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Le roi Arthur, la réalité derrière le mythe

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Ce blog s'intéressera avant tout à la question de l'historicité du roi Arthur durant les Dark Ages, une période de grands changements dans la Bretagne post-romaine, et ce qui amena sa légende.

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Le roman Dead Zone, ou comment être prophétique malgré soi

Nous allons voir aujourd'hui le roman Dead Zone, écrit par Stephen King en 1979, dont beaucoup on vu de similitudes avec l'accession au pouvoir de Donald Trump.
 
Le roman Dead Zone, ou comment être prophétique malgré soiStephen King commença à écrire une version de Dead Zone en 1976, une mauvaise année pour l'écrivain, puisqu'il n'arriva pas à publié deux romans inachevés, Welcome to Clearwater et Windsey, et cette ½uvre parlait d'un tueur d'enfant dans une petite ville du Maine (Stephen King a beaucoup écrit sur ce qu'il connaît Avec le souci d'ancrer ses histoires fantastiques dans un contexte réaliste, et plus particulièrement dans le Maine où il vit avec sa femme), et son héros serait un professeur d'école (comme Stephen King a été professeur d'anglais au lycée Hampden Academy, au Maine). qui en touchant un enfant lui dit que sa maison va brûler. Stephen King bloque sur la suite à donner à cette idée, et écrivit un tiers du livre Charlie, puis en 1977 se remit à l'écriture de Dead Zone et le termina pour le publier en 1979. Ce roman fait partie des ½uvres inspirées par la parapsychologie, comme Carrie. C'est aussi un de ses textes les plus politiques et son préféré, car Stephen King montre ses inquiétudes politiques, plus particulièrement à travers le tribun assoiffé de pouvoir, qui fait planer la dictature sur le pays. Plus encore quand Ronald Reagan était le favori du Parti Républicain pour les élections présidentielles de 1980, et dont se méfiait particulièrement Stephen King.
 
Le roman Dead Zone, ou comment être prophétique malgré soiL'histoire est la suivante. Greg Stillson, candidat à la Maison-Blanche, est un fou criminel, grand admirateur d'Hitler et d'autres maniaques de l'extermination. Quand il sera élu, ce sera l'Apocalypse. Cet individu, au départ un miteux représentant de commerce à la violence maladive se montre dès les premières pages du roman tout à fait capable de tuer un chien à coups de pied. Un seul homme le sait : John Smith, enseignant en littérature, amoureux de sa collègue de travail Sarah Bracknell, qui est resté 5 ans dans le coma suite à son éjection d'un taxi le ramenant chez lui suite à un faite foraine, où son don de prescience commence à se faire jour sans doute suite au traumatisme crânien qu'il a eu enfant dans les années 1950 après avoir patiné sur un lac gelé.  Ses parents, Vera, sombrant dans  le mysticisme, et Herb Smith, restent auprès de lui, alors que Sarah préfère refaire sa vie, elle se marie et a un enfant. Quand il se réveille, il est doué d'un étrange pouvoir déclenché par la «zone morte» de son cerveau, qui lui attire pas mal d'ennuis, il devine l'avenir.  Sa mère avant de mourir lui demande d'utiliser selon elle, le don que Dieu lui a offert. Il peut prévoir les accidents, les catastrophes, les hécatombes. Il sauve un enfant d'un incendie, et attire l'attention des médias, plus encore lorsqu'il est contacté par le shérif George Bannermann qui lui demande de l'aide pour arrêter «l'étrangleur de Castle Rock», un tueur qui viole et égorge ses victimes, des femmes de neuf à 77 ans, et qu'il découvre vite que le meurtrier est un policier de la ville nommé Frank Dodd, mais celui-ci se suicide avant d'être arrêté. Il n'y a rien de réjouissant à cela. On ne le croit pas, ou alors on le croit trop. Ne pouvant reprendre sa profession, il devient le tuteur privé de Chuck Chasworth. John Smith n'a encore rien dit de ses prémonitions. Pourtant, le candidat à la présidence des États-Unis est un dément. Il s'enrichit, prend du poids socialement et s'attache les services de gros durs, puis son entrée en politique s'est faite par la corruption et le chantage. John a alors une liaison sans  lendemain avec Sarah, tandis que les gens l'évitent, et il devient peu à peu obsédé par Stillson et enquête sur lui, tout en évitant à Chuck d'aller dans un bar où il y aura 81 morts. Touché moralement et sentant sa santé décliner, il se retire à Phoenix. Sachant ce qu'il sait sur Stillson, que fera John Smith pour son pays ? Il n'a pas d'autre choix que de le tuer surtout quand il apprend qu'une tumeur du cerveau s'est développée dans sa «zone morte», et tente de tuer Stillson durant un meeting, qui se sert d'un enfant comme bouclier humain, mais il est mortellement blessé. Touchant Stillson, il voit qu'il n'a plus aucun avenir et meurt avec le sentiment d'avoir accompli sa mission.
 
Le roman Dead Zone, ou comment être prophétique malgré soiDans ce roman de 370 pages plus riche humainement, Stephen King choisit une homme vivant une épreuve personnelle et enquête sur la nature du gouvernement américain, essaye à travers la fameuse habilité de John Smith, qui lui fait voir le futur, de montrer ce qui peut arriver dans l'Amérique. King s'est inspiré pour lui du parapsychologue hollandais Peter Hurkos (1911-1998), qui utilisa ses pouvoirs apparus à l'âge de 30 ans lorsqu'ils tomba d'une échelle, pour aider la police même si ceux-ci tenaient plus du mentaliste, une branche l'illusionnisme. Dans Dead Zone, on trouve la peur, l'insuffisance et la perte de la foi, nerf et intégrité, et elles sont sondées dans les réactions de John Smith avec son étrange pouvoir mental et celles de Greg Stillson avec ses ambitions politiques, même si Stephen King a voulu que ce soit aussi une histoire romantique.  C'est un roman écrit à différents niveaux : symbolique, historique, personnel et historique. Ces aspects rendent ce roman très riche séparant leur observation nécessaire avec une distorsion, le héros John Smith meurt pour son pays, et c'est peut-être déjà trop tard. Le scandale du Watergate et la guerre du Vietnam rendait perméable les peuple américain à des chefs populistes comme Greg Stillson que la politique Américaine produit et qui utilise les brèches de la Constitution américaine pour arriver au pouvoir. Et John Smith qui  représente la décence et le courage, est destiné à s'opposer à Greg Stillson. Lorsque le livre a été publié en 1979, il était facile d'interpréter le personnage de Stillson comme un symbole de l'anti-intellectualisme réactionnaire qui allait mettre Reagan à la Maison Blanche.  Alors que le roman de King en 1979 se termine par la voix posthume de Smith demandant à Sarah si elle utilisait encore cette «mauvaise cocaïne», cette référence souvent répétée à la drogue est totalement absente du film. Dans les pages du roman, les nombreuses références et allusions de John Smith à l'habitude de se droguer de la part de Sarah servent à situer le texte fermement dans les années Reagan, où les élites bourgeoises noyaient leur désespoir sous la drogue. Une des autres  inspirations de Stephen King est le populiste gouverneur de Louisiane Huey Pierce Long (1893-1935), surnommé «The King Fish», un despote proche de mafieux célèbres, et assassiné en 1935 avant de concourir à la présidentielle sous le dossard démocrate. Sauf que dans le cas de Stillson, John Smith n'arrive pas à l'abattre. Et l'ascension politique de Stillson qui menace de se terminer par une troisième guerre mondiale alimentée par des bombes nucléaires semblait se confirmé quand Ronald Reagan lança en 1984 sa fameuse «guerre des étoiles», ou le programme américain de défense antimissiles nommé officiellement «Initiative de défense stratégique» (IDS). Il s'agissait d'un projet de réseau de satellites dont le rôle aurait été la détection et la destruction de missiles balistiques lancés contre les États-Unis.  
 
Le roman Dead Zone, ou comment être prophétique malgré soiL'histoire a été adaptée à deux reprises. Le film de 1983 met en vedette Christopher Walken dans le rôle de Johnny et Martin Sheen dans le rôle de Stillson, et a été réalisé par David Cronenberg, après le grave échec commercial et critique de son chef-d'½uvre Videodrome. C'est une adaptation fidèle du roman, tourné au Canada pour un producteur indépendant, le grand Dino De Laurentiis. Toutefois, Cronenberg excelle dans ce premier film «grand public» dans le mélange des genres : le paranormal, le thriller paranoïaque, la science-fiction, la romance. Un jeune professeur est victime d'un grave accident de voiture qui le plonge dans cinq ans de coma. À son réveil, il découvre qu'il a développé un pouvoir exceptionnel de voyance. Est-ce un don divin ou une malédiction ? Habitué aux mystères de la chair, Cronenberg explore ici ceux de l'esprit ; son héros (Christopher Walken, angélique et bouleversant) se sacrifiera tel un nouveau Christ pour sauver l'humanité. Dead Zone dépasse les frontières du fantastique et rejoint une forme discrète de mélodrame : Dead Zone est un chemin de croix doublé d'une très belle histoire d'amour. Tandis qu'en 2002, une série télévisée basée librement sur le roman a été diffusée sur USA Network, avec Anthony Michael Hall dans le rôle de John Smith, qui faisait là son grand retour après ses succès dans les comédies adolescentes de John Hugues dans les années 80. Mais cette série n'est pas une suite du film : le changement principal réside dans le fait que sa mère est morte pendant son coma, et que l'enfant de Sarah est celui de Johnny Smith et que celle-ci est mariée à Bannerman. Le personnage de Bruce, son kinésithérapeute et ami, a été inventé pour la série. Dead Zone a été arrêtée en 2007 après six saisons et 80 épisodes, et aurait dû plus centrer la relation de John Smith avec le révérend Purdy, personnage inventé aussi pour la série, qui fait office d'un père d'adoption pour John Smith, capable de se compromettre pour le protéger, et sur son duel avec Stillson incarné par un excellent Sean Patrick Flannery. L'annulation n'était pas vraiment prévue. Même si les chiffres n'étaient pas au rendez-vous, les probabilités d'une saison 7 étaient à l'époque loin d'être mauvais. La série avait quitté Vancouver pour Montréal à sa saison 6 pour des raisons budgétaires. Quoi qu'il en soit, elle fut annulée à cause d'audiences jugées trop faibles pour le prix de la série, qui n'a alors pas eu la possibilité de s'offrir une véritable conclusion. Les fans attendent un livre ou un téléfilm pour finir la série, après une pétition qui n'eut pas gain de cause pour une nouvelle saison.
 
Le roman Dead Zone, ou comment être prophétique malgré soiStephen King a été  interviewé par NowThis en 2019, et ces derniers ont relevé des similitudes entre le roman de King Dead Zone sorti en 1979 (publié chez JC Lattès, 1983, trad. Richard Matas) et la campagne présidentielle de Donald Trump. Ce qui les amener à déclarer que King «avait prédit», à l'instar de son personnage Johnny Smith, la présidence de Trump il y a 40 ans. Stephen King développe : «J'étais en quelque sorte convaincu qu'il était possible qu'un politicien outsider se présente et qu'il soit tellement disposé à dire n'importe quoi qu'il pourrait capter l'imagination du peuple américain». Il poursuit : «Je ne pense pas que j'ai prédit nécessairement Donald Trump lorsque j'ai écrit The Dead Zone. Je sais que les électeurs américains ont toujours eu un réel attrait pour les outsiders qui ont ce genre de politique de droite, l'Amérique d'abord...». “Ils le prennent comme une blague au début parce qu'il organise ces rallyes et il lance des hot-dogs à la foule et dit : Quand Greg Stillson sera élu, vous allez dire hot-dog! Nous avons enfin un vrai moteur! ” Des choses folles que personne ne pourrait croire ou du moins l'avons-nous pensé, jusqu'à ce que Donald Trump arrive. L'auteur conclut : «Et si cela rappelle Trump aux gens, je ne peux pas en être désolé, car c'est un personnage que j'ai écrit. C'était un de mes croque-mitaines et je n'ai jamais voulu le voir sur la scène politique américaine, mais il semble bien que nous ayons un Greg Stillson comme président des États-Unis.» D'ailleurs, L'écrivain d'horreur légendaire Stephen King a publié sur Twitter une sombre prévision de ce qu'il craint pour l'Amérique. "Premièrement, vous attisez la haine et la peur des minorités", écrit-il. "Ensuite, vous les rassemblez et les mettez dans des camps. Ensuite, vous envoyez des raids pour amener ceux qui ont été chassés dans la clandestinité. Les brassards viennent ensuite, n'est-ce pas ?" L'auteur à succès a longtemps été un fervent critique de l'administration Trump, et exprime régulièrement son indignation face aux horreurs sans cesse croissantes de l'ère Trump sur les médias sociaux. Ses critiques franches ont trouvé l'écrivain bloqué par le président sur Twitter - une décision jugée inconstitutionnelle par une cour d'appel fédérale la semaine dernière.
 
Ce roman pose la bonne question, «Que feriez-vous si vous pouviez empêcher la mort de milliers de personnes en tuant quelqu'un et en changeant l'Histoire ?  Auriez-vous par exemple tué Hitler si vous en aviez l'occasion, afin d'épargner des vies ?», et montre aussi que Johnny Smith n'aurait pas eu à se sacrifier si le peuple américain avait eu plus confiance en la démocratie et aux idéaux démocratique que partage le personnage. Et c'est là, la bonne leçon de ce roman.
 
Pour aller plus loin, je vous conseilles ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Stephen King, Dead Zone, Le Livre de Poche, 2005, Harold Bloom, Stephen King, Infobase Publishing, 2006, Tony Magistrale, The Films of Stephen King: From Carrie to Secret Window, Springer, 2008, Paul Meehan, Cinema of the Psychic Realm: A Critical Survey, McFarland, 2009, Claudio Hernández, Les débuts de Stephen King, Babelcube Inc., 2017, https://www.liberation.fr/debats/2018/10/10/face-a-la-trump-tower-tom-leclair-joue-pancartes-sur-table_1684513, https://www.telerama.fr/livre/ou-sinclair-lewis-nous-rappelle-que-le-populisme-n-a-rien-d-impossible-aux-etats-unis,149610.php, https://www.telerama.fr/livre/trois-raisons-de-%28re%29lire...-robert-penn-warren,-lecrivain-aux-trois-prix-pulitzer,n5307909.php, https://www.actualitte.com/article/monde-edition/trump-president-plus-effrayant-que-ses-romans-estime-stephen-king/95868, https://www.arte.tv/sites/olivierpere/2017/08/29/dead-zone-de-david-cronenberg/, https://www.critictoo.com/les-chroniques/deja-oubliee-the-dead-zone-anthony-michael-hall-nicole-de-boer-john-l-adams-chris-bruno-david-ogden-stiers-usa-network/, https://www.elle.fr/Loisirs/Livres/Dossiers/Livre-stephen-king/The-Dead-Zone-1979, https://www.elle.fr/Loisirs/Livres/Dossiers/Livre-stephen-king/The-Dead-Zone-1979, https://www.esquire.com/entertainment/books/a28397303/stephen-king-donald-trump-prediction/, http://ibold.site/stephen-king-pense-que-la-presidence-de-trump-est-plus-effrayante-que-ses-propres-romans/,, https://www.marianne.net/debattons/editos/trump-la-mort, https://www.orlandoweekly.com/Blogs/archives/2012/09/19/the-dead-zone-redux-end-of-the-line-for-romney, http://www.premiere.fr/series/Dead-Zone, et https://tvtropes.org/pmwiki/pmwiki.php/Literature/TheDeadZone.
 
Merci !
Tags : Littérature, Histoire des États-Unis
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#Posté le lundi 18 mai 2020 11:13

Le conte du coupeur de bambous, un classique de la littérature japonaise

Le conte du coupeur de bambous, un classique de la littérature japonaiseNous allons voir aujourd'hui le Taketori monogatari, ou le conte du coupeur de bambous, un conte japonais anonyme entre la fin du IXe siècle et le début du Xe siècle, composé d'un texte en prose émaillé de poèmes japonais (waka) par une dame de la cour surnommée Murasaki Shikibu, il narre les aventures sur terre de la belle Kaguya-hime, princesse de la Lune. Bon nombre d'hypothèses subsiste sur l'origine même du conte : il se trouve qu'un conte du même nom existe en Tibétain. Le nom n'étant pas le seul point commun, la véritable exclusivité de la version Japonaise est l'épilogue sur le mont Fuji. Tout cela étant alimenté par l'idée que les deux contes tirent leur origine du conte chinois concernant Chang'e, qui selon les versions est alors un mythe sur la déesse de la lune, datant du Ve siècle. Il n'est pas inconnu que le Japon fut grandement influencé par la Chine et ce dès le IIIe siècle.
 
Le conte du coupeur de bambous, un classique de la littérature japonaiseL'histoire nous montre un coupeur de bambous qui découvre au sein d'une de ses pousses une petite fille haute de vingt centimètres et lumineuse comme l'astre de la nuit. Le vieil homme et sa femme vont l'élever comme leur fille et la nommer «Kaguya» («lumière resplendissante»). Celle-ci ne tarde pas à grandir en beauté et en bonté pour devenir la plus belle femme du Japon. Les prétendants se pressent pour se disputer sa main, si bien qu'elle donne à chacun une tâche impossible à accomplir. Tous échoueront, jusqu'à l'Empereur lui-même. Car la belle ne peut se marier : elle n'est pas humaine, elle vient de la lune. Puis, elle devint de plus en plus lunatique, et c'est en vain que le vieillard l'ayant élevé se répand en protestations pour la retenir, et en vain l'Empereur fait placer une garde de deux mille hommes autour de sa maison, puisqu'une ambassade d'êtres célestes vient la chercher sur un char, et vêtue d'une robe de plumes, elle partit rejoindre les siens sur la Lune pour retrouver la place qui lui revient parmi les immortels. Elle laisse, en partant, des lettres d'adieu à son vieux protecteur et lui remet un élixir d'immortalité.
 
Le conte du coupeur de bambous, un classique de la littérature japonaiseCombinant des motifs universels tels que le mariage entre un humain et un être surnaturel ou les épreuves imposées par l'héroïne à ses prétendants, il combine habilement merveilleux et observation de la vie humaine. Ce conte n'est en rien une critique politique et un récit de science-fiction. Mais, il s'y dessine une critique de la position de la femme durant la période Heian au Japon, celles de basse extraction servant de concubines aux grands du royaume dont les enfants n'étaient pas reconnus et adoptés par des serviteurs, ce qui serait le cas de Kaguya-hime, un sort pas plus enviables que pour les filles de hauts dignitaires, d'empereurs ou de princes qui devaient accepter de descendre dans l'échelle sociale, ou celles nés dans des familles de moyens fonctionnaires, se contentant d'union médiocre ou de devenir des épouses secondaires d'un grand personnage, soit d'aller servir dans le palais ou dans la maison d'une princesse ou de l'épouse d'un grand fonctionnaire. Kaguya-hime refuse ce sort et le récit est malgré lui féministe.
 
Le conte du coupeur de bambous, un classique de la littérature japonaiseC'est avant tout un récit formé par la combinaison de trois contes. Le premier est fondé sur le thème de l'enfant merveilleux découvert par un vieillard et adopté par lui. Ce thème revient dans un grand nombre de contes japonais, parmi les plus populaires. Et il faut noter que c'est généralement dans une plante ou un fruit qu'est découvert l'enfant. Or, si la première partie, qui raconte la naissance de Kaguya-hime, est brève et assez maladroite, proche sans doute de la version populaire japonaise dont elle s'inspire, l'histoire des prétendants et de l'Empereur est longuement développée, et fait montre de recherche littéraire. Des poèmes, détestables d'ailleurs, y sont insérés. On reproche souvent à Kaguya-hime de manquer d'humanité. Mais c'est précisément dans la mesure où elle serait humaine qu'elle serait fausse. Et c'est une des meilleures réussites de l'auteur que d'avoir fait d'un personnage de conte de fées cette belle et distante figure. Dans la troisième et dernière partie, on apprendra quelle est l'origine de Kaguya, elle est la fille du Roi de la lune, et ayant expié une faute, elle peut revenir de son exil. Tour cela est pimenté d'un humour satirique remarquable.
 
Le conte du coupeur de bambous, un classique de la littérature japonaiseCe conte a inspiré un bon nombre d'artistes de la peinture (l'emaki de Oumi Kose), de nombreux mangas, et animes dont un court-métrage de 26 minutes en 1961, notamment la série Sailor Moon (histoire présente dans le volume 11 en 1997), ou Inu-Yasha dans le film Le château à l'intérieur du miroir de l'illusion en 2002, ou le manga en 27 volumes Princesse Kaguya publié entre 1993 et 2005, dont les personnages principaux en sont directement inspirés, et des jeux vidéos comme Okami. Des films furent réalisés comme celui de Kon Ichikawa en 1987, La Princesse de la lune, recherchant une exploitation pour le public occidental pour lequel sont mis en avant des éléments de science-fiction à la fin du film rappelant ceux des films Rencontre du troisième type et E.T., l'extraterrestre, et celui du célèbre studio d'animation Ghibli en 2013, Kaguya-hime no Monogatari (littéralement, "Le Conte de la princesse Kaguya"), dans lequel on suit le développement de la jeune Kaguya et ses différentes rencontres avec ses prétendants, même si celui-ci d'Isao Takahata en fait un récit écologique et féministe, loin du conte original.
 
Cette ½uvre, considérée comme l'ancêtre du conte japonais, est encore très populaire aujourd'hui. Et elle permet d'avoir une belle variation du récit à travers différentes ½uvres.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : René Sieffert, Le conte du coupeur de Bambou, Publications orientalistes de France, 1992, https://www.plathey.net/livres/japon/conte-coupeur-bambous.html, et  https://www.notesdumontroyal.com/note/125, Francine Hérail, La cour du Japon à l'époque de Heian : Aux Xe et XIe siècles, Hachette 1995, Daisuke Ihara, et Nishimura Eri, Le coupeur de bambous, Delcourt, 2011 (BD), Alice Brière-Haquet, et Shiitake, Kaguya, princesse au clair de lune, Nobi Nobi, 2012 (BD), https://www.histogames.com/HTML/audiovisuel/film/l/le-conte-de-la-princesse-kaguya.php, https://www.larousse.fr/encyclopedie/litterature/Taketori_monogatari_Conte_du_coupeur_de_bambous/172534, https://www.letemps.ch/conte-princesse-kaguya, https://www.nautiljon.com/culture/contes+-+mythologie-5/princesse+kaguya-18.html, et https://www.wdl.org/fr/item/7354/.
 
Merci ! 
Tags : Littérature, Contes
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#Posté le lundi 22 juin 2020 07:04

Autant en emporte le vent, raciste ?

Autant en emporte le vent, raciste ?Publié en 1936, le gros roman (1400 pages) de Margaret Mitchell, une jeune journaliste d'Atlanta, qui a mis 10 ans à le rédiger, qui évoque la Géorgie du Nord au temps de la guerre de Sécession, fut un succès mondial, et après sa parution, le roman s'est écoulé à plus d'un million d'exemplaires et se voit décerner le prestigieux Prix Pullitzer et intéressa vite le cinéma puisqu'une adaptation ciné est mise en chantier dès 1937.
 
1861, Géorgie. Scarlett O'Hara a seize ans. Elle a devant elle l'avenir radieux d'une riche héritière de Tara, une importante plantation de coton. Mais la guerre civile est sur le point de plonger dans le chaos le pays tout entier, et Scarlett a le c½ur brisé : Ashley Wilkes vient d'en épouser une autre, Mélanie Hamilton. Pour fuir son chagrin, elle s'approprie le prétendant de sa s½ur, Frank, qu'elle épouse par intérêt, et va s'installer à Atlanta, impatiente de goûter à l'énergie d'une grande ville. Là, un certain Rhett Butler, à la réputation douteuse de contrebandier, commence à s'intéresser à Scarlett et son caractère rebelle. Un duel de séduction s'engage alors, et ils vivront ensemble les pires heures du siège d'Atlanta. En 1866,  de retour à Tara, ravagée par la guerre, Scarlett O'Hara découvre que sa mère et morte, et son père est devenu fou, n'a que peu de moyens pour subvenir aux besoins de ses proches, y compris Ashley dont elle reste secrètement amoureuse, dont elle a promis de s'occuper de sa femme. Acculée, elle retourne à Atlanta où elle recroise Rhett Butler, toujours persuadé qu'ils sont faits l'un pour l'autre. La laissera-t-il lui échapper cette fois ? Comment regarder de l'avant quand la vie n'est que décombres ? Et que peut la morale d'autrefois face à l'argent d'aujourd'hui ? Scarlett devra faire des choix, et chacun de ses pas, aussi risqué soit-il, la mènera vers l'indépendance. Veuve pour la seconde fois avec un deuxième enfant, elle épousera finalement Rhett Butler. Le couple s'installe à Atlanta. Leur union n'aura rien du conte de fées. Scarlett O'Hara n'hésitera pas et fera des affaires avec les "Carpetbaggers" et les "Scalawags" – nouveaux riches venus du Nord et profiteurs de guerre sudistes – fidèle à sa volonté de s'assurer avant tout une vie confortable. Businesswoman sans scrupule, Scarlett O'Hara personnifie le triomphe de l'argent sur la morale : elle n'hésite pas à tricher, mentir et user de son charme pour se mettre à l'abri du besoin. Margaret Mitchell résume l'évolution de son personnage en ces termes : "le contact rude avec la terre rouge de Tara avait effacé son appartenance à l'aristocratie et elle savait qu'elle ne se considérerait plus jamais comme une dame." On reproche à Scarlett O'Hara son attitude "masculine", sa lutte pour son confort financier qui s'oppose aux valeurs traditionnellement prêtées aux femmes et à celles d'un vieux Sud crispé sur son héritage. Margaret Mitchell constate : "Ils puisaient leur courage dans le passé. Elle puisait le sien dans l'avenir". La  relation entre Scarlett et Rhett est difficile et, après la mort de leur unique enfant, Rhett décide de quitter la maison définitivement et d'abandonner Scarlett, après que Mélanie lui confie Ashley avant de mourir, dont elle n'est plus amoureuse. Elle le supplie de rester : «Ou Irai je, Que vais je devenir ?»,  et  Rhett Butler d'avoir cette  réponse définitive : "Franchement ma chère... Je n'en ai que faire". Scarlett décide alors de revenir seule à Tara et de reconquérir son époux.
 
Autant en emporte le vent, raciste ?L'½uvre de Margaret Mitchell «montre un monde en fin de vie», «qui reposait sur l'esclavage», détruit par la guerre de Sécession. La saga montre aussi «comment ces deux Amérique vont avoir du mal à se réconcilier». Et c'est ce qui fait l'intérêt de l'½uvre de l'autrice : «Toutes les luttes que l'on peut voir aujourd'hui aux États-Unis sont expliquées par ce qui s'est passé à ce moment-là de l'histoire américaine. La guerre de Sécession, c'est la naissance de l'Amérique moderne avec tout ce qu'il y a de positif et de négatif. Et les contradictions culturelles, entre la vieille Amérique issue de l'Europe et la nouvelle Amérique libérale, sont en germe dans ce conflit-là.» Et l'histoire de Scarlett O'Hara, c'est avant tout l'histoire d'une jeune femme éprise de liberté, dans un monde qui s'écroule, qui décide de changer au lieu de disparaître avec lui. Son monde c'est le Sud des États-Unis. Un Sud dont la culture repose sur l'esclavage, qui est une abomination. L'histoire d'"Autant en emporte le vent", c'est avant tout celle d'une jeune femme libre, qui souffre, c'est une histoire d'émancipation. Scarlett O'Hara, c'est quand même la première héroïne féministe de la littérature. On a eu des personnages féminins auparavant, mais qui à chaque fois, de la Marquise de Merteuil dans "Les Liaisons Dangereuse" à Anna Karénine en passant par Madame Bovary, étaient punies par la société des hommes. Scarlett O'Hara, elle, a une vie très dure par bien des aspects. Mais à la fin, elle sera victorieuse. Ses alliés sont peu nombreux, parmi eux on compte Mammy, la nourrice, une seconde maman pour elle, qui ne se prive pas de la remettre dans le droit chemin, et Mélanie Hamilton, sa fidèle amie qui la défend toujours, symbole de la vie d'avant, de celles qui ne survivent pas à la catastrophe, mais qui se sacrifie pour la reconstruction. Un autre portrait intéressant est celui de la prostituée mulâtre, Belle Watling, la double de Scarlett, qui a fait fortune en vendant son corps, couche aussi avec Rhett, et s'attire la sympathique de Mélanie, c'est l'opposée de Scarlett et en même temps son double qui a refusé le mode vertueux sudiste pour s'enrichir, et montre la nouvelle société qui émerge de la guerre. D'ailleurs, Margaret Mitchell avait pour mère une suffragette, une militante pour le droit de vote des femmes, dont elle partageait évidemment les idées. Lorsque le livre est sorti en 1936, les femmes n'avaient pas encore le droit de vote en France. Et l'histoire d'amour entre Scarlett et Rhett, et l'amour fantasmatique de Scarlett pour le lâche et rêveur Ashey Wilkes, vient de l'expérience amoureuse de Margaret Mitchell. En premières noces, elle épousa un homme idéal, façon Ashley. Qui s'avéra être un homme jaloux et alcoolique à qui elle n'avait pas grand chose à dire. Elle divorça pour épouser le témoin de son premier mari dont elle se méfiait car il ne lui semblait pas sérieux. Un Rhett en puissance qui la rendit pourtant heureuse le restant de ses jours, malgré son cynisme et son incapacité à se faire passer pour l'homme idéal – qu'il n'était finalement que pour elle.
 
Autant en emporte le vent, raciste ?Il est important de replacer le livre dans son contexte. Á l'époque les lecteurs et les lectrices étaient fascinés par cette femme qui se mariait trois fois, qui travaillait et qui allait danser alors qu'elle était encore veuve, et ne se centrait pas sur les passages racistes du livres. Certains passages du roman soulèvent l'indignation par leur contenu raciste taxé d'instrument le plus ambitieux et efficace du révisionnisme sudiste. Point fondamental, l'idéologie de la "Lost Cause" (cause perdue) soutenait que les États du Sud s'étaient battus pour leur indépendance politique, menacée par le Nord, et non pour le maintien de l'esclavage, ce qui est une contre-vérité historique. Ces critiques ne sont pas nouvelles. Margaret Mitchell a déjà dû les affronter en 1936 lors de la publication de son roman. Elle s'est déjà défendue à l'époque d'être raciste : "J'ai beaucoup souffert de raconter comment était la Géorgie du Sud à l'époque [de la Guerre de Sécession]", avait-elle déclaré. La période qui suit la guerre de Sécession, appelée Reconstruction (1865-1877), occupe une place importante dans le roman de Margaret Mitchell. Sudiste, l'auteure l'est aussi dans son analyse des événements politiques qui ont marqué ces douze années : abolition de l'esclavage, retour des États du Sud dans l'Union et échec de l'intégration des affranchis dans la société du Sud. En gros, les Noirs des États-Unis ont été dupés par les gens du Nord et maltraités par les gens du Sud. Pour le langage que Margaret Mitchell prête aux esclaves, elle a puisé chez Maupassant des tournures comme "j'avions décidé", ou "Mam'zelle Scarlett, la pas voulu". Les métaphores de la célèbre Mammy, la grosse nounou de la famille O'Hara, sont particulièrement éloquentes, tel ce jugement sans appel sur Scarlett : "vous êtes rien qu'une mule avec un harnais de ch'val". Le livre de Margaret Mitchell avait fait un carton dans l'Allemagne nazie à sa parution (contrairement aux ½uvres de Dos Passos ou Sinclair, brûlées dès 1933), et encore davantage aux États-Unis, popularité entretenue ensuite pendant des décennies grâce à quantité de réimpressions et nouvelles éditions.
 
Autant en emporte le vent, raciste ?Nous savons que le film fruit d'un tournage chaotique fut l'enfant chéri de son producteur David O. Selznick, qui contrôla tout, le choix des acteurs, le scénario, le style de l'image, et remplaça les deux réalisateurs initialement prévus, Sam Wood, puis George Cukor que Clark Gable, inoubliable Rhett Butler, a fait éjecter en début de tournage, jugés trop tendres et sans poigne, pour mettre à leur place l'autoritaire Victor Fleming (1883-1949), qui venait de «venir à bout» de la féerie Le Magicien d'Oz (The Wizard of Oz, 1939), Selznick voulait faire d'Autant en emporte le vent (Gone with the Wind) le grand succès du parlant, en revenant sur un épisode central de l'histoire américaine, la seule guerre «officielle» menée sur le territoire des États-Unis. "Autant en emporte le vent" est le film de tous les superlatifs : 8 Oscars en 1940, record inégalé jusqu'à "Ben Hur" vingt ans plus tard, 800 figurants pour la scène où Scarlett parcourt les rangs des blessés confédérés à la recherche du médecin et, surtout, 1400 postulantes pour le rôle de Scarlett. Les plus grandes actrices d'Hollywood ont dû céder leur place à une relative inconnue –  Vivien Leigh –, Britannique de surcroît, pour le plus grand plaisir des habitants du Sud qui auraient mal toléré que l'héroïne d'Atlanta soit incarnée par une Yankee. Les 3 heures 58 de film dépeignent une vision romantique et nostalgique de cette époque où l'esclavage était une norme. Pourtant, le film nous montre que réfugiée à Atlanta à la suite d'un chagrin d'amour, Scarlett Ohara croise l'aventurier Rhett Butler (Clark Gable), avec qui elle connaît une passion tragique qui se conclut par cet échange mythique : «Scarlet : Si vous partez, où vais-je aller, que vais-je devenir ? Rhett: Franchement, ma chère, c'est le cadet de mes soucis.» Le film explore aussi ses relations avec Mammy (Hattie McDaniel), sa nourrice, et sa rivale Mélanie Hamilton (Olivia de Havilland) - et dresse le portrait d'une fille de la haute société qui peu à peu apprend à se défaire de ses préjugés. Le personnage de Scarlett a marqué durablement les esprits des spectatrices par sa force de caractère. Des 1400 pages du roman, le film a surtout conservé les souffrances de la guerre, la ténacité de Scarlett et l'ambiguïté de Rhett Butler.

Autant en emporte le vent, raciste ?David O. Selznick, redoutait dès la sortie, avec plus ou moins d'ingénuité, que le film ne serve «d'apologie non intentionnelle de sociétés intolérantes, en ces temps gangrenés par le fascisme» (nous sommes en 1939). Il faut dire que dès le tournage du film, le producteur David O Selznick a reçu des lettres dénonçant le racisme de Margaret Mitchell. Le quotidien The Los Angeles Sentinel, à la même époque, a aussi appelé à boycotter "toutes les productions de Selznick, présentes comme futures". Avant le tournage, la NAACP, organisation de défense des droits civiques, a obtenu du producteur qu'il adoucisse certains aspects du scénario et qu'il engage des conseillers afin que les Noirs soient respectés sur le tournage.  La sortie du film en 1939 a aussi été mouvementée. Le film a été accusé par le critique du Chicago Defender d'être une "arme de terreur contre l'Amérique noire". À l'avant-première, organisée à Atlanta, la mairie a demandé à des paroissiens noirs de chanter devant le cinéma : "L'idée était de les faire chanter du gospel déguisés en esclave", raconte le professeur John Bracey, sur le site de l'University of Massachusetts. Toutes les églises ont refusé, à l'exception de celle où le père de Martin Luther King prêchait: "C'est une anecdote que les historiens des droits civiques aiment rappeler, mais à la première d'Autant en emporte le vent, Martin Luther King, 10 ans, roulait des balles de coton, habillé comme une caricature d'esclave d'antan - il était un symbole du Vieux Sud, placé là pour divertir l'élite blanche." Des manifestations ont éclaté à Washington, à Chicago et à Brooklyn. "Autant en emporte le vent glorifie l'esclave", ont chanté certains manifestants à Chicago, note l'historien du cinéma Leonard J. Leff dans les colonnes de The Atlantic. Si les manifestations étaient en majorité pacifiques, l'une d'elles s'est terminée avec l'arrestation d'un adolescent de 17 ans à Brooklyn.  Plusieurs figures de la communauté noire se sont indignées depuis. Malcolm X se souvient d'avoir vu le film lors de sa première exploitation : "J'étais le seul Noir dans la salle. Quand Butterfly McQueen [l'actrice qui joue Prissy] arrive à l'écran, j'ai eu envie de me cacher sous un tapis." Selon John Bracey, Rhett Butler est le seul aspect du film que les Noirs peuvent apprécier : "Il a du style et une bonne attitude : il dit aux gens coincés de la haute qui soutiennent l'esclavage et la suprématie blanche qu'il n'en a rien à foutre." Une partie de la critique de gauche avait déjà accueilli le film en pointant son idéalisation du grand Sud esclavagiste repeint au chromo lyrique de la «cause perdue».  Lors de la cérémonie des Oscars en 1940, Hattie McDaniel, qui incarne la servante de Scarlett O'Hara dans le film, a dû s'asseoir à une table isolée des acteurs blancs, en raison de la ségrégation raciale en vigueur à l'époque. Hattie McDaniel a été aussi, ce soir-là, la première Afro-Américaine à remporter un Oscar.
 
Autant en emporte le vent, raciste ?En 1984, James Baldwin a écrit à propos d'Autant en emporte le vent dans la préface de Chroniques d'un enfant du pays (Gallimard), un recueil d'essais où il réfléchit sur sa condition de noir aux États-Unis : "Apparemment les Nord-Américains croient à ces légendes, qu'ils ont créées et qu'absolument aucune réalité ne corrobore, et y croient encore aujourd'hui. Et quand ces légendes sont attaquées, comme cela arrive maintenant - partout sur un globe qui n'a jamais été et ne sera jamais blanc -, mes compatriotes deviennent puérilement agressifs et indiciblement dangereux." En août 2017, après les évènements de Charlottesville, un cinéma de Memphis a suspendu sa projection annuelle du film. En 2018, lors de la sortie de Blackkklansman, Spike Lee a condamné dans Première le film, estimant qu'il était "l'un des responsables de la persistance de la mentalité raciste en Amérique" : "Il a totalement romantisé le Sud et l'esclavage. Pire, il a fait perdurer deux idées nocives : l'une selon laquelle les Confédérés n'avaient pas vraiment perdu la guerre, l'autre qui dit que l'esclavage n'avait en fait rien à voir avec la Guerre de Sécession." Le film fait également régulièrement l'objet de débats dans la presse anglo-saxonne, que ce soit dans le Guardian, le Los Angeles Time ou le Washington Post. Plusieurs romanciers américains ont enfin écrit des livres en réponse à Margaret Mitchell et au film. Donald McCaig a publié en 2014 Le Voyage de Ruth, un préquel sur le personnage de Mammy, désormais baptisée Ruth : "C'est une enquête, et la reconstitution de la vie d'un personnage de premier plan qui n'a peut-être pas été apprécié à sa juste valeur", avait indiqué l'auteur à la sortie de son livre. En 2001, la romancière métisse Alice Randall a imaginé The Wind Done Gone, une parodie du roman de Margaret Mitchell qui raconte l'histoire d'une demi-s½ur de Scarlett née des amours d'un maître et d'une esclave. Les héritiers de Margaret Mitchell ont tenté de faire interdire la publication, mais des écrivains et des intellectuels ont soutenu Alice Randall. Toni Morrison a elle-même confié dans une lettre adressée au tribunal "la douleur, l'humiliation et la colère" qu'elle ressentait en pensant au "classique" de la littérature américaine. Les poursuites ont été abandonnées en 2002. Et lors de son adaptation sur scène, en France, au début des années 2000, l'histoire avait été enrichie de séquences mettant en avant la condition difficile des esclaves.
 
Autant en emporte le vent, raciste ?Qualifié par des historiens de révisionniste, le film de Victor Fleming sorti en 1939 a été retiré de la plate-forme de streaming HBO Max le 9 juin 2020, en plein mouvement de protestation contre le racisme et les violences policières aux Etats-Unis. La décision d'enlever le film a fait suite à la publication d'un article écrit par le scénariste de 12 Years a Slave, John Ridley dans le Los Angeles Times intitulé "Hey, HBO, Autant en emporte le vent romançait les horreurs de l'esclavage. Retirez-le de votre catalogue". Ce classique du cinéma est revenu sur la plateforme de diffusion HBO Max depuis mercredi 24 juin. Le film est accompagné de deux vidéos rappelant le contexte dans lequel il été tourné. Il est désormais accompagné d'une introduction de quatre minutes et de l'enregistrement d'une table ronde sur le film au festival Turner Classic Movie (TCM) en 2019. Le film "présente le Sud d'avant la guerre comme un monde de grâce et de beauté sans reconnaître la brutalité de l'esclavage sur lequel ce monde était basé", explique l'universitaire Jacqueline Stewart, animatrice du TCM et spécialiste du cinéma, dans l'introduction. "Quatre-vingts ans après sa sortie initiale, Autant en emporte le vent est un film d'une importance culturelle indéniable. Il s'agit non seulement d'un document de référence sur les pratiques racistes d'Hollywood qui ont eu lieu par le passé, mais aussi d'une ½uvre de culture populaire qui parle ouvertement des inégalités raciales qui persistent dans les médias et la société d'aujourd'hui", ajoute cette professeure d'études cinématographiques à l'université de Chicago. Le 12 juin 2020, le Grand Rex à Paris a déprogrammé le fil qui devait être déprogrammé le 23 juin. L'éditeur Gallmeister, spécialisé en littérature américaine propose la première traduction française revue depuis 1939 sortie le 11 juin 2020. Une réédition rendue possible depuis que le roman est tombé dans le domaine public en janvier. Jusqu'ici, seule la version vendue par Gallimard était disponible.  Cette nouvelle traduction ne censure aucun passage, mais retranscrit plus respectueusement les dialogues des personnages noirs. Pour contrecarrer leurs concurrents, Gallimard ressort une version "augmentée" de sa propre édition poche, avec en couverture le couple mythique du film, Clark Gable et Vivien Leigh. En bonus, est inclus une partie de la correspondance inédite du traducteur français «historique» Pierre-François Caillé (1907-1979) avec la romancière américaine Margaret Mitchell (1900-1949) qui semble approuver certains choix de traduction, a posteriori contestables. Tiens, tiens... Pierre-François Caillé avait notamment pris le parti de faire parler les Noirs de la plantation de manière caricaturale en remplaçant les sons «r» par une apostrophe : «C'est-y la bonne de vot'enfant ? Ma'ame Sca'lett, elle est t'op jeune pou' s'occuper du fils de missié Cha'les !» On peut comprendre qu'une retraduction était particulièrement nécessaire, au vu de la traduction raciste de Gallimard à l'époque, montrant des relans du colonialisme français.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : https://www.20minutes.fr/arts-stars/culture/2797643-20200611-autant-emporte-vent-nouvelle-traduction-roman-sort-entre-feminisme-scarlett-ohara-naissance-amerique-moderne, https://www.bfmtv.com/people/cinema/tout-comprendre-pourquoi-autant-en-emporte-le-vent-est-il-juge-raciste_AN-202006110176.html, https://www.francebleu.fr/infos/culture-loisirs/autant-en-emporte-le-vent-sous-le-feu-de-la-polemique-1591843212, https://www.franceinter.fr/culture/juge-raciste-le-film-autant-en-emporte-le-vent-supprime-provisoirement-de-la-plateforme-de-streaming-hbo , https://www.francetvinfo.fr/culture/patrimoine/histoire/autant-en-emporte-le-vent-revient-sur-hbo-max-accompagne-de-deux-videos-rappelant-le-contexte-historique-dans-lequel-il-a-ete-tourne_4021259.html, https://www.gallmeister.fr/livres/fiche/388/mitchell-margaret-autant-en-emporte-le-vent-vol-1, https://www.gallmeister.fr/livres/fiche/390/mitchell-margaret-autant-en-emporte-le-vent-vol-2, https://www.lci.fr/sorties/on-ne-peut-pas-juger-autant-en-emporte-le-vent-avec-les-criteres-de-la-societe-actuelle-2156297.html, https://www.lesinrocks.com/2020/06/10/cinema/actualite-cinema/juge-trop-raciste-hbo-max-retire-autant-en-emporte-le-vent-de-sa-bibliotheque/, https://next.liberation.fr/cinema/2020/06/10/personne-ne-censure-autant-en-emporte-le-vent_1790860, https://www.ouest-france.fr/culture/livres/autant-en-emporte-le-vent-reedite-les-traductions-doivent-elles-refleter-l-air-du-temps-6878246, https://www.rts.ch/info/culture/livres/11387045--autant-en-emporte-le-vent-un-roman-prophetique-.html#chap03, http://www.slate.fr/story/191613/litterature-autant-en-emporte-le-vent-margaret-mitchell-femmes-scarlett-o-hara-survie-mariage-sexe-feminisme, https://www.vanityfair.fr/culture/ecrans/articles/pourquoi-les-femmes-tombent-elles-amoureuses-du-mauvais-homme/44223, et Michel CHION, «AUTANT EN EMPORTE LE VENT, film de Victor Fleming», Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 26 juin 2020. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/autant-en-emporte-le-vent/.
 
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Tags : Littérature, Cinéma, Histoire des États-Unis
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#Posté le mardi 07 juillet 2020 08:58

Modifié le mardi 07 juillet 2020 09:28

Autant en emporte le vent, ou comment poursuivre l'histoire

Autant en emporte le vent, ou comment poursuivre l’histoireC'est sur "Demain est un autre jour..." que s'achevait le roman. Mais pour des millions de lecteurs, leurs amours demeuraient en suspens... Mais, depuis 1936, une question taraude tous les fans : l'orgueilleuse Scarlett O'Hara va-t-elle reconquérir le ténébreux Rhett Butler ?
 
Une suite à "Autant en emporte le vent", intitulée Scarlett, est sortie en 1991. Le Margarett Mitchell Estate (les deux neveux de Margaret Mitchell) engagea Alexandra Ripley (1934-2004) en 1986 pour écrire une suite à Autant en emporte le vent.  Le choix s'est portée sur elle, car elle écrivait des romances dans le Sud des États-Unis dont elle était originaire comme Charleston (1981), New Orleans Legacy (1987), ou plus tard Fields of Gold (1994). La plupart de ses ½uvres se centrait avant tout sur une héroïne qui évoluait à travers les vicissitudes de la vie et qui construisait son identité à travers elles. Ce qui provoqua la controverse car Margarett Michell avait refusé de faire aller plus loin son roman. Ripley prépara son travail en épousant le style de Margarett Mitchell qui devait au départ faire 300 pages et qui finit sur 884 pages.  Elle voulait donner une nouvelle direction au personnage de Rhett Butller et permettre de voir Scarlett O'Hara dans sa tentative de reconquête et son attitude souvent bizarre face aux situations.
 
Dans ce roman, toujours aussi fougueuse et passionnée, Scarlett, qui s'est juré de reconquérir l'homme de sa vie, parviendra-t-elle à surmonter les déceptions et les obstacles multiples qui l'attendent ? Plus déterminée que jamais, Scarlett se met en tête de reconquérir l'homme de sa vie. Mais Rhett est un homme blessé et demande le divorce, malgré la passion qui l'anime. Refusant cet échec, Scarlett décide de le retrouver dans sa famille à Charleston. Là-bas, elle va tout faire pour s'intégrer à cette société même si celle-ci est bien trop guindée à son goût. La jeune femme a tout prévu pour faire succomber le seul homme à l'avoir véritablement aimée, mais lors d'un bal tout va basculer... Après le bal de la Sainte-Cécile, Scarlett et Rhett ont succombé aux flammes de la passion qui n'a jamais cessé de les animer. Mais craignant que tout recommence comme avant, Rhett décide de ne plus jamais revoir Scarlett. Au bord du désespoir, Scarlett part en Irlande afin de fouler la terre de la véritable et légendaire Tara... C'est dans une Irlande ensanglantée par le conflit anglo-irlandais, berceau de la famille O'Hara, qu'elle va reconquérir Rhett, le seul homme à l'avoir véritablement aimée. Cela permet au moins une réconciliation temporaire avec Rhett, Scarlett préparant même le petit-déjeuner pour lui.
 
Autant en emporte le vent, ou comment poursuivre l’histoireRipley varie les sites dans le roman, passant d'Atlanta, de Tara à Charleston, de Savannah à l'Irlande, pour mettre en avant la relation entre Rhett et Scarlett, et leur réconciliation. Les critiques principales à propos du roman vinrent que l'histoire se plaçait en Irlande, et que Ripley utilisait le mot 'black' pour désigner les personnes de couleurs, mais aussi qu'elle parlait très peu de l'esclavage. D'autres critiques lui reprochèrent d'avoir tempéré le caractère de ses personnages, en édulcorant nettement le personnage de Scarlett O'Hara. Malgré cela Scarlett fut un succès commercial. Les enchères entre éditeurs avaient été épiques en France. C'est Pierre Belfond qui avait finalement arraché le morceau, grâce à un coup de poker resté célèbre dans la profession : il avait proposé 1 million et... 1 dollar. Et Les droits pour Scarlett à la télévision furent achetés par CBS pour 8 millions de dollars, un record pour une minisérie à l'époque. Warner avait acheté 4,94 millions de dollars pour les droits de publication. Cette minisérie de 4 épisodes reprenant parfaitement le livre est diffusée en 1994, avec Timothy Dalton dans le rôle de Rhett et Joanne Whalley dans le rôle de Scarlett était plutôt réussie, par son souci des décors et des costumes, et amusante à voir, tant les deux acteurs ont pris au sérieux leur rôle.
 
Autant en emporte le vent, ou comment poursuivre l’histoireMais le Margarett Mitchell Estate ne fut pas satisfait de cette suite qui n'en semblait pas une et s'éloignait considérablement du roman original. La romancière Emma Tennant et l'auteur de best-sellers Pat Conroy furent approchés. On dit qu'ils jetèrent l'éponge, lassés par un cahier des charges trop contraignant. C'est alors qu'un des salariés de St. Martin's Press, l'éditeur américain de Margaret Mitchell, tombe par hasard, dans une librairie, sur Jacob's Ladder, un gros roman sur la guerre de Sécession signé d'un certain Donald McCaig. Sally Richardson, la patronne de St. Martin's, prend contact avec ce géant barbu, éleveur de moutons en Virginie depuis trente ans. «Celui qui m'intéresse dans l'histoire, c'est Butler», lance-t-il.  Pourquoi pas ? Aidé par son épouse, Anne, qui fait office de documentaliste, McCaig se met à l'ouvrage. Six ans plus tard, il livre une brique de 550 pages qui suit l'insoumis Rhett Butler de ses jeunes années à ses amours tumultueuses avec Scarlett. Un roman de bonne facture, toujours sur fond de maisons blanches, de champs de coton et de canonnades de la guerre de Sécession. Les neveux sont enthousiastes. Reste à fixer un prix. C'est la célèbre agence littéraire William Morris qui entame pour eux les négociations. Pour avoir le droit de publier Le Clan Rhett Butler, St. Martin's Press versera finalement aux héritiers... 4,5 millions de dollars. Une somme colossale. Premier tirage : 1,5 million d'exemplaires.   Dans celui-ci, intitulé Le Clan Rhett Butler, on dissèque en trois parties l'histoire originale du point de vue du capitaine impitoyable, de 1849 à 1874. On retrouve le Sud des États-Unis, les bals dans les grandes maisons blanches, les plantations de coton, l'esclavage, la guerre de Sécession... Rhett Butler, rejeton insoumis d'une grande famille, Scarlett O'Hara, ravissante, volontaire, libre, beaucoup trop pour une femme de son temps. Deux personnalités hors du commun aux prises avec une époque bouleversée. Scarlett et Rhett se ressemblent et s'aiment bien plus qu'ils ne se l'avouent. Non, ils n'étaient pas destinés à se quitter ce jour-là, séparés à jamais par la mort de leur fillette. Il leur reste tant à vivre.
 
Autant en emporte le vent, ou comment poursuivre l’histoireDans le roman, on suit aussi les relations de Rhett dans Antebellum et Reconstruction, avec Langston Butler, le père inflexible de Rhett; Rosemary sa s½ur inébranlable, l'épouse malheureuse après ses secondes noces d'Andrew Ravanel, devenu un membre important du Ku Klux Klan qui ne pouvant le raisonner le chasse, arrêté après que le mari de Scarlett essaye de la venger, il se suicide en sortant de prison; Tunis Bonneau, le meilleur ami de Rhett et un esclave qui se retrouve en prison à tort et qui force Rhett à le tuer, Belle Watling, la femme dont Rhett se soucie bien avant de rencontrer Scarlett O'Hara à la plantation de Twelve Oaks, qui change de mode de vie au contact de Mélanie Wilkes, à la veille de la guerre de sécession, et rencontre son fils Tazewell Watling, qui pense qu'il est son père, et lui en veut d'avoir épousé Scarlett, ce dernier apprend que son père est Andrew Ravanel. On suit sa relation difficile avec Scarlett, sa rencontre avec elle, quand il l'aide à fuir Atlanta, quand elle le rencontre en prison, aide Ashley en lui donnant un alibi au moment où avec Franck Kennedy, et les membres du Klan, ils partent défendre son honneur, son mariage avec Scarlett, qui bat ensuite de l'aile, ce qui la rapproche d'Ashley, et montre les raisons de son départ, sans que Mélanie ne puisse rien faire, elle qui voit que Scarlett aime Rhett, mais est trop fière pour l'avouer, et obtient l'aide de Rosemary. Enfin, dans la troisième partie nommée Tara, Scarlett s'installe à Tara avec ses deux enfants, Ella Lorena Kennedy et son fils Wade Hampton Hamilton, tandis que la s½ur de Rhett, Rosemary les accompagne et se rapproche d'Ashley Wilkes, et découvre que quelqu'un en veut au domaine, après des situations rocambolesque, avec l'aide de Rosemary et Tazewell Watling, elle rend toute sa splendeur à Tara, mais un incendie ravage le domaine, et le responsable est le père de Belle, Isaiah qui veut se venger de Rhett, et sen prend à Rhett et Scarlett, et Belle se sacrifie pour qu'ils vivent. Installé dans la maison de tante Pittypat, ils se promettent de reprendre la vie ensemble sous de grands éclats de rire.
 
Autant en emporte le vent, ou comment poursuivre l’histoireMcCaig élargit l'histoire et brise la vision de la 'cause perdue', offrant à Rhett de nouvelles aventures entre duel et blocage. Dans cette réinvention autorisée, Rhett, fils renié d'un planteur cruel de Caroline du Sud, est toujours un charmeur mondain sage, espiègle mais bon; Scarlett est toujours fougueuse, manipulatrice et névrotique; et l'air du décorum assiégé est légèrement plus racé. Mais cela en dit long sur le sentiment sûr de l'auteur pour les protagonistes magnétiques de Margaret Mitchell qui peuvent encore nous séduire. McCaig élargit la toile, offrant à Rhett de nouvelles aventures de duel et de blocage, et ajoutant des personnages intrigants comme le cavalier confédéré devenu Klansman Andrew Ravanel, une version rance d'Ashley Wilkes qui vit une romance avec la s½ur de Rhett, Rosemary sans pour autant la respecter.  Il brosse un panorama plus riche et plus sombre de la guerre de sécession et de la reconstruction, corrigeant la vision romancée de Mitchell, son Sud est celui de la perte et de la ruine, où les pauvres blancs bouillonnent de ressentiment, et l'esclavage et le racisme sont des faits brutaux qu'un gentleman instinctif comme Rhett peut contourner, mais pas contester ouvertement. McCaig donne ainsi un ton faulknerien à la saga qui aiguise la critique de Mitchell de la nostalgie du Sud sans perdre le balayage épique et le pathos romantique.
 
Autant en emporte le vent, ou comment poursuivre l’histoireEn France, un éditeur est à l'affût : Philippe Robinet, qui a fondé Oh! Editions avec Bernard Fixot, a été alerté par son scout à New York, l'agent Mary Anne Thompson. «Nous sommes allés discuter plusieurs fois avec les représentants de la famille de Margaret Mitchell, raconte-t-il. Ils nous ont d'abord donné le synopsis de l'histoire, puis le roman lui-même. J'ai été séduit. Ils m'ont alors demandé de leur faire une offre financière...» Philippe Robinet et Bernard Fixot cogitent et proposent un chiffre. Adjugé ! Á combien? Secret d'État. «Disons que c'est cinq fois moins que ce que Pierre Belfond avait payé à l'époque», finit par lâcher Philippe Robinet... Le roman est sorti en France le 12 novembre à un tirage initial de 100 000 exemplaires.  Pour l'instant, pas de film ni de série pour cette suite officielle, qui n'a pas embarrassé le Margarett Mitchell Estate, et qui permettrait de bien montrer le mythe de la 'cause perdue', en gros les excuses abjectes du Sud des États du sud pour minimiser la réalité de la guerre de Sécession, celle de maintenir l'esclavage, les préjugés sudistes envers les anciens esclaves et le début des politiques de ségrégation.
 
Pour aller plus loin, je vous mets ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Alexandra Ripley, Scarlett, Belfond, 1998, Donald McCaig, Le clan Rhett Butler après autant en emporte le vent, Oh Editions, 2007, Anita Price Davis, The Margaret Mitchell Encyclopedia, McFarland, 2014, https://www.csmonitor.com/Books/2012/0203/10-sequels-based-on-a-classic-book/Scarlett-by-Alexandra-Ripley, https://www.independent.co.uk/news/obituaries/alexandra-ripley-37909.html, https://ew.com/article/2007/11/02/rhett-butlers-people/, https://www.lemonde.fr/livres/article/2007/11/22/donald-mccaig-autant-en-emporte-le-vent-la-suite-apres-la-suite_981134_3260.html, https://www.lexpress.fr/culture/livre/autant-en-emporte-la-suite_822438.html, https://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2007/11/17/01006-20071117ARTFIG00466-scarlett-toujours-dans-le-vent.php, https://www.lefigaro.fr/livres/2014/05/09/03005-20140509ARTFIG00310--aux-origines-d-autant-en-emporte-le-vent.php, et https://www.publishersweekly.com/978-0312262518.
 
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Tags : Littérature, Séries TV, Histoire des États-Unis
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#Posté le mercredi 08 juillet 2020 07:13

La saga Angélique, l'½uvre d'Anne Golon

Anne Golon avait créé le personnage d'«Angélique, marquise des anges» avec son mari Serge, mort en 1972. Publiée en 13 épisodes, l'épopée, mélange de sentimentalité et de cruauté, fut traduite en une trentaine de langues. Elle s'est vendue à une centaine de millions d'exemplaires entre 1957 et 1985, de la Russie au Japon.
 
La saga Angélique, l’½uvre d’Anne GolonSimone Changeux, son vrai nom, naît le 17 décembre 1921 à Toulon. Fille d'un officier de marine, elle adore, toute jeune, écrire et lire des livres d'histoire. En 1943, elle publie son premier roman, Au pays de derrière mes yeux. Reporter au Congo en 1947, elle s'éprend de Vsevolod Sergeïvich de Goloubinoff, un homme peu banal, plus âgé qu'elle, comme le Joffrey de Peyrac du roman, et qui sera le père de ses quatre enfants. Parlant onze langues, cultivé, ce géologue et chimiste de renom prospecte des mines d'or en Asie et en Afrique. De retour en France, tous deux travaillent à des récits historiques vendus au Parisien Libéré et se lancent en 1952 dans la rédaction de l'épopée populaire "Angélique". Elle écrit, tandis que lui assure les recherches historiques. Golon est leur nom de plume. Anne Golon a aussi écrit Angélique grâce à Margaret Mitchell, expliquait-elle : «Avec Autant en emporte le vent, elle prouvait qu'une femme pouvait rendre l'Histoire intéressante, autour d'une héroïne de caractère. J'ai choisi le XVIIe siècle, car il était peu utilisé.» Elle s'impose davantage comme l'héritière de Scarlett O'Hara, le personnage central d'Autant en emporte le vent : une femme que les circonstances historiques, la guerre civile, amènent à endosser d'importantes responsabilités. Anne Golon se trouvait précisément dans cet état d'esprit, au lendemain de la guerre. Il fallait faire face à l'histoire : la découverte de l'extermination des juifs d'Europe la marque alors terriblement, tout comme le retour des soldats français détenus dans les stalags. C'est dans cette perspective qu'il faut envisager les persécutions protestantes qui émaillent une partie de sa saga. «Cela m'a toujours fait sourire quand on m'expliquait que mes romans étaient à l'eau de rose. Croyez-vous vraiment que j'aurais écrit tous ces livres avec de simples fadaises ?»

La saga Angélique, l’½uvre d’Anne GolonAnne et Serge Golon vont aussi s'inspirer d'Angélique de Fontanges (née Scoraille), la dernière favorite de Louis XIV, une jeune fille belle, d'origine noble mais désargentée, offerte au roi par sa famille pour obtenir des faveurs et des rentes. En effet, c'est à l'âge de 17 ans, que la jeune fille venue de sa lointaine campagne limousine pour entrer comme demoiselle d'honneur au service de la princesse Palatine, rejoint la cour de Versailles où Louis XIV (41 ans) est immédiatement conquis, la couvre de bijoux et lui offre même un carrosse à huit chevaux, ce qui se fait de mieux à l'époque. La beauté de cette rousse aux yeux clairs éclipsera les deux autres célèbres maîtresses du Roi Soleil : Madame de Montespan et Madame de Maintenon. Les mises en garde de Bossuet, les prédications de Bourdaloue, les remontrances de la dévote Madame de Maintenon : rien ne put empêcher Marie-Angélique de précipiter le roi dans un nouveau péché d'adultère. Si indésirable qu'elle fût à la Cour, elle n'en reçut pas moins le titre contesté de duchesse. Avant de tomber en disgrâce, la Montespan tenta vainement, mais avec acharnement, de discréditer sa rivale. Contrairement au personnage joué par Michèle Mercier, Angélique de Fontanges est Duchesse, et mourra à 20 ans d'une tuberculose dans les bras du roi, mais cette mort brutale de la jeune femme, en pleine fleur de l'âge, ne cessa de soulever des questions et on se demanda si la Montespan ne l'avait pas empoisonné.
 
La saga Angélique, l’½uvre d’Anne GolonLa saga raconte les amours contrariées, sous Louis XIV, d'Angélique de Sancé de Monteloup, comtesse de Peyrac, marquise de Plessis-Bellière, la fille d'un hobereau du Poitou qui, à 17 ans, qui est mariée au comte Joffrey de Peyrac, plus âgé qu'elle, balafré et boiteux. Ce couple improbable va se perdre souvent, mais toujours se retrouver, sans doute une des clés du succès. Cette dernière est une femme affranchie gravissant les échelons de la réussite sociale : servante, puis commerçante, grande bourgeoise, et, pour finir, dame de la cour du roi Louis XIV. Tout au long de sa vie, elle traîne les c½urs après elle. Pas un homme ne lui résiste et pas même Louis XIV, qui nourrit pour elle un long, douloureux et impossible amour. Généreuse, elle ouvre les bras aux abandonnés, aux bannis, aux rejetés, elle se bat pour la justice et la paix et comme les autres, on ne peut s'empêcher de succomber à son charme. Mais un seul homme déchaine ses passions, le comte Joffrey de Peyrac qui présente tous les talents: troubadour passé maître dans l'art d'aimer, savant, pirate, fin bretteur, pionnier du nouveau monde, doublé d'un humaniste, un esprit curieux et brillant. Le fil rouge des histoires de la comtesse de Peyrac était précisément la recherche éperdue de ce mari insaisissable, balafré et boiteux, qui errait sur son Rescator de bateau aux quatre coins de la Méditerranée pour échapper à la jalousie du roi Louis XIV, en personne, et qu'elle retrouve ensuite pour nous monter tout le long des romans la vie dans les provinces française, et nous mener dans la cour des miracles, de Versailles, où Angélique est en proie à la rivalité de Madame de Montespan dans le c½ur de Louis XIV, dans l'affaire des poisons et les messes noires, dans les guerres en Méditerranée, dans l'épisode de la persécution des protestants par les dragons du roi, durant laquelle elle aide une poignée d'entre eux à s'échapper vers le nouveau monde, de la vie en Acadie et au Canada, ou avec Joffrey elle a gagné tous ses combats obtenant le pardon de Louis XIV, enfin presque, ou de la chasse aux sorcières (on appelait "sorcières" les guérisseuses qui savait soigner, alors que le titre de médecin devait être réserver aux hommes), vu qu'un jésuite taxe Angélique d'en être une au Québec.
 
La saga Angélique, l’½uvre d’Anne GolonAngélique, marquise des Anges paraît d'abord en Allemagne en 1956, puis en France un an plus tard. Mais lorsque le premier tome d'Angélique, marquise des Anges sort, en 1957, il semble impensable que le nom d'une femme apparaisse seul en couverture. L'éditeur américain propose alors une étrange solution, signer les romans «Sergeanne Golon». «On m'a expliqué que le nom d'un homme ferait plus sérieux. Les journalistes ne pouvaient pas croire qu'une femme puisse être un auteur.»  L'accueil de la critique est mitigé. Auprès du public, le succès est immédiat. Le mythe d'Angélique s'installe, venant après l'engouement pour la Caroline Chérie de Cécil Saint Laurent. "Sous couvert de roman d'aventure, la saga est une ½uvre initiatique, parlant de liberté de foi, de vie, combattant de bout en bout le fanatisme religieux", dit aujourd'hui Nadine Goloubinoff, la fille du couple. Après la mort de son mari, en 1972, Anne poursuit la série jusqu'en 1985, moment, où s'estimant spoliée par sa maison d'édition Hachette, elle arrête d'écrire et entame un long combat pour ses droits d'auteur.
 
La saga Angélique, l’½uvre d’Anne GolonAu cinéma, Michèle Mercier incarne l'intrépide jeune femme, où elle offre à l'écran sa sensualité, et Robert Hossein, le comte : cinq Angélique, qu'Anne Golon qualifia de «misogynes», furent tournés entre 1964 et 1968.  Celle-ci avait pourtant insisté pour que l'historien Alain Decaux vienne épauler le dialoguiste, le gage à ses yeux que la version cinématographique de son roman conserverait une part des recherches historiques effectuées par son mari, Serge Golon, sur le XVIIe siècle français et la cour du roi Louis XIV. «Je me suis mis le doigt dans l'½il. Alain Decaux n'a pas servi à grand-chose. Angélique est restée une putain. Je me suis levée et j'ai quitté la pièce.» Angélique, marquise devenue catin, reste un contresens aux yeux de la romancière. Les films de Borderie à l'époque, basés sur le succès des sept premiers livres se voulaient distrayants. L'adaptation était réductrice et simpliste. Les scénaristes ont fait se suivre au cinéma des scènes qui se trouvaient dans différents romans. Par exemple Angélique au cinéma retrouve Joffrey (de Peyrac) sans arrêt. Ce qui fait perdre leur valeur aux retrouvailles du couple, beaucoup plus tardive dans les romans. De plus, lors de leur diffusion dans les années 1970 à la télévision, c'était le soir avec le carré blanc. Cette signalétique marquait les films réservés aux adultes. Il faut dire que dans les films, les spectateurs ont pu découvrir un Robert Hossein habillé de cuir, maniant le fouet et organisant des cérémonies vaudou chez lui avec des danseurs dévêtus. Quant à Angélique, elle est mariée contre son gré, violée, vendue comme esclave, fouettée, puis marquée au fer rouge par un sultan. On peut comprendre le mécontentement d'Anne Golon.
 
La saga Angélique, l’½uvre d’Anne GolonMais ce succès eut un goût amer pour ce petit bout de femme à fort tempérament, coiffée à la Jeanne d'Arc. La romancière a sans doute été la personne qui a le moins tiré profit du succès de son héroïne. Elle a signé avec un agent, Opera Mundi, une société qui prélevait 50 % de ses droits. Quand Opera Mundi fut racheté en 1982 par Hachette, aucun contrat nouveau ne fut signé. Ses droits d'auteur s'amenuisaient d'année en année et le treizième et dernier volume de son roman-fleuve, La Victoire d'Angélique, sort, en 1985, dans l'indifférence. Elle connut alors une période de disette, privée de l'intégralité de ses revenus. S'estimant spoliée par ses éditeurs, elle engagea des poursuites judiciaires dans les années 90, qui n'aboutirent qu'après de longues années. Selon elle, Hachette lui versait, à travers ses filiales, des sommes dérisoires sans rapport avec les ventes. En outre, elle s'était aperçue qu'à l'étranger ses textes étaient parfois modifiés, assaisonnés même de «pornographie». «J'ai été un auteur assassiné. (...) Angélique est un personnage de combat et moi je me sens prête à rejouer David contre Goliath», disait-elle lors d'un des procès.
 
La saga Angélique, l’½uvre d’Anne GolonCe n'est qu'en 2006, avec l'aide de sa fille, Nadia Golon, qu'elle récupéra les droits, publiant en 2009 une version définitive de la série, qui fit d'Angélique une femme luttant pour sa liberté, et non pas la «petite putain», la «niaise» qu'en firent, selon elle, le cinéma dans les années 60 (elle touche enfin de l'argent sur les – nombreuses – rediffusions des cinq films réalisés par Bernard Borderie), en reprenant l'histoire depuis le début. Six tomes de cette série d'Angélique "augmentée" ont été publiés aux éditions de l'Archipel. L'auteure était néanmoins bien présente à la première d'Angélique (sorti le 18 décembre 2013) d'Ariel Zeitoun avec Nora Arnezeder ("Sécurité rapprochée", "Ce que le jour vaut à la nuit", "La Croisière"...) dans le rôle-titre, et Gérard Lanvin dans celui de Joffrey de Peyrac. Cette nouvelle adaptation se trouve, selon elle, en phase avec le personnage qu'elle avait en tête. «Ils ont été plus proches de l'héroïne que j'ai créée. Ensuite, c'est du cinéma » Le film plutôt bon fut sans doute jugé trop conventionnel et on le compara aux précédents films ce qui en fit un échec, et on ne put faire la suite prévue.
 
La saga Angélique, l’½uvre d’Anne GolonAnne Golon, est morte le vendredi 14 juillet 2017 à Versailles à l'âge de 95 ans. Encore active, elle donnait des séances de dédicaces et des interviews. Elle laisse une ½uvre immense, puisqu'Angélique, c'est en tout 13 livres, 5 films, et une myriade d'adaptations sous forme de pièce de théâtre au Palais des sports à Paris, feuilleton sur France Inter, comédie musicale à Prague, opéra au Japon et même un manga en 3 tome entre 2015 et 2016, qui avait eu un précédent en 1980 de 5 tomes de Toshio Kihara.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Anne et Serge Golon, Angélique, 13 tomes, Hachette, 1956 à 1985, Henri Pigaillem, La Duchesse de Fontanges, Favorite de Louis XIV, Pygmalion, 2005, https://actu.orange.fr/societe/people/article-5-secrets-sur-la-saga-angelique-marquise-des-anges-CNT000000zPpje.html, https://www.franceinter.fr/emissions/autant-en-emporte-l-histoire/autant-en-emporte-l-histoire-30-aout-2015, https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/roman/mort-de-l-auteure-de-angelique-marquise-des-anges-la-romanciere-anne-golon_3290827.html, https://www.huffingtonpost.fr/tonie-behar/6-choses-que-je-retiendrai-de-loeuvre-danne-golon_a_23047367/,  https://information.tv5monde.com/terriennes/deces-d-anne-golon-mere-d-une-angelique-personnage-de-combat-181235, https://www.lefigaro.fr/cinema/2017/07/17/03002-20170717ARTFIG00106-pour-anne-golon-l-angelique-de-michele-mercier-etait-simpliste.php, https://www.lemonde.fr/m-actu/article/2013/12/27/la-mere-de-toutes-les-angeliques_4339901_4497186.html, https://www.lepoint.fr/livres/anne-golon-l-auteur-de-la-serie-angelique-est-decedee-16-07-2017-2143467_37.php, https://www.lepoint.fr/societe/deces-de-la-romanciere-anne-golon-auteur-de-la-serie-angelique-16-07-2017-2143466_23.php, https://www.programme-television.org/news-tv/Angelique-marquise-des-Anges-6Ter-Qui-etait-la-vraie-Angelique-4659958, et https://www.telerama.fr/livre/lautrice-anne-golon-la-marquise-des-anges-cetait-elle-6668481.php.
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#Posté le mardi 28 juillet 2020 07:36

Modifié le mardi 28 juillet 2020 07:59

Alexandre Dumas, ou le génie de la vie

Alexandre Dumas, ou le génie de la vieTitan des lettres, infatigable travailleur et voyageur dans l'âme, hédoniste constamment nourri par la passion, qu'elle soit artistique ou amoureuse, Alexandre Dumas (1802-1870) a une existence extraordinaire.
 
Né le 24 juillet 1802, à Villers-Cotterêts, fils du général Davy-Dumas, un noble mulâtre de Saint-Domingue qui meurt quand n'a que quatre ans, qui a fait ses armes dans l'armée de Napoléon Ier, et d'une mère dont la famille tenait une auberge, Alexandre Dumas est un enfant turbulent qui a plus de goût pour la nature que pour l'étude pourtant Ayant étudié au collège privé de l'abbé Grégoire à Villers-Cotterêts, il est refusé au séminaire pour devenir prêtre. Clerc de notaire à quatorze ans, il vient chercher fortune à Paris en 1822, où naît en 1824 son fils Alexandre Dumas, fruit de la liaison avec Catherine Labayre, couturière et sa voisine de palier place des Italiens, et fait son éducation en apprenant les langues anciennes, lit les principaux auteurs de la littérature française, suivant de près, en particulier, l'impulsion que l'école romantique donnait à la littérature contemporaine, Dumas s'essaya alors à publier d'abord un volume de Nouvelles (1826), puis quelques pièces de théâtre dont la plus célèbre fut Christine de Suède (1827), moment où il vit une véritable passion pour Mélanie Waldor, mariée à un officier, qui a une certaine influence sur lui jusqu'en 1831, et conquiert la notoriété littéraire avec Henri III et sa cour (1829), drame qui annonce la révolution théâtrale romantique. Shakespeare et Schiller sont les modèles que se choisit le jeune Alexandre Dumas qui commence à écrire pour le théâtre : (Antony, 1831, moment où  Marie-Alexandrine, fille de Dumas est née des sa liaison avec Bell Krelsamer, la reconnaît et reconnaît cette même année son premier fils; La Tour de Nesle, 1832; Kean ou Désordre et Génie, 1836). Comme son ami Hugo qui l'a introduit dans les salons, dont il devint bientôt un de ses adeptes et un de ses ardents auxiliaires, il croit en la puissance collective du théâtre, et il devient inventeur du drame en habits noirs avec Antony. À partir de ce moment, la vie publique et littéraire d'Alexandre Dumas acquiert plus d'importance.
 
Alexandre Dumas, ou le génie de la vieAprès la Révolution de juillet 1830, à laquelle il prit une part personnelle, qu'il a, plus tard, peut-être exagérée, il gagna les bonnes grâces de la cour et s'assura l'amitié des princes de la famille d'Orléans, particulièrement celle du duc de Montpensier qu'il accompagna en Espagne comme historiographe de son mariage (1846). Il épouse en 1840, la comédienne Ida Ferrier avec laquelle il avait une liaison depuis 1837, dont il divorce en 1844, période où il collectionne plusieurs maîtresses comme son épouse les amants. Puis, avec Le Comte de Monte-Cristo, 1844, il aborde le roman et connaît d'emblée, un succès populaire qui n'allait plus se démentir inventant ainsi le roman historique moderne. Publiés le plus souvent sous la forme de romans-feuilletons, paraissent Les Trois Mousquetaires, 1844, suivi de Vingt Ans après, 1845 et du Vicomte de Bragelonne, 1848-1850; ces romans se situent à l'époque de Louis XIII, tandis que La Reine Margot, 1845, La Dame de Montsoreau, 1845 et Les Quarante-Cinq, 1845, se déroulent lors des guerres de Religion. C'est alors qu'après avoir signé un contrat avec tous les titres de sa descendance paternelle, il passa en Afrique en 1847 sur un bâtiment à vapeur de l'État, mis à son service, au grand scandale de l'opposition parlementaire. À son retour, il obtint de fonder un théâtre spécial pour les besoins de son propre répertoire. Il mène un grand train de vie, dépense sans compter et fait construire le château de Monte-Cristo en 1847, ce qui le couvre de dettes. Dans Les Mémoires d'un médecin qui comportent quatre romans : (Joseph Balsamo, 1849; Le Collier de la reine; Ange Pitou; La Comtesse de Charny, 1860) la trame historique s'étend du règne de Louis XV à la Révolution. C'est sans doute parce qu'il n'est pas un érudit et qu'il s'entoure de nombreux collaborateurs (ses «nègres»...) qu'Alexandre Dumas suscite encore aujourd'hui des réticences chez les amateurs de beau style et de pensée profonde.
 
Alexandre Dumas, ou le génie de la vieAvec la révolution de 1848, qui met fin à la monarchie de Juillet et donne naissance à la Deuxième République, Alexandre Dumas dans laquelle le célèbre auteur dramatique essaya en vain de jouer un rôle et à chaque fois qu'il se présente devant les électeurs (dans la Seine, la Seine-et-Oise, l'Yonne et plus tard en Guadeloupe), il court à l'échec, perd de l'argent, le théâtre qu'il avait fondé ayant fait faillite. Effrayé par les journées révolutionnaires du 15 mai et de juin 1848, il se rapproche du parti de l'Ordre et ne se montre pas défavorable à l'irrésistible ascension du prince-président, Louis-Napoléon Bonaparte. En 1851, il s'exile à Bruxelles pour échapper à ses créanciers, où il retrouve tous les proscrits du coup d'État, dont Hugo. Il leur ouvre toutes grandes les portes de sa maison du 73, boulevard Waterloo. Un proscrit qu'il recueille, Noël Parfait, tente courageusement de rétablir la situation financière de l'écrivain, puis  il revient à Paris en 1853. Auguste Maquet, qui a collaboré aux ½uvres d'Alexandre Dumas, lui intente un procès sur la propriété des livres qu'ils ont écrits ensemble. Le publiciste prend le pas sur l'écrivain : il lance Le Mousquetaire. Ce rêve de toute sa vie d'avoir un journal bien à lui, cette «affaire en or» qu'il entend exploiter seul, et qui tire d'abord à dix mille exemplaires, ne répond pas à ses espérances – pas plus que son successeur Le Monte-Cristo, journal hebdomadaire de romans, d'histoire, de voyage et de poésie, publié et rédigé par Alexandre Dumas, seul (27 avril 1857- 10 mai 1860), «lettre envoyée à tous ses amis connus et inconnus» (1857). Poussé par Hetzel, Dumas se résout à prendre un autre collaborateur, Gaspard de Cherville, substitut falot de Maquet. Mais les romans disparates produits par le couple, romans fantastiques, romans mondains, romans campagnards, romans exotiques (Le Lièvre de mon grand-père, 1856; Le Meneur de loups, 1857; Black, 1858; Les Louves de Machecoul, 1858; Le Chasseur de sauvagines, 1858; Histoire d'un cabanon et d'un chalet, 1859; Le Médecin de Java, 1859; Le Père La Ruine, 1860; La Marquise d'Escoman, 1860) déçoivent le lecteur – comme l'écrivain lui-même. Seul diamant dans ce tout-venant romanesque, les admirables Compagnons de Jéhu (1857), écrits sans collaborateur, à partir des Portraits de la Révolution et de l'Empire (1831) de Charles Nodier.
 
Alexandre Dumas, ou le génie de la vieSymptôme du malaise provoqué par la conscience de l'échec créateur, le prurit de voyages s'empare à nouveau de lui. À Paris il n'est plus qu'Alexandre Dumas père, voire le père Dumas. Il voyage donc : il est à Londres comme correspondant de La Presse pour les élections de 1857. Il pousse jusqu'à Guernesey afin de serrer une dernière fois dans ses bras son vieil ami Hugo en exil ; sur un coup de tête, il part pour la Russie, traversant l'Empire des tsars jusqu'à ses confins caucasiens (juin 1858-mars 1859). Le voyage est source de bonheur et de jouvence pour l'éternel nomade qu'il est. Bientôt, grâce au contrat qu'il signe avec Michel Lévy pour l'exploitation de ses ½uvres (décembre 1859), il acquiert une goélette avec laquelle il espère entreprendre enfin la découverte de la Méditerranée. En 1860, il se jeta dans la révolution italienne, s'associa à l'expédition de Garibaldi, assistant aux batailles et les décrivant. Il écrit, en même temps que sa monumentale histoire des Bourbons de Naples, le roman La San Felice (1864-1865), qui, plus qu'un pamphlet antibourbonien, est un hymne à la première République. Fort du succès de ce roman, le vieil écrivain tente une dernière conquête de Paris, mais ses entreprises journalistiques durent peu (Les Nouvelles, Le Mousquetaire, deuxième du nom, Le Dartagnan); il peine à placer des romans qu'il achève rarement (René Besson, Le Comte de Moret, Hector de Sainte-Hermine). En décembre 1864, le succès de sa «Causerie sur Eugène Delacroix» le pousse à parcourir la France entière et l'étranger (Belgique, Autriche) pour s'y produire au cours de conférences qui prennent pour thèmes des épisodes de sa vie (1865). L'athlète déclinant s'enfonce dans l'érotomanie et la maladie. En 1867, Dumas se fait photographier avec sa dernière maîtresse Adah Isaacs Menken, sur ses genoux. Cette photo du vieil écrivain embrassé par l'une de ses maîtresses provoque un scandale et lui ferme les portes de l'Académie française. Sa fille Marie (vivant près de lui, boulevard Malesherbes) dissimule, tant qu'elle peut, la déchéance de son père, qui rassemble malaisément les articles de son Grand Dictionnaire de cuisine (publication posthume en 1873). Au milieu de ses courses, il ne cessait d'écrire, de faire jouer des drames, des comédies, de publier des romans en feuilletons et en volumes. En 1870, Après un long séjour en Espagne, il est victime d'un accident vasculaire qui le paralyse, puis il part s'installer du côté de Dieppe, en Normandie. Il y meurt le 5 décembre 1870, terrassé par une attaque cérébrale à 68 ans, dans la maison de vacances de son fils, alors que la France est envahie.
 
Alexandre Dumas, ou le génie de la vieSes restes seront transférés en 2002 au Panthéon. Il a pour fils l'écrivain Alexandre Dumas, connu notamment pour La Dame aux camélias. Ses ½uvres sont régulièrement adaptées au cinéma et à la télévision ainsi qu'en bandes dessinées. Il reste à jamais celui qui, selon le mot de George Sand, possédait le génie de la vie. Il y a 176 ans, jour pour jour, paraissait dans Le Journal des débats, la première partie du célèbre roman d'Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo, et à cette occasion, Google dédie au romancier une série d'illustrations sur la page d'accueil du moteur de recherches, le vendredi 28 août 2020. La première d'entre elles est un portrait de l'écrivain. Assis à son bureau, il tient dans sa main une plume. Il est reconnaissable par sa coiffure et le costume qu'il porte, avec lequel il a souvent été dessiné. Comme le souligne l'internaute ci-dessous, l'auteur de ce Doodle, Matt Cruickshank, a pensé à le représenter sous les traits d'un homme noir. Métis, l'écrivain se décrit dans ses Mémoires comme un “nègre” avec des “chèvres crépus” et un “accent légèrement créole”. Un juste retour des choses.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Henri Troyat, Alexandre Dumas, Grasset, 2005, Michel de Decker, Alexandre Dumas : un pour toutes et toutes por un, Place des éditeurs, 2010, Sylvain Ledda, Alexandre Dumas, Editions Gallimard, 2014, http://www.alalettre.com/dumas-bio.php, https://www.lepetitlitteraire.fr/auteurs/alexandre-dumas, https://www.lepoint.fr/culture/doodle-du-jour-l-ecrivain-alexandre-dumas-mis-a-l-honneur-28-08-2020-2389303_3.php, http://salon-litteraire.linternaute.com/fr/biographie-auteur/content/1861384-alexandre-dumas-biographie, Claude SCHOPP, «DUMAS ALEXANDRE - (1802-1870)», Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 30 août 2020. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/alexandre-dumas/.
 
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#Posté le mardi 01 septembre 2020 03:47

Modifié le mardi 01 septembre 2020 03:58

Edgar Allan Poe, une vie écourtée

Edgar Allan Poe, une vie écourtéeInstauré poète maudit par Baudelaire, ingénieur des lettres par Valéry, baigné dans une légende noire d'alcool, d'opium et de démence, l'auteur de Double Assassinat dans la rue Morgue ne fut jamais fou que d'écriture.
 
Né en 1809 à Boston, Edgar Allan Poe est un enfant de la balle. Lorsque ses parents, comédiens, meurent de la tuberculose, l'orphelin de six ans est adopté par une famille aisée de négociants de la Virginie esclavagiste, qui l'élève en petit aristocrate et lui offre une éducation et l'envoie plus tard en pension en Angleterre. À son retour, le jeune homme se fâche avec son père adoptif autoritaire, incapable de reconnaître la singularité d'un adolescent qui vit déjà aux marges du monde, lui coupe les vivres, malgré des études brillantes, mais lui permet d'entrer en février 1826 à la nouvelle Université de Virginie avant de se fâcher à nouveau avec lui. Il s'enfuit, s'engage dans l'armée sous le pseudonyme d'Edgar A. Perry, où il devint un sergent-major «exemplaire», ce qui ne l'empêcha pas de publier en 1827, son premier recueil, Tamerlan et autres poèmes, passé inaperçu, mais augmenté deux ans plus tard, quoique sa poésie ne fut «jamais reconnue de son vivant», puis il s'engage dans le journalisme ce qui le sauva de la pauvreté, après avoir intégré l'école d'officiers de West Point, pour s'en faire exclure, rejoignant New-York, puis Baltimore, où le Saturday Courrier publie ses premières nouvelles.
 
Edgar Allan Poe, une vie écourtéeL'apprenti écrivain vit tant bien que mal, comme poète d'abord, puis  comme maître du conte à hérisser les cheveux comme de la fiction scientifique, et inventeur du récit policier, il publie Les Aventures d'Arthur Gordon Pym, en juillet, et Ligeia en septembre 1839, les Contes du grotesque et de l'arabesque fin 1839 rassemble sa production, la nouvelle Double Assassinat à la Rue morgue en 1841, le compte-rendu d'un crime extraordinaire, et surtout de son élucidation, qui donnera naissance tout simplement au genre du roman policier, Le Scarabée d'o qui en juin 1843 est un immense succès populaire, Le Canard au ballon, en avril 1844, avec lequel il conquiert New York, et avec Le Corbeau en 1845, il emporte l'adhésion des critiques comme du grand public, il se montre aussi un critique incorruptible comme le montre Introduction aux comptes rendus critiques dans son choix d'une critique centrée sur le texte comme tel, et un mystificateur impénitent précurseur d'Orson Welles dans le domaine du canular journalistique, trois fois rédacteur en chef du Southern Literary Messenger de Richmond en 1835, duquel son addiction à l'alcool le chasse, du Gentleman's magazine, duqel son alcoolisme le chasse à nouveau, du Broadway Journal en 1845 dont il devient propriétaire jusqu'en 1846. Mais ses prises de positions anti-américaines, sa réputation d'alcoolique et ses crises de démence, l'isolent de plus en plus et le marginalisent. Ce contemporain des chercheurs d'or de la Californie ne put échapper à la misère ni à l'opprobre.
 
Edgar Allan Poe, une vie écourtéeIl se marie à Virginia Bramm, sa cousine germaine en 1836, cesse de boire, mais celle-ci meurt de la tuberculose, à l'âge de 24 ans en 1847. Endetté, Edgar Poe mène une vie d'errance, entre Boston, New York, Philadelphie et Baltimore. Dans la fébrilité, il intensifie ses recherches en vue de la composition d'un ambitieux traité cosmologico-esthétique. Eurêka paraît en juin 1848. Il vit aussi une passion impossible que lui inspirera, de juillet 1848 à sa mort, la jeune femme d'un industriel du Massachusetts, Mrs. Annie Richmond, qui partageait ses sentiments et verra sa demande à la poétesse Mrs. Sarah Helen Whitman en 1848 subir un refus. Réduit au vagabondage, affamé, affaibli, il meurt à l'âge de 40 ans, au matin du 7 octobre 1849, après une violente bagarre entre ivrognes sous fond de campagne électorale, qui l'ont probablement roué de coups et laissé pour mort dans la rue.
 
L'écrivain laisse une ½uvre hantée par la mort, et où ses narrateurs, ses doubles, affrontent les multiples visages de la Grande Inconnue. Edgar Allan Poe a eu un destin hors du commun où le désespoir emporterait tout, si le génie ne l'illuminait.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Georges Walter, Enquête sur Edgar Allan Poe : Poète américain, Phébus, 2009, Peter Ackroyd, Edgar Allan Poe : Une vie coupée court, Philippe Rey, 2010, Isabelle Viéville-Degeorges, Edgar Allan Poe, Léo Scheer, 2010, https://www.contrepoints.org/2018/12/28/333445-une-nouvelle-biographie-dedgar-allan-poe, https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-samedi-noir/double-assassinat-dans-la-rue-morgue-dedgar-allan-poe, https://www.franceinter.fr/emissions/ca-peut-pas-faire-de-mal/ca-peut-pas-faire-de-mal-23-mars-2019, https://républiquedeslettres.fr/poe-9782824900674.php, et Gilles MENEGALDO, «POE EDGAR ALLAN (1809-1849)», Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 6 septembre 2020. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/edgar-poe/.
 
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#Posté le mardi 08 septembre 2020 07:00

Le romantisme noir, ou l'exacerbation du côté sombre

Le terme de "romantisme noir" a été imaginé vers 1930 par l'historien de l'art italien Mario Praz pour désigner un mouvement littéraire et artistique révélant la part d'ombre et d'irrationnel qui se dissimulait sous l'apparent triomphe de la philosophie des Lumières. Le romantisme noir ne se limite pas à une période ni à un style. C'est un courant de pensée, né lors de la tourmente révolutionnaire à la fin du XVIIIe siècle en Europe, qui s'est épanoui au début du XIXe siècle puis a eu des résurgences avec le symbolisme de la fin du XIXe et le surréalisme des années 1920/1930.
 
Le romantisme noir, ou l’exacerbation du côté sombreC'est John Milton, poète et pamphlétaire anglais, qui en est peut-être le premier grand inspirateur : son Paradis perdu, texte épique convoquant Adam, Eve et Satan, est d'ailleurs traduit par Chateaubriand, qui passe pour avoir introduit le romantisme en France. Mais le romantisme noir  prend pour base un seul roman : il n'en faut pas plus à Horace Walpole pour conduire la sensibilité romanesque de son temps sur de nouvelles voies. Le Château d'Otrante (1764) inaugure le genre du récit gothique, où le passé tient le présent à la gorge et où un Moyen Âge angoissant empiète sur les Lumières. La mixité générique de ce livre fondateur, où le sublime coexiste avec le grotesque en vertu d'un hiatus emprunté à Shakespeare, va essaimer pendant près d'un siècle. Les romanciers gothiques anglais tirent parti de la passion la plus invasive et la mieux ancrée dans la psyché : la peur. Macabres et spectaculaires, situées au c½ur de demeures hantées ou de souterrains parsemés d'ossements, leurs histoires doivent produire des émotions extrêmes, en premier lieu la terreur et la pitié. Confronté à la noirceur d'âme de «héros» monomaniaques et déviants prêts à briser tous les tabous (inceste, matricide, viol), le lecteur va de frayeur en horreur avant de compatir aux malheurs des victimes – de sexe féminin pour la plupart.
 
Le romantisme noir, ou l’exacerbation du côté sombreAnn Radcliffe, pour la plus célèbre, a épousé un éditeur de journal (The English Chronicle) et commence à écrire des fictions comme un simple passe-temps, avec son roman archétype, avec Les mystères d'Udolphe, publié en Angleterre en 1794, elle est traduite en français trois ans plus tard, et devient pionnière dans cette écriture gothique, inspirant ainsi de nombreux auteurs, comme Jane Austen, qui en détourne les codes (Northanger Abbey, 1817) ou Mary Shelley avec Frankenstein (1818), roman précurseur de la science-fiction. Comme dans L'italien, ou Le confessionnal des pénitents noirs (1797) ou La Forêt ou l'Abbaye de Saint-Clair (1791), l'auteure met en scène des jeunes femmes innocentes confrontées à de mystérieux héros dans des lieux déroutants, des ruines ou des châteaux sinistres. En 1796, Le Moine de M. G. Lewis atteint les sommets en matière de sensationnalisme, avec une forte dimension érotique et mortifère qui fit beaucoup pour le succès de ce roman, toujours actif aujourd'hui. Le roman est écrit par  M. G. Lewis en dix semaines avant l'âge de vingt ans, dans le but de divertir sa mère. Il est pourtant extrêmement subversif dans les thèmes abordés (viol, inceste, parricide, magie noire...) et critique à l'envi l'hypocrisie du monde religieux. Ce roman fut censuré à son époque et figure parmi les préférés du marquis de Sade. En 1818, la jeune Mary Shelley parachève cette tradition en donnant naissance à une créature monstrueuse qui se nourrit des mythes de Prométhée et de Faust. Elle met en discours un concept inouï : l'assemblage, à partir de morceaux de chair morte, d'un être humain, par le docteur Victor Frankenstein, qui fait fi de la sexualité et de la reproduction biologique. Féconde invention...
 
Le romantisme noir, ou l’exacerbation du côté sombreQu'importe d'ailleurs, qui a été le premier serviteur de ce courant noir. L'essentiel est de noter qu'un nombre important de romantiques frénétiques tremperont par la suite leur plume dans l'encrier sombre du romantisme : Charles Robert Mathurin et son Melmoth, l'homme errant en 1820, Charles Nodier et Smarra en 1820, Gérard de Nerval avec Aurélia, le rêve de la vie en 1855, Théophile Gautier avec La Morte Amoureuse en 1836, Victor Hugo avec Han d'Islande en 1823 et Notre-Dame-de-Paris en 1831, Prosper Mérimée avec La Venus d'Ille en 1837 et Carmen en 1847, Guy de Maupassant avec Le Horla en 1886... Un concept à la fois si foisonnant et si peu cloisonné (fourre-tout ?), que cela explique peut-être l'influence considérable qu'il exerça très rapidement sur les autres arts. Le maître mot du romantisme noir ? "Ouverture". Les premiers héritiers de cette esthétique sont les romantiques dits frénétiques ou "Jeune France", au début du XIXe siècle : Théophile Gautier, ou encore Petrus Borel, dit "le lycanthrope ", pour ne citer qu'eux, auteurs de textes "très gothiques, très noirs, avec de la nécrophilie et du viol en abondance". Le romantisme noir circule de façon extrêmement évidente jusqu'à la fin du XIXe siècle : "Là, vous voyez surgir aussi, dans la décadence, des textes extrêmement violents dans des décors chrétiens, qui associent le mal, les pulsions, à des cadres du surmoi extrêmement forts : l'aristocratie, le christianisme. Vous avez Villiers de l'Isle-Adam avec l'Eve future, en 1886, qui décline de façon décadente le roman de Mary Shelley, Frankenstein."  
 
Le romantisme noir, ou l’exacerbation du côté sombreAu-delà de l'engouement pour les mises en scène macabres et terrifiantes, les thèmes gothiques continuent de nourrir la littérature anglaise vers un climat fantastique, de Sheridan Le Fanu  (Carmilla, 1872), à Robert Louis Stevenson (Le cas étrange du docteur Jekill et de M. Hyde, 1886), Oscar Wilde (Le Portrait de Dorian Gray, 1890) et Bram Stocker, qui porte plus loin encore le genre vers le roman d'horreur avec Dracula en 1897. Les auteurs américians qui embrassent aussi ce genre incluent Washinton Irving avec La légende de Sleepy Hollow et Rip Van Winkle en 1819 et 1820, Edgar Allan Poe avec La Chute de la Maison Usher en 1839, Nathaniel Hawthorne avec La lettre écarlate en 1850, Herman Melville avec Moby-Dick en 1851 et Emily Dickinson avec ses Poèmes dont beaucoup ne seront publiés qu'en 1955. Leurs écrits donnent un côté encore plus sombre que celui du romantisme noir : une littérature gothique, qui implique une terreur pure, des tourments personnels, une morbidité graphique à laquelle s'ajoute le surnaturel.
 
Le romantisme noir, ou l’exacerbation du côté sombreL'art n'est pas exempt de cette influence. Dans "La Folie de Kate", Füssli peint le regard halluciné d'une jeune veuve. Les "Trois sorcières" de Macbeth pointent un doigt accusateur. Avec son "Grand dragon rouge" (1803), le visionnaire William Blake imagine une créature dont semblent s'être nourris au XXe siècle les dessinateurs d'"Heroic Fantasy" (fantastique médiéval). Simultanément en Espagne, Francisco Goya (1746-1828) imagine un "Vol de sorcières". Les scènes de cannibalisme fascinent ce peintre hanté par la folie des hommes. "Le radeau de la Méduse" (1818) de Théodore Géricault, dont l'exposition montre une esquisse, évoque lui aussi cet acte contre-nature. Représenter la violence peut être un moyen de se faire remarquer : pour le Salon de 1850, le jeune peintre français William Bouguereau, plutôt du genre académique, évoque avec "Dante et Virgile aux enfers" une scène terrible où deux damnés s'enlacent dans une lutte impitoyable. Vers 1836, Delacroix peint Médée étouffant ses enfants. Mais que la situation dépeinte soit, ou non, ancrée dans la réalité ne change rien à la problématique : ces tableaux renvoient aux désillusions du siècle. Cet univers sombre a également été transposé en musique comme la Danse macabre de Camille Saint-Saëns jouée pour la première fois à Paris le 24 janvier 1875.
 
Le romantisme noir, ou l’exacerbation du côté sombreÀ partir des années 1880, constatant la vanité et l'ambiguïté de la notion de progrès, maints artistes reprennent l'héritage du romantisme noir en se tournant vers l'occulte, en ranimant les mythes et en exploitant les découvertes sur le rêve, pour confronter l'homme à ses terreurs et à ses contradictions : la sauvagerie et la perversité cachée en tout être humain, le risque de dégénérescence collective, l'étrangeté angoissante du quotidien révélée par les contes fantastiques de Poe ou de Barbey d'Aurévilly. En pleine seconde révolution industrielle ressurgissent ainsi les hordes de sorcières, squelettes ricanants, démons informes, Satans lubriques, magiciennes fatales... qui traduisent un désenchantement provocant et festif envers le présent. À la fin du XIXe surgissent d'autres figures, comme Méduse, le Sphinx ou encore des vampires qui inspirent le Norvégien Edvard Munch en 1916. Les symbolistes comme Gustave Moreau explorent les territoires de l'imaginaire, les rêves. La femme devient fatale, sensuelle et vénéneuse. Les paysages font écho aux sorciers et aux démons, peut-être encore plus inquiétants, car ils s'appuient souvent sur des lieux réels. Saisis au clair de lune, comme ce rivage peint en 1836 par l'Allemand Caspar David Friedrich, ou sous la brume, par temps d'orage, ils sont généralement vides de toute présence humaine.
 
Le romantisme noir, ou l’exacerbation du côté sombreEt puis, début XXe siècle, le surréalisme envahit la sphère littéraire : le romantisme noir reprend de la vigueur après la guerre de 1914-1918,  les surréalistes comme Salvador Dali, René Magritte et Max Ernst s'appuient sur l'inconscient et les rêves pour leur création, et en 1931, Antonin Artaud propose une traduction toute personnelle du Moine de Lewis, dont André Breton fait également l'apologie. Ce sont donc les surréalistes qui "réveillent le moine". Ce sont eux également qui exhument les romantiques "jeune France" des années 1830, rééditent leurs textes, en parlent... Ces mêmes "jeune France" qui introduisaient, mettaient à la mode le roman gothique dans la littérature française au début du XIXe siècle... Il y a vraiment une chaîne historique assez claire mais qui, à mon avis, n'est pas tout à fait coupée. Enfin, dans la première moitié du XXe siècle, c'est le cinéma surréaliste qui prend le relais, avec Friedrich Wilhelm Murnau de Fritz Lang  dont les films regorgent de sous-bois obscurs, de scènes de brouillard et de pleine lune, lourdes de menaces, ou encore Bunuel notamment, qui exprime cette irruption de l'inconscient dans la vie réelle, associant fantastique et psychanalyse notamment avec le Chien andalou en 1929.
 
La postérité du romantisme noir est restée bloquée dans un monde de stéréotypes : c'est la postérité du vampirisme, la fixation sur des modèles esthétiques comme Dracula, la mode gothique... Pourtant, des films, des romans fantastiques et jeux vidéos ont fait leur miel de cet univers et continuent de le rendre vivant auprès d'un jeune public, donc le romantisme noir n'a pas fini de nous faire peur et de nous surprendre.
 
Frankenstein et autres romans gothiques, Gallimard, 2014, https://americanliterature.com/dark-romanticism-study-guide, https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-samedi-noir/le-moine-de-matthew-gregory-lewis-0, https://www.franceculture.fr/histoire/quest-ce-que-le-romantisme-noir-litterature, https://gallica.bnf.fr/blog/20042017/terreurs-gothiques-chez-ann-radcliffe?mode=desktop, https://www.ina.fr/contenus-editoriaux/articles-editoriaux/le-romantisme-noir/, https://www.lepoint.fr/culture/le-romantisme-noir-ses-sorcieres-et-ses-fantomes-sortent-de-l-ombre-au-musee-d-orsay-04-03-2013-1635773_3.php, https://www.lexpress.fr/culture/art/le-romantisme-noir-l-exposition-du-musee-d-orsay_1235634.html, et https://www.musee-orsay.fr/index.php?id=649&L=0&tx_ttnews%5Btt_news%5D=35087&no_cache=1.
 
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#Posté le mercredi 21 octobre 2020 04:16

Modifié le mercredi 21 octobre 2020 04:28

Adapter Lovecraft au cinéma : entre difficulté et ingéniosité

Adapter Lovecraft au cinéma : entre difficulté et ingéniositéHoward Philips Lovecraft, un des plus grands noms de la littérature fantastique, qui vécut de 1890 à 1937. Un auteur qui a toujours été maudit avec le cinéma et la télé, car réputé inadaptable, mais pâtissant également de ses convictions racistes, suprémacistes et antisémites, dont il ne se cachait pas. Loin des excentricités farfelues, les craintes qui génèrent les histoires et les opinions de Lovecraft étaient précisément celles des hommes blancs, de la classe moyenne, hétérosexuels et d'ascendance protestante qui étaient les plus menacés par les relations de pouvoir changeantes et les valeurs du monde moderne. Cette «peur de l'inconnu» que Lovecraft définissait comme  la plus puissante de toutes, avait sans doute ainsi des origines plus prosaïques que surnaturelles. H. P. Lovecraft : figure littéraire plus symptomatique qu'emblématique. Il faut dire que les changements sociaux «sismiques» qui survinrent du temps de Lovecraft, évoquant «le suffrage des femmes», «la révolution russe», «les nouvelles communautés LGBT visibles dans les grandes villes», et peut-être plus que tout,  «la plus grande vague de migrants et de réfugiés» qu'aient connue les États-Unis ne pouvait qu'entrainer la peur chez l'écrivain peu adepte du changement. 
 
Adapter Lovecraft au cinéma : entre difficulté et ingéniositéSi l'univers de l'écrivain fantastique H.P. Lovecraft a inspiré nombre de cinéastes et films, ses ½uvres elles-mêmes ont été peu adaptées, car réputées inadaptables. On attend toujours les versions cinéma des Montagnes hallucinées, qui narre la virée cauchemardesque d'une expédition scientifique au c½ur de l'Antarctique en 1931, un continent alors encore largement inexploré et qui se révèle hanté par les restes d'une civilisation à la fois prodigieuse et dépassant l'entendement humain, ou L'Appel de Cthulhu, dans lequel Francis Thurston hérite des possessions de son grand-oncle archéologue, et se retrouve lié à la tragique destinée du vieil homme enquêtait sur une religion étrange, le culte de Cthulhu, puis il est assailli de visions d'une cité fantastique habitée par une créature gigantesque, Francis reprend le flambeau et se lance sur la piste du culte, au c½ur des ténèbres... Des États-Unis à l'Europe en passant par les étendues glacées du Groenland, l'horreur se niche partout. Et par le passé, beaucoup de cinéastes se sont d'ailleurs frottés à Lovecraft, mais rares sont ceux ayant évité le grotesque. Et le plus souvent, ces réalisateurs se sont centrés sur les ½uvres les plus faciles à adapter comme La Couleur tombée du ciel, avec un jeune géomètre prospectant autour de la ville d'Arkham, Massachusetts, qui entend parler de faits étranges qui ont eu lieu trente ans auparavant et qui effraient encore les habitants de la région, où se déroule des événements étranges troublants, et une multitude d'entre eux se sont produits autour de la ferme de Nahum Gardner, n'étant que les prémices d'une véritable horreur, L'Abomination de Dunwich, qui se place dans Dunwich, petit village lugubre cerné par les collines du Massachusetts, se centre sur Wilbur Whateley qui guidé par ses instincts maléfiques, dérobe un livre de sorcellerie, le Necronomicon, et Le Cauchemar d'Innsmouth, qui nous montre quelqu'un qui se rend dans le port de pêche d'Innsmouth, et aurait mieux fait de ne pas y aller.
 
Adapter Lovecraft au cinéma : entre difficulté et ingéniositéCorman produisit dans les années 1960-1970 trois de ces «adaptations infidèles» mais très intéressantes : La malédiction d'Arkham en 1963 adapté de L'Affaire Charles Dexter Ward, montrant Charles Dexter Ward qui découvre son ancêtre un sorcier  jugé par sorcellerie à Salem, nommé Joseph Curwen, développant peu à peu un étrange mimétisme avec son aïeul, et son ami le Dr Willett, enquête sur cette affaire diabolique où chaque pas en avant dans la découverte de la vérité révèle des horreurs innommables,  que Corman met dans son cycle Poe, en résulte un très bon film lorgnant du côté des productions Hammer avec Vincent Price, Debra Paget et Lon Chaney Jr., puis Horreur à volonté ! en 1970, tiré de L'Abomination de Dunwich, réalisé par David Haller, qui utilise des effets spéciaux psychédéliques et un travail de caméra subjectif pour transmettre un sentiment d'extériorité cosmique, tout en mettant en vedette Dean Stockwell et Ed Begley dans son dernier rôle, et David Haller est probablement parmi les seuls à être parvenus à livrer une ½uvre capable de s'élever au rang de film-culte avec Le messager du Diable en 1965, celle-ci est tirée la nouvelle La couleur tombée du ciel dont il s'inspire un peu, sauf pour la fin qui est très fidèle, avec un Boris Karloff qui porte le film sur ses épaules et à cause de son mal de dos, il put faire le film dans une chaise roulante. Pour ces films manquant de moyens, l'ingéniosité et les effets spéciaux arrivent à les rendre crédibles malgré leurs libertés avec le matériel original.
 
Adapter Lovecraft au cinéma : entre difficulté et ingéniositéPour sa part, Stuart Gordon fut à l'origine dans les années 1980-1990 du mémorable Re-Animator en 1985 avec Jeffrey Combs, tiré du roman Herbert West : Re-Animateur, dans lequel un jeune médecin, Herbert West a une idée fixe, celle de redonner vie aux morts, et pour ses recherches, il commence par déterrer des corps, puis, son besoin en cadavres de plus en plus frais va l'entraîner à commettre des actes monstrueux, son premier long, est une réussite totale, hyper gore, injectant des pulsions sexuelles (la scène fameuse de la tête tranchée léchant le corps de l'héroïne) dans le récit lovecraftien de ce savant fou ressuscitant les morts, trahissant allégrement Lovecraft en faisant une comédie, et le film engendrant deux suites (Re-Animator 2 en 1990 et le DTV Beyond Re-Animator en 2003, toujours avec Combs mais réalisés par Brian Yuzna), ainsi que des subséquents Aux Portes de l'Au-delà en 1986, toujours d'après Lovecraft et de sa nouvelle De l'au-delà, dans laquelle l'histoire est racontée du point de vue à la première personne d'un narrateur anonyme et détaille ses expériences avec un scientifique nommé Crawford Tillinghast, qui crée un dispositif électronique qui émet une onde de résonance, stimulant la glande pinéale d'une personne affectée, lui permettant ainsi de percevoir des plans d'existence en dehors du cadre de la réalité acceptée, avec la même équipe que Re-Animator (Combs, Barbara Crampton, Dennis Paoli au script, Mac Ahlberg à la photo, Richard Band à la musique, Yuzna à la prod...) , mêlant body-horror organique traumatisante et exploration d'une sexualité sans limites, mais avec un budget beaucoup plus conséquent est un échec en salles, et Dagon en 2001, tirant son nom du roman du même nom où pendant la Première Guerre mondiale, un officier de la marine marchande parvient à fausser compagnie à ses geôliers d'un destroyer allemand, qui après des jours d'errance sur les flots du sud de l'Equateur, il échoue sur un continent inconnu, comme surgi des eaux, et c'est sur cette terre sinistre jonchée de carcasses qu'il croisera le chemin d'une créature gigantesque, qu'on nommera Dagon, le Dieu-poisson, il est miraculeusement sauvé mais hanté par des visions cauchemardesques, il témoignera de l'expérience qui l'a laissé aux portes de la folie, mais ici c'est principalement une adaptation infidèle de «The Shadow over Innsmouth» tournée en Espagne, qui est une série B  trash où le héros Paul essaye d échapper à un peuple de poisson humanoïde adepte du dieu Dagon, tout en lorgnant trop sur Evil Dead.
 
Adapter Lovecraft au cinéma : entre difficulté et ingéniositéLe film de 1987, La malédiction céleste de David Keith inspiré de La couleur tombée du ciel est plus proche du matériel source sans toutefois lui être fidèle, mais met malheureusement l'histoire à jour (la nouvelle adaptation de Stanley en 2020 fait de même), permettant de parler du problème de la pollution avec son météore suintant un liquide visqueux et incolore se déversant dans un puits corrompant tout ce qu'il touche tout en s'inspirant de la crise sociale des agriculteurs pendant l' administration Ronald Reagan aux États-Unis dans les années 1980, et les 20 dernières minutes du film sont tellement décousues qu'elles ruinent pratiquement tout le film. Le film Ressurected en 1991 de Dan O'Bannon s'inspire de L'Affaire Charles Dexter Ward, et c'est une bonne adaptation prenant des libertés avec le roman puisque c'est un détective qui enquête sur la disparition de Charles Dexter Ward pour sa femme, grâce à une distribution solide, un script décent, une direction inventive et une excellente gestion des effets spéciaux. En 1993, sort Necronomicon, un film à sketchs qui souffre du manque de moyens financiers (tir limité dans le temps, conditions d'un film bis et budget limité) et légèrement opportuniste de Brian Yuzna qui choisit de faire un récit malsain et pessimiste avec des effets gores dans lequel une femme policier recherche son collègue et découvre un peuple étrange, Christophe Gans, qui s'en tire le mieux grâce à sa compétence, son montage et ses références, à la fois thématiques et stylistiques, aux films  de la Hammer, ceux de Roger Corman et des appareils utilisés dans les films fantômes japonais pour l'histoire d'un homme voulant faire revenir à la vie sa famille en utilisant le Necronomicon, et Shûsuke Kaneko, dans un récit dramatique et plutôt difficile d'accès par sa retenue avec son professeur ayant longue vie en restant dans des températures glaciales, tout au long du récit, on voit Lovecraft interprété par Jeffrey Combs, à la recherche d'inspiration, s'introduire dans les voûtes d'une bibliothèque (gardée par d'étranges moines) pour lire le Necronomicon, qui lui inspire ces 3 histoires qu'il griffonne frénétiquement sur son carnet et qui s'éloigne des histoires originales pour un résultat plutôt sympathique à voir.
 
Adapter Lovecraft au cinéma : entre difficulté et ingéniositéAlien en 1979 est clairement influencé par Lovecraft, avec le scénario de Dan O 'Bannon et les créations d'H.R. Giger, également admirateur de l'écrivain à qui il rend hommage dans sa série de peintures biomécaniques, Necronomicon, et où le xénomorphe est déjà visible. Dans Hellboy (2004) de Guillermo del Toro, une entité cosmique monstrueuse, Ogdru Jahad, tente de s'échapper d'une prison de cristal où il demeure depuis des milliers d'années. Le cinéma d'horreur italien a également largement utilisé les motifs lovecraftiens, en particulier Frayeurs de Lucio Fulci en 1980 où l'on trouve Dunwich et la citation de «livres interdits». Mais nous pouvons aussi nous concentrer sur 2 exemples révélateurs en commençant par la série Quatermass (brièvement), dans laquelle le professeur Quatermass découvre dans Le monstre en 1955, qu'un astronaute subit une terrible mutation suite aux tests d'un fusée, puis dans La Marque en 1957, qu'une conspiration touche même le gouvernement à travers de mystérieux météorites, et dans Les Monstres de L'espace en 1967, des extraterrestres qui influencent l'humanité depuis des temps immémoriaux. Puis, en se dirigeant vers la trilogie de l'Apocalypse de John Carpenter qui dans The Thing, le remake d'une première adaptation cinématographique de la nouvelle "Who goes there ?" de John W.Campbell, publiée qui plus est quatre ans après "Les montagnes hallucinées" de Lovecraft dont elle reprenait allègrement le décorum pour prendre une toute autre direction. Sa créature protéiforme et tentaculaire évoque grandement les entités indicibles lovecraftiennes telles les Shoggoths des "Montagnes hallucinées". Alors que les abominations du film le Prince des Ténèbres en 1987 restent tout autant dans l'ombre (et derrière les miroirs) que les créatures antédiluviennes de Lovecraft. Ironiquement, la meilleure adaptation de Lovecraft à ce jour... n'en est pas une. Le spécialiste en fraude qu'incarne Sam Neill dans L'antre de la folie, de John Carpenter en 1994, est en effet le parfait protagoniste lovecraftien : un homme pragmatique dont la foi en la logique et les faits est mise à mal par les événements — et les mutants — qu'il croise dans la ville censément imaginaire d'un écrivain d'horreur, Sutter Cane, qu'il a été chargé de retrouver. Et si ces dieux immémoriaux et monstrueux issus d'un autre monde sur lesquels Cane a tellement écrit existaient réellement ? On est ici proche des «Grands Anciens» de Lovecraft, divinités tentaculaires aux noms imprononçables et au langage plus abscons encore.
 
Adapter Lovecraft au cinéma : entre difficulté et ingéniositéEn réalité, comme le montre The Call of Cthulhu d'Andrew Leman en 2005, un film indépendant est l'une des adaptations récentes les plus convaincantes, ce qui contredit l'idée qu'il faut un gros budget pour adapter Lovecraft. En 46 minutes, ce film en noir et blanc silencieux, est un pastiche expressionniste des films des années 1920, avec de nombreux intertitres, qui permettent de suivre une intrigue assez complexe et aussi de citer le texte de Lovecraft. Le film de Dan Gildark en 2007, Cthulhu s'inspirant  du roman Le Cauchemar d'Innsmouth a offensé les fans surtout sur le fait que le héros est homosexuel, mais il est surtout très long à se mettre en place avec son professeur homosexuel découvrant que le culte New Age de son père n'est pas si inoffensif que ça, et le point fort de ce film est surtout l'interprétation des acteurs. En 2008, sortait Beyond The Dunwich de Richard Griffin s'intéressant aux descendant de la famille Whateley et qu'on prétendait être un hommage à Dario Argento, Mario Bava et Lucio Fulci. Parmi les films récents, on doit mentionner Die Farbe (Huan Vu, 2010), une adaptation plutôt convaincante de «La couleur hors de l'espace», malgré sa lenteur et quelques libertés avec le roman. En 2011 avec Celui qui chuchotait dans les ténèbres, Sean Branney sortait une adaptation fidèle de Lovecraft du roman dans lequel un professeur de littérature, passionné par les légendes et le folklore de la Nouvelle-Angleterre, découvre le secret d'étranges créatures dissimulées dans les bois obscurs et plonge dans un univers terrifiant, faite avec un petit budget et des idées intéressantes, mais qui est en  partie gâchée par le jeu des acteurs. Pour l'instant, très peu de récits de Lovecraft ont été vus au petit écran. Citons néanmoins deux épisodes de l'anthologie horrifique «MastersOf Horror», en 2005 : «Le cauchemar de la sorcière», réalisé par Stuart Gordon, qui s'est attaqué à Lovecraft plusieurs fois au cinéma; et «La fin absolue du monde», de John Carpenter. À noter également une curiosité : Howard Philip Lovecraft en personne est l'un des personnages de l'histoire de l'épisode 16, de la saison 10, «Le jeune monsieur Lovecraft» des «Enquêtes de Murdoch», une série policière canadienne.
 
Adapter Lovecraft au cinéma : entre difficulté et ingéniositéDéjà transposé en BD par le Britannique I. N. J. Culbard, Les Montagnes hallucinées a aussi failli devenir un film à gros budget réalisé par Guillermo del Toro (La Forme de l'eau, Le Labyrinthe de Pan), avant que le projet ne soit avorté. Même si on pense Lovecraft inadaptable, le réalisateur culte mais oublié des années 90 Richard Stanley (Hardware, Le Souffle du démon) à travers son film «Color Out Of Space» emmène Nicolas Cage et sa folie dans l'adaptation de cette nouvelle, où une famille est confrontée aux conséquences de la chute d'une météorite dans leur propriété. Des conséquences sanglantes, psychédéliques, surréalistes. Tout n'est pas parfait comme le fait de mettre l'histoire à jour, mais il y a une telle croyance, et un tel Nicolas Cage, que cette Color Out Of Space embrase l'écran. Mais, The Color Out of Space est le 1er film d'une série de trois adaptations de Lovecraft, toutes réalisées à priori par Stanley. L'adaptation suivante sera L'Abomination de Dunwich, qui fait déjà un grand pas dans cette direction apocalyptique, et c'est donc parfait pour commencer à déployer la mythologie de Cthulhu, du fait que la série doit devenir de plus en plus apocalyptique.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Bruce G. Hallenbeck, Comedy-Horror Films: A Chronological History, 1914-2008, McFarland, 11 août 2009, https://www.20minutes.fr/arts-stars/culture/2866999-20200922-appel-cthulhu-mangaka-gou-tanabe-adapte-inadaptable-lovecraft, https://www.20minutes.fr/arts-stars/culture/2860587-20200913-replays-semaine-lovecraftien-color-out-of-space-prime-documentaire-utilite-publique-deviendras-hetero-fils, https://www.cnews.fr/divertissement/2018-10-15/lhorreur-de-lovecraft-adaptee-en-manga-chez-ki-oon-797210, https://collider.com/color-out-of-space-lovecraft-movies-nicolas-cage/, https://www.darksidereviews.com/film-necronomicon-de-christophe-gans-kaneko-shusuke-et-brian-yuzna-1993/, https://ddd.uab.cat/pub/brumal/brumal_a2019v7n1/brumal_a2019v7n1p55.pdf, https://www.ecranlarge.com/films/news/1170825-stuart-gordon-realisateur-culte-de-re-animator-et-fortress-nous-a-quitte, https://www.imdb.com/list/ls071029311/, https://www.ledevoir.com/culture/cinema/571191/de-la-difficulte-d-adapter-lovecraft-au-cinema, https://www.lefigaro.fr/bd/la-case-bd-les-montagnes-hallucinees-les-visions-d-horreur-de-lovecraft-en-manga-20190426, https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/series/lovecraft-country-la-revanche-d-un-ecrivain-maudit-15-08-2020-8368248.php, https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/series/lovecraft-country-voyage-au-pays-des-monstres-15-08-2020-8368251.php, https://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/Mort-de-Stuart-Gordon-le-realisateur-de-Re-Animator, et https://www.senscritique.com/liste/Lovecraft_au_cinema/511813#page-2/.
 
Merci !
Tags : Littérature, Cinéma
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