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Le roi Arthur, la réalité derrière le mythe

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Ce blog s'intéressera avant tout à la question de l'historicité du roi Arthur durant les Dark Ages, une période de grands changements dans la Bretagne post-romaine, et ce qui amena sa légende.

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Molière, un homme à la vie trépidante et pleine de surprises, devenu un mythe propice à tous les symboles

À l'occasion du 400e anniversaire de sa naissance, Molière est célébré partout en France et à l'étranger. Baptisé le 15 janvier 1622 (il serait né un ou deux jours plus tôt), Molière, de son vrai nom Jean-Baptiste Poquelin, est célébré partout en France et à l'étranger, sur scène en sculpture ou dans les livres, à l'occasion du 400e anniversaire de sa naissance Il existe un mythe de Molière édifié sur un monceau de légendes, approximatives, artificieuses, extravagantes : mari jaloux et malheureux; d'humeur rêveuse et mélancolique; versificateur maladroit ; acteur doué pour le seul jeu comique; malade consumé par ses mauvais poumons... Des générations de biographes ont colporté ces fables qui composent encore aujourd'hui son portrait. Pour donner un portrait réaliste de l'itinéraire de l'acteur, l'audace du directeur de théâtre, et  l'ingéniosité créatrice de l'auteur, il faut revenir aux témoignages, aux documents, et aux traces matérielles.
 
Molière, un homme à la vie trépidante et pleine de surprises, devenu un mythe propice à tous les symbolesLe mystère Molière débute dès sa naissance. Ce n'est qu'en 1820 qu'est retrouvé son acte de baptême, daté du 15 janvier 1622 à Saint-Eustache à Paris : il serait né un ou deux jours avant. Dans les faits documentés, on sait qu'il est promis à un confortable avenir : en fils aîné, il doit hériter de la charge de tapissier et de valet de chambre du roi de son père. Orphelin de mère à 10 ans, il grandit entre les artères lumineuses du Louvre et les boyaux animés mais dangereux des Halles. Il y acquiert un sens aigu de l'observation. Au collège de Clermont (actuel Louis-le-Grand), les jésuites lui enseignent le grec, le latin et le théâtre. Érudit, Molière s'inspirera de Plaute, Térence, de la comédie italienne et espagnole. Il n'y a aucune preuve de sa licence de droit à Orléans : il a aussi bien pu acheter son diplôme. À la sécurité du maître-tapissier Poquelin, il a préféré l'aventure à l'âge de 21 ans avec la tribu des Béjart, renonçant à son héritage et à la charge de tapissier de Louis XIII pour devenir comédien, une profession incertaine, alors frappée d'excommunication. Le 30 juin 1643, par acte notarié, il crée "l'Illustre théâtre", avec dix autres saltimbanques dont Madeleine Béjart, une actrice rousse et ardente, familière des cercles littéraires qui semble être familière à cette nouvelle vocation. D'abord amante, elle demeurera trente années sa fidèle associée. L'usage était que les comédiens prennent un nom de "campagne" : il choisit "Molière" qui désigne une carrière de pierres. Au Jeu de Paume, «l'Illustre théâtre» fait long feu et en 1645, devant la faillite, la troupe cessera d'exister : les dettes s'accumulent, Molière est emprisonné au Châtelet. Son père, qui n'a rien d'un Harpagon, règle ses dettes. Son père, a toujours accepté sa vocation (et payé toute sa vie ses dettes). Il faisait partie de la bourgeoisie libérale, donc progressiste et tolérante. Ce manque de succès s'explique par le fait qu'il compte de nombreuses tragédies qui constituent le fond de son répertoire. Molière s'illustre dans les plus grands rôles tragiques, notamment dans le théâtre de Pierre Corneille avec Nicomède, Rodogune, Cinna, Pompée, Attila, ou encore Tite et Bérénice, mais également dans celui du jeune Racine, de Rotrou ou encore de Tristan L'Hermite. Mais cela n'attire pas forcément un large public. Le fils fuit Paris à 23 ans. On le retrouve avec eux en province pendant 13 ans de 1646 à 1658, avec quelques comédiens rescapés du naufrage de «L'Illustre Théâtre», dans la troupe du Duc d'Epernon dirigée par l'acteur Charles Dufresne, grâce au talent de Madeleine Béjart désormais reconnu, qui confirmait ainsi son ascendant sur ce groupe de rescapés  pour sillonner les routes du Languedoc où les relations de Madeleine avec de puissants seigneurs des lieux (Aubijoux et Roure) ont beaucoup aidé, et passe par Agen, Toulouse, Albi, Carcassonne, Poitiers, Grenoble, Montpellier, Bordeaux, Narbonne, Béziers, Avignon ou encore, bien sûr Pézenas, dont il est l'enfant chéri, jouant pour les gueux, les bourgeois, les nobles, et vivant à l'aise au sein d'une troupe protégée par de grands personnages en, qui tirent de leurs fonctions dans les instances régionales des subventions et des facilités pour les comédiens et les recettes sont importantes, ses soutiens haut placés, et les comédiens Catherine de Brie et son mari Edme de Villequin rejoignent sa troupe en 1650. Conti n'intervient qu'en dernier en 1652, après que Molière devient un auteur comique, avec La Jalousie du barbouillé et Le Médecin volant, au moment où à Lyon Thérèse de Gorla, belle et brillante danseuse de foire, les rejoint en 1653, avec son art de scène qui lui était précieux pour les intermèdes dansés, les «entrées», en épousant le comédien René Du Parc, alors que sous les noms de Mademoiselle Du Parc et de Marquise, elle la suivra jusqu'au retour à Paris, puis lui et sa troupe jouèrent deux nouveautés de sa plume, toutes deux des comédies en cinq actes : L'Étourdi, ou Le Contre-Temps et, en 1656, Le Dépit amoureux. Armande, sa future femme, issue de la grande «tribu» des Béjart, don on ne sait pas si elle est la s½ur ou la fille adultérine de Madeleine qu'elle aurait eue du Comte Esprit de Remond de Modène (bourg proche de Carpentras dans le Comtat Venaissin), figure en tout cas déjà dans la troupe de Molière en 1653 sous le nom de Mademoiselle Menou et joue les rôles d'enfant. Durant, cette période Molière et Madeleine Béjart vivent dans une aisance relative, presque une certaine opulence, se déplaçant en carrosse et non en charrette, et logeant dans des châteaux ou riches demeures plutôt que dans des masures et cabanes.
 
Molière, un homme à la vie trépidante et pleine de surprises, devenu un mythe propice à tous les symbolesChef de troupe accompli, il rêve de revenir à la capitale : précédé d'une réputation de «bel esprit». Molière agréé par Philippe d'Orléans, dit «Monsieur», frère unique du roi, joue le 24 octobre 1658 pour le jeune Louis XIV. Il n'a écrit que deux comédies mais son jeu comique conquiert le souverain. Grand succès pour Molière de retour à Paris. À la suite de cet «examen réussi», on met à leur disposition la vaste salle de théâtre du Petit-Bourbon. Grâce à ses propres pièces, car ses autres créations sont des échecs. Le voilà obligé d'écrire. Et de comédien, il devient auteur avec le succès des Précieuses ridicules fin 1659. Cette pochade burlesque fait découvrir une forme inédite de comique, issue de la parodie des usages mondains. Poquelin dépoussière la comédie de m½urs. Puis il s'inspiré de la commedia dell'arte pour Sganarelle, ou Le Cocu imaginaire en 1660, et en 1661, il présente une comédie héroïque, mais Dom Garcie de Navarre et son analyse de la jalousie ne firent pas grand éclat, puis reprend le personnage de Sganarelle dans L'École des maris, où Armande Béjart créée le rôle de Léonor, et qui a sa mère Madeleine dans le rôle de sa suivante. Puis, à partir de 1662, ils jouent au théâtre du Palais-Royal (1500 places) cette ancienne salle dite «Palais Cardinal», que Richelieu, par testament, a léguée à Sa Majesté. Par milliers, les spectateurs viendront applaudir la Troupe du Roy et les chefs-d'½uvre du plus célèbre dramaturge de la scène française (et aussi l'un de ses comédiens de légende) dans ce Versailles du théâtre qui brûlera en 1781. Il n'est plus aujourd'hui qu'une plaque rue de Valois, à l'angle de la rue Saint-Honoré. Le 23 janvier 1662, Molière épousera Armande, un mariage qui suscite alors suspicions, scandale et rumeurs jusqu'à accuser le dramaturge d'avoir séduit sa propre fille, mais il n'a jamais exercé sur elle d'autorité parentale et il est probable qu'il l'ait rencontrée peu de temps auparavant. Le portrait que Cléonte fait de Lucile dans Le Bourgeois gentilhomme permet de penser qu'elle fut l'inspiratrice et la créatrice de toutes les héroïnes de Molière : la Princesse d'Élide, Charlotte, Célimène, Lucinde, Elmire, Alcmène, Élise, Angélique, Lucile, Hyacinthe, Henriette... Les deux fils d'Armande et de Molière ne vécurent pas. Seule survécut leur fille, Madeleine-Esprit qui a bénéficié d'une riche et couteuse éducation. Le roi avait même accepté d'être le parrain du premier enfant que Molière a eu avec elle. La légende qu'Armande aurait été une épouse volage et infidèle, ne tient pas la route puisque le compagnonnage artistique entre les deux époux, la solidité de la vie de la troupe et la longévité du couple, tendent au contraire à prouver une relation matrimoniale fondée sur la bonne intelligence, sinon la passion amoureuse, conformément au modèle bourgeois de l'amitié conjugale de l'époque. Après L'école des femmes (1662) où il magnifie par la farce une jeune fille s'affranchissant d'une éducation absurde, il dépasse le simple divertissement et hérisse les réactionnaires, en bousculant les idées reçues sur le mariage et la condition des femmes, et où Catherine de Brie, qui fut un temps sa maîtresse, est Agnès. La Critique de École des femmes mit en scène les débats de personnages prétendus avoir vu la pièce, tandis que L'Impromptu de Versailles dépeignit la troupe de Molière se préparant avant une nouvelle production. Puis Le Mariage forcé fit partie des «Divertissements royaux» au Louvre, où la Marquise Du Parc attire par sa beauté, son aisance dans les ballets et son charme quand elle joue Dorimène la séductrice, tandis que Les Plaisirs de l'Île enchantée à Versailles virent la première représentation de La Princesse d'Élide, une comédie galante. Enfin, même si le roi le respecte, le protocole de cour interdit formellement qu'un comédien, profession frappée d'infamie par l'Église, puisse siéger à la table d'un roi, contrairement à ce que dit la légende. Le repas, comme tous les moments ritualisés de la vie de la cour, est pris en public.
 
Molière, un homme à la vie trépidante et pleine de surprises, devenu un mythe propice à tous les symbolesMais, il lui faut cinq années et trois versions de Tartuffe pour déjouer la censure orchestrée par la Compagnie du Saint-Sacrement, visée indirectement par la pièce sur le faux dévot. La pièce n'a pas été censurée, mais interdite en 1664. C'est Molière qui s'est autocensuré, pour pouvoir la faire passer. Le 5 février 1669, l'obstiné fait un triomphe. Molière vient d'inventer la comédie morale où Madeleine Béjart joue Dorine : son art vise désormais à corriger les vices, par le rire. À la ville, son théâtre devient malgré lui un théâtre comique, un théâtre Molière. À la cour, il invente pour le roi des pièces à grand spectacle. Vedette de la cour mais cible des jansénistes, en sept années de 1665 à 1672, Molière crée environ deux comédies par an sous forme de satires. Il crée alors Don Juan (1665, une nouvelle comédie pleine de controverses et un nouveau triomphe, où la Marquise Du Parc brille dans le rôle d'Elvire), puis Le Misanthrope (1666, qui met en relation une coquette et une prude, des marquis ridicules et un misanthrope patenté), sa pièce la plus cruelle mais la plus humaine. Il écrit encore une tragédie (Alexandre Le Grand, 1665, qu'il décida de la faire jouer à l'Hôtel de Bourgogne par une compagnie rivale), de grandes comédies (L'Avare, où Madeleine Béjart joue Frosine, George Dandin et Amphithryon, 1668; Les Amants magnifiques, 1670, une comédie presque pastorale mêlée de musique et d'entrées de ballets, dans lesquelles le Roi lui-même aurait joué; Les Femmes savantes, 1672, une comédie satirique  qui est un franc succès), des farces (Le Médecin malgré lui, 1666, une grande réussite malgré l'édition d'une diatribe contre le théâtre de la plume de son ancien protecteur, le prince de Conti, au moment où Mademoiselle du Parc quitta la troupe du Roi après la mort de son mari pour jouer dans les tragédies de Racine à l'Hôtel de Bourgogne en 1667), une comédie à l'italienne (Les Fourberies de Scapin, 1671, cette comédie attira des foules, mais déplut à Boileau), et des comédies-ballets (Le Mariage forcé, En 1664, au palais du Louvre avec le compositeur Jean-Baptiste Lully, dans lequel le souverain en personne participe au spectacle, déguisé en bohémien. au palais du Louvre avec le compositeur Jean-Baptiste Lully. Le souverain en personne participe au spectacle, déguisé en bohémien, ou L'Amour médecin, 1665, une comédie en 3 actes), après qu'en 1661, Molière répond à une commande de la Cour. Connaissant le goût de Louis XIV pour les ballets, il crée un nouveau genre, la comédie-ballet, intégrant comédie, musique et danse. Pour écrire «Les Fâcheux», une pochade en trois actes dans laquelle Armande crée encore un autre personnage celui d'Orphise, et où sa s½ur ou mère Madeleine, éblouit jusqu'au roi en apparaissant dénudée dans une immense coquille Saint-Jacques lors du prologue de la pièce, à Vaux-le-Vicomte en août 1661, il collabore notamment avec Jean-Baptiste Lully (1632-1687) pour la musique qui est un véritable moteur de la pièce. Cette première du genre soulève l'enthousiasme du public et de La Fontaine. Prolifiques, Molière et Lully enchaînent les chefs-d'½uvre : des «Amants magnifiques» au «Bourgeois Gentilhomme». En 1671, ils montent «Psyché». Ce sera leur dernière collaboration et le plus grand succès de la carrière de Molière. Cela diminue ses recettes, car les rires du parterre, dont les fêtes de la cour le tiennent éloigné, rapportent plus que la faveur d'un roi qui, finalement, privilégiera Lully, et l'opéra contre Molière et ses comédies-ballets, car  la jalousie de Lully, muée en trahison féroce, met fin à son duo avec Molière, ce qui pousse ce dernier à le remplacer par Marc-Antoine Charpentier (1643-1704). Molière a réussi. Il est riche, fêté, adulé, contesté et en juillet 1668, Molière devient le maître de cérémonie des fêtes royales et se permet d'aider Subligny dans sa production d'une parodie de l'Andromaque de Racine, La Folle Querelle la même année.
 
Molière, un homme à la vie trépidante et pleine de surprises, devenu un mythe propice à tous les symbolesIl est malade. Il meurt jeune après Madeleine Béjart en 1672, quasi sur la scène le 17 février 1673, mais c'est en réalité chez lui, 40 rue de Richelieu, qu'il périt subitement peu après avoir incarné l'hypocondriaque Argan, dans Le Malade Imaginaire, une comédie «Mêlée de musique et de danse», qui remporte un vif succès. Le farceur offrait son ultime pied de nez : dans la peau du «Malade imaginaire», l'homme de théâtre succomba à une hémorragie provoquée par une fluxion bien réelle, des suites d'une tuberculose pulmonaire qu'il a contracté des années auparavant. Ne pouvant recevoir les derniers sacrements, il échappe de peu à la fosse commune, n'ayant pas abjuré sa profession de comédien. C'est parce que sa femme Armande Béjart intervient auprès de Louis XIV qu'il peut être enterré. De nuit, entouré d'amis, mais sans aucune cérémonie. La presse périodique de l'époque déplore de façon unanime la brutalité de son décès, suscitant une sorte d'incrédulité dans l'opinion. Provocateur, il a suscité les passions. C'est la première idole des temps modernes. Il en a eu la gloire et la fragilité. Molière est donc apprécié, reconnu, comme le prouve ce savoureux contrat d'exclusivité signé de la main du roi : une ordonnance défendant aux autres troupes que celle de Molière de jouer Le Malade imaginaire, un an après la mort du dramaturge. Nicolas Boileau reproche au théâtre comique de Molière d'enfreindre les règles de l'esthétique classique dont il se sent le garant. C'est pour cela que durant plusieurs décennies, Molière était considéré non pas comme un grand écrivain, mais comme un grand comédien, qui resterait toutefois incapable d'atteindre la perfection classique dans ses pièces. Mais, il n'a pas du tout corrigé les éditions déjà parues de ses ½uvres. Ce sont ses successeurs qui vont se permettre de les retoucher. De même pour Molière, ce qui est tout le temps reproduit, c'est l'édition de 1682, neuf ans après sa mort, contenant deux volumes d'½uvres posthumes, avec toutes les retouches faites par une main inconnue sur Dom Juan ou le Festin de Pierre et sur Le Malade imaginaire, notamment. Mais, après la mort de Molière, Armande, aidée par La Grange, veille à l'avenir de la troupe et s'emploie à maintenir l'½uvre de son mari, tout en se permettant d'interpréter aussi certaines tragédies de Pierre Corneille et de Jean Racine. Elle deviendra sociétaire de la Comédie française en 1680, mais fut dénigrée dans une biographie romancée anonyme intitulée La fameuse comédienne, parue en 1688, et elle prendra sa retraite en 1694. La seule survivante de ses quatre enfants, Madeleine-Esprit, perdit ses manuscrits, cela vient aussi du fait que devenue nonne, la seule des quatre enfants de Molière à être parvenue à l'âge adulte, ne s'est sans doute pas trop battue pour valoriser l'héritage et la personnalité de son père, et sa première biographie, Vie de M. de Molière, publiée en 1705, alimente depuis les légendes autour de Jean-Baptiste Poquelin. Et au XVIIIe siècle, les philosophes des Lumières ont voulu en faire un moraliste, un classique par excellence.
 
Molière, un homme à la vie trépidante et pleine de surprises, devenu un mythe propice à tous les symbolesMolière, c'est avant tout 33 pièces de théâtre, en prose et en vers. Il est l'auteur classique le plus lu en France après Guy de Maupassant, avec en moyenne 500 000 exemplaires de ses ½uvres vendues chaque année. Aujourd'hui, Molière est traduit dans plus de 100 langues, dont le persan, le malais et le wolof. Son ½uvre met en scène 372 personnages, dont six Ganarelle, cinq Valère et quatre Clitandre, les prénoms à la mode de l'époque. Dramaturge, mais aussi comédien, il incarnera d'ailleurs lui-même pus de 32 rôles. Mais c'est surtout le XIXe siècle qui fait de Molière un héros romantique et vers 1837, en montant en grande pompe Le misanthrope à Versailles, transformé en musée national, Louis-Philippe a fait de lui le symbole d'une réconciliation nationale après la Révolution, l'Empire, les différentes Restaurations et aussi celui de l'esprit français, mélange de gauloiserie, d'esprit critique et de bon sens populaire, et surtout la deuxième moitié du XIXe siècle qui fait de Molière le héros national, celui qui va porter l'esprit français. On est au lendemain de la défaite de Sedan face à la Prusse, qui est en train de remonter le nationalisme allemand avec l'unification allemande et la France qui cherche donc à ce moment-là à réaffirmer face à l'Angleterre et à cette Allemagne, la spécificité de sa culture, sa domination culturelle en Europe. La France évidemment se trouve en Molière, à la fois son héros et son héraut. Le fait de montrer en Molière l'héritier de la tradition gauloise qui remonte au Moyen-Âge, de cet esprit frondeur et particulièrement français, et cet esprit populaire : Molière qui touche, Molière qui s'adresse à toutes les couches de la société, tout cela est une invention du XIXe siècle. Le XXe siècle reprendra à son compte l'image d'un Molière populaire, amorcée au XIXe siècle par les Romantiques qui affirment que le génie dicte ses lois. Molière, en effet, est perçu comme l'auteur qui écrit pour les spectateurs de toutes conditions sociales Plus tard, il s'est transformé en Molière républicain. La IIIe République, après 1870, a donc inventé de toutes pièces le Molière démocrate, patriote, laïc et républicain. Dans une France profondément divisée de 1870 à 1945, le comédien est récupéré à foison et devient un vrai enjeu politique à part entière de réconciliation nationale. On républicanise un homme censé incarner le génie national français et figurer comme l'un des nombreuses figures providentielles du pays pour unifier et, surtout, éduquer la Nation.
 
Molière, un homme à la vie trépidante et pleine de surprises, devenu un mythe propice à tous les symbolesEn 1908, Molière est pour la première fois adapté au cinéma par Georges Méliès, qui jette son dévolu sur L'Avare. Depuis, près de 50 films ont été tirés de son ½uvre comme Don Juan en 1965, sous forme de feuilletons, Le misanthrope et L'École des femmes en 1974 sous forme de téléfilm par Ingmar Bergman qui sont fidèles à l'½uvre de Molière, Le Misanthrope avec 11 films à la télévision entre 1966 et 2000, dont la plus réussie est celle de Jacques Weber en 1994, avec une adaptation cinématographique de Philippe le Guay en 2013, libre adaptation, fidèle à l'esprit de la pièce, L'Avare de Jean Girault en 1980 avec Louis de Funès, très fidèle à la pièce, Les Fourberies de Scapin de Roger Coggio en 1981, et Tartuffe réalisé par Gérard Depardieu en 1984. Ses pièces de théâtres  modernisés et les films montrant sa vie ne font que renforcer son succès. Le Don Juan de Jean Vilar et du Théâtre National Populaire (TNP), qui verra défiler 370 000 spectateurs en France et à l'étranger en 1953, devient par sa liberté un modèle du héros contemporain. Puis, pour Ariane Mouchkine et son collectif du Théâtre du Soleil, Poquelin sera la métaphore de la vie de sa propre troupe, relatée dans son très beau film Molière ou la vie d'un honnête homme (1978), avec Philippe Caubère dans le rôle-titre. En 1995, Mouchkine fait de Tartuffe une fable décapante dénonçant le fondamentalisme religieux. Tchéky Karyo dans Le Roi Danse de Gérard Corbiau sorti en 2000, joue un Molière provocateur, détesté par les ecclésiastiques et par certains courtisans du roi, car le film s'intéresse surtout aux querelles entourant l'interdiction de la comédie Tartuffe en 1964, et Romain Duris dans le film Molière en 2007 de Laurent Tirard, joue Molière dans un film qui s'intéresse à sa jeunesse: criblé de dettes, le jeune homme de 22 ans n'arrive pas à vendre ses tragédies, considérées à cette époque comme le plus haut genre théâtral. Oubliées aussi les comédies-ballets et les pièces de cour, Molière occupe les manuels scolaires avec Le Misanthrope, L'école des Femmes, Tartuffe ou Sganarelle. Des pièces dénonciatrices des m½urs d'un autre temps. Et dans le monde, cinq lycées français portent son patronyme, soit 3200 élèves qui sont autant d'ambassadeurs de l'illustre dramaturge, baptisé il y a 400 ans. 93 garçons portent le prénom de Molière depuis le début du XXe siècle. Si Molière vivait aujourd'hui il serait Africain, claironnait Jamel Debbouze. Molière, et surtout son Sganarelle, est un produit d'exportation, découvre-t-on un peu plus loin au travers de costumes d'inspiration orientaliste ou de représentation de la première troupe professionnelle marocaine, dirigée par Tayeb Saddiki. Molière, emporté dans les valises des colons, devient dans ce pays nouvellement indépendant un outil d'émancipation, un réquisitoire contre l'obscurantisme et le fondamentalisme. La légende de Molière va donc bien au-delà du roman national. Transposable dans tous les contextes, Molière est devenu une référence partagée sur les cinq continents.
 
Molière, un homme à la vie trépidante et pleine de surprises, devenu un mythe propice à tous les symbolesEnfin, à partir du 15 avril 2022 et jusqu'au 17 avril, une exposition baptisée Molière, la fabrique d'une gloire nationale, est ainsi présentée à l'espace Richaud avec l'idée de «prendre le mythe à contre-pied» comme l'explique Martial Poirson, commissaire de l'exposition. L'exposition présente ainsi différentes pièces dont des costumes des plus grandes ½uvres de Molière, des maquettes réalisées pour la Comédie française ou encore des documents historiques. «Nous avons le registre de La Grange qui était le comédien attitré de Molière et a repris la direction de sa troupe après son décès. Il fondera d'ailleurs sept ans plus tard la Comédie-Française.» Deux fac-similés de costumes reproduits à l'identique de Sganarelle et Arnolf sont aussi présentés. La vie et l'½uvre de Molière sont ainsi remises dans leur contexte à l'aide d'½uvres originales et authentiques. Une partie de l'exposition est consacrée à Molière, vu d'ailleurs. Et les pièces de Molières revisitées se donnent aussi à voir. Après le Tartuffe clinquant et décevant signé par Ivo van Hove, qui a ouvert le bal, il y aura d'autres créations : L'Avare dans une mise en scène de Lilo Baur, avec Laurent Stocker dans le rôle d'Harpagon; Jean-Baptiste, Madeleine, Armande et les autres..., une création sur la vie de Molière par Julie Deliquet; Dom Juan serré au plus près par Emmanuel Daumas, avec Laurent Lafitte; Les Précieuses ridicules réinventées pour aujourd'hui par Sébastien Pouderoux et Stéphane Varupenne; Le Crépuscule des singes, ou les relations entre Molière et Mikhail Boulgakov vues par Louise Vignaud. Plusieurs excellents spectacles, à ne pas manquer sont aussi à regarder : le merveilleux Malade imaginaire signé par Claude Stratz; l'irrésistible Bourgeois gentilhomme de Christian Hecq et Valérie Lesort; les formidables Fourberies de Scapin orchestrées par Denis Podalydès; ou Le Misanthrope, tel que vu, subtilement, par Clément Hervieu-Léger.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Roger Duchêne, Molière, Fayard, 2007, Christophe Mory, Molière, Gallimard, 2017, Jean-Michel Coblence, et Elléa Bird, Les Classiques en BD – Molière, Casterman, 2017 (BD, sur laquelle, j'ai pris une image), George Forestier, Molière, Gallimard, 2018, et https://www.franceculture.fr/theatre/400-ans-de-moliere-lauteur-de-theatre-francais-le-plus-joue-au-monde-na-pas-besoin-dentrer-au, Olivier Cabassut, et Benoît Lacou, Molière, l'impromptu de Pézenas, Aldacom, 2022 (BD, dont j'ai pris une image), Vincent Delmas, et Sergio Gerasi, Molière - À l'école des femmes Tome 01 : Molière, Glénat, 2022 (BD dans laquelle j'ai pris des images), https://actu.fr/ile-de-france/versailles_78646/moliere-comment-s-est-construit-le-mythe-une-exposition-a-voir-a-versailles_47935422.html, https://larochesuryon.maville.com/actu/actudet_-400-ans-de-moliere-il-faut-decaper-le-mythe-selon-l-historien-martial-poirson-_54135-5031159_actu.Htm, https://www.academie-stanislas.org/academiestanislas/images/seances_ordinaires/2019-02-08-Vert.pdf, https://www.ampdupuy.fr/expositions/expositions-virtuelles/de-moliere-a-la-comedie-francaise-eloges-graves/moliere-hors-scene/vie-privee-de-moliere/, https://atlantico.fr/article/decryptage/moliere-etait-il-feministe-ou-misogyne-la-reponse-est-dans-ses-pieces-theatre-comediens-troupe-humour-rire-les-femmes-savantes-le-misanthrope-jean-baptiste-poquelin-christophe-barbier, https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/yvelines/moliere-un-artiste-roi-celebre-par-la-republique-2417818.html, https://www.francetvinfo.fr/culture/spectacles/400-ans-de-moliere/moliere-au-cinema-six-acteurs-qui-ont-interprete-le-dramaturge-francais-sur-grand-ecran_4905307.html, https://www.francetvinfo.fr/culture/spectacles/theatre/quatre-siecles-plus-tard-la-vie-personnelle-de-moliere-reste-mysterieuse_4909339.html, https://www.franceculture.fr/emissions/sans-oser-le-demander/pourquoi-moliere-est-il-une-gloire-nationale, https://www.franceculture.fr/personne/moliere#biography, https://www.francetvinfo.fr/culture/spectacles/theatre/moliere-la-fabrique-dune-gloire-nationale-a-versailles-une-exposition-decrypte-la-legende_4916685.html, https://www.francetvinfo.fr/culture/moliere-400-ans-du-dramaturge-en-chiffres-et-mots_4918213.html, https://www.lamarseillaise.fr/culture/moliere-400-ans-d-une-histoire-contrastee-avec-les-femmes-CE10144251, https://www.lanouvellerepublique.fr/a-la-une/moliere-les-400-ans-d-un-illustre-inconnu, https://www.lhistoire.fr/10-id%C3%A9es-re%C3%A7ues-sur-moli%C3%A8re, https://www.ouest-france.fr/culture/arts/theatre/400-ans-de-moliere-il-faut-decaper-le-mythe-selon-l-historien-martial-poirson-4473585a-739d-11ec-adb3-e05a5ebfa4f4, https://www.profession-audiovisuel.com/moliere-et-le-cinema-une-rencontre-souvent-avortee/, https://www.sudouest.fr/culture/litterature/400-ans-de-moliere-douze-choses-que-vous-ne-savez-peut-etre-pas-encore-sur-le-pere-de-tartuffe-7592275.php, et https://www.theatreonline.com/Artiste/-Moliere/9657#Informations.
 
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#Posté le vendredi 21 janvier 2022 07:30

Modifié le vendredi 21 janvier 2022 07:59

Jean Bruce, ou comment créer un personnage qui survit à son auteur

Nous allons voir aujourd'hui Jean Bruce, créateur d'OSS 117, personnage principal de 265 volumes vendus à 75 millions d'exemplaires, héros de papier avant James Bond, il le fut aussi sur grand écran avant «007», dès 1957.
 
Jean Bruce, ou comment créer un personnage qui survit à son auteurNé le 22 mars 1921 à Paris, Jean Brochet est le fils d'un couple de restaurateurs et tenanciers d'un café-épicerie. Au cours de son enfance passée à Beauvoir au nord-est de la Sarthe (réunie à la commune d'Aillières en 1964), il éprouve une véritable passion pour le sport, pratique le ski, l'équitation, puis il étudia à Mamers et son rêve était de devenir aviateur, par la suite, il prendra des ours à l'aéroclub d'Alençon (Orne) et obtient un brevet de pilote d'avion en 1939 à l'âge de 17 ans. Un casse-cou, intrépide, moustachu, il avait les traits de son personnage. Bref, un aventurier qui va malgré tout être tour à tour employé de mairie, acteur dans une troupe ambulante, et imprésario. Soudain la guerre éclate Jean Bruce part, il est affecté au 117e bataillon de l'armée de l'air à Évreux et participe à la campagne de France comme pilote de chasse. Jean Bruce entre dans la Résistance, dès 1942. Lors d'une opération, il rencontre une nuit de septembre 1944 un officier américain. Cet homme va servir de modèle pour le personnage d'Hubert Bonisseur de la Bath, alias OSS 117. Après guerre, il part à Paris, il sera affecté à la direction générale des services spéciaux, inscrit à l'école supérieure de police, sauf qu'à ce moment-là vient l'envie d'écrire. Il prendra donc la direction du journal de l'école «Le poulet enchaîné», où il peut mettre en ½uvre son style d'humour. Il sort major de sa promotion et sera nommé inspecteur à la sûreté nationale mais il ne persistera pas dans cette voie, voulant écrire des livres.
 
Jean Bruce, ou comment créer un personnage qui survit à son auteurEn 1947, Jean Bruce quitte sa première épouse, et mère de son fils, François, pour épouser Josette, la mère de Martine qui vient de naître. Il vit avec sa femme, Josette Bruce, à la villa Saint-Hubert, avenue du général Leclerc à Chantilly. Jean Brochet confie le manuscrit d'OSS 117 à sa femme pour le porter chez un éditeur mais elle se trompe d'étage et de porte. Elle est accueillie par deux jeunes débutants qui venaient de fonder la maison d'édition «Fleuve Noir» aujourd'hui mondialement connue. On pourrait penser que le héros a été inspiré par James Bond pourtant 007 est né après 117. Ce fut le premier d'une longue série. Le premier roman de Jean Bruce au Fleuve Noir, Tu parles d'une ingénue !, paraît en 1949. C'est dans ce roman qu'apparaît Hubert Bonisseur de la Bath, alias OSS 117. Le héros est alors un Américain, puisque l'Office of Stategic Services (OSS) est un service de renseignement dépendant de Washington et ancêtre de la CIA. Pour rendre son personnage plus français, Jean Bruce lui donne le nom d'Hubert Bonisseur de La Bath, issu d'une vieille famille aristocratique ayant fuit la Révolution de 1789 pour se réfugier en Louisiane. Hubert est déjà volontiers sexiste, raciste (un Africain s'exprimant dans un français correct est présenté comme un «évolué­»), et homophobe... sauf que la collection des OSS est écrite au premier degré. Dans la saga d'origine écrite par Jean Bruce, il y a beaucoup d'extraits que l'on peut aujourd'hui trouver très problématiques. Tous les romans de Jean Bruce ont en effet pour point de départ un événement authentique. Les OSS 117 sont d'amusantes galeries de clichés aux titres sympathiques émaillés de jeux de mots. Certaines de ses ½uvres se présentent comme une quête; l'espion est alors chargé d'aller chercher, et de ramener, quelque chose ou quelqu'un; quelqu'un, c'est-à-dire un agitateur qui risque de déclencher une guerre aux Indes (Cache-cache au Cache-mire en 1955), un savant étranger (Moche coup à Moscou en 1958), ou tout autre individu, espion, ennemi ou politicien, dont la CIA aimerait s'emparer (OSS 117 à Mexico en 1963, Cadavre au détail en 1950, etc.); quelque chose, c'est-à-dire des renseignements (Chasse aux atomes en 1952, OSS 117 contre X en 1952) ou un document (Documents à vendre en 1955, OSS 117 franchit le canal en 1957). D'autres romans sont des enquêtes : sur le vol d'une ogive nucléaire (Métamorphose à Formose en 1959), sur des sabotages effectués dans des bases américaines (Travail sans filet en 1955, OSS 117 répond toujours en 1953), sur la disparition de savants américains (OSS 117 n'est pas aveugle en 1957), ou même sur la présence d'extra-terrestres aux États-Unis (Arizona zone A en 1959). Parfois, le roman consiste en une opération de sabotage (Dernier quart d'heure en 1955, Affaire n° 1 en 1954, Hara-Kiri en 1955). Enfin, l'espion peut, tout simplement, être chargé d'une exécution (Festival pour OSS 117 en 1957, À tuer en 1960).
 
Jean Bruce, ou comment créer un personnage qui survit à son auteurPendant les trois premières années de son contrat avec son éditeur, au Fleuve Noir, il va jusqu'à écrire un roman par mois. À l'image d'autres auteurs de polars et de romans populaires, Jean Bruce cache une part de sa production derrière des pseudonymes car ce sont de diverses histoires érotiques. Pour cela, il a également fait usage des noms de plume Jean Alexandre, Jean Alexandre Brochet, Joyce Lyndsay et Jean-Martin Rouan. Sur neuf titres de la «série Espionnage», Jean Bruce en signe six, sans compter les trois présents dans la «série Policière». Il est intéressant d'observer les titres donnés à ces ouvrages, où l'argot et l'humour prennent souvent une place éminente : Un fromage pour une souris en 1952, Mes hommages à la donzelle. Les titres des romans d'espionnage sont plus concis : Alerte, Angoisse, Trahison. En marge des romans policiers et d'espionnage, Jean Bruce est également l'auteur d'une biographie de l'écrivain et pilote Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944). Celle-ci a paru en 1953 aux Presses de la Cité sous le titre, Saint-Exupéry, pilote légendaire.  Jean Bruce aime passer ses vacances d'hiver à L'Alpe d'Huez et d'été sur la côte d'Azur, faisant aussi de l'équitation ou de la peinture. Amateur de rallyes, et passionné par les voitures de sport, tous ses véhicules seraient, parait-il, immatriculés «117». Déclinées aussi en bandes dessinées, en radio et au théâtre, les pérégrinations d'Hubert Bonisseur de La Bath atteignent aussi les écrans de cinéma dès 1957 avec la sortie de OSS 117 n'est pas mort. Le film ne rassemblera pas les foules mais il a le mérite de devancer à nouveau James Bond sur le terrain de l'adaptation filmique d'une série de romans d'espionnage et ce 5 ans avant la sortie de Dr No, le premier film de la franchise avec le mythique Sean Connery ! Outre ces activités, Jean Bruce écrit deux pièces de théâtre. En 1962, il anime sur Europe 1 une émission de radio, intitulée OSS 117 où il parle de ses romans. De 1960 à 1963, Jean Bruce dirige la collection Espionnage des Presses de la Cité. Il existe de nombreux titres, dont Cologne à la une de Michel Carnal ou Jusqu'en enfer de Mike Cooper. Jean Bruce meurt le 26 mars 1963, au volant de sa Jaguar, dans un accident de la route à Luzarches (Val d'Oise), tandis qu'il quittait sa propriété de Cheverny pour se rendre au siège des Presses de la Cité, son éditeur. Il avait déjà eu le temps de publier Valse viennoise pour OSS 117 et OSS 117 à Mexico. Il a signé 88 romans OSS 117. Son épouse Josette (1920-1996) poursuit la série, de 1966 à 1978, en écrivant plus de 143 romans, soit une moyenne de sept et demi par an, puis elle épousa en seconde noces Pierre Dourne, un ami de la famille qui apparaît dans les romans «OSS 117», sous le nom de Pierre Dru.
 
Jean Bruce, ou comment créer un personnage qui survit à son auteurLa légende cinématographique de Jean Bruce avait commencé dans les années 60 avec les quatre films d'André Hunebelle, à l'époque, le cinéaste est sur tous les fronts. C'est lui qui adapte Fantomas en trilogie. Il a aussi relancé les films de cape et d'épée avec Jean Marais". Le premier OSS 117 sort en 1957, et comme pour les livres, il devance le premier 007, James Bond contre Dr No (1962). Il est tourné en Corse en noir et blanc. Puis viendra OSS 117 se déchaîne  (1963) et Banco à Bangkok (1964). Ces films ne passent pas inaperçus à l'époque : ils attirent jusqu'à trois millions de spectateurs.  Les castings ne sont pas composés d'inconnus : Robert Hossein jouera par deux fois le méchant, alors que John Gavin, rôle principal dans Pas de Roses pour OSS 117 (1968), devait initialement interpréter James Bond dans Les diamants sont éternels. Finalement, Sean Connery poursuivra l'aventure. Ce que l'ont retient surtout dans les longs-métrages réalisés par André Hunebelle, c'est qu'ils sont "efficaces dans le rythme". Ce qui est inédit dans le cinéma français, ce sont les bagarres : "Ce ne sont plus des bagarres à la papa. Ils ont appris le karaté. Ce n'était pas courant". L'influence des James Bond est passée par là. Avant la longue disette de 40 ans, deux autres films sont tournés. OSS 117 prend des vacances, en 1970, puis OSS 117 tue le taon l'année suivante. Le premier se veut parodique, mais il est taclé par la critique. Il y a un ton moqueur, intello, ce n'est vraiment pas très bon. Un des méchants à deux chiens, ils s'appellent Marx et Engels. Et c'est vrai : tout tombe à plat, que ce soit le jeu d'acteur ou la réalisation. Comme dans la séquence évoquée plus haut où Frederick Stafford drague ouvertement Mylène Demongeot, certains passages rappellent le OSS 117 d'aujourd'hui. Mais dans les années 60, le ton est bien sérieux et il n'y a pas de second degré. Et c'est là où les films de Jean-François Halin excellent. Les producteurs voulaient un pastiche et non une parodie. Dans un pastiche, on exagère un peu tout, il y a une histoire, des personnages. Le Hubert Bonisseur de La Bath de cette époque est sérieux, premier degré, et macho, l'agent secret made in chez nous a d'abord ½uvré dans les rangs de la CIA, avant d'espionner au service de l'État français. Exotisme, action, superbes créatures, mais aussi humour et second degré.
 
Jean Bruce, ou comment créer un personnage qui survit à son auteurEn 1985, ce sont leurs enfants Martine et François qui prendront le relais, à la suite d'une procédure menée à l'encontre de Josette Bruce pour atteinte à leurs droits patrimoniaux et moraux. Il ne survivra plus que dans les imprimantes et les librairies jusqu'en 1992, année du dernier livre rédigé par François et Martine Bruce, qui ont poursuivi cette série très familiale avant la mort, en 1996, de leur mère Josette Bruce. Puis vint la série comique de Michel Hazanavicius qui a puisé son inspiration dans les films de Blake Edwards, des classiques d'Hitchcock ou encore en (re)visionnant Fantomas, avec Jean Dujardin, qui commença en 2006 avec Le Caire, nid d'espions dont les producteurs Éric et Nicolas Altmayer (Mandarin Films), fans de la première heure, ont convaincu la fille de Jean Bruce de leur céder les droits en proposant une version très hexagonale dans l'idée de marcher dans les pas du Magnifique de Philippe de Broca, où Jean-Paul Belmondo incarne un écrivain minable qui se fantasme en playboy dans ses romans d'espionnage, avec l'influence de James Bond qui est flagrante jusqu'au stylisme : la robe verte de Berenice Bejo est inspirée d'une tenue portée dans James Bond 007 contre Dr No, tandis que Jean Dujardin porte la réplique d'un smoking porté par Sean Connery, et trois ans plus tard, Rio ne répond plus, où après Bérénice Béjo, c'était au tour de Louise Monot de tenir le premier rôle féminin auprès de l'espion français et dans lequel Jean Dujardin parodie Paul Newman dans Détective privé (1975), les références sont une nouvelle fois très nombreuses dans ce second film avec le personnage d'OSS 117 et Michel Hazanvicius en a révélé quelques-unes : «De Harper Détective privé à L'Homme de Rio bien sûr, en passant par L'affaire Thomas Crown, La Mort aux Trousses, mais aussi la série des Matt Helm, Au service secret de sa Majesté, ou encore Le Vagabond de Tokyo de Suzuki ou même les films de catch mexicains des années 60 dont je vous épargnerai les noms». Pour lequel le réalisateur voulait faire comme si c'était un film retrouvé dans une cave dans les années 50. On tord tout à l'extrême, tout en restant sérieux. Voilà pourquoi OSS 117 est aujourd'hui un succès avec l'acteur Jean Dujardin, qui transforme Hubert Bonisseur de La Bath en Français xénophobe, misogyne et prétentieux. Ils seront suivi en 2021 par Alerte rouge en Afrique noire réalisé par Nicolas Bedos, car Michel Hazanavicius n'a pas voulu rempilé à cause du scénario. Mais, là en dehors de Jean Dujardin toujours excellent et qui semble inspiré par les films de Jean-Paul Belmondo des années 1980, comme Les Morfalous ou Le Solitaire, où "Bébel" apparaît complètement à rebours de son temps, le film n'est pas très bon comparé aux précédents, il est surtout visible par son grand cynisme et sa critique désabusée de la Françafrique, soit les relations entre la France et ses anciennes colonies en Afrique subsaharienne, à travers son héros envoyé en mission en Afrique en 1981 pour aider un dictateur de la pire espèce, situé quelque part entre Idi Amin Dada et Bokassa, à rester au pouvoir. On rit moins, alors qu'en 2009, à la sortie de Rio ne répond plus, Michel Hazanavicius avait évoqué son souhait de réaliser un troisième volet en Afrique où un OSS 117 bedonnant et vieillissant aurait assumé son homosexualité. Une piste stimulante, que Jean-François Halin et Nicolas Bedos abordent uniquement en surface dans Alerte Rouge en Afrique Noire.
 
Jean Bruce, ou comment créer un personnage qui survit à son auteurEn BD avec le scénariste Gihef et le dessinateur Pino Rinaldi, nous voyons au c½ur des sixties, Hubert Bonisseur de la Bath, alias OSS 117, vous embarquez dans de tonitruantes aventures ! Séduction et action garanties ! Tout d'abord dans OSS 117 - Tequila Molotov en 2015, dans lequel on trouve deux mexicaines explosives; une momie baladeuse; un agent du KGB jaloux et son assistante nymphomane; deux voyageurs égarés; et une pincée d'espion revenant de vacances sur la Riviera : un cocktail explosif ! OSS 117, arrogant agent de la CIA, est un séducteur hors pair et excelle dans les «mises au poing». Envoyé en mission secrète dans l'ambassade soviétique de Mexico, il lui faudra user de ses multiples talents pour s'infiltrer en territoire ennemi et découvrir ce qui s'y trame réellement ! Puis dans OSS 117 - Bon Mezzé d'Athènes, où Gihef est aidé de l'illustrateur Andrea Cuneo, nous voyons dans la mer Égée, à 200 pieds de profondeur, des pirates ont pris le contrôle d'un sous-marin n'épargnant qu'un seul membre d'équipage. Ce dernier parvient à leur fausser compagnie en se réfugiant dans le sas de plongée de l'appareil. Mais lorsqu'il se croit tirer d'affaires, un escadron d'hommes grenouilles le prend en chasse, pris à son tour à parti par les occupants du sous-marin. Que se trame-t-il donc dans la mer hellénique ? Encore, une fois, au c½ur des sixties en entourée de sublimes créatures, Hubert Bonisseur de la Bath part aux quatre coins du monde pour déjouer les complots les plus complexes et utilise volontiers son charme pour arriver à ses fins. Comme quoi, OSS 117 a encore de beaux jours devant lui.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Hugues Moutouh, et Jérôme Poirot, Dictionnaire du renseignement, Perrin, 2018, https://actualitte.com/article/101754/bande-annonce/au-cinema-oss-117-agent-secret-et-drole-de-zebre, http://archives.sarthe.fr/r/311/jean-bruce/, https://actu.fr/loisirs-culture/sur-les-traces-de-l-espion-oss-117-dans-le-village-de-son-createur-dans-la-sarthe_37039918.html, http://cinema.krinein.fr/oss-117-jean-bruce-jean-dujardin-8711.html, https://www.13emerue.fr/dossier/jean-bruce, https://www.bfmtv.com/people/cinema/alerte-rouge-en-afrique-noire-ce-que-nicolas-bedos-a-apporte-a-oss-117_AN-202108030080.html, https://www.erudit.org/en/journals/etudlitt/1974-v7-n1-etudlitt2196/500306ar.pdf, https://www.franceinter.fr/moins-drole-moins-franchouillard-mais-film-a-succes-a-quoi-ressemblent-les-vieux-oss-117, https://www.jeuneafrique.com/1202024/culture/oss-117-la-francafrique-version-grand-guignol/, https://www.jesuismort.com/tombe/jean-bruce#biographie, https://www.lefigaro.fr/cinema/2014/11/19/03002-20141119ARTFIG00272-mais-qui-est-vraiment-oss-117.php, https://www.rtbf.be/article/connait-on-vraiment-lhistoire-doss117-10812679, https://www.telez.fr/actus-tv/oss-117-rio-ne-repond-plus-infos-film-m6/, et https://www.vanityfair.fr/culture/ecrans/story/7-choses-a-savoir-sur-oss-117-le-caire-nid-despions/10980.
  
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#Posté le mercredi 23 mars 2022 10:57

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