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Le roi Arthur, la réalité derrière le mythe

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Ce blog s'intéressera avant tout à la question de l'historicité du roi Arthur durant les Dark Ages, une période de grands changements dans la Bretagne post-romaine, et ce qui amena sa légende.

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Hitler n'a pas été élu pour arriver au pouvoir

Hitler n’a pas été élu pour arriver au pouvoirHitler n'a pas été élu, mais nommé chancelier le 30 janvier 1933 par Paul von Hindenburg, le président du Reich. Le soutien populaire n'est pas total et unanime puisque le chômage atteint 29 % en 1932, et pourtant, le parti national-socialiste voit son score électoral baisser de 4 %, c'est surtout l'éclatement des gauches, mais aussi le délitement du régime républicain, auxquels se double le climat de violences entre l'extrême-droite et l'extrême-gauche qui renforce l'image d'une République de Weimar incapable d'asseoir son autorité, et sa faiblesse constitutionnelle de plus en plus visible aux yeux de l'opinion, qui permettent à Hitler de prendre le pouvoir car les nazis n'ont pas la majorité absolue et ne l'auront jamais, même après la nomination d'Hitler à la chancellerie tant que des élections pourront se tenir dans des conditions acceptables. Il bénéficiait alors du soutien d'une partie du patronat, des banques, des propriétaires terriens qui gravitent dans l'entourage d'Hindenburg et plaident en faveur d'Hitler. Un choix totalement pragmatique motivé aussi par la peur d'une "révolution communiste", du parti national du peuple allemand (DNVP) et de l'ancien chancelier du Zentrum catholique Franz von Papen, qui espérait faire d'Hitler une marionnette.
 
Hitler n’a pas été élu pour arriver au pouvoirUne fois Hitler nommé chancelier dans un gouvernement qui ne compte que trois membres du NSDAP sur les douze principaux portefeuilles ministériels, Hindenburg dissout le parlement le 1er février 1933 et de nouvelles élections sont organisées le 5 mars 1933. Cette fois, le parti d'Adolf Hitler arrive premier avec 44% des voix. C'est un score important. Après l'élection du 5 mars 1933, les nazis vont s'efforcer d'éliminer toute forme d'opposition. D'abord, le 8 mars 1933, en retirant le mandat des députés communistes fraîchement élu en vertu d'une ordonnance, qui suspend les libertés individuelles, signée par le président Hindenburg le 28 février 1933, après l'incendie du Reichstag. Puis le 23 mars 1933, à l'opéra Kroll de Berlin, Hitler demande aux députés les pouvoirs législatifs pour une durée de quatre ans. Pour cela, il lui faut une majorité des deux tiers au Reichstag, qui lui est garantie grâce au soutien des voix catholiques du Zentrum. Le lendemain, la «Loi visant à la suppression de la détresse dans le Peuple et dans le Reich», ou  «Loi sur les pleins pouvoirs», est adoptée et permet au gouvernement d'Adolf Hitler (qui n'est toujours que chancelier) de mettre en place des lois sans l'approbation du Parlement.
 
La lutte contre les partis d'opposition se poursuit avec l'interdiction des syndicats le 2 mai 1933. Le 22 juin 1933, le SPD (qui s'était opposé à la loi sur les pleins pouvoirs) est déclaré «organisation hostile au peuple et à l'État» et donc interdit. Enfin «la loi contre la création de nouveaux partis» du 14 juillet 1933 achève le parlementarisme allemand. Résultat : lors des élections législatives du 12 novembre 1933, les Allemands sont invités à approuver une seule liste électorale, celle du parti d'Adolf Hitler. Selon le Guardian du 13 novembre 1933, le parti d'Adolf Hitler obtient 93,4% de «ja» – les votes «nein» sont comptés comme invalides. Un score faramineux, qu'il arrive à surpasser lors des élections législatives de 1936 et 1938 en obtenant officiellement 99% des voix, toujours sans rival. Si le NSDAP a réalisé des scores électoraux supérieurs à 90% des suffrages exprimés lors des législatives allemandes de novembre 1933, de 1936 et 1938, il est impossible de défendre qu'il s'agissait d'élections libres.
 
Hitler n’a pas été élu pour arriver au pouvoirAprès le décès du président Hindenburg le 2 août 1934, Hitler demande au peuple de plébisciter la loi relative au chef de l'État du Reich allemand que son cabinet a décidée la veille, le 1er août 1934. Voici ce que ses deux articles prévoient : Voici ce que ses deux articles prévoient : «Article premier : La fonction de président du Reich est réunie à celle du chancelier du Reich. En conséquence, les pouvoirs exercés jusqu'ici par le président du Reich passent au Führer et chancelier du Reich Adolf Hitler. Il désigne son suppléant. Article 2 : Cette loi entrera en vigueur à partir du décès du président du Reich von Hindenburg.»

Le 19 août 1934, les Allemands sont donc invités à valider son article premier. La question du référendum est la suivante : «La fonction de président du Reich est réunie à celle du chancelier du Reich. En conséquence, les pouvoirs exercés jusqu'ici par le président du Reich passent au Führer et chancelier du Reich Adolf Hitler. Il désigne son suppléant. Allemands et Allemandes, approuvez vous les dispositions prévues par cette loi ?». Selon la base de donnée du Centre de recherches sur la démocratie directe d'Aarau, Hitler obtient 89,93% de oui.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures : François Delpla, Hitler, le 30 janvier 1933, la véritable histoire, Pascal Galodé, 2013, https://www.europe1.fr/politique/la-rue-ou-la-bourgeoisie-qui-a-porte-adolf-hitler-au-pouvoir-3849692, et https://www.liberation.fr/desintox/2017/02/06/non-francois-bayrou-hitler-n-a-pas-vraiment-ete-elu-avec-plus-de-90-des-voix_1546594.
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Tags : Histoire
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#Posté le mercredi 22 mai 2019 09:02

Et si Neandertal avait disparu à cause d'un petit problème de fertilité ?

Et si Neandertal avait disparu à cause d'un petit problème de fertilité ?C'est l'une des grandes énigmes de la science. Pourquoi les hommes de Neandertal ont-ils disparu ? Cette espèce d'être humain, différente de la nôtre, a vécu en Europe entre - 400 000 et – 40 000 ans. Nous avons d'ailleurs cohabité avec eux, sans doute pendant plusieurs milliers d'années. Et c'est la source des hypothèses les plus folles sur leur disparition: les homos sapiens, c'est-à-dire nous, les auraient exterminés pour des rivalités de territoire ou par xénophobie. D'autres chercheurs invoquent Darwin: plus malins, les Neandertal auraient perdu face aux homo-sapiens dans la course à l'évolution. Selon ces paléontologues, ce serait parce qu'ils auraient mangé trop de viande...
 
Et si Neandertal avait disparu à cause d'un petit problème de fertilité ?C'est une autre piste qui se dessine aujourd'hui. Selon des chercheurs du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), une légère baisse de la fécondité des jeunes femmes néandertaliennes parviendrait à expliquer le déclin. L'étude, publiée ce mercredi 29 mai, dans la revue scientifique américaine Plos One, se base sur un modèle mathématique pour simuler des scénarios capables de mener à la disparition des humains néandertaliens en moins de 10 000 ans, ce qui s'est produit.
 
Cette nouvelle hypothèse, celle d'un problème de fertilité, a été avancée dans une étude de la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). La thèse d'un changement démographique, pourtant parfois évoquée, n'avait jamais été testée. C'est désormais chose faite grâce à des modélisations démographiques, réalisées par cette équipe de quatre chercheurs. Partant d'une population estimée à 70 000 personnes, répartie en trois zones d'occupation en Europe, les chercheurs ont fait intervenir trois critères et cherché le scénario le plus vraisemblable entre mortalité, migrations ou fertilité.
 
Et si Neandertal avait disparu à cause d'un petit problème de fertilité ?En faisant varier les paramètres et en intégrant le peu de choses qu'on sait sur ces anciens humains, les auteurs concluent que certaines hypothèses ne sont pas possibles. Par exemple, une augmentation de la mortalité liée à des conflits ou des épidémies. “Cela aurait mené à une disparition trop rapide de la population néandertalienne!”, explique à l'AFP Silvana Condemi, anthropologue à l'université d'Aix Marseille et co-auteure de l'étude. “En revanche, une très légère baisse de fertilité mais exclusivement pour les femmes les plus jeunes permet d'obtenir la disparition de la population dans les temps connus”, poursuit-elle. “Cette baisse de la fertilité est très faible mais elle est suffisante sur un temps long pour faire disparaître Neandertal.” "Nous n'avons pas pris en compte la présence de sapiens" précise Silvana Condemi qui explique que l'équipe de chercheurs va tenter de faire entrer en ligne de compte ce point. Peut-être que l'arrivée d'Homo sapiens a conduit à une très progressive pression sur la nourriture disponible pour les néandertaliens. "Une réduction de la nourriture, donc de calories, est préjudiciable pour les grossesses", dit Silvana Condemi. C'est d'ailleurs la présence et la compétition avec Homo sapiens qui a peut-être privé les femmes Néandertaliennes de nourriture.
 
Et si Neandertal avait disparu à cause d'un petit problème de fertilité ?Le mystère est encore loin d'être résolu. Si les chercheurs assurent qu'ils sont parvenus à expliquer le “comment”, ils n'ont pas la réponse au “pourquoi”. Pourquoi les femmes Neandertal ont-elles commencé à faire moins de bébés ? Le CNRS sèche. Sur ces hommes mystérieux, nous ne savons d'ailleurs pas grand chose, tant les fossiles de cette époque très lointaine sont rares. Cependant, les découvertes passionnantes se succèdent ces dernières années. Les scientifiques ont, par exemple, découvert que les homos sapiens et Neandertal s'étaient métissés.  «Et nous avons découvert que les Eurasiens d'aujourd'hui possèdent encore entre 1 et 3 % d'ADN néandertalien”, explique dans Libération un spécialiste.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : https://www.franceinter.fr/sciences/l-homme-de-neandertal-a-t-il-disparu-a-cause-d-un-probleme-de-fertilite, https://www.huffingtonpost.fr/entry/grand-mystere-de-la-science-la-fin-de-neandertal-expliquee-par-des-chercheurs_fr_5ceed9b1e4b0508c91e1022e?utm_hp_ref=fr-homepage, et https://www.sciencesetavenir.fr/sciences/la-fin-de-neandertal-expliquee-par-une-baisse-de-la-fecondite-etude_134071.
 
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Tags : Histoire
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#Posté le mardi 04 juin 2019 12:12

Gino Bartali, un grand cycliste, cachant un héros discret

Gino Bartali, un grand cycliste, cachant un héros discretGino Bartali ne fut pas seulement un champion cycliste, vainqueur trois fois du Tour d'Italie et deux fois du Tour de France. Il fut aussi un héros discret.
 
Adolescent, Gino commence à travailler dès l'âge de 12 ans pour aider sa famille. Il est apprenti dans un atelier de vélos. De là à l'idée de courir, il n'y a qu'un pas. Il le franchit en 1931, et la célébrité arrive à partir de 1935 avec une coupe Bernocchi, le Tour du Pays basque et le titre de champion d'Italie. Le tournant de sa vie survient l'année suivante : fiançailles avec Adriana et première victoire au Giro, le Tour d'Italie. Mais il perd son frère Giulio, tué par une voiture pendant une course cycliste. Connu pour son appartenance à l'Action catholique et son opposition au régime fasciste, Gino Bartali, entré dans l'ordre du Carmel en 1936, refusa toujours de porter la chemise noire.
 
Gino Bartali, un grand cycliste, cachant un héros discretGino Bartali a remporté le Tour de France en 1938. Depuis 1903, un seul Italien (Ottavio Bottecchia) avait gagné la Grande Boucle. Roi des grimpeurs (il remporte également ce classement à deux reprises), l'Italien ne laisse aucune chance au Belge Félicien Vervaecke en 1938. Le 1er août, lors de son triomphe dans le 32e Tour de France. Gino, antifasciste et catholique, ne lève pas le bras. Il fait un autre geste, que la presse évite soigneusement de souligner : le signe de croix, qui, à ce moment-là, est un défi implicite au régime. L'année 1938 marque aussi l'adoption des lois raciales et le basculement du régime fasciste dans l'antisémitisme. Gino Bartali refusa cette année-là de prendre la carte du parti, et devint une des cibles favorites de la presse fasciste. Surtout après l'échec de l'équipe nationale au championnat du monde de septembre 1938 dont il fut rendu responsable.
 
Après deux victoires (1936 et 1937) et une deuxième place au Giro (1939), auxquels s'ajoutent une victoire à Milan-San Remo (1939), deux Tour de Lombardie (1936 et 1939), et le Tour de Toscane (1939), auxquels s'ajoute le titre de champion d'Italie (1937), Bartali veut gagner l'édition 1940 du Giro. Il échoue alors qu'il a été vainqueur au Tour de Toscane, au Tour de Lombardie et est à nouveau champion d'Italie. La victoire va à un jeune membre de son équipe, la Legnano. Il s'appelle Fausto Coppi (1919-1960). La presse italienne du lundi 10 juin 1940 célèbre le triomphe de cette nouvelle étoile du cyclisme. Mais ce même 10 juin est le jour de la honte pour Mussolini, qui annonce l'entrée en guerre de l'Italie, suivie de la lâche agression portée à la France, déjà à genou face à l'Allemagne. Il avait choisi de déserter l'armée en 1943 ne voulant pas se battre pour le régime fasciste.
 
Gino Bartali, un grand cycliste, cachant un héros discretLe 25 juillet 1943, Mussolini est renversé par le Grand Conseil fasciste, et l'Italie - qui signe le 8 septembre l'armistice avec les Alliés - est envahie par les forces d'occupation allemandes. La période atroce de Florence commence le 11 septembre 1943 et se prolonge jusqu'à sa libération par les unités militaires de la Résistance, en août 1944. Des personnes de bonne volonté disent «non» à la barbarie nazi-fasciste des persécutions raciales et des déportations. Parmi elles, Gino Bartali, refusent cette compromission au nom de ses idéaux et de sa foi catholique.
 
Privé de compétitions pendant la Deuxième Guerre mondiale dans une Italie divisée et occupée, le campionissimo se mua en messager clandestin d'un réseau de résistance conduit par le rabbin de Florence Nathan Cassuto, conjointement avec l'archevêque de Florence, le cardinal Elia Angelo Dalla Costa, lui-même reconnu “Juste parmi les nations” en 2012. Gino Bartali a parcouru des milliers de kilomètres au nez et à la barbe des patrouilles fascistes et nazies. Sous couvert de sorties d'entraînement, le Florentin parcourait des distances considérables pour acheminer dans les tubes et la selle de son vélo des faux papiers destinés à sauver des Juifs menacés, et à faciliter leur fuite dans un couvent d'Assise. Extrêmement discret sur ses activités de résistant au sein du réseau Delasem, Bartali sauva près de 800 Juifs.
 
Gino Bartali, un grand cycliste, cachant un héros discretIl a pris des risques énormes, et il a montré un courage énorme.  D'autres, parmi ces "coursiers de la liberté", d'autres membres de ce réseau d'aide aux Juifs persécutés, ont été capturés et fusillés.  Lui, il a toujours pu se sauver.  Quand il était contrôlé, il jouait un peu la comédie, il parlait de sport.  Et même les militaires allemands qui le contrôlaient étaient séduits par sa capacité à parler de ses exploits au Tour de France, ou au Tour d'Italie.  C'est comme ça qu'il arrivait toujours à s'en sortir.  Et parce que son vélo n'a donc jamais été contrôlé.  Mais il a vraiment risqué gros, un jour. Il a été capturé par un groupe de militaires fascistes, particulièrement sanguinaires, qui voulaient lui faire la peau.  Il a pu avoir la vie sauve, grâce à une série de coïncidences favorables.
 
Gino Bartali, un grand cycliste, cachant un héros discretDans l'Italie de 1946, le retour des compétitions sportives exprime une énorme envie de liberté, de joie et d'espoir. Bartali a un vieux compte à régler avec Coppi. C'est chose faite lorsqu'il remporte le Giro en 1946, devant son rival, auquel il ajoute Milan-San Remo, un Tour de Suisse. En 1947, cette fois, Coppi monte sur la plus haute marche. Bartali pense désormais au Tour de France non sans avoir mis un autre Tour de Suisse à son palmarès. Mais la Legnano ne veut pas qu'il y participe. Il est le symbole de l'Italie, à laquelle l'opinion publique française n'a pas encore pardonné sa déclaration de guerre du 10 juin 1940. En 1948, il est de nouveau au départ du Tour de France. Il lève les bras dès le 1er jour, mais est ensuite relégué à vingt minutes du jeune Louison Bobet. Avant de multiplier les victoires d'étape (sept au total) et de réaliser une chevauchée fantastique dans le col d'Izoard, face à Bobet (souffrant) et Jean Robic. Accueilli froidement au départ, il est ovationné à la fin de la Grande Boucle. Son succès est celui de la réconciliation franco-italienne. Plus rien ne peut alors l'arrêter. Lors du ce tour, il reçut et accepta, cette fois, une mission politique. Alors que l'Italie était sous la menace d'une quasi-guerre civile quand un fasciste blesse très grièvement le chef communiste Palmiro Togliatti devant le Parlement, l'Italie explose alors, et De Gasperi, le président du conseil catholique lui demanda de détourner l'attention de la rue, en... remportant le Tour de France. Ce qu'il fit, dix ans après sa victoire de 1938.
 
Gino Bartali, un grand cycliste, cachant un héros discretQuelques mois après s'être neutralisés au championnat du monde quitte à tout perdre, Fausto Coppi et Gino Bartali se classent premier et deuxième du Giro 1949. Entre l'ambitieux Coppi et le vieillissant Bartali, l'entente s'annonce compliquée au départ du Tour. Mais Bartali – qui portera une dernière fois le Maillot Jaune (12 ans après son premier, en 1937) - va aider son compatriote à décrocher le Graal, puis Coppi lui permet de s'imposer le jour de ses 35 ans. Les deux hommes terminent aux deux premières places. Comme en Italie. En 1950, il remporte sa 4e victoire à Milan-San Remo, un 4eTour de Toscane, auquel il ajoute un 5e en 1953, et un 4e titre de champion d'Italie en 1952. Ce champion qui n'a pas connu le déclin, participa entre 1931 et 1954, à 988 compétitions, pour 184 victoires. Il arrêta la compétition en 1955 pour devenir directeur sportif d'une équipe de jeunes coureurs italiens.
 
Gino Bartali, un grand cycliste, cachant un héros discretMort en 2000, Gino Bartali, pas plus que sa famille après son décès, n'avait jamais fait de démarches pour faire reconnaître son activité durant la guerre. Sa reconnaissance comme «Juste» tient à la persévérance de la communauté juive de Florence, qui a permis de recueillir les témoignages nécessaires. En 2013, il a été reconnu "Juste parmi les Nations" par Yad Vashem, le mémorial israélien de la mémoire de la Shoah.  Et là, il connaît une consécration, puisque le Tour d'Italie 2018 part de Jérusalem, en hommage à Gino Bartali.  Et le 2 mai, il a officiellement été déclaré "Citoyen d'honneur de l'état d'Israël", pour ce qu'il a fait en faveur des Juifs, pendant la Seconde Guerre mondiale.  De son vivant, il voulait garder tout cela pour lui; mais après sa mort, ce qu'il a fait a été rendu public.  Et l'opinion publique, justement, rend maintenant hommage à son courage, en tant qu'homme, et en tant que champion cycliste. 
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont été très utiles : Ahmed Kalouaz, Gino Bartali, un champion sauveur d'étoiles, Oskar Éditeur, 2014, Jean-Paul Vespini, Gino le Juste, Bartali une Autre Histoire de l'Italie, Editions Le Pas d'oiseau, 2014, Alberto Toscano, Un vélo contre la barbarie nazie, Armand Colin, 2018, et https://www.rtbf.be/sport/cyclisme/detail_le-magnifique-secret-de-gino-bartali-coureur-cycliste-et-coursier-de-la-liberte?id=9908447, https://www.historia.fr/bartali-un-maillot-jaune-au-coeur-dor, https://www.la-croix.com/Actualite/Sport/Gino-Bartali-Juste-parmi-les-nations-2013-09-24-1023939, https://www.la-croix.com/Journal/Gino-Bartali-champion-democrate-chretien-2018-06-02-1100943790, https://www.lemonde.fr/cyclisme/video/2018/05/02/le-secret-de-gino-bartali-le-coureur-cycliste-qui-sauva-huit-cents-juifs_5293473_1616656.html, https://www.leprogres.fr/tour-de-france/2019/07/05/cent-ans-de-maillot-jaune-gino-bartali-et-fausto-coppi, et https://www.republicain-lorrain.fr/sports/2019/06/11/le-cycliste-gino-bartali.
 
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Tags : Histoire, sport
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#Posté le mercredi 10 juillet 2019 07:21

La conquête de la Lune, un exploit scientifique et politique

La conquête de la Lune, un exploit scientifique et politiqueSi la conquête de l'espace reste encore aujourd'hui une entreprise considérée comme pacifique, elle a réellement débuté à la fin de la Seconde Guerre mondiale avec la confrontation du bloc de l'Est et de l'Ouest, sur les ruines de l'Allemagne nazie et leur premier programme de missiles balistiques de l'histoire. Pères de la première génération de lanceurs, les scientifiques allemands furent éparpillés entre l'URSS et les États-Unis et permirent les premiers sauts de puce dans l'espace, jusqu'à envoyer un homme sur la Lune. Si Korolev eut beaucoup de mal à convaincre le pouvoir politique soviétique de le laisser tenter l'envoi d'un satellite dans l'espace, la réussite de la mise en orbite de Spoutnik I en 1957, puis le vol de la chienne russe Laïka le 3 novembre 1957, premier animal vivant à être envoyé dans l'espace, meurt au bout de quelques heures à bord de Spoutnik-2, le vol de Youri Gagarine le 12 avril 1961, de Guerman Titov de plus de 24 heures en août 1961, et de Valentina Terechkova le 16 juin 1963, à bord de Vostok, firent basculer le monde dans une course technologique et une aventure humaine sans précédent. Les États-Unis, peu préparés à l'exploration spatiale, en dépit des mises en garde de différents spécialistes, furent battus à plate couture par les Soviétiques. En 1958, ils créent la NASA (National Aeronautics and Space Administration), et font le premier envoi américain de Singes dans l'espace, un rhésus appelé Able, né en Amérique du Nord, et un saïmiri sud-américain nommé Baker, et lancent la sonde Explorer en 1959. L'objectif pour les deux ogres est la Lune, et dès 1959, l'Union Soviétique a de l'avance avec le programme Luna, puisque le 14 septembre 1959 : premier contact avec un autre astre, la sonde soviétique Luna 2 s'écrase sur la Lune.
 
La conquête de la Lune, un exploit scientifique et politiqueEn 1961, John Kennedy va s'engager dans un challenge difficile. Il y aura un Américain sur la Lune avant la fin de la décennie des années soixante. Les USA mettent toute leur puissance économique et intellectuelle. En 1962, il confirme sa décision dans un autre discours resté célèbre : "Nous choisissons d'aller sur la Lune". Les volontaires pour les vols habités arrivent à la NASA. Les programmes Mercury (1959-1963), permettent le 31 janvier 1961 à Ham, de devenir premier chimpanzé et premier animal vivant envoyé par la NASA dans l'espace et récupéré vivant sur terre, et à Alan Shepard de devenir le premier Américain dans l'espace lors de la mission Mercury-Redstone 3 le 5 mai 1961. L'objectif était alors de placer un homme en orbite autour de la Terre, d'étudier les effets de l'impesanteur sur l'organisme humain et de mettre au point un système de récupération fiable du vaisseau spatial et de son équipage. Six vols spatiaux habités et dix-neuf vols sans astronaute ont eu lieu entre 1959 et 1963. C'est d'ailleurs à bord de la capsule Mercury-6 que le premier vol orbital eut lieu le 20 février 1962. Á l'époque, John Glenn avait mis 3 jours pour boucler son tour de la Terre. Gemini (1963-1966), dont la capsule spatiale de ce dernier, trop rudimentaire, ne permettait pas d'expérimenter des techniques de vol spatial telles que les sorties extra-véhiculaires ou les man½uvres orbitales d'où 2 vols inhabités, puis 10 missions ont été lancées entre mars 1965 et novembre 1966 par deux astronautes en vols orbitaux, où l'on amarre manuellement les vaisseaux dans l'espace, et Gemini est le premier vaisseau spatial de l'histoire à être doté d'un ordinateur embarqué, tout en permettant à des grands astronautes de réaliser leurs exploits comme Ed White, le 1er américain à réaliser une sortie dans l'espace, Neil Arsmstrong commande le 1er amarrage de 2 vaisseaux dans l'espace et sauve sa capsule in extremis engagée dans une incontrôlable rotation, Pete Conrad et Richard Gordon orbitent jusqu'à 1368 km de la Terre, Buzz Aldrin réalise trois sorties dans l'espace au cours du même vol, et les astronautes Frank Borman et James Lovell passent 13 jours et 18 heures dans l'espace pour voir les effets de l'apesanteur prolongée sur leur santé et leur performances; et Apollo (1966-1972), Apollo qui a pour but de poser un humain sur la surface lunaire avant la fin de la décennie en cours, un acte de puissance, à la fois politique et militaire, dont l'objectif est essentiellement la reconquête du prestige américain mis à mal par les succès soviétiques, à une époque où la guerre froide entre les deux superpuissances fait rage, vont se succéder mais pas sans incidents dont mortels et permettent aux États-Unis de rattraper leur retard, par des séjours et des rendez-vous en orbite de plus en plus longs. Tout cela grâce à Von Braun, créateur des V1 étrangers des V2 allemands, qui a été exfiltré par les Américains en 1945. Il dirige le programme du lanceur Saturn. Il y aura le drame d'Apollo 1 en 1967, trois cosmonautes (Virgil Grissom, Edward White et Roger Chaffee) brûlés vifs dans leur capsule, au sol, en simulation de départ. Une voix alerte : «On a un incendie dans le cockpit.» Puis : «On brûle (...). Au secours !» Silence. «Sortez-les de là !», hurle Houston. L'URSS a connu un drame similaire au sol, mais personne ne l'a su. Les Soviétiques, sont également touchés par la mort la même année de Vladimir Komarov à bord de Soyouz 1 suite à l'écrasement de sa capsule sur le sol, alors qu'ils avaient réussis avec Alexeï Leonov, à effectuer la première sortie extravéhiculaire le 18 mars 1965 jamais réalisée par un homme à bord de la capsule Voskhod 2 en passant 12 minutes dans l'espace, et le 3 février 1966 à poser en douceur la sonde soviétique Luna 9 sur la Lune.
 
La conquête de la Lune, un exploit scientifique et politiquePour éviter un nouveau drame, la NASA fait de nombreux tests afin qu'après Apollo 1, aucune mission ne porte le nom Apollo 2 et 3, la mission Apollo 4 (9 novembre 1967) sont alors des tests de fusées (Saturn 1, Saturn 1B et Saturn 5) et de CSM (module de commande et de service Apollo) inhabités sur orbite terrestre, Apollo 5 (22 janvier 1968 – 23 janvier 1968) est un test inhabité sur le LM (module lunaire) terrestre sur Saturn 1B, celle d'Apollo 6 (4 avril 1968) sont des tests de fusée et de CSM inhabités sur Saturn V, celle d'Apollo 7 (11 octobre 1968 – 22 octobre 1968) est un test sur orbite terrestre des CSM habités sur Saturne 1B. Tandis que les premiers essais soviétiques Zond-Soyouz interviennent avec les Cosmos 146 (10 mars 1967) et Cosmos 154 (8 avril 1967), n'atteignent pas la Lune à cause de défaillance. Les Américains après ces nombreux tests, réussissent avec une sonde spatiale le premier aller-retour Terre Lune le 24 décembre 1968 lors d'Apollo 8. La course est alors lancée. C'est le vol le plus dangereux. Et le plus frustrant pour les trois astronautes (Frank Borman, le commandant; Jim Lovell, le pilote du module de commande et William A. Anders). Ils n'ont pas marché sur la lune, mais ils sont quand même les premiers à réaliser la grande traversée entre la Terre et la Lune, et à voir, de leurs yeux, la face cachée de la lune. Selon un rapport de la CIA, les Russes étaient sur le point eux aussi d'envoyer des hommes autour de la Lune. L'information se révélera fausse. Mais que les soviétiques les coiffent à nouveau en faisant le tour de la Lune avant eux n'était pas envisageable. Il faut dire que le 14 septembre 1968, Zond 5 devenait le premier engin spatial à faire le tour de la Lune, et à revenir sur Terre une semaine plus tard. Les États-Unis doivent réagir. La NASA décide d'improviser totalement. C'est aussi la raison pour laquelle James A. Lovell Jr., William A. Anders et Frank Borman ne se poseront pas sur la Lune, tout simplement parce que le module lunaire n'était pas prêt. Les risques, estimés par la NASA, étaient que les trois hommes avaient une chance sur deux seulement de revenir. Les astronautes, au courant, étaient plus optimistes. Ils se donnaient deux chances sur trois. Après la réussite d'Apollo 8, la mission Apollo 9 (3 mars 1969 – 13 mars 1969) est sur Saturne V, qui sera utilisée par Apollo 11 et elle est un test sur orbite terrestre des CSM et du LEM habité, et celle d'Apollo 10 (18 mai 1969 – 26 mai 1969) est une mission sur orbite lunaire avec CSM et le LM. C'est la répétition d'une mission G, et le LEM survole la surface à 15 km sans se poser. Les tests sont bons et les États-Unis souhaitent prendre à contre pied l'Union Soviétique. Le lanceur N1, censé concurrencer la fusée Saturn V pour envoyer des Russes sur la Lune, connaîtra une succession d'échecs tenus secrets pendant trente ans. Faute de moteur assez puissant pour son premier étage (à cause d'un conflit avec le motoriste de génie Valentin Glouchko) Korolev fit le choix d'assembler une grappe comptant pas moins de 30 moteurs. Mais les vibrations au décollage de cet assemblage provoquèrent des défaillances dans les conduites de carburant des moteurs, avec des conséquences désastreuses à chaque essai. Enfin, le programme ne réussit à pas à se relever du décès prématuré en 1966 de son architecte en chef, le légendaire Sergueï Korolev, remplacé par Vassili Michine qui n'a pas le sens politique du premier et laissera pourrir beaucoup de projet. De plus, le vol inaugural du 21 février 1969 fait exploser la fusée N1 avec son module lunaire lorsqu'elle retombe au sol, et le second vol du 3 juillet 1969 voit la fusée N1 prendre feu à 100 mètres d'altitude et retomber sur le pas de tir qui souffle au passage une partie de la base de lancement qui devra être reconstruite.
 
La conquête de la Lune, un exploit scientifique et politiqueAprès huit années d'effort, la mission Apollo 11 quitte Cape Canaveral le 16 juillet 1969 sur la Saturn V, la fusée la plus puissante jamais construite. Elle emporte vers la Lune Neil A. Armstrong, commandant de la mission, du fait de son expérience comme pilote vétéran de la guerre de Corée, pilote d'essai d'avions-fusées, technicien expérimenté des missions spatiales, Michael Collins, est pilote du module de commande Columbia, et Buzz Aldrin, pilote du module lunaire Eagle. Tout se passe bien à bord. Les familles sont dans l'angoisse car rien ni personne n'a l'expérience vécue d'un tel défi. Un saut vers l'inconnu pendant que Nixon, président en titre se prépare à saluer l'exploit d'une Amérique conquérante. Les États-Unis ont appris que l'Union soviétique a lancé la sonde Luna 15 le 13 juillet qui doit ramener des échantillons sur Terre le 24 juillet, et s'est mise en orbite lunaire le 17, elle semble y rester le 19 avant de descendre de 9km. Les Américains doivent se dépêcher. Quatre jours plus tard, le 20 juillet (le 21 juillet en France) à 21 h 17 min 43 s (heure française), Eagle, le module lunaire, avec à son bord, Armstrong et Aldrin, descend après avoir effectué trois révolutions, et s'être détaché du module de commande piloté par Michael Collins, c'est alors qu'une alarme retentit. La 1202. En temps normal, cela signifie que la mission est tout simplement annulée. Neil Armstrong et Buzz Aldrin joignent Houston, qui leur explique qu'il s'agit seulement d'un problème de mémoire de l'ordinateur. La mission Apollo 11 continue. Et Eagle se pose sur le sol lunaire, dans la mer de la Tranquillité, pendant que Collins, lui, reste seul dans le module de commande. La Lune, il la verra de sa cabine. Mais la priorité n'est pas encore de fouler le sol. Les deux hommes doivent préparer leur module en cas de décollage d'urgence. Cela dure six heures. Le 21 juillet à 3 h 56 min 15 s (heure française; 2 h 56 min 15 s GMT mais le 20 juillet à 21 h 56 min 15 s pour l'est des États-Unis), Armstrong, une fois les préparations terminées, devient le premier homme à poser le pied sur la Lune. La caméra embarquée se met en marche. L'astronaute décrit le sol et la sensation de son pied sur la surface lunaire, puis prononce ces mots qui resteront dans l'histoire : "c'est un petit pas pour l'homme, mais un bond de géant pour l'humanité". Aldrin le rejoint un quart d'heure plus tard. La décision pour savoir qui allait descendre le premier avait été tranchée des mois plus tôt. À l'unanimité, les hauts responsables de la NASA ne voulaient pas que ce soit Aldrin dont on se souvienne pour l'éternité. Il y avait un réel problème de personnalité : Aldrin était très cabotin, il aimait se mettre en avant. Un caractère très loin du posé et taiseux Neil Armstrong, réputé pour son sang-froid. Pendant cent cinquante et une minutes, ils restent sur le sol lunaire sans s'éloigner de plus d'une vingtaine de mètres d'Eagle. Neil Armstrong prend une série de clichés (la première photographie prise est celle d'un sac-poubelle, où se trouvaient de déchets alimentaires et physiologiques) avec un appareil photographique 500 EL d'Hasselbald, avec un objectif Zeiss Biogon 60 mm f/5,6, au boitier directement attaché à sa combinaison, dont la célèbre empreinte laissée dans le sol par Buzz Aldrin, et ce dernier teste sa mobilité en faisant des bonds. Les deux astronautes s'entretiennent avec Richard Nixon, placent une plaque commémorative et le drapeau américain (un drapeau rigide muni d'armatures métalliques pour qu'il reste visible en l'absence de vent). On se limite alors à l'essentiel. Ils déploient un réflecteur laser destiné à mesurer la distance Terre-Lune, un sismomètre et un dispositif de détection des particules du vent solaire. Ils recueillent également 21,7 kilogrammes de roches lunaires, mais ne respectent pas les protocoles des géologues car leur timing est explosé. Avant de quitter la lune, Neil Armstrong se précipite jusqu'au bord d'un cratère de 30 mètres de diamètre et de 4 mètres de profondeur juste à côté du module lunaire Eagle pour y prendre une photo panoramique. Les astronautes après avoir laissé un message de paix située sous l'échelle du LEM, qui comporte les signatures des trois astronautes Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins, ainsi que du président des États-Unis, Richard Nixon ("Ici, des hommes de la planète Terre ont posé pour la première fois un pied sur la Lune en juillet 1969 après J.-C. Nous sommes venus en paix pour toute l'humanité"), ont également laissé d'autres objets symboliques : un disque de silicium contenant les messages des dirigeants de 73 pays dans leur langue nationale (dont le roi Baudouin pour la Belgique), une branche d'olivier (symbole de paix), un écusson en l'honneur de la mission Apollo 1, ainsi que des médailles commémorant la mort des cosmonautes Youri Gagarine (premier homme dans l'espace) et Vladimir Komarov. Puis, après deux heures sur la Lune, il est déjà temps de remonter. Moment délicat et redouté, le décollage du LEM aura finalement lieu sans problème, Armstrong et Aldrin pourront rejoindre le vaisseau spatial – baptisé Columbia – où les attend le troisième homme de la mission, Michael Collins. C'est là où prend place l'anecdote la plus célèbre du voyage : ayant arraché le bouton commandant la mise à feu, Aldrin le remplace par un bouchon de stylo. C'est bien ce qui s'est passé. Pour autant, si Buzz n'avait pas eu ce trait de génie, Eagle n'aurait pas été cloué au sol. Depuis Houston, la NASA aurait très bien pu déclencher l'allumage du moteur. Tous trois regagneront le 24 juillet la surface de la Terre. L'entrée dans l'atmosphère et la descente en parachute se déroule sans anicroche. Dès leur récupération par la Navy, les trois hommes sont enfermés dans un caisson de quarantaine jusqu'au 12 août 1969 au cas où ils auraient rapporté des microbes de la Lune. Ce qui n'est bien sûr pas le cas. Ils y patientent une dizaine de jours avant d'être livrés à l'immense joie populaire sur la 5e avenue de New York. Puis, ils ont été invités à faire le tour du monde. La mission soviétique Luna 15 s'est écrasé sur la lune le 21 juillet, la victoire américaine est totale.
 
La conquête de la Lune, un exploit scientifique et politique500 à 600 millions de téléspectateurs et auditeurs ont suivi l'événement en direct. Et c'était déjà une grande première. Dans le programme précédent, Gemini, les astronautes emportaient des caméras et des films 16 mm qui étaient développés au retour. Le direct n'était pas une priorité pour la NASA. La caméra a donc été incluse tardivement dans la mission. Et on s'est vite aperçu qu'il n'y avait pas assez de bande passante pour les images. Il a été décidé de réduire de 25 images par secondes à 10 images par seconde et de diffuser en noir et blanc plutôt qu'en couleur. Rétrospectivement, cette mauvaise qualité d'image a magnifié l'instant. Pour l'anecdote : le pas de vis de fixation était sous la caméra. La seule façon pour les ingénieurs de la positionner dans le LEM était donc la tête en bas. Voilà pourquoi les cinq premières secondes des images faites sur la Lune sont à l'envers, le temps pour l'ingénieur à Houston de faire une petite manip pour redresser les images. L'Union soviétique, après l'échec de Luna 15, une navette inhabitée programmée pour alunir le même jour, lance malgré tout trois autres engins qui rééditent l'exploit de Zond 5, le programme s'arrête définitivement à la fin de l'année 1970. Enfin, le projet de fusée N1 fut officiellement abandonné en 1974 après que la fusée explose à deux reprises le 26 juin et le 23 novembre 1971, avant d'être caché par la censure soviétique pendant des décennies. Et cela même si les missions Luna 16 (12 septembre 1970), qui revient avec 101 g de sol lunaire, Luna 17 (10 novembre 1970), qui remporte la bataille du vol automatique avec Lukhanod 1, un véhicule à roue de 750 kg, qui a parcouru 120 km, Luna 19 avec une mise sur orbite lunaire le 3 octobre 1971, Luna 20 qui revient sur Terre avec 55 kg de roche lunaire le 3 février 1972, Luna 21 le 8 janvier 1973 avec Lukhanod 2 qui parcourt 27 km en 120 jours, Luna 22 le 2 juin 1974 avec une mise en orbite lunaire pendant 3 jours et des transmissions de photographie, et Luna 24 le 23 août 1976 qui revient avec 170 g de sol lunaire après un forage à 2 m de profondeur, sont des réussites. Á ce moment-là, une page de l'histoire de l'humanité vient de se tourner. Les États-Unis, en compétition avec l'URSS depuis 1957 dans l'espace, ont effacé les affronts de Spoutnik-1 et de Gagarine. Á ce moment-là, on se prend à rêver. On allait construire une base sur la Lune qui serait habitée et le point de départ vers d'autres horizons. Mars entre autres. Et bien non. La Lune verra bien d'autres missions, où après Armstrong et Aldrin, 10 autres astronautes américains fouleront le sol de la Lune jusqu'en 1972, mais la NASA doit annuler le 4 janvier 1970 les missions Apollo 18, 19 et 20 suite à des restriction budgétaires, malgré le but de ces missions destinées à la découverte lunaire et les exploits qui y sont attachés  : Apollo 12 (14 novembre 1969 – 24 novembre 1969), est frappé par la foudre mais cela n'affecte pas le décollage, et passe plus de 30 heures sur la lune, et collecte 34 g d'échantillons lunaire, Apollo 14 (31 janvier 1971 – 9 février 1971), pour laquelle l'équipage doit s'y reprendre à cinq reprises pour parvenir à amarrer le module CSM au module lunaire et qui recueille 43 kg d'échantillon lunaire, durant laquelle le vétéran Alan Shepard, qui swingue une balle de golf qu'il avait planquée dans sa combinaison avec un instrument de capture géologique, et Edgar Mitchell effectuent, eux, une vraie virée de 9 kilomètres, Apollo 15 (26 juillet 1971 – 7 août 1971), voit la 1re utilisation du véhicule d'exploration à roue, le «rover», 27,9 km sont parcourus pour une vitesse de 12,5 km/h, qui ne s'éloigne que de 10 km par mesure de sécurité, et 76,7 kg de roches lunaires sont collectées en 3 sorties, au retour, durant la descente vers le sol terrestre, un des trois parachutes se met en torche sans dommage pour l'équipage , Apollo 16 (16 avril 1972 – 27 avril 1972) utilise à nouveau le «rover» qui parcourt 27 km, où l'astronaute John Young teste ses performances dans son célèbre «Grand Prix lunaire», ne dépassant pas les 10 km/h, et 95 kg d'échantillons lunaires sont collectés, et suite à une défaillance du module Apollo la mission est écourtée, et Apollo 17 (7 décembre 1972 – 19 décembre 1972), la mission de tous les records malgré plusieurs chutes des 2 astronautes, le géologue Harrisson «Jack» Schmitt et le commandant de la mission Gene Cernan, le dernier à avoir marché sur la lune, où le «rover» parcourt 35 km et 100 kg de roches sont collectés. Puis c'est le coup d'arrêt et la Navette spatiale est rentrée en lice en 1973 malgré le fait que la mission Apollo 13 entre le 11 avril et 17 avril 1970 a retenue l'attention des médias. 55 heures après son décollage, elle voit son réservoir n°2 d'oxygène liquide exploser, ce qui l'oblige à contourner la lune, et l'équipage (Jim Lovell, Jack Swigert, et Fred Haise) se sert du module lunaire comme d'un véhicule de sauvetage, ce qui lui permet de rentrer sain et sauf.
 
La conquête de la Lune, un exploit scientifique et politiqueDepuis quelques années, de nouvelles puissances (Japon, Chine, Inde, Iran, Israël) ambitionnent de prendre part à l'exploration spatiale en parallèle avec les États-Unis, l'Europe et la Russie. En 2013, la Chine fait rouler un rover (sonde capable de se déplacer sur un astre) sur la Lune (mission Lapin de jade) et envoie en décembre 2018 un engin chargé de se poser sur sa face cachée. Déterminée à y envoyer des Taïkonautes (voyageurs de l'espace en chinois) d'ici 2036, la Chine s'affirme comme la rivale de la puissance américaine. Cette dernière a décidé de reprendre l'exploration lunaire en 2024 afin de préparer un voyage vers Mars. Partir de la Lune pour aller vers Mars permettrait de s'affranchir de l'atmosphère terrestre. D'autres concurrents sont sur les rangs. Ce nouveau programme, appelé Artemis, du nom de la s½ur jumelle d'Apollo, a pour but d'envoyer le prochain homme et la première femme sur le pôle sud de la Lune. La dernière phase d'Artemis est prévue pour 2024 et comptera trois étapes. La première sera non habitée avec un vol test du véhicule spatial Orion, avant une deuxième mission autour de la Lune, puis une troisième avec des astronautes à bord. Ces trois missions seront lancées par la plus grande fusée de tous les temps, le Space Launch System (SLS), dont la construction a pris du retard. En février 2019, une petite sonde israélienne, Beresheet, est partie en direction de la Lune. Malheureusement pour elle, elle s'est crashée en arrivant trop rapidement à la surface, et le 12 juin, l'agence spatiale indienne organise une conférence de presse au sujet de sa mission lunaire Chandrayaan-2, dont le décollage est prévu pour la première quinzaine de juillet 2019, qui a déjà été repoussée à différentes reprises pour des problèmes techniques. L'Agence Spatiale Européenne (ESA) table elle sur une mission robotisée aux alentours de l'année 2025, pour étudier le minerai présent sur la lune. La Lune continue donc d'être le miroir des confrontations terrestres. Et pourtant, 50 ans plus tard, ils sont des millions à penser que pour les premiers pas de l'Homme sur la Lune il s'agissait d'une "fake news". Les théories qui circulent : des images tournées dans un studio à Hollywood, voire par le grand réalisateur Stanley Kubrick. De nombreux sites web et des dizaines de vidéos remettent en cause, encore aujourd'hui, la réalité de la mission Apollo 11. Ils évoquent de prétendues anomalies sur les images délivrées par la Nasa, des ombres suspectes, l'absence d'étoiles dans le ciel ou encore le drapeau américain qui flotte alors qu'il n'y a pas d'atmosphère sur la Lune. Cette mission américaine ne serait qu'une opération montée de toute pièce. Pourtant, ces «théories» n'en sont pas vraiment et reposent sur de nombreux biais argumentatifs et de raisonnement. Les arguments de ceux pour qui la mission Apollo 11 n'est rien d'autre qu'une mise en scène côtoie les thèses dites «platistes» véhiculées par la communauté des adeptes de la Terre plate ou «Flat Earth Society». Le succès de ces théories fumeuses s'explique par un retour en force du fondamentalisme religieux et de l'interprétation littérale des textes sacrés qui apparait en toile de fond de cette mouvance, instrumentalisée par des courants politiques extrémistes. Et comme le montre David Robert Grimes, un mathématicien d'Oxford dans un article publié fin janvier 2016 dans PLOS One et intitulé De la viabilité des croyances conspirationnistes, si Neil Armstrong et Buzz Aldrin n'avaient effectivement jamais marché sur la Lune, la supercherie aurait tenu moins de 4 ans (3,68 ans plus exactement), la NASA comptant à l'époque plus de 400 000 employés (scientifiques, ingénieurs, techniciens).
 
La conquête de la Lune, un exploit scientifique et politiqueCes théories oublient que ces expéditions étaient bien plus dangereuses que celles menées aujourd'hui, et c'est pour cela que les astronautes étaient choisis chez des pilotes d'essais, appartenant à un corps d'élite, qui avait l'expérience des missions dangereuses, et il étaient bien aidé par une équipe de 400 000 personnes pour tous les problèmes techniques, car aller sur la Lune était une mission d'intérêt national qui justifiait tous les risques, mais une fois que les Américains eurent prouvé qu'ils dominaient l'espace, les missions lunaires devenaient redondantes et superflues (et surtout trop chères). Ironie de l'histoire, ce sont des technologies (télévision et informatique) qui doivent beaucoup à Apollo 11 qui servent aujourd'hui à perpétuer ces croyances ridicules. Rendons plutôt hommage aux astronautes et aux équipes de la NASA qui ont rendu possible cet événement et exploit extraordinaire que fut celui de marcher sur la Lune.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures : Jacques Villain, À la conquête de la Lune : la face cachée de la compétition américano-soviétique, Éditions Larousse, 1998, et «PREMIERS HOMMES SUR LA LUNE», Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 28 juin 2019. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/premiers-hommes-sur-la-lune/, Alan Shepard, et Deke Slayton, Ils voulaient la lune, J'ai Lu, 2007, Antony Angrand, De la Terre à la Lune : La conquête spatiale américaine de Mercury à Apollo, Etai, 2010, Matt Fitch, Jean-François Clervoy, et Frank Lehot, Histoire de la conquête spatiale, Vuibert, 2015, Chris Baker et Mike Collins, Apollo, Des hommes sur la Lune, Dunod Éditions, 2018, dans https://www.ligneclaire.info/des-hommes-sur-la-lune-77594.html, , Philippe Henarejos, Ils ont marché sur la Lune, le récit inédit des expéditions Apollo, Belin, 2018, https://www.europe1.fr/societe/apollo-xi-un-bond-de-geant-pour-lhumanite-il-fallait-surtout-que-ce-ne-soit-pas-un-fiasco-en-direct-3776540, https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/la-methode-scientifique-emission-du-jeudi-11-avril-2019, et https://www.franceinter.fr/sciences/jules-verne-et-herge-en-avaient-reve-les-astronautes-du-programme-apollo-l-ont-fait, Robert Stone, La Conquête de la Lune : toute l'histoire, «1964-1968 : Les missions de tous les dangers», Arte, le 17 juillet 2019 (documentaire), Olivier de Goursac, Apollo. L'histoire, les missions, les héros, Flammarion, 2019, Céka et Ygaël, Apollo 11, Les premiers pas de l'homme sur la Lune, Éditions Faton, 2019 (BD), et https://www.ligneclaire.info/ceka-yigael-85486.html, Rod Pyle, Missions sur la Lune, Glénat, 2019, https://www.air-cosmos.com/article/le-premier-vol-circumlunaire-a-50-ans-1644, https://www.bfmtv.com/planete/cinquante-ans-apres-apollo-11-la-nouvelle-course-laborieuse-vers-la-lune-1729727.html, https://www.cnews.fr/monde/2019-03-27/les-etats-unis-veulent-renvoyer-des-hommes-sur-la-lune-dici-2024-824849, http://www.francesoir.fr/culture-medias/20-juillet-1969-un-petit-pas-pour-lhomme-video, https://www.francetvinfo.fr/sciences/espace/espace-50-ans-apres-beaucoup-pensent-que-l-homme-n-a-jamais-marche-sur-la-lune_3528357.html, https://www.grandpalais.fr/fr/article/la-conquete-de-la-lune, https://information.tv5monde.com/info/apollo-11-les-grandes-etapes-de-la-conquete-de-l-espace-4984, https://www.lci.fr/sciences/video-apollo-11-saturn-v-mer-de-la-tranquillite-gemini-columbia-eagle-ces-mots-qui-ont-fait-la-conquete-de-la-lune-21-juillet-1969-neil-armstrong-2123096.html, http://www.lefigaro.fr/sciences/2018/02/06/01008-20180206ARTFIG00221-avant-falcon-heavy-des-fusees-encore-plus-puissantes-ont-existe.php, https://www.lemonde.fr/sciences/video/2019/07/11/lune-pourquoi-peut-on-encore-croire-qu-apollo-11-etait-un-complot_5488283_1650684.html, https://www.lesechos.fr/2009/07/apollo-11-quand-la-course-a-la-lune-etait-au-menu-de-la-guerre-froide-460624, https://www.lepoint.fr/sciences-nature/les-petits-secrets-d-apollo-11-de-la-lune-a-la-terre-14-07-2019-2324458_1924.php, https://www.lepoint.fr/sciences-nature/les-petits-secrets-d-apollo-11-le-retour-triomphal-15-07-2019-2324566_1924.php, http://www.osi-univers.org/La-Fusee-lunaire-sovietique-N1.html, https://www.rtbf.be/info/societe/detail_les-endroits-strategiques-de-la-mission-apollo-11-carte-interactive?id=10271364, et http://www.rfi.fr/emission/20190719-infox-lune-theorie-complot-platiste-terre-plate-apollo-11-flat-earth-society.  
 
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#Posté le dimanche 21 juillet 2019 07:04

La franc-maçonnerie, une histoire fascinante derrière les préjugés et les fantasmes

La franc-maçonnerie suscite toujours autant de fascination que de fantasmes. Pourtant, c'est une formidable aventure humaine avec ses héros, célèbres ou anonymes, et ses utopies. Guerres, révolutions, conspirations, en Europe et en Amérique...
 
La franc-maçonnerie, une histoire fascinante derrière les préjugés et les fantasmesSociété de pensée, ordre initiatique, association philosophique, communauté fraternelle ou simple réseau politique, la franc-maçonnerie demeure, pour beaucoup, environnée d'ombres, de secrets et de fantasmes. La naissance de la franc-maçonnerie spéculative ne date pas de 1717, ni même de 1688 avec l'exil de Jacques II en France après la Glorieuse Révolution, mais a débuté dès 1603 lorsque Jacques Ier, initié maçon, est devenu roi d'Écosse et d'Angleterre dans un contexte de promotion de la littérature, des arts, de l'architecture et des sciences qui inaugurait les Lumières anglo-écossaises. Dans un esprit de pacification, le roi s'accorda à l'idée qu'il fallait dépasser les conflits en excédant les habitudes passées au profit de nouvelles attitudes morales, animées par le rapprochement de personnes ayant des opinions et des croyances différentes. En Angleterre, à partir de 1717, les libéraux, les Whigs, ont occupé le pouvoir pendant de longues années. C'étaient des gens des lumières, des maçons. Pour eux et pour les historiens, la franc-maçonnerie allait donc de soi. La tolérance religieuse promue par un texte essentiel de la franc-maçonnerie, publié dès 1723 en Angleterre sous le titre The Constitutions of the Free-Masons en constitue le socle.
 
La franc-maçonnerie, une histoire fascinante derrière les préjugés et les fantasmesNée au début du XVIIIe siècle, d'une fondation britannique dont elle s'est affranchie très vite, la maçonnerie a su développer, en France à partir de 1725, une identité originale et multiple, dans le sillage de Britanniques exilés pour des raisons politiques ou religieuses, dans l'ambiance libérale et anglophile de la Régence. D'abord accueillie comme une mode par l'aristocratie, elle gagne rapidement la bourgeoisie et s'enracine durablement dans la société d'Ancien Régime avant de s'étendre dès 1740 dans toute la France. «Religion avortée» selon la formule du mathématicien Lagrange, attachée à des rites et des symboles plongeant dans un ésotérisme parfois déroutant, elle a aussi, et dans un même mouvement, fait place à l'esprit des Lumières en pratiquant les vertus du discours et de la raison critique, puisqu'elle se définit dès lors comme un lieu de convivialité où les frères célèbrent la vertu, la fraternité universelle et la vision égalitariste et libérale de la société comme ses valeurs fondatrices. C'est pourquoi certains ont voulu y voir l'une des sources intellectuelles de la Révolution française.
 
La franc-maçonnerie, une histoire fascinante derrière les préjugés et les fantasmesL'amorce de la franc-maçonnerie spéculative s'exprima par une méthode de travail, accompagnée de rites et de divertissements, origine des rituels et des banquets maçonniques. Inspirée par la figure de Salomon, symbole de justice, et l'édification du Temple de l'humanité, symbolisé par des métiers de construction, cette méthode, fondée sur l'initiation et le secret, s'écartait de la pratique des sacrements et de la liturgie ecclésiastiques. Elle eut des destinées variées à cause de la réalité géopolitique et religieuse troublée en Europe et en Amérique qui ont certes favorisé son expansion par d'innombrables bifurcations en multipliant les légendes, les obédiences et les rituels, mais qui ont aussi alimenté un anti-maçonnisme permanent à partir de 1738. L'Église catholique, qui s'est sentie menacée face à ce phénomène de pluralisme religieux, qui répandait l'idée que la vérité n'est pas absolue mais qu'elle est à rechercher, comme l'est la science. Les mythes chrétiens étaient menacés de ne plus être la vérité. L'anti-maçonnisme a donc commencé.
 
La franc-maçonnerie, une histoire fascinante derrière les préjugés et les fantasmesAu XIXe siècle, elle s'est résolument impliquée dans la vie sociale du pays durant ce «siècle des Révolutions» (1830, 1848, 1870) accompagnant, et souvent, devançant et inspirant, les progrès sociaux. Ce qui l'a conduite à exprimer des conceptions civiques et parfois politiques pour devenir, entre 1870 et 1940, une véritable «Église de la République». Gambetta, Jules Simon, Jules Ferry..., la plupart des grandes figures qui fondent la IIIe République appartiennent à la franc-maçonnerie. Pour eux, l'école, le suffrage universel et la science sont les clefs du progrès. Les francs-maçons vont ainsi conduire, à marche forcée, un bouleversement en profondeur de la société française qui transforme en quelques années un pays rural et conservateur en une démocratie moderne. Les lois sur la liberté de la presse, la liberté d'association, la laïcité, le code du travail, l'école laïque et obligatoire ou encore les premières bases de la protection sociale leur sont largement redevables.
 
La franc-maçonnerie, une histoire fascinante derrière les préjugés et les fantasmesAu détour de la Seconde Guerre mondiale, après la terrible persécution subie sous l'Occupation, où elle s'est repliée dans la résistance, dans la marginalité, la franc-maçonnerie française, perd peu à peu de son influence sur les lieux de pouvoir, s'est enfin définie jusqu'à nos jours comme une puissance morale, défendant la laïcité, la tolérance, la dignité humaine, la liberté de l'esprit. Vivant toujours une situation de marginalité, même ici, dans des pays démocratiques, les francs-maçons sont souvent considérés comme faisant partie d'un pouvoir parallèle, d'un complot. La franc-maçonnerie ne serait pas plus secrète que bien d'autres institutions. Les francs-maçons gardent le secret justement parce que c'est un système initiatique. Ce groupe n'admet-il donc pas tout le monde ? Il ne serait pas universel ? C'est le paradoxe de la franc-maçonnerie, c'est un système de cooptation. Ses valeurs peuvent toutefois être appliquées par la société, par l'état de droit.
 
La franc-maçonnerie, une histoire fascinante derrière les préjugés et les fantasmesQuant au «secret», essentiellement lié à la dimension initiatique de la franc-maçonnerie, il touche, non la réalité sociale des loges, qui ont depuis longtemps pignon sur rue, mais le cheminement spirituel intime de leurs membres. Les rites et la méditation autour de symboles doivent en effet conduire le franc-maçon à porter un nouveau regard sur lui-même et à percevoir une réalité plus subtile du monde qui l'entoure. À chaque passage de grade, on raconte au candidat une légende qui est l'occasion de lui présenter différents symboles et de l'engager à certaines réflexions. Ainsi, les rites maçonniques ne délivrent pas simplement un enseignement mais veulent aussi faire vivre une expérience.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Frédéric Lenoir, et Marie-France Etchegoin, La saga des francs maçons, Robert Laffont, 2009, Lambros Couloubaritsis, La Complexité de la Franc-Maçonnerie. Approche Historique et Philosophique, Ousia, 2018, et https://www.rtbf.be/lapremiere/article/detail_a-quand-la-franc-maconnerie-dans-les-livres-d-histoire?id=9878862, Roger Dachez et Alain Bauer, Nouvelle histoire des francs-maçons en France : Des origines à nos jours, Tallandier, 2018, et http://expositions.bnf.fr/franc-maconnerie/arret/00.htm.
 
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#Posté le lundi 26 août 2019 07:22

Modifié le lundi 26 août 2019 07:34

Robert Mugabe, le dirigeant nationaliste triomphant devenu un petit tyran consumé par l'orgueil et l'autosuffisance

Le président zimbabwéen, Robert Mugabe, divise nettement les opinions et incarne les contradictions de l'histoire et de la culture politique de son pays.
 
Robert Mugabe, le dirigeant nationaliste triomphant devenu un petit tyran consumé par l'orgueil et l'autosuffisanceNé le 21 février 1924 dans la mission catholique de Kutama (Centre), Robert Gabriel Mugabe, fils de charpentier, est décrit comme un enfant solitaire et studieux, qui surveille son bétail un livre à la main. Il suit les cours des missionnaires catholiques, caressant un temps l'idée de devenir prêtre, il devient enseignant au Ghana, et séduit par le marxisme, il découvre la politique à l'université de Fort Hare, la seule ouverte aux Noirs dans l'Afrique du Sud de l'apartheid, puis en 1960 rentre en Rhodésie, l'ancien nom du Zimbabwe, pour y combattre le pouvoir de la minorité blanche, tout aussi raciste que chez son voisin sud-africain. Emprisonné pendant 10 ans après avoir critiqué le gouvernement de la Rhodésie en 1964, et où il est été élu président de l'Union nationale africaine du Zimbabwe (Zanu), dont il était membre fondateur en 1973, les autorités lui refusent d'assister aux obsèques du fils de quatre ans qu'a eu sa première femme, Sally Hayfron, d'origine ghanéenne, morte en 1992, Robert Mugabe s'enfuit et rejoint le Mozambique. Il devient un des leaders de la guérilla contre le régime de Ian Smith, avec la ZAPU de Joshua Nkomo, qui fait 27 000 morts de 1972 à 1979.
 
Robert Mugabe, le dirigeant nationaliste triomphant devenu un petit tyran consumé par l'orgueil et l'autosuffisancePar la suite des espoirs d'idéalisme et de réconciliation après l'indépendance en 1979 à la victoire électorale dans la première élection multiraciale du pays en 1980, où Robert Mugabe devient Premier ministre, et son partenaire de lutte, Joshua Nkomo, ministre de l'Intérieur, font de lui un homme politique brillant, qui incarne alors l'Afrique indépendante. Populaire jusqu'en Occident, il inclut la minorité blanche dans son gouvernement. Il surprend alors les observateurs par sa magnanimité envers ses anciens ennemis, laissant le pouvoir économique des Blancs pratiquement intact. C'est l'âge d'or du tout jeune Zimbabwe. Le pays s'enrichit durant une décennie de croissance. L'éducation progresse. La méthode Mugabe devient un modèle pour l'Afrique.
 
Robert Mugabe, le dirigeant nationaliste triomphant devenu un petit tyran consumé par l'orgueil et l'autosuffisanceSept ans plus tard, premier virage autoritaire. Il devient le premier président exécutif du pays après une révision de la Constitution, à la tête d'un régime de quasi parti unique. L'opinion internationale est aveugle devant les abus et les attaques sur les droits de l'Homme. Il massacre les dissidents comme dans le Matabeleland en 1982. Au moins 20 000 morts pour écraser l'opposition de son rival Joshua Nkomo. Dans les années 1990, lorsque l'économie du Zimbabwe s'est effondrée, Mugabe s'est tourné vers un populisme raciste. Affaibli politiquement, déstabilisé par ses compagnons d'armes de la guerre d'indépendance, et devant faire face au mouvement syndical qui s'est organisée contre lui à la fin des années 1990, Robert Mugabe décide de leur donner du grain à moudre en les lâchant contre les fermiers blancs, qui détiennent toujours l'essentiel des terres du pays.
 
Robert Mugabe, le dirigeant nationaliste triomphant devenu un petit tyran consumé par l'orgueil et l'autosuffisanceEt en 2000, sa réforme agraire tourne au désastre. 4000 fermiers blancs quittent le pays, dans la violence. Et la redistribution des terres profite surtout aux amis politiques de Mugabe, qui ne sont pas des agriculteurs. Sans formation ni connaissance agricoles, ni capital pour investir, les rendements s'écroulent. Ancien grenier à blé de l'Afrique, le Zimbabwe traverse une période de famine. Impensable auparavant, le Zimbabwe doit alors compter sur l'aide alimentaire étrangère pour survivre. Une catastrophe économique dont le pays ne se remet toujours pas, 20 ans après. Á cela s'ajoute, l'intervention désastreuse de la deuxième guerre du Congo de 1998 à 2003, coûtant un milliard de dollars au pays et de nombreuses vies.
 
Robert Mugabe, le dirigeant nationaliste triomphant devenu un petit tyran consumé par l'orgueil et l'autosuffisanceMugabe bascule alors peu à peu dans la paranoïa, notamment vis-à-vis des opposants, des médias et des Occidentaux. Dans des diatribes anti-impérialistes au vitriol, Robert Mugabe rend l'Occident responsable de tous les maux de son pays, notamment sa ruine financière, et rejette toutes les accusations de dérive autoritaire. Les élections sont truquées et provoquent un déchaînement de violence. Le harcèlement et l'intimidation de membres du parti du Mouvement pour le changement démocratique lors des élections truquées de 2002, qui le pousse à raser des quartiers entiers de Harare en 2005 pour «punir» l'électorat de l'opposition, 2008 et 2013 est alors constant. En 2008, les heurts entraînent la mort de plus de 200 personnes, mais le rival de Mugabe, Morgan Tsvangirai, est écarté.
 
Robert Mugabe, le dirigeant nationaliste triomphant devenu un petit tyran consumé par l'orgueil et l'autosuffisanceMalgré ces assurances, sa santé décline. En 2015, il est surpris à prononcer le même discours à un mois d'intervalle. Les photos de ses siestes pendant les réunions internationales n'en finissent plus de faire rire la planète. Il a aussi mené un combat très personnel contre l'homosexualité dans son pays. En septembre 2015, il avait stupéfait les Nations unies après avoir déclaré à la tribune que les Zimbabwéens n'étaient pas gays. Incarnation jusqu'à la caricature du despote africain prêt à tout pour prolonger son règne, il promet pourtant de fêter ses 100 ans au pouvoir. Il ne tiendra pas parole.
 
Robert Mugabe, le dirigeant nationaliste triomphant devenu un petit tyran consumé par l'orgueil et l'autosuffisanceEt jusqu'en novembre 2017, où il est contraint de quitter le pouvoir, Mugabe devient alors une caricature d'autocrate. La présence à ses côtés de Grace, sa femme de 41 ans sa cadette, moins appréciée que sa 1re femme Sally, ajoute à la dérive du pouvoir puisqu'il la nomme à la présidence de sa puissante Ligue féminine en décembre 2014 et effectue une vaste purge. Celle qu'on surnomme Gucci Grace pour son goût du shopping semble vouloir lui succéder à la tête du pays. Elle échouera. L'armée lâche Mugabe. Son parti, la Zanu-PF, et la rue également. Emmerson Mnangagwa fera tomber avant Comrad Bob. Il a 93 ans. Il dénoncera plus tard un «coup d'État» et, plein de ressentiment, appellera à demi-mot, à la veille des élections générales de 2018, à voter pour l'opposition. Mugabe a été mis dans une cage dorée, un EPHAD de luxe à Singapour, avec dix millions de dollars à la clé. La même année, il a encore dépensé 800 000 dollars pour son anniversaire et l'a célébré dans une région souffrant de sécheresse et de pénuries alimentaires, selon CNN. Le 6 septembre 2019, la présidence du Zimbabwe annonce la mort de Mugabe à 95 ans à Singapour.
 
Le héros devenu tyran au Zimbabwe qu'il a ruiné laisse des souvenirs pour le moins mitigés. Il a laissé un pays englué dans une profonde crise économique qui ne cesse d'empirer, et marqua l'histoire de son pays, pour le meilleur et pour le pire.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille cette lecture : Sue Onslow et Martin Plaut, Robert Mugabe, Ohio University Press, 2018, https://www.foreignaffairs.com/reviews/capsule-review/2018-08-13/robert-mugabe, et https://www.publishersweekly.com/978-0-8214-2324-0,  Stephen Chan, Mugabe : A Life of Power and Violence, I.B. Tauris, 2019, https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/zimbabwe/mort-de-robert-mugabe-quand-le-sauveur-d-un-peuple-devient-son-tyran_3605731.html, https://information.tv5monde.com/info/zimbabwe-robert-mugabe-est-mort-95-ans-319858, et https://www.lepoint.fr/afrique/robert-mugabe-ex-president-du-zimbabwe-est-mort-06-09-2019-2333946_3826.php.
 
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#Posté le mardi 10 septembre 2019 03:32

Modifié le mardi 10 septembre 2019 03:46

Marie Stuart, une reine active et libre, devenue un mythe

Reine de France et d'Écosse, mariée trois fois, mère d'un roi, emprisonnée dix-neuf années avant de finir décapitée à la hache, Marie Stuart, considérée par ses contemporains comme la plus belle femme d'Europe, impose d'emblée à la mémoire la vision d'une martyre. Et pourtant l'histoire de sa vie, quelque dramatique qu'elle ait été, dépasse de beaucoup le cadre intime de sa destinée personnelle.
 
Marie Stuart, une reine active et libre, devenue un mytheFille de Jacques V roi d'Écosse et de Marie de Guise, une grande princesse française, Marie Stuart est reine d'Écosse à l'âge de six jours, en 1542 après la mort de père une semaine après sa naissance, c'est James Hamilton, le plus proche héritier de la couronne d'alors, qui prend la régence jusqu'en 1554, puis la reine mère Marie de Guise jusqu'à sa mort en 1560, et Marie est l'enjeu, dès l'âge de cinq ans, des convoitises diplomatico-matrimoniales de l'Angleterre et de la France, ce qui lui permet de devenir reine de France en 1559 à dix-sept ans par son mariage avec François II, fils du roi de France Henri II et de Catherine de Médicis, elle connaît alors la gloire et l'enchantement de vivre à la somptueuse cour des Valois. Ronsard lui dédie des poèmes et elle est la coqueluche de tous les artistes de la cour.
 
Veuve à 18 ans en 1560, après deux ans de complots et de traquenards, elle rentre en Écosse, seule en une cour de lords calvinistes, avides, hostiles, convoitant sa beauté et surtout sa couronne, Marie va alors rencontrer la trahison. De plus, étant une reine catholique dans un pays devenu protestant, Marie est accueillie avec beaucoup de méfiance, et doit affronter la vague protestante, menée par John Knox, soutenue par Elisabeth Ire, cheffe de file de cette nouvelle Eglise. Elle parvient néanmoins à instaurer un gouvernement de conciliation après avoir retrouvé son titre de reine en août 1561. Ennemie de toute violence, éprise de culture et de beauté, d'une rare énergie, elle veut gouverner pacifiquement. Mais, alors qu'elle est sur le point d'apaiser les tensions, elle épouse Henry Stuart, lord Darnley en 1565, qui va précipiter sa chute, et le mécontentement de sa cousine, Elisabeth Ire, du fait qu'elle aura un fils de ce décevant lors, le futur Jacques Ier roi d'Angleterre en 1566, alors que leur mariage se délite après que lord Darnley a tué un de ses proches courtisans, et amène aussi le début d'une révolte nobiliaire et protestante. Déçue par ce mariage, elle devient alors la maîtresse du comte Bothwell, et bascule dans la passion. Lorsque ce dernier assassine Darnley en 1567, après que Marie tombe malade, et alors qu'on la croit mourante elle se rétablit et peu après. Elle se fait enlever par le comte Bothwell et l'épouse, ce qui scandalise la population. L'horreur est telle que Marie déclenche la révolte des lords, elle est alors emprisonnée et abdique le 24 juillet 1567 au profit de son fils Jacques, alors âgé d'un an, puis doit se réfugier auprès de sa rivale qu'elle vénère, Elisabeth Ire, reine d'Angleterre en 1568, commettant alors la folle imprudence de croire à l'hospitalité de sa cousine.
 
Marie Stuart, une reine active et libre, devenue un mytheCelle-ci la retiendra vingt ans captive du fait qu'elle est considérée comme l'héritière légitime du trône d'Angleterre par les catholiques, et est donc perçue comme une menace par Elisabeth, qui pour autant ne veut pas la faire condamner pour meurtre même avec les revendications de Marie sur sa couronne pour négocier son retour en Écosse, et malgré le fait qu'elle gardait des liens avec les puissances papistes du continent se retrouvant ainsi dans plusieurs conjurations, qui finit la faire condamner à mort en 1587 au château de Fotheringhay le 8 février 1587 à dix heures du matin en raison de nombreux rapports de complots catholiques projetant l'assassinat de la reine protestante Elisabeth - et dont certains historiens suspectent qu'ils aient pu être fomentés par les ennemis de Marie. Elle sort grandie du face-à-face qui l'oppose à la machiavélique Elisabeth d'Angleterre, où elle apparaît téméraire, impétueuse, incapable de feindre, d'une naïveté parfois confondante. N'ayant plus rien à perdre, sous sa robe d'apparat, elle porte une tenue rouge et se déclare martyre catholique. Son courage devant le supplice et sa décapitation non sans cruauté du fait que son bourreau était saoul le jour de son exécution et qu'il lui a fallu trois coups de hache pour décapiter, impressionneront les témoins, au point de métamorphoser celle que l'on disait une criminelle en une martyre de la foi catholique... Elle allait avoir quarante-cinq ans, reine déchue qui avait brodé sa devise en ses années de captivité : En ma fin est mon commencement. Sa fin héroïque la transformait en mythe.
 
Sa destinée ne s'interrompt pourtant pas avec sa mort tragique. Elle se poursuit par sa carrière posthume, inspirant depuis quatre siècles historiens, romanciers, dramaturges, poètes, musiciens, peintres. À la fin du XVIIIe et au XIXe siècle, le romantisme transforme la figure de Marie Stuart en une héroïne passionnée. Les artisans les plus connus de cette métamorphose sont Schiller et Donizetti. L'image romantique perdure, notamment sous la plume de Stefan Zweig et grâce aux adaptations cinématographiques. Plus récemment, des lectures féministes sont venues s'ajouter à la succession de strates qui constituent et constitueront le mythe complexe de Marie Stuart.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Michel Duchein, Marie Stuart, Fayard, 1987, Philippe Erlanger, Marie Stuart, Perrin, 1999, Stefan Zweig, Marie Stuart, Le Livre de Poche, 2001, John Guy, Queen of Scots: The True Life of Mary Stuart, Houghton Mifflin, 2004, Hortense Dufour, Marie Stuart : En ma fin est mon commencement, Les Editions du Rocher, 2007, Isaure de Saint-Pierre, Marie Stuart : La reine ardente, Perrin, 2011, Monique Weis, et Hervé Hasquin, Marie Stuart, l'immortalité d'un mythe, Académie Royale de Belgique, 2013, Luc Mary, Marie Stuart : La reine aux trois couronnes, Archipoche, 2019, http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18679396.html, et http://www.leparisien.fr/societe/marie-stuart-reine-terrassee-par-sa-rivale-31-03-2019-8041035.php.
 
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Tags : Histoire, Histoire britannique
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#Posté le mercredi 18 septembre 2019 06:53

Le syndrome de mort asiatique, l'inspiration du film Les Griffes de la Nuit

Le syndrome de mort asiatique, l’inspiration du film Les Griffes de la NuitMême si son créateur Wes Craven s'est éteint en 2015, l'effrayant Freddy Krueger continue de hanter l'imaginaire collectif - et ses pires cauchemars.
 
Le syndrome de mort asiatique, l’inspiration du film Les Griffes de la NuitLancée en 1984 avec Les Griffes de la nuit, la première saga d'horreur du réalisateur américain s'inspire d'un fait divers du Los Angeles Times dans les années 1970 : un enfant cambodgien, traumatisé pour les massacre du camp Choeung Ek au Cambodge par les Khmers rouges entre 1975 et 1979, refusait de dormir à cause de ses cauchemars incessants dans lesquels quelque chose le poursuivait. Un soir, alors qu'il avait réussi à trouver le sommeil, ses parents ont été réveillés par ses hurlements, avant de le retrouver sans vie et le visage marqué par la terreur au moment où ils l'atteignirent. Il y a eu d'autres cas signalés d'hommes dans des situations similaires (des Hmong du Laos) qui se sont réfugiés aux États-Unis et sont décédés plus tard dans leur sommeil. Le phénomène est devenu plus tard connu sous le nom de syndrome de la mort asiatique.
 
Le syndrome de mort asiatique, l’inspiration du film Les Griffes de la NuitEn réalité, ce syndrome de la mort asiatique est sans doute lié au stress des massacres vécus par ces personnes en Asie du sud-est et le fait d'être des réfugiés dans un pays étranger, ce qui surchargea des c½urs déjà fragile et provoqua une mort subite. Sans doute, qu'un défaut génétique peut expliquer cela. Ces morts baissèrent à partir de 1983 et ceux qui en étaient victimes étaient rares.
 
Le syndrome de mort asiatique, l’inspiration du film Les Griffes de la NuitWes Craven imagine alors un serial-killer au visage entièrement brûlé et qui, à la nuit tombée, vient assassiner de jeunes gens dans leur sommeil. Ce qui rend ce croque-mitaine encore plus terrifiant? Son arme : un gant orné de grandes lames aiguisées, qu'il porte le plus souvent à la main droite. «Je cherchais une crainte profondément ancrée dans le subconscient collectif. J'ai trouvé celle des griffes d'animaux et je l'ai transposé dans une main humaine», avait alors expliqué à l'époque le réalisateur de Scream. Une anecdote que le réalisateur avait également partagée sur son compte Twitter en 2014, à l'occasion des trente ans de la sortie des Griffes de la nuit.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : https://www.latimes.com/archives/la-xpm-1987-01-11-mn-3961-story.html, https://www.lefigaro.fr/cinema/2015/08/31/03002-20150831ARTFIG00286-wes-craven-l-histoire-secrete-des-griffes-malefiques-de-freddy-krueger.php, https://www.lexpress.fr/culture/cinema/flash-back-les-griffes-de-la-nuit_973458.html, et https://screenrant.com/nightmare-elm-street-true-story-freddy-krueger-inspiration/.
 
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Tags : Cinéma, Histoire
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#Posté le mercredi 23 octobre 2019 14:01

Le procès de Molsheim, ou comment la peur de la sorcellerie s'en prit à des enfants

Le procès de Molsheim, ou comment la peur de la sorcellerie s’en prit à des enfantsL'étude des procès de sorcellerie a révélé que, sur 76 «sorciers» brûlés à Molsheim, 30 au moins étaient des enfants, soit plus de 40 %, chiffre effarant qu'on doit rarement trouver ailleurs. On ne saurait fournir d'explication globale à cet état de fait, qui correspond à un pic de procès; faut-il l'attribuer au seul effet «boule de neige» ?
 
Á Molsheim, les élèves du collège des jésuites paieront un lourd tribut: dénoncé au mois d'août 1629, le petit Sébastien Geiss, 10 ans, avoue avoir signé un pacte avec le diable, avant de livrer une longue liste de ses camarades de classe. Les coupables sont des petites filles accusées de s'être mariées au Diable, et des jeunes garçons accusés de s'être rendu au sabbat, chaque enfant dénonçant tant de copain, que le collège jésuite se vida. Beaucoup de ces enfants n'étaient pas ignorants, ils savaient écrire même en latin. Ces confessions d'enfants n'étaient pas constantes et se contredisaient les unes les autres. Ces écoliers ou collégiens assimilaient certainement à l'action maléfique du diable les jeux, plus ou moins innocents, que leur sexualité naissante les poussait à pratiquer avec les gamines du lieu.  
 
On livre ses propres enfants : le portier Paul Rauscher dénonce au bailli son fils Sébastien, qui se prétend «séduit par le diable». Deux pauvres sages femmes, Agatha Rinck et Apollonia Stein, sont chargées de vérifier si les jeunes filles et les jeunes garçons sont toujours vierges. Les parents seront, sans indulgence, et poussent leur rejeton à avouer tout ce qu'il sait, ou à condamner leur propre progéniture. Le chapelier Koenig intervient auprès des juges pour que son fils Hans, âgé de 7 ans, ne soit pas gracié : il redoute son retour dans la famille et craint que ses diableries ne contaminent ses quatre autres enfants. Quand, lors de l'interrogatoire, on demande au gosse ce qu'il sait, il répond en toute innocence : «Le Notre Père.» Exécuté en 1630, il est accusé, notamment, de savoir «singer des souris».
 
Les petits avouent tout et n'importe quoi et, quand on les somme de donner les noms de leurs complices, ils désignent leurs copains d'école ou les fillettes de leur nourrice. L'instituteur joue alors fréquemment le rôle du bourreau, rossant les enfants jusqu'aux aveux. Il arriva pourtant qu'un greffier, Zacharia Benseler, du baillage de Dachstein, demande en mars 1630, d'être relevé de ses fonctions. Trop tourmenté. Tourmenté, sans doute, mais révolté. Il propose, pour le remplacer, Barthélémy Koebel, scribe au bailliage, qui, en mai 1630, a prêté serment comme «rédacteur d'actes en matière de crime de maléfice». Les commissaires n'interrogent pas les enfants  à propos de leurs méfaits. Le crime de sorcellerie suffisait en lui-même pour envoyer quiconque au bûcher et même des enfants. Autre particularité : on ne recherche pas sur le corps des enfants les stigmates du diable.
 
Cette folie meurtrière en arriva à 76 sorciers brûlés, dont 30 étaient des enfants. Seul geste de clémence à leur égard: on les décapite au fil de l'épée avant de les brûler. Il aura fallu les misères de la guerre de Trente ans pour faire cesser, du moins dans la région de Molsheim, cette abominable chasse aux sorcières, dont furent victimes trop de petites sorcières et leurs jeunes compagnons de jeux.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Carole Sandrel, Le sang des sorcières, François Bourin Editions, 2016, https://journals.openedition.org/alsace/1036, et https://www.lexpress.fr/informations/les-sorcieres-de-bergheim_648697.html.
 
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Tags : Mythologie, Histoire
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#Posté le mercredi 30 octobre 2019 15:34

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