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Le roi Arthur, la réalité derrière le mythe

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Ce blog s'intéressera avant tout à la question de l'historicité du roi Arthur durant les Dark Ages, une période de grands changements dans la Bretagne post-romaine, et ce qui amena sa légende.

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Marie-Thérèse d'Autriche, ou le pouvoir au féminin

Marie-Thérèse a été considérée de son vivant comme "la mère de l'Autriche". Elle connut pourtant le règne le plus long et d'une énergie indomptable, elle ne parvient pas moins à s'imposer et règnera quarante ans sur la Bohême et la Hongrie, trente-cinq sur l'Autriche.
 
Marie-Thérèse d’Autriche, ou le pouvoir au fémininElle naît après la mort de son frère aîné qui aurait dû être l'héritier du roi Charles VI. Ses parents auront ensuite deux filles, mais aucun héritier mâle. Charles VI doit instaurer la «Pragmatique Sanction», pour léguer le royaume à sa fille aînée. Marie-Thérèse a été éduquée en princesse inoffensive, pas du tout préparée à diriger des peuples. Elle a grandi en apprenant plusieurs langues et l'art de la conversation, a suivi une formation de chant et de danse. Et c'est à peu près tout. Certes, son père Charles VI l'avait désignée comme héritière du trône. Mais jusqu'à sa mort accidentelle, il avait espéré la délivrance divine d'un nourrisson en filiation directe, doté du sexe masculin. Elle respecte son père, mais elle ne l'admire pas. Elle se montre critique envers sa manière de gouverner. D'ailleurs, l'homme n'est guère populaire : c'est un souverain sans prestige. La future régente s'inspire des modèles féminins qui l'entourent : sa grand-mère ambitieuse et sa mère, Marie-Christine, passionnée de politique, qui influence discrètement son mari.
 
Marie-Thérèse accède au trône impérial à l'âge de 23 ans en 1740 en pleine guerre de Succession d'Autriche (1740-1748), la plupart des souverains européens lui déniant le droit de succéder à son père Charles VI, et se retrouve seule contre tous pendant cette guerre man½uvrant intelligemment pour asseoir sa légitimité auprès des puissances étrangères et réussissant à faire valoir ses droits. Elle instaure une corégence avec son mari, François-Étienne. Cette forme de gouvernement lui permet de contrer les obstacles qu'elle rencontre à cause de son sexe : elle ne peut pas diriger l'armée et les grossesses risquent de l'éloigner de l'exercice du pouvoir. Elle se charge des relations diplomatiques; François-Étienne livre bataille et assure l'intérim. Elle essaie de ménager à la fois son trône et son époux qu'elle aime profondément. Marie-Thérèse le soutient en vain contre sa propre famille qui veut le déposséder du duché lorrain. Elle n'hésite pas aussi à s'appuyer sur ce dernier pour étendre son influence : le titre de Saint Empereur romain ne peut être attribué à une femme; Marie-Thérèse part en campagne pour faire élire son mari et garder le titre dans le giron des Habsbourg.  
 
Marie-Thérèse d’Autriche, ou le pouvoir au fémininSi la jeune femme excelle en musique et dans la pratique des langues (dont le français, qu'elle manie à la perfection), elle n'a aucune notion de diplomatie, finances, histoire et géographie contemporaines, matières essentielles à l'administration d'un royaume. Excellente actrice, dotée d'un charme et d'une grâce vantés au-delà des frontières du Saint-Empire, Marie-Thérèse connaît néanmoins ses atouts et saura en user tout au long de son existence pour se sortir de situations désespérées. En 1741, annus horribilis, on la représentait en femme rudoyée, violentée, bientôt nue. C'est un début de règne difficile miné par plusieurs handicaps. D'un point de vue symbolique d'abord, le corps de la femme occupé à la reproduction ne saurait correspondre aux "deux corps du roi", terrestre et mortel dans sa chair, souverain et immortel dans sa fonction de représentation du royaume qu'il est le seul à pouvoir transmettre à son successeur. C'est ainsi que Marie-Thérèse est élue "roi de Hongrie", et non reine, titre qu'elle s'emploiera ensuite à faire reconnaître en 1741. En mars 1741 naît l'héritier mâle tant attendu. Sur les conseils de sa mère, elle le nomme en geste d'action de grâce, Joseph, comme le père nourricier du Christ.
 
Marie-Thérèse d’Autriche, ou le pouvoir au fémininNourri des principes du despotisme éclairé, elle ½uvre à l'unité de ses États en luttant contre les particularismes locaux, en unifiant la législation et en mettant sur pied une classe de fonctionnaires dévoués à la chose publique. Elle alterne féminité et virilité pour se rallier le peuple et quelques fidèles. Gouvernant seule et s'entourant de conseillers qui ne se contentent pas de la flatter, Marie-Thérèse, qui se présente comme une «mère bienveillante», veut se faire aimer de ses sujets. Elle modernise le territoire en créant un état centralisé comme il en existe déjà en France et en Prusse. La popularité ne tarde pas : on salue son travail, son courage, sa bonne foi, son respect de la loi et de la parole donnée. Elle a su aussi se rendre populaire en utilisant l'arme de la proximité : elle osait se promener à pied dans Vienne et incarnait la bonne mère du peuple. Quoiqu'elle eût imposé le catholicisme comme religion d'État, du fait qu'elle est profondément pieuse, elle rejette toute guerre offensive - elle ne se remettra jamais d'avoir accepté le partage de la Pologne en 1772 -, mais elle instaure à Vienne un ordre moral et une persécution contre les protestants et les juifs qui constituent le revers sombre de son règne, et elle n'hésite pas à prendre des mesures anticléricales dès que les intérêts de ses sujets sont en jeu.
 
Marie-Thérèse d’Autriche, ou le pouvoir au fémininAvec son mari, elle donnera seize enfants à la famille des Habsbourg, hantée par l'angoisse de la filiation. Tous destinés en principe à amasser un trésor pour l'avenir – c'est ainsi qu'elle maria en 1770 au futur Louis XVI la quinzième d'entre eux, Marie-Antoinette. Chacun constituant aussi une personne particulière dont elle prenait grand soin. Elle ne se tenait jamais éloignée de ses enfants, leur organisant de petites fêtes, des rencontres en tête-à-tête. Elle fait ainsi de sa maternité un principe politique qui l'érige en fondatrice d'une nouvelle lignée, les Habsbourg-Lorraine, dont filles et garçons sont aptes à assurer la pérennité. La Hofburg à Vienne, ce n'était pas Versailles. Et la représentation de la souveraine avait peu à voir avec celle de nos rois. Elle veillait à se faire portraiturer en femme aimante, entourée de son mari et de ses enfants, avec parfois un berceau au beau milieu de la toile.
 
Á l'extérieur, son plus grand ennemi, Frédéric II, ravit la Silésie à l'Autriche en 1748 que Marie-Thérèse, malgré la guerre de Sept Ans (156-1763), ne parviendra jamais à récupérer. La défaite la rend plus autoritaire, elle se coupe de ses sujets et s'entoure d'un petit noyau de conseillers. Sa popularité décroît. Marie-Thérèse doit aussi affronter les premiers désaccords avec son mari, obstiné à récupérer le duché lorrain. La reine voudrait s'allier avec la France pour combattre Frédéric II; François-Étienne ne s'y résout pas. Face au désaccord, Marie-Thérèse joue les sentiments : elle supplie, pleure, se met en colère, menace d'entrer au couvent jusqu'à ce que le mari cède. Les concessions sont récompensées : François-Étienne est élu au titre de Saint Empereur romain à la mort de Charles VII en 1747. Marie-Thérèse y trouve un intérêt : les nouvelles responsabilités accaparent son mari, ce qui lui permet de régner librement sur les États dont elle a hérité.
 
Marie-Thérèse d’Autriche, ou le pouvoir au fémininPourtant, la vie familiale vacille. Marie-Thérèse met au monde sept enfants pendant les sept ans de guerre qui l'opposent à Frédéric II (1756-1763). Deux d'entre eux mourront. Elle doit aussi affronter les infidélités de son mari. La reine s'enferme dans un despotisme puritain : elle mène une véritable inquisition contre l'adultère auprès de son entourage. La mort de François-Étienne en 1765 fait sombrer Marie-Thérèse dans la dépression. Une seconde corégence s'instaure avec Joseph, le fils héritier. L'enfant, pourtant aimant, est moins commode que son père. Il faut un troisième homme, le fidèle conseiller Kaunitz, pour calmer les relations conflictuelles entre mère et fils. À partir de 1769, les crises se succèdent. Le fils reproche à la mère de ne le laisser décider de rien. Il menace de démissionner, claque la porte. La mère joue le registre de la sensibilité : elle pleure son fils qui l'abandonne, pour le culpabiliser. Maligne, elle sait aussi céder du terrain pour préserver le successeur.
 
Sur la fin de sa vie, Marie-Thérèse, irrémédiablement dépressive, se réfugie dans la religion et la bigoterie. Le fils héritier devient un despote. La mère déteste les valeurs qu'il incarne. Alors qu'il choisit la guerre pour conquérir la Bavière (1778-1779) et s'attire les foudres de Frédéric II, sa mère saborde l'initiative. Elle écrit une lettre à son ennemi historique pour le convaincre de ne pas mettre en péril la vie du fils chéri. Frédéric II renonce au combat, Joseph est humilié. Il se venge en se rendant auprès de Catherine II de Russie pour la convaincre de rompre son alliance avec Frédéric II. La mère est ulcérée de savoir son fils auprès de sa rivale. Ces perfidies sont vite oubliées au seuil de la mort de Marie-Thérèse : Joseph accourt à son chevet et la veille nuit et jour jusqu'à son trépas en 1780.
 
L'½uvre de cette grande réformatrice sera poursuivie par ses deux fils, Joseph II et Léopold II. C'est elle aussi qui inspira, après sa mort, les désirs de soumission de l'écrivain Leopold von Sacher-Masoch, pour qui le plaisir sexuel naît de l'humiliation infligée par des dominatrices... Marie-Thérèse en icône sado-maso ? Elle qui se donna tant de mal pour rester dans l'Histoire comme une épouse dévouée au duc de Lorraine serait marrie de la trivialité avec laquelle on revisite maintenant sa vie.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Jean-Paul Bled, Marie-Thérèse d'Autriche, Fayard, 2001, et https://www.lalibre.be/culture/livres-bd/marie-therese-roi-imperatrice-et-mere-51b87509e4b0de6db9a64719, Elisabeth Badinter, Le Pouvoir au féminin. Marie-Thérèse d'Autriche, 1717-1780, L'impératrice reine, Flammarion, 2016, https://www.lejdd.fr/Culture/Livres/Elisabeth-Badinter-analyse-le-destin-de-Marie-Therese-d-Autriche-822196, https://www.lexpress.fr/culture/livre/marie-therese-d-autriche-un-gout-prononce-pour-le-pouvoir_1851093.html, https://www.parismatch.com/Culture/Livres/Elisabeth-Badinter-salue-Marie-Therese-d-Autriche-1128023, et https://www.scienceshumaines.com/le-pouvoir-au-feminin_fr_37636.html, https://www.franceinter.fr/emissions/la-marche-de-l-histoire/la-marche-de-l-histoire-24-novembre-2016, https://www.historia.fr/biographies-historiques/marie-th%C3%A9r%C3%A8se-dautriche-le-%C2%AB-seul-homme-de-la-dynastie-%C2%BB, et https://www.lemonde.fr/m-moyen-format/article/2017/03/23/marie-therese-d-autriche-la-premiere-dame-de-fer_5099317_4497271.html.
 
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#Posté le mardi 28 janvier 2020 12:53

François Étienne de Lorraine, grand-père des cours d'Europe

François Étienne de Lorraine, grand-père des cours d'EuropeFrançois Étienne, héritier des ducs de Lorraine, va troquer ses provinces natales contre un destin extraordinaire, celui d'empereur du Saint Empire romain germanique.
 
Né en 1708 dans le duché de Lorraine, y passe les premières années de sa vie, principalement au château de Lunéville, avant, en 1723, d'être envoyé par son père à Vienne, en Autriche, pour poursuivre son éducation à la cour de l'empereur Charles VI. Plus qu'une poursuite de son éducation, il s'agit davantage d'une réorientation de cette éducation, animée par des desseins politiques qui dirigent les modalités et les contenus de la formation reçue par François-Étienne. Duc de Lorraine (sous le nom de François-Étienne) de 1729 à 1736, il épouse Marie-Thérèse d'Autriche, l'héritière de Charles VI, le 12 février 1736
 
François Étienne de Lorraine, grand-père des cours d'EuropeSes armes seront désormais  la clairvoyance, le sens de la négociation et une haute idée de sa lignée. Quittant son duché de Lorraine, il parvient aux plus hautes fonctions dans l'Europe du XVIIIe siècle : après avoir consenti à son mariage à condition de céder la Lorraine à Stanislas Leszczyński (Stanislas Ier), que les Français n'ont pas réussi à mettre sur le trône de Pologne, il devient grand duc de Toscane en 1737 succédant à Jean-Gaston de Médicis, qui n'a pas d'enfant ce qui est confirmé par le Traité de Vienne en 1738, corégent le 20 octobre 1740 quand Marie-Thérèse succède à Charles VI, vice-roi de Hongrie en 1741, puis empereur du Saint Empire en 1745 à la mort de l'empereur Charles VII Albert, Électeur de Bavière, qui était l'un des principaux adversaires de sa femme. Ce descendant de Charlemagne et de Saint Louis évolue dans une période troublée et ses décisions sont parfois violemment contestées.
 
François Étienne de Lorraine, grand-père des cours d'EuropeAvec l'impératrice Marie-Thérèse, il défendra avec bravoure les intérêts de son empire. Pendant la guerre de la Succession d'Autriche (1740-1748), Marie-Thérèse, qui craint pour la vie de François, lui refuse l'autorisation d'aller défendre son héritage à la tête de l'armée autrichienne et ce, malgré des demandes répétées de l'intéressé
 
François Ier du Saint Empire est un monarque brillant doublé d'un fin politique. Le prince, éduqué à la rude en Autriche, est imprégné de la philosophie des Lumières. Dans cette époque de découvertes et de curiosité sans limites, il va constamment encourager les arts et les sciences. Fondateur de la Maison des Habsbourg-Lorraine, François Ier, par l'immense fortune dont il la dote et par des alliances qui la lient à toutes les cours d'Europe, assure la continuité de la suprématie impériale sur le Saint Empire romain germanique. Sa faible influence politique a été compensée par son fort talent économique.
 
François Étienne de Lorraine, grand-père des cours d'EuropeAprès la mort de l'empereur en 1765, Marie-Thérèse portera son deuil pendant les quinze années qui lui restent à vivre. Il est enterré dans la crypte des Capucins.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Amélie Voisin, «François-Étienne de Lorraine (1708-1765) : un héritage ambigu, un héritage méconnu ?», Annales de l'Est, 7e série, 63e année, numéro spécial, 2013, p. 244., Jean-Louis Von Hauck, François Ier du Saint Empire, Editions Hugues de Chivré, 2014, «FRANÇOIS Ier DE HABSBOURG-LORRAINE (1708-1765) - empereur germanique (1745-1765) duc de Lorraine (1729-1736)», Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 24 janvier 2020. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/francois-ier-de-habsbourg-lorraine/, http://www.aeiou.at/aeiou.encyclop.f/f659693.htm, et, http://www.aeiou.at/aeiou.encyclop.f/f659693.htm;internal&action=_setlanguage.action?LANGUAGE=en, et https://www.britannica.com/biography/Francis-I-Holy-Roman-emperor.
 
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#Posté le mercredi 29 janvier 2020 12:05

Tangun, un fondateur mythique de la Corée aux utilisations diverses

Tangun, un fondateur mythique de la Corée aux utilisations diversesSelon les Chroniques historiques des trois royaumes, compilation de mythes datant du XIIe siècle, Hwan-ung, fils du roi du ciel, qui s'ennuyait, serait descendu sur Terre. Il aurait posé pied sur l'une des montagnes de la péninsule (au sommet du mont Paekdu, aujourd'hui à la frontière de la Chine et de la Corée du Nord). Á une tigresse et à une ourse qui souhaitaient prendre forme humaine, il aurait imposé comme épreuve de séjourner cent jours dans une grotte avec pour toute nourriture des gousses d'ail et des herbes médicinales. La tigresse renonça rapidement, mais l'ourse tint bon et se transforma en femme. S'étant unie à Hwan-ung, elle mit au monde Tangun. Ce "premier" Coréen aurait établi sa capitale à l'emplacement de l'actuelle Pyongyang (site controversé) et nommé son royaume Joseon ("Matin clair"), nom de la Corée jusqu'en 1945.
 
Dangun aurait donc fondé le royaume de Joseon, lors de la 25e année du règne de Yao, un des 5 empereurs mythiques de la Chine, c'est-à-dire en 2333 avant notre ère. Mais, le mythe de Tangun, d'origine sibérienne et chamane, aurait été modifié revu et corrigé par la culture chinoise. Les fouilles les plus récentes valident cette hypothèse puisqu'elles ont permis d'exhumer des poteries du Néolithique et de l'âge du bronze (Xe siècle av. J.-C.) apparentées à celles de Sibérie. La présence de l'ours dans leur mythe fondateur rappelle l'origine sibérienne des premières populations coréennes. Nomades sibériens de la région du fleuve Amour, Toungouses et Yemaek de Mandchourie ont progressivement pris possession de la péninsule coréenne. La Corée partage ainsi avec l'ensemble des peuples eurasiatiques une tradition de sépultures surmontées de dolmens, alors que ces mégalithes sont totalement absents de Chine. De même, la langue coréenne n'est pas une langue chinoise mais appartient à la famille ouralo-altaïque.
 
Tangun, un fondateur mythique de la Corée aux utilisations diversesCe mythe serait le lointain écho d'une victoire du clan de l'ours sur celui du tigre, entériné par un arbitre à l'aura mystique. Certains historiens ont suggéré que Tangun serait un titre, porté par un prince-chamane désigné par les tribus pour célébrer les rites collectifs, prendre une décision cruciale, ou vouer une campagne militaire conjointe aux meilleurs auspices. La Corée devait ressembler à une confédération culturelle et religieuse aux contours instable et à l'équilibre précaire. Les royaumes agricoles de l'est, et les confédérations guerrières se sont livrés des guerres incessantes sur la vallée du Liao, et le système étatique chinois semble l'avoir emporté sur la Corée archaïque. Les premières formes d'organisation politique apparaissent au nord de la Corée, dans le Liaodong – région de l'actuelle Mandchourie. La zone d'expansion maximale des tribus coréennes n'a jamais dépassé les bords du fleuve Liao.
 
Toutefois, il n'existe pas de preuve archéologique. Ce mythe peut également symboliser l'arrivée de l'âge de bronze en Corée. Le métal fut apporté de Mandchourie pendant le IIe millénaire av. J-C. Le sommet où s'installa Hwanung correspondrait au mont Paektu, séparant la Chine et la Corée du Nord. Lors de la dynastie Goryeo (918 – 1392), Pyongyang a été choisie comme capitale car la ville correspondrait à la première capitale de Tangun et du peuple coréen. Pendant la dynastie Joseon (1392 – 1910), c'est le dieu de la montagne Shamam, Sanshin, qui est représenté sous la forme de Tangun avec une couronne. L'½uvre écrite de Il Yeon intervient au moment des invasions mongoles au XIIIe siècle et Tangun commence à devenir un refuge de la culture coréenne contre les ennemis.
 
Tangun, un fondateur mythique de la Corée aux utilisations diversesLa figure de Tangun, symbole d'une autonomie ethnique et culturelle coréenne, apparaît régulièrement lors de crises nationales - comme les invasions mongoles du XIIIe et XIVe siècles. Mais ce fut au crépuscule de la dynastie Yi, marqué par la mainmise du Japon sur la péninsule sous forme d'un protectorat (1905) puis d'une colonisation (1910), que la légende prit le tour d'un mythe fondateur. Confrontés à une crise d'identité provoquée par la volonté du colonisateur d'éradiquer l'identité locale, les Coréens trouvèrent dans la figure du Grand Ancêtre le ferment d'un nationalisme pré-moderne dans lequel la nation est pensée moins en tant qu'État que comme entité ethnique. Et apparut une historiographie à la Jules Michelet, épique, romantique, tragique : celle d'un peuple à l'identité enracinée dans une terre. A partir de cette époque, Tangun devint l'objet d'un véritable culte.
 
Tangun, un fondateur mythique de la Corée aux utilisations diversesAu lendemain de la libération de la Corée du joug japonais, la République de Corée (Corée du Sud) fit de Tangun une figure tutélaire et institua un calendrier (dont le point d'origine est l'année 2333 avant J.-C.) qui sera employé parallèlement au calendrier grégorien jusqu'en 1961. La légende de Tangun est encore aujourd'hui le point d'orgue de l'identité coréenne. Emporté par l'enthousiasme d'une victoire coréenne lors la Coupe du monde de football en 2002, le président Kim Dae-jung avait déclaré : "C'est le plus beau jour de l'histoire de la Corée depuis Tangun..." La Corée du Nord n'est pas en reste. Après avoir relégué Tangun au rang des superstitions, elle l'a "réhabilité". Et, en 1993, aurait découvert son tombeau et ses ossements au pied du mont Taebaek, aux environs de Pyongyang. Une "stupéfiante découverte" qui laissa sceptiques archéologues et historiens au Sud. En tout cas, on construisit sur le site un gigantesque mausolée où ont lieu des rites de vénération. Ils témoignent de l'importance du mythe fondateur dans le nationalisme - lui aussi ethnique - du régime nord-coréen, qui cherche ainsi à s'inscrire dans une continuité historique remontant au temps des héros.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Pascal Dayez-Burgeon, Histoire de la Corée : Des origines à nos jours, Tallandier, 2012, https://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/la_coreepays_du_matin_clair_et_frais.asp, https://koreasowls.fr/tangun-le-mythe-fondateur-de-la-coree/, et https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2011/10/07/le-grand-ancetre-de-la-coree_1583967_3216.html.
 
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#Posté le mercredi 05 février 2020 13:56

Sinbad le Marin, l'aventurier des sept mers

Sinbad le Marin, l’aventurier des sept mersSinbad le marin est l'une des parties des Mille et Une Nuits, vaste recueil de contes élaboré par des générations d'auteurs entre le VIIIe e XIIe siècle. Elles ne figurent pas dans le corpus d'origine du recueil, mais sont introduites au XVIIIe siècle par le premier traducteur des Mille et Une Nuits, Antoine Galland. Ce récit particulièrement célèbre a pourtant bien été retranscrit en arabe entre le IXe et le XIIe siècle. Or, jusqu'à ce jour, peu de personnes savaient que ces  aventures  avaient  été  traduites  en  français  dès  1701, sous le titre de Sindabad le marin, par  un  autre orientaliste, François Pétis de La Croix.
 
Et quel récit ! Sinbad le Marin a voyagé sur les sept océans du monde; on connaît ses exploits et ses richesses. Hindbad est le porteur, le miséreux qui s'insurge que l'on dépossède ceux qui n'ont rien et que l'on donne à ceux qui ont tout. Il se plaint à Allah des injustices d'un monde qui permet aux riches de vivre avec largesse tandis qu'il doit travailler d'arrache-pied pour nourrir sa famille. Un jour, les deux hommes se rencontrent, et Sinbad l'invite à sa table et lui révèle les secrets de ses sept fabuleux voyages. Tout commence à Bagdad, le jeune et intrépide Sindad décide de devenir négociant et de partir sur les mers pour faire fortune. Mais ses voyages d'affaires ne sont pas de tout repos ! Du golfe persique aux Indes, il découvre des îles dangereuses, celles de Vakvak, de Kela, de Comari, de Serendib, peuplées de poissons à têtes de hiboux et de serpents gigantesques, affronte tempêtes et naufrages avant de combattre de redoutables corsaires et des géants cannibales. Ses voyages vont le conduire vers des aventures où il faudra ruser, s'enfuir, se battre contre d'étranges créatures. Plus encore, c'est la sagesse qu'il transmet à Hindbad.
 
Sinbad le Marin, l’aventurier des sept mersLes inspirations pour le récit sont diverses. À bien des égards, il évoque les péripéties de L'Odyssée d'Homère. Sindad est un marchand qui sillonne les mers pour mener à bien ses affaires. Ce faisant, il rencontre comme Ulysse de nombreux obstacles, notamment un cyclope qui menace sa vie. Plus encore, les voyages de Sinbad sont inspirés de véritables expériences de marins de l'océan indien. Dès le début de l'Islam, les Arabes prennent le contrôle des routes maritimes, depuis le golfe Arabo-persique jusqu'en Chine. Les premiers navigateurs utilisaient des instruments très simples pour s'orienter, notamment le Kamal, petite planche de bois reliée à une ficelle, adapté à la hauteur des étoiles. Les techniques de construction - notamment celle des planches cousues avec des cordages en fibre de coco - des bateaux sont aussi efficaces pour l'époque. Durant ses voyages dans les mers de l'est de l'Afrique et du sud de l'Asie, Sinbad  vit de nombreuses aventures fantastiques. La mer à l'époque, était étrange et redoutable. Sur elle plane l'inquiétant oiseau Rukhkh. Des monstres marins la peuplent, que figurent les miniatures fabuleuses des 'Ajâ'ib, les Merveilles de la Création du lettré persan al-Qazwînî. Statuettes, tableaux, ex-votos, miniatures latines et arabes soulignaient la dimension mystique, dans les traditions religieuses, des dangers de la mer. Les manuscrits et cartes antiques montrent que de la Méditerranée à l'océan Indien, on avait autant peur des monstres marins que des tracés exacts. Pour prendre la mer, il aura fallu apprendre à la maîtriser et éviter ses dangers.
 
Sinbad le Marin, l’aventurier des sept mersEt Sinbad dans tout ça ? Il est peut être basé en partie sur un aventurier et commerçant persan nommé Soleiman al-Tajir ("Soloman le marchand"), qui a voyagé de la Perse jusqu'au sud de la Chine vers 775 avant notre ère. D'une manière générale, au cours des siècles d'existence du réseau commercial de l'océan Indien, les commerçants et les marins ont parcouru l'un des trois seuls grands circuits de mousson, se rencontrant et échangeant entre eux aux n½uds où ces circuits se rencontraient. Siraf est considéré comme la première personne d'Asie occidentale à terminer lui-même tout le voyage. Siraf a probablement acquis une grande renommée à son époque, surtout s'il rentrait chez lui avec une cale pleine de soie, d'épices, de bijoux et de porcelaine. Il était peut-être le fondement factuel sur lequel les histoires de Sinbad ont été construites. Mais plus intéressante est l'hypothèse qu'il serait inspiré d'un marin omanais, originaire de la ville de Sohar, qui a réalisé en 750 le premier voyage aller-retour de Mascatte (la capitale de l'Oman) à Canton, en Chine, en quittant le port de Bassora, dans ce qui est maintenant l' Irak. Comment il en est venu à avoir un nom indien persanisé n'est pas clair. Il aurait été actif durant l'âge d'or du commerce omanais qui se situe entre le VIIe et le XVe siècle avec l'ouverture de la route maritime de la soie et le développement des ports de Mascatte, Sohar, Qalhat et Sur. Cela a permis la circulation de trésors tels l'encens, le cuivre, les épices et les dattes, des produits typiquement omanais...
 
Sinbad le Marin, l’aventurier des sept mersUne telle navigation était-elle possible ? En 1980, une équipe mixte irlandaise-omanaise a navigué sur une réplique d'un boutre du IXe siècle de l'Oman vers le sud de la Chine, en utilisant uniquement des instruments de navigation d'époque, afin de prouver qu'un tel voyage était possible. Ils ont réussi à atteindre le sud de la Chine, prouvant que des marins auraient pu le faire il y a plusieurs siècles, mais cela ne nous rapproche pas davantage de prouver qui était Sinbad ou de quel port occidental il a navigué. Selon toute vraisemblance, des aventuriers audacieux et décontractés, tout comme Sinbad, sont partis de n'importe quel nombre de villes portuaires le long de l'océan Indien à la recherche de nouveautés et de trésors. Nous ne saurons probablement jamais si l'un d'eux en particulier a inspiré les «Contes de Sinbad le marin».
 
Sinbad le Marin, l’aventurier des sept mersSinbad s'est avéré une figure populaire au cinéma et à la télévision, où, cependant, ses aventures ont généralement eu peu de lien avec sa version originale de 1001 nuits. Douglas Fairbans Jr l'interprète dans Sinbad le Marin en 1947, et Guy Williams dans Capitaine Sinbad en 1963, font des Sinbad virevoltant dans des récits dynamiques et magnifiques à voir, et Lou Ferrigno dans Sinbad et les Sept Mers en 1989, dans un très bon nanar sympathique à voir. Gene Kelly fera le personnage de Sinbad dans le cartoon dansant d'Hannah-Barbera en 1957, dans Invitation to the dance, tandis que Toei produisit en 1962 le film Les Mille et Une Nuits, Sinbad le Marin, et on voit l'intrépide marin dans Les Mille et Une Nuits en 1969 d'Osamu tezuka, pour un public sophistiqué et adulte, puis entre 1975 et 1976, Fuji TV, diffuse Sinbad le Marin, alors qu'un film britannique animé voit le jour en 1979, et l'intrépide marin aura même le droit à sa propre série TV entre 1996 et 1998, Les Aventures de Sinbad, puis en 2012 dans une série britannique moins inspirée. Un sympathique film animé d'aventure éloigné du récit original est venu se greffer sur ces ½uvres en 2003, Sinbad : La Légende des sept mers. Il est également Sinbad présent dans le manga et l'anime Magi the labyrinth of magic, et dans ses propres aventures dans le manga Sinbad no bouken, qui aura le droit à un OAV en 2014 et à une série animée en 2016.
 
Sinbad le Marin, l’aventurier des sept mersEnfin, sont sorties en 2019 trois aventures fantastiques colorées en Blu-ray mettant en vedette l'animation du pionnier du stop-motion Ray Harryhausen - Le 7e voyage de Sinbad, Le voyage d'or de Sinbad, Sinbad et l'¼il du tigre. Dans Le 7e Voyage de Sinbad (1958), le célèbre marin doit accompagner un magicien sur une île peuplée de monstrueux cyclopes (et autres bestioles) pour y retrouver une lampe magique. Après le succès de son premier film, Harryhausen reviendra pour deux autres voyages avec l'aventurier arabe dans les années 70. Dans le Voyage Fantastique de Sinbad (1973) est une course-poursuite maritime et mythologique entre le marin et un sorcier noir, Koura, qui tente de récupérer un médaillon. Celui-ci constitue la carte qui permet d'accéder à une source de pouvoir. Son succès au box-office verrait une suite sortie quatre ans plus tard - la même année que Star Wars -, Sinbad et l'¼il du tigre (1977), quant à lui, raconte comment l'aventurier va tenter de lever la malédiction jetée sur son ami le prince Kassim, transformé en babouin. Pour cela, il devra retrouver un magicien légendaire. L'¼il du tigre souffrait en comparaison dans des films sortis en salle, ayant l'air daté et démodé, avec un travail en stop-motion qu'on pensait largement oubliable. Pourtant, il n'en était rien, et depuis ce film a le droit à un retour en grâce.
 
Sinbad le Marin, l’aventurier des sept mersSinbad le marin est un voyage vers l'aventure, mais aussi une morale sur l'obtention de la sagesse à travers un récit, où la fortune n'est pas l'essentiel, mais ce qu'on obtient après de longs voyages.
 
Pour aller plus loin, je vous mets ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Ulrich Marzolph, Richard van Leeuwen, et Hassan Wassouf, The Arabian Nights Encyclopedia, Volume 1, ABC-CLIO, 2004, L'Exposition Oman et la mer, Musée national de la marine, 16 octobre 2013 au 05 Janvier 2014, dans https://voyage.blogs.la-croix.com/au-pays-de-sinbad-le-marin/2013/10/24/, et  https://www.artscape.fr/oman-mer-paris-musee-marine/, Richard B. Armstrong, et Mary Willems Armstrong, Encyclopedia of Film Themes, Settings and Series, McFarland, 2015, L'Exposition Aventuriers des mers, De Sindbad à Marco Polo, Institut du monde arabe, 15 Novembre 2016 - 26 février 2017, dans https://www.imarabe.org/fr/expositions/aventuriers-des-mers, et https://www.lci.fr/culture/si-ca-tangue-c-est-normal-partez-naviguer-avec-sindbad-et-les-grands-marins-d-antan-a-l-institut-du-monde-arabe-2014778.html, Coffret Ray Harryhausen Sinbad, La Trilogie Blu-ray, 2019, dans https://edition-limitee.fr/index.php/15-blu-ray-dvd/3174-sinbad-coffret-collector-blu-ray-dvd-ray-harryhausen, https://www.lemagducine.fr/sorties-dvd-blu-ray/sinbad-trilogie-film-bluray-sidonis-calysta-critique-10009152/, et https://www.theskinny.co.uk/film/dvd-reviews/the-sinbad-trilogy, https://data.bnf.fr/12008321/mille_et_une_nuits__sindbad_le_marin/fr.pdf, et http://expositions.bnf.fr/1001nuits/grand/mil_001.htm,https://www.thoughtco.com/was-sinbad-the-sailor-real-194984, et https://tvtropes.org/pmwiki/pmwiki.php/Literature/SinbadTheSailor.
 
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#Posté le mardi 11 février 2020 03:43

Modifié le mardi 11 février 2020 03:58

Gutenberg, un innovateur peu chanceux

Gutenberg, un innovateur peu chanceuxC'est le 23 février 1455 qu'eut lieu l'impression de la bible de Gutenberg, dont deux exemplaires sont conservés à la Bibliothèque nationale de France. Et cela me permet de parler de Johann Gensfleisch, dit Gutenberg, dont on sait peu de choses.
 
Gutenberg, un innovateur peu chanceuxJohann Gensfleich, dit Gutenberg, est né vers 1400 dans une famille bourgeoise de Mayence, en Allemagne. On sait peu de choses sur sa jeunesse et sa famille. Son père était commerçant et sans doute orfèvre, c'est-à-dire qu'il maîtrisait l'art de forger le métal pour fabriquer des objets. C'est sûrement grâce à son papa que le jeune Gutenberg développe très tôt des capacités dans ce domaine. Sa famille est plutôt riche, alors on pense qu'il est allé à l'école et même à l'université ce qui n'est pas fréquent à l'époque, mais rien ne le prouve. En 1428, les artisans mayençais se révoltent contre leurs dirigeants... Toute la famille décide alors de quitter la ville.
 
Après de longues années d'exil à Strasbourg peut-être à partir de 1434, où il devient un artisan aguerri puisqu'il invente toute sorte d'objets qu'il vend au plus offrant. Il imagine notamment deux outils très utiles : l'un pour polir des pierres précieuses, l'autre pour fabriquer des miroirs, en fait des petits objets de piété en métal reproduits par dizaine de milliers et destinés à être vendus au pèlerinage d'Aix-la-Chapelle en 1440. Ensuite, il y a ce vide dans la vie de Gutenberg, de 1444 à 1448, si irritant pour les historiens alors qu'on le sait tout près du but. Quatre années sans qu'on sache ce qu'il fait ni où il est.
 
Gutenberg, un innovateur peu chanceuxMais ses recherches n'aboutissent pas complètement, et Gutenberg revient à Mayence en 1448 met au point l'invention de l'imprimerie en caractères mobiles, à Mayence, avec l'aide du financier Fust et du calligraphe Schöffer. Ainsi, Gutenberg a pu se lancer et embaucher des ouvriers. Grâce à une machine efficace, la presse, il met au point vers 1450 ce qu'on appelle la typographie. Cette invention va le rendre célèbre. Elle permet de produire des ouvrages à grande échelle. Et c'est grâce à l'alliage de plomb et d'antimoine, que Gutenberg, Fust, et Schöffer sont les premiers à fondre les caractères métalliques qui étaient gravés auparavant. Les premiers essais sont destinés à convaincre Fust de lui prêter de l'argent peuvent remonter à 1449, et les débuts de l'impression à 1452.
 
Gutenberg, un innovateur peu chanceuxEn moins de deux ans, l'imprimerie est probablement terminée et vendue. Guntenberg lance une série d'impressions très inégales, destinées à une large diffusion, sans doute pour rendre viable son invention, des calendriers, des donats et surtout des indulgences, dont une, datée du 22 octobre 1454, est le premier document typographique de date certaine. Cette innovation technique va rendre possible la fabrication rapide et en grande série de livres : l'histoire de l'imprimerie commence. Tous les trois lancent l'impression de 180 bibles le 23 février 1455, et le succès est immédiat. L'ouvrage est mieux travaillé en typographie, dans un meilleur papier. S'il a vendu sans mal les 70 exemplaires réalisés, l'imprimeur n'est pas rentré dans ses frais. Pourtant, par souci d'économie, il est passé de 40 lignes à 42 lignes par page et il a renoncé à la bichromie.
 
Mais cette association avec Fust et Schöffer éclate, en 1455, Gutenberg ne peut rembourser l'atelier d'imprimerie malgré le travail effectué à ses Bibles. Fust le fait saisir et édite en 1457 le premier livre d'imprimerie, le Psaterium. Á partir de 1460, peut-être même dès 1458, il semble cesser son activité d'imprimeur, malgré son retour à des petites publications, des calendriers, des lettres d'indulgence. Il s'agit de formulaires qui laissent l'espace pour rajouter le nom de la personne et la somme donnée. Il finit ses jours en 1468, sans gloire, dans un foyer, avec une rente de l'évêque de Mayence.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures : Guy Bechtel, Gutenberg et l'invention de l'imprimerie, Fayard, 1992, et http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1992-06-0110-002, Goulven Gallais et Michèle Crogiez, Gutenberg : Ou l'aventure de l'imprimerie, Rue des enfants, 2007, Marc Jampolsky, Gutenberg, l'aventure de l'imprimerie, Seppia, Mischief Films, et CFRT, 2016 (docu-fiction), et https://www.cfrt.tv/entretien-avec-marc-jampolsky-a-propos-de-son-nouveau-film-lenigme-gutenberg-un-docu-fiction-coproduit-par-le-cfrt/, Clémentine V. Baron, Gutenberg, Quelle Histoire Éditions, 2018, et https://jeunesse.tv5monde.com/apprendre/les-grands-decouvreurs/johannes-gutenberg, https://www.futura-sciences.com/tech/personnalites/tech-johannes-gutenberg-512/, et http://www.lavie.fr/culture/television/gutenberg-l-aventure-de-l-imprimerie-16-10-2019-101151_31.php.
 
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#Posté le dimanche 23 février 2020 11:13

Le Carnaval, un moment défouloir au Moyen Âge

En ce jour de mardi-gras, je vais vous parler du Carnaval et plus particulièrement durant la période médiévale.
 
Le Carnaval, un moment défouloir au Moyen ÂgeAu Haut Moyen Âge, l'Église, soucieuse d'encadrer les traditions païennes, place Carnaval entre Noël et Pâques. La fête sert désormais de défoulement avant d'aborder la période d'abstinence du carême. Les moments de libération par rapport aux contraintes sociales ou religieuses étaient considérés comme indispensables par les autorités, soucieuses de lâcher un peu de lest en certaines occasions pour éviter les risques de révolte. Elle prend une dimension satirique en permettant une critique des événements du moment. Mais c'est surtout une fête vive et colorée, avec ses masques et déguisements d'une grande diversité, ses bruits, sa musique. C'est ainsi qu'entre le XIe et le XIIIe siècle, on vit fleurir, pendant l'hiver, dans les campagnes et les villes, une gamme variée de pratiques carnavalesques. Elles étaient acceptées et soigneusement contrôlées par l'Église.
 
Le Carnaval, un moment défouloir au Moyen ÂgeLes Carnavals plus tardifs et reflétant une culture plus policée, et beaucoup d'efforts sont donnés  pour en contenir les élans frondeurs, ils témoignent donc de la montée en puissance des institutions municipales en partant des villes. Ces joyeux divertissements dérivent peu à peu vers des fêtes confisquées, vers des leçons d'obéissance, de sagesse politique.  L'un des premiers Carnavals est né à Venise, en Italie, il y a 1000 ans. À cette époque, c'est le Moyen Âge, et la vie est difficile. On travaille très dur toute l'année. Alors, le Carnaval permet de se libérer pendant une courte période. On fait la fête en dansant, en mangeant de la nourriture grasse et en se déguisant.
 
L'Église doit tolérer le port des masques - injures à l'idée d'un homme créé à l'image de Dieu -, les festins, les danses et les rires bannis du carême. Faire du bruit et du désordre, est alors une obligation sociale et des bandes de jeunes gens circulent dans les rues en faisant du bruit avec des instruments.  Le Carnaval rendait alors hommage aux crécelles, cliquettes et autres instruments disparates dans toutes sortes de manifestations désordonnées. C'est une période de tapage et de vacarmes durant laquelle on utilise cors et clarines. Deux mannequins et un pantin représentaient des personnes condamnées ou condamnable étaient faits à l'occasion du Carnaval et étaient détruits avec vacarme lors de la Saint-Jean. On faisait aussi l'examen satirique des défauts d'habitants de la localité, une coutume que l'on retrouve dans de nombreux villages.
 
Le Carnaval, un moment défouloir au Moyen ÂgeLes «esbatements» de la rue ou les «folies» de Carnaval sont encore aujourd'hui de vivantes évocations du Moyen Âge festif.  Les fiancés et les mariés avaient une place particulière lors du carnaval. Les jeunes gens nouvellement mariés faisaient la fête et élisait parmi eux un 'seigneur de grant' qui est fait procureur pour réformer et corriger par 'esbatement' tous ceux qui se sont mal conduit dans leur mariage durant l'année D'ailleurs les nouveaux mariés effectuaient durant le Carnaval des rites pour assurer leur fécondité comme le saut et danse autour du feu le Dimanche des Bures. D'autre part, mariage et fiançailles collectives ont lieu durant le carnaval.
 
Ces fêtes, donnant souvent lieu à des débordements de tous genres, ont été regroupées et limitées à un temps du calendrier religieux : l'avant carême. Le Carnaval s'est longtemps terminé le jour du mardi gras, qui est le dernier jour avant la période de privation du carême.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé :  Jacques Le Goff, et Jean-Claude Schmitt, Le Charivari : actes de la table ronde organisée à Paris, 25-27 avril 1977, par l'École des hautes études en sciences sociales, Mouton, 1983,  PEMF,  Le carnaval, Magnard, 1999, Anne Lombard-Jourdan, Aux origines de carnaval, Odile Jacob, 2005, Jacques Heers, Fêtes des fous et carnavals, Fayard, 2007, Gérard Lomenec'h, La fête au Moyen Âge, Editions Ouest-France, 2015, https://www.1jour1actu.com/histoire/le-carnaval-permet-de-sinventer-une-autre-vie/?output=pdf, https://www.francebleu.fr/loisirs/evenements/l-origine-du-carnaval-1391265633, https://www.nationalgeographic.fr/histoire/2019/02/histoire-aux-origines-du-carnaval, et https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/guerande-44350/ripailles-et-festoiements-pour-la-fete-medievale-de-guerande-4997567.
 
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#Posté le mardi 25 février 2020 12:29

Modifié le mardi 25 février 2020 12:41

La première guerre mondiale : une grande boucherie qui n'a pas servie de leçon

Du 3 août 1914 au 11 novembre 1918, l'Europe se trouve prise dans un conflit terrible qui la met à feu et à sang. Des années de peur, de froid, de faim dans les tranchées du front Ouest, en France; les canons et les bombardements sur le front Est, dans les hivers glacials de Russie. Jusqu'à l'armistice du 11 novembre.
 
La première guerre mondiale : une grande boucherie qui n’a pas servie de leçonEn 1914, les tensions sont extrêmes en Europe. Elles tiennent essentiellement à l'inadéquation entre les frontières des États et les v½ux formulés par les différentes nations. L'obsession de la guerre hante l'Europe. Elle occupe les esprits, s'affiche à la une des journaux, monopolise les conversations et les discours politiques sans que personne n'y croie véritablement. Pourtant, ce conflit est mondial d'emblée, car il est la résultante de nombreuses crises survenues partout, du Maghreb à la Russie, de l'Extrême-Orient à l'Italie visibles à travers les crises de Tanger (1905, provoquée par une déclaration de Guillaume II en faveur de l'indépendance du Maroc) et d'Agadir (1911)...  L'assassinat, le 28 juin 1914, de l'archiduc François-Ferdinand, héritier d'Autriche-Hongrie par un Bosniaque désireux que sa nation soit rattachée à l'État serbe est le déclencheur de la guerre, un complexe jeu d'alliances faisant entrer dans le conflit presque tous les États européens. Ce drame met le feu aux poudres. Le 28 juillet, l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie. Et lorsque que le monde est sous tension après l'assassinat de l'archiduc Ferdinand, Jean Jaurès met tout son poids politique dans son opposition et finit assassiné le 31 juillet à l'aube de cette grande guerre qu'il redoutait. L'ordre de mobilisation générale est décrété le 1er août, et en France la célèbre voyante, Mme Fraya, est reçue en pleine nuit du 1er août devant une assemblée de ministres angoissés qui s'en remettent à l'irrationnel pour se rassurer. Les premières victimes de la guerre sont un Français - le caporal Peugeot - et un sous-officier allemand Camille Mayer, qui s'entretuent dans le Territoire de Belfort, le 2 août. Le 3 août, l'Allemagne est en guerre contre la France suite à son invasion du le Luxembourg et la Belgique, et le lendemain, c'est au tour de l'Angleterre d'entrer en conflit avec l'Allemagne. Le 4 août, s'établit en France une cette union sacrée qui ne masque que très brièvement une "sacrée désunion". Le Reich prévoit de battre vite la France en premier, car Paris devrait mobiliser rapidement ses troupes, puis de s'occuper de la Russie, deux mois après, car le pays mettrait plus de temps a rassembler son armée. L'idée est donc de battre un adversaire après l'autre. Les Russes, eux, veulent surtout attaquer l'Autriche, pour défendre les Balkans, et n'ont à vrai dire rien  reprocher  à  l'Allemagne. La France a beau leur répéter qu'ils doivent se souder davantage de Berlin, les Russes placeront deux tiers de leurs troupes sur la frontière autrichienne et un tiers face à l'A1lemagne. Une erreur stratégique. La guerre s'impose alors comme la solution, promet l'émancipation des nationalités et l'avènement d'un nouveau monde. Autant d'illusions qui font basculer le monde dans un engrenage. L'Allemagne, dans une paranoïa qui lui est propre, fait de la guerre la condition de son existence tandis que la France et, surtout, l'Angleterre n'y ont pas d'intérêt impérieux. Pour que la guerre éclate, il fallait une Allemagne belliqueuse, une Autriche-Hongrie inconséquente et une Russie boutefeu. Et c'est le cas ici.
 
La première guerre mondiale : une grande boucherie qui n’a pas servie de leçonPas de fleur au fusil mais "une résignation grave et une angoisse diffuse". Hormis quelques minorités, cet embrasement fut pourtant soutenu par les opinions publiques, métamorphosant la guerre en croisade. Les esprits les plus éclairés, les intellectuels notamment, se firent les champions de la cause nationale. Prompts à diaboliser l'adversaire ramené, en France, à la figure du «Barbare», ils compensèrent par la plume leur absence sur les champs de bataille. La folie meurtrière est en marche. Le général Joffre, commandant en chef des armées françaises, laisse les Allemands passer par la Belgique (contrairement à la version officielle, on savait que les Allemands passeraient par là !) le 5 août et ordonne l'offensive le 14 août, en oubliant les progrès technologiques considérables dans le domaine de l'armement qui ont multiplié la capacité de destruction des armées, favorisant la défense contre l'attaque. Le premier but est de percer les lignes ennemies. Puis, la France est persuadée, l'année suivante, de pouvoir briser les lignes allemandes en attaquant sur plusieurs fronts à la fois : c'est la tactique du «grignotage», chère à Joffre.  L'incompétence placide de Joffre risque d'être fatale à l'armée française. Durant les cinq journées tragiques du 20 au 25 août au cours desquelles se joue "la bataille des frontières" perdue par la France, 40 000 soldats français perdront la vie, déchiquetés par la mitraille de l'artillerie ennemie, selon les estimations établies à partir des soldats manquant à l'appel. 27 000 Français sont tués le 22 août 1914, le jour le plus sanglant de l'histoire de France. C'est quatre fois plus qu'à Waterloo, autant que durant les huit années de la guerre d'Algérie. Avant même la bataille de la Marne, Verdun ou le Chemin des Dames. Il faut dire que les soldats français qui chargent à la baïonnette le 22 août au matin sont décimés par les mitrailleurs allemands en position défensive. Et les officiers sommés d'affronter l'ennemi "corps redressé", sans chercher à s'abriter, pour donner l'exemple, sont les plus touchés. Durant les premières semaines de la guerre, les soldats combattent par ailleurs à découvert, dans une guerre de mouvement. Circonstance aggravante, rien n'est prêt pour faire face à des pertes massives. Le Service de santé des armées ne sera créé qu'en 1915, et beaucoup de blessés vont succomber faute de soins appropriés. Malheureusement pour la France, elle a des généraux âgés, souvent incompétents, et des renseignements insuffisants qui ne permettent pas de repérer les positions ennemies. Et fin août, la situation ne s'avère guère réjouissante en dehors des Russes qui progressent en Prusse orientale alors qu'à l'ouest, les soldats de Joffre battent en retraite depuis quinze jours, le gouvernement est parti à Bordeaux le 2 septembre, après avoir franchi la Marne, trois armées allemandes marchent sur Paris, et ne sont plus, le 4 septembre, qu'à 40 kilomètres de la capitale. La guerre est perdue. Parfaitement maître de ses nerfs, Joffre a renforcé son aile gauche, et, le 5 septembre, il se trouve en mesure de frapper le flanc droit de l'armée allemande. Et c'est le miracle. Sur 245 kilomètres, de Meaux à Verdun, la résistance s'organise. Les civils aident les soldats, les soignent, les enterrent, renseignent, nourrissent, cachent. Cinq journées atroces, durant lesquelles les pantalons rouges prennent leur revanche, et gagnent. Leur courage et celui des populations permettent ce retournement de situation. La percée allemande est stoppée in extremis par la contre-offensive franco-anglaise exploitant une brèche dans son dispositif. C'est aussi à ce moment-là, que le général Joseph Gallieni, rappelé du service de la réserve pour être gouverneur de la capitale, est parvenu à convaincre le général Joffre d'attaquer et a fait réquisitionner 630 taxis parisiens pour aider à convoyer des renforts sur place, même si leur utilité a été modérée dans la victoire. Le 10 septembre, Moltke, pour éviter la destruction de son aile droite, donne l'ordre de retraite et replie ses troupes de 80 kilomètres, et Joffre sauve sa tête. Les poilus de la Marne ont sauvé le pays. Ils ne savent pas qu'ils en ont encore pour quatre ans. Petite note de satisfaction, les troupes britanniques en Afrique atteignirent la station émettrice de Kamina, au Togo le 26 août, et les Allemands avaient détruit le mât d'antenne avant de capituler, le même jour. En août et en septembre, la Royal Navy mitrailla des installations portuaires et des tours de radio en Afrique de l'Est et du Sud-ouest. Le 17 septembre, des troupes sud-africaines débarquèrent dans la baie de Lüderitz. Compte tenu de ces succès rapides, les Alliés élargirent leurs buts de guerre. Il s'agissait désormais de conquérir les colonies allemandes et de procéder à un redécoupage de la carte géographique coloniale en Afrique. Alors qu'en Afrique du Sud-ouest allemande (actuelle Namibie), les Britanniques subirent une cuisante défaite en septembre 1914 près de Sandfontein. Pendant ce temps, le Japon déclare la guerre à l'Allemagne, le 23 août, et attaque les possessions allemandes du Pacifique (Îles Caroline, Marshall, et Marianne) en septembre et s'en emparent en novembre, auxquels sont ajoutés la Micronésie et l'île de Palau, tandis que l'offensive russe est arrêtée par Hindenburg et Ludendorff aux deux grandes batailles de Tannenberg (30 août) et des lacs Mazures (entre le 7 et 14 septembre). Les Russes commencent un long recul vers l'est, et  les Serbes tiennent le coup, puisque les Autrichiens subissent un grave échec en Serbie, où la petite armée du voïvode Radomir Putnik réussit à rentrer victorieuse à Belgrade le 13 décembre. Enfin, les commandements allemands comme français cherchent à déborder l'adversaire dans une course à la mer entre le 19 septembre et le 15 octobre. Autre fait marquant, une armée britannique et australienne obtiennent la reddition de la Nouvelle-Guinée allemande le 21 septembre. Le front s'étire ainsi de la frontière suisse à la mer du Nord et se fige. Plus au sud, Turcs entrent dans le conflit en novembre 1914 et la guerre s'étend aussi à l'Afrique du Nord, ce qui pousse le Maroc et la Tunisie à combattre aux côtés de la France. L'embrasement devient mondial et les champs de bataille sont un enfer. La phase se termine le 17 novembre avec l'échec allemand dans la bataille d'Ypres (Belgique). La guerre d'action devient une guerre de position et des tranchées sont creusées de la mer du Nord à la Suisse sur 700 kilomètres. Chaque armée creuse des tranchées pour se protéger. Le gouvernement français revient à Paris le 10 décembre.
 
La première guerre mondiale : une grande boucherie qui n’a pas servie de leçonEn 1915, le conflit entre dans une phase particulièrement meurtrière, marquée par des offensives aussi terribles qu'inutiles, rendues plus cruelles encore depuis l'usage du gaz moutarde. La guerre est partout : à Londres ou à Paris, sous les bombardements des zeppelins, sur la mer, en Afrique et au Moyen-Orient où les Turcs ont lancé le djihad contre les Alliés, au nom du panislamisme, puis pensant surprendre les russes, Enver Pacha, ministre de la guerre, décide de prendre la tête d'une armée de 90 000 hommes et de traverser les montagnes du Caucase, dont les sommets culminent aisément à plus de 5000 mètres, en plein hiver, et comme durant la campagne de Russie de Napoléon, les soldats de Pacha crèvent de froid «dans un 1m50 de neige par un froid intense de – 20°, deux tiers d'entre eux seulement sortiront des montagnes pour se faire écraser par les Russes le 2 janvier, lors de la bataille de Sarıkamış, qui percent le front caucasien et avance vers les régions arméniennes, et l'armée ottomane campée en Syrie, échoue à menacer sérieusement Suez et l'Égypte, puis se replie en Égypte, tout en se livrant au génocide des Arméniens à partir du  24 avril après les assassinats de notables à Constantinople entre le 24 et 25 avril par le mouvement Jeune-Turc, et à une résistance farouche aux navires français et britanniques menée par Mustapha Kemal tentent en vain de forcer le passage des détroits des Dardanelles à partir du 19 février. L'objectif est de trouver une issue à l'impasse de la confrontation à l'ouest... En mars, la Russie, la France et la Grand Bretagne, accélèrent le processus du partage de l'Empire Ottoman, et attendent en vain fin 1915, la révolte arabe promise par le prince Fayçal, fils du chérif Hussein en juillet, qui pousse la France et la Grande-Bretagne à souhaiter l'internationalisation de la Palestine. Tandis que les Allemands étrillent la Russie alors qu'elle a remportée des victoire contre les Autrichiens en Galicie, lors de l'offensive lancée le 5 mai 1915 en Pologne et en Galicie sont à la hauteur des espérances, écrasent la Serbie à l'automne 1915, et se permettent même le 7 mai de torpiller par un de leur sous-marin le «Lusitania», près de l'Angleterre par un sous-marin allemand (1198 morts, dont 120 citoyens des États-Unis), dans la guerre sous-marine qu'ils livrent dans les eaux britanniques pour se venger du blocus naval franco-britannique du début 1915 qui condamne l'Allemagne à ne plus rien recevoir de la mer, les Alliés enchaînent les échecs, alors qu'un nouvel acteur entre en scène puisque l'Italie faisant partie au tout début de la guerre de la Triple-Alliance avec l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie, avait, dans un premier temps, opté pour la neutralité, signe le pacte de Londres le 26 avril et rejoint ainsi la Triple-Entente (France, Grande-Bretagne, Russie), et entre à ses côtés dans la guerre le 23 mai, alors que la Bulgarie rejoint en octobre les Empires centraux. Mais, il s'avère que cet allié italien s'épuise aussi dans l'enlisement, puisque le front austro-italien présenta une situation de blocage plus nette encore. En raison du relief, le front de l'Isonzo constituait le seul terrain possible permettant la mise en ½uvre d'une stratégie. Mais, de juin à novembre, les quatre offensives italiennes sur l'Isonzo, appuyées trop faiblement par l'artillerie, échouent l'une après l'autre en ne rapportant que de maigres gains territoriaux, au prix de pertes de plus en plus lourdes. L'Italie en août 1915 aux côtés de l'Entente, va perdre le contrôle de la Libye, ne parviendront qu'à se maintenir à Tripoli et Homs, laissant les Senoussis maîtres de la Cyrénaïque et du Fezzan. L'allié japonais, enivré par ses succès, adresse officiellement une liste de 21 demandes au gouvernement chinois le 18 janvier pour établir un protectorat sur le pays, qui reçoivent un refus poli le 7 mai.  Au Cameroun, les Allemands opposèrent dans un premier temps une résistance efficace à l'avancée des Alliés, et en avril 1915 ils entrèrent même en territoire nigérian. Il fallut attendre le milieu de 1915 pour que la situation se retourne en faveur des Alliés. Au début de l'année, les troupes françaises et britanniques avaient percé les lignes de défense allemandes au Cameroun. Seule la saison des pluies immobilisa l'offensive au milieu de 1915. En décembre, les Britanniques prirent Yaoundé. Les Allemands se retirèrent dans l'enclave espagnole de Rio Muni [en Guinée équatoriale], où ils furent faits prisonniers de guerre. En Namibie, les troupes sud-africaines finirent par occuper la capitale, Windhoek, le 12 mai 1915, et les Allemands se rendirent le 9 juillet. Sourd aux critiques, le général Joffre conduit la guerre comme il l'entend : 320 000 Français sont ainsi sacrifiés en pure perte. Malheureusement, les offensives d'Artois (mai 1915) ou de Champagne (septembre 1915) se soldent par de sanglants mécomptes. De même, les multiples attaques locales lancées sur l'ensemble du front de l'Yser à l'Argonne ne réussissent pas à "grignoter" le front allemand et ne peuvent empêcher les puissances centrales de remporter de grands succès sur le front oriental. Le grignotage est un échec. Et lors des grandes offensives de 1915, des pratiques extrêmes de mise à mort des prisonniers ont été mises en ½uvre de part et d'autre. Avec de nouvelles armes comme les gaz asphyxiants qu'on appelle «gaz moutarde», et qui sont utilisés par les Allemands à Langemark, près d'Ypres, le 22 avril, contre des soldats français et canadiens, et de nouvelles défenses mettant en avant de meilleures pratiques tactiques comme l'utilisation de l'artillerie de tranchées, des grenades, avec la mise en avant de tranchées de soutien, et la notion de défense en profondeur, la guerre est désormais industrielle et chimique. Le général de Castelnau, adjoint de Joffre, déclare : «Nous  avons  passé  l'année  (1915)  à s'user les dents contre un mur.» Fin 1915, même en cas de percée de la première position adverse, il est impossible d'espérer exploiter le succès initial. La puissance d'arrêt des lignes arrière, combinée avec l'acheminement des réserves, permet de bloquer la progression ennemie et de combler les brèches. En décembre, conférence interalliée au G.Q.G. de Joffre préconise une offensive massive sur la Somme pour sortir de cet enlisement.  Le 2 décembre, Joffre est nommé commandant en chef des armées françaises. C'est fin 1915, en effet que sont préparées, de part et d'autre, les immenses batailles de matériel de l'année suivante. Le mois de décembre n'est pas fameux pour les Alliés, puisque les troupes sont évacuées des Dardanelles les 18 et 19 décembre 1915 pour la baie des Anzac et celle de Suvla, les 8 et 9 janvier 1916 pour le cap Helles. La crise politique et la lassitude grandissent en France sur les décombres d'une Union sacrée qui a vécu. Pour les Français, 1915 est bien l'année la plus dramatique de toute la guerre, celle des horizons bouchés. Á cela s'ajoute, les atrocités commises par les Allemands sur les populations civiles de l'Ouest et des Russes sur les populations allemandes de l'Est.
 
La première guerre mondiale : une grande boucherie qui n’a pas servie de leçonAprès les cruelles désillusions de 1914 et les offensives répétées, aussi meurtrières que vaines, de 1915, les stratèges tirent en 1916 les leçons de la guerre des tranchées et envisagent désormais de mener le conflit en scientifiques : finies les attaques à outrance de l'infanterie, place au feu roulant de l'artillerie, aux orages d'acier qui doivent tout annihiler sur leur passage. Le 1er janvier 1916, les troupes franco-anglaises s'emparent d'une autre colonie allemande, le Cameroun. Les mouvements arabes de Syrie sont alors décapités en janvier par les renseignements Ottomans, ce qui tarde un soulèvement arabe. En Namibie, le général sud-africain Jan Smuts lança son offensive en Namibie, le 12 février 1916, face au lieutenant-colonel Paul von Lettow-Vorbeck, et ce n'est après de longues semaines de combats acharnés qui causèrent de lourdes pertes parmi les troupes alliées que les Allemands se retirèrent du nord de leur colonie. Á cela s'ajoute, que le 24 février 1916, le Portugal qui réquisitionne quelque 70 navires allemands et austro-hongrois mouillant dans ses ports, du fait qu'il est confronté dès 1914 à des attaques allemandes notamment en Angola. Conséquence : le 9 mars, Berlin déclare la guerre au Portugal. En France, les Allemands lancent le 21 février une grande offensive sur Verdun. Fort de ses succès à l'est, le commandement allemand veut en finir. En attaquant devant Verdun, avec l'appui d'une artillerie considérable, il veut "saigner à blanc" l'armée française avant l'entrée en ligne d'une grande armée britannique. Ils pilonnent pendant 9 heures un front de 8 km. Malgré cette offensive et celles qui suivront, les soldats français résistent, sous le commandement du général Pétain, du 25 février au 19 avril, puis du général Nivelle qui le remplace le 1er mai, et s'avère moins attentiste. Le 19 mai, cela oblige Joffre à réduire la participation française dans la Bataille de la Somme qui se prépare, et qui est reportée le 29 juin à cause de la pluie et d'une préparation insuffisante. Ils arrêtent les Allemands dans leur avancée, reprennent des positions, récupèrent du terrain perdu. Des forts sont repris, le front est rétabli le 18 décembre presque entièrement sur les positions de février 1916. Le bilan humain est effroyable : près de 700 000 soldats tués de part et d'autre, sans compter les 400 000 blessés. Verdun est symbole de résistance et de courage; c'est de sa nécropole que vient le soldat inconnu. Dans la Somme, la bataille commence le 1er juillet, sous la direction de Foch, afin de soulager les troupes à Verdun. 400 000 Britanniques et 200 000 Français se lancent à l'assaut de 50 000 Allemands retranchés sur la Somme, de Gommecourt au nord à Fouquescourt au sud. La percée du front, espérée depuis fin 1914 et défendue par Joffre, semble à portée de main. Mais les lignes allemandes résistent au bombardement de plus de 3 millions d'obus et aux multiples assauts. Plus britannique que française du fait de Verdun, la bataille se terminera, cinq mois plus tard, le 18 novembre, sans victoire décisive. Elle fait 400 000 victimes toutes armées confondues. Cinq millions d'hommes sont morts en seize mois et une nouvelle arme fait son apparition : le char d'assaut. Les batailles deviennent des barrages roulants d'artillerie explosant le terrain mètre paramètre. Et c'est dans cet enfer que les hommes sont néanmoins parvenus à tenir. Pourtant, malgré ces dizaines de millions de bombes lancées sur Verdun ou sur la Somme, le sacrifice des soldats français ou allemands a raison des espoirs placés dans ces batailles de matériel. Les opinions s'émeuvent, et les députés ruent dans les brancards. L'Autriche-Hongrie s'épuise et voit la mort du vieil empereur François-Joseph le 21 novembre qui entraîne l'avènement du jeune Charles Ier, lucide et généreux, il voudrait prendre ses distances vis-à-vis de Berlin, la Russie se disloque en dépit des succès éclatants de Broussilov, elle est au bord de la révolution puisque l'assassinat de Raspoutine le 29 décembre traduit la révolte de la classe nobiliaire et de la bourgeoisie libérale contre l'aveuglement du tsar, la Roumanie entré en guerre le 28 août contre l'Allemagne est écrasée par Hindenburg et Ludendorff dont leurs troupes rentrent à Bucarest le 6 décembre, et la révolte arabe du Hedjaz commandée par le prince Fayçal dans la péninsule arabique, attisée par l'Angleterre avec l'assistance du conseiller militaire du prince, T.H. Lawrence (Lawrence d'Arabie), arrive enfin en juin, alors que les Britanniques et les Français lors des accords Sykes-Picot le 9 mars se partageant le Proche-Orient, le pacifisme relève la tête et les poilus commencent à affirmer qu'ils en ont assez ! Mais comment sortir de l'abîme ? Tandis que la Grande-Bretagne est prête à se battre jusqu'au dernier Français, l'Allemagne affamée durant l'hiver ce qui la pousse à instituer  des rationnements sévères, hésite entre une paix négociée et le jusqu'auboutisme de la guerre sous-marine, et les États-Unis, en embuscade, se verraient bien en faiseurs de paix sur le Vieux Continent, puisque suite à une demande de paix de Guillaume II le 12 décembre, Wilson, qui vient d'être réélu président des États-Unis, demande en réponse à tous les belligérants de lui faire connaître leurs buts de guerre, alors qu'à l'automne les survivants du génocide arménien connaissaient de nouvelles persécutions de la part des Turcs. Le 25 décembre, le général Joffre, nommé maréchal de France, est enfin remplacé par un homme plus énergique à la tête des Armées françaises, le général Nivelle. Le besoin d'hommes pousse à la restauration de la conscription en Angleterre, et à la levée de tous les hommes de 17 à 60 ans en Allemagne.
 
La première guerre mondiale : une grande boucherie qui n’a pas servie de leçon1917 est une année de rupture. Le peuple épuisé, las de la guerre, doute et réclame la paix. Les soldats sont au bord du gouffre et veulent rentrer chez eux. Le contingent militaire portugais qui prend en charge un secteur du front des Flandres, entre la vallée de la Lys au nord et la ville de la Bassée au sud, long d'une dizaine de kilomètres, fait face au mépris de leurs alliés anglais. Á l'arrière, la colère gronde. Les révoltes commencent en Allemagne où 400 000 civils ont perdu la vie, les grève y prennent alors un tour politique et pacifiste, et l'empire austro-hongrois vacille. En Russie, les troupes se joignent à la révolution débutée en janvier et le tsar Nicolas II abdique le 15 mars, et le gouvernement du prince Lvov éveille chez les Alliés l'espoir de voir la Russie coopérer plus activement à la guerre. Mais les progrès de la révolution paralysent bientôt l'armée, dont la dernière offensive lancée par Kerenski en juillet se termine en débandade. Cela permet aux Allemands de se réinstaller en Bucovine et d'y menacer le front roumain reconstitué avec l'aide de la France. Alors les défaites dans le Sinaï et en Mésopotamie fragilisent les Turcs qui deviennent un allié tout sauf fiable pour les Allemands. Sur le front ouest, la bataille du Chemin des Dames n'est pas plus heureuse puisque l'offensive se soldera par un échec sanglant. Tout d'abord, l'opération d'ensemble des Alliés n'a pas lieu, en raison des réticences italiennes et de la première révolution russe de mars 1917. Quant à l'offensive elle-même, déclenchée le 16 avril, elle ne réussit pas à enlever les positions ennemies pour une immense opération qui se transforme, dès les premières heures, en un épouvantable calvaire pour les soldats, confrontés à des positions allemandes en contre-haut, bien organisées dans un dédale de galeries et de cavernes insuffisamment détruites par l'artillerie : plus de cent mille hommes sont hors de combat en quinze jours... Les assauts dans la boue et la neige, face à des pentes imprenables, transforment l'espoir en boucherie. Et, le 15 mai, Nivelle est remplacée par le général Pétain qui s'impose par une plus grande attention portée au quotidien des soldats, du moins le fait-il croire. L'échec provoque en France un profond malaise et déclenche des mutineries chez les poilus, que Pétain malgré l'image de propagande le disant proche des soldats, matte impitoyablement en faisant condamner à mort 554 mutins dont 75 seront exécutés. Les mutins s'organisent spontanément, manifestent, voire envisagent de «marcher sur Paris», et représentaient donc un grand danger pour la poursuite de l'effort de guerre. En mai-juin, une violente agitation ouvrière naît à Paris et dans certaines grandes villes. Une propagande pacifiste se développe dans la presse (le Bonnet rouge), où l'on retrouve la main et l'argent des agents allemands. Le général Pétain pour donner le change, réalise à Verdun (août), puis à la Malmaison (octobre), deux opérations à objectifs limités qui seront de véritables succès, mais sans résultats sur le conflit puisqu'il adopte une position défensive plutôt qu'offensive, alors que les Britanniques de Haig, qui, de juin à décembre, fixent les Allemands par une série d'offensives très coûteuses menées dans les Flandres autour d'Ypres et à Cambrai, où, pour la première fois, une masse de chars (378 blindés) est engagée le 20 novembre. En déclenchant la première bataille de l'Atlantique au début de l'année 1917, l'état-major allemand commet une faute stratégique, alors qu'il cherche à pousser la Grande-Bretagne à demander la paix avant que les États-Unis entrent en guerre. Les États-Unis entrent en guerre le 6 avril par le vote du Congrès américain à la demande du président Thomas Woodrow Wilson, qui répond ainsi à la guerre sous-marine antiaméricaine que l'Allemagne a lancée, début février, dans l'Atlantique. Les chefs s'obstinent dans leur folie et à Passchendaele, en Belgique, entre le 31 juillet et le 6 novembre, et les Allemands utilisent du «gaz moutarde». Pendant ce temps, au Proche-Orient, le prince Fayçal se porte au nord, où son armée remporte ses 1er succès au printemps (Akaba), et poursuit son mouvement dans les régions syriennes et transjordaniennes. Entre octobre et novembre 1917, les Italiens sont battus à Caporetto, fatigués et démoralisés, ils désertèrent ou se rendirent. Cette défaite incita la France et la Grande-Bretagne, alliées de l'Italie, à envoyer des renforts et à mettre en place le Conseil suprême de guerre, afin d'unir les efforts de guerre des Alliés. En octobre 1917, von Lettow repousse les Britanniques à Mahiwa, près de la frontière mozambicaine. Cette victoire face à un ennemi supérieur en nombre vaut à von Lettow d'être promu général. Dans cette période trouble, chacun cherche alors une porte de sortie honorable : le gouvernement français hésite, le radical Joseph Caillaux devient le chef de file des partisans de la paix et l'Union sacrée est rompue, la Grande-Bretagne s'effraie puisque l'homme d'État conservateur Lansdowne conseille la négociation, le chancelier allemand Bethmann-Hollweg, qui voudrait en finir, est congédié le 13 juillet, tandis que la réalité du pouvoir passe entre les mains des chefs d'état-major, Hindenburg et Ludendorff, qui matent les agitations dans la flotte par des exécutions et placent les usines sous leur contrôle. L'empereur d'Autriche-Hongrie, Charles Ier en avril, et le pape Benoît XV en août élaborent quant à eux des projets de paix. En vain, personne n'étant prêt à en payer le prix. 1917 est aussi l'année décisive du conflit qui marque la véritable naissance du XXe siècle, avec ces deux tremblements de terre que sont la révélation de la puissance américaine, qui apporte une aide immédiate sur les plans naval, économique et financier, mais l'armée américaine compte à peine 200 000 hommes, et, dans le domaine militaire, tout est à faire, et la révolution bolchevique qui vient après la faillite du gouvernement Kerenski, qui permet  aux bolcheviques de prendre enfin le pouvoir le 7 novembre (révolution dite «d'octobre»), et Lénine entame aussitôt la procédure de l'armistice. La guerre, non plus nationale mais idéologique, échappe aux Européens et fait apparaître un monde nouveau, coincé entre deux messianismes : l'idéalisme wilsonien et le communisme. Ces événements poussent à choisir des hommes énergiques à la poigne de fer pouvant faire bon marche des principes démocratiques pour lesquels ils combattent, comme Lloyd George nommé le 7 décembre 1916 en Grande-Bretagne et Orlando en Italie le 30 octobre 1917. L'échec de Ribot, alors président du Conseil, lors des négociations avec l'Autriche, permet les basses man½uvres de Clemenceau pour parvenir au pouvoir le 16 novembre, puis une fois arrivé au pouvoir censure la presse et met en prison les pacifistes comme l'ancien ministre de l'intérieur Malvy et Joseph Caillaux. Enfin, le 2 novembre, la déclaration Balfour promet aux sionistes l'établissement d'un «foyer national juif» en Palestine.
 
La première guerre mondiale : une grande boucherie qui n’a pas servie de leçonAu printemps 1918, par trois fois – en mars, avril et mai –, Français et Britanniques ont le sentiment de frôler la défaite. On a l'impression de rejouer septembre 1914 ! On se bat sur la Marne, et Paris, bombardé, est en proie à la panique. De tous côtés, les fronts se resserrent : depuis mars 1918, la paix signée avec la Russie bolchevique libère 1 million de soldats allemands pour l'Ouest. Il faut dire que Léon Trotski, cède sur toute la ligne aux Allemands, tout en renonçant à sa souveraineté sur la Finlande, la Pologne et les Pays Baltes. Une course contre la montre s'engage avec un unique objectif : tenir. En mars 1918, en France, la guerre de mouvement reprend sur terre et dans les airs et les Allemands sont à 120 km de Paris. Mais les «Sammies», les soldats américains, arrivent en nombre sur le sol européen et les forces alliées vont de succès en succès, tandis que le président américain Thomas Woodrow Wilson expose ses buts de guerre le 8 janvier en 14 points, il entend notamment assurer la liberté de navigation sur les mers, garantir la naissance de nouveaux États (Tchécoslovaquie, Pologne...) et créer une Société des nations (SDN). Lancée le 21 mars 1918 en Picardie par Ludendorff, la première offensive allemande enfonce le front anglais et menace Amiens. Et le 9 avril 1918, l'armée du Kaiser attaque dans le secteur tenu par les Portugais, abandonnés par leurs alliés anglais. C'est le début de ce que l'on appellera ultérieurement la bataille de la Lys. Sur les 20 000 hommes engagés, plus de 600 seront tués, plus de 6500 faits prisonniers, selon des chiffres cités. Malgré quelques points de résistance, les soldats portugais sont balayés par l'offensive. La situation n'est rétablie que par l'arrivée massive des renforts français et l'établissement d'un commandement unique en faveur du général Foch. Le 14 avril, Foch plus offensif que Pétain, reçoit le commandement unique des Alliés, grâce à l'appui américain. L'offensive la plus grave a lieu le 29 mai au Chemin des Dames. Le front français est rompu, les Allemands font plus de 100 000 prisonniers, franchissent à nouveau la Marne, menaçant Château-Thierry, et parviennent à 60 kilomètres de Paris, alors bombardé par la "Grosse Bertha". À l'automne, de nouveaux coups de boutoir lancés par les Anglais, les Français et les Américains conduisent à la libération presque complète du territoire français et d'une partie de la Belgique. À l'été 1918 rien n'était écrit et l'Allemagne pouvait encore l'emporter, et la Roumanie suite à la défection de la Russie capitule en mai. Le 15 juillet, débute de la seconde bataille de la Marne, après l'arrivée des Allemands à 65 km de Paris. Les troupes françaises, parmi lesquelles figurent des tirailleurs marocains et malgaches, attaquent avec le contingent américain. Les chars Renault sont utilisés massivement. Et le 20, les Allemands repassent la Marne. Le 8 août, c'est l'offensive en Picardie – début de l'offensive générale alliée. Le 24 juillet, Foch s'est décidé à passer partout à l'offensive : le 8 août, une puissante attaque est déclenchée par Haig (aidé de Debeney) sur la poche de Montdidier. Foch engage par sa directive du 3 septembre la totalité de ses forces de la mer du Nord à la Meuse. Le 12, les Américains attaquent à Saint-Mihiel et, à la fin du mois, trois grandes offensives sont déclenchées : le 26 par Gouraud et Pershing en Champagne et en Argonne, le 27 par Haig entre Lens et La Fère à l'assaut de la position fortifiée allemande (ligne Siegfried, ligne Hindenburg), et le 28 par le groupe d'armées des Flandres que commande le roi des Belges Albert Ier en direction de Bruges et de Courtrai. Á partir de là, l'Allemagne perd tout espoir de vaincre, cela s'avère encore plus difficile pour elle quand des troupes japonaises et d'anciens prisonniers tchèques ouvrent un nouveau front en Sibérie, l'obligeant à se fixer en Russie. En Palestine, l'armée anglaise bat les Turcs qui demandent l'armistice le 31 octobre, tandis qu'aux Balkans, les Alliés reprennent l'offensive à partir du 15 septembre, commandés par le général français Louis Franchet d'Espèrey, l'Armée d'Orient attaque avec succès les forces germano-bulgares à partir de la Grèce, contraignant ces derniers à déposer les armes fin octobre, et sur le front italien, les Autrichiens subissent une écrasante défaite à Vittorio-Veneto en octobre, et signent un armistice le 3 novembre. Privée d'allié, l'Allemagne demande la paix début octobre, puisque la décision militaire est pratiquement acquise sur le front français, où Foch dispose maintenant de 212 divisions alliées face aux 180 de Hindenburg. Le 9 octobre, les Canadiens libèrent Cambrai, et, le 17, les Anglais sont à Lille ; le 25, le roi Albert Ierentre à Bruges, tandis que les Allemands s'accrochent encore à leur ligne Hunding, qui est forcée par Mangin, Guillaumat et Gouraud en liaison avec les Américains. Dans les premiers jours de novembre, l'Escaut est franchi entre Gand et Tournai, les Alliés dépassent Valenciennes, Maubeuge et Stenay. Pour les Allemands, qui ont reculé de 100 à 200 km, la catastrophe est imminente, et la grande offensive préparée par Castelnau avec Mangin en Lorraine. Et le 9 novembre la révolution éclate, la République est proclamée en Allemagne, et tandis que Guillaume II est en fuite, c'est le gouvernement de la nouvelle république allemande qui signe l'armistice à Rethondes le 11 novembre, afin que l'armée revienne pour lutter contre la révolution communiste qui gronde. Tout cela, en dehors de von Lettow qui porte la guerre en territoire portugais après avoir réduit son armée à 320 Européens et 2000 askaris. Il va aller de succès en succès pour ne finalement déposer les armes que le 25 novembre 1918, à Abercorn, en Rhodésie du Nord, avec 150 Allemands et un millier d'askaris.
 
La première guerre mondiale : une grande boucherie qui n’a pas servie de leçonLes combats cessent sur le front occidental, mais ils continuent sur le front oriental. Surtout, de l'Allemagne à la Russie en passant par la Grèce et la Turquie, révolutions et guerre civiles éclatent dans une Europe aux frontières redessinées et qui doit faire face à une crise humanitaire inédite à cette échelle, celle des réfugiés. Les sociétés n'en ont pas fini avec la guerre. Corps abîmés, psyché blessée, familles bouleversées : elle a transformé les hommes et les femmes. Rien ne sera plus comme avant. Lentement, un monde nouveau émerge. Cette guerre que l'on croyait être courte aura duré plus de quatre ans et aura mobilisé tant les femmes à l'arrière que les hommes sur le front. Son bilan sera catastrophique sur le plan humain – elle fit plus de 9 millions de morts et 20 millions de blessés !
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Serge Berstein, et Pierre Milza, Histoire du XXe siècle - Tome 1, 1900-1945, la fin du monde européen, Hatier, 1994, Stéphane Audoin-Rouzeau, et Annette Becker, 14-18, retrouver la Guerre, Gallimard, 2003, https://www.lhistoire.fr/14-18-retrouver-la-guerre, et https://www.scienceshumaines.com/14-18-retrouver-la-guerre_fr_13359.html, Pierre Miquel, La bataille de la Marne, Perrin, 2004, André Loez, 14-18. Les refus de la guerre. Une histoire des mutins, Gallimard, 2010, Jean-Yves Le Naour, 1914 : la grande illusion, Perrin, 2012, 1915 : l'enlisement, Perrin, 2013, 1916 : l'enfer, Perrin, 2014, 1917 : la paix impossible, Perrin, 2015, 1918 : ou l'année de l'étrange victoire, Perrin, 2016, et http://www.jeanyveslenaour.com/images/express.pdf, Djihad 14-18. La France face au panislamisme, Perrin, http://www.slate.fr/story/157180/djihad-allemagne-guerre-1914, et https://www.geo.fr/histoire/chute-de-lempire-ottoman-lallemagne-cet-allie-fatal-194457, Nicolas Offenstadt, Le chemin des dames, Perrin, 2012, Stéphane Audoin-Rouzeau, Annette Becker, La Grande Guerre (1914-1918), Découvertes Gallimard, Editions Gallimard, 2013, Louis Gillet, La bataille de Verdun : 1916-1917, Laville Editions, 2013, Jean-Michel Steg, Le Jour le plus meurtrier de l'histoire de France, Fayard, 2013, et https://www.nouvelobs.com/culture/20140822.AFP4307/22-aout-1914-le-jour-le-plus-meurtrier-de-l-histoire-de-l-armee-francaise.html, Daniel Costelle, et Isabelle Clarke, Apocalypse, la 1re Guerre mondiale, 5 épisodes de 52 minutes, diffusion sur France 2, CC&C Clarke Costelle et Cie, Idéacom international et ECPAD, 2014, Stéphane Audoin-Rouzeau, 1914-1918. La violence de guerre, Gallimard, 2014, https://www.cnews.fr/france/2018-11-09/stephane-audoin-rouzeau-historien-la-premiere-guerre-mondiale-eu-des-consequences, et https://www.la-croix.com/Archives/2008-11-06/Stephane-Audoin-Rouzeau-historien-specialiste-de-la-Premiere-Guerre-mondiale-1-L-immense-majorite-des-soldats-de-14-18-a-consenti-a-cette-guerre-.-_NP_-2008-11-06-331869, Frédérique Neau-Dufour, La bataille de Verdun, Nouvelle Arche de Noé, 2016, Philippe Nivet, et Marjolaine Boutet, La bataille de la Somme, L'hécatombe oubliée 1er juillet-18 novembre 1916, Tallandier, 2016, Nadine Vivier (dir.), Le Moyen-Orient de 1876 à 1980, Bréal 2016, Bruno Wennagel, Première Guerre Mondiale, Quelle Histoire Editions, 2016, 1918 : comment la guerre nous a changés ?, L'Histoire, mensuel N°449, juillet-août 2018 (numéro double), Patricia Crété, Bruno Wennagel, et  Mathieu Ferret, Chrono Poche - Première Guerre mondiale, Quelle Histoire, 2019, https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/des-portugais-dans-la-premiere-guerre-mondiale_3068961.html, https://www.francetvinfo.fr/societe/guerre-de-14-18/la-premiere-guerre-mondiale-en-19-dates-cles_448764.html, https://www.herodote.net/Afrique_la_petite_guerre_en_marge_de_la_Grande-synthese-2466-36.php, https://www.historial.fr/historial-de-la-grande-guerre/dates-cles/la-grande-guerre-en-bref/, https://www.la-croix.com/Actualite/France/Chronologie-la-guerre-de-14-18-pas-a-pas-les-grandes-etapes-du-conflit-2014-01-10-1087506, https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Premi%C3%A8re_Guerre_mondiale/122569, https://www.ladepeche.fr/article/2008/03/12/441790-les-grandes-dates-de-la-grande-guerre-1914-1918.html, https://www.lemonde.fr/centenaire-14-18/article/2014/07/07/la-grande-guerre-en-afrique_4452269_3448834.html, https://www.lhistoire.fr/dardanelles-le-traumatisme, https://www.lepoint.fr/histoire/la-premiere-guerre-mondiale-1914-1918-23-08-2013-1716589_1615.php, «CAPORETTO BATAILLE DE (24 oct. 1917)», Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 23 février 2020. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/bataille-de-caporetto/, et Sylvain VENAYRE, « PREMIÈRE GUERRE MONDIALE, en bref », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 17 février 2020. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/premiere-guerre-mondiale-en-bref/, et « PREMIÈRE GUERRE MONDIALE - (repères chronologiques) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 17 février 2020. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/premiere-guerre-mondiale-reperes-chronologiques/.
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#Posté le mercredi 04 mars 2020 12:01

Modifié le mercredi 04 mars 2020 12:16

Les femmes dans la Bible : des femmes pas si soumises que ça

En ce jour international du droit des femmes, nous allons voir les femmes dans la Bible.
 
Les femmes dans la Bible : des femmes pas si soumises que ça De quoi est tissée la mémoire des femmes ? Du parfum des fleurs et du goût de l'eau fraîche, de la couleur vive des étoffes et de la profondeur du ciel étoilé, des éblouissements amoureux, des révoltes, des attentes, du rire des enfants, des gestes inlassables et fidèles qui font le fil des jours. Lorsqu'on évoque la Bible, on cite le plus souvent des noms d'hommes : Abraham, Moise, David, Isaïe...
 
Pourtant, les femmes ne sont pas moins présentes et précieuses dans l'épopée de Dieu. A côté des patriarches, des rois, des législateurs, elles rappellent, avec force ou discrétion, l'importance du c½ur, du corps, du chant et de l'esprit nomade. Ces femmes qui passent dans la Bible - Bethsabée, Agar, Débora, Tamar, Rachel, Judith - n'appartiennent pas à une religion particulière : elles ont, plus largement, façonné la culture et la sensibilité de l'Occident.
 
Les femmes dans la Bible : des femmes pas si soumises que ça Pourtant, on perçoit les femmes dans la Bible comme soumises et effacées, mères avant d'être amantes, voire prostituées ou maîtresses cruelles, intrigantes, manipulatrices et ambitieuses, sans scrupule ou franchement saintes et martyres. Elles sont surtout le terrain fertile de fantasmes, incarnant des valeurs, elles sont l'objet de fabulations. De la mère de l'humanité, Ève, à sa rivale légendaire Lilith, l'une blanche, l'autre noire, en passant par l'émouvante Sara, épouse d'Abraham et mère du peuple hébreu, on ne compte plus les personnalités attachantes et charismatiques du récit biblique.
 
Certaines femmes de la Bible sont si bien connues que nous donnons leur nom à nos filles - Sara, Débora, Marie, Marthe. D'autres nous ont laissé des noms familiers, mais des histoires moins familières, comme Jeanne du Nouveau Testament, qui a mis toutes ses ressources considérables à la disposition de Jésus. Il y a de la fascination pour les méfaits des infâmes, comme Jézabel et Dalila, ainsi que ceux des héroïnes comme Rebecca. Et il y en a dont nous ne connaîtrons jamais le nom, mais dont les histoires nous touchent toujours - la fille de Jephté, la sage de Tekoa, la femme qui a touché la robe de Jésus et a été guérie.
 
Les femmes dans la Bible : des femmes pas si soumises que ça On retrouve des femmes de foi comme Hanne et Ruth. Beaucoup de femmes fortes de la Bible, comme les sages-femmes Séphorah et Puah, la matriarche Rachel ou la reine Esther  possédaient le secret de trouver le pouvoir dans une société qui prospérait en le leur prenant. Et rappelons-nous de Michal, la femme de David, qui, comme beaucoup de ses s½urs scripturaires, a dû recourir au subterfuge pour atteindre ses objectifs.
 
Certaines femmes de la Bible sont devenues des «dames dirigeantes». Myriam, par exemple, était à la fois leader et prophète. Son impression sur l'histoire juive était si grande que la légende l'a dépeinte comme faisant partie de l'expérience juive pendant des millénaires après sa mort. Et puis nous avons Marie-Madeleine, que les érudites chrétiennes comme Mary R. Thompson considèrent comme une des premières dirigeantes de la communauté judéo-chrétienne.
 
Les femmes dans la Bible : des femmes pas si soumises que ça Nous nous souvenons aussi douloureusement de Tamar, victime de viol de son propre demi-frère, et de Dina, violée dans le cadre d'un drame politique biblique. Les femmes stériles de la Bible nous enseignent également des leçons spéciales de foi et de force. Il y a la femme de Manoah, la future mère de Samson, qui croyait plus fermement que son mari au message de l'ange, et Hanne, la mère de Samuel; toutes les deux ont consacré leurs fils au service divin.
 
Derrière elles se dégagent aussi des femmes comme Sarah, l'épouse d'Abraham, stérile, qui se bat pour conquérir sa place; Séphorah, l'épouse de Moïse, noire et étrangère, qui défend l'idée de la Loi comme protection des faibles; et Lilah, enfin, qui lutte contre l'extrémisme religieux dont les femmes sont les premières victimes.
 
Enfin, lorsqu'on demande aux gens de nommer les grandes femmes de la Bible hébraïque, ils commencent très souvent par Sarah, Rebecca, Léa et Rachel. Elles sont importantes, certes, mais elles sont toutes connus en premier lieu comme des épouses. Les qualités pour lesquelles elles sont loués se retrouvent dans les histoires de la Genèse en relation avec leurs maris (et fils). Même pour les femmes bibliques qui sont davantage considérées pour leurs propres rôles importants, comme Ruth et Esther, leurs histoires commencent par leurs mariages et se développent ensuite à partir de là.
 
Les femmes dans la Bible : des femmes pas si soumises que ça Mais Deborah est différente, c'est une prophétesse, mariée, et juge de paix, chef de son peuple. On trouve aussi Abigaïl, une épouse, maîtresse de maison avisée et prophétesse; Noémie et ses belles-filles, trois veuves gérant la précarité de leur situation d'endeuillées habitant l'étranger; Marie et Elisabeth, deux femmes enceintes qui se parlent et s'épaulent, tout en étant rebelles.
 
Il est indéniable qu'il existe des lois bibliques, des histoires et des poèmes qui favorisent incontestablement les hommes. Et on ne peut nier qu'il en existe d'autres qui reflètent les droits des femmes qui ne sont pas ce à quoi nous nous attendions dans l'ancien Proche-Orient. On mesure alors combien a été importante leur contribution à la vie du peuple d'Israël dans l'ancien Testament et au déploiement du message chrétien dans le Nouveau.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures : Jacqueline Kelen, Les Femmes de la Bible, La Renaissance du Livre, 2002, Miriam Feinberg- Vamosh, Les femmes aux temps de la Bible, Ligue pour la Lecture de la Bible, 2009, Marek Halter, La Bible au féminin, Pocket,  2015, Claude Rappé, Les plus intrigantes femmes de la Bible : Essai,  La Boîte à Pandore, 7 mars 2017, Michèle Bolli-Voélin, Femmes de la Bible : Histoires d'avenir, Cabédita 2018, et https://www.huffpost.com/entry/the-most-underappreciated_b_954643.
 
Merci et bonne journée internationale du droit des femmes !
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#Posté le dimanche 08 mars 2020 10:34

Modifié le mercredi 11 mars 2020 07:43

La folie de la danse de Strasbourg en 1518 : s'évader face aux maux du temps

Strasbourg, juillet 1518. La ville est soumise depuis quatre ans aux pires calamités. La sécheresse, les grands froids, la famine, la maladie... La folie de la danse s'est saisie d'elle tout de suite après.
 
La folie de la danse de Strasbourg en 1518 : s’évader face aux maux du tempsLe 14 juillet 1518, une femme Frau Troffea sortit dans les rues de Strasbourg et dansa des jours durant, sans s'arrêter, malgré les supplications de son mari, entraînant avec elle une foule frénétique en sueur et en transe de plusieurs centaines de personnes. Insensibles à la fatigue et à la douleur, les pieds ensanglantés, cartilages apparents, et les visages extatiques, ils ne cessèrent de danser jour et nuit, pendant deux mois, même les plus chétifs, sans interruption jusqu'à tomber inconscients, mourant par dizaines d'épuisement ou d'une crise cardiaque, malgré qu'ils crient, et implorent de l'aide.
 
La folie de la danse de Strasbourg en 1518 : s’évader face aux maux du tempsLes autorités s'inquiètent, le conseil de la ville convoque les proches qui se disent impuissants. Des médecins dans la droite ligne des théories humorales de l'époque disent que la maladie est due à un «sang trop chaud». Le conseil de la ville décide alors de soigner le mal par le mal. De l'espace est laissé aux danseurs et des douzaines de musiciens professionnels sont engagés pour les accompagner, nuit et jour. Grave erreur qui expliquera la contagion de seulement 50 personnes à plus de 400. Fin juillet, le conseil de la ville fait volte-face, et quelques semaines plus tard, les danseurs seront convoyés à Saverne, à une journée de Strasbourg, pour y assister à une cérémonie en l'honneur de saint Guy, protecteur des malades de chorée (mouvements anormaux), et le phénomène cesse.
 
Après six semaines de fièvre dansante, le phénomène s'essouffle, les danseurs rentrent chez eux peu à peu. Mais, cette épidémie de danse, qui s'étendit sur plusieurs semaines, ébranla la communauté strasbourgeoise et frappa les esprits au point d'être consignée par de nombreux prédicateurs ou chroniqueurs de l'histoire municipale. Cet étrange phénomène de transe spontanée que le médecin humaniste Paracelse avait observé en son temps, jugeant que c'est une révolte des femmes contre la tyrannie conjugale, et que Bosch, Dürer et Bruegel fixèrent dans des visions cauchemardesques. William Shakespeare appelait cet événement «the dancing plague», la peste dansante. C'est une histoire qui devrait être célébrissime en France mais ça a été tellement la honte pour le clergé en 1518 qu'il a essayé d'effacer le plus possible cette histoire ou en tout cas la minimiser. Quelques années après l'événement, le protestantisme a déboulé et a chassé le catholicisme de Strasbourg pendant 150 ans.
 
La folie de la danse de Strasbourg en 1518 : s’évader face aux maux du tempsLes hypothèses du mal sont nombreuses : ergotisme (empoisonnement par du seigle contaminé par une mycotoxine), culte hérétique, possession démoniaque, ou encore hystérie collective. Mais, les phénomènes de transe sont plus susceptibles de survenir chez des individus vulnérables sur le plan psychologique, et qui croient aux châtiments divins. Or, ces deux conditions étaient réunies à Strasbourg. La ville avait été frappée par une succession inhabituelle d'épidémies et de famines; et ses habitants croyaient à saint Guy, capable autant d'infliger que de guérir des maladies, par la danse notamment. Terrassés par la misère, les danseurs fous de Strasbourg exprimaient un désespoir qui connut, quelques années plus tard, une forme politique avec les grandes révoltes paysannes de 1525, et religieuse avec la Réforme.
 
Finalement, l'épidémie de danse de Strasbourg n'était qu'une forme d'hystérie, les états cumulés de détresse psychologique et de malnutrition, doublés de profondes convictions religieuses auraient conduit les malades à entrer dans cet état de transe.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : John Waller, Les danseurs fous de Strasbourg : Une épidémie de transe collective en 1518, Nuée bleue, 3 mars 2016, et https://www.lemonde.fr/sciences/article/2014/07/28/lorsqu-en-1518-les-strasbourgeois-se-mirent-a-danser-jour-et-nuit_4463566_1650684.html, Cécile Dupeux, 1518, la fièvre de la danse, Editions des Musées de Strasbourg, 2018, Jean Teulé, Entrez dans la danse, Robert Laffont, 2018, et https://www.franceculture.fr/emissions/le-reveil-culturel/jean-teule-lepidemie-dansante-de-1518-est-la-premiere-rave-party-au-monde-la-plus-grande-la-plus, Richard Guerineau, Entrez dans la danse, Delcourt, 2019, https://www.franceculture.fr/histoire/folie-dansante-fous-rires-possession-nonnes-histoires-hysterie-collective, et https://www.franceculture.fr/histoire/la-folle-epidemie-dansante-de-1518-a-strasbourg.
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#Posté le lundi 30 mars 2020 07:16

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