Skyrock.com
  • ACCUEIL
  • BLOGS
  • PROFILS
  • CHAT
  • Apps
  • Musique
  • Sources
  • Vidéos
  • Cadeaux
  • Connecte-toi
  • Crée ton blog

  • Blog
  • Profil

Le roi Arthur, la réalité derrière le mythe

Photo de taigong788

taigong788

Blog secret

Description :

Ce blog s'intéressera avant tout à la question de l'historicité du roi Arthur durant les Dark Ages, une période de grands changements dans la Bretagne post-romaine, et ce qui amena sa légende.

  • Envoyer un message
  • Offrir un cadeau
  • Suivre
  • Devenir VIP
  • Bloquer
  • Choisir cet habillage

Ses Honneurs (31)

  • Com' 50.000
  • Paparazzi
  • Écolo
  • Tag
  • Pimp
  • Fans 100

» Suite

Son profil

Profil de taigong788
taigong788

Ici et maintenant !

44 ans
HEM (59)
France

Partage

  • Tweet
  • Amis 0

Design by lequipe-skyrock Choisir cet habillage

Signaler un abus

Infos

  • Création : 15/07/2009 à 12:05
  • Mise à jour : Aujourd'hui à 10:18
  • 536 826 visites
  • 2 100 visites ce mois
  • 6 358 articles
  • 50 814 commentaires
  • 697 amis
  • 727 favoris
  • 52 267 kiffs

Son morceau préféré

Il était une fois - Si près ♪

Jouer Top 10 Il était une fois - Si près ♪ (Disney)

Skyrock music Ajouter

Tags

  • Cadeaux
  • cadeaux reçus
  • Cinéma
  • comics
  • Dark Ages
  • FOOTBALL
  • fêtes
  • Histoire
  • Histoire britannique
  • Histoire de France
  • Histoire des États-Unis
  • Histoire du christianisme
  • Histoire du Japon
  • Jeu Video
  • Littérature
  • mangas
  • message
  • Mythologie
  • Séries TV
  • western spaghetti

» Suite

Ses archives (6 349)

  • Bon anniversaire Karim !
  • La guerre du football, ou comment le football est devenu l’exutoire de conflits larvés
  • Azzurrina, ou comment inventer un récit de fantôme sur le château de Montebello
  • Bienvenue Aldo, Olga et Ydriss, et bon anniversaire Richard !

» Suite

Ses fans (1 826)

  • BonheurBlog
  • Tishou06
  • renata
  • jema-lou
  • bestbuy
  • gitanekelly
  • auteur-copositeur
  • diamond-painting1

» Suite

Sources (727)

  • Le-duc-de-Richeleau
  • newteam1
  • crocket172
  • World-x-Manga
  • AppelleMoiManon
  • Naori
  • brgw
  • kaaz
  • amina-665
  • Animeiga

» Suite

Abonne-toi à mon blog ! (7 abonnés)

RSS

Retour au blog de taigong788

417 articles taggés Histoire

Rechercher tous les articles taggés Histoire

La guerre froide, un conflit entre Est et Ouest à travers ses alliés

La guerre froide, un conflit entre Est et Ouest à travers ses alliésLe 5 mars 1946, Winston Churchill prononça un discours devant les étudiants de Fulton dans le Missouri, au cours duquel le vieux lion, jeune retraité de 72 ans, proclama la célèbre phrase : «De Stettin sur la Baltique à Trieste sur l'Adriatique, un rideau de fer s'est abattu sur le continent.» Ce  discours a un grand retentissement, c'est une mise en garde contre la menace que représente l'Union soviétique, décrivant comme un «rideau de fer» la séparation qui se dessine en Europe entre les sphères capitaliste et communiste. La guerre froide commence. De 1946 à 1991, le Conflit Est-Ouest a dominé le monde depuis la Seconde guerre mondiale jusqu'à la chute du mur de Berlin. Ce fut un conflit global, tout à la fois idéologique, politique, militaire et même parfois territorial : car la "guerre froide" ouvrit aussi des fronts "chauds", même s'ils furent circonscrits. Elle ne dégénéra toutefois jamais en confrontation ouverte, et connut des moments d'accalmie prolongés, voire de détente. C'est que ce conflit n'a jamais visé à anéantir l'adversaire, mais à le contraindre à changer. En outre, le pacte conclu entre les grandes puissances au lendemain de la victoire sur l'Allemagne nazie fut un profond facteur de stabilité, en Europe notamment. L'effondrement interne de l'un des deux adversaires apporta à ce conflit une conclusion rapide et imprévue par chacun des acteurs.
 
La guerre froide, un conflit entre Est et Ouest à travers ses alliésAprès l'immense traumatisme de la Seconde Guerre mondiale, on aurait pu penser que le monde connaîtrait enfin la paix et la liberté. II n'en fut rien : à l'affrontement entre les forces alliées et celles de l'Axe succéda la lutte "indirecte" entre les États-Unis et l'URSS, blocs aux idéologies radicalement antagonistes. Comme la Seconde Guerre mondiale se terminait en mai 1945, commençait la Guerre froide. Le nouvel ordre mondial qui s'est décidé à Yalta et Potsdam montre que l'Allemagne se trouve alors au c½ur de la sortie de guerre et de l'entrée en guerre froide. «Un rideau de fer s'est abattu sur l'Europe» pour Winston Churchill en 1946. Les crises grecque avec l'intervention américaine en 1947 permettant la reddition des communistes grec en1949, et iranienne qui voit la province de l'Azerbaïdjan iranien se proclamer indépendante de Téhéran en 1946 tout en étant appuyé par une intervention soviétique, marquent le début de la politique du containment, visant à limiter l'expansion du communisme dans ces régions. En Europe se constituent entre 1946 et le début des années 1950, les blocs occidental  et communiste. Pour conter la poussée soviétique en Europe orientale et en Asie, le président des États-Unis met en place sa politique de containment en 1947, et offre à l'Europe de l'Ouest une aide financière le Plan Marshall qui va permettre aux économies européennes et à la Yougoslavie communiste de Tito de redémarrer ce qui va la mettre ne froid avec l'URSS, tandis que les soviétiques avec le plan Djanov achèvent de satelliser les démocraties populaire de l'Europe de l'Est essayent de prendre le pouvoir partout où il le peuvent comme en France et en Italie, où les partis communistes ont quittés les gouvernements de coalition en avril et en mai 1947, et tentent des grèves révolutionnaires et des manifestations de masse qui se succèdent jusqu'à l'automne 1948, isolant ceux-ci. Après le «coup de Prague» en février 1948, où les communistes prennent le pouvoir en Tchécoslovaquie pour empêcher le recul de leur parti aux prochaines élections, l'Allemagne devient le premier champ d'affrontement Est-Ouest, car les Alliés de l'Ouest veulent reconstituer un État allemand économique et politiquement fort, et se maintenir à Berlin menacée d'asphyxie en juin 1948, qui verra l'Allemagne se diviser entre la République Fédérale Allemande (RFA) et la République Démocratique Allemande (RDA) en 1949. La même année, Tito qui a libère son pays et s'est installé au pouvoir, n'entend pas rendre de compte à l'URSS et fait sa propre vision du socialisme, Staline malgré toutes ses tentatives, verra la Yougoslavie faire cavalier seul. Le pacte Atlantique signé en avril 1949 place les pays d'Europe de l'Ouest sous la protection militaire américaine. C'est aussi un Moment de tension extrême, la Guerre de Corée (1950-1953) renforce les deux camps et fait passer au premier plan la dimension militaire de la guerre froide, qui porte alors bien mal son nom. Cela amène un conflit global, car si l'Europe est à l'origine l'épicentre de la guerre froide, celle-ci gagne progressivement, sous toutes ses formes, l'ensemble des régions du globe. Elle devient rapidement  une guerre directe américano-chinoise. En réalité, c'est la Chine plus que l'Union Soviétique qui devient l'ennemi des États-Unis. La guerre de Corée explique la protection accordée par les États-Unis à Taïwan, les alliances que les Américains maintiennent encore dans la région (notamment avec le Japon et la Corée du Sud mais aussi avec l'Australie, qui fait avec États-Unis et la Nouvelle-Zélande le pacte du Pacifique ou ANZUS en 1951 ). Cela amène en Occident, la psychose anticommuniste conduit à une «chasse aux sorcières» (1950-1953) déclenchée par le sénateur Mac Carthy qui a des retombées en Europe de l'Ouest, tandis qu'en Europe de l'Est, c'est l'heure du «monolithisme» et des purges, car Staline est inquiet de la contagion du schisme yougoslave. Cela pousse l'Europe occidentale, grâce à Jean Monnet qui jette les bases de son unification à travers la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) en 1952, mais la Communauté européenne de défense (CED) est rejetée en 1954. Des alliances régionales se forment alors, aboutissant à une militarisation globale. Une rivalité nucléaire s'enclenche  marquant durablement les stratégies militaires. Des structures décisionnelles de politique étrangère se développent  en même temps qu'une lutte des services secrets apparaît, source de bien de fantasmes. La Chine devient alors un nouveau pôle de la guerre froide. Dans les faits, la première vague de décolonisation est bien asiatique, elle se met en place dès la fin de la guerre et en est une conséquence directe. Toujours impérialistes, Français, Britanniques et Néerlandais veulent conserver, voire reconquérir leurs colonies prises en main par le Japon où des indépendances ont été proclamées (Vietnam en 1946, Inde en 1947, Indonésie en 1949). D'où des guerres coloniales terribles, qui prennent une autre dimension lorsque l'adversaire est communiste, comme au Vietnam, qui est soutenu par les chinois lors de la guerre d'Indochine (1947-1954) contre la France, qui sera coûteuse en moyens financier et en vie d'hommes. Mao se voit en fer de lance de l'anti-impérialisme. Moscou et Pékin se partagent le travail, la Chine étant en charge de l'Asie. Dien Bien Phu, symbole de défaite du Goliath blanc, a eu un écho mondial, notamment en Algérie. Si le rôle de la conférence afro-asiatique de Bandoung en 1955 est surestimé, elle symbolise l'affirmation du Sud et sa solidarité. En réalité, les positions des pays du Sud y étaient modérées et les tensions en leur sein étaient déjà  nombreuses, la plus notable étant celle qui se cristallise entre modérés (derrière l'Inde) et radicaux (derrière la Chine). Et l'Afrique décolonisée se trouve au centre d'une lutte d'influence, où RDA et Tchécoslovaquie interviennent activement au profit de l'Union soviétique pour appuyer dès les années 1950 l'Égypte du colonel Nasser ainsi que le FLN algérien à l'ONU dans sa lutte pour l'indépendance. Elle soutenait aussi le Congrès national africain (ANC) et le Parti communiste sud-africain (SACP), le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA), le Front de libération du Mozambique (FRELIMO) et l'Union du peuple africain du Zimbabwe (ZAPU). Dans ce contexte, le nouvel ordre mondial voulu par Roosevelt et incarné par l'ONU peine à apaiser les tensions et à remplir complètement ses objectifs fondés sur le droit et la sécurité collective.
 
La guerre froide, un conflit entre Est et Ouest à travers ses alliésPuis viennent les crises et contestations, car la guerre froide n'a jamais conduit les États-Unis et l'URSS à s'affronter directement sur le terrain militaire, mais elle n'en a pas moins alimenté un certain nombre de crises et de conflits armés, parfois très meurtriers malgré le début du dégel des relation entre les États-Unis et l'URSS à la mort de Staline en 1953 que Khroutchev qualifiera de «coexistence pacifique» :  coup d'état orchestré notamment par les services secrets britanniques et américains contre Mohammad Mossadegh en 1953, perçu comme un danger pour les intérêts occidentaux en Iran suite à sa décision de nationaliser l'industrie pétrolière, entrée de la RFA dans l'Otan et la création du pacte de Varsovie en 1955, crise de Suez en 1956, car  la nationalisation du canal de Suez, la France, le Royaume-Uni et Israël concluent un accord secret pour prendre le contrôle du canal, ce qui abouti le 29 octobre 1956, l'invasion israélienne du Sinaï est suivie par le débarquement des forces britanniques et françaises à Port-Saïd, et au cours de cette guerre, Israël occupe Gaza, déjà réputée pour abriter des militants palestiniens, et le Sinaï, ce qui permet à l'Assemblée générale de l'ONU d'imposer un cessez-le-feu et Britanniques, Français et Israéliens laissent le canal aux Casques bleus en 1957, crise du Mur de Berlin en 1961 que la RDA a construit dans la nuit du 12 au 13 août pour empêcher l'exode des Allemands de l'Est à l'Ouest, crise de Cuba en 1962 après que Fidel Castro arrivé au pouvoir à Cuba en 1959, contribue, en 1961, à fonder le mouvement des non-alignés et s'en sert de tribune, où l'installation de missiles soviétiques provoque une très grave crise, que la détermination du président Kennedy permet de résorber, et Cuba se retrouve ensuite en position de force avec l'organisation de grandes conférences, comme la Tricontinentale en 1966, qui réunit à La Havane intellectuels et militants venus du monde entier, et les campagnes internationalistes à travers lesquelles Cuba a apporté une aide matérielle et militaire aux mouvements de gauche comme en Algérie en 1960 et 1963, la guerre du Vietnam entre 1955 et 1975, qui voit intervenir les États-Unis intervenir contre les Viêt-Cong en 1965 dans un conflit qui va coûter la vie à 320 000 soldats et les forcera à se désengager en 1973 face à  la contestation du peuple américain qui grandit depuis 1967, menant à de gigantesques manifestations pacifiques, et le conflit israélo-arabe puisque les tensions entre Israël et les commandos palestiniens montent depuis quelques mois, et à la suite de l'intervention de Nasser dans la mer Rouge, Israël lance en juin 1967 la guerre des Six jours contre l'Egypte, la Syrie et la Jordanie, et à l'issue d'une victoire éclair, Israël occupe le Sinaï, une partie du Golan syrien, Jérusalem-est et la Cisjordanie, ainsi que la bande de Gaza, mais en octobre 1973, c'est la guerre du Kippour, nouveau conflit entre Israël et ses voisins syrien et égyptien, et après un début difficile, Israël remporte la victoire, puis à la suite de négociations de paix, Israël quitte le Sinaï (1979, accords de Camp David), mais  l'État hébreu décide unilatéralement d'augmenter son territoire en annexant une partie du Golan (1981) et Jérusalem-Est (1967). L'URSS profite du dégel de ses relations avec les États-Unis pour se réconcilier avec Tito, auxquels s'ajoutent le traité autrichien (1955), les accords sur la Sarre, et sur Trieste qui marquent la reprise du dialogue et l'effacement du risque de guerre immédiate. Cela permet aussi la construction européenne par la signature du traité de Rome en 1957 donnant naissance à la Communauté économique européenne (CEE) et à l'Euratom qui remet en marche le processus d'unification de l'Europe occidentale, tandis que le Royaume-Uni, les 3 États scandinaves, l'Autriche, la Suisse et le Portugal forment l'Association Européenne de libre-échange (AELE) en 1960. Mais, les crises et les contestations se situent aussi au c½ur même des blocs : contestations en Hongrie en 1956 où des manifestations étudiantes à Budapest se transforment en une véritable révolution populaire, qui seront violemment réprimée par les forces soviétiques, et en Tchécoslovaquie en 1968 où dans la nuit du 20 au 21 août 1968, le rêve d'un socialisme à visage humain d'Alexander Dubcek, premier secrétaire du Parti communiste tchécoslovaque, se brise quand les chars de l'Armée rouge soviétique entrent en Tchécoslovaquie, malgré le passage du dégel à la détente en 1963 dont bénéficie le continent européen, contestations de la présence américaine en Amérique latine ou positionnement spécifique de la France sous de Gaulle arrivé au pouvoir en 1958 grâce à la crise algérienne, refuse tout alignement de l'Europe avec les États-Unis, veut imposer à ses partenaires réticents  une «Europe des patries» en 1962, indispose ceux-ci avec ses «coups d'épingle» envers les États-Unis et un net refus de l'entrée de la Grande-Bretagne dans le marché commun en 1961 et 1967, et les deux blocs se font surprendre par les révoltes estudiantine et ouvrière à la suite des Etats-Unis et du Japon, qui le Royaume-Uni, l'Allemagne, la France et l'Italie, qui secouent ces pays en 1968, unie par la contestation du capitalisme technocratique, de la société de consommation et par le refus de l'«aliénation» de l'individu par le productivisme et la bureaucratie. Les années 1970 constituent aussi un tournant dans les relations soviétiques avec les pays africains après la décolonisation de la Goald Coast devenu Ghana ne 1957, suivi par celle de la Gambie en 1958, du Nigéria en 1960, de la Tanzanie, de la Zambie et du Sierra Leone en 1961, l'Ouganda en 1962, le Kenya en 1963, et la Rhodésie en 1965 par voie de sécession pour les pays anglophones, mais au Congo Belge, la proclamation de l'Independence en 1960 voit l'éclatement d'une guerre civile qui oblige à l'intervention de 20 000 casques bleus de l'ONU en 1962, et pour la France c'est l'indépendance du Maroc et de la Tunisie en 1956, c'est par une longue et douloureuse guerre ( 1954-1962) qui a vu la chute de la IVe République en 1958 et l'arrivé au pouvoir du général de Gaulle qu'est reconnue l'indépendance de l'Algérie en 1962, et l'émancipation de l'Afrique noire francophone est progressive jusqu'en 1960 avec la reconnaissance d'une douzaine d'États au Sud du Sahara, mais l'Espagne et le Portugal font de la résistance car leur possessions outre-mer n'accéderont à l'indépendance qu'en 1974 et 1975. Elles voient ensuite l'URSS intervenir militairement par l'intermédiaire des régiments cubains envoyés notamment en Angola, en Somalie, en Éthiopie et en Namibie où, le mouvement de libération nationale, la Swapo combattait les troupes d'occupation de l'Afrique dirigée alors par la majorité blanche. L'URSS et Cuba encouragent des guérillas  de type communiste comme celle de Che Guevara en Bolivie. Quand aux USA, ils veulent conserver leur domination les régimes anticommunistes ils soutiennent donc des coups de force militaire comme au Brésil en 1964, comme celui du général Alvarado au Pérou, tandis qu'entre 1961 et 1972, le dictateur Velasco Ibarra est destitué à 2 reprises par Guillermo Rodriguez Barra en Équateur. Et Au Chili en 73, ils aident Pinochet à renverser par coup d'État le président Allende. Ses interventions sont aussi très importantes en Asie. Dans un premier temps,  un système d'alliances croisées autour de l'Asie du Sud se met en place. Le Pakistan s'allie avec  la Chine, tandis que l'Inde et l'Union Soviétique se rapprochent. En 1971, le Pakistan entre en guerre contre l'Inde et reçoit le soutien des États-Unis qui pensent, par là, se rapprocher de la Chine. Les Américains vont bientôt pouvoir se délester d'une partie de l'endiguement anti-soviétique en Asie en s'appuyant sur la Chine mais aussi sur le Japon. Et débarrassé du général de Gaulle retiré du pouvoir, remplacé en 1969 par un George Pompidou moins regardant, la CEE s'est élargie de la Grande-Bretagne, de l'Irlande et du Danemark en 1973, et l'Europe de l'Ouest voit les dernières dictatures chuter comme au Portugal et en Grèce en 1974, et en Espagne entre 1975 et 1977,  avec un changement de donne politique suite à l'arrivée en 1969, de Willy Brandt, le premier social-démocrate à devenir chancelier dans la République de Bonn, et tente d''améliorer les relations de son pays avec ses voisins de l'Est. Il s''agit de favoriser la détente. Il y a l'Union soviétique, La Pologne et la Tchécoslovaquie, avec qui l''Allemagne a un lourd passif. Mais il y a aussi la RDA, l'autre Allemagne, qui maintient sa population isolée. Willy Brandt, qui est chancelier de 1969 à 1974, va négocier lentement avec ces régimes communistes au grand déplaisir de ses voisins. Quant à Richard Nixon, il obtient de Leonid Brejnev signature des premiers accords de désarmement nucléaire (SALT) lors du voyage en URSS de mai 1972, et arrive à un accord de désengagement militaire signé en janvier 1974 entre l'Égypte et Israël. Enfin, le 3 juillet 1973, une conférence sur le désarmement nucléaire s'ouvre à Helsinki, regroupant 35 Etats, dont l'Union soviétique, les Etats-Unis et la majeure partie des pays européens, et le 1er août 1975, est signé un document : les accords d'Helsinki. Ils eurent pourtant un rôle à jouer dans le dénouement pacifique de la guerre froide. Et consacrèrent la place des droits de l'homme dans les relations diplomatiques.
 
La guerre froide, un conflit entre Est et Ouest à travers ses alliésLa fin de la guerre froide montre enfin de nouvelles initiatives soviétiques conduisent à de nouvelles tensions qui font croire au retour de la guerre froide «chaude». L'Europe face à la crise pétrolière en 1973 répond de façon dispersée et n'arrive pas à se faire entendre par les États-Unis, elle doit aussi faire face à un renouveau de la guerre froide avec les rivalités liées au nucléaire qui ressurgissent avec la crise des euromissiles en 1975 marqué par le déploiement des SS 20 soviétiques en Europe de l'Est et par un courant pacifiste en Europe du Nord contre l'installation des fusées américaine Pershing II en réponse aux soviétiques, le conflit durera entre 1977 et 1984 et sera surtout diplomatique, avec la recrudescence des attentats terroristes, provenant des surgeons d'extrême-gauche, des groupuscules, voire des États arabes radicaux, mais le projet européen continue avec les premières élection européenne au suffrage universel en 1979, et l'élargissement de la CEE avec la Grèce en 1981, le Portugal et l'Espagne en 1986. La guerre d'Afghanistan marque la fin de la détente et modifie en profondeur les rapports entre URSS et États-Unis. Cette guerre s'explique par le fait que lorsque la Chine et les États-Unis normalisent leurs relations en 1978 et qu'en 1979 la Chine attaque le Vietnam, allié soviétique, l'URSS se sent encerclée. C'est pour cela qu'en 1979, elle envahit l'Afghanistan qu'elle ne veut pas perdre. C'est l'inverse qui se produit : cette invasion renforce les liens entre Américains et Chinois qui aident la résistance afghane. Durant toute cette période, la solidarité communiste est mise à mal par les rivalités entre Union Soviétique, Chine, Vietnam et Cambodge. La logique binaire de la guerre froide est battue en brèche. Par ailleurs, les violences génocidaires au Cambodge entre 1975 et 1979, son invasion par le Vietnam, les boat people achèvent de délégitimer le communisme et  le tiers-mondisme en Occident. D'autre part, la Chine commence à se focaliser sur son développement économique et a besoin pour cela un environnement stable. En effet, le Japon connaît une forte croissance dans les années 1960, notamment parce que les Américains lui ont ouvert leur marché à partir de 1973. Les premières frictions commerciales apparaissent entre Américains, Européens et Japonais. Dans le même temps, après la mort de Mao en 1976, les dirigeants chinois, s'aperçoivent du retard de leur pays en visitant les États-Unis et le Japon. Des “missionnaires” sont envoyés partout à l'Ouest et à l'Est pour réfléchir aux réformes. Ils veulent obtenir des transferts de technologie et comptent pour cela sur les États-Unis et le Japon. Leur objectif est également de moderniser leur armée car la guerre contre le Viêtnam en 1979 en montre les limites. De leur côté, Américains et Japonais se mettent à lorgner sur le pétrole chinois, le Moyen-Orient entrant dans une période de turbulence puisqu'en mars 1978 , l'armée israélienne lance l'opération Litani, en envahissant alors le sud du Liban jusqu'au fleuve Litani pour y détruire l'infrastructure de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP), mais sous la pression de l'ONU, elle arrête son offensive au bout d'une semaine, et l'ONU installe alors la FINUL pour veiller au cessez-le-feu alors que les Israéliens cèdent le contrôle de la région à l'Armée du Liban-Sud du major Saad Haddad, puis le 6 juin 1982, Israël déclenche l'opération Paix en Galilée et envahit le Liban jusqu'à Beyrouth pour, officiellement, repousser les forces de l'OLP à plus de 40 km de la frontière israélienne, cependant cette guerre israélienne se terminera par les massacres de Sabra et Chatila. En RDA, le pouvoir entame une lune de miel avec les Chinois, tandis que les manifestants est-allemands descendent dans la rue  la peur au ventre. Mais l'URSS comprend qu'elle n'a plus les moyens financiers ni technologiques de faire jeu égal avec les Occidentaux et les premiers accords de désarmement sont signés. Tandis que Fidel Castro réussit, malgré tout, à occuper une place de choix dans le mouvement des non-alignés. En obtenant la présidence du mouvement en 1979, il contribue au rayonnement des principes de la révolution cubaine dans les organisations internationales comme les Nations unies. Fidel Castro y introduit, en 1974, l'idée d'un nouvel ordre économique mondial dans lequel les nations pourraient défendre leur souveraineté sur leurs ressources naturelles, maintenir leur droit à l'autodétermination et réformer le système financier international. Et Cuba continue d'apporter une aide matérielle et militaire aux mouvements de gauche de nombreux pays (Angola de 1975 à 1989, Uruguay en 1976, où le coup d'État des Tupamaros échoue, Éthiopie de 1977 à 1987, Nicaragua de 1978 à 1990, Salvador et Guatemala dans les années 1980), et l'Égypte voit son président Anouar El Sadate se faire assassiner en 1981 pour avoir accepté l'accord de camp David en 1978, alors que les États-Unis appuient le général Videla en 1976 qui établit une dictature militaire en Argentine, ils appuient sous Carter et le dirigeant soviétique Leonid Brejnev la signature d'un nouveau contrat bilatéral avec le traité de limitation des armements stratégiques (SALT II) visant à établir la parité dans les systèmes de lancement d'armes nucléaires stratégiques entre les deux superpuissances à des conditions pouvant être vérifiées de manière adéquate et laisse le Shah d'Iran chuter en Iran, mais se retrouve avec la crise des otages qui amène au pouvoir Ronald Reagan en 1980. À rebours de tous les scénarios catastrophes, la guerre froide se termine de façon pacifique et négociée, car l'Union soviétique ne peut pas faire face à la «course aux étoiles» lancée par Ronald Reagan, Gorbatchev qui a mis en place un processus de démocratisation par la Perestroïka en 1985, préfère mettre en avant le droit aux aspirations nationales qui s'expriment et mènent à un abandon du communisme en Europe Orientale en 1989, à la chute du mur de Berlin la même année et à la réunification allemande en 1991, puis peu à peu tous les pays d'Europe de l'Est rejettent leur allégeance à Moscou, et après l'échec du putsch d'août 1991, cela amène l'interdiction du communisme en URSS, et en décembre la proclamation d'indépendance des républiques soviétiques, et la chute de l'URSS. La fin de la guerre froide tient d'abord à l'échec de l'économie socialiste, et malgré la tentation de la répression comme en Chine à Tiananmen en 1989, les élites est-européennes choisissent de ne pas suivre la “voie chinoise”. L'attractivité de la société de consommation et la prédominance du modèle américain ont fragilisé lentement mais surement les sociétés socialistes. Les États-Unis sortent donc vainqueurs de cette guerre froide mais doivent en gérer l'héritage, loin d'un monde régit par un affrontement bipolaire «relativement stable et rétrospectivement rassurant dans la mesure où les principaux protagonistes avaient appris à en maîtriser les règles et les pratiques».
 
La guerre froide, un conflit entre Est et Ouest à travers ses alliésEnfin, la culture, la propagande et les représentations montrent que la dimension culturelle est un élément clé de la guerre froide. Elle touche en profondeur les sociétés, jusqu'à s'immiscer dans la vie quotidienne des individus. Les représentations cartographiques servent la propagande de chaque bloc  et la diffusion des idéologies de chaque camp. Les tournées des Ch½urs de l'armée rouge, des ballets du Bolchoï et du Cirque de Moscou diffusaient en Occident l'image d'une Russie pacifique, tandis qu'une intelligentsia européenne largement acquise dénonçait la «Coca-colonisation» culturelle imposée avec le plan Marshall. Les États-Unis organisèrent la riposte, déclarant dès 1947, par une loi votée au Congrès, la «guerre culturelle, éducative et d'information». Washington mobilisa d'énormes moyens humains et financiers pour développer ses propres missiles idéologiques, tirés par des soldats aussi divers que John Wayne, héraut du rêve individualiste yankee ou l'intellectuel français Raymond Aron. La revue «Preuves», où il écrivait, était financée par la CIA - il affirma dans ses mémoires qu'il l'ignorait. C'est la musique, art populaire par excellence, qui joua le rôle majeur. Le jazz commença de subvertir la jeunesse socialiste, puis le rock envahit l'Europe entière, sans qu'aucun barbelé ne puisse le stopper. Les radios Free Europe ou Voice of America et les progrès techniques (microsillon en 1948, transistor en 1954, et K7 audio en 1963) accélérèrent la diffusion de cette révolution culturelle. La Beatlesmania submergea les pays de l'Est. Dès les années 1950, l'empire d'Elvis Presley, surnommé le «King», s'étendait jusqu'en URSS. Les copies pirates de ses enregistrements réalisées à partir des émissions de la radio Voice of America s'y arrachaient 100 $ pièce au marché noir. Auteur du célébrissime «In the Mood», le tromboniste Glenn Miller charma la planète avec son big band, et dès les années 1940, le jazz fit un tabac en Europe de l'Est. Les «brigades de la musique» traquant les rockers locaux et la censure proscrivant AC/DC pour «néofascisme», ou Tina Turner pour pornographie, furent inefficaces. La guerre froide se joue aussi dans l'espace, car la conquête de l'espace devient alors une bataille idéologique vu que les exploits aérospatiaux doivent démontrer la supériorité d'une idéologie sur l'autre, ainsi en 1957, les soviétiques réussissent à placer un satellite, Spoutnik I, en orbite autour de la Terre, puis grâce à ses scientifiques (Serge Korolev) l'URSS accentue son avance en 1959 avec les sondes Luna qui survolent la Lune, puis en 1961, l'URSS frappe à nouveau un grand coup avec la mission Vostok 1 emporte avec elle le 1er homme dans l'espace, Iouri Gagarine, qui fait un tour de la Terre en orbite avant, les USA refusent de laisser le monopole spatial à l'URSS répliquent en 1962, et le président J.F. Kennedy conclut un discours en s'exclamant : « We choose to goto the moon», faisant de l'espace une nouvelle frontière à atteindre pour le peuple américain et demande à la NASA d'envoyer des hommes sur la Lune dans la décennie 1960 et les résultats sont rapides puisque les américains survolent Vénus (Mariner 2, 1962) puis Mars (Mariner 4, 1965), puis envoyer un homme sur la Lune apparaît comme un défi prestigieux apte à départager les deux puissances concurrentes, puisque l'URSS déclare être bientôt prête à y envoyer un homme, inquiets, les États-Unis mettent sur pied le programme Apollo, et en 1968, la mission Apollo 8 parvient à faire le tour de la Lune avec un équipage de 3 hommes, ramenant des images saisissantes grâce à la présence d'une caméra à bord,  mais le succès de la mission Apollo 11 éclipse tout le reste puisque le 21 juillet 1969, Neil Armstrong et Buzz Aldrin alunissent tandis que Michael Collins reste en orbite, cela rend la victoire de l'Amérique totale et elle entre dans l'histoire humaine, tandis que l'URSS, qui a rencontré des difficultés techniques dans son propre programme, est battue, et aussi dans les stades puisque l'URSS rentre alors dans la compétition internationale avec les États-Unis à partir des J.O d'Helsinki en 1952, les États-Unis de la guerre froide considèrent que le sport peut être un bon vecteur de propagande pour les valeurs américaines, et mettent donc en place des programmes de promotion des sportifs américains, mais cette guerre froide sportive atteint son apogée avec le boycott des J.O. de Moscou en 1980 et celui des J.O. de Los Angeles en 1984. En 1972, l'Américain Bobby Fischer battit aux échecs le Russe Boris Spassky. Et mit un terme à l'hégémonie soviétique sur les championnats du monde. Disputé à Reykjavik, en Islande, le «match du siècle» se transforma en un enjeu géopolitique. Fischer reçut même les encouragements de Kissinger. Mais cette approche culturelle, vue «d'en bas», privilégie la multiplicité des perceptions et permet parfois de relativiser la cohésion des blocs. Une Europe de la culture se donne à voir dans les festivals et les expositions. Les accords culturels ou de coopérations scientifique et universitaire se développent. En France et en Italie, par le biais notamment des partis politiques, les communistes ont par leur idéologie une influence sur les populations d'Europe de l'Ouest. On constate par ailleurs des formes d'occidentalisation à l'Est comme le montre l'expansion rapide de McDonald's dans le monde entre 1955 et 1991.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Serge Bernstein et Pierre Milza, Histoire du XXe siècle : tome 2 :1945-1973, Le monde ente guerre et paix, et tome 3 : de1973 à nos jours, Vers la mondialisation, Hatier, 2001, et Histoire de l'Europe du XIXe siècle au début du XXIe siècle, Hatier 2006, Norman Friedman, La Guerre froide, Gründ, 2005, Sophie Chautard, La guerre froide, Studyrama, 2007, Léonard Seyzériat, L'ostpolitik de Willy Brandt, Université Européenne, 2011, Georges-Henri Soutou, La Guerre froide 1943-1990, Fayard, 2011, Sabine Dullin, et Stanislas Jeannesson, Atlas de la Guerre Froide – 1947-1990 : un conflit global et multiforme, Autrement, 2020, et https://clio-cr.clionautes.org/atlas-de-la-guerre-froide.html, https://www.britannica.com/biography/Jimmy-Carter, https://www.editions-ellipses.fr/index.php?controller=attachment&id_attachment=45027, https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-l-histoire/la-fabrique-de-l-histoire-jeudi-9-juin-2016, https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/liban/les-guerres-d-israel-64-ans-de-conflits_3072845.html, https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/epoque-contemporaine-guerre-vietnam-elle-terminee-5533/, https://www.geo.fr/voyage/guerre-froide-la-culture-pour-seduire-l-ennemi-et-mieux-le-dominer-155461, https://www.histoire-pour-tous.fr/dossiers/1667-amerique-latine-coups-detat-et-dictatures-60s-70s.html, https://www.rfi.fr/fr/afrique/20211228-la-chute-de-l-urss-la-perestro%C3%AFka-africaine, https://www.sciencespo.fr/research/cogito/home/lhistoire-du-monde-se-fait-en-asie-une-autre-vision-du-xxe-siecle/, Marie Laure GEOFFRAY, «CASTRO FIDEL - (1926-2016)», Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 4 avril 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/fidel-castro/.
 
Merci !
Tags : Histoire
​ 8 | 7 | Partager
Commenter

Plus d'informationsN'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (44.192.114.32) si quelqu'un porte plainte.

Connecte-toi

#Posté le mardi 05 avril 2022 12:13

Modifié le mardi 05 avril 2022 12:29

Le Ghetto de Varsovie, de l'enfer à la lutte à mort

Le Ghetto de Varsovie, de l’enfer à la lutte à mortEn septembre 1939, l'armée allemande attaque puis occupe la Pologne. Dès l'hiver 1939-1940, les nazis commencent à persécuter les Juifs qui doivent porter un brassard blanc avec l'étoile de David bleue. Mais, la légendaire histoire du ghetto de Varsovie commence le 12 octobre 1940, jour de Kippour, lorsque les autorités nazies donnent l'ordre de transférer dans un périmètre clôturé tous les Juifs de la ville. 381 000 habitants arborant l'étoile juive (soit 40% des habitants de Varsovie) vont vivre dans un périmètre désormais clôturé.
 
Le ghetto est fermé le 16 novembre 1940, et un mur d'enceinte est construit. 40 % de la population de la ville s'entasse dans des conditions insalubres dans 8 % de la superficie de la ville. Les rafles des environs apportent un flot ininterrompu de nouveaux arrivants. En juin 1941, il y a 431 000 juifs enfermés et coupés du reste de la ville. Surpeuplé, l'endroit devient rapidement invivable. Les conditions de vie dans le ghetto sont inhumaines. Beaucoup ont tout perdu en arrivant dans ce quartier fermé. Et puis, il est mal approvisionné en nourriture et combustible. Dès le premier hiver, la faim et le froid se font ressentir. La mort est courante. Elle est causée par la faim, mais aussi par des épidémies de typhus et de tuberculose. 100 000 personnes périssent. Seuls les plus résistants et les plus chanceux survivent. Il n'est pas rare de retrouver des cadavres en pleine rue. Une charrette passe alors ramasser les corps, qui sont comptés puis enterrés dans une fosse commune. Pour survivre, le marché noir s'organise. En été 1942 commence le «repeuplement vers l'Est», qui n'est en fait que la déportation vers le camp de Treblinka, situé à quelque 80 kilomètres au Nord-Est de Varsovie. Pendant huit semaines entre 6000 et 8000 personnes sont déportées tous les jours. Près de 300 000 Juifs sont ainsi entassés dans des trains avant d'être gazés à leur arrivée à Treblinka.
 
Le Ghetto de Varsovie, de l’enfer à la lutte à mortDès le printemps 43, les nazis intensifient  les rafles et décident de détruire le ghetto. Il ne reste plus que 40 000 juifs coincés dans ce piège. Au c½ur de la résistance du ghetto de Varsovie, femmes et hommes d'à peine vingt ans, affamés, armés de leur seul courage et de quelques pistolets, défient la machine de guerre nazie. Ils font entrer armes et nourriture en contrebande, conçoivent des explosifs artisanaux, libèrent des camarades emprisonnés. Lorsque le 19 avril 1943, à six heures du matin, les troupes allemandes pénètrent dans le ghetto, toutes les conditions sont réunies pour l'ultime transfert, celui vers les camps de concentration. Pourtant une pluie de balles, de grenades et de cocktails Molotov s'abat sur les soldats. Leur seul objectif est de mourir debout. Les allemands comptaient éradiquer le ghetto en trois jours, contre toute attente, les combats vont durer près d'un mois. Mais le 16 mai, les Allemands prennent le dessus et le général SS Jürgen Stroop adresse ce télégramme à Himmler : "Le quartier juif de Varsovie n'existe plus." L'insurrection s'est terminée très exactement 948 jours plus tard avec l'extermination des derniers résistants et le dynamitage de la grande synagogue Tlomackie. C'est la fin de la plus grande communauté juive d'Europe. La seule qui ait opposé une résistance armée à l'extermination. Ils signifiaient aussi aux Polonais non-juifs, qui regardaient brûler les derniers immeubles du ghetto, de l'autre côté du mur de séparation dressé par les nazis, qu'ils combattaient, comme ils le dirent : «pour notre liberté et pour la vôtre». En un épisode devenu célèbre les rares rescapés s'échappent en empruntant les égouts vers le "côté aryen" de Varsovie. D'autres insurgés auront moins de chance, se perdront et se noieront. Ensuite, l'Organisation juive de combat organisera le sauvetage des juifs encore terrés dans la capitale.
 
Le Ghetto de Varsovie, de l’enfer à la lutte à mortLa révolte du ghetto de Varsovie, le plus grand exemple de résistance juive aux nazis, est devenue un immense symbole dans la tradition juive et israélienne. Contrairement au reste du monde, qui commémore la Shoah le 27 janvier, jour de la libération du camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, Yom HaShoah, le jour du souvenir de la Shoah en Israël, est célébré le jour de la révolte du ghetto dans le calendrier juif (généralement en avril – cette année le 28 avril).
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui l'ont beaucoup aidé : Kazik, Mémoires d'un combattant du Ghetto de Varsovie, Ramsay, 2008, Séverine Tréfouël, Jean-David Morvan, et David Évrard, Irena. Tome 1, Le Ghetto, et Tome 2, Les Justes,  Glénat, 2017 (BD), et https://clio-cr.clionautes.org/irena-tome-1-le-ghetto-tome-2-les-justes.html, Bruno Halioua, Les 948 jours du ghetto de Varsovie, Liana Levi, 2018, https://fr.timesofisrael.com/le-79e-anniversaire-du-soulevement-du-ghetto-de-varsovie-au-memorial-de-la-shoah/, https://www.franceculture.fr/emissions/le-tour-du-monde-des-idees/le-tour-du-monde-des-idees-du-vendredi-23-fevrier-2018, https://www.geo.fr/histoire/varsovie-hommage-a-emanuel-ringelblum-lhomme-a-lorigine-des-archives-clandestines-du-ghetto-juif-204514, et https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/1940-1943-ghetto-de-varsovie-lieu-de-persecution-des-juifs-polonais.
 
Merci !
Tags : Histoire
​ 9 | 8 | Partager
Commenter

Plus d'informationsN'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (44.192.114.32) si quelqu'un porte plainte.

Connecte-toi

#Posté le mardi 19 avril 2022 06:56

Le massacre d'Haymarket Square, aux origines du 1er mai

Le massacre d’Haymarket Square, aux origines du 1er maiLes Chevaliers du Travail, organisation ouvrière issue d'une société secrète, connaissent leur apogée en 1886, date à laquelle ils comptent 700 000 adhérents; leurs actions sont multiples : coopératives, grèves, boycotts... Ils vont soutenir alors de toute leur puissance un mot d'ordre lancé par la Federation of Organised Trades and Labor Unions, en son congrès de Chicago en novembre 1884 : qu'à partir du 1er mai 1886, la journée légale de travail serait de huit heures. Et le 1er mai 1886,  aux États-Unis, 350 000 travailleurs se mettent en grève  réclamant la journée de travail de huit heures. Les usines du pays se trouvent paralysées. Le jour avait été choisi en raison de la place tenue par cette date dans le calendrier : c'était le commencement de l'année de travail pour le louage des services (le moving-day). À Chicago, a lieu un rassemblement à l'usine Mac Cornick de Chicago demandant la journée de 8 heures. Ce sont les anarchistes, Spies et Parsons qui décident d'organiser cette grande manifestation dans le cadre de la lutte pour la journée des huit heures : «Projet qui irrita la population américaine et donna espoir aux étrangers. Le destin voulut que toutes les petites grèves soient absorbées en un immense mouvement». Au moment où la foule se disperse, les policiers prennent d'assaut les travailleurs pourtant pacifiques, faisant un mort et des dizaines de blessés. Les grèves et les manifestations furent suivies, le 3 mai 1886, d'un meeting organisé par les anarchistes à Chicago. En réplique, un rassemblement contre les violences policières est décidé à Haymarket Square le 4 mai. Une grosse manifestation de 150 000 travailleurs réclame alors la journée de 8 heures. À la fin du meeting, une cohorte de policiers en armes se rue sur la foule. Une bombe explose – on ne saura jamais qui l'a lancée –, tuant un policier. Une fusillade éclate, faisant de nombreuses victimes, dont six policiers.
 
Le massacre d’Haymarket Square, aux origines du 1er maiL'attentat de Haymarket brise la sympathie de l'opinion pour les syndicats. C'est dans cette atmosphère haineuse de lynchage qu'eut lieu l'occasion d'une chasse aux militants syndicalistes-révolutionnaires. Parmi les plus en vue d'entre eux, 8 anarchistes étant les leaders du groupe anarchiste baptisé «Ligue de défense et d'éducation» sont arrêtés et inculpés de complot et d'assassinat. Une vague d'hystérie de masse a balayé le pays, menant à un procès sensationnel qui est celui du mouvement ouvrier pour lequel le procureur Julius Grinnel est très clair : "Ces hommes sont choisis parce qu'ils sont des meneurs. Ils ne sont pas plus coupables que les milliers de personnes qui les suivaient... Messieurs du jury, condamnez ces hommes, faites d'eux un exemple, faites les pendre et vous sauverez nos institutions et notre société". Au terme d'un procès où régnèrent le parti pris le plus cynique, l'intimidation et le faux témoignage, 5 d'entre eux sont condamnés à mort. 4 seront pendus (Spies, Engel, Parsons et Fischer) de manière controversée, tandis que Lingg se suicida en prison. Une mesure de grâce intervint pour Schwab et Fielden, dont la peine est commuée en prison à perpétuité, et de Neebe dont la peine est réduite à quinze ans de prison. L'évènement aura un grand retentissement à travers le monde. Tous seront réhabilités en 1893. Mais, cela a porté un coup au mouvement ouvrier dont il faudrait des décennies pour se remettre. Cependant, en hommage à cet événement, le 1er mai devient jour de mobilisation internationale des travailleurs.
 
Albert Parsons, et August Spies, Haymarket : pour l'exemple, éditions Spartacus, 2006, James Green, Death in the Haymarket: A Story of Chicago, the First Labour Movement and the Bombing that Divided Gilded Age America, Anchor, 2007, Justhom, La véritable histoire du 1er mai, Editions Libertaires, 2014, http://www.cnt-f.org/les-martyrs-de-chicago-aux-origines-du-1er-mai.html, https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/connaissez-vous-origines-fete-du-1er-mai-1244325.html, https://www.franceinter.fr/emissions/la-bas-si-j-y-suis/la-bas-si-j-y-suis-30-avril-2014, https://www.lesinrocks.com/livres/la-bombe-le-roman-des-origines-du-1er-mai-99742-01-05-2015/, https://www.lhistoire.fr/le-mai-des-ouvriers, et https://www.retronews.fr/politique/echo-de-presse/2021/04/28/la-vraie-histoire-du-premier-mai-1886-le-massacre-de-haymarket.
 
Je n'en oublie pas pour autant, mes amis virtuels qui fêtent leur anniversaire aujourd'hui.
 
Maélys,
 
Pour ton anniversaire, je t'offre cette très jolie image provenant du site ibzstore.com qui est un artwork intitulée Beautiful Barbie. Il prend pour modèle la 1re poupée Barbie présentée au monde le 9 mars 1959 qui était rousse portant un maillot de bain rayé noir et blanc et sa queue de cheval signature. Sa créatrice, Handler a toujours vu Barbie comme un reflet de l'époque, avec la première poupée imitant le glamour des stars des années 1950 telles qu'Elizabeth Taylor et Marilyn Monroe. Au cours de sa première année, 300 000 poupées Barbie ont été vendues. La première poupée Barbie s'est vendue 3 $, mais une poupée n° 1 en parfait état peut rapporter plus de 25 000 $ aujourd'hui. J'espère que ça te plaira :
 
Le massacre d’Haymarket Square, aux origines du 1er mai
 
Pour toi Maéva,
 
Je t'offre pur ton anniversaire, cette  magnifique image provenant de la page de WallpaperAcess intitulé Lily of The Valley Wallpapers. C'est le roi Charles IX qui a décidé, en 1561, que les femmes recevraient du muguet, après en avoir reçu un brin en 1560. Et l'offrir à la fête du travail prend racine dans les origines de cette fête. En 1889, le congrès de la IIᵉ internationale socialiste décide que le 1er mai serait la journée des travailleurs, dans le but d'obtenir la journée de 8 heures maximum. À l'époque, l'églantine rouge est un symbole de la gauche. Lorsque le maréchal Pétain instaure officiellement la fête du travail en 1941, la fleure est remplacée par un brin de muguet. J'espère que ça te plaira :
 
Le massacre d’Haymarket Square, aux origines du 1er mai
 
Enfin, pour toi Julien,
 
Je t'offre cette très belle image de la Siata 208 Corsa Spider 1952 de Bertone. Bien que Siata (Società Italiana Auto Trasformazioni Accessori) soit l'un des constructeurs automobiles italiens les moins connus, sa contribution au sport automobile dans les années 1950 a été importante. Le pilote de course amateur Giorgio Ambrosini a créé la société turinoise en 1926 pour fabriquer des accessoires de performance; Siata n'a construit sa première voiture qu'en 1948. Le modèle le plus intéressant de Siata, la 208S, a été fabriqué de 1953 à 1955 et utilisait le même moteur qui propulsait la Fiat 8V. Ce moteur V-8 en alliage de 2 litres s'est forgé une réputation de fougueux mais fragile : beaucoup ont échoué au début et ont été échangés, ce qui explique le nombre de Siata propulsées par des V-8 américains étaient à petit bloc. L'entreprise a fonctionné à la fumée dans les années 1960 et a cessé ses activités en 1975. Seuls 35 des 208 Spider légers ont été fabriqués, avec des carrosseries conçues par Giovanni Michelotti et fabriquées par Rocco Motto. L'unique 208 CS Corsa Spider illustrée ici est une pièce unique conçue et construite par Bertone, dont le propriétaire, Nuccio Bertone, l'a pilotée au début des années 1950. La forme musclée avec des ailes extérieures rappelle une voiture de compétition d'une époque antérieure. J'espère que ça te plaira :
 
Le massacre d’Haymarket Square, aux origines du 1er mai
 
Merci et bon anniversaire à vous !
 
Et je vous offre aussi à vous tous amis virtuels, ces deux jolis cadeaux de 1er mai.
 
Tout d'abord, cette image de la couverture du carnet des Editions Dubonheur publié le 8 avril 2021, intitulé 1er mai, je porte bonheur. Ce carnet va permettre de noter et de conserver en mémoire ses instants de bonheur. Comme La vie est trop courte pour passer à coté du bonheur, ce carnet de notes est aussi une bonne idée de cadeau pour tous. Contenant contient 98 pages en noir et blanc on peut y noter ses pensées, ses idées, ses rêves, et ses  notes personnelles.... :
 
Le massacre d’Haymarket Square, aux origines du 1er mai
 
Et cette image de la couverture du livre Who Started the Labor Day Celebration? Holiday Book for Kids | Children's Holiday Books de Baby Professor, publié le 1er décembre 2017. Qu'est-ce que la fête du travail et qui l'a déclenchée ? Comme toutes les autres célébrations, la fête du Travail a de profondes racines historiques. Ce livre donnera les détails qui ont conduit à la fête annuelle. Et ainsi les parents ne se contenteront pas de savoir qu'aujourd'hui est la fête du travail, mais pourront creuser plus profondément et expliquer davantage la fête à leurs enfants. C'est le chemin vers une connaissance illimitée. Et les parents peuvent commencer dès aujourd'hui :
 
Le massacre d’Haymarket Square, aux origines du 1er mai
 
Merci et bon 1er mai !
Tags : Histoire, fêtes, Cadeaux
​ 8 | 7 | Partager
Commenter

Plus d'informationsN'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (44.192.114.32) si quelqu'un porte plainte.

Connecte-toi

#Posté le dimanche 01 mai 2022 07:41

La chute de Massada : le mythe face à l'archéologie

La chute de Massada : le mythe face à l’archéologieLe 2 mai 73 eut lieu la chute de Massada, un éperon rocheux sur lequel a été bâti une forteresse sous les Hasmonéens (dynastie juive au pouvoir en Judée, 168-37 avant J.-C.), rénovée sous Hérode le Grand (37-4 avant J.-C.). Massada possédait en fait deux palais. L'un se trouvait à l'extrémité nord du plateau rocheux. Il avait trois niveaux encastrés dans le flanc de la falaise et était placé pour capter les brises d'été dans la chaleur intense du désert de Judée. L'autre palais était du côté ouest de Massada. En plus des deux palais, se trouvait dans la forteresse des pièces et des bâtiments qui servaient de tanneries, d'ateliers et même de synagogue. Ils ont également trouvé de nombreuses zones de stockage pour contenir de la nourriture et d'autres provisions, dont certaines avaient des bocaux qui contenaient encore du grain carbonisé et des citernes pour retenir l'eau de pluie, car il n'y avait pas d'eau douce dans la région désertique aride qui entourait Massada. Certains des murs étaient recouverts de plâtre peint d'images dans des bleus profonds, des rouges brillants, des jaunes et des noirs, dont il ne reste plus que des fragments. Quelques-uns des sols étaient incrustés de mosaïques aux motifs élaborés comme ceux que l'on trouve plus couramment en Grèce ou à Rome. On peut supposer que des artisans engagés par Hérode le Grand les ont créés, peut-être pour imiter ce qu'il avait vu à Rome.
 
La chute de Massada : le mythe face à l’archéologiePendant la révolte contre l'empire romain, 967 hommes, femmes et enfants juifs ont trouvé refuge au sommet de Massada, une montagne isolée surplombant la mer Morte. Ces rebelles qui comprenaient les sicarii, qui, à l'hiver 67/68, utilisaient Massada comme base pour attaquer les colonies voisines, y compris Ein Gedi, où ils massacrèrent plus de sept cents villageois pendant la fête de la Pâque. Après la chute de Jérusalem en 70, des groupes importants de révoltés sont repliés sur la forteresse de Massada et, pendant deux ans, organisent des coups de main contre les détachements romains du désert de Juda. En 72, la légion X Fretensis, commandée par Lucius Flavius ​​Silva, marche sur Massada pour briser l'un des derniers bastions de la résistance. La légion était soutenue par plusieurs unités auxiliaires et des prisonniers de guerre juifs du soulèvement (totalisant quelque 15 000 hommes et femmes selon les récits de Josèphe). Maintenant, cependant, les rebelles étaient assiégés par une force romaine écrasante, et il était clair que la forteresse tomberait. Les Romains ont encerclé Massada avec un mur de siège de circonvallation s'étendant sur 10,94 km autour du plateau montagneux, soutenu par une série de campements fortifiés ou de forts temporaires pour les soldats. Après plusieurs tentatives pour percer les défenses de Massada, les Romains ont construit une rampe de siège géante escaladant le côté ouest de la forteresse à une hauteur de 61 mètres. Une tour de siège et un bélier ont été lentement déplacés sur la rampe, où le 16 avril 73, les murs de Massada ont été percés après que le renforcement en bois et en terre fait par les défenseurs pour limiter leur progression n'a pas tenu le coup. Ce qui suit a divisé les historiens et les archéologues quant aux événements qui se sont déroulés.
 
La chute de Massada : le mythe face à l’archéologieCe serait à ce moment critique, le chef rebelle Eléazar ben Yaïr a rassemblé les hommes et les a convaincus de se suicider en masse par tirage au sort, et les fouilles de Yadin ont découvert plusieurs ostraca (tessons de poterie servant de support d'écriture) portant le nom d'Eléazar ben Yaïr, ce dernier a suggéré que c'était ce qui avait été utilisé pour le tirage au sort des chefs du suicide de masse, cependant, d'autres chercheurs pensent que les ostraca auraient également pu faire partie d'un système de bons de rationnement, pour la distribution de nourriture. Ainsi persuadé, chacun tua sa femme et ses enfants. Puis les hommes se rassemblèrent et tirèrent au sort, déterminant lequel des dix d'entre eux mettrait les autres à mort. Les dix hommes restants ont de nouveau tiré au sort et un homme a tué les neuf autres avant de se suicider, selon l'ancien historien juif Flavius ​​Josèphe, là encore les recherches de plusieurs archéologues tels que Kenneth Atkinson indiquent qu'il n'y a aucune "preuve archéologique que les défenseurs de Massada se soient suicidés en masse", l'archéologue Eric H. Cline déclarant lorsque les Romains ont percé le mur, ils ont afflué et massacré les défenseurs juifs. Ce n'était pas un suicide de masse, mais un massacre de masse. De plus, un écart majeur concerne les morts puisque Josèphe dit que les Romains ont trouvé 960 personnes, mais seulement 28 corps ont été retrouvés jusqu'à présent. Quelques squelettes ont été retrouvés dans les restes du palais nord, dans les bains publics, tandis que le reste, hommes, femmes et enfants, ont été retrouvés dans une grotte à l'extrémité sud du promontoire. Pour les autres rebelles, un élément du châtiment romain pour les rebelles était le concept de «châtiment éternel». Ainsi, les rebelles se virent refuser les rituels funéraires appropriés de façon qu'ils ne puissent jamais traverser le Styx et qu'ils doivent rester dans un état liminal entre la vie et la mort. L'armée romaine de Massada n'aurait pas pris la peine d'enterrer les morts. La crémation aurait pu être la solution, mais aucun niveau de cendres pour autant de morts n'ont été trouvés sur le site. D'un autre côté, les Romains auraient pu simplement précipiter les corps dans les ravins en contrebas, mais là encore, aucun reste n'a été trouvé.
 
La chute de Massada : le mythe face à l’archéologiePourtant, après près de 1800 ans, le récit long, complexe et enjolivé de Flavius ​​​​ Josèphe a été édité et augmenté au XXe siècle pour former un mythe simple et puissant de l'héroïsme. L'archéologue Shmaryahu Gutman à partir des années 1930, a organisé des randonnées à Massada pour les mouvements de jeunesse qui ont fait du site un emblème des aspirations sionistes. Avec la création d'Israël en 1948, Massada est devenu un symbole du nouvel État. Après les fouilles de Yadin de 1963 à 1965 qui était également chef d'état-major des Forces de défense israéliennes (FDI), les vestiges archéologiques ont été restaurés et Massada est devenu un parc national. L'image de Massada en tant que symbole de l'héroïsme juif, de l'entreprise sioniste et de l'État d'Israël a été élevée grâce à son lien avec Yadin, qui a promu cette association de diverses manières. Et les répliques grandeur nature de certains de ces engins de siège peuvent être vues sur le site, laissées là après qu'ABC ait filmé une minisérie sur Massada diffusée en 1981. En 2001, Massada est devenu le premier site israélien du patrimoine mondial de l'UNESCO et reste le deuxième site archéologique le plus visité d'Israël. Massada a changé au fil des décennies devant le lieu d'un pèlerinage sioniste vers une destination touristique avec des centaines de touristes par jour qui se promènent désormais autour des ruines au sommet de la montagne pour un demi-million de visites chaque année. Le nouveau récit mythique de Massada a donc été créé, promu et entretenu par les organisations clandestines juives pré-étatiques, l'armée israélienne, les équipes archéologiques, les médias, les mouvements de jeunesse, les manuels, l'industrie du tourisme et les arts.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Nachman Ben-Yehuda, Masada Myth: Collective Memory and Mythmaking in Israel, University of Wisconsin Press, 1995, Eric H Cline, Three Stones Make a Wall: The Story of Archaeology, Princeton University Press, 2017, Jodi Magness, Masada, Princeton University Press, 2019, https://www.baslibrary.org/biblical-archaeology-review/27/5/1, https://www.heritagedaily.com/2021/02/the-siege-of-masada/137000, André LEMAIRE, «MASSADA», Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 2 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/massada/, et https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13642/massada/.
 
Merci !
Tags : Histoire
​ 7 | 6 | Partager
Commenter

Plus d'informationsN'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (44.192.114.32) si quelqu'un porte plainte.

Connecte-toi

#Posté le lundi 02 mai 2022 11:38

Le 8 mai 1945, la fin du IIIe Reich, qui pensait durer «mille ans»

Le 8 mai 1945, la fin du IIIe Reich, qui pensait durer «mille ans»Après l'effondrement de l'armée allemande à l'Ouest en août 1944, les Alliés occidentaux se sont précipités vers les frontières du Reich lui-même, et à l'Est, l'Armée rouge victorieuse faisait de même, tout le monde croyait que la guerre serait terminée à Noël. Cependant, à la mi-décembre, les Allemands lancèrent en vain une contre-attaque en Belgique et dans le nord de la France, connue comme la Bataille des Ardennes. Les forces aériennes alliées attaquèrent des sites industriels nazis, comme celui du camp d'Auschwitz (bien que les chambres à gaz ne furent jamais ciblées).  Mais ce n'était pas le cas. D'une manière ou d'une autre, l'Allemagne nazie a réussi à éviter la défaite finale jusqu'en mai de l'année suivante, malgré le fait que les Soviétiques lancèrent une offensive le 12 janvier 1945, libérant l'ouest de la Pologne et forçant la Hongrie (un allié de l'Axe) à capituler, qu'à la mi-février 1945, les Alliés bombardèrent la ville allemande de Dresde, tuant environ 35 000 civils, et les troupes américaines traversèrent le Rhin le 7 mars 1945.  Le début de la fin a commencé en avril 1945, avec la libération des camps de concentration. Les Alliés, éc½urés par leurs découvertes à Buchenwald et Bergen-Belsen le 15 avril, se vengeaient. À Dachau le 29 avril, moins d'une heure après sa libération, 500 soldats SS ont été tués, dont 346 par un lieutenant américain armé de mitrailleuses. Il y a eu une orgie de reddition, avec un million de prisonniers faits par les Alliés en un mois. Hitler, confiné dans son bunker souterrain, à moitié fou, veut orchestrer le Götterdämmerung  (marche funèbre) d'un peuple allemand qu'il estime n'avoir pas été à la hauteur du destin qu'il lui assignait. Les Berlinois paieront de leur vie par dizaines de milliers le fanatisme suicidaire du Führer.
 
Le 8 mai 1945, la fin du IIIe Reich, qui pensait durer «mille ans»Et 16 avril 1945, une offensive soviétique finale permit aux forces soviétiques d'encercler Berlin, la capitale allemande, le 20 avril. Le 30 avril 1945, Hitler se suicida alors que les troupes soviétiques se dirigeaient vers la chancellerie du Reich. Les Soviétiques faisant face du côté allemand à une bataille menée par des officiers subalternes et d'autres grades plus bas, alors que la Wehrmacht s'effondrait, ont finalement capturé Berlin le 2 mai 1945 après avoir anéantis villes et villages, écrasés des civils par les chenilles des chars, des meurtres en série, un pillage systématique, des centaines de milliers de femmes et d'enfants périssant, souvent de faim ou de froid, et plus de sept millions de personnes s'enfuient vers l'ouest pour tenter d'échapper à la mort et à la terreur, auxquels s'ajoutent à une série de viols de sorte que pas moins de deux millions d'Allemandes en sont victimes, chiffre corroboré par les rapports secrets que le NKVD envoie à Moscou,  avec une terrible soif de vengeance, après les exactions commises par les allemands en Russie. Et Staline prépare déjà l'après-guerre en cherchant à mettre la main sur l'arme nucléaire que préparait le Reich dans un laboratoire secret dans la banlieue sud de Berlin. Le manque de confiance entre les dirigeants alliés a forcé le général Montgomery à pousser vers le nord pour sécuriser le Danemark et éloigner les Soviétiques. Les Allemands abandonnèrent docilement la Norvège mais combattirent âprement jusqu'au bout en Tchécoslovaquie. Le 7 mai 1945, les Allemand capitulent à Reims devant Eisenhower. Les Soviétiques veulent que cette reddition ait lieu sur leur territoire, à Berlin. Un autre armistice sera signé le 8, et, le 9 mai, avec les Soviétiques à Berlin.
 
Le 8 mai 1945, la fin du IIIe Reich, qui pensait durer «mille ans»Avec la victoire du 8 mai - par coïncidence, l'anniversaire du président Truman - vinrent les célébrations à Londres, Paris et New York, mais il y avait encore du travail à faire. La huitième armée de l'air américaine a cessé de bombarder l'Allemagne et a commencé à livrer de la nourriture aux Néerlandais affamés. Et les graines de la guerre froide ont été semées, lorsque Staline a condamné un million de ses soldats rapatriés au Goulag. Le «Reich de mille ans» tant vanté n'avait duré qu'une douzaine d'années, mais pendant cette période, il avait fait des ravages dans le monde entier. Avec la défaite vint la reddition totale de la Wehrmacht autrefois fière; des foules d'hommes se sont soudainement retrouvées à des kilomètres de chez eux dans des territoires ravagés par la guerre. Dans leurs rangs se trouvaient des milliers de non-Allemands de toute l'Europe, des hommes – pour la plupart d'anciens Waffen-SS – qui avaient jeté leur dévolu sur les Allemands  ils étaient désormais des «collaborateurs» et des «traîtres» et rentreraient chez eux pour faire face à la justice des vainqueurs.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Martin Gilbert, The Day the War Ended : May 8, 1945 – Victory in Europe, Henry Holt, 1995, et https://www.publishersweekly.com/978-0-8050-3926-9, William Karel, et Pierre Miquel, 8 mai 1945, une journée particulière, CNC, 1995 (documentaire), Jonathan Trigg, To VE-Day Through German Eyes : The Final Defeat of Nazi Germany, Amberley Publishing, 2020, Anthony Beevor, La Chute de Berlin, Calmann-Lévy,  2021, et https://encyclopedia.ushmm.org/content/fr/article/world-war-ii-in-europe.
 
Merci et bonne célébration du 8 mai 1945 !
Tags : Histoire, fêtes
​ 9 | 7 | Partager
Commenter

Plus d'informationsN'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (44.192.114.32) si quelqu'un porte plainte.

Connecte-toi

#Posté le dimanche 08 mai 2022 07:02

Le 9 mai 1950, l'acte fondateur de la construction européenne

Le 9 mai 1950, l’acte fondateur de la construction européennePremière source d'énergie après la Seconde Guerre mondiale jusqu'à la fin des années 50, le charbon est la clé de voûte des relations économiques et diplomatiques entre les États-Unis et l'Europe de l'Ouest. Indispensable à la reconstruction, nécessaire à la stabilisation en Europe, il offre la possibilité aux États-Unis, de par leur influence politique et économique, de structurer un marché. Cependant, un ingénieur, Lodoïs Tavernier, avait compris, dès le début de la Seconde Guerre mondiale, le rôle primordial joué par le charbon dans la force de frappe allemande. Les rapports et documents historiques qui en font état et furent la base de son combat sont présentés dans cet ouvrage. Début 1944, Lodoïs Tavernier devint président du Comité des experts du charbon pour le Comité interallié. Cinq mois plus tard, il remit son rapport officiel aux Alliés, expliquant l'importance capitale de la maîtrise du réservoir potentiel énorme de charbon que constituait la Ruhr allemande pour éviter tout nouveau conflit futur. À ses yeux, l'unique solution viable était de mettre sur pied une Régie de contrôle des productions de charbon, chapeautée par l'Union des pays y participant.
 
Après 1945, ce marché charbonnier fut tout à la fois à l'image du "monde libre", l'expression du nouvel ordre économique international et de l'intégration européenne. D'avril 1945 à mi-1947, Lodoïs Tavernier se battit pour faire passer cette idée d'union, multipliant les conférences et envoyant des tirés à part à des chefs d'État, des ministres, des industriels et des scientifiques, communiquant sur les radios belges et françaises. De nombreux articles de presse en parlèrent. L'European Coal Organisation (ECO), fut créée par les Anglais et les Américains en 1945 destiné à réglementer les approvisionnements en charbon de l'Europe placée sous leur autorité, jusqu'en 1947, au moment du lancement du Plan Marshall, cette instance, où se retrouvèrent tous les États d'Europe, à l'exception notable de l'URSS pourtant partie prenante des accords de Potsdam (lorsque l'avenir de l'Allemagne avait été discuté, ce qui induisait une réflexion sur le marché de l'énergie en Europe), eut la mission de répartir les courants charbonniers inter-européens.
 
Le 9 mai 1950, l’acte fondateur de la construction européenneJean Monnet, dont on sait qu'il connaissait parfaitement les vues américaines, politiques comme économiques, avait été mêlé de près et très tôt à ce marché européen du charbon et va reprendre les idées de Lodoïs Tavernier : à l'automne 1945 il est représentant spécial de la France auprès de l'ECO. En proposant la constitution d'une Communauté Européenne du Charbon dès le printemps 1950, il savait où le partenaire américain souhaitait aller en ce domaine, même si les objectifs de cette Communauté dans l'esprit de Monnet dépassaient largement le seul marché charbonnier. Toutefois le problème du charbon était bien davantage qu'un prétexte dans ce premier pas de la construction européenne. Obsédée par la nécessité de conjurer la menace allemande et poussée par les Américains pour qui la reconstruction de la future Allemagne occidentale qui est devenue une priorité pour à partir de 1946, la France propose le 9 mai 1950, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Robert Schuman, la mise en commun des productions française et allemande de charbon et d'acier sous la tutelle d'une Haute Autorité supranationale. Mais ce projet, visant principalement à encadrer la production des industries d'armement de la République fédérale, soulève de violentes critiques au sein de la classe politique française, loin d'être unanime derrière son ministre. L'Europe est née, elle divise déjà la France.
 
Le 9 mai 1950, l’acte fondateur de la construction européennePar ce biais, l'ECO fut remplacée par la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier (CECA) en 1952, alors presque copie conforme, après que six pays se retrouvèrent  (Allemagne, Benelux, France et Italie) à Paris en avril 1951 pour signer le traité instituant la Communauté européenne du Charbon et de l'Acier (CECA). Un traité précurseur, qui pose les bases de l'intégration européenne. En principe, au départ, la CECA avait été créée pour améliorer la production charbonnière dans l'Europe des Six, pour rationnaliser production et consommation, pour gérer ce secteur vital de l'énergie d'une manière supranationale. On partait d'une situation estimée désastreuse ou difficile, avec l'idée de devoir combler les déficits européens des uns par les surplus des autres. De plus, elle a l'obligation d'aménager le marché charbonnier en tenant compte des fortes pressions américaines pour que le charbon d'outre-Atlantique continue de trouver en Europe occidentale un débouché important. L'Europe si diverse dans ses politiques économiques oscilla face à cette puissance selon les circonstances. En 1958, la grave crise charbonnière met en valeur une mutation de source d'énergie retardée depuis la Libération, et actualise une autre Communauté Européenne mise en place par le traité de Rome en 1957.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Régine Perron, Le marché du charbon. Un enjeu entre l'Europe et les Etats-Unis de 1945 à 1958, Publications de la Sorbonne, 1996, et https://books.openedition.org/psorbonne/676?lang=fr,  André Tavernier, L'idée de la CECA, Communauté européenne du charbon et de l'acier, de par sa nécessité : Lodoïs Tavernier, un père de l'Europe oublié, Avant-Propos, 2014, et https://www.cairn.info/france-europe--9782804160166-page-27.htm.
 
Merci !
Tags : Histoire, Histoire de France
​ 8 | 8 | Partager
Commenter

Plus d'informationsN'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (44.192.114.32) si quelqu'un porte plainte.

Connecte-toi

#Posté le lundi 09 mai 2022 06:58

Un émirat devenant un puissant califat : Cordoue, du succès à la chute

Nul n'est prophète parmi les siens. Mahomet le vérifia quand le clan dominant de sa propre tribu, les Omeyyades, rejeta la religion qu'il annonçait et le chassa de La Mecque. Vaincus, convertis du bout des lèvres, les Omeyyades devaient pourtant, peu après la mort du Prophète (632), s'emparer du Califat, c'est-à-dire de la direction de cet Islam dont ils n'avaient d'abord pas voulu, et conduire sa rapide expansion, de l'Indus à l'Atlantique. Mais tous n'avaient pas oublié leur péché originel.
 
Un émirat devenant un puissant califat : Cordoue, du succès à la chuteEn 750, les Omeyyades sont renversés, et presque exterminés. Un des leurs réussit, Abd al-Rahman, chassé de Bagdad, à fuir en Espagne, où la domination musulmane a commencé en 711 avec le débarquement du berbère Tarik, aux confins négligés de l'Empire, qui donnera son nom à Gibraltar (Djebel Tarik), menant une armée, venue de Tanger, et soumettant la quasi-totalité du royaume. Loin d'être un «choc des civilisations», cette conquête est le fruit d'une intrigue ourdie par l'exarque byzantin de Septem (Ceuta) et par certains nobles chrétiens. Kurtuba (Cordoue) devient la capitale de l'Espagne où cohabitent Arabes, Berbères, Chrétiens et Juifs. Abd al-Rahman, fonda l'émirat de Cordoue le 15 mai 756, et lui et ses descendants vont asseoir leur pouvoir sur al-Andalous en usant tantôt de clémence, tantôt de violence, pour culminer à la fin du Xe siècle. L'émirat de Cordoue échappe au contrôle du califat abbasside. Lui revient la lourde tâche de rétablir l'entente entre les conquérants, de pacifier les indigènes par l'islamisation qui  va passer par l'acculturation de ses habitants : bénéficiaires de pactes de tolérance, les chrétiens et les juifs reçoivent le statut de «dhimmis» c'est-à-dire protégés, qui les transforme en fait en sujets de seconde zone, et la «dhimma» leur permet de pratiquer leur religion tant qu'ils acceptent leur infériorité juridique vis-à-vis des musulmans et leur paient une taxe de protection, dont la seule échappatoire est la conversion ou la fuite, de tenir tête aux Francs, de constituer un État, et la grande mosquée de Cordoue est construite à partir de 786 sur les vestiges d'une basilique chrétienne, elle est agrandie par étapes entre le VIIIe et le Xe siècle pour atteindre une superficie de 2,3 hectares, et l'architecture exceptionnelle de l'édifice doit beaucoup à la synthèse entre art wisigoth et arabe (notamment l'utilisation de l'arc outrepassé). Mais, Abd al-Rahman est un homme remarquable qui a la chance de vivre assez longtemps – il meurt en 788 – et de trouver en ses trois premiers successeurs, Hicham Ier (788-796), Al-Hakam (796-822), et Abd al-Rahman II (822-852), des princes qui ne le sont pas moins. Certes, ils ne peuvent pas empêcher les Francs de s'emparer de Barcelone (801), l'une de leurs bases de départ, et former en 802 la marche d'Espagne; mais ils organisent leur royaume et échappent à la menace que fait peser sur eux Charlemagne. Le France a enlevé Pampelune; il assiège Saragosse quand il est obligé de se replier en apprenant le soulèvement des Saxons en 778. Au IXe siècle, les Normands  attaquèrent aussi la façade atlantique de la péninsule ibérique. Le gouvernement de Cordoue dû affronter plusieurs oppositions à l'intérieur : révoltes sociales comme celle des faubourgs de Cordoue en 818, hostilité de certains milieux chrétiens (désignés plus tard sous le nom de mozarabes), revendiquant leur originalité culturelle religieuse, et l'indiscipline des chefs de guerre dans les zones frontalières. À partir du règne de Muhammad Ier, en 852, s'ouvre une période plus troublée, connue sous le nom de première fitna («désordre, révolte, sédition»), au cours de laquelle le pouvoir cordouan perd complètement le contrôle de certaines régions de l'émirat, et voit les fameux «martyrs de Cordoue» être exécutés en 858 et l'agitation des convertis avec une grande révolte menée à partir de 888 par Ibn Hâfsun. Cette période d'instabilité voit les émirs s'imposer en s'appuyant sur une armée professionnelle (jund), composée surtout de Berbères et de Slaves, et sur une administration efficace dirigée par le chambellan (hâjib). Enfin, Cordoue devient dès le IXe siècle – avant même l'instauration du califat – une véritable métropole culturelle. Célèbre jusqu'à l'Asie centrale pour son milieu intellectuel brillant, elle bénéficie également d'une réputation d'hospitalité qui attire nombre de savants et d'artistes orientaux, encouragés aussi par la tradition de mécénat des émirs de Cordoue : le musicien irakien Ziryab s'y installe ainsi sous le règne de Abd al-Rahmân II. Cela est aussi dû au fait que chrétiens non convertis (appelés ultérieurement «mozarabes») se sont progressivement intégrés : nombreux à Tolède, Séville et Cordoue, ils gardent leur propre administration et leur hiérarchie ecclésiastique, tout en adoptant le genre de vie et la langue des nouveaux occupants. Les lettrés maîtrisent le latin mais tous parlent l'arabe et des dialectes romans. Ils constituent encore les trois quarts de la population d'Al Andalus au début du Xe siècle ; ils disparaissent à la fin du XIe siècle. La situation des juifs est globalement meilleure que celle des chrétiens : ils sont d'actifs collaborateurs du pouvoir musulman et leur arabisation est totale au Xe siècle.
 
Un émirat devenant un puissant califat : Cordoue, du succès à la chuteDeux siècles plus tard, contre toute attente, la puissance omeyyade s'y est affermie, tandis que leurs ennemis déclinent en Orient, plus encore lorsque les séditions prennent fin avec le règne d'Abd al-Rahmân III, qui après avoir pris le titre d'émir en 912, rétablit l'ordre dans les territoires d'Al-Andalus comme en  927 lorsqu'il écrase la révolte d'Ibn Hafsun, le descendant d'une famille de Wisigoths convertie à l'islam. Cet affermissement Abd al-Rahman III le rend encore plus visible en 929 lorsqu'il se fait proclamer Amir al-Mu'minin, un des titres du calife, pour mettre un frein à l'expansion des Fatimides en Afrique du Nord. Bien que l'autorité du calife de Cordoue ait été contestée par les califes fatimides d'Ifrîqiya, l'État omeyyade est alors une grande puissance du monde méditerranéen puisqu'Abd al-Rahmân III occupe Ceuta en 931, en face de Gibraltar, et en 949, Tanger, sur le détroit de Gibraltar. Ce dernier peut ainsi contrôler la route du commerce de l'or au Sahara. Mais en Espagne, les chrétiens de Léon et de Navarre le batte à Simancas en 939, et sont contenus par d'habiles généraux à partir de 950. Sous son règne et celui de son fils Al-Hakam II (961-976) qui s'en est trop remis  sur ses ministres, notamment son chambellan al-Mushafi, le «sabre de la dynastie», Al-Andalus connaît son âge d'or. C'est à cette époque que sont écrites les chroniques sur son origine, empreintes d'une nostalgie de l'époque omeyyade de Damas. Sa capitale est la deuxième ville du monde islamique derrière Bagdad mais devant le Caire. Les royaumes chrétiens du Nord assurent au califat soumission politique et vivier de mercenaires. La principale mutation est réalisée dans le contexte du djihad mené contre les chrétiens, où le calife décide de confier une partie du pouvoir aux gouverneurs des provinces. Malgré tout, ce califat est également marqué par un essor artistique et culturel dont les embellissements de la grande mosquée de Cordoue témoignent encore aujourd'hui. C'est surtout sous al-Hakam II (961-976) que littérateurs, juristes, poètes et intellectuels de tous genres, venus d'Irak, de Syrie, d'Afrique du Nord ou d'Égypte, accourent en Al-Andalus, où ils sont rapidement intégrés à la société locale. Cette immigration montre, d'une part, l'éclat de Cordoue aux IXe-Xe siècle – qui se prolongera même après la chute des Omeyyades – et, d'autre part, favorise encore les échanges culturels : c'est ainsi que l'aristocratie andalouse, sous l'influence des nouveaux arrivants, adopte un mode de vie plus proche de celui de la cour de Bagdad. Une grande partie des transferts de savoirs du monde musulman au monde latin, s'effectue alors grâce à la traduction de l'arabe dès le Xe siècle : les couvents catalans ont des contacts étroits avec le savoir arabe; les moines travaillent sur des traductions d'ouvrages d'astronomie ou d'arithmétique.
 
Un émirat devenant un puissant califat : Cordoue, du succès à la chuteLa mort d'al-Hakam II en 976 ouvre une crise dynastique en raison de la jeunesse du nouveau souverain, al-Hîsham, car la garde slavonne voulait le destituer  pour lui substituer le frère du calife défunt, al-Mughîra, cependant, aidé par le chambellan Al-Mansur dans les bonnes grâce de Subh, la mère d'al-Hîsham, dont ce dernier fit exécuter al-Mughîra, obtenant par intimidation le soutien des hommes de religion et des élites politiques. Mais Al-Mansur devient peu à peu omnipotent, secoue le joug des Slavons et confirme son rôle de chef de guerre avec une expédition heureuse en Galice en 977. Mais la légitimité du califat de Cordoue que les sujets andalous vont s'efforcer d'établir, non sans peine, car elle est menacée par le jeu dangereux que joue à la fin du Xe siècle, le chambellan Al-Mansur (978-1002) qui recrute massivement des mercenaires berbères, puis ibériques, venus des royaumes chrétiens du nord de l'Espagne, pour jouer contre les Slavons et les Arabes, compromettant un équilibre délicat dans le califat. Il arrive à instaurer une véritable dynastie puisque son fils Abd al-Malik est investi des mêmes fonctions à la mort de son père. Le temps semble venu de reprendre le Califat, ou du moins de le revendiquer en droit. L'époque d'Al-Mansur est considérée par les chroniqueurs arabes comme l'apogée de la puissance de l'État cordouan, car le chambellan a réussi à dominer ses adversaires, qu'ils soient musulmans en étendant son autorité sur tout l'ouest du Maghreb en 996, ou chrétiens du Nord qu'il arrive à contenir, pillant même Compostelle en 997, tout en épargnant le sanctuaire. La capitale Cordoue est alors la ville la plus peuplée d'Europe, avec une population estimée entre 150 000 et 200.000 habitants vers 980 ; les villes de Tolède, Séville, Grenade et Saragosse comptent environ 15 000 habitants et abritent des communautés juives florissantes. À Cordoue se concentrent les principaux organes administratifs et religieux : le palais des émirs, la bibliothèque et la mosquée.
 
Un émirat devenant un puissant califat : Cordoue, du succès à la chuteMais le projet politique des califes de Cordoue avortera, les Omeyyades auront, pour les besoins de leur idéologie, fondé les grands traits de la culture andalouse, l'une des plus brillantes de l'Islam et de l'Europe médiévale. Car, lorsque le fils d'Al-Mansur  ayant succédé à son père en 1002, réduisant toujours le calife à un rôle de pur symbole, est renversé en 1009, les trois composantes de l'État et de l'armée, Berbères, «Slaves» (Européens) et Arabes, s'affrontent dans une longue guerre civile (1009-1031), durant lequel se succède des souverains fantoches pour un califat dont la fin est acté en 1009-1010 et dont la dissolution est faite par le conseil de Cordoue en 1031. Le territoire andalou en sort divisé en une vingtaine de principautés, les taifas («partis» ou «factions» en arabe), et dès le milieu du XIe siècle, la faiblesse militaire des celles-ci encourage la poussée chrétienne.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : André Clot, L'Espagne musulmane, VIIIe-XIe siècle, Perrin, 2005, Patrick Girard, Tarik ou la conquête d'Allah, Calmann-Lévy, 2007, Alain Ducellier, et Françoise Micheau, Les pays d'Islam VIIe-XVe siècle, Hachette, 2014, Gabriel Martínez-Gros, L'idéologie omeyyade : La construction de la légitimité du Califat de Cordoue (Xe-XIe siècles), Casa de Velázquez, 2017, Philippe Sénac, Al-Andalus – Une histoire politique VIIIe-XIe siècle, Armand Colin, 2020, et https://clio-cr.clionautes.org/al-andalus-une-histoire-politique.html, https://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/pdf/pdf_les_omeyyades_de_cordoue.pdf, https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/histoire-al-andalus-decouverte-espagne-musulmane-13408/, https://www.lesclesdumoyenorient.com/Le-califat-de-Cordoue-et-le-monde-abbasside-929-1031.html, et https://www.lhistoire.fr/carte/conqu%C3%AAte-et-reconqu%C3%AAte-de-la-p%C3%A9ninsule-ib%C3%A9rique.
Merci !
Tags : Histoire
​ 8 | 7 | Partager
Commenter

Plus d'informationsN'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (44.192.114.32) si quelqu'un porte plainte.

Connecte-toi

#Posté le dimanche 15 mai 2022 07:12

La crise du 16 mai 1877, où comment Mac-Mahon n'a pas réussi à imposer ses vues

Aujourd'hui nous allons voir la crise du 16 mai 1877, qui nous permettra de voir le personnage de Maurice de Mac-Mahon, souvent brocardé de son vivant et par la postérité, il ne fut pourtant pas n'importe qui.
 
La crise du 16 mai 1877, où comment Mac-Mahon n’a pas réussi à imposer ses vuesCe militaire glorieux né en 1808, très bien placé à Saint-Cyr,  sert en Algérie trente ans durant, où il arrive avec le grade de sous-lieutenant et en repart avec celui de gouverneur général, développant une conception aussi humaine que possible de la colonisation, servant Charles X, Louis-Philippe et la Seconde République, puis se ralliant au Second Empire sans état d'âme. Napoléon III lui confiera de grands commandements. Il l'avait nommé gouverneur général de l'Algérie et sénateur de l'Empire. La prise de Sébastopol en 1855, et contribue largement en Italie aux victoires de Magenta et de Solferino en 1859 qui l'imposent comme l'un des grands chefs militaires du Second Empire, dont il reçoit la dignité de maréchal et le titre de duc de Magenta. En août 1870, pour avoir suivi les ordres formels du gouvernement Palikao, il avait conduit l'armée dite de Châlons dans le piège fatal de Sedan alors qu'il avait perçu la solution qui aurait probablement empêché ce désastre. Blessé en 1870 à Sedan, il évite ainsi d'avoir à signer la capitulation. En 1871, il reprend Paris aux insurgés de la Commune, ce qu'il fait avec le maximum d'humanité, interdisant toute exécution sommaire. Il montre à cette occasion le respect de son adversaire. À la tête de cette armée de Versailles, ses fonctions avaient été autant militaires que politiques. Sans être bonapartiste, il avait également conservé du respect pour l'empereur déchu.
 
La crise du 16 mai 1877, où comment Mac-Mahon n’a pas réussi à imposer ses vuesPuis, il succède à Thiers en 1873 dont les droites voulaient se débarrasser, élu à son corps défendant, comme président du gouvernement de la République, en attendant le rétablissement d'une monarchie qui ne viendra jamais. Le maréchal pouvait remplir ce rôle et fédérer les droites sur son nom. Il met en place la politique d'ordre moral en s'appuyant sur l'Église pour préparer les esprits à la restauration monarchique. Les fonctionnaires républicains furent destitués, les maires républicains destitués, le buste de la République retiré des mairies, les honneurs militaires refusés aux obsèques non religieuses, la presse est étroitement surveillée, les enterrements civils sont réglementés et l'État soutient la propagande religieuse. Le mandat de Mac-Mahon fut consolidé pour une durée de sept ans par la loi dite du septennat (19 novembre 1873) suite à l'intransigeance du duc de Chambord (le 30 octobre 1873) qui refuse de renoncer au drapeau blanc d'Henri IV et aux principes de 1789 et notamment la souveraineté nationale. Alors qu'on l'avait élu comme un président de transition, Mac-Mahon se retrouva installé dans la durée et le gouvernement de Broglie est renversé en mai 1874, menant les orléanistes à préféré une République conservatrice en se mettant du côté des Républicains. Jusqu'à la fin de 1875, le maréchal exerça le pouvoir exécutif sous le contrôle de l'Assemblée nationale après l'amendement Wallon le 30 janvier qui fait que le Président est élu par le Sénat et la Chambre, tandis que la majorité républicaine instaure la IIIe République en votant 3 lois constitutionnelles concernant le Sénat le 24 février, l'organisation des pouvoirs publics le 25 février, et celle des rapports des pourvois publics entre eux le 16 juillet, et enfin, la loi du 12 juillet 1875 sur l'enseignement supérieur permit la création de facultés catholiques.
 
La crise du 16 mai 1877, où comment Mac-Mahon n’a pas réussi à imposer ses vuesPuis, il se trouva enserré dans une double limite : celle des textes qu'il devait respecter et celle de la majorité parlementaire républicaine élue en février 1876 avec laquelle il était en profond désaccord, et après avoir confié le gouvernement à l'orléaniste Dufaure, rallié à la République, mais qui se retire devant l'hostilité républicaine, et la direction républicaine passe au républicain modéré Jules Simon, qui tente de ménager le Président, l'Assemblée et le Sénat, qui se laisse se développe l'action de l'Église, et les républicains s'unissent contre son influence politique. Le conflit politique latent entre Mac-Mahon et la majorité républicaine de la Chambre dégénéra en une crise aiguë qui éclata brusquement le 16 mai 1877 avec le renvoi de Jules Simon qui le 4 mai sous pression de la Chambre a condamné les «manifestations ultramontaines», du fait que Mgr Dupanloup, sénateur inamovible, et le duc de Broglie, demeuré le conseiller de Mac Mahon, ont obligé ce dernier à régir, qui le remplace par le duc de Broglie qui forme un gouvernement conservateur, dont 363 députés envoient une adresse pour refuser la confiance à ce nouveau gouvernement,  ce qui pousse Mac Mahon avec l'accord du Sénat à la dissolution de la Chambre, menant à des élections législatives où l'enjeu est réduit à une lutte entre la République et la monarchie qui donne une campagne passionnée, malgré les pressions du ministre l'intérieur, le bonapartiste Fourtou, alors que du côté républicain, la campagne conduite par Gambetta veut mettre en jeu le pouvoir de Mac Mahon, et la mort de Thiers que les républicains voulaient porter au pouvoir donne lieu à une vaste manifestation publique.
 
La crise du 16 mai 1877, où comment Mac-Mahon n’a pas réussi à imposer ses vuesLe 14 octobre 1877, le Républicains l'emportent, et la crise du 16 mai trouva un terme provisoire avec la «soumission» du maréchal reconnaissant devant la Chambre sa défaite, et admettant une lecture strictement parlementaire de la constitution, et l'acceptation du ministère républicain Dufaure (13 décembre 1877), ainsi Mac Mahon expérimente également la première cohabitation avant la lettre, la présidence du Conseil des ministres et la direction de l'armée, désormais domaine réservé du chef de l'État. Lui, le royaliste conservateur, après avoir, en 1877, tenté d'imposer un gouvernement selon son c½ur à une majorité parlementaire qui n'en voulait pas, doit s'incliner et finit par démissionner en 1879 ne parvenant pas à faire reculer suffisamment le camp républicain qui conquiert le Sénat et remporte les élections municipales, après avoir présidé aux fastes de l'Exposition universelle. Jusqu'à sa mort, en 1893, il reste d'une discrétion inébranlable. L'empereur d'Allemagne et bien d'autres lui rendent un vibrant hommage en l'appelant «chevalier sans peur», «Bayard»...
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Gabriel de Broglie, Mac Mahon, Perrin, 2000, Serge Berstein, et Pierre Milza, Histoire du XIXe siècle, Hatier, 2003, François-Christian Semur, Mac-Mahon ou la gloire confisquée, éditions  Jean-Claude Gawsewitch, 2005, https://books.openedition.org/psorbonne/61722?lang=fr, et http://salon-litteraire.linternaute.com/fr/histoire/review/1798348-mac-mahon-ou-la-gloire-confisquee-un-excellent-ouvrage-sur-l-honneur-perdu-d-un-grand-homme.
 
Merci !
Tags : Histoire
​ 8 | 7 | Partager
Commenter

Plus d'informationsN'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (44.192.114.32) si quelqu'un porte plainte.

Connecte-toi

#Posté le lundi 16 mai 2022 07:19

La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-Âge

Aujourd'hui, nous fêtons la fête de la Sainte-Trinité.
 
La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-ÂgeUne 1erfête  de la Sainte-Trinité fut célébrée dans la Principauté de Liège, dès le début Xe siècle (fête elle-même marquée par l'hymne trinitaire d'Alcuin), qui avait une octave au début du XIIe siècle, en Belgique, l'influence de celle-ci amena l'introduction de la fête dans les terres anglaise en 1162 par Thomas Beckett devenu archevêque de Cantorbéry, grâce à son amitié avec Everlin de Fooz (mort en 1188), un moine de Liège devenu un abbé. C'est lui qui décréta que le dimanche suivant la Pentecôte, on célébrerait la fête de la Trinité. Cependant cette fête fut longtemps écartée de la liturgie romaine, on la rencontrait à Reichenau en 1030 et Cluny en 1051. Après son imposition en Angleterre, elle passa chez les Cisterciens (1175), les Chartreux (1222), les Dominicains (au XIIIe siècle), et les Franciscains (1260). Après le synode d'Arles (1263), elle est adoptée dans de nombreux diocèses de pays francs. Ce ne fut seulement en 1334 que le pape Jean XXIII étendit son usage à toute l'Église universelle.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : François Huot, L'Ordinaire de Sion: Étude sur sa transmission manuscrite, son cadre historique et sa liturgie, Saint-Paul, 1973, Ivan Gobry, Louis VII : 1137-1180 - Père de Philippe II Auguste, Pygmalion, 2012, et Bernard Forthomme, Histoire de la pensée au Pays de Liège, des origines à nos jours (tome I : IVe – XIe siècles), Editions Orizons, 2018.
 
Et comme nous allons voter aujourd'hui pour les élections législatives, je vais vous présenter les pratiques démocratiques au Moyen-âge. Le peuple a bon dos. Parler en son nom est un idéal politique aussi répandu que galvaudé. C'est le fondement même de la démocratie occidentale, mais aussi la source de tous les populismes. Porter la parole du peuple, c'est se l'approprier et, dans le champ du politique, le faire exister. Le problème non encore résolu de la figuration du peuple est d'abord et avant tout un problème de représentation, puisque ce peuple ne peut exister comme sujet politique qu'à travers ce processus. Aux derniers siècles du Moyen-Âge, l'Europe occidentale chrétienne voit le développement d'assemblées territoriales qui, sous diverses dénominations (parlements, états généraux, cortes ou diètes), sont le lieu d'expérimentation d'une représentation politique constitutive de l'État moderne, lointain ancêtre des régimes démocratiques contemporains. Cette représentation met en place des instances médiatrices entre des sociétés politiques en pleine émergence et des princes dont la souveraineté n'a encore rien d'absolu. Cela montre que dès le Moyen Âge, dans une société moins autoritaire qu'on veut bien le croire, «On y pratiquait une vraie culture du consentement».
 
La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-ÂgeC'est entre les années 1180-1240, qu'on voit apparaître les principaux parlements. Les assemblées demeurent jusqu'au XIIIe siècle sur le terrain de la représentation symbolique où les Grands et eux seuls représentent le peuple. Les changements n'interviennent qu'après, lorsqu'une forme d'échange politique entre princes et sujets se fait jour : des intérêts divergents se confrontent, la représentation se territorialise et des sources, de plus en plus nombreuses, mettent en évidence, à l'instar de la Magna Carta de 1215, qui fut un échec à court terme, des enjeux nouveaux autour des libertés fiscales ou de la protection des droits. Le moment décisif est cependant le siècle suivant, celui du «moment parlementaire». Car, malgré des expériences diverses et des variations notables, à la fin du XIVe siècle, au plus tard, «il n'est guère de royaume, de pays, de principauté, qui n'ait fait l'expérience d'une forme de représentation populaire». L'inverse (comme en Italie) a même plutôt de quoi surprendre, car dès le XIIe siècle, les communes italiennes inventèrent des formes originales d'un gouvernement collégial laïc capable d'administrer les villes les plus peuplées de l'Occident du temps. Affirmant leur autonomie face aux pouvoirs impérial et épiscopal, les communautés civiques expérimentèrent durant plus de trois siècles différents systèmes institutionnels qui furent adaptés aux évolutions profondes et parfois rapides des sociétés du temps. Des assemblées de plus en plus formalisées, élargies et aux dénominations multiples incarnent ainsi un dialogue et un dualisme entre des princes et des sujets qui se constituent en communautés politiques. Enfin, au tournant de l'année 1500, les assemblées représentatives sont partout.
 
La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-ÂgeOr la pratique d'assemblées délibérantes était très répandue au Moyen-Âge, que ce soit dans les guildes de métier et les villes libres, ou encore dans les «communautés d'habitants» qui autogéraient le commun dans des milliers de villages, dont celles-ci disposaient même d'un statut juridique, ont fonctionné sur le mode de l'autogestion pendant des siècles. L'histoire de cette démocratie médiévale n'a pas toujours été ignorée, pas même d'acteurs politiques ou d'intellectuels plutôt conservateurs. En France au dix-neuvième siècle, par exemple, François Guizot rappelait que «[l]es bourgeois du Moyen Âge se taxent, élisent leurs magistrats, jugent, punissent, s'assemblent pour délibérer sur leurs affaires et tous viennent à ces assemblées ; ils ont une milice ; en un mot, ils se gouvernent, ils sont souverains». En 1875, Edmond Demolins lançait Le mouvement communal et municipal au Moyen Âge. Essai sur l'origine, le développement et la chute des libertés publiques en France. Il rappelait que les villes médiévales  s'administraient elles-mêmes par des magistrats élus dans l'assemblée générale des habitants, où les bourgeois réunis soit dans l'église, soit sur la place publique changée en forum, délibéraient plus librement qu'à Sparte ou qu'à Athènes sur les affaires de la ville, sans se soucier nullement de recevoir des ordres de Paris.
 
La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-ÂgeLes expériences de gouvernement propres aux communautés religieuses, avec délibérations collectives parfois quotidiennes et désignation des supérieurs par les frères ou les s½urs (car ces expériences, à la différence des régimes politiques jusqu'à une date récente, n'ont pas concerné que des hommes) dans des élections, dans ce monde où le pouvoir ne pouvait pas être héréditaire, elles apparaissent à bien y regarder comme des laboratoires de la gouvernementalité moderne. Dans les cloitres, l'esprit de la Règle est le même, qui dit notamment qu'au sein de la communauté, tous les rapports doivent être fondés sur la charité, et que les supérieurs doivent être les serviteurs de leurs subordonnés. Y compris des supérieures, des femmes. Il y a eu aussi des communautés mixtes, comme le monastère de Fontevraud, où les hommes et les femmes étaient dirigés par une abbesse. Mais l'Église offre aussi un contre-modèle par le recours à l'élection pour désigner ses responsables : élections pontificales et épiscopales. Et c'est aussi aux XIIe et XIIIe siècles, qu'Abélard, Héloïse, Dominique de Guzmán, François et Claire d'Assise - d'autres encore - inventent une forme de gouvernement renversante. Selon eux, le chef d'une communauté doit se faire le dernier des serviteurs de ceux qu'il guide. Un devoir d'humilité strictement codifié. Ces ardents réformateurs du Moyen Âge abaissaient les puissants pour exalter les humbles, tout en se dépouillant eux-mêmes des emblèmes du pouvoir.
 
La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-ÂgeUn concept démocratique du pouvoir se voyait aussi par la laïcisation de la «conception chrétienne du pouvoir» dans le royaume de Sicile ou l'affirmation du caractère électif et non héréditaire de la monarchie suédoise, alors qu'en France les autorités monarchiques ou aristocratiques ne s'ingéraient pas dans les affaires de la communauté, qui se réunissait en assemblée pour délibérer au sujet d'enjeux politiques, communaux, financiers, judiciaires et paroissiaux. Le peuple disposait donc de fait d'une large autonomie. Dès le XIIe siècle, nombre de villes se sont dotées d'un régime municipal, avec un conseil et un maire ou des consuls élus, ou plutôt cooptés, pour traiter de certaines questions communes et se poser en interlocuteurs de l'autorité royale, dont la légitimité n'est jamais contestée. Et Jean sans Terre doit concéder une Grande Charte en 1215 dont sortira le Parlement. Ainsi, le peuple, au Moyen-Âge, parvenait à s'autogérer sur tout un ensemble de domaines considérés non comme "privés", mais comme publiques.
 
La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-ÂgeL'histoire de la notion de peuple est aussi liée à celle de la collecte des impôts. Inventé quelque part entre le XIIIe et le XVe siècle. Alors que l'Europe est en guerre de façon quasi permanente, l'impôt sert à financer des conflits coûteux. «Le peuple a accepté ce mécanisme, qui a été implanté dans la paix et le consentement. Il est faux de croire qu'au Moyen Âge, tout se réglait par la terreur et l'épée.» Les souverains obéissaient en effet, à leur manière, à l'idée que «ce qui concerne tout le monde doit être approuvé par tout le monde», s'appuyant sur un principe élaboré par le premier concile du Latran en 1123. «D'un point de vue contemporain, on peut considérer ces “moments parlementaires” comme une prémisse à la démocratie telle qu'elle se manifeste dans nos parlements actuels. Certes, avant le 18e siècle, il n'y a pas d'idée claire de démocratie, mais le peuple veut être consulté. Il ne met pas en cause la souveraineté du prince, mais il veut s'associer à l'exercice du pouvoir.»
 
La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-ÂgeEnfin, les ambiguïtés entourant la définition du peuple montraient aussi que la «méfiance traditionnelle» de l'élite intellectuelle envers la participation de la multitude au pouvoir, soulignait aussi le danger populiste qui survient quand «le dirigeant ne représente pas, mais prétend incarner, à lui seul, le peuple».
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Jacques Dalarun, Gouverner c'est servir : Essai de démocratie médiévale, Alma Editeur, 2012, et https://croire.la-croix.com/Definitions/Figures-spirituelles/Regle-saint-Benoit-laboratoire-modernite-2020-03-27-1701086413, Michel Hébert, La voix du peuple : une histoire des assemblées au Moyen-Âge, Presses universitaires de France, 2018, https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/samedi-et-rien-d-autre/segments/entrevue/101739/democratie-peuple-michel-hebert-medieviste-moyen-age, https://journals.openedition.org/mots/27532, https://www.cairn.info/revue-tumultes-2017-2-page-139.htm?try_download=1https://www.monde-diplomatique.fr/2019/04/MOUSSA/59737, et https://www.nonfiction.fr/article-9913-le-pouvoir-des-assemblees.htm, https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/la-democratie-au-moyen-age-145371, https://www.lepoint.fr/histoire/l-essor-de-la-democratie-04-04-2017-2116978_1615.php, https://www.nonfiction.fr/article-8851-le-jt-de-socrate-penser-une-democratie-adulte-avec-et-contre-saint-francois.htm, et https://rdv-histoire.com/programme/le-moyen-age-un-laboratoire-du-gouvernement.
 
Merci et bonne fête de la Sainte-Trinité ! 
Tags : Histoire du christianisme, fêtes, Histoire, Actus
​ 8 | 7 | Partager
Commenter

Plus d'informationsN'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (44.192.114.32) si quelqu'un porte plainte.

Connecte-toi

#Posté le dimanche 12 juin 2022 03:12

Modifié le dimanche 12 juin 2022 03:44

  • Précédent
  • 1 ...
  • 39
  • 40
  • 41
  • 42
  • 43
  • 44
  • 45
  • 46
  • 47
  • Suivant

Skyrock.com
Découvrir
  • Skyrock

    • Publicité
    • Jobs
    • Contact
    • Sources
    • Poster sur mon blog
    • Développeurs
    • Signaler un abus
  • Infos

    • Ici T Libre
    • Sécurité
    • Conditions
    • Politique de confidentialité
    • Gestion de la publicité
    • Aide
    • En chiffres
  • Apps

    • Skyrock.com
    • Skyrock FM
    • Smax
  • Autres sites

    • Skyrock.fm
    • Tasanté
    • Zipalo
  • Blogs

    • L'équipe Skyrock
    • Music
    • Ciné
    • Sport
  • Versions

    • International (english)
    • France
    • Site mobile