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Le roi Arthur, la réalité derrière le mythe

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Ce blog s'intéressera avant tout à la question de l'historicité du roi Arthur durant les Dark Ages, une période de grands changements dans la Bretagne post-romaine, et ce qui amena sa légende.

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La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-Âge

Aujourd'hui, nous fêtons la fête de la Sainte-Trinité.
 
La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-ÂgeUne 1erfête  de la Sainte-Trinité fut célébrée dans la Principauté de Liège, dès le début Xe siècle (fête elle-même marquée par l'hymne trinitaire d'Alcuin), qui avait une octave au début du XIIe siècle, en Belgique, l'influence de celle-ci amena l'introduction de la fête dans les terres anglaise en 1162 par Thomas Beckett devenu archevêque de Cantorbéry, grâce à son amitié avec Everlin de Fooz (mort en 1188), un moine de Liège devenu un abbé. C'est lui qui décréta que le dimanche suivant la Pentecôte, on célébrerait la fête de la Trinité. Cependant cette fête fut longtemps écartée de la liturgie romaine, on la rencontrait à Reichenau en 1030 et Cluny en 1051. Après son imposition en Angleterre, elle passa chez les Cisterciens (1175), les Chartreux (1222), les Dominicains (au XIIIe siècle), et les Franciscains (1260). Après le synode d'Arles (1263), elle est adoptée dans de nombreux diocèses de pays francs. Ce ne fut seulement en 1334 que le pape Jean XXIII étendit son usage à toute l'Église universelle.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : François Huot, L'Ordinaire de Sion: Étude sur sa transmission manuscrite, son cadre historique et sa liturgie, Saint-Paul, 1973, Ivan Gobry, Louis VII : 1137-1180 - Père de Philippe II Auguste, Pygmalion, 2012, et Bernard Forthomme, Histoire de la pensée au Pays de Liège, des origines à nos jours (tome I : IVe – XIe siècles), Editions Orizons, 2018.
 
Et comme nous allons voter aujourd'hui pour les élections législatives, je vais vous présenter les pratiques démocratiques au Moyen-âge. Le peuple a bon dos. Parler en son nom est un idéal politique aussi répandu que galvaudé. C'est le fondement même de la démocratie occidentale, mais aussi la source de tous les populismes. Porter la parole du peuple, c'est se l'approprier et, dans le champ du politique, le faire exister. Le problème non encore résolu de la figuration du peuple est d'abord et avant tout un problème de représentation, puisque ce peuple ne peut exister comme sujet politique qu'à travers ce processus. Aux derniers siècles du Moyen-Âge, l'Europe occidentale chrétienne voit le développement d'assemblées territoriales qui, sous diverses dénominations (parlements, états généraux, cortes ou diètes), sont le lieu d'expérimentation d'une représentation politique constitutive de l'État moderne, lointain ancêtre des régimes démocratiques contemporains. Cette représentation met en place des instances médiatrices entre des sociétés politiques en pleine émergence et des princes dont la souveraineté n'a encore rien d'absolu. Cela montre que dès le Moyen Âge, dans une société moins autoritaire qu'on veut bien le croire, «On y pratiquait une vraie culture du consentement».
 
La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-ÂgeC'est entre les années 1180-1240, qu'on voit apparaître les principaux parlements. Les assemblées demeurent jusqu'au XIIIe siècle sur le terrain de la représentation symbolique où les Grands et eux seuls représentent le peuple. Les changements n'interviennent qu'après, lorsqu'une forme d'échange politique entre princes et sujets se fait jour : des intérêts divergents se confrontent, la représentation se territorialise et des sources, de plus en plus nombreuses, mettent en évidence, à l'instar de la Magna Carta de 1215, qui fut un échec à court terme, des enjeux nouveaux autour des libertés fiscales ou de la protection des droits. Le moment décisif est cependant le siècle suivant, celui du «moment parlementaire». Car, malgré des expériences diverses et des variations notables, à la fin du XIVe siècle, au plus tard, «il n'est guère de royaume, de pays, de principauté, qui n'ait fait l'expérience d'une forme de représentation populaire». L'inverse (comme en Italie) a même plutôt de quoi surprendre, car dès le XIIe siècle, les communes italiennes inventèrent des formes originales d'un gouvernement collégial laïc capable d'administrer les villes les plus peuplées de l'Occident du temps. Affirmant leur autonomie face aux pouvoirs impérial et épiscopal, les communautés civiques expérimentèrent durant plus de trois siècles différents systèmes institutionnels qui furent adaptés aux évolutions profondes et parfois rapides des sociétés du temps. Des assemblées de plus en plus formalisées, élargies et aux dénominations multiples incarnent ainsi un dialogue et un dualisme entre des princes et des sujets qui se constituent en communautés politiques. Enfin, au tournant de l'année 1500, les assemblées représentatives sont partout.
 
La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-ÂgeOr la pratique d'assemblées délibérantes était très répandue au Moyen-Âge, que ce soit dans les guildes de métier et les villes libres, ou encore dans les «communautés d'habitants» qui autogéraient le commun dans des milliers de villages, dont celles-ci disposaient même d'un statut juridique, ont fonctionné sur le mode de l'autogestion pendant des siècles. L'histoire de cette démocratie médiévale n'a pas toujours été ignorée, pas même d'acteurs politiques ou d'intellectuels plutôt conservateurs. En France au dix-neuvième siècle, par exemple, François Guizot rappelait que «[l]es bourgeois du Moyen Âge se taxent, élisent leurs magistrats, jugent, punissent, s'assemblent pour délibérer sur leurs affaires et tous viennent à ces assemblées ; ils ont une milice ; en un mot, ils se gouvernent, ils sont souverains». En 1875, Edmond Demolins lançait Le mouvement communal et municipal au Moyen Âge. Essai sur l'origine, le développement et la chute des libertés publiques en France. Il rappelait que les villes médiévales  s'administraient elles-mêmes par des magistrats élus dans l'assemblée générale des habitants, où les bourgeois réunis soit dans l'église, soit sur la place publique changée en forum, délibéraient plus librement qu'à Sparte ou qu'à Athènes sur les affaires de la ville, sans se soucier nullement de recevoir des ordres de Paris.
 
La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-ÂgeLes expériences de gouvernement propres aux communautés religieuses, avec délibérations collectives parfois quotidiennes et désignation des supérieurs par les frères ou les s½urs (car ces expériences, à la différence des régimes politiques jusqu'à une date récente, n'ont pas concerné que des hommes) dans des élections, dans ce monde où le pouvoir ne pouvait pas être héréditaire, elles apparaissent à bien y regarder comme des laboratoires de la gouvernementalité moderne. Dans les cloitres, l'esprit de la Règle est le même, qui dit notamment qu'au sein de la communauté, tous les rapports doivent être fondés sur la charité, et que les supérieurs doivent être les serviteurs de leurs subordonnés. Y compris des supérieures, des femmes. Il y a eu aussi des communautés mixtes, comme le monastère de Fontevraud, où les hommes et les femmes étaient dirigés par une abbesse. Mais l'Église offre aussi un contre-modèle par le recours à l'élection pour désigner ses responsables : élections pontificales et épiscopales. Et c'est aussi aux XIIe et XIIIe siècles, qu'Abélard, Héloïse, Dominique de Guzmán, François et Claire d'Assise - d'autres encore - inventent une forme de gouvernement renversante. Selon eux, le chef d'une communauté doit se faire le dernier des serviteurs de ceux qu'il guide. Un devoir d'humilité strictement codifié. Ces ardents réformateurs du Moyen Âge abaissaient les puissants pour exalter les humbles, tout en se dépouillant eux-mêmes des emblèmes du pouvoir.
 
La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-ÂgeUn concept démocratique du pouvoir se voyait aussi par la laïcisation de la «conception chrétienne du pouvoir» dans le royaume de Sicile ou l'affirmation du caractère électif et non héréditaire de la monarchie suédoise, alors qu'en France les autorités monarchiques ou aristocratiques ne s'ingéraient pas dans les affaires de la communauté, qui se réunissait en assemblée pour délibérer au sujet d'enjeux politiques, communaux, financiers, judiciaires et paroissiaux. Le peuple disposait donc de fait d'une large autonomie. Dès le XIIe siècle, nombre de villes se sont dotées d'un régime municipal, avec un conseil et un maire ou des consuls élus, ou plutôt cooptés, pour traiter de certaines questions communes et se poser en interlocuteurs de l'autorité royale, dont la légitimité n'est jamais contestée. Et Jean sans Terre doit concéder une Grande Charte en 1215 dont sortira le Parlement. Ainsi, le peuple, au Moyen-Âge, parvenait à s'autogérer sur tout un ensemble de domaines considérés non comme "privés", mais comme publiques.
 
La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-ÂgeL'histoire de la notion de peuple est aussi liée à celle de la collecte des impôts. Inventé quelque part entre le XIIIe et le XVe siècle. Alors que l'Europe est en guerre de façon quasi permanente, l'impôt sert à financer des conflits coûteux. «Le peuple a accepté ce mécanisme, qui a été implanté dans la paix et le consentement. Il est faux de croire qu'au Moyen Âge, tout se réglait par la terreur et l'épée.» Les souverains obéissaient en effet, à leur manière, à l'idée que «ce qui concerne tout le monde doit être approuvé par tout le monde», s'appuyant sur un principe élaboré par le premier concile du Latran en 1123. «D'un point de vue contemporain, on peut considérer ces “moments parlementaires” comme une prémisse à la démocratie telle qu'elle se manifeste dans nos parlements actuels. Certes, avant le 18e siècle, il n'y a pas d'idée claire de démocratie, mais le peuple veut être consulté. Il ne met pas en cause la souveraineté du prince, mais il veut s'associer à l'exercice du pouvoir.»
 
La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-ÂgeEnfin, les ambiguïtés entourant la définition du peuple montraient aussi que la «méfiance traditionnelle» de l'élite intellectuelle envers la participation de la multitude au pouvoir, soulignait aussi le danger populiste qui survient quand «le dirigeant ne représente pas, mais prétend incarner, à lui seul, le peuple».
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Jacques Dalarun, Gouverner c'est servir : Essai de démocratie médiévale, Alma Editeur, 2012, et https://croire.la-croix.com/Definitions/Figures-spirituelles/Regle-saint-Benoit-laboratoire-modernite-2020-03-27-1701086413, Michel Hébert, La voix du peuple : une histoire des assemblées au Moyen-Âge, Presses universitaires de France, 2018, https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/samedi-et-rien-d-autre/segments/entrevue/101739/democratie-peuple-michel-hebert-medieviste-moyen-age, https://journals.openedition.org/mots/27532, https://www.cairn.info/revue-tumultes-2017-2-page-139.htm?try_download=1https://www.monde-diplomatique.fr/2019/04/MOUSSA/59737, et https://www.nonfiction.fr/article-9913-le-pouvoir-des-assemblees.htm, https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/la-democratie-au-moyen-age-145371, https://www.lepoint.fr/histoire/l-essor-de-la-democratie-04-04-2017-2116978_1615.php, https://www.nonfiction.fr/article-8851-le-jt-de-socrate-penser-une-democratie-adulte-avec-et-contre-saint-francois.htm, et https://rdv-histoire.com/programme/le-moyen-age-un-laboratoire-du-gouvernement.
 
Merci et bonne fête de la Sainte-Trinité ! 
Tags : Histoire du christianisme, fêtes, Histoire, Actus
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#Posté le dimanche 12 juin 2022 03:12

Modifié le dimanche 12 juin 2022 03:44

Antoine de Lisbonne ou de Padoue, un excellent prédicateur à l'origine d'une semaine festive

Nous fêtons aujourd'hui la Saint-Antoine, du fait que Saint Antoine de Lisbonne ou de Padoue est décédé le 13 juin 1231 à Arcelle, près de Padoue, en Italie, c'est pourquoi c'est devenu le jour de la Saint Antoine. Avec Thérèse de Lisieux ou Bernadette de Lourdes, Antoine de Lisbonne ou de Padoue (1195-1231) est sans doute l'un des saints les plus populaires, et sa statue se trouve dans nombre de nos églises. Et d'Antoine de Lisbonne ou de Padoue, né à Lisbonne, passé par Rome, ayant parcouru la Méditerranée et l'Europe, de ce saint du XIIIe siècle parmi les plus populaires et dont la vénération perdure jusqu'à aujourd'hui, on croit tout savoir.
 
Antoine de Lisbonne ou de Padoue, un excellent prédicateur à l’origine d’une semaine festive Baptisé du nom de Fernando de Bulhões, il est né à Lisbonne, entre 1191 et 1195, dans la Rua das Pedras Negras, à côté de la cathédrale de Lisbonne. Dans la maison où il est né et a vécu se trouve aujourd'hui l'église de Santo António. Éduqué au sein d'une famille noble, à l'adolescence, il demanda la permission d'entrer dans l'Ordre des Augustins, dans l'église de São Vicente de Fora, contre la volonté de son père, au lieu de rejoindre ses pairs pour lutter contre la menace musulmane, partant plus tard pour Coimbra pour étudier la théologie. Après être devenu prêtre à 25 ans, la recherche de l'introspection et de la simplicité l'a conduit à l'Ordre franciscain en 1220, à Coimbra, nouvellement créé et à mettre de côté non seulement l'habit d'Augustin, mais aussi son nom. Fernando adopte le nom d'Antoine, en l'honneur de l'ermite Saint Anton, et se consacre à la prédication des Écritures.
 
Antoine de Lisbonne ou de Padoue, un excellent prédicateur à l’origine d’une semaine festive Parti en mission en Afrique du Nord, une tempête l'oblige à accoster sur les côtes de l'Italie en 1220, c'est là que se révèlent ses dons exceptionnels de prédicateur. Commence alors une extraordinaire épopée, Antoine part à la conquête spirituelle de l'Europe, tout en accomplissant des miracles stupéfiants. François d'Assise l'envoya ensuite prêcher en Italie et en France. Il enseigna la théologie en Italie, notamment à Bologne, puis alla s'établir à Toulouse et à Montpellier, créant ainsi, les premières écoles franciscaines de théologie. Il fonda un monastère à Brive, où il fit de nombreuses conversions parmi les Cathares répandus dans le midi de la France, qu'on nommait les "Albigeois". Assistant à la canonisation de François d'Assise en 1228, il se rend ensuite à Ferrare, Bologne et Florence, où il continue à prêcher. En 1229, il passa par Vareza, Brescia, Milan, Vérone et Mantoue. La prédication faisait déjà partie de sa vie - mais surtout la prédication orale, avec presque aucune trace écrite des sermons de saint Antoine (seulement deux documents connus existent).
 
Antoine de Lisbonne ou de Padoue, un excellent prédicateur à l’origine d’une semaine festive Après la mort de François d'Assise, il devient Provincial d'Italie du Nord en 1229, et il est remarqué par le pape Grégoire IX qui l'appelle "Arche du testament" à cause de sa connaissance profonde et vivante des Saintes Écritures. Cependant, avec quelques miracles, la prédication d'Antoine dans plusieurs villes a pris un tournant. En 1231, il est à Padoue où il poursuit ses prêches. Sa santé déclinant déjà, Antoine se retira au château de Camposampiero, près de Padoue, où il écrivit et révisa ses sermons, consacrant des heures à la méditation spirituelle. Antoine est mort à 36 ans le 13 juin 1231 à Arcella, en Italie, et a été enterré à Padoue, après avoir eu le temps de se confesser et de recevoir les derniers rites. Le pape Grégoire IX a canonisé saint Antoine le 30 mai 1232, avant le premier anniversaire de sa mort.
 
Antoine de Lisbonne ou de Padoue, un excellent prédicateur à l’origine d’une semaine festive Bien que la dévotion à saint Antoine soit partagée dans différentes régions du Portugal et du monde, il est incontestable que le culte est particulièrement intense à Lisbonne, une ville qui, comme il est né ici, joue le rôle d'alma mater de son apostolat. Le culte d'Antoine de Lisbonne ou de Padoue se répandit surtout aux XVe et XVIe siècles. Il devint le saint national du Portugal, celui que les explorateurs firent connaître dans le monde entier. Il est ainsi le patron des marins, des naufragés et des prisonniers. À partir du XVIIe siècle, il fut également invoqué pour retrouver les objets perdus, puis pour recouvrer la santé, ou pour exaucer un v½u. De nombreux miracles lui sont attribués. On le représente souvent prêchant aux foules ou aux poissons, en discussion avec François d'Assise, guérissant des malades ou encore assistant à l'apparition de la Vierge Marie et de l'Enfant Jésus assis ou debout sur un livre. Le pape Pie XII lui décerne, en 1946, le titre de Docteur de l'Eglise. Les nombreuses faveurs obtenues par l'intercession de Saint Antoine, notamment pour retrouver les objets égarés, font de lui l'un des saints les plus populaires.
 
Antoine de Lisbonne ou de Padoue, un excellent prédicateur à l’origine d’une semaine festive À Lisbonne, la fête populaire de Saint Antoine est une célébration qui a lieu la semaine du 13 juin et rassemble des milliers de personnes qui veulent s'amuser. Les festivités se préparent du 28 mai au 13 juin, entre visites, visites du musée, fados et ateliers pour les familles. Le parcours «Les églises de la procession» (2 juin, jeu 18h), avec la visite de quelques-unes des églises dont les saints participent à la procession dédiée à Saint Antoine, met en scène l'une des plus anciennes processions de la ville, qui se déroule dans le quartier d'Alfama. Dans le circuit «Ici le Saint est né», vous pourrez visiter les lieux qui ont marqué la vie de Saint Antoine (samedi 4 juin, 11 h). A noter également l'exposition dans les rues des trônes traditionnels de Saint Antoine (du 4 au 30 juin), la lecture de textes et de chroniques de divers auteurs, tels que Fernando Pessoa ou Mia Couto, dédiés à Saint Antoine (vendredi 10 juin16h), ou l'atelier pour les familles où certaines traditions associées à cette fête seront recréées (dimanche 12 juin, 10h30). Lors de ces festivités, les rues se parent d'arches colorées, de guirlandes de papier, et de ballons, les maisons se parent de basilic, également connu sous le nom d'herbe de la Saint-Valentin, à chacun son "fado"  sa musique populaire, son groupe de rock... C'est traditionnellement le moment ou les gens s'offrent un pot de Mangerico (basilic), plante porte-bonheur composé d'un ½illet en papier colorié et d'un drapeau où est écrit un poème d'amour ou une satire (quadra) lorsqu'elle est remplacée par une nouvelle, et les gens descendent dans la rue pour manger des sardines grillées et du pain de maïs et, bien sûr, faire la fête.
 
Antoine de Lisbonne ou de Padoue, un excellent prédicateur à l’origine d’une semaine festive Dans la nuit du 12 juin ont lieu les Marchas Populares, un défilé sur l'Avenida da Liberdade, dans lequel chaque quartier de Lisbonne s'habille selon un thème choisi, interprète une musique originale composée pour l'occasion et qui est comparée au Carnaval de Rio de Janeiro à l'échelle «alfacinha» où la concurrence règne et où chaque quartier veut en tirer le meilleur parti. Son origine remonte au XIXe siècle et est directement liée à la tradition française de la «marche aux flambeaux», où des couples défilaient dans les rues éclairées par des ballons suspendus à des roseaux. À Lisbonne, les marches apparaissent en 1932, et deviennent rapidement un beau spectacle musical et visuel et une véritable compétition entre les quartiers les plus traditionnels de la capitale. C'est aussi pendant cette semaine que nous avons les mariages de Saint-Antoine, une cérémonie où plusieurs couples célèbrent leur mariage ensemble passant par l'église Saint-Antoine et se dirigent vers la cathédrale de Lisbonne, sous la protection du saint réputé pour être le Saint des mariages qui passent par l'église Saint-Antoine et se dirigent vers la cathédrale de Lisbonne où tous les mariages ont lieu en même temps. Ces mariages ont lieu le matin du 13 juin et les mariés – choisis tout au long de l'année parmi les milliers d'inscriptions reçues – reçoivent, en plus du mariage offert par la mairie, une large gamme de cadeaux d'avenir à leur domicile.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Jean Vézère, A. Van Ballenberghe, et J. Colruyt, Saint Antoine de Padoue: Docteur de l'Église, Ab Editions, 2002, Ana Dos Santos, Saint Antoine : Le plus invoqué parmi les saints et le plus présent dans notre vie, prières, neuvaines et litanies..., Lanore, 2014, António Mega Ferreira, Santo António, de Lisboa e Pádua : Viagem a uma devoção ímpar, Clube do autor, 2019, Umberto Marino, Saint Antoine de Padoue, Saje Éditions, 2021 (film), https://24.sapo.pt/atualidade/artigos/santo-antonio-de-padua-mas-a-lisboa-o-que-e-de-lisboa-ha-788-anos-acontecia-a-canonizacao-mais-rapida-da-historia-da-igreja, https://www.france-em-portugal.com/sorties-actualites-evenements/idees-originales/137-festas-de-lisboa, https://www.escapadarural.pt/blog/a-tradicao-das-festas-de-santo-antonio-em-lisboa/, et https://www.tourmag.com/L-ete-au-Portugal-Les-fetes-populaires-sont-a-l-honneur_a113892.html.
 
Merci et bonne Saint-Antoine !
Tags : Histoire du christianisme, fêtes
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#Posté le lundi 13 juin 2022 07:04

La Fête-Dieu, entre croisade, eucharistie, ordres féminins et fête

La Fête-Dieu, entre croisade, eucharistie, ordres féminins et fêteNous allons voir aujourd'hui, les origines de la Fête-Dieu, dite aussi Corpus Domini ou Corpus Christi, aujourd'hui appelée par l'Église Solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ, que nous fêtons aujourd'hui.
 
À l'ordre du jour pontifical figurait la question de la Terre Sainte, sur laquelle Urbain IV, toujours patriarche, avait rédigé un rapport. Sur le plan diplomatique, en 1264 un légat de l'ilkhan Hulagu, chef des Mongols de Perse (qui s'était aussi adressé auparavant à Louis IX) s'était adressé à lui, lui proposant une alliance avec les Latins et les Arméniens contre les musulmans en échange de la cession des territoires de Terre Sainte rendus aux musulmans. Sur le plan organisationnel, Urbain IV, pour qui la croisade était un objectif ancien, et la dévotion au Saint-Sépulcre du pape Urbain IV combiné avec le culte eucharistique de ce dernier, a pu constituer le "terreau" favorable sur lequel s'est érigée l'institution de la Fête-Dieu pour l'Église universelle.
 
La Fête-Dieu, entre croisade, eucharistie, ordres féminins et fêteAinsi, le fait que la bulle Transiturus du 11 août 1264, par laquelle Urbain IV institua la fête, soit adressée à Guillaume d'Agen, patriarche de Jérusalem, prend une signification particulière. Sur l'influence spécifique de l'environnement de Liège, et de la prieure des s½urs augustiniennes, Julienne du Mont-Cornillon, née à Rétinnes (Liège) en 1193, mais dite de Mont-Cornillon, parce qu'elle y est supérieure d'un couvent hospitalier. Dévouée au Saint-Sacrement, à l'âge de seize ans, elle s'est sentie inspiré pour promouvoir l'institution d'une fête spéciale pour l'Eucharistie, cependant, elle attendit jusqu'en 1230, date à laquelle elle confia l'affaire à Jean de Lausanne, chanoine de Saint-Martin à Liège, mais cette idée combattue par certains, fut approuvée par l'évêque de Liège, Robert de Thourotte, en 1246, et la fête fut célébrée l'année suivante par les chanoines de Saint-Martin. En 1252, Hughes de Saint-Cher, alors cardinal et légat du pape en Allemagne, il la célébra aussi solennellement à Liège, puis l'ordonna pour toute la circonscription, et la même chose fut faite deux ans plus tard par le nouveau cardinal et légat Pietro Capocci. La dévotion au Saint-Sépulcre serait alors greffée à cette célébration. Et, dans le contexte, le miracle de Bolsena de 1263 dans lequel un prêtre, célébrant la messe dans l'église Sainte-Christine, vit du sang s'égoutter de l'hostie consacrée, ce qui semble avoir joué le rôle de déclencheur de la fête.
 
La Fête-Dieu, entre croisade, eucharistie, ordres féminins et fêteL'institution de la Fête-Dieu montre aussi que le pape Urbain IV avait  une attention  particulière portée aux formes religieuses féminines : outre l'importance accordée aux visions de Julienne de Cornillon qui trouva un point d'arrivée dans la bulle Transiturus et dans la lettre à Eve de Saint-Martin de Liège (8 septembre 1264) dans laquelle le pape l'informait de la nouvelle fête, la règle donnée aux s½urs de Sainte Claire le 18 octobre 1263. Finalement, Urbain IV, pressé par Henri de Gueldre, évêque de Liège, et également ému par le miracle de Bolsena (dont le corporal fut amené en procession à Orvieto le 19 juin 1264), étendit la fête à toute l'Église avec la bulle Transiturus du 8 septembre 1264, dans lequel il fixe la fête le jeudi après le dimanche de la Trinité. Ainsi, la Fête-Dieu est lié à Pâques et peut tomber dès le 21 mai ou jusqu'au 24 juin. Urbain a également prévu - le premier cas connu - de diffuser l'office de la fête dans la version qu'il a dû demander, très probablement, à Thomas d'Aquin lors de son séjour à la curie pontificale, où le célèbre théologien dominicain a pu disposer d'une abondante documentation patristique et juridique, afin d'écrire l'office de cette fête.
 
La Fête-Dieu, entre croisade, eucharistie, ordres féminins et fêteClément V au concile de Vienne (1311) réprouva la fête. Ici et là le cortège de la Fête-Dieu, qui était une importante procession civique à partir du XIVe siècle, ont inspiré les reconstitutions historiques et les cycles de jeux en Angleterre, en Allemagne et en Espagne, qui devint d'usage courant surtout après que les papes Martin V (1417-1431) et Eugène IV (1431-1447) l'eurent favorisé d'indulgences, après quoi la fête s'est rapidement répandue dans toute l'Europe, qui au cours des XIVe et XVe siècles, divers accroissements se sont constitués autour de la fête, notamment les chants de la liturgie ont reçu une élaboration polyphonique, les scènes eucharistiques ont de plus en plus attiré l'attention des artistes visuels et plasticiens, et les confréries et corporations se sont consacrées à l'Eucharistie et à sa célébration.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces articles qui m'ont beaucoup aidé : https://www.oxfordbibliographies.com/view/document/obo-9780195396584/obo-9780195396584-0144.xml, https://www.treccani.it/enciclopedia/corpus-domini_%28Enciclopedia-Italiana%29/, https://www.treccani.it/enciclopedia/papa-urbano-iv_%28Dizionario-Biografico%2, et /https://www.treccani.it/enciclopedia/urbano-iv_(Enciclopedia-dei-Papi)/.
 
Merci et bonne Fête-Dieu.
Tags : Histoire du christianisme, fêtes
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#Posté le jeudi 16 juin 2022 07:44

Jean le Baptiste, un prêcheur porteur des attentes messianiques, à l'origine de célébrations estivales

Aujourd'hui est fêtée la Saint-Jean, une fête de partage accompagnée de grands feux de joie qui célèbre l'été, qui du point de vue religieux, célèbre la naissance de Jean-Baptiste, le mentor de Jésus.
 
Jean le Baptiste, un prêcheur porteur des attentes messianiques, à l’origine de célébrations estivalesJean le Baptiste est né selon la tradition dans le village d'Ein Kerem, la «ville de la montagne de Judée», mentionnée dans l'évangile de Luc, et il appartient à une famille sacerdotale rurale puisque son père, Zacharie (ou Zekharia), était un prêtre du Second Temple, et sa mère, Elisabeth (ou Elisheva), était la petite-fille de Matan, un prêtre issu de la lignée d'Aaron, sans doute étaient-ils des notables des lieux, et faisaient-ils partie des pharisiens qui étaient profondément opposés aux Hérodiens et étaient furieux des incursions que l'hellénisme continuait de faire dans la religion juive. La rénovation en 2015 de la maison de la famille Shimshoni, du quartier Ein Kerem de Jérusalem, fit appel à des archéologues après avoir trébuché sur un bain rituel parfaitement préservé vieux de 2000 ans  dans leur salon. Les vestiges archéologiques retrouvés à Ein Kerem datant de cette période étaient des «fragments», limités à une poignée de tombes, des morceaux de mur, un pressoir à olives et un mikvé. La découverte de ce mikvé renforce l'hypothèse que dans la région d'Ein Kerem, il y avait une implantation juive pendant la période du Second Temple. Cette découverte a souligné la présence de Juifs religieux qui étaient pointilleux sur les questions de la pureté rituelle. Dans le sol entourant le mikvé, qui est à environ 3 mètres sous terre, les archéologues ont trouvé des tessons et des restes de récipients en pierre datant du premier siècle. Selon la tradition juive, des vases de pierre ne peuvent pas être touchés par l'impureté religieuse alors que ceux en céramique peuvent le devenir – une fois contaminés, ils doivent être détruits. Cette découverte indique la présence de juifs religieux qui étaient pointilleux sur les questions de pureté rituelle. Le choix du nom de Jean par ses parents ne semblent pas non plus un incident puisqu'il peut s'inspirer du grand prêtre et conquérant hasmonéen Jean Hyrcan 1er (134-104 avant J.-C.), fils et successeur de Simon, prétend que Dieu lui parle et qu'il a le don de prophétiser. À la tête de ses soldats, il réalise de nombreuses conquêtes, annexant la Samarie et l'Idumée. Pour conserver à l'État son caractère juif, il impose aux populations soumises leur conversion au judaïsme. Les hommes sont circoncis de force. C'est aussi dans le cadre de cette politique de judaïsation que sont rasés les lieux de culte des peuples vaincus, notamment le temple des Samaritains sur le Mont Garizim. Cette ambiance rurale et fidèle à la loi juive explique son langage rude et les images qu'il utilise et qui sont typiquement villageois. À une certaine période, il rompt avec l'enseignement du Temple, et avec tout le système de rites de purification et de pardon lié à celui-ci, et il abandonna sans doute sa fonction sacerdotale. La cause est sans doute sa réaction contre les autorités du Temple, comme la plupart des gens il considérait le haut sacerdoce comme corrompu, plus encore avec l'appauvrissement de la paysannerie juive, et les nominations d'Anne (6 et 15) et de son gendre Caïphe (entre 18 et 37), qui collaborent ouvertement avec les Romains ont finalement été une raison supplémentaire de son retrait.
 
Jean le Baptiste, un prêcheur porteur des attentes messianiques, à l’origine de célébrations estivalesÀ partir de 20 environ, Jean, se met à prêcher dans la vallée du Jourdain. Il dit préparer l'avènement du royaume de Dieu et baptise ses disciples. La pratique de Jean trouve son origine dans les immersions purificatrices juives du judaïsme du Second Temple, où les ablutions prolifèrent de diverses manières, les immersions devenant même une pratique quotidienne (pour éliminer l'impureté par inadvertance) pour les Esséniens, les Bannus, et d'autres, menant à la tendance croissante à utiliser les ablutions comme symbole de repentance et de désir de purification morale. Mais celle de Jean n'était pas symbolique, ne conférait pas le pardon et n'était pas initiatique. Jean a baptisé ceux qui étaient retournés à Dieu. C'est  un rite innovant et non répété exprimant la repentance conversionnelle, qui à la fois a nettoyé de l'impureté (physique et morale) a directement médiatisé le. En tant que tel, le rite préfigure la plus grande purification que celui attendu apportera en baptisant du Saint-Esprit et du feu, initie au véritable Israël (ceci est soutenu par Josèphe prétendent que Jean a prêché que le peuple 'devrait se rassembler par le baptême, et c'est un défi et une protestation contre le Temple'. La pureté extérieure ne pouvait que suivre la pureté intérieure. Il a exigé que les gens agissent avec droiture au-delà de l'appel du devoir, en particulier en donnant l'espoir aux pauvres, et à la lumière du jugement imminent. Jean a également appelé les pécheurs notoires à une vie juste, bien qu'il ne leur ait pas demandé de quitter leur profession. Le baptême de Jean a préparé les gens à une autre figure à venir. Celui qui vient devait arriver très bientôt (selon les synoptiques) ou était déjà présent mais n'était pas encore annoncé (selon le quatrième évangile). Ce personnage jugerait et restaurerait le peuple, il serait plus puissant que Jean, il baptiserait du Saint-Esprit et de feu, et son ministère pourrait être décrit à l'aide d'images d'aire de battage. Ce personnage n'était pas le Messie, mais Dieu dont il préparait le chemin. La relation de Jean avec les pharisiens était loin d'être hostile, puisque ce dernier aurait été un de leur membre. En fait, ce «groupement religieux influent» pourrait bien avoir considéré Jean comme un homme bon. Ils auraient pu être en désaccord avec lui sur la nécessité d'actions justes avant la purification extérieure, mais sur la plupart des questions éthiques, ils étaient proches de Jean. Il ne correspond pas à la catégorie d'un prophète oraculaire solitaire, mais à celle du 'prophète leader populaire' - c'est-à- dire un leader prophétique charismatique du nouvel Exode qui a tenté de créer le véritable Israël et a promis sa délivrance imminente de l'oppression. Ses analogies les plus proches sont les diverses figures prophétiques messianiques, du «Samaritain» du temps de Pilate à «l'Égyptien» de Félix, toutes des figures autour desquelles la population s'est rassemblée en attendant la délivrance de Dieu, et toutes sauvagement réprimées par les autorités comme séditieuses. Il s'inspire aussi des Maccabées qui à partir du désert lancèrent la résistance à l'hellénisation, en se lançant sur le respect strict de la Loi mais aussi des règles ascétiques, entre autres le célibat et un régime végétarien.
 
Jean le Baptiste, un prêcheur porteur des attentes messianiques, à l’origine de célébrations estivalesL'un de ceux qui sont venus écouter Jean et se soumettre à son baptême était Jésus de Nazareth. Il écouta la prédication de Jean, s'en inspira et se fit baptiser à son tour. Il semble probable que Jésus soit venu vers Jean au Jourdain en tant que pécheur repentant, bien qu'il soit impossible de déterminer s'il l'était ou non. Surtout, Jésus n'est pas retourné chez lui et n'a pas continué sa vie dans la pureté comme l'ont fait la plupart des auditeurs de Jean. Au lieu de cela, il a rejoint le ministère de Jean, a prêché son message et a baptisé d'autres personnes. Jésus a compris qu'il y avait un sentiment d'urgence, avec l'épiphanie de la Venue imminente. Jésus collabora avec Jean, l'assista et devint son associé dans son travail de baptiseur. Jean décide de faire de Jésus son second. Finalement, les deux hommes ont établi une campagne coordonnée afin de sauver autant de personnes que possible. Jean a continué à travailler en Judée mais inspiré par Jésus il décide de passer aux choses sérieuses et de s'en prendre directement à Hérode Antipas inquiet des défections des militaires et des collecteurs d'impôts baptisés par lui. L'engouement populaire pour le prédicateur fait craindre à Antipas le début d'un soulèvement, surtout quand dans les derniers mois de l'an 27, Jésus et ses partisans avaient fait une campagne de prédication et d'initiation en Judée gagnant plus de fidèles à la cause de Jean-Baptiste. Tous les deux étaient persuadés que le temps approchait, où ils allaient réaliser les prophéties avec l'aide de Dieu. Jésus et Jean préparaient un mouvement de protestation pour l'automne 27 qui aurait fait vaciller les autorités politiques et religieuses du pays. Sans doute surveillés par Hérode Antipas et Pilate, un préfet de Judée brutal et implacable, qui utilisait la troupe contre des manifestations de résistance passive et qui alla jusqu'à infiltrer les rassemblements sur l'esplanade du Temple, Jean et Jésus décidèrent de reporter cette phase pour la Pâques de l'an 28.
 
Jean le Baptiste, un prêcheur porteur des attentes messianiques, à l’origine de célébrations estivalesCependant, en l'an 28, le tétrarque de Galilée fait arrêter et emprisonner Jean-Baptiste dans la forteresse de Machéronte, en Pérée. Prudent, Jésus après son arrestation, s'est caché dans le désert, a pris sa mission en Galilée. Hérode Antipas voulait le faire mourir, mais craint un éventuel soulèvement de ses disciples après sa mort (Matthieu 14,5). Flavius Josèphe rapporte la polémique virulente menée par Jean contre le tétrarque Hérode Antipas, au nom de la morale et du respect de la loi (Antiquités juives 18,118). La dénonciation par Jean de la cour hérodienne contaminée par les m½urs hellénistiques, ainsi que sa condamnation du mariage du roi avec sa belle-s½ur Hérodiade, recueillait l'approbation du peuple. L'exécution du prophète par Hérode Antipas en 29 visait à faire taire la protestation populaire (Marc 6,21-28). La raison de la mort de Jean était avant tout parce qu'il avait "un large public" et qu'il fallait faire avorter un mouvement révolutionnaire. Le coup était rude, car cela brisa un temps les espoirs messianiques, cependant après l'exécution de Jean-Baptiste, une partie de ses disciples rejoint la foule qui suit Jésus de Nazareth, ce dernier va continuer son ½uvre.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Joan Taylor, John the Baptist within Second Temple Judaism: A Historical Study, ‎ Wm. B. Eerdmans-Lightning Source, Stiff Wraps edition, 1997, et https://www.thegospelcoalition.org/themelios/review/john-the-baptist-within-second-temple-judaism-a-historical-study/, James D. Tabor, La Véritable histoire de Jésus, Robert Laffont, 2006,  Robert L.Webb, John the Baptizer and Prophet: A Socio-Historical Study, Wipf and Stock, 2006, https://www.thegospelcoalition.org/themelios/review/john-the-baptizer-and-prophet-a-socio-historical-study-jsnts-62/, Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand. Juifs et Romains, Salomé et Jean-Baptiste, Titus et Bérénice, Pygmalion, 2011, et Les Quatre Saisons du Christ : un parcours politique dans la Judée romaine, Vendémiaire, 2018, José Antonio Pagola, Jésus – Approche historique, Cerf, 2012, Joël Marcus, John the Baptist in History and Theology, University of South Carolina Press, 2018, Josephine Wilkinson, John the Baptist: His Life and Afterlife, Amberley Publishing, 2022, et https://www.historyhit.com/facts-about-john-the-baptist/, https://fr.timesofisrael.com/une-famille-de-jerusalem-trouve-un-bain-rituel-vieux-de-2-000-ans-dans-son-salon/, https://www.businessinsider.com/jerusalem-family-finds-2000-year-old-bath-under-living-room-2015-7?r=US&IR=T, https://www.courrierinternational.com/article/2007/10/11/pelerinage-a-ein-kerem, https://www.lesclesdumoyenorient.com/Revolte-des-Maccabees-168-160-avant-J-C, https://www.via-egeria.com/periode-romaine, et https://www.worldhistory.org/John_the_Baptist/.
 
La «nuit de la Saint-Jean» fait l'objet de célébration en Scandinavie, car la Saint-Jean est la fête saisonnière la plus populaire de Scandinavie après Noël.
 
Jean le Baptiste, un prêcheur porteur des attentes messianiques, à l’origine de célébrations estivalesEn Suède (depuis 1953, cette célébration n'est plus à date fixe et tombe toujours un vendredi, entre le 19 et le 25 juin) et en Finlande (entre la nuit du vendredi au samedi précédant entre le 20 et le 26 juin, et ces vendredi et samedi en question sont fériés, et tout est fermé), généralement le troisième vendredi de juin. Les Scandinaves passent souvent ce long week-end à la campagne. Lors de la nuit de la Saint-Jean, les Suédois érigent un mât enrubanné et décoré de fleurs (majstång) autour duquel ils chantent et dansent. On décore les maisons et les voitures. La fête est particulièrement marquée dans les campagnes. Dans chaque village, on dresse un mât décoré de verdure et de fleurs. Au pied du mât, on danse sur des airs de musique locale, et des jeux sont organisés. Par exemple, les gens peuvent jouer au kubbe, un jeu de quilles en bois typiquement scandinave. On partage ensuite un repas autour de grands banquets avec tablées à rallonges. Au menu : des harengs marinés, accompagnés de pommes de terre à l'aneth et d'une sorte de fromage blanc à la ciboulette. En dessert, on se régale des premières fraises de la saison et de glaces. Le tout est, naturellement, bien arrosé de bière et d'eau-de-vie (aquavit). On danse ensuite toute la nuit : c'est le Midsommarstång (la danse du milieu de l'été). La nuit est très claire, et dans les régions les plus septentrionales du pays, le soleil ne se couche même jamais tout à fait. Midsommar met enfin en scène une jolie tradition fleurie : les jeunes filles portent des couronnes de fleurs. La coutume veut que celles qui sont célibataires déposent des fleurs sous leurs oreillers pendant la nuit, pour rêver de leur futur époux... En Finlande, à travers tout le pays, on hisse le drapeau national et on bâtit de grands brasiers. Presque tous les habitants des villes se précipitent à la campagne. À Helsinki, ceux qui restent se consolent en assistant au mariage du couple de la Juhannus, vraie cérémonie nuptiale célébrée selon les rites ancestraux au musée de plein air sur l'île de Seurasaari (accès payant; argent liquide uniquement). Feux de la Saint-Jean et spectacles en plein air s'ensuivent. Le centre-ville, lui, est déserté. En Laponie, à la lumière du soleil de minuit, l'église de Pielpajärvi, près d'Inari, accueille le culte same de la Saint-Jean, cérémonie aux relents païens. Partout, on danse, on chante, on flirte et on boit jusqu'à l'aube ou jusqu'à épuisement.
 
Jean le Baptiste, un prêcheur porteur des attentes messianiques, à l’origine de célébrations estivalesQuant aux Danois, chez qui la nature est associée aux rituels ancestraux dans l'espoir de bonnes récoltes à l'automne est mêlée à la journée anniversaire de Jean le Baptiste, dont c'était une fête nationale jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, ils chantent Midsommervisen, l'hymne de la mi-été, dont les accents patriotiques commencent par Vi elsker vort land («Nous aimons notre pays»). On fait généralement de grands repas en famille ou entre amis, avant de rejoindre les fêtes sur les places et les berges des lacs. Le long de la côte, les Danois recueillent de grands tas de branches sèches et de rameaux et organisent des feux. Ces feux de joie sont formés partout, au milieu desquels est jetée une sorcière de paille, en mémoire des bûchers dressés par l'Église protestante aux XVIe et XVIIe siècles, on se réchauffe d'eux. On mange des hot dogs et on boit du vin à volonté. Enfin, en Norvège, le solstice d'été, qui correspond à la fête de la Saint-Jean, comprenaient des pèlerinages vers des sites sacrés, est célébré à Oslo et à travers toute la Norvège avec un feu de joie sur des airs de musique folklorique. Les maisons et voitures sont décorées. On fait un barbecue, on va à la campagne, on rejoint les plages, on fait des feux de joie, bref la Norvège est à la fête. La célébration est particulièrement marquée dans les campagnes. Cette célébration datant de l'ère préchrétienne présente de nombreux rituels en rapport avec la nature, dans l'espoir de bonnes moissons à l'automne.
 
Pour aller plus loin ,je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : https://www.iceroom.fr/st-jean-scandinavie, https://www.routard.com/guide_agenda_detail/7429/saint_jean_(midsommar)_en_suede.htm, https://www.routard.com/guide_agenda_detail/10461/fete_de_la_saint_jean_(juhannus)_en_finlande.htm, https://www.routard.com/guide_agenda_detail/7366/solstice_d_ete_(midsummer_s_eve)_au_danemark.htm, https://www.routard.com/guide_agenda_detail/7383/solstice_d_ete_(midsommar_ou_jonsok)_en_norvege.htm, https://www.scandikidstours.com/comment-fete-t-on-le-solstice-dete-en-scandinavie/, et «NUIT DE LA SAINT-JEAN», Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 19 juin 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/nuit-de-la-saint-jean/.
 
Merci et bonne Saint-Jean !
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#Posté le vendredi 24 juin 2022 10:21

Modifié le vendredi 24 juin 2022 10:42

Pierre et Paul, deux visions opposées de l'Église

Le 29 juin, l'Église catholique fête, en même temps, les apôtres Pierre et Paul. Chez les orthodoxes et les chrétiens orientaux, la fête de saint Pierre et saint Paul marque la fin du jeûne des apôtres. Les chrétiens assistent alors à une veillée nocturne ou aux vêpres, ainsi qu'à la Divine Liturgie. Le mouvement ½cuménique moderne s'est aussi emparé de cette fête, à l'occasion de laquelle le pape et le patriarche de Constantinople officient pour l'intercommunion et le rapprochement de leurs Églises. La relation entre Pierre et Paul était probablement beaucoup plus tumultueuse. Et, dans les Actes  des apôtres, il y a eu une tentative de dissimuler les tensions et de proposer une forme de campagne de relations publiques afin de présenter une Église heureuse qui était consolidé depuis le début, sans divisions affectant son intégrité.
 
Pierre et Paul, deux visions opposées de l’ÉgliseDans l'histoire de l'Église, Pierre est considéré comme le premier pape. Pourtant, rien ne le disposait à prendre la place du premier apôtre. Originaire d'une petite bourgade sans prétention située au nord de la terre d'Israël, marié, il exerce humblement une activité de pêcheur à Capharnaüm avec son frère André et quelques amis qui lui sont associés, notamment Jacques et Jean, fils d'Alphée (Luc 5,7). Alors que la région est dominée par l'Empire romain et que le judaïsme est en crise, le discours messianique de Jésus le séduit si bien qu'il décide de le suivre après voir été comme son frère André, un disciple de Jean le Baptiste (Jean 1, 35-42). D'après les évangiles, c'est Jésus qui donne à Simon le nom de Pierre. Il reçoit aussi la charge du "troupeau", c'est-à-dire de l'Église lors de sa «confession messianique» à Césarée de Philippe rapportée en Matthieu 16,13-20 : "Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église". Et juste avant son arrestation, Jésus confie les Douze à Pierre (Luc 22,31-32) en leur laissant son testament : être des frères et s'affermir les uns les autres dans la persévérance au milieu des épreuves. Personnage complexe, tiraillé entre son engagement puisqu'il est le porte-parole des Douze, et avec Jacques et Jean, il assiste la résurrection de la fille de Jaïre (Marc 5,21-431, Matthieu 9,18-262, et Luc 8,40-56), et à la Transfiguration (Matthieu 17,1-9, Marc 9,2-9, et Luc 9,28-36), et ses doutes comme lorsque des divergences semblent avoir eu lieu entre Jésus et lui avec le «Derrière-moi Satan» (Marc 8,33, et Matthieu 16,23), et lors de son reniement qui est unanimement rapportée dans les évangiles synoptiques (Marc 14,26-72,  Matthieu 26,47-56, et Luc 22,47-53), de même que dans l'évangile selon Jean (Jean 18, 2-11) qui le pousse à fuir, laissant Jésus seul face à la mort, la résurrection du Christ durant laquelle il indique son pardon et le commissionne de paître ses brebis (Jean 21) confirme sa restauration et achève pourtant sa conversion : il devient alors le vizir de l'Eglise, le second de Jacques, le frère du Seigneur, qui fait l'intérim messianique, dans la chambre haute (Actes 1, 13); il est celui qui propose le remplacement de Judas (Actes 1,16-22), lors de la Pentecôte juive, son mouvement touche pour la 1re fois les Juifs présents pour la fête à Jérusalem (Actes 2,36), puis ce deux derniers augmentent leur communauté de 120 personnes en menant une vie liturgique intense autour du Temple, en y ajoutant des cérémonies propres comme une célébration vespérale particulière le lendemain du sabbat et des commémorations communautaires de la Passion du Christ. Menacés par les autorités du Temple, les Douze, Pierre à leur tête, et Jacques, le frère du Seigneur, acceptent de faire profil bas, mais les Hellénistes, dirigés par Étienne trop radicaux, s'étaient détachés du Temple et mettaient en avant les revendications traduisant les conceptions du judaïsme de la Diaspora, et Étienne, le chef des hellénistes, est lapidé en 36 durant un lynchage qu'ont laissé faire les autorités du Temple sous le regard d'un certain Saul, et si les hellénistes se replient sur Antioche, mais les ponts avec la communauté de Jérusalem ne sont pas rompus grâce à Pierre et Jacques qui par prudence font célébrer en Palestine la 'fraction des pains' par  maison, où l'enseignement des disciples est aussi dispensé, tout en gardant une organisation basée sur les Douze, les diacres, les Anciens, les femmes disciples, et les veuves, puis en Samarie Pierre reprend en main avec Jean les communautés fondées par les Hellénistes, tout en continuant une intense activité missionnaire en Palestine, dont la tradition rapportée dans les Actes des Apôtres a retenu quelques guérisons (la guérison d'Énée à Lydda de Actes  9,32-35 ou la résurrection de Tabitha à Joppé de Actes  9,36-43), et, avec Corneille (Actes 10,1-11, 18), qui montre que les Grecs peuvent aussi être appelés à la repentance et à la conversion, il ouvre le christianisme aux Craignant-Dieu, des non-Juifs attirés par le judaïsme.
 
Pierre et Paul, deux visions opposées de l’ÉgliseC'est le moment où intervient Paul, il s'appelle en réalité Saul, et ne changera de nom que bien plus tard. Paul, un Juif originaire de Tarse vraisemblablement né entre les années 6 et 10 de notre ère, Comme ses parents, il bénéficie de la citoyenneté romaine. Pharisien, fils de pharisien, il étudie attentivement la Torah. Il parle l'hébreu et le grec, sa langue maternelle, et il exerce un métier manuel celui de fabricant de tentes, ayant suivi une excellente formation  - aussi bien hellénistique que proprement juive- après être Arrivé dans les années 20 à Jérusalem, et il est devenu l'élève du rabbin Gamaliel, une des figures religieuses les plus respectées de l'époque, il commence sa carrière en luttant contre la communauté chrétienne, il assiste aussi à la lapidation d'Étienne en 36, chef des hellénistes. Au cours d'un voyage que l'auteur des Actes des Apôtres place en direction de Damas en 36-37, il se «convertit» dans le sens biblique du terme: non pas l'adoption d'une doctrine nouvelle, mais le retour à une plus juste manière de vivre; en d'autres termes, il comprend que le Jésus qu'il a persécuté à travers ses disciples est bien le Christ, le Messie qu'attend le peuple juif. Quittant Jérusalem en 37 ou 38 après avoir rencontré Pierre et Jacques le frère du Seigneur, il se rend à Antioche après une halte à Damas entre 37 et 39 où il devient le second de Barnabé, un des dirigeants de l'assemblée d'Antioche. L'équilibre de la première communauté de Jérusalem se rompt au cours de la répression de 42-43 menée par Hérode Agrippa 1er : Pierre part se cacher à Antioche, et Jacques, le frère du Seigneur stabilise la communauté de Jérusalem pour entreprendre une mission plus large, mais Jacques frère de Jean meurt décapité, et Jean doit lui aussi fuir. Cependant, Jacques fit surtout aller Pierre à Antioche pour stabiliser la communauté, et Paul suit Barnabé, en compagnie de Jean Marc (cousin de Barnabé) dans une tournée missionnaire commençant par Chypre en 44,car ils ont reçu l'imposition des mains qui les 'dégagent de tous liens' (Actes 13,3), mais ils doivent malgré tout rendre des comptes aux autorités de Jérusalem, passant d'Antioche à Lystres entre 45 et 49 (Actes 13-14) dont certains épisodes sont racontés par les Actes des Apôtres, et surtout qu'en tant que Juif de la Diaspora, Paul vit son christianisme avec une certaine ouverture aux non-Juifs : non pas en abandonnant les prescriptions de la Loi, mais en imposant à chacun des concessions mutuelles pour que la vie commune soit possible. La crise éclate lorsque des Juifs chrétiens venus de Jérusalem refusent de partager la table avec des non Juifs, plus particulièrement avec Tite, un jeune homme d'Antioche récemment devenu chrétien, que Paul a emmené avec lui à Antioche : une telle hypersensibilité se trouve attestée dans la littérature, mais ne correspond pas forcément à la tendance du judaïsme de la diaspora. Paul est outré de constater que les différences ethniques et religieuses comptent davantage que le salut commun. Pendant ce temps, Pierre s'est rendu en Galatie et en Achaïe, où est attesté un parti qui lui est favorable. Paul part à Jérusalem avec Barnabé et Tite, en 49 plaider sa position devant les autres apôtres, dont Pierre et Jacques, le frère du Seigneur où il semble avoir conclu une sorte de modus vivendi : il deviendrait «apôtre des Gentils», c'est-à-dire des non-Juifs.
 
Pierre et Paul, deux visions opposées de l’ÉgliseIl part donc pour une mission entre 50 et 52, accompagné non plus de Barnabé, mais d'un ancien de Jérusalem, Silas. Ils passent par la Cilicie, Derbé et Lystres, où Paul s'adjoint Timothée, fils d'un Grec et d'une Juive, jeune homme d'une vingtaine d'années. Ce 2e voyage missionnaire le conduit en Phrygie, où il fonde les communautés de Colosses, en Galatie du Nord, en Mysie, et parvient à Troas, où il fut l'hôte de Carpus et un médecin Luc se joint à eux, à Éphèse, dans la province d'Asie, à Philippes, en Macédoine, où Lydie une non-Juive originaire de Thyatire en Lydie, d'où son nom, une riche marchande, qui  avait probablement continué le commerce de teintures de son mari, après la mort de ce dernier, elle reçoit l'Évangile avec enthousiasme et décide d'offrir l'hospitalité aux missionnaires, qui devient l'un des piliers de l'Église de Philippes, une mère pour l'apôtre et pour ses compagnons et une excellente organisatrice pour la jeune communauté, à Thessalonique, il s'est rendu chez Jason, son parent, qui - hospitalité oblige - lui a ouvert sa maison, il demeura quelques temps, mais dû partir avec Silas suite à une émeute contre eux, à Bérée, où ils furent bien accueillis, mais de nouveaux troubles les obligèrent à partir, à Corinthe, il vint alors habiter chez Titius Justus, et se sert de la maison comme synagogue chrétienne, et Crispus et toute sa maison se rallièrent à la synagogue chrétienne, il se lie aussi avec un Juif, Aquila, et sa femme Priscilla, venus de Rome, d'où un édit de Claude en 49 vient de chasser les Juifs, ils sont aussi fabricants de tentes, et Paul travaille avec eux tout en prêchant à la synagogue, et rencontre une autre femme exceptionnelle dans le port de Cenchrées, Ph½bée, femme d'affaires pleine d'entregent et grande voyageuse, convertie au christianisme, elle va patronner l'activité de Paul, le représenter si nécessaire en justice et surtout témoigner de sa citoyenneté romaine, et autour d'elle, une nouvelle communauté chrétienne va se développer, mais les autorités juives locales le traînent à Corinthe devant le proconsul d'Achaïe, Gallion qui renvoie les plaideurs, refusant de juger entre eux d'un litige de caractère religieux, c'est là où lui parviennent de mauvaises nouvelles puisqu'il apprend qu'une agitation a été réprimée à Thessalonique, sans doute davantage pour des motifs sociaux que religieux, et il y a eu des morts dans la communauté, ce qui pousse Paul à envoyer un de ses auxiliaires, Timothée, qui revient avec de bonnes et de mauvaises nouvelles, tout en écrivant une épître aux Thessaloniciens en 51,  puis il se rend à Athènes, où il échoue à convaincre ses auditeurs. Cependant, Paul évite la Bithynie et l'Asie, la zone d'influence de Pierre dont la femme l'accompagnait dans ses voyages missionnaires, rajoutant les parties de la Cappadoce et du Pont récemment conquise par l'Empire romain, tandis que Jean centre sa prédication sur Éphèse, et l'apôtre Philippe devient le principal prédicateur de la ville de Hiérapolis au dépend de Paul. Systématiquement, Jacques, le frère du Seigneur envoie des hommes de la communauté de Jérusalem vérifier sur les communautés fondées par Paul respecte l'enseignement de Jésus, Pierre et les Douze en tête. Cela peut expliquer pourquoi après être resté près de dix-huit mois à Corinthe, il navigue jusqu'à Césarée de Palestine, pour monter à Jérusalem avant de rentrer à Antioche. À Antioche entre 50 et 52, le changement de l'équilibre des influences met la position paulinienne en minorité et annule le modus vivendi conclu avec Paul, Pierre et Barnabé ayant rejoint les envoyés de la communauté de Jérusalem, refusèrent de partager la table avec des chrétiens d'origine grecque pour des raisons d'observance des règles alimentaires, de cashrout (Galates 2,11-14), car les convertis païens les trompèrent en ne respectant pas les directives du concile de Jérusalem. Désormais, plus particulièrement d'éviter la participation aux repas des sacrifices païens, et observer l'usage de viande cosch'r aux repas pris en commun, des «contreprédicateurs» reprennent la position qui avait cours dans la communauté de Jérusalem suite au concile et suivent les traces de Paul pour amener les communautés à la position de Jérusalem. Paul rompt avec Barnabé lui-même, qui était jusqu'à présent son frère aîné et son compagnon, passant chez Pierre (Galates 2,13), de sorte qu'ils suivent des chemins différents (Actes 15, 36-41), ce dernier préférant aller à Chypre avec Jean-Marc (Actes 15,39). De plus, Paul laisse Antioche à Pierre dont l'Église locale le revendique comme son 1er«évêque».
 
Pierre et Paul, deux visions opposées de l’ÉgliseAprès son voyage en Grèce, et son départ d'Antioche, Paul a laissé à Corinthe Silas et Timothée, puis s'adjoint pour son troisième voyage Tite, un jeune païen converti, il commence par parcourir les territoires des Galates et la Phrygie pour y affermir les Églises déjà fondées et se fixe à Éphèse entre 53 et 57 dont il fait la base arrière de ses missions soutenu par Tyrannos, un président de guilde qui l'a accueilli dans son local (Actes 19,9), où il fit face à des groupes chrétiens baptistes avec Apollos, ayant reçu le baptême de Jean, formé à l'école philonienne d'Alexandrie s'oppose à lui à Corinthe, mais collabore avec lui à Éphèse sans pour autant le soutenir, pétriniens et johanniques; il se comporte en chef de communauté, et réagit par ses lettres aux crises qu'elles traversent, et en particulier la crise «judaïsante», ainsi nommée à partir d'un terme de Paul dans l'Épître aux Galates. L'«Apôtre des Gentils» réagit par une série de lettres, qui posent au sein du judaïsme des distinctions qui, par la suite, furent prétexte à en sortir et peuvent laisser croire que Paul serait le théoricien d'un christianisme détaché du judaïsme, mais en réalité Paul organise ses communautés comme celle de Jérusalem, y ajoutant l'épiscope, le «surveillant», l'«inspecteur», qui semble être une déclinaison des Anciens, tandis que la 'fraction du pain' et l'enseignement se font dans des maisons. Cela le pousse à répondre à ceux qui veulent reprendre sa communauté dans l'épître aux Galates entre 54 et 55, tandis que dans l'Épître à Philémon entre 54 et 55, Paul plaide le cas d'Onésime, un esclave de Philémon venu le retrouver dans sa prison, finalement affranchi qui deviendra évêque d'Éphèse, et doit remettre à l'ordre la communauté turbulente de Corinthe, marquée par l'intellectualisme de la culture grecque et par un recrutement hétérogène de riches et de pauvres, connaissant série de crises comme le montre la 1re épître aux Corinthiens en 55. L'Épître aux Philippiens vers 56 suppose des contacts rapprochés avec Philippes, qui se situe loin de Rome, mais relativement près d'Ephèse, et montre un conflit interne au sein de la communauté entre Évodie et Syntychè (4,2-3), deux femmes qui ont travaillé avec Paul; une opposition externe qui reflète peut-être un harcèlement des membres de la communauté (1,28-29); une opposition de certains Juifs chrétiens que Paul nomme «chiens» (3, 2-3). Systématiquement, Paul se verra contrer par des envoyés de Pierre comme Barnabé, ou Pierre lui-même, notamment à Éphèse ou encore à Corinthe, où ce dernier a fondé des communautés concurrentes, bien soutenu par Jean à Éphèse qui consolide ses positions. Mais son séjour à Éphèse va s'écourter, car une émeute des orfèvres a lieu devant le succès de la prédication de Paul, craignant que ce dernier mette à mal le prospère culte d'Artémis, Paul et ses suiveurs connaissent alors la prison, ce qui le pousse à partir en Macédoine, à parcourir en bateau les îles de l'Égée, puis il rejoint Corinthe, où il passe l'hiver 57-58, et Apollos mène un groupe opposé à celui de Paul. C'est à ce moment-là qu'il écrit son épître aux Romains, où il reconnaît d'autres apôtres, le couple Junia et Andronicos, un parent de Paul (16,7). Paul leur recommande Ph½bée aux Romains comme «notre s½ur, diaconesse de l'Église de Cenchrées». Il souhaitera qu'on «lui offre dans le Seigneur un accueil  digne des saints» et que, dans le cas où elle en aurait besoin, on l'aide «car elle a été une protectrice pour bien des gens et pour moi-même» (Romains 16, 1-2). C'est elle qui apportera à Rome l'épître de Paul aux Romains. Paul envoya ensuite deux billets de circonstance à la communauté de Corinthe pour organiser une quête en faveur de la communauté de Jérusalem, plus pauvre que celles de Grèce. Ils marquent la complexité de l'attitude de Paul envers Jérusalem, avec qui il entend maintenir une forme de communion malgré les oppositions à sa mission respectant l'autorité de Pierre et de Jacques, le frère du Seigneur. Paul, habitué à la stratégie d'aller de l'avant plus qu'à une consolidation patiente des positions acquises, décide d'ouvrir de nouveaux champs à sa prédication et d'aller à Rome puis en Espagne. Durant cette période, Barnabé est sans doute devenu le fondateur de communautés en Galatie du sud, sans doute envoyé par Pierre et Jacques, le frère du Seigneur, et Silas se range du côté de Pierre, ce qui permet à ce dernier de contrôler Corinthe.  
 
Pierre et Paul, deux visions opposées de l’ÉglisePour Paul rien ne se passe comme il l'avait prévu. Avant d'aller à Rome, il s'arrête à Jérusalem en 58 pour y déposer le fruit de la collecte qu'il a menée dans ses communautés en faveur des communautés de Judée. Dénoncé comme agitateur par une faction extrêmement hostile, il est arrêté par les Romains vers les années 58-59, il ne doit son salut qu'à l'intervention du tribun militaire Lysias, qui, ayant su que Paul était citoyen romain, l'envoie à Césarée, au procurateur Marcus Antonius Felix, et Festus, son successeur, accepte d'envoyer à Rome son prisonnier, qui en appelle à César, et il est conduit à Rome, selon les Actes des Apôtres. Sans doute mourut-il immédiatement vers 62, car le récit dans Actes 27-28 est initialement fiable, car Paul a été emmené prisonnier à Rome pour y être jugé, et il est fort possible qu'il ait été jugé et condamné.... Il est possible que non seulement les autorités romaines et les accusations de certains "juifs de Jérusalem"... mais aussi la jalousie et les divisions d'autres groupes chrétiens à Rome (comme 1 Clément semble le supposer) aient été impliquées dans sa condamnation.  Il est difficilement concevable qu'il est parvenu à se faire libérer, pour partir pour l'Espagne, à revenir à Rome pour y mourir en martyr, comme le veut la tradition (vers 64-68) rapportée par Eusèbe de Césarée (Histoire ecclésiastique II, 25) qui n'est pas très faible. La même année, Jacques, le frère du Seigneur fut condamné, jeté du haut du Temple, lapidé puis assommé à mort sur ordre du grand prêtre Hanan ben Hanan (le beau-frère de Joseph Caïphe) «pendant la période d'anarchie qui a régné à Jérusalem après la mort du procurateur romain Festus (60 – 62) et avant l'arrivée de son successeur Albinus (62 – 64)». Quant à Pierre, il achève son parcours à Rome sans doute pour stabiliser une communauté à la demande de Siméon, fils de Clopas, le nouvel évêque de Jérusalem, mais la date de son arrivée à Rome et la durée de son séjour sont inconnues de manière précise, c'est là où Pierre est censé avoir subi le martyre à Rome, au cours de la persécution organisée par Néron en 64 après l'incendie de la ville – accomplissant ainsi la prophétie de Jésus qui, en Jean 21,18-19, lui a prédit «le genre de mort par lequel il devait glorifier Dieu». La fin de Pierre restera pour l'historien dans une certaine obscurité, même si les découvertes archéologiques, réalisées au cours des fouilles qui ont eu lieu ces dernières décennies depuis 1940, laissent entendre que Pierre a bel et bien subi le martyre à Rome sous l'empereur Néron. Les deux lettres attribuées à Pierre dans le canon néotestamentaire, continue l'½uvre de réconciliation entre Pierre et Paul entreprise par Luc qui est maintenant reprise par quelqu'un se situant dans l'héritage de Pierre, qui essaye d'effacer le conflit entre la communauté de Jérusalem et paulienne assez grossièrement.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui l'ont beaucoup aidé : Marie-Françoise Baslez, Bible et histoire : Judaïsme, hellénisme, christianisme, Gallimard, 1998, et Jésus : Dictionnaire historique des évangiles, Omnibus, 2017, Alain Decaux, L'avorton de Dieu. Une vie de saint Paul, Perrin/Desclée de Brouwer, 2003, et https://www.letemps.ch/societe/alain-decaux-raconte-saint-paul-routard-mystique-offert-monde-christianisme, Pierre Maraval, et Simon Claude Mimouni, Le Christianisme, des origines à Constantin, Presses universitaires de France, 2006, Martin Hengel, Saint Peter: The Underestimated Apostle, ‎ Wm. B. Eerdmans Publishing Co, 2010, et https://www.thegospelcoalition.org/themelios/review/saint-peter-the-underestimated-apostle/, Larry R Helyer, The life and witness of Peter, IVP Academic, 2012, et https://denverseminary.edu/the-denver-journal-article/the-life-and-witness-of-peter/, Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien et les origines du christianisme. Études épistémologiques et méthodologiques, Bayard, 2017, Enrico Norelli, La naissance du christianisme : comment tout a commencé, Gallimard, 2019, Marc Rastoin, Simon-Pierre dans le Nouveau Testament, Salvator, 2019, et https://livre-religion.blogs.la-croix.com/bible-sur-les-traces-de-simon-pierre/2019/07/11/, Christophe Dickès, Saint Pierre - Le mystère et l'évidence, Perrin, 2021, Bernard Quilliet, Jean l'évangéliste, Tallandier, 2022, https://www.cursillos.ca/action/st-paul/paul21-iconium.htm, https://www.cursillos.ca/action/st-paul/paul24-apresconcile.htm, https://www.cursillos.ca/action/st-paul/paul28-chretiennes.htm, https://www.cursillos.ca/action/st-paul/paul30-thessalonique.htm, https://www.cursillos.ca/action/st-paul/paul31-beree.htm, https://www.cursillos.ca/action/st-paul/paul33-echec-athenes.htm, https://www.cursillos.ca/action/st-paul/paul35-paulacorinthe.htm, https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/saint_Paul/137270, https://www.lavie.fr/idees/debats/pourquoi-saint-pierre-et-saint-paul-sont-ils-fetes-ensemble-1927.php, https://www.levangile.com/Dictionnaire-Biblique/Definition-Westphal-4010-Paul-ses-voyages-.htm, et https://www-mercaba-org.translate.goog/ARTICULOS/L/los_diez_momentos_del_pablo_cris.htm?_x_tr_sl=es&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc.
 
Merci et bonne Saint-Pierre et Saint Paul !
Tags : Histoire du christianisme, fêtes
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#Posté le mercredi 29 juin 2022 07:59

Modifié le mercredi 29 juin 2022 08:37

Hugues Capet, ou comment prendre le pouvoir et consolider sa lignée, et Thomas, un apôtre décidé et voyageur

En mai 987, le Carolingien Louis V meurt des suites d'un accident de chasse. Six semaines plus tard, l'accession au trône du duc des Francs, Hugues Capet le 1er juillet et son sacre et le 3 juillet, marque l'avènement d'une dynastie qui régnera pendant huit siècles sur la France.
 
Hugues Capet, ou comment prendre le pouvoir et consolider sa lignée, et Thomas, un apôtre décidé et voyageurLe succès du "coup d'Etat " qui fait de Hugues Capet un roi n'est pas purement fortuit. Il tient aux bouleversements politiques et sociaux d'un Xe siècle volontiers décrit comme la période la plus sombre du Moyen-Âge. Il tient aussi à l'exceptionnelle réussite d'un lignage, celui des Robertiens, qui, en moins de deux générations, est parvenu à imposer sa primauté dans l'ordre politique franc. Toute commença avec Robert le fort qui se rebella contre son roi en 858 revient en grâce en 862, devient duc et s'illustre au combat contre les Bretons en 845 et les Normands en 854. Il détint sous Charles le Chauve de grands pouvoirs, entre Seine et Loire, sur la Neustrie en voie de s'appeler France, et plus tard l'Île-de-France. À la mort de Charles le Chauve, c'est l'anarchie. Louis le Bègue puis Charles le Gros lui succèdent. Ce dernier est déchu par les grands du royaume qui lui reprochent de céder face aux envahisseurs. Ils lui préfèrent Eudes, le fils de Robert le Fort qui s'est illustré dans le combat contre les Vikings. La dynastie des Robertiens accède officiellement au pouvoir quand Eudes est élu roi des Francs en 888 et le restera jusqu'en 898, ce dernier pour avoir glorieusement défendu Paris en 885-886, avait reçu de l'empereur Charles le Gros de larges pouvoirs en Francia occidentalis, et son frère, Robert Ier, qui lui succède sur le trône bien plus tard entre 922 et 923, est le grand-père d'Hugues Capet, ce dernier avait reconnu le Carolingien Charles le Simple (898), qui lui concède l'autorité princière entre Loire et Seine, jusqu'à la Bourgogne vers l'est, jusqu'à l'Océan vers l'ouest, et c'est lui qui oblige Rollon à lever le siège de Chartres et à traiter à Saint-Clair-sur-Epte (911), mais après son élection il est tué à Soissons en combattant Charles le Simple (15 juin 923). Tout les deux règnent, en alternance avec les Carolingiens Charles le Gros (884-887) et Charles le Simple (898-923). Son oncle Raoul prend le trône de 923 à 936, ce dernier combat les Normands, fait une paix peu honorable avec eux en 924, ce qui n'arrêta pas leurs incursions, puis les bat définitivement en 930. Plus malin, Hugues le Grand duc des francs de 923 à 956 préféra à la couronne royale le pouvoir réel que lui donnaient ses possessions territoriales, sous le règne de son beau-frère Raoul, duc de Bourgogne, puis du Carolingien Louis IV d'Outremer dont il imposa l'élection afin d'assurer son influence sur lui, jouant des divisions de l'aristocratie en rivalité constante avec le Carolingien, et il domina en fait la quasi-totalité du royaume à partir de l'avènement du jeune roi Lothaire, fils de Louis IV en 954.  Le Xe siècle, où le pouvoir des Carolingiens faiblit permet aux Robertiens de s'emparer du pouvoir. Le flot des invasions et la montée de la féodalité les trouvent sans défense. Enfin, ils règnent sur des provinces fort diverses, dont le seul lien est la religion chrétienne, et n'en peuvent maîtriser l'ensemble. La France se couvre de seigneureries indépendantes les unes des autres. Ducs et comtes prennent localement le pouvoir politique et le contrôle économique des terres de l'ancien Empire. Peu à peu s'établit un système pyramidal de dépendance liant le vassal au suzerain. Au sommet de la pyramide, le Roi; puis les comtes réunis en duchés. Mais comtes et ducs semblent être parfois les pairs du Roi, et l'on conçoit le rôle assez modeste d'un souverain dont le domaine propre est fort réduit en comparaison de celui de certains de ses «vassaux». Cependant, la France féodale demeure une mosaïque de régions de langues et de coutumes diverses. Ces siècles de la féodalité, longtemps décrits comme des siècles de fer, correspondent en réalité au moment du «décollage» européen. Dynamisme économique, expansion chrétienne et mutations sociales vont alors de pair, portés par l'affirmation d'un ordre seigneurial effaçant peu à peu les derniers vestiges de l'empire carolingien.
 
Hugues Capet, ou comment prendre le pouvoir et consolider sa lignée, et Thomas, un apôtre décidé et voyageurMais ce lignage doit sans doute beaucoup à la personnalité d'un homme longtemps méconnu et maltraité par l'historiographie, le Fils de Hedwige de Saxe (s½ur d'Otton Ier) et de Hugues le Grand, descendant également de Charlemagne par sa grand-mère paternelle, Hugues Capet n'eut certes ni la vigueur d'un conquérant ni les moyens matériels de s'imposer comme un grand chef d'État, mais dans ce royaume franc, déchiré depuis près d'un siècle par les luttes entre grands, théâtre de l'effondrement des structures carolingiennes, en fin politique, il s'est toujours refusé à prendre la couronne par la force lorsqu'il en a eu l'occasion recevant la charge de duc des Francs en 960 en échange de la concession de la couronne à Louis IV d'Outremer tout en épousant Adélaïde d'Aquitaine vers 968, avec qui il aura trois enfants, dont le futur roi des Frances Robert le Pieux, puis, il se contenta de mériter sa royauté en laissant passer le mauvais vent des manipulations et intrigues pour parvenir au pouvoir, il écarte les derniers Carolingiens avec l'appui de l'Église, tout en profitant qu'Ottoniens, Carolingiens et Robertiens se déchirent alors pour le trône, afin de s'imposer comme le premier aristocrate du royaume en repoussant les troupes de l'Empereur germanique Otton II aux portes de Paris, en novembre 978, et il a patiemment attendu l'écroulement complet de la dynastie Carolingienne après l'échec du mariage de Louis, le fils de Lothaire en 979, qui devenu roi de France sous le nom de Louis V en 985 trouve la mort dans un accident en 987, pour légitimement être élu Roi des Francs le 1er juillet 987 à Senlis, à la mort de Louis V, par les grands seigneurs de la haute noblesse du royaume, préféré ainsi à Charles de Basse-Lotharingie le dernier prétendant Carolingien grâce à l'intervention vigoureuse de l'archevêque de Reims, Adalbéron, qui recherche un accord entre la Germanie et la France, et du fait qu'il est le prince le mieux pourvu du royaume puisqu'il est duc de France, duc de Bourgogne, il est suzerain du duc de Normandie (il a par là des droits sur la Bretagne) et suzerain (théorique) du duc d'Aquitaine, tandis que le roi de Bourgogne est son frère, puis devenu souverain légitime, Hugues Capet, avec le sacre par l'archevêque de Reims, Adalbéron, le 3 juillet 987, quelques mois après son élection, fait élire et sacrer son fils aîné Robert, devenant ainsi son seul successeur possible, et évite ainsi par ruse une annexion de la part de l'Empire germanique tout en instaurant ainsi la règle de la primogéniture et pose les fondations de la dynastie Capétienne.
 
Hugues Capet, ou comment prendre le pouvoir et consolider sa lignée, et Thomas, un apôtre décidé et voyageurCentré dans un large territoire entre Paris et Orléans, il va assumer avec dignité et mesure la charge royale profitant du pouvoir qu'elle lui donne au-delà de son territoire avec de nombreux sièges épiscopaux comme Reims et Laon, et la protection en tant qu'abbé laïc des plus prestigieuses abbayes du royaume comme Saint-Martin de Tours et Saint-Denis, en tenant à distance ceux qui la menaçaient, car dès 988, le Carolingien déchu Charles de Lorraine réapparaît à Laon, dont il s'empare, ce qui oblige Hugues capet à assiéger deux fois la ville, sans succès, et il faudra deux ans de conflit et le ralliement de l'évêque de Laon, qui livre Charles à Hugues en 991, pour mettre à bas le dernier des Carolingiens, emprisonné à Orléans, où il y meurt quelques années plus tard, tout en essayant de composer avec ses vassaux dans le Midi qui tendent à s'émanciper et à former des comtés autonomes en Anjou et à Blois, et en maintenant son influence dans son domaine en s'appuyant sur de fidèles vassaux parmi les comtes de la régions parisienne et le comte de Vendôme,  prenant le contrôle de Dreux et Senlis, et il est obligé d'intervenir dans le conflit qui oppose les comtes d'Anjou et de Blois, Foulques Nerra et Eudes, en faveur des Angevins, reprochant à Eudes de Blois, à qui il a cédé Dreux, de s'être emparé de Melun sans son autorisation, contre un autre fidèle, Bouchard de Vendôme, même si le reste de son règne se limite à un long et violent conflit avec la papauté qu'il juge trop liée à l'empereur germanique à propos du siège épiscopal de Reims, resté vacant après la mort d'Adalbéron en 989, après avoir réunit un concile national au monastère Saint-Basle de Verzy, qui dégrade Arnoul et lui substitue Gerbert (juin 991), à la grande colère du pape Jean XV, et il peut ainsi la transmettre à sa descendance après sa mort de maladie en 996 à l'âge de 55 ans, laissant le royaume avec un semblant de stabilité, et les Francs connaissent au cours des dernières années du millénaire une embellie économique, grâce à une agriculture plus performante et l'introduction du denier d'argent, qui ouvre la voie à la féodalisation de la monnaie.
 
À travers ce titre royal très dévalué, acquis à la sauvette, et détenteur d'une très étroite bande de terre entre Paris et Orléans, jalonnée de châteaux à demi hostiles, Hugues Capet part de très loin. Pourtant, il rehaussa l'éthique de la couronne royale, la sauva du naufrage et prépara l'avenir. Dans un pays soumis aux agressions extérieures et aux rivalités des Ducs et Comtes, il a su maintenir et poursuivre sa lignée.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Víctor Mora, Eduardo Teixeira Coelho, Victor de la Fuente, et Jean Ollivier, Histoire de France en BD, tome 4 : Hugues Capet - Guillaume Le Conquérant, Larousse, 1977 (BD), Laurent Theis, L'avènement d'Hugues Capet, Gallimard, 1984, Yves Sassier, Hugues Capet, Fayard, 1987, Georges Bordonove, Les rois qui ont fait la France - Les Capétiens, tome 1 : Hugues Capet, Pygmalion-Gérard Watelet, 1997, Régine Le Jan, Histoire de la France : origines et premier essor (480-1180), Éditions Hachette, 2000, Geneviève Bührer-Thierry, et Thomas Deswarte, Pouvoirs, Église et société. France, Bourgogne et Germanie (888-XIIe siècle), CNED, 2008, Florian Mazel, Féodalités, 888-1180, Belin, 2010, Jérôme Mondoloni, et Jean-Michel Billioud, Hugues Capet, Terramare, 2011, Dominique Barthélemy, Nouvelle histoire des Capétiens. 927-1214, Le Seuil, 2012, et https://clio-cr.clionautes.org/nouvelle-histoire-des-capetiens-927-1214.html, https://www.geo.fr/histoire/qui-etait-hugues-capet-202361, https://www.geo.fr/histoire/comment-est-nee-la-dynastie-des-capetiens-204061, https://www.larousse.fr/encyclopedie/groupe-personnage/Cap%C3%A9tiens/111617, https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Hugues_I_er_Capet/124401, https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Raoul_de_Bourgogne/140342, https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Robert_I_er/141152, Jean FAVIER, «HUGUES Ier LE GRAND (897?-956) duc de France (923-956)», Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 3 juillet 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/hugues-ier-le-grand/, et Michel SOT, «HUGUES Ier CAPET (940 env.-996) duc de France (956-987) - roi de France (987-996)», Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 3 juillet 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/hugues-ier-capet/.
 
Aujourd'hui, nous fêtons aussi la Saint-Thomas dont la fête a été transférée du 21 décembre au 3 juillet qui coïncide à la translation des reliques de l'apôtre à Édesse, par un marchand au IIIe siècle.
 
Hugues Capet, ou comment prendre le pouvoir et consolider sa lignée, et Thomas, un apôtre décidé et voyageurIl est présent dans les évangiles synoptiques et dans les Actes des apôtres (Matthieu 10,9 où il est 7e dans le rang des apôtres, le 8e dans Marc 3,8 et Luc 6,15 et le 6e dans Actes 1,13), et il est surnommé Didyme (Jumeau) dans l'évangile de Jean (11, 16, et 20,24), où il joue un rôle important (dans Jean 11,15-16, où Jésus veut retourner à Béthanie où est mort son ami Lazare, les disciples ont peur parce qu'en Judée le climat est tout autre que favorable, et c'est Thomas qui n'a pas de doutes et affirme : «Allons mourir avec lui», dans 14,5 durant la Dernière Cène, quand le Jésus dit de préparer une place pour chacun dans la Maison du Père, Thomas est désorienté et lui demande où il va et comment peut-on connaître la voie, et alors Jésus répond : «Je suis la Voie, la Vérité, la Vie», dans 20,24-29 toute la communauté des apôtres est ébranlée par la mort de Jésus et par la violence de sa disparition, mais Jésus est ressuscité et apparaît aussitôt à ses disciples pour les tranquilliser, cependant Thomas n'est pas là et ne croit pas au récit de ses compagnons, et exige de toucher avec sa main les marques des clous et celle de son côté, puis Jésus le contente, en revenant huit jours plus tard. Thomas alors croira aussitôt en déclarant tout de suite : «Mon Seigneur et mon Dieu», comme personne d'autre ne l'avait encore fait, et Jésus, enfin, fait une promesse qui est pour toute l'humanité, jusqu'à la fin des temps : «Heureux ceux qui, quoique n'ayant pas vu, croiront», et dans 21,9, il est présent lors d'une apparition aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade).
 
Hugues Capet, ou comment prendre le pouvoir et consolider sa lignée, et Thomas, un apôtre décidé et voyageurComme les autres apôtres, il est réfugié à Jérusalem, dans la chambre haute (Actes 1, 13), lors du remplacement non de Judas, mais de Pierre nommé à leur tête (Actes 1,16-22), et il a vécu la réussite de la 1re prédication au jour de la Pentecôte (Actes 2,14-36), sans doute est-il présent lors de l'assemblée des apôtres entre 49 et 50 à Jérusalem, et fait-il partie des envoyés  maximalisant la portée de l'observance de la Torah, avec Jacques et Pierre comme figures principales (Galates 2,1-10, et Actes 15,1-35) en Asie-Mineure à Antioche et à Éphèse entre 52 et 56. La tradition antiochienne de son apostolat en Perse et en Inde provenant d'apocryphes écrits au IIIe siècle semble douteuse. Sans doute était-il à Jérusalem par la suite en 58, au moment où Paul se fait arrêter (Actes 21, 27-28, 31), et sans doute y trouva-t-il la mort lors du siège de la ville en 70.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé :  Simon-Claude Mimouni, et Pierre Maraval, Le Christianisme, des origines à Constantin, Presses universitaires de France, 2006, Enzo Lodi, Les saints du calendrier romain : prier avec les saints dans la liturgie,  Mediaspaul 1995, https://fr.aleteia.org/2022/04/23/lexemple-de-saint-thomas-le-sceptique/, et https://www.vaticannews.va/fr/saint-du-jour/07/03/saint-thomas--apotre.html.
 
Merci et bonne Saint-Thomas !
Tags : Histoire de France, Histoire du christianisme
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#Posté le dimanche 03 juillet 2022 08:37

Modifié le dimanche 03 juillet 2022 08:52

Élisabeth d'Aragon, une reine exemplaire et stratège, et le 4 juillet 1776, ou comment débuta l'indépendance des 13 colonies américaines

Nous fêtons aujourd'hui Élisabeth, la reine du Portugal, très pieuse, qui dut supporter les incartades de son mari, Denis1er. Devenue veuve, elle entra en religion et mourut en 1336.
 
Élisabeth d’Aragon, une reine exemplaire et stratège, et le 4 juillet 1776, ou comment débuta l’indépendance des 13 colonies américainesNé en 1271, Élisabeth est la fille de Pierre III d'Aragon, roi excommunié par le pape, petite-fille du Gibelin Manfred de Sicile, tuée au combat contre les forces papales, arrière-petite-fille de l'empereur Frédéric II surnommée par la papauté "la bête noire", et petite-nièce d'Elisabeth de Hongrie, dont elle porte le nom. Dès son plus jeune âge, elle montra le goût de la religion. À l'âge de 12 ans, elle épousa Denis 1er, roi du Portugal (1283), et régna avec lui pendant 43 ans. Elle aura une fille Constance (1290), et un fils Alphonse (1291). Ensuite, il a dû faire preuve d'une résignation vraiment évangélique, car le roi Denis 1er ne respectait pas la fidélité conjugale autant qu'il le devrait. Les enfants bâtards, cependant, étaient toujours accueillis par la reine vertueuse dans le palais, où ils occupaient de hautes fonctions. Elle fit le bien, visita les lépreux, toucha les lépreux et leur lava les pieds, dépensa sa fortune personnelle pour aider les plus nécessiteux, promouvant une série d'½uvres pieuses, fondant ou contribuant à fonder des hôpitaux (Coimbra, Santarém, Leiria), des silos et des auberges (Leiria, Odivelas), des monastères notamment celui de Santa Clara à Coimbra, des chapelles (Convento da Trindade à Lisbonne, cloître d'Alcobaça, chapelles de Leiria et Óbidos). Sa légende comprend des miracles, des guérisons et des actes. La Sainte Reine a été impliquée dans de vives querelles avec le clergé riche et installé, en premier lieu celui de Santa Cruz de Coimbra, mais elle a également fondé à Alenquer les festivités de l'Esprit Saint (toujours vivantes aujourd'hui aux Açores), d'inspiration joachimite (de l'abbé Joachim de Flore (XIIe siècle), qui, dans l'Évangile éternel, prétendait que l'Évangile de Jésus-Christ doit être aboli comme l'Ancien Testament, et qu'il surviendra un troisième état du monde qui sera l'état de perfection, dit règne du Saint-Esprit, et où la propriété sera abolie) et hétérodoxe, dans lesquelles le peuple, la noblesse et la cour étaient assis à la même table, et les prisonniers libérés, et elle eut des relations étroites avec Arnaldo de Villanova, médecin hermétique, alchimiste, théologien et surtout hérétique, proche des franciscains et joachimite.
 
Élisabeth d’Aragon, une reine exemplaire et stratège, et le 4 juillet 1776, ou comment débuta l’indépendance des 13 colonies américainesMais «la meilleure rose d'Aragon», «était bonne pour être roi», comme le disait souvent son mari. Avec ses ambassadeurs et ses espions, avec l'aide de sa fidèle servante Vataça, elle joua avec ruse sur l'échiquier du pouvoir. Planifiant et intriguant. De plus, en plus d'être garante et participante active à la préservation d'une position favorable de notre pays par rapport à l'Aragon, ainsi qu'à la Castille, elle était un agent politique, non seulement dans la manière dont elle servait les intérêts des Aragonais installés au Portugal et, à l'inverse, ceux des Portugais installés en Aragon. Mais l'histoire a tenu à se répéter, tel Caïn et Abel. Denis 1er contre fils Alphonse ce dernier ne voyait pas d'un bon ½il la prédilection de son père pour les enfants illégitimes, en particulier pour Alphonse Sanches, et son fils unique contre ses demi-frères bâtards entre 1320 et 1324, elle réussit à évier le conflit. Denis 1er mourut en 1325, enterrée dans le couvent d'Odivelas, qu'il avait fondé, la reine accompagna le cortège funèbre et resta quelque temps dans le monastère, puis se retira au monastère de Santa Clara, à Coimbra, s'y imposant  des routines et des pratiques aussi dures que le jeûne ou la prière d'affilée pendant trois jours. Sa charité s'est étendue au-delà des mers, donnant de grandes aumônes pour le rachat des captifs en Afrique. La dévotion qu'elle vouait à saint Jacques la décida à se rendre deux fois à Compostelle, portant l'habit de pauvre pèlerin et portant des sacoches, accompagnée seulement de deux dames. Elle mourut à l'âge de 66 ans en 1336, après un douloureux voyage de plusieurs dizaines de lieues de Coimbra à Estremoz, monté sur une mule, pour éviter un nouveau conflit entre le Portugal et la Castille après avoir appris que son fils Alphonse IV, était en désaccord avec le roi de Castille son petit-fils Alphonse XI, le fils de sa fille Constance et de feu le roi Ferdinand IV. Le peuple adorait la vertueuse dame et l'appelait la sainte reine, lui rendant le culte le plus fervent, et des légendes ont été formées sur elle. À la demande du roi Emmanuel 1er, Élisabeth fut béatifiée par le pape Léon X, uniquement pour Coimbra et son évêché, par le bref du 15 avril 1516. Paul IV, en 1556, accorda que son image soit peinte, et qu'était l'anniversaire de sa mort, le 4 juillet, dans tout le royaume de Portugal. En 1612, sous le règne de Philippe II, le tombeau fut ouvert en présence de l'évêque de Coimbra, D. Afonso de Castelo Branco, celui de Leiria, Martim Afonso Moreira, et le père maître Francisco Soares, un cousin universitaire, et d'autres personnes importantes. Ce fait détermina sa canonisation, et le procès respectif fut institué à Rome, qui se termina sous le règne suivant, le 25 mai 1625, lorsqu'Urbain VIII fut pape. Dans tout le royaume, des fêtes pompeuses et joyeuses eurent lieu.
 
Élisabeth d’Aragon, une reine exemplaire et stratège, et le 4 juillet 1776, ou comment débuta l’indépendance des 13 colonies américainesAprès la canonisation de la reine Élisabeth, il y eut plusieurs manifestations religieuses en son honneur, sous le patronage royal. En 1560, la Confrérie de la Reine Sainte Élisabeth apparaît, couvrant toutes les couches sociales et visant à adorer Élisabeth, à promouvoir sa dévotion liturgique et à organiser des célébrations processionnelles religieuses dans la ville de Coimbra. Coimbra "se remplit" de fêtes, les "plus grandes manifestations populaires" que la ville voit tous les deux ans. À la fin du XIXe siècle, l'image de la sainte reine utilisée dans la procession ne présentait pas la dignité voulue, ce qui conduisit la reine Amélie à offrir «une image nouvelle et imposante de la sainte patronne, sculptée par Teixeira Lopes, qui sur le 9 juillet 1889, est créée pour les Fêtes». Depuis le XVIe siècle, les rues sont décorées par les habitants, accompagnées de l'aube des salves et du carillon des cloches. Dans la Procession de la Pénitence (jeudi soir), l'image est portée (sur les épaules, dans une cadence rythmique), de l'église du Couvent de Santa Clara-a-Nova à l'église du Monastère de Santa Cruz, offrant aux dévots l'accomplissement de ses promesses. Ce cortège comprend toutes les confréries de l'Église, des représentants d'associations et d'institutions de la société civile et militaire. Lorsque l'image arrive au pont de Santa Clara, un "bouquet" de feux d'artifice est brûlé et des roses sont jetées sur l'image de la Sainte Reine.  Lors de la procession solennelle et de louange (dimanche après-midi), l'image revient à l'église du monastère de Santa Clara-a-Nova. Les festivités en l'honneur de la Reine Sainte Élisabeth continuent d'avoir lieu au mois de juillet, les années paires. Dans un mélange de manifestations religieuses et profanes, ce dernier aspect lié au Jour de la Ville de Coimbra (4 juillet) et aux Fêtes de la Ville, a pour point culminant les Processions. La ville est décorée pour accueillir des milliers de fidèles et de visiteurs créant une ambiance festive et dévotionnelle unique autour de la Patronne de la Ville.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : António Cândido Franco, Os Pecados da Rainha Santa Isabel, Ésquilo, 2010 (romans historique), http://paginas-com-memoria.blogspot.com/2011/06/os-pecados-da-rainha-santa-isabel.html, et https://visao.sapo.pt/jornaldeletras/letras/2011-01-11-redescobrir-a-rainha-santa-isabelf584322/,  Vitorino Nemésio, Isabel de Aragão, Rainha Santa, Opera Omnia, 2021 (roman historique), Isabel Stilwell, Isabel de Aragão: Entre o Céu e o Inferno, Livros Horizonte, 2021 (roman historique), https://7maravilhas.pt/portfolio/procissao-festas-da-rainha-santa-isabel/, https://agencia.ecclesia.pt/portal/o-sagrado-e-as-gentes-festas-da-rainha-santa-isabel-tem-grande-poder-de-atracao-na-cidade-de-coimbra-c-video-e-fotos/, https://journals.openedition.org/cultura/356, https://www.arqnet.pt/dicionario/isabel_santa.html, https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/joachimite, et https://www.nit.pt/cultura/televisao/rainha-e-bastarda-e-nova-serie-medieval-portuguesa-e-promete.
 
Les Américains fêtent aussi aujourd'hui l'"Independence Day",  le jour de la fête nationale des Etats-Unis, l'anniversaire de la Déclaration d'indépendance de 1776, par laquelle les treize colonies britanniques ont fait sécession, donnant ainsi naissance aux États-Unis d'Amérique. Ce jour permet au peuple américain d'exprimer son patriotisme et de célébrer la liberté.
 
Élisabeth d’Aragon, une reine exemplaire et stratège, et le 4 juillet 1776, ou comment débuta l’indépendance des 13 colonies américainesEn juin 1773, le roi George III assista à une grande célébration de son règne sur le plus grand et le plus riche empire depuis la Rome antique. Moins de deux ans plus tard, le brillant avenir de la Grande-Bretagne s'assombrit : après une série de provocations comme le sanglant massacre de Boston (5 mars 1770) qui oppose les colons aux troupes anglaises et le Tea Act (10 mai 1773) qui accorde des avantages commerciaux à la Compagnie des Indes Orientales, ce qui pousse des Américains déguisés en Indiens Mohawks à jeter une cargaison à la mer (Tea Party, 16 décembre 1173), amenant à adopter des mesures de rétorsion en à Boston (1774), puis des incidents entre colons et les soldats se déroulent à Lexington et Concord (avril 1775). Cela amène l'idée d'émancipation républicaine chez les colons que Thomas Paine, un anglais émigré dans les colonies, synthétise dans Le Sens Commun, où dénonce le système colonial et appelle à l'indépendance, rejette comme illégitime la monarchie de droit divin, et propose une Constitution républicaine pour la nouvelle nation souveraine, et à l'occasion du 2e Congrès continental des treize colonies, réunie à Philadelphie (4 juillet 1776), cette aspiration conduit à l'adoption de La Déclaration d'indépendance écrit de la main de Thomas Jefferson (a été en réalité approuvé par le Congrès, le 2 juillet), devenue «unanime», après son approbation par l'État de New York. Le document énumère les raisons pour lesquelles les colons souhaitaient rompre le lien avec la couronne britannique. Il proclame, en outre, que "tous les hommes sont créés égaux" et "doués par le Créateur de certains droits inaliénables" à "la vie, la liberté et la recherche du bonheur". Une égalité de principe relative, puisqu'elle n'est valable que pour les hommes blancs, l'esclavage n'étant pas aboli. Cela va déclencher une guerre au cours de laquelle les insurgés pourront compter sur le renfort de la France, trop contente de se venger des Anglais qui leur ont pris le Québec quinze ans plus tôt. Puis, le 4 juillet est déclaré jour férié impayé seulement en 1870, puis jour férié fédéral rémunéré en 1941.
 
Élisabeth d’Aragon, une reine exemplaire et stratège, et le 4 juillet 1776, ou comment débuta l’indépendance des 13 colonies américainesTraditionnellement, cette grande fête patriotique est l'occasion pour les Américains de se retrouver en famille ou entre amis. Un peu partout dans le pays, l'heure sera à la fête, avec parades géantes et concours insolites en tout genre au programme. Comme chaque année, les habitants de New York pourront notamment assister au concours du plus gros mangeur de hot-dog, organisé sur une plage de Coney Island et retransmis à la télévision sur une chaîne sportive. En revanche, il n'y a pas de défilé militaire, contrairement au 14-Juillet en France.  Le clou de festivités sera sans nul doute le traditionnel feu d'artifice. Le plus grand, diffusé en direct à la télévision, a lieu à New York, entre Manhattan et Brooklyn. Le "Macy's Fireworks" (du nom de la chaîne de magasin qui le finance tous les ans) est l'un des plus gros spectacles pyrotechniques au monde. Plus de 60 000 fusées vont être tirés depuis des barges installées sur l'East River, devant les yeux ébahis de centaines de milliers de New Yorkais et touristes venus du monde entier pour assister à cet événement unique.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Mathilde Larrère, Eugénia Paleraki, Maud Chirio, Félix Chartreux, Vincent Lemire, Révolutions. Quand les peuples font l'Histoire, Editions Belin, 2017, Rick Atkinson, The British Are Coming: The War for America, Lexington to Princeton, 1775-1777, ‎ William Collins, 2019, Hervé Leuwers, La Révolution française, Paris, PUF, 2020, et https://www.tf1info.fr/international/independence-day-que-celebrent-les-americains-le-4-juillet-jour-de-l-independance-2225155.htm.
 
Merci, bonne Sainte-Élisabeth et bon Independence Day!
Tags : Histoire du Portugal, Histoire du christianisme, Histoire des États-Unis
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#Posté le lundi 04 juillet 2022 10:43

Modifié le lundi 04 juillet 2022 11:00

Benoît de Nursie, un régulateur de la vie monastique à l'influence indéniable

Aujourd'hui, nous fêtons Benoît de Nursie, qui est le patriarche des moines d'Occident et le saint patron de l'Europe.
 
Benoît de Nursie, un régulateur de la vie monastique à l'influence indéniableNé vers 480, dans la province de Nursie, d'une famille de propriétaires terriens, de sa vie privée, on ne sait rien, pas de date de naissance, pas d'anecdotes d'enfance, pas de goûts personnels. Benoît fait ses études à Rome à partir de 495, mais quittant la vie dissolue de la ville sans doute n'appréciait-il pas que le roi Théodoric le Grand a restauré les lieux de spectacle, comme à Pavie, où il ne s'agit plus d'y faire donner des combats de gladiateurs, car ceux-ci ont été, supprimés un siècle plus tôt, mais on y organise sans doute des chasses et des parades équestres, ou que les grandes familles sénatoriales romaines continuent d'occuper les charges de gouvernement, il décida de mener une vie d'ascèse dès l'âge de vingt ans se retirant dans une communauté à Enfida, mais sa vie ascétique et charitable ayant attiré l'attention sur lui, il se retira dans une grotte à Subiaco, et des moines lui demandèrent de devenir leur abbé vers 510, mais sa fermeté découragea ces derniers qui tentèrent de l'empoisonner. Retournant à Subiaco, il est rejoint par des disciples, les répartissant en 12 petits monastères, mais la jalousie d'un prêtre l'obligea à partir, mais une raison plus réaliste est sans le fait que le roi des ostrogoths Théodoric en vient à soupçonner les catholiques d'Italie, et en particulier le pape Jean 1er, qui revient bredouille d'une ambassade à Constantinople en 526 dont l'avait chargé le roi ostrogoth, avant de s'établir avec ses disciples, en 529, au Mont-Cassin, en Ombrie, à l'est de Rome, et d'y fonder le premier monastère «bénédictin».  
 
Benoît de Nursie, un régulateur de la vie monastique à l'influence indéniableInstruit par l'expérience, connaissant fort bien la tradition antérieure (celle de Pacôme, de Basile, d'Augustin), il rédigea à la fin de sa vie  (entre 534 et 547) sa propre Règle des moines autour de la prière et du travail, la plus célèbre de toutes, la plus équilibrée, ayant pour but de fonder une «école du service du Seigneur».  Son influence et celle de la tradition bénédictine seront telles qu'on appellera Benoît le «père de l'Europe». Il y réussit par la stabilité politique amenée par la fille de Théodoric, Amalasonthe devenue régente entre 526 et 534, puis la reine entre 534 et 535, mariée à Théodat un roi sans pouvoir, qui est assassinée l'année suivante, sans doute avec la complicité de son mari, donne le prétexte à Byzance qui conquiert l'Italie entre 536 et 552 dans une guerre longue et sanglante, ce qui peut expliquer pourquoi Benoît resta prudemment dans son monastère.
 
Benoît de Nursie, un régulateur de la vie monastique à l'influence indéniableLa règle bénédictine se généralise surtout à partir du VIIIe siècle. Le culte de Benoît connaît un regain lorsqu'un moine de Fleury-sur-Loire, près d'Orléans, ramène le corps du saint dans son monastère.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Bénédicte Demeulenaere, Saint Benoît, instituteur de l'Europe, Éditions du Rocher,1996, Claude Jean-Nesmy, Saint-Benoît et la vie monastique, Seuil, 2001, Jacques Brosse, Les Maîtres spirituels, Albin Michel, 2013, François Huguenin, Les voix de la foi, Perrin, 2015, et Sylvie Joye, L'Europe barbare : 476-714, Armand Colin, 2019.
 
Merci et bonne Saint Benoît !
Tags : Histoire du christianisme, fêtes
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#Posté le lundi 11 juillet 2022 07:18

Marie de Magdala, une disciple courageuse et décidée

Aujourd'hui, nous célébrons la Sainte Marie-Madeleine, l'Apôtre des Apôtres. Source de nombreux fantasmes sur l'Évangile, la relation entre Jésus de Nazareth et Marie Madeleine a laissé prospérer bien des mythes et nourri bien des débats.
 
Marie de Magdala, une disciple courageuse et décidéeMarie est originaire de Magdala, cette enclave, que les évangiles attribuent jusqu'à 12 fois comme le lieu d'origine de Marie, qui au temps de Jésus, se nommait Migdal Nuniyya (la"tour à poissons") situé très près (à seulement environ 1 km) au-delà de la limite nord de Tibériade, une ville située plus au sud que la ville actuelle. Son nom grec “Tarichae” a été identifié par les archéologues grâce aux écrits de Flavius Josèphe. Il a ainsi pu être établi que la ville de Magdala (Migdal) et de Tarichae ne sont qu'une seule et même ville juive. Les découvertes archéologiques qui ont été faites ces dernières années révèlent quelque chose de plus sur la vie à l'époque et soutiennent la croyance qu'elle était un point de commerce prospère, axé sur la pêche et l'exportation de poisson salé vers Rome. La ville a aussi prospéré grâce à ses sources d'eau, et des terres fertiles. La ville avait de bons échanges avec les païens, avec beaucoup de Syriens et de Grecs dans les rues et les bateaux. Une variété de pièces de monnaie a été trouvée sur le site. Elles datent de l'an 20 à l'an 67/68 de notre ère, permettant aux archéologues de déterminer exactement quand la ville a prospéré. Là, la théorie proposée par les experts est envisagée selon laquelle cette dévote puisque Magdala avait un genre de miqva'ot (bains rituels) original en gradins formés de pierres de basalte et des pièces avec des sols en basalte pour la préparation à l'immersion, dont une de ces salles possédait un sol en mosaïque polychrome (blanc, noir, rouge) orné d'une rosace à huit pétales à l'intérieur d'un losange, et une synagogue avec des sols en mosaïque, montrant que la pureté et les activités rituelles étaient un facteur important dans la vie quotidienne des habitants de Magdala, aurait joui d'une bonne position économique, dérivée peut-être de la mort de son mari, dont elle aurait pu hériter d'une fortune avec laquelle elle aurait soutenu Jésus, ou bien elle était une femme "libérée" de père et de mari. Habituellement, lorsqu'une ville ou un village est mentionné en relation avec le nom d'une femme dans la Bible, cela indique qu'elle est une femme riche ou d'un statut social supérieur.
 
Marie de Magdala, une disciple courageuse et décidéeMarie de Magdala est aussi désignée dans les évangiles comme celle qui est guérie de sept démons (Luc 8, 2), une donnée qui semble être comprise symboliquement, puisque l'allusion à ses démons n'a pas pour but «d'attirer son regard sur son passé mais de mettre en avant ce qu'elle devient grâce au Christ : une femme, «sujet à part entière, libre et responsable de sa vie». On peut donc supposer qu'elle était malade et que Jésus l'a guérie. Le nombre «sept» indiquant la gravité de la maladie. Marie Madeleine prend la tête du groupe des femmes qui suivent Jésus (Luc 8,2-3) – présence inédite chez les maîtres religieux du Ier siècle. Ces femmes «servent» (diakoneô en grec) en préparant les repas, en assurant la vie quotidienne, et en contribuant avec leurs propres ressources – autre rareté pour l'époque. Elles s'inscrivent dans la dynamique de Jésus qui est «comme celui qui sert» et qui invite ses disciples à faire de même. Le mouvement de Jésus était un mouvement qui attendait la transformation du monde, quelque chose qui était vraiment radical en termes de réalité changée, où le Royaume de Dieu allait venir. Fidèle des fidèles, elle accomplit le «parcours “complet” du disciple» en étant avec Jésus durant son ministère, montant avec lui à Jérusalem, en l'accompagnant – contrairement aux Douze, en fuite – dans sa Passion, sa mort présente au pied de la croix avec les autres femmes (Marc 15,40-41, Luc 23,49, Matthieu 27,55-56, et Jean 19,25), du fait que les Romains considéraient donc les disciples masculins de Jésus avec suspicion, ils auraient facilement pu être arrêtés en tant que co-conspirateurs, alors ils ont gardé leurs distances, et les femmes étaient considérées comme moins menaçantes et leur présence était donc tolérée, à l'ensevelissement de Jésus et qui bénéficie de la première apparition du ressuscité comme le «témoin privilégié» de sa résurrection (seul dans Marc 16,1-11 et Jean 20,1-18, et en groupe dans Matthieu 28,1-10). Le fait qu'elle soit présente et témoigne des deux événements les plus importants des Évangiles, la crucifixion et la résurrection de Jésus, démontre qu'elle est une disciple courageuse et inébranlable.
 
Marie de Magdala, une disciple courageuse et décidéeAprès l'ascension, on ne cite que les femmes  dont fait partie Marie de Magdala (Actes 1,14), et Marie, mère de Jésus est mise en avant, avec les frères de Jésus, ce qui semble supposer une proximité des femmes avec eux, dans l'organisation primitive de l'Église, et pour le choix de Matthias à la place de Pierre devenu le porte-parole de la communautés (Actes 1,26). Elle est présente aussi durant la Pentecôte (Actes 2,1) Sur la base de prophéties comme Joël 2, où L'Éternel assemble le peuple, forme une sainte réunion, assemble les vieillards, Assemblez les enfants, même les nourrissons, fait sortir l'époux sorte de sa demeure, et l'épouse de sa chambre, les disciples hommes et femmes prophétisent, créant une partie de cette nouvelle réalité. Et nous voyons cela dans Actes 2, où la prophétie de Joël se réalise. Et vraiment, au 1er siècle, il y avait des modèles de comportement plus radicaux. Marie de Magdala semble y avoir eu sa part. Ensuite, on ne parle plus d'elle, soit elle est revenu à Magdala, soit elle est restée à Jérusalem restant proche de Jacques, le frère de Jésus, sur sa ligne maximalisant la portée de l'observance de la Torah, qui vit un certain durcissement probablement lié à la crise provoquée par les zélotes entre 52 et 56, qui aboutira la révolte juive de 66, contrairement à des traditions infondées qui la font venir à Éphèse et Marseille. À la mort de Jacques en 62, elle resta aux côté des frères et des cousins de Jésus pour organiser l'Église de Jérusalem et choisir son successeur, Siméon. La communauté chrétienne à Jérusalem connut sans doute le succès grâce à son organisation égalitaire reposant sur les femmes comme Marie de Magdala à son opposition à des procurateurs comme Antonius Félix (53-60) exerçant sa fonction avec toutes sortes de cruauté et de luxure et écrasant toutes sortes de rébellion contre lui, Festius Porcius (62-60) qui a tranché le différend à Césarée commencé sous Félix entre les Syriens et les Juifs de manière à faire des Syriens les maîtres de la ville ; cela a suscité des troubles considérables parmi la population juive, et Albinus  (62-64) qui augmenta le fardeau des impôts et ne libéra les prisonniers que moyennant le paiement d'une rançon. Dans l'organisation chrétienne, les femmes remplissaient aussi des fonctions concrètes d'apostolat et de formation des nouveaux venus dans la jeune Église. Indépendantes financièrement, elles disposaient d'une grande liberté d'action et de parole et ont accueilli et protégé les communautés naissantes qui étaient jugées dangereuses aux yeux des Romains. En 67 de notre ère, les forces romaines commandées par Vespasien atteignirent Magdala et assiègent la ville. Après sa chute, de nombreux rebelles ont fui en bateau ou ont été tués lors d'une bataille dans la mer de Galilée. Les Romains ont tué tous les habitants restants. Selon l'historien Flavius Josèphe - qui commandait les forces juives en Galilée - la mer de Galilée est devenue rouge de sang et "pleine de cadavres". Parmi les survivants, l'empereur Vespasien envoya 6000 pour construire un canal en Grèce et ordonna que plus de 30 000 soient vendus comme esclaves. Marie de Magdala mourut sans doute dans la ville, ou durant le siège de Jérusalem entre 66 et 70 étant vu comme une des leaders de la rébellion.
 
Marie de Magdala, une disciple courageuse et décidéeLe fait qu'il y ait eu d'anciennes controverses autour de l'héritage de Marie - ainsi que des incohérences significatives dans d'importants manuscrits de l'Évangile de Jean - nous alerte sur la possibilité que son histoire ait pu être modifiée en cours de route. La préservation des preuves d'altérations textuelles ainsi que la découverte de nouveaux documents chrétiens, ouvrent de nouvelles possibilités sur la façon dont nous voyons l'héritage de la Madeleine. Cela concorde avec les travaux récents de l'historienne de l'art Ally Kateusz, l'auteur de Mary and Early Christian Women: Hidden Leadership, qui soutient que l'art chrétien a été augmenté afin de dissimuler le leadership des femmes dans l'Église primitive. À partir de l'identification erronée influente de Grégoire le Grand de Marie en tant que travailleuse du sexe, Marie-Madeleine a été identifiée à la femme anonyme de Naïn qui a oint Jésus dans l'Évangile de Luc. Comme la nature a horreur du vide, l'histoire patriarcale méprise l'excès de femmes. À la suite de Grégoire le Grand, toutes les femmes oignantes des évangiles peuvent être éludées en une seule. Finalement le rôle central de Marie dans les Évangiles a été historiquement utilisé par certains comme preuve que l'Église devrait introduire des femmes prêtres - et depuis 1969, lorsque l'Église catholique a admis qu'elle avait identifié par erreur Marie-Madeleine comme une travailleuse du sexe, les appels aux femmes dans la direction de l'Église n'ont fait que s'intensifier. Au sein de l'Église, elle a un pouvoir énorme, et il y a beaucoup de femmes qui regardent Marie-Madeleine comme une fondation pour le leadership des femmes au sein de l'Église.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui l'ont beaucoup aidé : Helen Bond, et Joan Taylor, Women Remembered : Jesus' Female Disciples, John Murray Press, 2022, Marinella Perroni, et Cristina Simonelli, María de Magdala. Una genealogía apostólica, San Pablo, 2016, https://www.factorfrancisco.org/maria-magdalena-la-resucitadora/, et https://www.ihu.unisinos.br/590993, Chantal Reynier, Marie de Magdala, Cerf, 2022, et https://www.la-croix.com/Culture/Marie-Magdala-Chantal-Reynier-apotre-incomparable-2022-02-06-1201198855, https://aleteia.org/2016/07/22/new-findings-in-israel-suggest-a-different-mary-magdalene/, https://israel-archeologie.org/la-pierre-de-magdala/, https://time.com/5210705/mary-magdalene-controversial/, https://www.churchtimes.co.uk/articles/2022/25-march/features/features/bringing-the-bible-s-women-out-from-between-the-lines, https://www.feadulta.com/es/buscadoravanzado/item/9660-fue-maria-magdalena-una-prostituta.html, https://www.jpost.com/israel-news/magdala-once-likely-populated-by-elite-jerusalemites-501003, https://www.seetheholyland.net/tag/mary-magdalene/, https://www.thedailybeast.com/have-we-really-found-mary-magdalenes-birthplace, https://www.voyage-en-israel.com/lieux-saints/magdala/, http://womeninthebible.net/women-bible-old-new-testaments/mary-magdalene/, et https://www.worldhistory.org/article/1219/the-archaeological-excavations-at-magdala/.
 
Merci et bonne Sainte-Marie-Madeleine !
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