est victime un de ses amis.
 
Chez Maupassant, l'angoisse monte au fil des pages. L'atmosphère d'abord réaliste se pare d'un voile surréaliste. On plonge soudain d'une ligne à l'autre dans l'épouvante. Rien de surnaturel ici, ni de merveilleux. Mais des histoires qui font place à l'angoisse et à la cruauté, à la folie et à la peur, à la division de l'être qui s'analyse avec lucidité. Le génie de l'auteur est alors de rendre son lecteur captif, d'agir sur sa conscience et de lui faire croire avec naturel et simplicité que ce fantastique intérieur, cohérent et logique, est aussi la vie ordinaire, mais devenue soudain étrange. Ces récits fantastiques souvent uniques présentent un fantastique intérieur, venu de notre cœur : angoisses, noirceurs, terreurs. Aussi ne peut-on séparer ce fantastique de la cruauté de beaucoup de récits dans lesquels Maupassant exprime l'«écœurement abominable» ressenti par lui dans un monde qu'il estime mauvais et absurde.
 
Guy de Maupassant et la littérature fantastique, une entrée dans les peurs de l’auteurMais cette entrée dans le fantastique de l'auteur ne vient pas d'ailleurs. Pourtant rien ne prédisposait cet admirateur et ami de Flaubert, à l'étroit dans les ministères, qui renonça à la sécurité de l'emploi et publia sa première nouvelle (Boule de Suif) dans le manifeste du naturalisme des Soirées de Médan (1880), à s'aventurer dans le fantastique. Il signe alors de nombreux articles, contes, feuilletons et reportages dans des journaux tels que Le Figaro, Gil Blas, Le Gaulois et l'Écho de Paris. Ses récits sont ensuite regroupés dans des recueils dont La maison Tellier (1881), les Contes de la bécasse (1883), ou encore les Contes du jour et de la nuit (1885). Il publie également des romans réalistes parmi lesquels on retiendra Une vie en 1883, Bel-Ami en 1885 et Pierre et Jean en 1888. Apprenant également qu'il est atteint de la syphilis en 1877, cela peut expliquer son choix de montrer le profond pessimisme que lui inspirent les noirs vallons de l'âme humaine.
 
Vers 1885, Maupassant ressent les premiers symptômes de la maladie nerveuse qui l'emportera. Il sombre dans la tristesse, il se croit entouré d'êtres invisibles. C'est à cette époque qu'il écrit «Le Horla». Il faut dire qu'influencé par les contes fantastiques de Hoffmann et de Poe, Maupassant est hanté par le démon de la peur (le Horla). Ayant suivi les cours de Jean-Martin Charcot, il étudie si bien les diverses aberrations de l'esprit qu'on dira qu'il brosse dans ses contes un tableau complet de nosographie psychiatrique. Ses personnages partagent le goût de la solitude et de la nuit et apparaissent comme des sages désenchantés et sereins que l'angoisse va lentement ravager. Les angoisses de Maupassant sont cependant bien réelles : souffrant de migraines nerveuses et de la syphilis, abusant de l'éther pour combattre ses maux de tête, l'écrivain alterne périodes de grande fatigue et dépressions. À partir de 1891, il cesse d'écrire, en proie à des hallucinations visuelles qui le conduisent à la folie. Tentant de se trancher la gorge une nuit de janvier 1892, on finira par l'interner dans la clinique du Dr Émile Blanche, à Passy où il mourra, dix-huit mois plus tard, le 6 juillet 1893.
 
Ces récits fantastiques montrent donc les vues de Guy de Maupassant sur lui-même et son époque, c'est pour cela que son œuvre est empreinte de fantastique et de pessimisme. Il marque également avec la qualité de ses récits sur lesquels il met ses frissons, son angoisse, sa réflexion sur la folie, la solitude et le XIXe siècle, et sur lesquels beaucoup de ses lecteurs se retrouvèrent aussi.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : https://chroniqueslitteraires.wordpress.com/2013/10/22/le-horla-et-six-contes-fantastiques-de-maupassant/, http://www.gallimard-jeunesse.fr/Auteur/Guy-de-Maupassant, https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Guy_de_Maupassant/132339, https://www.lefigaro.fr/langue-francaise/actu-des-mots/cinq-classiques-de-la-litterature-prennent-un-bain-de-jouvence-20191113, https://www.lexpress.fr/informations/guy-de-maupassant_599026.html, et https://www.linternaute.fr/biographie/litterature/1775042-guy-de-maupassant-biographie-courte-dates-citations/.
 
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#Posté le lundi 25 novembre 2019 13:04

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