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Le roi Arthur, la réalité derrière le mythe

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Ce blog s'intéressera avant tout à la question de l'historicité du roi Arthur durant les Dark Ages, une période de grands changements dans la Bretagne post-romaine, et ce qui amena sa légende.

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Les corsaires de la Baltique, derrière la légende de Klaus Störtebecker, une réalité moins noble

Début du XVe siècle, le Saint Empire romain germanique veut rassembler les peuples d'Europe du Nord et d'Europe centrale. Les marchands font fortune en développant des commerces maritimes dans la mer Baltique et la mer du Nord. Là où il y a des richesses, il y a des pirates. La présence de pirates le long des principales voies commerciales fut un facteur déterminant qui a incité les marchands de la Baltique à se regrouper au sein de la Ligue hanséatique, en vue de prévenir les attaques de leurs convois. Parmi les corsaires les plus célèbres figure le légendaire Klaus Störtebeker, membre des Vitaliens, auquel se rattachent de nombreux récits de piraterie.
 
Les corsaires de la Baltique, derrière la légende de Klaus Störtebecker, une réalité moins nobleLes Vitaliens, ou encore «frères des Victuailles» souligne la genèse des couronnes nordiques dans la piraterie de la Baltique. Le conflit entre les 3 couronnes scandinaves, le Danemark, les dynasties régionales, les cités de la Hanse et les Teutoniques paralysa le commerce de la Baltique avant d'être protégé en convois défendus. Issu du mot français «vitailleur» qui désigne au Moyen Âge les soldats chargés de pourvoir au ravitaillement des armées puis, par extension, les navires qui approvisionnent les flottes ou les ports, les Vitaliens désignent aussi les pirates appelés à la fin du XIVe siècle par le duc de Mecklembourg pour se venger des échecs que le Danemark et la Hanse ont infligés aux prétentions de sa famille sur les États scandinaves. Les villes de Rostock et de Wismar se désolidarisent de la cause hanséatique par fidélité envers leur prince, et la navigation devient bientôt impossible dans la Baltique. Ils apparaissent surtout en 1392, comme une association de pirates qui épaulent Albert de Suède dans sa lutte contre la reine du Danemark.
 
Les corsaires de la Baltique, derrière la légende de Klaus Störtebecker, une réalité moins nobleIls avaient installés les côtes de Finlande leurs bases afin de s'emparer des îles de Bornholm et du Götland, tout en s'installent à Åbå, à Viborg et dans plusieurs châteaux de Finlande. Ils ravageaient les côtes adverses et avaient atteint une force suffisante pour lance des raids significatifs : pillage de Bergen en 393, mais également de Malmö en 1394. Klaus Störtebecker, né en 1360, dans le Mecklenhourg, dans le port de Wismar, est cité la 1re fois, dans une source contemporaine comme l'un des chefs de Vitaliens, lorsque ceux-ci sont envoyés par Albert de Suède pour secourir Stochkolm assiégée. Il est encore sans doute un de leur chef, lorsque le Götland devient pour quelques années leur base d'opération. Le commerce maritime de la mer Baltique s'est pratiquement effondré et l'industrie du hareng a souffert de leurs déprédations. La reine Margaret de Danemark s'est même tournée vers le roi Richard II d'Angleterre et a cherché à affréter des navires anglais pour combattre les pirates. Les succès de la reine Margaret en 1395, comme l'union du Danemark, de la Suède et de la Norvège pour former l'Union de Kalmar, qui oblige la ligue hanséatique à coopérer avec elle, et amena la conclusion d'un accord qui confirme les privilèges de la Hanse dans les trois royaumes scandinaves, mains qui n'éteignit pas l'agressivité des Vitaliens.
 
Les corsaires de la Baltique, derrière la légende de Klaus Störtebecker, une réalité moins nobleRéfugiés à Götland, leur bastion inexpugnable, ils étaient près de 2000 à vivres de leur capture, en rupture complète avec les pouvoirs régionaux, surtout après que le conflit ait pris fin entre les couronnes scandinaves en 1395, avec la signature des paix de Skanör et de Falsterbo. Ces larrons des mers ruinaient les espoirs hanséates d'atteindre la «paix des navires» et devenaient gênant en s'attaquant dorénavant à tous les bateaux qu'ils croisaient en Baltique. Dans un dernier effort de police des mers simulés par l'ordre Teutonique et la flotte de Lübeck permirent aux riverains de monter une flotte, ils furent contraint de quitter la Baltique en 1398, mais ils trouvèrent refuge dans un autre espace tourmenté par les rivalités politiques : la Frise septentrionale et le comte d'Oldenbourg. Ils cherchèrent l'appui auprès des chefs frisons. La légende veut que Störtebecker trouve refuge chez Keno tom Brok, à Marienhafe, et s'est marié avec la fille de son protecteur. Les Vitaliens servent alors de mercenaires dans les querelles de leurs nouveaux protecteurs et aux navires marchands –anglais et hanséatiques- de passage dans la région.
 
Les corsaires de la Baltique, derrière la légende de Klaus Störtebecker, une réalité moins nobleCette bascule dans la mer du nord ne leur fut pas propice puisqu'au printemps 1400 les villes de la ligue hanséatique perdent patience, ce qui amène la réunion des flotte de Hambourg et de Brême qui en vint à bout. Une bonne partie des pirates est tuée, une autre partie est arrêtée, mais plusieurs groupes arrivent à s'échapper. L'un d'entre eux, composé de 114 hommes, est commandé par Störtebecker, il mène ses hommes auprès des ducs de Hollande. Or à la fin de l'été 1400, il reprend la mer et s'installe à Helgoland. De là, il s'attaque au commerce entre l'Angleterre et Hambourg. Contrairement aux attentes du pirate, la réaction est rapide, Hambourg envoie une flotte. Lors de la bataille d'Helgoland, 40 pirates sont tués, 70 ou 80 autres, avec leur chef Klaus Störtebecker sont arrêtés entre le 15 août et le début du mois d'octobre 1400. Les derniers furent décapités en place publique à Hambourg l'année suivante, avec leur chef légendaire : Klaus Störtebecker. L'aventure d'abord licite des Vitaliens, puis incontrôlable, se termine donc dans une répression magistrale ponctuée par une pénalité exceptionnelle : la conservation des crânes des condamnés, un clou fiché sur leur tête permettant leur manipulation.
 
La légende ne tarde pas à s'emparer de leurs aventures et leur prête des exploits fabuleux. Mais les Vitaliens n'avaient rien de noble pris aux riches pour donner aux pauvres, contrairement à la légende, rien ne dit qu'ils ont pris aux riches pour donner aux pauvres, puisqu'ils se partageaient tout leur butin, et ils ne l'ont donné à personne d'autre. Les gens devraient abandonner l'idée que ces hommes étaient prêts à renoncer à tout leur butin. La mort de Störtebecker fait également partie de cette légende. Alors que les autres Vitaliens ont été exécutés à Hambourg, il n'y a aucune preuve que Störtebecker était parmi eux.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures : Gilbert Buti, et Philippe Hrodej, Dictionnaire des corsaires et des pirates, CNRS Editions, 2013, et Histoire des pirates et des corsaires. De l'antiquité à nos jours, CNRS Éditions, 2016, https://www.dw.com/en/germanys-most-famous-pirate-a-cross-between-robin-hood-odysseus/a-15311848, https://www.lumni.fr/video/stortebecker-le-corsaire-rouge, https://www.programme-tv.net/programme/culture-infos/629632-les-corsaires-de-la-baltique/, http://www.self.gutenberg.org/articles/eng/victual_brothers,  Jean Maurice BIZIÈRE, «VITALIENS ou VITALIENBRÜDER», Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 8 octobre 2020. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/vitaliens-vitalienbruder/.
 
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Tags : Histoire
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#Posté le mercredi 14 octobre 2020 03:54

Modifié le mercredi 14 octobre 2020 04:13

Le calife al-Hâkim, entre cruauté et modération

Le 18 octobre 1009 a eu lieu la destruction de l'église du Saint-Sépulcre de Jérusalem, qui va faire germer une idée : il faut récupérer et défendre par les armes ces lieux de la Passion et de la Résurrection, d'un mot, il faut partir en croisade. L'auteur de cette destruction, le calife Fatimide al-Hâkim (985-1021) est un personnage étrange dont les attitudes outrancières et les décisions brutales, ont été diversement interprétées : actes d'un déséquilibré ? Attentes millénaristes autour de l'an 400 de l'Hégire (1009) ? Stricte application de la loi ismaïlienne ? Ou encore politique dictée par les influences contradictoires de son entourage ?
 
Le calife al-Hâkim, entre cruauté et modérationÀ la mort du calife al-'Azïz en 996, son fils al-Hâkim, né en 985, lui succéda à l'âge de 11 ans. Les premières années de son règne sont fort agitées : guerre avec les Byzantins avec lesquels furent conclue une trêve en 1001  et troubles intérieurs provoqués par les luttes d'influence entre les troupes berbères et les troupes turques. En 1004, le califat sunnite des Abbassides soutint une révolte syrienne contre al-Hâkim. L'insurrection fut écrasée par les troupes chiites du vizir al-Fadel, fidèle d'al-Hâkim. Craignant une autre révolte en Syrie, le tyran finit par renoncer à une lutte frontale contre le sunnisme.
 
Cultivé, grand bâtisseur, il sombre progressivement dans la paranoïa après avoir fait assassiner son tuteur, Bardjawān en 1000. Par peur des complots, il supprime la charge de vizir, et trouvant les courtisans chrétiens et juifs trop riches, il juge qu'ils lui barrent l'accès à la population. Choqué par la liberté de m½urs qu'il impute à la cohabitation entre chrétiens et musulmans, il ordonne d'enfermer les femmes chez elles. Mais, il fait aussi par exemple interdire les instruments de musique, interdire aux chrétiens de boire du vin en 1004, interdire à quiconque de se promener la nuit dans les rues, promenades auxquelles lui-même prend grand plaisir. En 1008, le calife confisque globalement les biens des églises et des monastères.
 
Le calife al-Hâkim, entre cruauté et modérationAnnonçant la fin du monde pour l'an 400 de l'Hégire (1009), il fait détruire des églises et des synagogues en Égypte et en Syrie, les remplaçant par de nouvelles mosquées. C'est dans ce contexte qu'est ravagée la basilique du Saint-Sépulcre à Jérusalem. Une délégation très officielle de notables et de descendants du Prophète assiste à l'ouverture du lieu, à la confiscation de ses biens, à sa démolition systématique. Un procès-verbal est dressé et envoyé au calife. La nouvelle se répand vite en Égypte, et dans le monde musulman on se réjouit de son audace; en Europe, elle fait scandale et le monde chrétien ressent alors à quel point les Lieux-Saints sont à la merci des Infidèles. À cela s'ajoute pour eux, l'interdiction de célébrer diverses fêtes, et des exécutions arbitraires. L'approche de la fin du monde entraînant l'abolition des religions antérieures, il veut réunifier par la force les shiites et les sunnites dans un nouvel islam, faisant du Caire le seul lieu de pèlerinage pour ses sujets, afin qu'ils se recueillent sur les reliques de ces ancêtres alides. Rejeté par la population après qu'il ait édicté des mesures antisunnites et, en 1005, lancé l'anathème contre les compagnons du Prophète, son projet de réunification religieuse est abandonné.
 
Le calife al-Hâkim, entre cruauté et modérational-Hâkim dans un dernier revirement revient à l'attitude tolérante de ses prédécesseurs suite aux agitations religieuses qui apparurent sous son califat en autorisant en 1013 la restauration des rites sunnites et punit ceux qui insultaient les compagnons, et restaurer églises, synagogues et monastères, tout en autorisant ceux qui s'étaient convertis de force à revenir à leur religion première en 1020. Ces divers décrets aient soulevé l'indignation populaire et provoqué de nombreuses révoltes qu'il noie toutes dans le sang. Ces extravagances dans tous les domaines arrivent à leur paroxysme en 1017-1018. Il s'efface alors  de la vie publique au profit d'un cousin dès 1019, et al-Hâkim apprit en 1021 que de nouveaux Musulmans, Musulmans de façade, se réunissaient secrètement pour célébrer la messe : il ne tenta rien contre eux. Puis, il meurt une nuit de l'année en 1021, peut-être assassiné par sa s½ur Sitt al-mulk, craignant elle-même pour sa vie, qui fait proclamer imam le fils d'al-Hâkim, al Zâhir, après qu'il soit sorti des portes sud du Caire sans être jamais été revu.
 
À sa mort, certains voulurent faire admettre sa divinité et furent à l'origine de la secte des Druzes, pour qui il était (et est) Dieu, et sa disparition indiquait simplement son retour à une forme non humaine. Tandis que pour les Ismaélites, al-Hâkim était le seizième imam, descendant du Prophète donné comme infaillible. Depuis sa mort, al-Hâkim est resté sujet à controverses : il fut édulcoré dans Les Mille et Une Nuits (récit paru au Xe siècle), brandi comme une menace par les dynasties qui succédèrent aux Fatimides, puis donné en exemple, entre 2014 et 2019, par l'ancien leader de Daech, Abou Bakr al-Baghdadi. Un autre calife sanglant...
 
Pour aller plus loin, je vous mets ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Paul E. Walker, Caliph of Cairo: Al-Hakim Bi-Amr Allah, 996-1021, The American University in Cairo Press, 2010, Cyrille Aillet, Emmanuelle Tixier et Éric Vaillet (dir.), Gouverner en Islam - Xe - XVe siècles, Atlande, 2014, Alain Ducellier, Michel Kaplan, Bernadette Martin, et Françoise Micheau, Le Moyen-âge en Orient : Byzance et l'Islam, Hachette, 2014, https://www.geo.fr/histoire/al-hakim-un-calife-fou-201167, et https://www.lhistoire.fr/al-h%C3%A2kim-le-calife-sanglant.
 
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Tags : Histoire, Religion
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#Posté le dimanche 18 octobre 2020 07:42

La bataille de la Montagne-Blanche, ou le début de la Guerre de Trente Ans

Première bataille de la guerre de Trente Ans, la Montagne Blanche marque, après la défenestration de Prague, l'écrasante défaite des troupes protestantes des États de Bohême, le 8 novembre 1620.
 
La bataille de la Montagne-Blanche, ou le début de la Guerre de Trente AnsLa guerre de Trente Ans commence avec la défénestration de Prague le 23 mai 1618 de la fenêtre du palais royal de deux gouverneurs  du parti catholique, du comte Slawata, du comte Martiniz, et d'un membre de l'administration des États par des membres du parti protestant, à cause de leur opposition au compromis de La Lettre de Majesté (la concession de la liberté religieuse aux États de Bohême), ceux-ci survivent en tombant dans la fosse à purin, et la révolte de Bohême qui fait suite à l'abrogation par l'empereur Mathias Ier de Habsbourg de La Lettre de Majesté en 1609, qui favorise le parti catholique favorable à une reconquête musclée et refuse de répondre aux plaintes des protestants contre les vexations dont ils sont l'objet, notamment en Bohême, tout en déplaçant sa cour de Prague à Vienne en 1617 et officialise Ferdinand de Styrie comme son successeur, ce dernier est couronné roi de Bohême le 28 juin 1617, et doit se charger de son État révolté, alors que l'indécision de Mathias ne l'aide pas beaucoup. À la mort de mort de Mathias le 20 mars 1619, la Bohême révoltée proclame la déchéance de Ferdinand de Styrie, et offre la couronne à l'Électeur palatin, Frédéric V le 26 août, mais deux jours plus tard, Ferdinand est élu à la tête de l'empire et devient Ferdinand II le 28 août, il est couronné le 9 septembre.
 
La bataille de la Montagne-Blanche, ou le début de la Guerre de Trente AnsLe calvinisme strict et l'iconoclasme de Frédéric V entré à Prague le 31 octobre 1619, lui vaut l'hostilité des praguois et des princes luthériens, ce qui peut expliquer qu'il ne reçoit pas de soutien international, car l'Angleterre qui joue l'apaisement, veut se rapprocher de l'Espagne et promet à l'empereur des subsides et le soutien de l'armée des Pays-Bas, et les Provinces-Unies n'envoient que de bonnes paroles ne souhaitant pas être en conflit avec l'Espagne, tandis que l'Union évangélique protège le Palatinat contre la Bavière, mais pas la Bohême. De plus, les Moraves conduits par Charles de Zerotin, hésitent et tardent à donner leur soutien aux Tchèques, alors que l'Électeur de Saxe, luthérien, préféré donner sa fidélité à l'empereur catholique. De plus la Ligue et l'Union ne combattent pas depuis le traité d'Ulm le 3 juillet 1619. Ferdinand II sur les conseils du jésuite Lamormain qui enseigne à Graz, écarte les partisans d'un Contre-réforme modérée comme le cardinal Melchior Khlesl qu'il fait arrêter le 20 juillet 1619.
 
La bataille de la Montagne-Blanche, ou le début de la Guerre de Trente AnsLe conflit est alors indécis, car il met en jeu deux différentes interprétations religieuses, celle des prédicateurs calvinistes du Palatinat qui désirent obtenir le soutien des Tchèques et l'intégration de leur confession dans la paix d'Augsbourg (la liberté religieuse concédée aux États de l'empire et à la chevalerie en 1555), et du côté impérial, celui-ci resserre le lieu entre l'empereur et les jésuites qui renouent avec la tradition de la guerre juste, qui donne légitiment le droit au recours aux armes, et avec l'aggravation du conflit, ils délégitiment la Lettre de Majesté, et prônent la conversion forcée des hérétiques. Alors que Frédéric V ne dispose que des troupes médiocres levées en Bohême par le chef de la noblesse révoltée, le comte de Thurn, tchèque de fraiche date, mené plus par l'ambition que par la piété, et d'une partie seulement de L'Union évangélique, appelle pour le suppléer des condottieres allemands Mansfeld, Christian d'Anhalt et quelques renforts envoyés par le Palatin sous Georges de Hohenhole, Ferdinand II qui ne dispose que de 6000 hommes sous le commandement de Dampierre et d'une poignée de mercenaires envoyés par les espagnols et commandés par Bucquoy, peut non seulement compter sur les forces de la Sainte Ligue reconstituée par le duc de Bavière et commandés par le comte wallon, Jean de Tilly, auxquels s'ajoutent 20 000 hommes levés par le Genevois Spinola, sur l'ordre du roi d'Espagne, mais aussi sur l'alliance du duc de Saxe, qui bien que luthérien, s'est rallié à lui.
 
La bataille de la Montagne-Blanche, ou le début de la Guerre de Trente AnsPeu soutenu, Frédéric V, ne peut résister à la 1re offensive menée par les troupes saxonnes et bavaroises du duc Maximilien, tandis que se répand une vague eschatologique chez les calvinistes après les 1res défaites. Pendant que Spinola attaque le Bas-Palatinat, les Tchèques sont attaqués à leur tour en Bohême par l'armée de Tilly, et le 8 novembre ses 30 000 hommes baignés dans une sorte de mystique de la violence, écrasent leurs 21 000 hommes en deux heures à la bataille de la Montagne-Blanche, un escarpement de marnes blanches, situés à quelques kilomètres à l'ouest de Prague. Cela n'aurait pas été possible sans le carme Dominique de Jésus-Marie qui a convaincu le Conseil de guerre d'attaquer les rebelles en leur montrant un ex-voto de la Nativité mutilé par les proches de Frédéric V à la Noël 1619, et quand l'affrontement est encore indécis, il enflamme les troupes catholiques en apparaissant au milieu du combat à cheval, portant cette image de la Nativité. Les soldats furent galvanisés par le désir de venger une telle profanation. La victoire des impériaux est complète, Frédéric V s'enfuit dans la nuit recevant le surnom de 'roi d'hiver', ses troupes en quête de butin, saccagent le cimetière juif de Prague, et trouve refuge chez l'Électeur de Brandebourg passé du luthérianisme au calvinisme.
 
La victoire de la Montagne-Blanche est amplifiée par une propagande catholique sans précédent depuis la bataille de Lépante en 1571. La cité de Prague devient un sanctuaire de la Contre-réforme. Ferdinand II punit les rebelles tchèques et autrichiens (exécutions de 27 conjurés protestants en 1621, confiscations massives des biens pour près de 700 nobles ou grands propriétaires en 1621). Les villes sont recatholicisées et la noblesse est forcée de choisir entre conversion et exil, ce qui pousse 20 % de celle-ci à quitter la Bohême pour la Saxe vers 1625. La Montagne Blanche est aussi l'occasion d'un examen de conscience où les dérives des Églises issues de la Réforme sont durement critiquées par les protestants eux-mêmes. La Guerre de Trente Ans, ne fait que commencer.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Olivier Chaline, La bataille de la Montagne Blanche, 8 novembre 1620 : Un mystique chez le guerrier, Noesis Agnes Vienot Eds, 1999, et https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2002-3-page-211.htm, François Lebrun, L'Europe et le monde : XVIe, XVIIe, XVIIIe siècle, Armand Colin, 2002, Jean-Pierre Bois, Les Guerres en Europe, 1494-1792, Belin, 2003, Christian Bonnet, Les affrontements religieux en Europe : Début XVIe-milieu XVIIe siècle, Editions du Temps, 2008, David El Kenz, et Claire Gantet, Guerres et paix de religion en Europe : XVIe -XVIIe siècles, Armand Colin, 2008, et Thibaut Klinger, Les affrontements religieux, Atlande, 2008.
 
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Tags : Histoire, Histoire du christianisme
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#Posté le dimanche 08 novembre 2020 07:32

La Vieille République au Brésil, un régime oligarchique et instable

La Vieille République au Brésil, un régime oligarchique et instableLe 15 novembre 1889, la «République fédérative des États-Unis du Brésil» est proclamée à l'hôtel de ville de Rio de Janeiro dans l'indifférence populaire. Quelques heures plus tôt, le maréchal Manuel Deodoro da Fonseca, proche des fazendeiros, le plus haut gradé de l'armée impériale, renverse le gouvernement libéral du vicomte de Ouro Preto, et proclame la république sous la pression des républicains, tandis que la foule entonne la Marseillaise. L'empereur Pedro II et sa famille embarquent pour l'exil pendant que l'ensemble des provinces se rallient sans difficulté au nouveau régime, au fur et à mesure que la nouvelle se répand. Le régime est baptisé «République Café au lait», référence aux deux grandes régions qui se partagent le pouvoir : celle de Sao Paulo, connue pour sa production de café, et celle du Minas Gerais, connue pour son industrie laitière. Clientéliste, figée, monopolisée par les élites et l'oligarchie du café : la première République a cependant permis l'entrée du Brésil dans la modernité. La Première République est surtout une redistribution géographique du pouvoir. Sous l'Empire dominait le personnel politique issue des bonnes familles des provinces de Bahia, Pernambouc, Minas Gerais, Rio de Janeiro. La République voit s'affirmer l'État de São Paulo qui connait, depuis les années 1880, une croissance exceptionnelle et est devenu le c½ur économique du pays, la «locomotive de la Fédération». Aucun État n'est cependant en mesure de contrôler seul l'Union.
 
La Vieille République au Brésil, un régime oligarchique et instableCe sont principalement des républicains modérés qui intègrent le gouvernement de Deodora da Fonseca. Personne n'y représente les intérêts du peuple qui reste à l'écart de l'idéal républicain. Sans attendre, sous l'influence des penseurs positivistes, un courant de pensée influencé par le Français Auguste Comte, les républicains brésiliens choisissent comme devise nationale «Ordre et Progrès»; elle est inscrite en portugais (Ordem e progresso) sur le nouveau drapeau. Ce drapeau est au départ une copie verte, bleue et jaune du Stars and Stripes états-unien, mais il est vite remplacé par le drapeau brésilien tel qu'on le connaît aujourd'hui et qui a été dessiné par les positivistes. Notons que cette même influence positiviste conduit à faire du 14 juillet un jour férié au Brésil, au nom de la «liberté universelle». Les grands propriétaires fonciers et les élites brésiliennes revendiquent aussi, à travers le positivisme, une forme de gouvernement «éclairé» qui fait peu de cas de l'avis des classes populaires. Ils vont rapidement marginaliser les positivistes qui font figure de radicaux et d'extrémistes au fur et à mesure de l'installation du nouveau régime. Dès le 17 janvier 1890, le gouvernement provisoire fait droit à la revendication de séparation des Églises et de l'État, instaurant la liberté de culte et le mariage civil. Pour l'Église, qui déplore la naissance d'un État athée, c'est aussi la libération de la tutelle de l'État : les évêchés fleurissent et les congrégations originaires d'Europe arrivent massivement. Les séminaires passent également sous l'influence de congrégations étrangères, afin de renforcer le niveau intellectuel et d'affermir la morale des futurs prêtres. Le 24 février 1891, on promulgue d'une Constitution fédérale, calquée sur celle des États-Unis. Les États disposent d'une grande autonomie économique, administrative et politique. Ils choisissent leur président et leur assemblée législative. À priori démocratique, la constitution exclut les analphabètes du droit de vote, qui représentent 40% de la population, dont la grande majorité des anciens esclaves, des noirs et métis. La République des fazendeiros, propriétaires de plantations caféières, voit ainsi le jour. Deodoro da Fonseca est élu à la présidence, mais elle sera assez courte, car il est contraint à la démission le 23 novembre 1891, il se fait remplacer par le maréchal Floriano Peixoto entre 1891 et 1894, véritable despote qui combat la révolution fédéraliste du Rio Grande do Sul qui menace l'unité de la nation. Il est remplacé par l'avocat Prudente de Morais qui accède à la présidence de la République en 1894. Ce premier président civil élu au suffrage «universel» demeure au pouvoir jusqu'en 1898. Sous sa présidence, l'armée détruit en 1897 la communauté de Canudos, fondée dans le Nordeste en 1893 par des paysans pauvres entrés en rébellion, et Prudente de Morais échappe de peu à un attentat. La plupart sont massacrés. Son successeur entre 1898 et 1902, le Pauliste Campos Sales met en place un système d'entente entre Rio et les gouvernements de la fédération qui favorise le maintien au pouvoir des élites, en mettant en place le choix du président par les gouverneurs puis sa confirmation aux élections, avec le choix de son successeur. L'État s'engage à réprimer les éventuelles dissidences locales, d'où le nom de colonélisme attribué à ce système de la politique des gouverneurs. Les colonels sont en effet les chefs locaux de l'intérieur. La République confère ainsi au colonélisme une importance qu'il n'avait pas jusque-là, en donnant du pouvoir au municipe. Le Brésil devient alors une république fédérale et oligarchique, reposant sur les grands propriétaires terriens, les coronels.
 
La Vieille République au Brésil, un régime oligarchique et instableCampos Sales impose son successeur un 3e Pauliste, le Conseiller Francisco de Paula Rodrigues Alves (1902-1906), ancien gouverneur de la Province de Sao Paulo, malgré la réserve des Républicains historiques, ce qui vaudra avec ce retour des dignitaires impériaux, le surnom à la république de «République des conseillers». Le président de la République abandonne le choix de son successeur à un directoire informel des États. Pour lui succéder, on choisi le candidat de Mineira, le Conseiller Afonso Pena élu par la volonté des États en 1906, il tente deux ans plus tard, de se passer de leur volonté, une mauvaise idée puisque le «Bloc», une coalition d'État, rejette sa candidature et soutien le maréchal Hermes de Fonseca, neveu de Deodoro da Fonseca, qui est élu président en 1910, cette élection pousse l'avocat Rui Barbosa à partir du Bloc et à axer une campagne pour la moralisation de la vie politique et le secret du vote, mais il échoue. Le régime sous la coupe de l'impitoyable Pinheiro de Machado, qui récompense ses amis proches et a pris l'habitude d'intervenir dans la politique des petits et grands États embrigadant ses représentants dans sa clique au Sénat, il se débarrasse aussi de ses opposants à Salvador de Bahia en 1912 en faisant bombarder la ville par les troupes fédérales et en plaçant un gouverneur moins regardant dans l'État de Bahia. La presse ne se prive pas de se moquer du maréchal Hermes de Fonseca. Le Brésil a le droit aussi à deux révolte celle des marins de la flotte brésilienne en 1910 dans la baie de Guanabara contre les mauvais traitements dont il sont les victimes, dont leur amiral improvisé le matelot noir João Cândido Felisberto menace d'ouvrir le feu sur la ville, le Congrès cède à leur revendication tout en leur donnant une amnistie par peur, et celle millénariste menée par un certain José Maria, laïc illuminé, dans la région du Contestado, zone frontière disputée entre le Paraná et le Santa Catarina. Plusieurs villes saintes se forment, regroupant 20 000 fidèles environ, et il faut l'intervention de l'armée fédérale pour venir à bout du Contestado puisque les communautés sont détruites une à une à partir de septembre 1914. En 1914, l'élection mineiro de Vanceslau Bràs confirme la pratique, puisqu'il s'en tient à la stricte application de la «politique des gouverneurs», et parvient à affaiblir Pinheiro de Machado qui est assassiné dans des conditions mal éclaircies le 8 septembre 1915. Le régime déclare la guerre à l'Allemagne en 1917 et s'engage aux côtés des Alliés, et fait aussi face à la grève générale à São Paulo. Les ouvriers revendiquent de meilleurs salaires. Certains quartiers s'organisent en pôles de résistance. Cependant, du fait du faible poids des ouvriers, la République n'élabore aucune législation du travail. Pourtant, l'alliance conflictuelle entre Minais Gerais et Sao Paulo est reconduite, elle s'unit pour l'élection de 1918 qui confronte l'ancien président Rodrigues Alves  (Sao Paulo) au mineiro Delfim Moreira. Élu, Rodrigues Alves  meurt avant d'assurer sa présidence. Le système mis en place par Campos Sales demeure.
 
La Vieille République au Brésil, un régime oligarchique et instableCette première République, qui peine à se réformer et connaît de sérieuses contestations dans les années 1920 sous la présidence du Paraibano Epatácio Pessoa (1919-1922), d'Arthur Bernardes (1922-1926), à l'élection contestée, qui fait face à une révolte des militaires du fort de Copacabana à Rio en 1922 contre son arrivée au pouvoir, bombardés, les insurgés doivent se rendre dès le lendemain, mais le mouvement de rébellion est lancé pour une décennie, qui est remplacé par Washington Luìs (1926-1930) qui assouplit la censure, car la question ouvrière fait son apparition dans les rares centres industrialisés que sont Rio de Janeiro et São Paulo, du fait que le pays compte 275 000 ouvriers, signe de son industrialisation, le développement économique du Brésil fait pâle figure à côté du dynamisme argentin, et la République est de plus en plus critiquée, tandis que se diffuse un discours contre les oligarchies, auxquelles les contestataires reprochent leur égoïsme et leur manque de patriotisme, et notamment le mouvement des lieutenants ou tenentismo qui apparaît en 1922, sous l'influence de jeunes officiers qui se tiennent pour les dépositaires du patriotisme et de la moralité publique. Ils aspirent à voir brisée la toute puissance de São Paulo et du Minas. Leur mouvement exige une double rupture : avec les élites dominantes d'une part et la hiérarchie militaire d'autre part. En juillet 1924, une révolte populaire éclate à São Paulo, puis s'étend à l'ensemble du pays. La loi martiale est instaurée. Puis en octobre, Luís Carlos Prestes, futur dirigeant du PCB, forme une colonne de mille six cents rebelles qui sillonneront le Brésil pendant trois ans pour tenter de soulever les campagnes. En 1927, des experts et des économistes britanniques sont sollicités pour conseiller le gouvernement afin de juguler les troubles sociaux au Rio Grande do Sul et à São Paulo. Les grèves sont interdites. Enfin cette la «Vieille République», est aussi victime de la légende noire, forgée et diffusée par ceux qui la renversent en 1930 : Getúlio Vargas qui prend le pouvoir après un putsch mené par les militaires suspend aussitôt la Constitution. La «Révolution de 1930», ainsi qu'elle continue d'être désignée, est bien accueillie par l'ensemble de la population, lasse des jeux oligarchiques et séduite par le discours social tenu par les révolutionnaires. Les soutiens de Vargas sont hétéroclites : les oligarchies hostiles à la domination de São Paulo, les tenentes, les classes moyennes, les milieux ouvriers... La pensée sociale du gouvernement provisoire, qui crée un ministère du Travail et un ministère de l'Éducation, est très influencée par la doctrine sociale de l'Église catholique. Il s'agit surtout de détourner les masses du communisme.
 
Pour aller plus loin, je vous mets ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Armelle Enders, Histoire du Brésil contemporain: XIXe-XXe siècles,  Editions Complexe, 1997, «La République des oligarques», dans L'Histoire n°366, juillet-août 2011, et https://www.monde-diplomatique.fr/mav/113/PIRONET/52116, https://www.clio.fr/chronologie/chronologie_bresil.asp#Les%0Ad%C3%A9buts%20de%20la%20R%C3%A9publique, https://www.herodote.net/15_novembre_1889-evenement-18891115.php, https://www.lefigaro.fr/international/2018/10/27/01003-20181027ARTFIG00109-le-bresil-entre-democratie-et-dictature-une-histoire-mouvementee.php, et https://www.retronews.fr/colonies/interview/2019/11/18/interview-bresil-armelle-enders.
 
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#Posté le dimanche 15 novembre 2020 12:47

Frédéric 1er Barberousse, ou la reprise en main du Saint Empire

Nous allons voir aujourd'hui, Frédéric 1er, souverain du Saint Empire romain-germanique (1152 - 1190), surnommé Barberousse à cause de sa pilosité flamboyante, est devenu l'un des grands héros traditionnels de l'Allemagne, peut-être le plus grand.
 
Frédéric 1er Barberousse, ou la reprise en main du Saint EmpireFrédéric Barberousse Hohenstaufen, roi de Germanie, d'Italie et de Bourgogne, était à la tête d'un empire qui s'étendait de la Baltique à l'Italie centrale, du Rhône aux portes de la Hongrie, du fait que prédécesseurs de Frédéric, Lothaire II et Conrad III, avaient été des empereurs faibles, sous les règnes desquels les luttes entre les familles des Welfs et des Staufen avaient mis à mal le fragile équilibre de l'Empire, son choix en 1152 à la tête de l'Empire, de celui qui est fils d'un Staufen et d'une Welf, fut donc celui du compromis, alors qu'il était déjà désigné par son oncle Conrad III. Frédéric montra à l'occasion de son élection par la Diète l'étendue de ses talents diplomatiques qui lui permettront en 1156 de régler la question bavaroise en restituant la Bavière à Henri le Lion et en créant la marche d'Autriche, tout en inféodant le duché de Souabe à son neveu Frédéric de Rothenburg, mais en conserve l'administration, entendant prendre appui sur le sud-ouest de l'Allemagne. Une révolte à Rome en 1155, derrière Arnaud de Brescia, l'obligèrent à se rendre pour la première fois dans la péninsule italienne en 1155 et à s'y faire couronner empereur.
 
Pendant trente-huit ans de règne, il a tenté de consolider le pouvoir royal en Germanie, dont il devait garantir la paix et il pouvait mettre au ban de l'Empire ceux qui la troublaient – comme lorsqu'il condamna en 1180 son cousin Henri le Lion, trop ambitieux et incontrôlable, à la perte de ses duchés (Saxe et Bavière) et au bannissement, et afin de rehausser son autorité, le principal conseiller de Frédéric, Rainald de Daissel, rapporta de Milan à Cologne les reliques des rois Mages, où elles sont encore conservées de nos jours, et pour les mêmes raisons, Frédéric fit canoniser son prédécesseur Charlemagne en 1165, des actions qui visent à proclamer son pouvoir, tout en essayant de contrôler celui de l'Église après la mort d'Adrien IV en 1159 lorsque furent élus, dans des circonstances troubles, deux papes, Alexandre III, très hostile à Frédéric, et Victor IV, qui lui était au contraire favorable, dans un schisme devait durer presque 25 ans et mobiliser l'ensemble de la chrétienté occidentale, et de conserver son pouvoir sur l'admirable résistance des communes libres de Lombardie et de Vénétie, où il alla jusqu'à raser Milan, d'obtenir plus d'autonomie. Une première diète à Roncaglia en 1155 n'avait pas réglé les problèmes, une deuxième s'y tint à la fin de 1158, après que les armées impériales, renforcées par des contingents des autres villes, eurent contraint Milan à se soumettre.
 
Frédéric 1er Barberousse, ou la reprise en main du Saint EmpireEn s'alliant avec Alexandre III, les communes libres de Lombardie et de Vénétie firent un pas en avant vers une autonomie totale qui amena la destruction de Milan par les impériaux en 1162, ce qui n'empêcha pas la constitution de la ligue lombarde en 1167 qui infligea à l'empereur la retentissante défaite de Legnano (1176), qui aboutit à la paix de Constance en 1183 qui fut le résultat de concessions réciproques dans lesquelles l'empereur réaffirmait ses droits souverains sur les cités lombardes en exigeant des consuls un serment de fidélité, mais il reconnaissait de facto l'autonomie juridique des villes, autorisées entre autre – et le symbole est très fort – à ériger des fortifications. Le règlement définitif de la querelle avec le pape en 1188 se fit sous les auspices de l'appel à la Croisade, puisque Saladin, après avoir vaincu les chrétiens à Hattin, était entré dans Jérusalem le 2 octobre 1187.
 
Frédéric 1er Barberousse, ou la reprise en main du Saint EmpireHomme de foi cependant, Barberousse décida de porter sa combativité inlassable contre Saladin et les Turcs, qui venaient de reprendre Jérusalem aux chrétiens. Ce fut l'origine de la troisième croisade. Il n'eut pas le temps d'y jouer le rôle glorieux qu'il avait espéré : ayant déjà participé à la deuxième Croisade dans sa jeunesse, il prit la tête des troupes allemandes et italiennes, et après une difficile traversée de l'Anatolie, il se noya le 10 mai 1190, dans la rivière Selif, manquant ainsi la suprême occasion de conférer une auréole à son image de héros légendaire, alors que les buts de cet homme considéré comme un "martyr" chrétien était moins nobles : il rêvait de conquérir le royaume de Sicile, de s'imposer à l'empereur byzantin et d'étendre son pouvoir en Terre sainte. La légende s'est alors emparé de lui, prolongée par celle de son petit-fils, Frédéric II, et en a fait l'empereur des derniers jours, celui qui n'est pas mort, mais endormi dans les flancs d'une montagne où il attend la fin du monde. Richard Wagner le voyait comme le second Siegfried, l'orgueilleux entêté qui avait lacéré la tunique du Christ, et Dante comme le tyran cruel qui rasa Milan en 1162.
 
Pour aller plus loin, je vous mets aujourd'hui ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Marcel Pacaut, Frédéric Barberousse, Bayard, 1991, Ivan Gobry, Frédéric Barberousse : Une épopée du Moyen âge, Tallandier, 1997, Pierre Racine, Frédéric Barberousse, 1152-1190, Perrin, 2009, et https://clio-cr.clionautes.org/frederic-barberousse.html, et   https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Fr%c3%a9d%c3%a9ric_I_er_Barberousse/120271.
 
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#Posté le mardi 17 novembre 2020 07:19

Le guerrier viking était une femme

Le guerrier viking était une femmePendant plus d'un siècle, une des plus iconiques tombes d'un chef de guerre viking du Xe siècle était perçue comme celle d'un homme découverte en 1878 par l'archéologue Suédois Hjalmar Stolpe, à Birka dans le sud-est de la Suède, un site créé au VIIIe siècle qui était également un lieu privilégié d'échanges et de ventes d'esclaves. La circulation des biens et des personnes sur ce site a transformé Birka en un cimetière international où de nombreux rites funéraires étaient observés. Certains corps étaient brûlés et d'autres assis sur des chaises imposantes. Les deux chevaux enterrés avec le défunt en position assise suggèrent qu'il s'agissait d'un cavalier. Beaucoup d'armes accompagnent le squelette : deux boucliers, une épée, une hache, une lance, des flèches, un couteau de combat. Aux côtés du squelette, un jeu de stratégie laisse penser qu'il s'agit de la tombe d'un important stratège militaire.
 
Le guerrier viking était une femmeDès les années 1970 certaines équipes  (notamment une jeune archéologue, Berit Vilkans en 1975) émettent des doutes quant au sexe du squelette retrouvé dans la tombe. En 2014, une étude approfondie des os de l'ostéologue suédoise Anna Kjellström, co-auteur de l'étude parue dans la revue American Journal of Physical Anthropology, affirme qu'il s'agit d'un bassin féminin, mais cette théorie est rejetée y compris par des archéologues, qui suggèrent que la tombe abritait à l'origine deux époux ou bien que les ossements ont été mélangés avec ceux d'une autre sépulture. Il a fallu attendre 2017 et des recherches ADN pour en avoir la certitude : ce chef de guerre viking était bel et bien une cheffe. Elle n'a jamais eu qu'un unique occupant qui est «la première guerrière viking femme de haut rang confirmée». Ayant «planifié, dirigé et pris part à des batailles», elle mourut vers l'âge de 30 ans. Elle mesurait 1,70 mètre, une grande taille pour l'époque. Il est également possible, que les proches de cette femme l'aient vêtue d'une tenue guerrière sans pour autant que cela ne reflète sa vie passée. On peut aussi objecter que les armes découvertes dans la sépulture n'appartenaient pas forcément à la défunte, mais peut-être à son mari. Davantage de recherches sont nécessaires pour appuyer cette théorie d'une femme guerrière. Son squelette est aujourd'hui conservé au muséum d'Histoires naturelles de Stockholm, en Suède.
 
La tombe de Birka n'est pas la seule preuve archéologique de l'existence de femmes guerrières. Dans d'autres tombes vikings les archéologues ont retrouvé des haches, des flèches et quelquefois des épées ou des lances aux côtés de squelettes féminins. Dans le sud de la Scandinavie, on a retrouvé lors de fouilles des bijoux du IXe siècle à l'effigie de femmes guerrières. Une étude publiée le 8 décembre 2014 dans la revue Philosophical Transactions of the Royal Society, qui portait sur le matériel génétique extrait de 45 spécimens exploitables d'ossements anciens exhumés dans le centre et le nord de la Norvège, et datés entre l'an 793 et l'an 1066, a ainsi mis en lumière le fait que les Vikings ne laissaient pas vraiment leurs épouses à la maison pendant leurs campagnes guerrières, et qu'elles participèrent au contraire de manière active à l'expansion de la société viking et son établissement en Atlantique nord. Ces preuves archéologiques font écho aux légendes et mythes vikings qui mettent en avant des femmes guerrières comme les Valkyries. Ces divinités dirigeaient des batailles et distribuaient la mort parmi les guerriers. Elles accompagnaient ensuite leur âme au temple d'Odin, le Valhalla. Certains textes plus tardifs du XIIe siècle les mentionnent, ceux de Saxo Grammaticus parlent des femmes vikings en expliquant qu'elles préfèrent les querelles aux baisers, qu'elles aiment davantage le goût du sang à celui des lèvres, et certains anciens écrits à l'instar de ceux de l'historien danois Saxo suggèrent également l'existence de femmes nordiques partant au combat.
 
Le guerrier viking était une femmeSi ces textes et découvertes archéologiques confirment la présence de femmes guerrières, il n'existe pas de certitudes quant à leur rôle dans la société et il est impossible de dire si la société viking était égalitaire. Ce qui était plus important, c'était la famille à laquelle vous apparteniez et ce que les gens attendaient de cette famille. La femme viking commençait dès l'enfance à accomplir des tâches agricoles afin de servir l'intérêt du clan. Lors des nombreux raids guerriers et commerciaux, la bonne gestion quotidienne de la maisonnée, de la ferme et du territoire en général dépendait de l'épouse, la húsfreyja. Cette dernière gagnait ainsi en autorité et en indépendance au sein de la société, et jouissait surtout d'un profond respect et d'une légitimité certaine. Des chercheurs de l'université de Tubingen ont analysé les squelettes de restes datant de plusieurs milliers d'années afin de comparer l'état de santé des hommes et des femmes scandinaves. Ils ont constaté que l'émail des dents était relativement égal chez les deux sexes, ce qui peut signifier que les femmes avaient accès à autant de ressources et de nourriture que les hommes, ce qui n'était pas le cas dans toutes les sociétés occidentales de l'époque. Les femmes avaient également des traits très masculins. Lise Lock Harvig, archéo-anthropologue du Département de Médecine légale de l'Université de Copenhague, avance d'ailleurs qu'il «est plus difficile, visuellement, de déterminer le sexe d'un squelette de l'Âge Viking».  Les femmes, d'après les travaux de la chercheuse, mesuraient en moyenne 1,58 m et étaient globalement plus musclées que les femmes d'aujourd'hui, notamment parce qu'elles effectuaient des tâches très physiques. Ce qui est certain, c'est que les femmes accompagnaient les hommes lors de leurs campagnes sur les îles britanniques afin de s'y installer et d'engendrer une descendance.
 
Le guerrier viking était une femmeVenir d'une famille de dirigeants de la société était plus important que d'être une femme ou un homme. Et si on dessine très prudemment un parallèle avec les temps modernes, on voit qu'il y a des pays dans le monde qu'on ne perçoit pas forcément comme égalitaires entre hommes et femmes, mais dont certaines femmes occupent des postes de Premier ministre par exemple, parce qu'elles viennent d'une famille qui est traditionnellement perçue comme une famille dirigeante.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : https://photo.geo.fr/ce-guerrier-viking-decouvert-en-suede-etait-en-realite-une-femme-d-apres-des-archeologues-34307#des-centaines-de-tombes-decouvertes-592873, https://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18686162.html, https://www.caminteresse.fr/histoire/lun-des-plus-grands-guerriers-vikings-etait-une-guerriere-11128204/, https://www.franceculture.fr/histoire/les-guerriers-vikings-etaient-aussi-des-femmes,  https://www.geo.fr/histoire/le-guerrier-viking-de-plus-de-1000-ans-decouvert-en-suede-serait-bien-une-femme-194608, https://www.nationalgeographic.fr/histoire/2020/05/il-y-a-1500-ans-les-femmes-vikings-a-legal-des-hommes, et https://www.nationalgeographic.fr/histoire/lun-des-plus-grands-guerriers-vikings-etait-une-femme.
 
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#Posté le mercredi 18 novembre 2020 07:27

Le procès de Nuremberg, ou la naissance de la justice internationale

Longtemps rétive à examiner son passé, l'Allemagne commémore vendredi le 75e anniversaire de l'ouverture du procès de Nuremberg, acte de naissance de la justice internationale au cours duquel ont été jugés 21 dignitaires nazis.
 
Le procès de Nuremberg, ou la naissance de la justice internationaleNuremberg, 20 novembre 1945. Dans une ville encore en ruine, six mois à peine après la capitulation allemande, s'ouvre le procès des criminels nazis. Ville bavaroise en grande partie détruite par les bombardements, Nuremberg, située en zone d'occupation américaine, était un des symboles du nazisme où Hitler tenait de grands rassemblements et où ont été promulguées en 1935 les lois anti-juives. États-Unis, France, Royaume-Uni et Union Soviétique sont réunis pour rendre une justice exemplaire en réponse aux crimes contre la paix et, pour la première fois dans l'histoire, aux "crimes contre l'humanité" commis par les Nazis. Sur le banc des accusés, 21 des plus hauts dignitaires nazis, parmi lesquels Hermann Göring, Alfred Jodl, Rudolph Hess, Joachim von Ribbentrop, Wilhelm Keitel, Erich Raeder, Baldur von Schirach, Fritz Sauckel, Alfred Rosenberg, Ernst Kaltenbrunner, Arthur Seyss-Inquart, Martin Bormann (jugé en son absence), Hans Frank, Wilhelm Frick, ou encore Karl Dönitz. Tous plaident non coupable. Avant leur comparution à Nuremberg, les hauts responsables nazis sont retenus prisonniers pendant l'été 1945 dans un hôtel de Mondorf les bains, au Grand Duché de Luxembourg. Ils ignorent tout du sort que les Alliés leur réservent. Les journalistes affluent à Mondorf. Göring, plus cabot que jamais, avec son bâton de maréchal en main se fait un plaisir d'organiser une conférence de presse. Ils ont beau fanfaronner, des preuves incontestables sont constituées essentiellement de documents allemands collectés au fur et à mesure que les Alliés progressent dans la reconquête des territoires et l'occupation de l'Allemagne.
 
Le procès de Nuremberg, ou la naissance de la justice internationaleLes magistrats américains, britanniques, français et soviétiques jugent leurs crimes auxquels seule la capitulation du régime nazi avait mis fin : crimes contre la paix et participation à des guerres d'agression, crimes de guerre, avec violations du droit de la guerre et des conventions de La Haye et de Genève, et crimes contre l'humanité, mais contrairement à ce que l'on pourrait croire, ça ne porte pas spécifiquement sur le génocide des juifs, car la mise à mort de plusieurs millions de juifs n'est même absolument pas au centre du procès de Nuremberg qui vise avant tout à juger les persécutions commises contre les civils qui demeurent les principales victimes de la Seconde Guerre mondiale. Cela fait suite, au fait qu'en octobre 1943, les Nations unies créent à Londres une commission des crimes de guerre (à laquelle ne participent pas les Russes). Enfin, le 2 mai 1945, le nouveau président des États-Unis, Harry Truman [qui succède à Franklin Roosevelt, mort le 12 avril 1945], farouchement opposé aux exécutions sommaires, charge Robert Jackson, juge à la Cour suprême, de la préparation du procès. Puis, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France (qui portait la voix des pays occupés de l'Ouest : Belgique, Pays-Bas, Norvège et Luxembourg) et enfin l'URSS, réunies à Londres, les quatre délégations s'étaient chargées de rassembler les preuves, de rédiger l'acte d'accusation et d'établir la liste définitive des accusés amenées au fruit du hasard des captures, rendue publique le 29 août 1945, et qui comprenait au final vingt-quatre responsables du IIIe Reich. On ajouta pour ne pas vexer les Russes, qui avaient peu de criminels dans leurs prisons, Hans Fritzsche, une figure de second plan qui termina sa carrière comme responsable des nouvelles au ministère de la Propagande nazie, alors qu'Ernst Kaltenbrunner [chargé de l'extermination des Juifs et des communistes sur le front de l'Est] se retrouve seul pour incarner la SS et la Gestapo.
 
Le procès de Nuremberg, ou la naissance de la justice internationaleLe 20 novembre 1945, à 10 heures du matin, les quatre juges et leurs quatre suppléants font leur entrée. Lord Justice Lawrence ouvre alors la première audience. Les quatre procureurs généraux, l'Américain Robert H. Jackson, l'Anglais Sir Arthur Shawcross, le Français François de Menthon, le colonel soviétique Roman Rudenko. Dans son discours inaugural, le président du tribunal, le juge britannique Geoffrey Lawrence, rappelle d'ailleurs son caractère historique : "Le procès qui va commencer est unique dans les annales du droit mondial et d'une importance extrême pour des millions de personnes du monde entier". Ce procès permet de jeter les bases de la justice internationale. Le procès fut abondamment couvert par la presse internationale, notamment par Walter Cronkite qui deviendra le présentateur du Journal télévisé de CBS pendant plus de 20 ans, Markus Wolf, qui rejoindra et dirigera plus tard la Stasi, la police politique est-allemande ou le Français Joseph Kessel. Le procès est filmé par le réalisateur américain John Ford. Les projecteurs installés dans la salle dégagent une chaleur étouffante. Mais il est impossible d'ouvrir les fenêtres : elles ont été condamnées et obstruées pour des raisons de sécurité. Pourtant, les "atrocités" commises sont immenses. Pour preuve, les films tournés à la libération des camps et qui, fait inédit, seront projetés au tribunal le 29 novembre 1945 par les Américains. Les images sont effroyables. Dans la salle, l'atmosphère est pesante. Tout le monde guette les réactions des accusés, ces derniers sont secoués. Présentation des pièces à conviction, confrontations, témoignages des bourreaux souvent arrogants, et plein d'assurance, et des victimes se succèdent parmi elles la résistante française Marie-Claude Vaillant-Couturier, survivante des camps d'Auschwitz-Birkenau puis de Ravensbruck, qui livre un récit implacable de plus de deux heures.
 
Le procès de Nuremberg, ou la naissance de la justice internationaleLes dignitaires nazis choisissent des systèmes de défense différents et beaucoup cherchent à sauver leur peau, mais d'autres vont se montrer jusqu'au-boutiste. Après avoir subi une cure de désintoxication, perdu beaucoup de poids et retrouvé toute ses facultés mentales, Göring est, de tous, celui qui va se montrer le plus combatif. On peut dire qu'il a tenu son rôle. Il s'est autoproclamé chef de file de tous les accusés (ce que les autres lui contestent !) et ne s'est jamais désolidarisé d'Hitler. C'est à lui qu'on doit les plus impressionnantes joutes verbales avec Robert Jackson. D'autres sont lamentables. Von Ribbentrop s'effondre comme une loque. Hans Frank, nazi de la première heure, gouverneur de Pologne, et donc au c½ur des persécutions, se découvre subitement catholique, affirmant que «pendant mille ans, on ne pourra pas pardonner à l'Allemagne ses crimes». Mais certains vont se montrer beaucoup plus malins comme Albert Speer, jeune, élégant et intelligent est parvenu à séduire le tribunal et à bénéficier de larges circonstances atténuantes, omettant au passage qu'il utilisait la main-d'½uvre juive d'Auschwitz pour faire tourner ses usines d'armement à la fin de la guerre, ou qu'il savait pertinemment ce qu'il se passait dans le camp de concentration de Dora puisqu'il l'avait visité. Baldur von Schirach sera lui aussi condamné à vingt ans, car il assumera ses responsabilités dans l'effort de guerre. À Nuremberg, certains nazis s'en sont plutôt bien sortis comme l'amiral Dönitz, car son avocat, Otto Kranzbühler, a démontré que ce que ce qu'on reprochait à son client n'était au fond pas si différent de ce que les amiraux de la flotte américaine avaient fait dans le Pacifique contre le Japon, et la stratégie s'avérera payante puisque l'amiral Dönitz ne sera condamné qu'à dix ans de prison pour sa participation à la guerre sous-marine illimité. Inédit dans sa forme, Nuremberg n'est pas exempt de zones d'ombres, comme le massacre de Katyn que l'accusation soviétique essaye en vain d'imputer aux nazis. Les droits de la défense furent violés, notamment lorsque Göring ou Hess ont voulu évoquer Katyn [le massacre par le NKVD, la police politique soviétique, de 4 000 officiers polonais au printemps 1940] et qu'on leur a refusé. Le pacte germano-soviétique est aussi escamoté des débats. Au-delà des exactions des communistes, certains sont même allés plus loin, à l'image de Casamayor (de son vrai nom Serge Fuster), l'un des membres de la délégation française, qui reprocha aussi aux Alliés des crimes de guerre à Dresde, Hiroshima ou Nagasaki.
 
Le procès de Nuremberg, ou la naissance de la justice internationaleConcernant l'examen des responsabilités individuelles, si certains cas ne firent aucun doute, comme ceux de Göring, Keitel ou von Ribbentrop, d'autres posèrent problème, comme celui de Rudolf Hess. Après dix mois d'audiences, le verdict tombe le 1er octobre 1946, douze condamnations à mort sont prononcées : 12 condamnations à mort dont 1 par contumace (parmi lesquels Von Ribbentrop, Franck, Keitel, Rosenberg; Kaltenbrunner et Hermann Goering), parmi celles-ci 11 dignitaires nazis sont exécutés par pendaison le 16 octobre 1946 dans le gymnase de la prison de Nuremberg, 7 peines d'emprisonnement (qui va de dix ans pour Dönitz à la perpétuité pour Rudolf Hess, tandis qu'Albert Speer est condamné lui, à 20 ans de détention) et 3 acquittements (Fritzsche, Von Papen et Schacht), qui surprennent les observateurs à l'époque, mais les instigateurs du procès répondent aux détracteurs qu'ils le voulaient «équitable». Contrairement aux autres, Göring échappe en quelque sorte à sa condamnation car il se suicide dans sa cellule, la nuit qui précède son exécution. Une complicité extérieure lui a fourni du poison, ce qui lui permet ainsi d'échapper à la honte de la pendaison. Tous les corps des exécutés, y compris celui de Göring, sont incinérés et leurs cendres répandues dans un affluent de l'Isar, pour éviter que leurs tombes deviennent des lieux de rassemblements. Ainsi s'achève le procès qui a ouvert la voie à la création d'une justice internationale. Nuremberg sera le lieu de douze autres procès de responsables nazis (médecins, ministres, militaires...), même s'il a fallu l'obstination d'une nouvelle génération de procureurs dans les années 60 pour engager de nouvelles poursuites. La dénazification en Allemagne entraina par ailleurs une douzaine de grands procès pour juger les complices des crimes perpétrés. Plus de 5000 personnes ont été inculpées et près de 800 condamnés à mort.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Jean-Marc Varaut, Le procès de Nuremberg, Perrin, 2003, Christian Delage, Procès de Nuremberg : une justice en images - Edition 2 DVD, Arte (documentaire), 2006, Annette Wieviorka, Le procès de Nuremberg, Liana Lévi, 2009, https://www.geo.fr/histoire/le-proces-de-nuremberg-en-trois-questions-a-annette-wieviorka-199380, et «NUREMBERG PROCÈS DE», Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 20 novembre 2020. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/proces-de-nuremberg/, https://www.france24.com/fr/europe/20201120-il-y-a-75-ans-s-ouvrait-%C3%A0-nuremberg-le-plus-grand-proc%C3%A8s-de-l-histoire, https://www.geo.fr/histoire/proces-de-nuremberg-les-criminels-nazis-devant-la-justice-202232, https://www.lefigaro.fr/histoire/2016/09/30/26001-20160930ARTFIG00313-il-y-a-70-ans-au-proces-de-nuremberg-le-couperet-tombe-pour-les-criminels-nazis.phphttps://www.lejdd.fr/International/quest-ce-que-le-proces-de-nuremberg-4006750, https://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/l-allemagne-commemore-le-proces-de-nuremberg-acte-de-naissance-de-la-justice-internationale_2139049.html, et https://www.rtbf.be/lapremiere/article/detail_nuremberg-le-proces-de-l-horreur?id=10272050.
 
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#Posté le vendredi 20 novembre 2020 07:09

Modifié le vendredi 20 novembre 2020 07:27

La Saint-David, ou comment un roi de Juda idéalisée est à l'origine d'une fête

Aujourd'hui nous fêtons la Saint-David, le roi de Juda sanctifié par l'Église, alors qu'il n'avait rien d'un ange.
 
La Saint-David, ou comment un roi de Juda idéalisée est à l'origine d'une fêteL'un des personnages les plus importants et les plus complexes de la Bible, le roi David a fait l'objet d'innombrables portraits, à la fois artistiques et littéraires, et l'histoire de l'humble berger qui tua Goliath et devint roi a pris un statut mythologique puissant. Pourtant, à travers une lecture attentive et critique des textes bibliques, de l'histoire ancienne et des découvertes archéologiques récentes, il semble que David était en effet une personne réelle, dont l'existence est confirmée par une stèle en basalte érigée par un roi araméen du IXe siècle av. J.-C., découverte en 1993 dans le nord d'Israël, évoquerait «la Maison de David», et un autre fragment, datant de l'époque du roi moabite Mesha (IXe siècle av. J.-C.), mentionnerait, lui aussi, son nom. Ce David, cependant, n'était pas un héros mais un usurpateur, adultère et meurtrier - un despote du Moyen-Orient d'un type familier.
 
La Saint-David, ou comment un roi de Juda idéalisée est à l'origine d'une fêteL'histoire des débuts modestes est tout à fait trompeuse : «berger» est une métaphore pour «roi», et David est issu d'un milieu riche et de la classe supérieure. L'ascension de David au pouvoir, traditionnellement attribuée à la popularité et à la bénédiction divine, résulte en fait d'une campagne de terreur et d'assassinats, ce dernier est un brigand vivant de rapines et de coups de main, courant et bataillant dans les hautes terres de Juda au sud.  D'abord au service de Saül, il n'hésite pas à se mettre au service des Philistins, en particulier du roi Akish de la ville de Gath, n'empêchant pas la mort de Saül de la main de ces derniers, ce qui lui permet de devenir chef coutumier de Juda.
 
La Saint-David, ou comment un roi de Juda idéalisée est à l'origine d'une fêteTout en instituant une monarchie du Moyen-Orient à part entière en s'imposant comme l'homme fort de la région capable de rassembler sous son nom, éleveurs et agriculteurs, il s'établit d'abord dans Hébron, et se fait reconnaître comme roi sur l'ensemble des tribus confédérées d'Israël, ou du moins comme son chef de guerre, avant de s'implanter dans la modeste bourgade de Jérusalem, et de fonder alors une dynastie, et cette ascension s'explique par le fait que David était un chef agressif et ambitieux, un politicien sournois et un chef de guerre impitoyable qui a obtenu le pouvoir par tous les moyens nécessaires, y compris le meurtre, le vol, la corruption, le sexe, la tromperie et la trahison. Et il profita aussi d'une situation politique favorable, car  si les inscriptions de Karnak ne mentionnent pas Jérusalem et David parmi les vaincus du pharaon en 936 avant J.-C., c'est sans doute la marque d'une allégeance de Juda à l'Égypte ou d'une indifférence des Égyptiens vis à vis d'un espace alors relativement désert. David a peut-être profité de la situation pour étendre sa domination en direction du Nord, au moment où l'Égypte avait les yeux sur cette riche région comparé au Sud.
 
La Saint-David, ou comment un roi de Juda idéalisée est à l'origine d'une fêteTout au long de son règne scandaleux, des personnalités importantes qui se dressaient sur son chemin moururent à des moments opportuns, dans des circonstances douteuses, dont les sept descendants de Saül qu'il livre à la vindicte des Gabaonites, et le fidèle Urie, dont il convoitait sa femme, Bethsabée. Même ses propres fils n'ont pas été épargnés comme Absalom qui voulu s'emparer du trône, et Adonias, lors d'un coup d'État fait par Salomon et sa mère Bethsabée pour l'empêcher d'accéder au trône, lors de sa fin de règne. À sa mort, on il laissa une structure politique combinant l'organisation tribale propre aux premiers Israélites historiques (vers 1100-1000 av. J.-C.) et les restes très affaiblis des cités-États cananéennes de la seconde moitié du IIe millénaire av. J.-C., comme Jérusalem. En gros, le royaume de Juda se résumait à une vingtaine de villages abritant quelques milliers d'habitants, et David ne fut guère qu'un chef de clan dont le pouvoir administratif, local, s'étendait uniquement sur la région montagneuse qu'il contrôlait.
 
L'histoire de David, se lit comme un feuilleton moderne, avec beaucoup de sexe, de violence et de luttes pour le pouvoir. En réalité, le récit biblique de David est une tentative de façonner les événements de sa vie politiquement et théologiquement et le personnage historique s'oppose aux légendes vertueuses et héroïques faites à son sujet.
 
La Saint-David, ou comment un roi de Juda idéalisée est à l'origine d'une fête
Sa fête amenait autrefois des pratiques comme boire à «l'amour du saint» comme au Brabant et en Hollande, dont les Psaumes, dont on sait qu'il n'en est pas l'auteur, jouent une si grand rôle dans le culte chrétien, et durant les Fêtes du Joul, en Suisse, que les capucins déguisés en brebis amenaient aux grottes de Roththal, les âmes destinées au Purgatoire, et il est aussi favorable aux amants qui lui demandent secours, mais attire des désagrément aux femmes infidèles dans les campagnes. On mettait aussi  en Belgique des petites branches de sureau sous son oreiller lors de la Saint-David, et on voyait ce qui se passait quand elles fleurissaient au mois de juin, ce qui était propice aux amours et à la richesse.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Freiherr Otto von Reinsberg-Düringsfeld, Calendrier belge : fêtes religieuses et civiles, usages, croyances et pratiques populaires des Belges anciens et modernes, Volume 2, F. Claassen, 1862, Revue d'histoire et d'archéologie, Volume 4, Devroye, 1864, Steven L. McKenzie, King David: A Biography, Oxford University Press, 2000, Joel Baden, The Historical David: The Real Life of an Invented Hero, Harper Collins, 2013, https://clio-cr.clionautes.org/les-rois-sacres-de-la-bible.html, https://clio-cr.clionautes.org/les-rois-sacres-de-la-bible-a-la-recherche-de-david-et-salomon.html, https://www.geo.fr/histoire/bible-et-archeologie-ce-que-revelent-ou-non-les-vestiges-de-jerusalem-200015, https://lactualite.com/monde/la-bible-une-histoire-inventee/, et https://www.nationalgeographic.fr/histoire/david-et-goliath-la-bible-confrontee-larcheologie.
 
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#Posté le mardi 29 décembre 2020 03:33

Modifié le mardi 29 décembre 2020 04:29

Les théories du complot contre le vaccin ne datent pas d'hier

Si la variole a disparu, si on ne meurt plus de varicelle ou de coqueluche, c'est grâce au vaccin, l'atout majeur contre les maladies infectieuses. Qu'on l'oublie, et elles reviennent : la rougeole tue dès qu'on baisse la garde comme entre 2008 et 2011, où il y a eu une résurgence de la rougeole en France avec une dizaine de décès. Or, quand les épidémies sont loin, tout se passe comme si, en s'interposant entre nous et la menace qu'il rend anodine, le vaccin devenait lui-même menaçant et focalisait les craintes. Dangereux et liberticide, le vaccin ? Le Covid-19 nous rappelle surtout à quel point, sans lui, nous sommes désarmés.
 
Les théories du complot contre le vaccin ne datent pas d’hierLa campagne de vaccination a commence le dimanche 27 décembre 2020 dans la plupart des pays de l'UE, un an à peine après l'émergence du coronavirus. Une rapidité inédite qui suscite de l'espoir mais nourrit aussi la méfiance à l'égard des vaccins. Et les craintes contre les vaccins sont anciennes et pourtant infondées. En 1796, un médecin anglais, Edward Jenner, a l'idée d'inoculer une forme de variole bénigne, la vaccine, sur un enfant pour en stimuler la réaction immunitaire. Tout de suite, des arguments théologiques lui ont été opposés : introduction d'un désordre dans la providence divine, animalité du produit [le vaccin est tiré d'une génisse]. Malgré cela, le procédé fonctionne : la "vaccination" est née. Au Royaume-Uni, le vaccin contre la variole devient obligatoire pour les enfants en 1853. Cette première obligation vaccinale suscite une opposition virulente. Les adversaires invoquent le "danger" d'injecter des produits issus d'animaux, des "motifs religieux" ou l'"atteinte aux libertés individuelles". Une "clause de conscience" est introduite dans la loi britannique dès 1898 pour permettre aux récalcitrants de se soustraire aux vaccins.
 
Les théories du complot contre le vaccin ne datent pas d’hierÀ la fin du XIXe siècle, Louis Pasteur met au point un vaccin contre la rage à partir d'une souche atténuée du virus. Une injection est réalisée avec succès en 1885 sur Joseph Meister, un enfant mordu par un chien soupçonné d'être enragé.  Là aussi, le procédé suscite la méfiance : Pasteur est accusé de vouloir faire des profits en fabricant une "rage de laboratoire". La première campagne de vaccination contre la grippe a lieu en 1944/45 pour protéger les soldats américains venus combattre en Europe.
 
Les théories du complot contre le vaccin ne datent pas d’hierTrente ans plus tard, la première grande campagne de vaccination anti-grippe porcine aux États-Unis se termine en 1976 par un désastre. Suite au décès, deux mois plus tôt, d'un soldat atteint de la grippe porcine dans Fort Dix, dans le New Jersey, et devant le risque pandémique, le 24 mars, le président Gerald Ford lance une campagne de vaccination de l'ensemble de la population. La recrudescence parmi les vaccinés de syndromes de Guillain-Barré, maladie rare du système nerveux, "conduit à l'arrêt des injections", pourtant la grippe porcine ne se serait pas propagée en dehors de l'enceinte de Fort Dix et c'est la précipitation qui a conduit à ce résultat et le fait que les vaccins et le savoir scientifique de l'époque n'avaient rien de comparable à ceux dont nous disposons aujourd'hui.
 
Comme la France (avec l'hépatite B) ou l'Angleterre (avec la rougeole), les États-Unis ont eu (dans les années 1970) leur «crise de la vaccination» avec une folle campagne visant le vaccin contre la coqueluche. Ce phénomène eut, là aussi, pour conséquence l'interruption de la vaccination, avec recrudescence de l'incidence de la maladie chez les jeunes – une incidence entre dix et cent fois supérieure à celle des pays où cette vaccination n'a pas été interrompue. Puis la campagne dirigée contre le vaccin anti-coqueluche atteindra la Suède, le Japon, le Royaume-Uni, la Russie, l'Italie, l'Allemagne fédérale, l'Irlande et l'Australie....
 
Les théories du complot contre le vaccin ne datent pas d’hierMais les récriminations contre les vaccins montent dans l'opinion depuis la fin des années 1990, bien aidées par des études biaisées. En 1998, une étude publiée dans la prestigieuse revue médicale The Lancet suggère un lien entre la vaccination ROR (rougeole, oreillons, rubéole) et l'autisme. L'étude s'avère être un "trucage" de l'auteur Andrew Wakefield. Mais ni le démenti officiel de la revue, ni les travaux postérieurs démontrant l'absence de lien, ne parviendront à taire les craintes. Cette étude est encore régulièrement citée par les opposants aux vaccins.
 
Les théories du complot contre le vaccin ne datent pas d’hierEn 2009, une pandémie de grippe H1N1, causée par un virus de la même famille que celui de la grippe de 1918, fait sonner l'alerte à l'OMS. Des campagnes de vaccination sont organisées mais l'épidémie s'avère moins grave que prévu, ne faisant que 18 500 morts. Des millions de doses doivent être jetées et les reproches d'une mauvaise gestion renforcent la défiance à l'égard de la vaccination dans de nombreux pays, où les "antivax" soulignent aussi des cas d'effets secondaires, qui restent pourtant rares. On pouvait lire sur des blogs que la grippe A avait été créée par les laboratoires secrets de l'OMS et de l'ONU pour détruire la moitié de l'humanité ! Grâce aux vaccins, nous avons pu combattre et vaincre certaines épidémies, dont on a oublié les ravages. Officiellement éradiquée depuis août 2020 d'Afrique grâce au vaccin, la poliomyélite fait de la résistance en Asie, au Pakistan et Afghanistan où cette maladie, qui se traduit par des paralysies chez les jeunes enfants, reste endémique. L'échec des campagnes de vaccination s'y explique notamment par la méfiance des populations rurales et la croyance en des théories du complot contre les musulmans.
 
Les théories du complot contre le vaccin ne datent pas d’hierIl faut dire qu'au sortir de la Seconde Guerre mondiale, un vent d'optimisme a soufflé sur la santé publique. En 1967, le directeur général de la Santé aux États-Unis déclarait même que «le chapitre des maladies infectieuses est clos». En 1980, la variole est d'ailleurs déclarée éradiquée par l'Organisation mondiale de la santé. Mais en 1981, le virus du sida apparaît. Et l'optimisme retombe. Depuis quelques décennies, la santé publique est sous le feu d'un nombre d'adversaires toujours plus nombreux. En 1995, aux Philippines, des mouvements anti-avortement ont, avec l'appui de l'Église catholique, pris fait et cause contre la vaccination antitétanique, au prétexte d'une conspiration mondiale pour stériliser les femmes. Aujourd'hui, les épidémies ne sont plus seulement des problèmes biomédicaux : s'y greffent des questions d'ordre politique ou culturel, et la religion s'en mêle. Si nous savons faire des vaccins, nous manquons d'outils face à ces blocages sociologiques.
 
Les théories du complot contre le vaccin ne datent pas d’hierGrâce aux vaccins, nous avons pu combattre et vaincre certaines épidémies, dont on a oublié les ravages. Il faut donc rendre compréhensibles les mécanismes de la transmission des germes infectieux, mettre à disposition de la population des informations claires, simples, utiles pour faire face aux propos fumeux des anti-vaccins aussi absurdes que ceux à propos de la Covid du genre "Pas d'informations", "risque de modification de notre ADN", ou "thérapie génique cachée", sans oublier que des images virales voudraient ainsi faire croire à une manipulation de la part des responsables politiques et personnalités, qui feraient semblant de se faire vacciner. Pour contrer cela, plusieurs collectifs de citoyens et pages Facebook s'organisent aujourd'hui pour démonter les discours anti-vaccins sur les réseaux sociaux, et tenter de rassurer les plus sceptiques avec des arguments rationnels et scientifiques, en alternant pédagogie, dialogue mais aussi humour, et comme nous le dit  les Vaxxeuses, un groupe Facebook de citoyens suivi par plus de 17 000 personnes, «La vaccination est la plus grande avancée médicale, elle a sauvé des millions de vies. Ne laissez pas les mensonges vous faire douter de ses bénéfices».
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures : Patrick Zylberman, La guerre des vaccins, Odile Jacob, 2020, https://www.20minutes.fr/high-tech/2928167-20201213-coronavirus-comment-riposte-contre-anti-vaccins-organise-reseaux-sociaux, https://www.neonmag.fr/interview-les-theories-du-complot-sont-inseparables-des-epidemies-503768.html, https://www.nouvelobs.com/monde/20090428.OBS4965/1976-la-grippe-porcine-terrorise-les-etats-unis.html, https://www.rtbf.be/info/societe/detail_deux-siecles-de-vaccination-de-la-mefiance-au-complotisme-en-passant-par-l-elimination-de-la-variole?id=10661961, et http://www.slate.fr/story/152300/post-verite-anti-vaccins-feu.
 
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