Je vais vous parler aujourd'hui de Zénobie, reine de Palmyre, la Cléopâtre orientale. Femme forte et intelligente, elle est à l'image des femmes qui ont fait l'histoire. Découvrons ce personnage très intéressant.
Zénobie est née à Palmyre, en Syrie, au troisième siècle, d'un père syrien et citoyen romain et d'une mère d'origine probablement égyptienne. On suppose que la mère de Zénobie était égyptienne, car Zénobie connaissait bien la langue et la culture égyptiennes antiques. Son père, Iulius Aurelius Zenobius (Zabaii ben Selim en arabe), était un chef de tribu. A sa naissance, Zénobie reçut comme prénoms Iulia Aurelia Zenobia. Chez les Arabes, elle est connue comme Zenowbiya Bath Zabbai. Zénobie ne se fera appeler Septimia Bathzabbai Zenobia qu'après avoir épousé Septimius Odenath. Elle prétendait être la descendante de la famille royale d'Emese ou Homs en arabe, ce qui est attesté, de la reine de Carthage Didon ou Elyssa, et de la reine d'Egypte Cléopâtre VII. Les deux dernières références ne sont pas été attestées mais elles auraient permis à Zénobie de légitimer sa conquête de l'Egypte. On dit de Zénobie qu'elle était très belle. On la décrit en effet comme une belle femme au type méditerranéen. Elle avait, parait-il, de très belles dents blanches étincelantes comme des perles, un teint mat et des yeux noirs et brillants comme des miroirs. On la disait également dotée d'une voix mélodieuse. Zénobie était polyglotte : elle parlait couramment l'araméen, le grec, l'égyptien et le latin. Elle appréciait beaucoup les auteurs et philosophes grecs tels qu'Homère et Platon. Plus insolite, on dit qu'elle aimait boire et chasser le gibier !
En 258, le roi de Palmyre Odenath Septime épouse Zénobie en secondes noces. Il a déjà un fils issu d'un premier mariage, nommé Hairan. Huit ans après son mariage, vers 266, Zénobie donne naissance au second fils d'Odenath, Vaballathus ou Wahballath en arabe. Le fils de Zénobie hérite, comme le veut la tradition bédouine, du prénom de son grand-père paternel Wahballath, qui signifie "don de la déesse".
"Elle se disait descendue des anciens rois macédoniens qui régnèrent en Égypte : sa beauté égalait celle de Cléopâtre, et elle surpassait de bien loin cette princesse en valeur et en chasteté. (...) Zénobie était encore la plus belle des femmes. Elle avait le teint brun, les dents d'une blancheur éclatante, une voix forte et harmonieuse, et de grands yeux noirs, dont une douceur attrayante tempérait la vivacité. L'étude avait éclairé son esprit, et en avait augmenté l'énergie naturelle. Elle n'ignorait pas le latin ; mais elle possédait au même degré de perfection le grec, le syriaque et la langue égyptienne."
Aucune représentation avérée de Zénobie n'a été retrouvée : on ne connaît de son visage que des effigies à l'avers des monnaies, mais il s'agit de représentation conventionnelle. C'est le portrait d'une femme mi-grecque, mi-arabe, qui a bénéficiée d'une éducation digne d'un noble romain. Elle avait étudié le grec avec le philosophe Longin, dont elle fit son conseiller. Elle comptait parmi ses amis l'évêque hérétique d'Antioche, Paul de Samosate. A sa beauté et son intelligence, elle alliait un caractère affirmé. Comme son mari Odénat, elle appréciait les plaisirs de la chasse aux grands fauves (lions, panthères, ours) et n'hésitait pas à mener les campagnes militaires à la tête de son armée.
"Elle haranguait la foule à la manière des empereurs, casque en tête et revêtue de pourpre". Aurélien écrivit à son sujet : "Ceux qui disent que j'ai vaincu qu'une femme ne savent pas quelle femme elle était, à quel point elle se montrait rapide dans ses décisions, persévérante dans ses projets et énergique face aux soldats."
En 267, le roi de Palmyre Odenath contrôlait une bonne partie de l'Orient romain. Il avait repoussé les Perses au-delà de l'Euphrate, les poursuivants même jusqu'aux murs cyclopéens de leur capitale Ctésiphon. Il s'était également débarrassé des Macriens, ces usurpateurs qui avaient eu les yeux plus gros que le ventre en voulant détrôner l'empereur de Rome alors qu'ils auraient pu, comme Odenath, se contenter de l'Orient.
En récompense de cette modestie (et aussi, il en faut le dire, par crainte de s'aliéner ce dangereux allié), l'empereur Gallien avait couvert l'ancien roitelet arabe de Palmyre de titres ronflants. Il l'avait bombardé "Dux romanorum" (chef des Romains), et "Corrector totius orientus", (co-régent de tout l'Orient.)
Cependant, cette ascension rapide, tant de l'homme que de son royaume, n'avait pas manqué de faire des mécontents. Odenath fut assassiné, ainsi qu'Herodianus, son fils aîné, tous deux victimes d'une obscure conspiration domestique dont, peut-être, sa seconde épouse Zénobie tirait les ficelles.
Zénobie était aussi une femme d'ambition. Son caractère et sa destinée n'est pas sans rappeler Cléopâtre. Elle régna de 266/67 à 272 apr. J.-C. Elle fit exécuter l'assassin de son mari. Zénobie revendiqua la double titulature de son défunt mari, mais le sénat romain répugna à lui accorder en raison de la rumeur qui l'accusait d'être le commanditaire du meurtre d'Odénat, tant son appétit du pouvoir était visible. La reine Zénobie chercha à affirmer très tôt son indépendance en profitant de l'affaiblissement de l'empire romain de nouveau malmené par les invasions des Goths, des Francs et des Alamans.
Elle fit de Palmyre un foyer culturel brillant du Proche-Orient, attirant artistes, rhéteurs et philosophes, dont le célèbre Longin d'Émèse. Elle portait le titre de reine, non pas "reine de Palmyre", titre qui n'est jamais attesté et qui n'aurait aucune raison d'être car Palmyre ne fut jamais un royaume pendant toute son histoire connue; mais elle était reine car son époux, Odénat, avait pris le titre de "Roi des rois", revendiquant la couronne des rois perses après avoir vaincu ceux-ci plusieurs fois en Syrie et en Mésopotamie.
Autoritaire et habile, elle profita de l'incapacité des empereurs romains à défendre la Syrie contre les Parthes et de l'anarchie régnant à la tête de l'Empire. En 268, à la tête de son armée, composée d'archers et de méharis, elle partit envahir l'Égypte en se prétendant descendante de Cléopâtre. Dans les faits, il s'agissait de contrôler le commerce venant des Indes par la Mer Rouge alors que les Sassanides étaient maîtres de l'Arabie. En 271, son armée s'empare d'Antioche. Désormais, Zénobie dominait la Syrie et l'Orient : les provinces romaines d'Arabie, d'Arménie et de Perse lui ayant fait allégeance. se faisait appeler "illustrissime reine" puis prit le titre de Septimia Zenobia Augustiaen en 270 après ses conquêtes territoriales. Ses trois fils reçurent une éducation romaine afin de les préparer à l'administration du royaume. Elle fit frapper à Alexandrie des pièces de monnaie à son effigie et à celle de son fils aîné Wahballat.
Ses trois fils reçurent une éducation romaine afin de les préparer à l'administration du royaume. Elle fit frapper à Alexandrie des pièces de monnaie à son effigie et à celle de son fils aîné Wahballat.
Face à l'arrivée en Occident d'un nouvel empereur énergique, Aurélien, elle tenta de négocier avec lui afin d'associer son Vaballath au nouvel empereur (monnaies émises en Égypte aux deux noms). Mais Aurélien refusa et décida de mettre un point d'arrêt aux activités de Zénobie. En Égypte, des troupes romaines restées fidèles finirent par chasser les troupes palmyréniennes.
Au même moment, Aurélien entreprit lui-même une expédition, et remporta plusieurs succès sur les troupes de Zénobie en Asie Mineure, puis à proximité d'Antioche, enfin près d'Émèse. La route de Palmyre était désormais ouverte et la ville, mise en hâte en état de défense, tomba sans combats. Aurélien fit prisonnière Zénobie (elle avait tenté de trouver refuge au-delà de l'Euphrate). Emmenée à Rome, elle orna peut-être le triomphe d'Aurélien quoique les sources soient très contradictoires sur le sort réservé à Zénobie après la prise de Palmyre. Palmyre redevient ce qu'elle n'avait jamais cessé d'être depuis 19 de notre ère, une cité de l'Empire, malgré une tentative de soulèvement dès le départ d'Aurélien.
La force de caractère de Zénobie ne résista pas à la défaite : elle fit porter la responsabilité de sa révolte sur le dos de ses conseillers pour sauver sa tête que réclamaient les légionnaires. Dans la joie de son triomphe et contrairement à l'usage qui voulait que jamais Rome n'épargnât ses ennemis, Aurélien, fit grâce de la vie à la reine de Palmyre. Zénobie figurera, chargée de chaînes d'or, dans le cortège triomphal d'Aurélien qui eu lieu en 273 ou 274. Il se contenta de lui fixer Rome pour résidence. Il voulut que sa personne fût entourée des égards dus à son rang, défendit à quiconque d'insulter son infortune, car les malheurs qu'elle avait subis suffisaient à la châtier. Il lui accorda même une villa princière à Tibur ou à Tivoli, près de l'ancien palais d'Hadrien, et une pension qui lui permit de vivre décemment.
Zénobie aurait ainsi pu finir ses jours comme une paisible dame romaine dans ce luxe qu'elle aimait tant et où elle retrouvait ses habitudes de Palmyre. Mais elle se lassa vite de son inaction forcée et se laissa entrainer dans un complot fomenté par quelques sénateurs. Mis au courant quelques heures avant que le crime ne soit perpétré, Aurélien ordonna aussitôt l'arrestation de tous ceux qui avaient voulu attenter à sa vie, qui furent immédiatement mis à mort. Quant à Zénobie, après avoir été laissée sans nourriture pendant plusieurs jours dans sa prison, elle fut étranglée par des esclaves. Son corps n'eut point de sépulture.
J'espère vous avoir fait découvrir ce personnage.
Merci !
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