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Le roi Arthur, la réalité derrière le mythe

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Ce blog s'intéressera avant tout à la question de l'historicité du roi Arthur durant les Dark Ages, une période de grands changements dans la Bretagne post-romaine, et ce qui amena sa légende.

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Le 8 mai 1945, la fin du IIIe Reich, qui pensait durer «mille ans»

Le 8 mai 1945, la fin du IIIe Reich, qui pensait durer «mille ans»Après l'effondrement de l'armée allemande à l'Ouest en août 1944, les Alliés occidentaux se sont précipités vers les frontières du Reich lui-même, et à l'Est, l'Armée rouge victorieuse faisait de même, tout le monde croyait que la guerre serait terminée à Noël. Cependant, à la mi-décembre, les Allemands lancèrent en vain une contre-attaque en Belgique et dans le nord de la France, connue comme la Bataille des Ardennes. Les forces aériennes alliées attaquèrent des sites industriels nazis, comme celui du camp d'Auschwitz (bien que les chambres à gaz ne furent jamais ciblées).  Mais ce n'était pas le cas. D'une manière ou d'une autre, l'Allemagne nazie a réussi à éviter la défaite finale jusqu'en mai de l'année suivante, malgré le fait que les Soviétiques lancèrent une offensive le 12 janvier 1945, libérant l'ouest de la Pologne et forçant la Hongrie (un allié de l'Axe) à capituler, qu'à la mi-février 1945, les Alliés bombardèrent la ville allemande de Dresde, tuant environ 35 000 civils, et les troupes américaines traversèrent le Rhin le 7 mars 1945.  Le début de la fin a commencé en avril 1945, avec la libération des camps de concentration. Les Alliés, éc½urés par leurs découvertes à Buchenwald et Bergen-Belsen le 15 avril, se vengeaient. À Dachau le 29 avril, moins d'une heure après sa libération, 500 soldats SS ont été tués, dont 346 par un lieutenant américain armé de mitrailleuses. Il y a eu une orgie de reddition, avec un million de prisonniers faits par les Alliés en un mois. Hitler, confiné dans son bunker souterrain, à moitié fou, veut orchestrer le Götterdämmerung  (marche funèbre) d'un peuple allemand qu'il estime n'avoir pas été à la hauteur du destin qu'il lui assignait. Les Berlinois paieront de leur vie par dizaines de milliers le fanatisme suicidaire du Führer.
 
Le 8 mai 1945, la fin du IIIe Reich, qui pensait durer «mille ans»Et 16 avril 1945, une offensive soviétique finale permit aux forces soviétiques d'encercler Berlin, la capitale allemande, le 20 avril. Le 30 avril 1945, Hitler se suicida alors que les troupes soviétiques se dirigeaient vers la chancellerie du Reich. Les Soviétiques faisant face du côté allemand à une bataille menée par des officiers subalternes et d'autres grades plus bas, alors que la Wehrmacht s'effondrait, ont finalement capturé Berlin le 2 mai 1945 après avoir anéantis villes et villages, écrasés des civils par les chenilles des chars, des meurtres en série, un pillage systématique, des centaines de milliers de femmes et d'enfants périssant, souvent de faim ou de froid, et plus de sept millions de personnes s'enfuient vers l'ouest pour tenter d'échapper à la mort et à la terreur, auxquels s'ajoutent à une série de viols de sorte que pas moins de deux millions d'Allemandes en sont victimes, chiffre corroboré par les rapports secrets que le NKVD envoie à Moscou,  avec une terrible soif de vengeance, après les exactions commises par les allemands en Russie. Et Staline prépare déjà l'après-guerre en cherchant à mettre la main sur l'arme nucléaire que préparait le Reich dans un laboratoire secret dans la banlieue sud de Berlin. Le manque de confiance entre les dirigeants alliés a forcé le général Montgomery à pousser vers le nord pour sécuriser le Danemark et éloigner les Soviétiques. Les Allemands abandonnèrent docilement la Norvège mais combattirent âprement jusqu'au bout en Tchécoslovaquie. Le 7 mai 1945, les Allemand capitulent à Reims devant Eisenhower. Les Soviétiques veulent que cette reddition ait lieu sur leur territoire, à Berlin. Un autre armistice sera signé le 8, et, le 9 mai, avec les Soviétiques à Berlin.
 
Le 8 mai 1945, la fin du IIIe Reich, qui pensait durer «mille ans»Avec la victoire du 8 mai - par coïncidence, l'anniversaire du président Truman - vinrent les célébrations à Londres, Paris et New York, mais il y avait encore du travail à faire. La huitième armée de l'air américaine a cessé de bombarder l'Allemagne et a commencé à livrer de la nourriture aux Néerlandais affamés. Et les graines de la guerre froide ont été semées, lorsque Staline a condamné un million de ses soldats rapatriés au Goulag. Le «Reich de mille ans» tant vanté n'avait duré qu'une douzaine d'années, mais pendant cette période, il avait fait des ravages dans le monde entier. Avec la défaite vint la reddition totale de la Wehrmacht autrefois fière; des foules d'hommes se sont soudainement retrouvées à des kilomètres de chez eux dans des territoires ravagés par la guerre. Dans leurs rangs se trouvaient des milliers de non-Allemands de toute l'Europe, des hommes – pour la plupart d'anciens Waffen-SS – qui avaient jeté leur dévolu sur les Allemands  ils étaient désormais des «collaborateurs» et des «traîtres» et rentreraient chez eux pour faire face à la justice des vainqueurs.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Martin Gilbert, The Day the War Ended : May 8, 1945 – Victory in Europe, Henry Holt, 1995, et https://www.publishersweekly.com/978-0-8050-3926-9, William Karel, et Pierre Miquel, 8 mai 1945, une journée particulière, CNC, 1995 (documentaire), Jonathan Trigg, To VE-Day Through German Eyes : The Final Defeat of Nazi Germany, Amberley Publishing, 2020, Anthony Beevor, La Chute de Berlin, Calmann-Lévy,  2021, et https://encyclopedia.ushmm.org/content/fr/article/world-war-ii-in-europe.
 
Merci et bonne célébration du 8 mai 1945 !
Tags : Histoire, fêtes
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#Posté le dimanche 08 mai 2022 07:02

L'Ascension, un événement entre mythe et réalité devenu un fête chrétienne important

Aujourd'hui nous fêtons l'Ascension, qui est le départ de Jésus ressuscité au ciel après sa dernière apparition à ses disciples. Mais comme on va le voir, c'est beaucoup plus compliqué qu'on pourrait le croire.
 
L’Ascension, un événement entre mythe et réalité devenu un fête chrétienne importantLuc est le seul à raconter l'élévation de Jésus et à la situer devant des témoins dans Luc 24,50-51 et Actes 1,2-11. Cette ascension se trouve dans Marc 16,19, mais cette finale longue (Marc 16,9-20) est une composition du IIe siècle, inspirée de celle des Actes. Paul et les autres évangélistes font silence sur cet événement, bien qu'il puisse y avoir des allusions ailleurs dans le Nouveau Testament comme dans Jean 6,62, lorsqu'il dit à ses disciples : «Et si vous voyez le Fils de l'homme monter où il était auparavant ?»; dans Jean 20,17 lorsqu'il dit ressuscité à Marie de Magdala : «Ne me touche pas; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu»; et dans Éphésiens 4,8-10, quand l'auteur se faisant passer pour Paul dit dans l'épître que Jésus est «monté en haut», alors que dans les sept des épîtres attribuées à Paul - Romains, 1 Corinthiens, 2 Corinthiens, Galates, Philippiens, 1 Timothée et Philémon -, il ne parle pas de l'ascension). Cependant, ces écrits ont pu être influencée par les écrits lucaniens composés entre 80 et 100, puisque l'évangile de Jean a été composé entre 80 et 100, et l'épître aux Éphésiens  a été aussi écrite elle aussi durant la même période et n'est pas de Paul. Luc 24,50-53 envisage l'ascension comme la conclusion de l'activité de Jésus, tandis qu'Actes 1,3 la donne comme une ouverture au temps du témoignage. Luc fait donc 2 récit de l'ascension, le 1er a pour mettre fin de la présence de Jésus auprès des disciples après avoir donné la consigne nécessaire à leur témoignage et de demeurer à Jérusalem dans Luc 24,48-49, il les bénit, se sépare d'eux et il est emporté au ciel (Luc 24,50-51), et le second montre Jésus apparaissant une dernière fois à ses disciples réunis (Actes1,6), leur renouvelle la promesse de l'arrivée du royaume (Actes 1,8) et les disciples le voient disparaître dans les nuées (Actes 1,8), tandis que deux témoins habillés de blanc leur demande de ne pas rester à fixer le ciel (Actes 1,11). L'ascension doit répondre à l'absence de Jésus et sur l'incertitude de son retour. Tout est bon dans l'évangile pour situer la résurrection à Pâques sur la ville sainte d'où partira la mission (Actes 1,8). Situé l'ascension à Béthanie dans Luc 24,50, accroché au flanc est du mont des Oliviers, permet de raccrocher cette ascension à Zacharie 14,4 qui prévoit à fin des temps que YHW posera ses pieds sur ce mont pour aller combattre les nations. Ce lieu de parousie convient à l'ascension. Cependant, ce choix n'est pas innocent pour l'auteur de l'évangile puisque les grottes du mont des Oliviers ont servi dès le 1er siècle de lieu de rassemblement et de refuge lors de diverses conjurations, un tel rassemblement aurait pu avoir l'air suspect aux yeux des romains. Le but de Jésus avant de partir serait de développer un vaste réseau à travers tout le pays et encouragent la résistance non violente contre Rome qui commencera durant la Pentecôte. L'auteur de l'évangile en fait une parousie à l'envers, car elle constitue une mise en garde pour éviter toute fausse espérance pour l'Église qui doit utiliser positivement pour la mission le délai qui lui est accordé.
 
L’Ascension, un événement entre mythe et réalité devenu un fête chrétienne importantEt s'il n'y avait jamais eu d'Ascension ? Dès Marc 16,7 et Matthieu 28,7-10 les disciples du Jésus devaient se rendre en Galilée pour le rencontrer pleinement ressuscité. Contrairement à ce que certaines prophéties semblent dire, le nouveau royaume commence à se révéler en Galilée. Ce qui n'est pas étonnant, puisque Jésus a raison de dire à ses disciples de quitter Jérusalem pour échapper aux inévitables représailles romaines. Ainsi, à partir de la sombre province de Jésus, se développera un chemin de salut universel basé sur l'expérience de sa Pâque. Dans Marc 16, 7 l'ange dit que Jésus précèdera ses disciples en Galilée, le nouveau centre de l'histoire salvatrice, pour y commencer son chemin d'expansion universelle, mais c'est aussi un lieu plus raisonnable pour mobiliser la résistance non violente contre les Romains. Matthieu 28,7-10 introduit une nouveauté : il dit que Jésus avait convoqué ses fidèles sur une montagne (Matthieu 28,16), sans doute le mont Thabor, haut de 588 mètres, choix qui n'est pas innocent puisqu'il était un haut lieu, enjeux de l'installation des Hébreux en Terre promise étant le lieu de rassemblement des troupes qui affronteront Sisera (Juges 4), et des condamnations d'Osée 5,1, mais aussi un refuge à diverses armées au cours des âges, comme pour les Égyptiens qui s'y étaient installés et furent battus par Antiochus III en 218 avant J.-C., ou encore aux Juifs de la première révolte qui, en 67, sous la gouverne de Flavius Josèphe, furent défaits par les Romains. Au terme de son voyage, selon Matthieu 28,18-20, Jésus envoya ses disciples dans le monde entier, de la montagne de Galilée, leur promettant qu'il serait présent avec eux jusqu'à la fin des temps. Mais le but de Jésus va plus loin, car il ne veut pas remplacer la Loi juive (Torah) par une autre religion, mais convertir les païens afin de délivrer son peuple du joug romain. Et cela confirme le propos de Paul dans 1 Corinthiens 15,5-8, puisqu'après s'être 'fait voir' à Céphas, puis aux douze, ensuite, Jésus s'est 'fait voir' à plus de 500 frères à la fois, dont la plupart sont encore vivants, et dont quelques-uns sont morts, puis à Jacques, à tous les apôtres, et après eux tous, il aussi apparu à Paul, cependant Luc se contredit dans les Actes des Apôtres puisqu'il s'est aussi fait voir à Étienne, avant qu'il soit lapidé (Actes 7,55-60). Enfin, il apparaît à un certain Jean, qui ne serait pas l'apôtre, sur l'île de Patmos (Apocalypse 1,10-18).
 
L’Ascension, un événement entre mythe et réalité devenu un fête chrétienne importantLa fête de l'Ascension est apparue chez plusieurs auteurs au IVe siècle, et c'est probablement à la dernière décade de ce siècle que l'on a commencé à solenniser le 40e jour après Pâques. C'est sans doute pour cela que la pèlerine Égérie entre 381 et 384 la nommait «la fête du 40e jour», au moment où à Bethléem on avait prit l'habitude de célébrer la fête des Saints Innocents le 18 mai. Les deux fêtes auraient pu tomber au même moment. Égérie indique seulement que la fête a lieu à Bethléem et qu'elle est précédée d'une vigile le mercredi soir, et que les prêtes et l'évêque prêchent de façon appropriée au jour et au lieu. Elle affirme aussi que la mémoire de l'Ascension est célébrée le jour de la Pentecôte après le déjeuner, lors d'une célébration qui a lieu à l'Imbomon (la chapelle de l'Ascension) à Jérusalem, durant laquelle on lit le passage de l'évangile qui relate l'Ascension de Jésus. Mais contrairement à ce qu'on pu penser certains historiens, il n'est pas impossible de fêter à Bethléem l'Ascension le 40e jour après Pâques, qui devait se fêter aussi à Jérusalem au mont des Olivers comme le montre le lectionnaire arménien du Ve siècle qui indique une fête de l'Ascension le 40e jour après Pâques à Jérusalem au «mont des Oliviers», et on s'assemble «à la sainte colline» pour une synaxe qui comporte le Psaume 46, la lecture de Actes 1,1-14, le Psaume 23 et le récit de l'Ascension dans l'évangile de Luc (Luc 24,41-53). L'Ascension était donc dès le IVe siècle célébrée le 40e jour après Pâques, ce que confirme une homélie de Jean Chrysostome pour la fête de la Pentecôte – alors qu'il était prêtre d'Antioche entre 386 et 397, où il dit que «Notre nature, il y a dix jours, est montée sur le trône royal», et met en relation l'Ascension avec la venue de l'Esprit. Pour lui, c'est l'«ascension du crucifié» qui est l'objet de la fête. Et chez Grégoire de Nysse en 388 dans une homélie utilise le Psaume 23 pour montrer qu'à travers l'Ascension, la Pâques est une victoire dont la croix est un trophée, puis monté dans les hauteurs, il a réduit «la captivité la captivité elle-même».
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : François Vouga, Une théologie du Nouveau Testament,  Labor et Fides, 2001, Daniel Marguerat, Les Actes des Apôtres (1-12), Labor et Fides, 2007, et Introduction au Nouveau Testament : Son histoire, son écriture, sa théologie, Labor et Fides, 2008, Didier Long, L'invention du christianisme : Et Jésus devint Dieu, Presses de la Renaissance, 2012, Patrick Prétot, L'adoration de la Croix, Les éditions du Cerf, 2014, Marie-Françoise Baslez, Jésus : Dictionnaire historique des évangiles, Paris, Omnibus, 2017, https://www.bibleodyssey.org/HarperCollinsBibleDictionary/a/ascension-of-christ_-the, https://www.bibliquest.net/SLE/SLE-Apparitions_de_Jesus_apres_resurrection.htm, https://www.choisir.ch/religion/bible/item/2386-la-resurrection-de-jesus, http://www.interbible.org/interBible/decouverte/archeologie/2017/archeologie_20170414.html, https://www.lesclesdumoyenorient.com/Grande-Revolte-juive-66-73-apres-J.html, http://www.redescristianas.net/domingo-4-de-mayo-ascension-no-es-ascension-sino-presenciaxavier-pikaza-teologo/, et https://www.religiondigital.org/el_blog_de_x-_pikaza/Ascension-cielo-Jesus-vida-hombres_7_2125957388.html.
 
Merci et bonne fête de l'Ascension !
Tags : Histoire du christianisme, fêtes
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#Posté le jeudi 26 mai 2022 07:20

La fête des mères en Australie, ou comment un hommage aux mères est devenu une fête populaire

La fête des mères en Australie, ou comment un hommage aux mères est devenu une fête populaireComme nous fêtons la fête des mères, nous allons voir aujourd'hui comment elle se passe en Australie.
 
En Australie on fête les mamans le deuxième dimanche de mai. Le peuple australien doit cette fête à une femme, originaire de la banlieue de Sydney. En 1924, Janet Hayden, rend hommage à des mères de familles abandonnées et sans ressources, prises en charge dans un foyer de Newington. Elle leur apporte de petits cadeaux pour égayer leur quotidien. L'idée lui vient alors d'étendre cette petite attention à toutes les mères d'Australie, c'est ainsi que la tradition s'est installée.
 
Les journaux ont répondu à l'appel en aidant à faire passer le mot, tandis qu'elle a fait des demandes personnelles à de nombreuses entreprises de premier plan de Sydney. La réponse a été incroyable avec des dons allant de la poudre de talc et du savon, aux écharpes et mitaines, ainsi que des cadeaux de confiseries et de fruits.
 
Pendant sept années consécutives, l'appel par le biais des journaux, elle a fait en sorte que des centaines de mères qui, autrement, auraient été oubliées, reçoivent un cadeau pour la fête des mères. La tradition de Hayden d'honorer les mamans avec un cadeau et une carte s'est rapidement imposée, et des familles de toute l'Australie célébraient la fête des mères avec leurs mamans.
 
Mme Hayden a continué à rendre visite aux mères solitaires et oubliées de Newington jusqu'à sa mort en 1960. C'est alors que sa fille a parlé de la déception de sa mère par le mercantilisme de la fête des mères et la perte de son sens originel... mais elle a pensé que "l'intérêt commercial a fourni une publicité qui a rappelé aux gens l'occasion."
 
Aujourd'hui, il est de coutume d'offrir des chrysanthèmes à la fête des mères car il s'agit d'une fleur d'automne (mai est en automne dans l'hémisphère sud). L'explication relève aussi de la linguistique. Chrysanthemum, traduction anglaise de chrysanthème comporte «mum», «maman» dans la langue de Shakespeare.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : https://voyages.traditours.com/fete-meres-monde, https://www.lonetester.com/2018/05/the-origin-of-mothers-day-in-australia/, https://www.mamamia.com.au/mothers-day-meaning/, et https://www.natural-colours.fr/la-fete-des-meres-a-travers-le-monde/.
 
Et je n'oublie pas les mères des blogs que je visite, et je leur offre ces jolis cadeaux.
 
Tout d'abord celui pour les mères du blog lucinda-et-lestat-vampir, Flora, Jessica, Lucinda, et Maéva,
 
C'est la couverture du livre You Are My Happy écrit par Hoda Kobt et dessiné par Suzie Mason, sorti le 5 mars 2019. "Qu'est-ce qui nous a rendus heureux toute la journée ? Comptons ces choses, juste toi et moi." Alors que maman ourse et son petit se blottissent avant de fermer les yeux pour une bonne nuit de sommeil, ils réfléchissent aux merveilles de la vie quotidienne qui les rendent heureux. De Hoda Kotb, co-présentatrice de l'émission Today et auteur à succès n°1 du New York Times, I've Loved You Since Forever, vient un livre sur la gratitude pour les choses de la vie - grandes et petites - qui nous apportent le bonheur. Inspirée par sa propre routine nocturne avec sa fille, Haley Joy, Kotb crée un autre beau trésor que les parents et les enfants peuvent apprécier ensemble. Avec des illustrations charmantes et luxuriantes de l'artiste à succès Suzie Mason, cette berceuse apaisante mais ludique explore la joie simple de prendre un moment pour être reconnaissant. J'espère que ça vous plaira :
 
La fête des mères en Australie, ou comment un hommage aux mères est devenu une fête populaire
 
Puis celui pour Nad sur loups-06,
 
Qui est Mother's Love, une peinture de Lucie Bilodeau uplaodé le 18 mars 2014 sur fineartamerica.com. C'est l'½uvre de Lucie Bilodeau est née à Montréal, au Canada, en mai 1967. Après avoir vécu 28 ans aux États-Unis, elle est revenue au Canada en 2020. Elle gagne sa vie en tant qu'artiste professionnelle depuis 1993. Elle a manifesté son premier intérêt sérieux pour l'art à l'âge de sept ans. Quand elle avait 14 ans, elle a étudié à Mission: Renaissance School à Montréal, Canada. Elle a suivi des cours qui lui ont enseigné les compétences traditionnelles en beaux-arts, y compris une étude approfondie des maîtres : Rembrandt, Monet, Manet, Cézanne, Fantin Latour et d'autres. De nombreuses ½uvres de Mme Bilodeau se retrouvent dans des sociétés et des collections privées du monde entier, notamment en Angleterre, en France, en Russie, en Allemagne, au Japon, en Australie, aux États-Unis et au Canada. Ici, elle a réalisé une peinture à l'huile d'une mère louve aimante avec son bébé. Pour fournir la meilleure qualité de reproduction, cette peinture a été photographiée par un photographe professionnel. Il crée des fichiers numériques de qualité reproductible par capture directe, à l'aide d'un appareil photo Hasselblad H5D de 50 mégapixels à la pointe de la technologie. J'espère que ça te plaira :
 
La fête des mères en Australie, ou comment un hommage aux mères est devenu une fête populaire
 
Et celui pour Laura du blog les-babies-anges-noirs,
 
Qui est la couverture du livre d'Emma Dodd, Together, sorti le 11 octobre 2016, qui nous montre une petite loutre de mer qui adore passer du temps avec ses parents - apprendre de nouvelles choses, jouer ensemble ou même simplement se tenir l'un l'autre. En fait, chaque jour que cette petite loutre de mer passe avec son parent est spécial, simplement parce qu'ils sont ensemble. J'espère que ça te plaira :
 
La fête des mères en Australie, ou comment un hommage aux mères est devenu une fête populaire
 
Ensuite, celui pour athena59,
 
Qui est la couverture de l'ouvrage Mum, Me, and the Mulberry Tree, écrit par Anya Rosie, et illustré par Chuck Groenink, sorti le19 juillet 2022. Dans celui-ci, une petite fille et sa mère se lèvent très tôt pour quelque chose de spécial : une journée à cueillir des mûres ! Le soleil se lève à peine lorsqu'ils montent dans le bus, se blottissant contre les sièges alors qu'ils roulent dans la campagne anglaise. Là, ils trouvent leur mûrier préféré et commencent à remplir leurs seaux et leurs bacs. Un pique-nique offre une pause agréable et ils s'abritent sous l'arbre quand il commence à pleuvoir. Au moment où le soleil se couche, ils sont sur le chemin du retour, prêts pour la dernière gâterie de l'aventure de la journée : une délicieuse tarte aux mûres ! Cette histoire charmante et douce sur une tradition mère-fille est une célébration de l'abondance qui nous entoure et du temps passé avec quelqu'un que vous aimez. J'espère que ça te plaira :
 
La fête des mères en Australie, ou comment un hommage aux mères est devenu une fête populaire
 
 
Et celui pour le-royaume-de-marie,
 
Qui est la couverture du livre Fairy Mom and Me #2: Fairy In Waiting, écrit par Sophie Kinsella et illustré par Marta Kissi, sorti le 29 janvier 2019. Dans celui-ci, l'équipe de fées mère-fille préférée est de retour ! Ailes scintillantes, codes magiques et cornets de crème glacée se multiplient dans ces prochaines aventures de l'auteur à succès du New York Times Sophie Kinsella. Ella Brook a l'habitude d'être une fée en attente. Cela signifie qu'un jour, elle deviendra une fée avec ses propres ailes scintillantes et Computawand, tout comme sa mère. Mais parfois, Ella ne veut plus attendre. Après tout, elle aide sa mère à se souvenir des codes magiques tout le temps ! Si seulement il y avait un sort pour grandir plus vite. Ella prouvera-t-elle qu'elle est prête à devenir une fée ? Ou apprendra-t-elle qu'elle n'a pas besoin de vraie magie pour sauver la situation ? J'espère que ça te plaira :
 
La fête des mères en Australie, ou comment un hommage aux mères est devenu une fête populaire
 
Merci et bonne fête des mères !
Tags : fêtes, Cadeaux
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#Posté le dimanche 29 mai 2022 07:19

La Visitation, une visite devenue une fête

Nous allons voir aujourd'hui la Visitation, le nom donné à la visite rendue par Marie, enceinte de Jésus, à sa parente Élisabeth qui concevra Jean-Baptiste (Luc 1,39-57), qui est fêtée aujourd'hui.
 
La Visitation, une visite devenue une fêteSelon l'évangile de Luc, Marie et Elisabeth, les mères de Jésus et de Jean-Baptiste auraient été «parentes», mais contrairement à ce que dit la tradition, elles n'étaient pas cousines mais sans doute d'une parenté au sens large (syngénéia), mais apparentées à un milieu social précis, celui de la descendance d'Aaron, le frère de Moïse, considéré comme l'ancêtre des familles sacerdotales  de Jérusalem, auxquels appartiennent aussi l'époux d'Elisabeth, Zacharie, même si cette parenté peut-être une invention de l'auteur de l'évangile, et elles se seraient rencontrés lorsqu'elles étaient enceinte (Luc 1,39-56), puisque Elisabeth était à ses 3 derniers mois de grossesses et Marie dans ses 3 premiers mois.  Marie montre un caractère indépendant, décide par elle-même, ne dépendant ni d'un père, ni d'un mari, ni d'une "tribu" de prétendus frères ou protecteurs (Luc 1, 26-38), et se déplace seule, elle se mêle à la vie quotidienne de personne extérieure à son quotidien puisqu'elle aurait passé 3 mois auprès d'Elisabeth, qui habitait la zone centrale montagneuse de Jérusalem, dans la localité de Ain Karim, à 6 km à l'ouest de Jérusalem.
 
La Visitation, une visite devenue une fêteLe texte de Luc va aussi plus loin puisqu'il fait reconnaître à travers Marie et Elisabeth, Jésus comme le Messie dès le ventre de sa mère par Jean-Baptiste. Elisabeth la présente comme «la mère de mon Seigneur» (he metêr tou Kyriou mou : Luc 1,43) suite à sa bénédiction de marie («Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni» dans Luc 1,42-43) après la salutation de Marie (Luc 1,40), et la réaction de Jean-Baptiste dans son ventre (Luc 1,41). Cela est conclu par le Magnificat (Luc 1, 46-55), où Marie intègre la promesse du salut  qu'elle porte à l'alliance conclue entre Yahvé et le peuple d'Israël, dans lequel elle proclame que «Dieu» fait tomber les puissants de leurs trônes et élève les opprimés, qui comblent les pauvres de bonnes choses et renvoie les riches sans rien.... C'est l'hymne de la libération totale des hommes et des femmes, sur le plan économique, politique et idéologique.
 
La Visitation, une visite devenue une fêteLuc dans l'évangile cherche avant tout à lier Jean-Baptiste et Jésus. Les naissances de Jésus et de Jean le Baptiseur sont prédites par un ange en deux annonciations parallèles, à Zacharie (1,5-2,15) puis à Marie (1,26-38). Après la rencontre des deux femmes, Élisabeth et Marie, les deux nativités de Jean et de Jésus sont racontées selon un cycle qui se répète: annonciation, naissance, circoncision, nomination, salutation, croissance de l'enfant. Mais le parallèle est déséquilibré en faveur de Jésus : Élisabeth est stérile, Marie est vierge quand elle reçoit l'annonce, mais rien ne dit que l'enfant ne sera pas celui de Joseph; Zacharie doute de la naissance merveilleuse de son fils, Marie accueille la nouvelle. Jean préparera le peuple d'Israël à la venue du Seigneur, Jésus est le Messie. Les deux ont eu une naissance miraculeuse, mais Jésus est né du Saint-Esprit, même si cela n'empêche pas une conception purement humaine. Jean croissait en sagesse, Jésus dans l'esprit. Jésus est le jumeau du Baptiseur, mais il va le dépasser.
 
La Visitation, une visite devenue une fêteMais le texte de la Visitation vient montrer autre chose que la préséance de Jésus sur Jean, la mise en avant de libérateur charismatique de descendance davidique reconnu par un prophète dès le ventre de sa mère, et qui à travers Marie est en opposition avec les dirigeants établis. Il est étonnant que ce passage subversif ait échappé à la censure romaine, ce texte met en avant la fin des systèmes de domination que représente Rome et ses collaborateurs à travers leur brutalité, la pauvreté et l'oppression. La reconnaissance de Jésus dès le ventre de sa mère annonce un nouveau type d'organisation humaine et un style de justice sociale et de paix mondiale.
 
L'origine de la fête remonte au VIe siècle. Répandue en Occident par saint Bonaventure et les Franciscains qui l'instituent en 1263, la fête fut donc étendue à toute l'Église latine en1389 par le pape Boniface IX qui l'introduit dans la liturgie, elle est fixée le 9 juillet. Cependant la fête ne s'étendit réellement en Occident qu'après le concile de Bâle en 1441. La fête de la Visitation est passée en 1969 du 9 juillet au 31 mai, de façon à tomber entre l'Annonciation le 25 mars et la nativité de Saint-Jean-Baptiste le 24 juin.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Xabier Pikaza, La madre de Jesús : introducción a la mariologia, Ediciones Sigúeme, 1989, Enzo Lodi, Les saints du calendrier romain : prier avec les saints dans la liturgie, Médisapaul, 1995, Anselm Grün, ‎et Petra Reitz, Des repères pour vivre les fêtes mariales, Médiaspaul, 2001, Philippe Rouillard, Les fêtes chrétiennes en Occident, Editions du Cerf, 2003, Eric Suire, Vocabulaire historique du christianisme, Armand Colin, 2004, Richard A. Horsley, The Liberation of Christmas: The Infancy Narratives in Social Context, Wipf and Stock, 2006, Simon Claude Mimouni, Jacques le Juste, frère de Jésus de Nazareth. Histoire de la communauté nazoréenne / chrétienne de Jérusalem du Ier au IVe siècle, Bayard, 2015, Marie-Françoise Baslez, Jésus : Dictionnaire historique des évangiles, Paris, Omnibus, 2017, Christian-Georges Schwentzel, Les Quatre Saisons du Christ : un parcours politique dans la Judée romaine, Vendémiaire, 2018, http://radiogalilea.com.ar/el-reto-de-la-inmaculada-descolonizar-a-las-mujeres-en-la-iglesia-por-xabier-pikaza/, https://web.unican.es/campuscultural/Documents/Aula%20de%20estudios%20sobre%20religi%C3%B3n/2006-2007/CursoTeologiaLaInfanciaDeJesus2006-2007.pdf, https://thehumandivine.org/2016/12/04/the-political-meaning-of-the-nativity-by-marcus-j-borg-and-john-dominic-crossan/, https://www.lematin.ch/story/on-la-oublie-mais-cette-annee-la-il-y-a-eu-deux-naissances-miraculeuses-791814630577,  et https://www.periodistadigital.com/cultura/religion/20181208/xabier-pikaza-reto-inmaculada-descolonizar-mujeres-iglesia-noticia-689401957886/.
 
Merci  et bonne fête de la Visitation !
Tags : Histoire du christianisme, fêtes
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#Posté le mardi 31 mai 2022 07:01

La Pentecôte, une opération de communication réussie devenue une fête

La Pentecôte, une opération de communication réussie devenue une fêteAprès l'exécution de Jésus, la plupart des disciples de Jésus se sont probablement cachés à Jérusalem et aux alentours tandis que d'autres ont repris le chemin de la Galilée. On dispose effectivement de deux traditions sur les disciples après la mort de leur maître : selon l'une, ils sont retournés en Galilée (Marc 16,18, Matthieu 28, 16, et Jean 21,1-25); selon l'autre, ils sont restés à Jérusalem (Luc 24,49-50 et Actes 1,3-4; Marc 16, 9-20, et Jean 20,19-31). Ces traditions ne doivent pas être considérées comme contradictoires, car il se peut tout simplement que certains soient retournés en Galilée d'où ils sont originaires tandis que d'autres sont demeurés à Jérusalem dans l'attente. Ce qui paraît certain, c'est que ceux qui ont reparu à Jérusalem n'ont pas été inquiétés outre mesure ni par les autorités religieuses judéennes ni par les autorités politiques romaines, du moins dans les toutes premières années. De toute évidence, l'expérience de Pâques les emmène à Jérusalem, où ils attendent la révélation définitive de Jésus, le Messie d'Israël, le Fils eschatologique de l'homme. Il y eu donc quelque chose. Un regroupement, voir plusieurs sans doute sur 2 ou 3 ans, c'est pour cela qu'il y a des traditions qui situent les apparitions en Galilée et d'autres à Jérusalem. Cela correspond à des groupes de fidèles, les uns restés chez eux, les autres restés à Jérusalem. Mais quelques-uns doutaient, du fait que tout le monde n'était pas convaincu par la réalité de la résurrection. Ainsi plusieurs de ses disciples affirment que le Maître leur est apparu, pour leur dire qu'il est revenu à la vie et les charger de continuer son ½uvre. Il s'agit, d'une part, de Pierre, puis des Onze, puis d'un groupe de cinq cents frères; d'autre part, de Jacques, Frère du Seigneur, et de tous les apôtres. Cette série d'apparitions et d'envois en mission revêt aux yeux des disciples une importance si fondamentale que l'énumération de ces événements a été intégrée à une confession de croyance messianique citée par Paul peu après 50 et remontant sans doute aux années 30 (1 Co 15, 5-7). À travers celles-ci,  il semble certain que Simon est intervenu puissamment dans cette conversion pascale (Luc 22,32; 24,34; et 1 Co 15,5), qui confirme désormais son nom de Képhas-Pierre, la fondation de l'Église. Mais la conversion de Simon est radicalement liée aux femmes amies de Jésus, selon Marc 16,1-8. Les femmes sont restées dès le début à Jérusalem, où elles ont trouvé le tombeau ouvert, par la suite elles ont sans doute couru en Galilée pour communiquer leur expérience aux apôtres  (Marc 16,7, et Matthieu 28,10). Certaines femmes nous ont surpris, disent ceux d'Emmaüs (Luc 23). Sans ce choc des femmes, il n'y aurait pas eu de Pentecôte. La vérité est que nous les retrouvons plus tard à Jérusalem, formant la première Église, avec les apôtres. Les frères de Jésus  sont aussi présents car selon la coutume juive, la mère et les frères se seraient réunis pendant une semaine puis un mois pour pleurer rigoureusement Jésus, le mort. À un certain moment, peut-être à cause du témoignage des femmes, peut-être à cause d'une éclosion intérieure, leurs pleurs sont devenus une fête, l'absence de Jésus est devenue Pentecôte. Cela donne une première vague d'apparition autour de Pierre qui est ordonné autour de la figure de Jacques. Suites aux apparitions et aux réseaux qui se mettent en place, on voit apparaître Jacques, comme une figure nouvelle et la famille de Jésus. Ces réseaux se basent sur les disciples et la famille. Enrichis par la nouvelle présence de Jésus, ses fidèles se sont réunis parce qu'ils attendent déjà la fin de ce monde. Jésus lui-même avait annoncé l'arrivée de son Royaume. C'est ce qu'implique la question du «jour» de l'Ascension : «Est-ce le moment où tu vas établir le royaume d'Israël ?» (Actes 1,6). Jean 20,19 nous dit que les fidèles de Jésus étaient rassemblés à huis clos, par crainte des Juifs. Les groupes mentionnés dans Actes 1,13-14 semblent se retrouver dans une attitude similaire, de joie et de peur débordantes. Il y a deux mots qui décrivent son expérience : unanimité et prière. Dans les Actes des Apôtres, la prééminence de Pierre est mise en avant, il amorce le processus de remplacement de Judas (Actes 1,15-26) par tirage au sort, même si il est plus probable que Matthias remplace Pierre devenu le chef de la mission, car Judas ne serait pas mort. En réalité, Pierre n'a sans doute jamais été le premier responsable de la communauté de Jérusalem, un rôle échu à Jacques – comme le montrent les sources patristiques –, mais il a été en revanche un responsable de la communauté de Capharnaüm et a eu une place importante en Galilée.
 
 
La Pentecôte, une opération de communication réussie devenue une fêteEn l'an 33, profitant de Chavouot, la fête des semaines, célébrée 50 jours après Pessah (Pâques). À l'origine, fête d'action de grâce des récoltes, avec le temps, ce fête a aussi reçu avec le temps, une signification liée à l'histoire du salut, devenant la fête du «don de la Torah», et selon la Mishna (mise par écrit vers l'an 200), les processions vers la ville sainte étaient assez festives. La communauté chrétienne naissante va donc annoncer la Bonne nouvelle du Christ ressuscité à tous les gens qui sont là. Ils sont tous là (Actes 2,1), les apôtres (Actes 1,26), les 120 frères (Actes 1,15), c'est-à-dire les trois groupes dont parlait le texte d'Actes 1,14-15 dans le cénacle au mont Sion, et ils se jettent dans la gueule du loup dans un milieu hostile, avec les autorités du Temple et leur police, revenant à Jérusalem, vivant sans doute cachés, dans l'endroit où va s'établir le Royaume de Dieu. S'ils sont à Jérusalem, c'est qu'ils ont une attente de la fin des temps et qu'il veuille accueillir le retour de Jésus. Les fidèles restent en prière, ils se rassemblent pour prier (en proseukhé). Le texte ultérieur dit qu'"ils étaient assis" (Actes 2,2), peut-être dans une attitude liturgique de célébration de la Pentecôte juive. Certes, leur prière est ouverte à l'avenir de Jésus qu'ils attendent comme le grand libérateur, qui viendra transformer leur ancienne vie, inaugurant le Royaume sur le monde. Dans cette perspective, ils comprennent et célèbrent l'ancienne et la nouvelle fête de leur ville, et ouvrent leur message aux hommes et aux femmes d'Israël, avec l'espérance de l'avenir qui se traduit par un geste missionnaire du présent, sur un chemin déterminé par la communion intra-ecclésiale et la parole qui sera ouverte à tous les peuples de la terre, que ce soit la population autochtone de Jérusalem, de langue araméenne, se mêlent non seulement ces hôtes de passage que sont les pèlerins de langue grecque, mais aussi des Juifs issus de la Diaspora, de langue grecque eux aussi, et venus s'établir à Jérusalem soit pour un temps, soit à titre définitif. Tout commence avec un bruit survenu comme 'un violent coup de vent' (Actes 2,2) qui pourrait être un débat tendu ou des meubles qui sont déplacés, attirant une foule de curieux (Actes 2,5-13) qui entendent les disciples parler leurs langues, parmi eux des juifs de Jérusalem, habitant la Judée, la Parthie et la Médie qui entretiennent des liens avec le Temple, l'Élam qui participent à la contribution du Temple, la Mésopotamie qui payaient grassement la collecte au Temple et dont les convois étaient protégés par les Hérodiens, l'Asie Mineure (le Pont, l'Asie, la Phrygie, la Pamphylie), fidèles et assidus à la collecte au Temple, liés aussi à Hérode et aux Hérodiens, la Cappadoce qui entretiennent des relations avec les Hérodiens, l'Égypte fournissant des prêtres et des scribes au Temple, à la faveur d'alliances matrimoniales conclues avec les Hérodiens, et le territoire de la Libye voisine de Cyrène, d'où circulent beaucoup de gens de métiers tout aussi prolixe à la collecte du Temple, et ceux qui sont venus de Rome, les prosélytes, Crétois et Arabes, familiers de Jérusalem et servant dans les armées d'Hérode. Le parler en langue n'a rien d'étonnant chez les Galiléens puisque les 4 langues principales qui étaient utilisées en Palestine à l'époque de Jésus sont l'hébreu, l'araméen, le grec et le latin, et des preuves archéologiques montrent que les ossuaires en Palestine de cette période ont des inscriptions en grec, en araméen et en hébreu. Cela montre que la communauté naissante à Jérusalem a sans doute réussi une opération de communication rondement préparée par Pierre et la famille de Jésus profitant d'une fête juive que les troupes romaines ne comprenaient pas.
 
La Pentecôte, une opération de communication réussie devenue une fêteLes disciples à travers Pierre s'adressent à leurs compatriotes comme à des «frères» (Actes 2,29) et leur message vaut pour toute la «maison d'Israël» (Actes 2,36) : la mort-résurrection de Jésus, ils la présentent comme l'accomplissement des promesses faites à Israël. Actes 2, 14-36 est un schéma primitif de prédication; au vu des oracles de l'Ancienne Alliance, «que toute la maison d'Israël le sache... avec certitude : Dieu l'a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous avez crucifié» (Actes 2, 36). Ce message va plus loin, en rendant responsable les Romains et les autorités du Temple de la mort de Jésus (Actes 2,23), le rendant ainsi subversif, plus encore avec des populations profitant des largesses des autorités du Temple et des Hérodiens dans un moment favorable pour proposer un autre royaume, car Hérode Philippe meurt en 33, ce qui permet à Hérode Antipas de prendre son épouse Hérodiade (avec laquelle il s'est marié secrètement entre 27 et 31) officiellement comme sa femme et de répudier sa femme Phasaélis, fille d'Arétas IV roi des Nabatéens, ce qui déclenche une guerre entre le tétrarque de Galilée et le roi des Nabatéens, de plus Pilate avec l'affaire des boucliers dorés se retrouve après 30 en fâcheuse posture avec l'empereur qui malgré tout lui garde son soutien, et l'attitude d'Hérode Antipas met le grand-prêtre Caïphe en fâcheuse posture, car il avait été choisi par les Hérodes. Pierre et Jacques ont choisi le bon moment pour se faire entendre, celui où le royaume annoncé par Jésus peut commencer et les libérer de la domination hérodienne et romaine sans pour autant utiliser la violence, ils attirent donc vers eux de nouveaux membres (Actes 2,41), qu'ils baptisent, cependant le baptême est une pratique singulière du bain purificateur rituel (pour la rémission de leurs péchés et non comme ablution de pureté) teintée d'apocalyptisme, ce qui était aussi une façon de dénier au Temple cette fonction d'intermédiaire avec le divin. Le chiffre de 3000 est peut-être exagéré, car il a fallu trois siècles pour que les Pharisiens atteignent le chiffre de plus de 6000 membres et les esséniens plus de 4000 membres, mais il peut être celui de la communauté durant la période où Jacques, le frère du Seigneur au moment de sa mort en 62 montrant la vitalité du mouvement. Mais le chiffre des 400 membres suivant Theudas entre 44 et 46, semble plutôt épouser les 500 disciples qui ont reçus une apparition de Jésus plus tard. Comme le montre Luc 24, 53 et Actes 2,43, ce sont des juifs qui restent attachés à la Torah et au Deutéronome (qu'ils lisent en araméen), à la circoncision, aux interdits alimentaires et au repos du Sabbat, qui vont encore au Temple et organisent une synagogue. Mais ils y ajoutent la reconnaissance de Jésus comme messie (qu'ils nomment «Serviteur de Dieu»), pratiquent le baptême, l'imposition des mains (qui confère l'Esprit-Saint) et la célébration du dernier repas de Jésus. Plus, encore ces disciples de Jésus, réunis autour de Jacques (que Flavius Josèphe nomme «frère de Jésus appelé Christ») à Jérusalem, se désignent eux-mêmes comme des adeptes dans « la voie du Seigneur». Mais la popularité du mouvement qui annonce la fin des temps et la chute des autorités juives et romaines, va obliger les autorités du Temple à intervenir sans doute en l'an 34 ou 35 pour éviter que Ponce Pilate ne prenne en main la situation comme il le fera en l'an 36 menant une sévère répression contre un prophète samaritain et ses sympathisants lors de leur rassemblement au mont Garizim, et au moment ou Hérode Antipas a commencé sa guerre contre Arétas IV en l'an 35.
 
La Pentecôte, une opération de communication réussie devenue une fêteMais pour la Pentecôte, jusqu'à la fin du IIe siècle, les notices sur les chrétiens la célébrant se réfèrent à leur respect de la fête agricole juive (par exemple, Epistula Apostolorum 17). Tertullien (vers 225) offre la première preuve claire d'une célébration de la Pentecôte avec un contenu chrétien, à la fois comme une période de fête de cinquante jours (De Corona 3) et comme une fête appropriée au baptême (De Baptismo 19). Origène (en 254) explique la fête en notant que «si un homme est capable de dire en vérité "nous sommes ressuscités avec le Christ", et aussi qu'"il nous a ressuscités et nous a fait asseoir avec lui dans les lieux célestes en Christ", il vit toujours aux jours de la Pentecôte... [et] il devient aussi digne d'une part dans la langue ardente donnée par Dieu» (Contre Celse 8,22). Le Concile de Nicée reconnaît la Pentecôte comme une saison au cours de laquelle aucun jeûne ou agenouillement n'était autorisé. La première preuve d'un contenu distinctif pour la Pentecôte vient d'Égérie (en 384), qui a noté que l'Église de Jérusalem a célébré l'effusion de l'Esprit et l'Ascension ensemble cinquante jours après Pâques (ch. 43). Elle écrit que la journée a été remplie d'activité - tellement d'activité, en fait, qu'"une très grande fatigue est endurée ce jour-là, car on veille à l'Anastasis dès le premier chant du coq, et il n'y a plus de pause à partir de ce moment-là pendant toute la journée", mais toute la célébration (de la Fête) dure si longtemps qu'elle il est minuit quand chacun rentre chez soi". Il faut dire que l'observance de la journée de la Pentecôte comprend également une commémoration de l'Ascension, et est marquée par de vastes foules se rendant dans toutes les principales églises stationnaires de la ville et de ses environs. Égérie décrit donc une série de services impliquant trois églises. Le premier service a eu lieu avant l'aube (au «chant du coq») dans l'Anastasis (Anastasis signifie «résurrection»), une chapelle intérieure construite sur l'emplacement réputé du tombeau vide de Jésus. Après la veillée, à l'aube, le groupe s'est dirigé vers le «martyrium», la grande basilique qui se trouvait en face de l'Anastasis. Le service se déroulait ici comme d'habitude pour les dimanches, sauf que le renvoi intervenait avant la «troisième heure», pour permettre la procession vers Sion. C'est le mont Sion, le point culminant de Jérusalem, et le site traditionnel du Cénacle. Une église y fut construite au IVe siècle, appelée Hagia Sion, ou Sainte Sion. Elle est parfois appelée «la Mère de toutes les Églises». Après des lectures là-bas, les fidèles se rassemblaient à nouveau dans une autre église, Eleona, ou l'Église des Disciples. Une grande partie de la procession se répète le soir, finissant à Sion et rentrant chez elle «vers minuit». La liturgie de Jérusalem partage la tendance de l'Église primitive à comprendre la Pentecôte et l'Ascension comme intimement liées théologiquement : l'Ascension comme l'achèvement triomphal du ministère terrestre du Christ, avec l'effusion missionnaire de l'Esprit Saint comme résultat inévitable. Ainsi, ils ont été célébrés le même jour. Cette tradition remonte à Jean 20 cela suggère que la résurrection, l'envoi de l'Esprit et la fin du ministère terrestre de Christ se sont produits le même jour. Entre le moment de la visite d'Égérie et l'apparition du Lectionnaire arménien (415-439), la liturgie de Jérusalem a connu un changement important dans sa célébration de la Pentecôte. Comme l'antienne (Psaume 142,3-10b), la lecture (Actes 2,1-21) et les évangiles (Jean 14,15-24, et 25-31) pour divers rassemblements de prière au cours de la journée le démontrent, la liturgie de la Pentecôte dans Jérusalem du Ve siècle commémore plus étroitement l'événement originel de la Pentecôte. Désormais, la Pentecôte diminue comme une fête christologique, et se transforme en une célébration de l'Esprit Saint.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Clyde McCone, The Phenomena of Pentecost, Department of Anthropology California State College, Long Beach Long Beach, California 90801, tiré de JASA 23 (Septembre 1971) : 87-88, dans https://www.asa3.org/ASA/PSCF/1971/JASA9-71McCone.html, Biblica: Vol.72, Peeters Publishers, 1991, Hans Conzelmann, et Andreas Lindemann, Guide pour l'étude du Nouveau Testament, Labor et Fides, 1999, Jérôme Prieur, et Gérard Mordillat, L'Origine du christianisme : 1. Jésus après Jésus,  2. Jacques, frère de Jésus, et 4. Querelle de famille, Archipel 33 et Arte, 2003 (documentaire), Pierre Maraval, et Simon Claude Mimouni, Le Christianisme, des origines à Constantin, Presses universitaires de France, 2006, Jean-Pierre Lémonon, Ponce Pilate, Éditions de l'Atelier, 2007, Odette Mainville, Les christophanies du Nouveau Testament, Médiaspaul, 2007, Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand. Juifs et Romains, Salomé et Jean-Baptiste, Titus et Bérénice, Pygmalion, 2011, Juifs et Nabatéens, les monarchies ethniques du Proche-Orient hellénistique et romain, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2013, et Les Quatre Saisons du Christ : un parcours politique dans la Judée romaine, Vendémiaire, 2018, Catherine Hezser, Jewish Travel in Antiquity, Mohr Siebek, 2011, https://books.openedition.org/pusl/8843?lang=fr, https://books.openedition.org/pul/32708?lang=fr, https://conversatio.org/pentecost/, https://frted.wordpress.com/2013/06/23/holy-pentecost-2013/, https://jewsforjesus.org/blog/the-jewish-roots-of-the-feast-of-pentecost, https://www.encyclopedia.com/religion/encyclopedias-almanacs-transcripts-and-maps/egeria-itinerarium, et https://www.religiondigital.org/el_blog_de_x-_pikaza/Maria-Pentecostes_7_2235746407.html.
 
Merci et bonne Pentecôte !
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#Posté le dimanche 05 juin 2022 07:38

Modifié le dimanche 05 juin 2022 08:21

Un film sympathique pour le lundi de Pentecôte : Les Esclaves de Babylone

En ce lundi de Pentecôte redevenu férié et chômé en 2008, où beaucoup d'entreprises utilisent ce jour férié comme journée de solidarité, destinée à participer au financement de la prise en charge des personnes âgées et handicapées, nous allons voir aujourd'hui Les Esclaves de Babylone.
 
Un film sympathique pour le lundi de Pentecôte : Les Esclaves de BabyloneLe film Les Esclaves de Babylone a été annoncé par le producteur de la Columbia, Sam Katzman en novembre 1951. Il faisait partie d'une liste de huit films qu'il tournait à Columbia, dont Le Roi Pirate avec Paul Henreid, Le Serpent du Nil avec Rhonda Fleming, Cairo to Suez, Jack McCall, Desperado, Le Trappeur des grand lacs, La Sirène de Bagdad et Flammes à Calcutta.  En janvier 1952, le film fut officiellement inscrit au programme avec William Castle pour le réaliser. Cela faisait partie du boom du début des années 50 dans les images de l'ère biblique. En mai, Kaztman a déclaré que le film commencerait en novembre. En juillet, Richard Conte, qui  entre 1945 et 1957a  joué dans plusieurs films noirs tournés par les plus grands réalisateurs, a été annoncé comme Nahum. En octobre 1952, il fut annoncé que la femme de Richard Conte, Ruth, ferait ses débuts au cinéma dans le film sous le nom de "Ruth Storey", et que Linda Christian, dont la renommée découlait en grande partie de son mariage (et de son divorce) avec l'idole de cinéma populaire Tyrone Power (1949–56), apparaîtrait également. Le même mois, Katzman a déclaré que William Castle dirigerait La conquête de Cochise. Le casting s'étoffe aussi de Maurice Schwartz, qui a joué un conseiller du roi Hérode Antipas dans Salomé (1953), la même année que Les Esclaves de Babylone est sorti, Michael Ansara qui apparaît dans le rôle de Pindare dans l'adaptation au grand écran de Joseph Mankiewicz de Jules César (1953) et dans un petit rôle dans Le Serpent du Nil (1953), Terrance Kilburn, un enfant acteur, qui une fois adulte, se spécialisa dans les rôle et la réalisation de pièces de théâtre à partir de 1950 tout en continuant à tourner à Hollywood, et Julie Newmar fait une brève apparition en tant que danseuse spécialisée dans cette production typique de Sam Katzman, rôle qu'elle avait déjà fait dans Le Serpent du Nil. Les nouvelles d'Hollywood Reporter incluent Guy Zanett, Don Garrett et Joseph Mell dans le casting, mais leur apparition dans le film final n'a pas été confirmée.
 
Un film sympathique pour le lundi de Pentecôte : Les Esclaves de BabyloneLe producteur Sam Katzman fouille une fois de plus dans les images d'archives du film de la Columbia de 1953, Salomé, et propose une autre "épopée instantanée". Il réutilise aussi les décors, costumes et stock shots du Salomé de William Dieterle avec ses extérieurs à Vasquez Rocks, Agua Dulce. Le réalisateur William Castle voulait un film à 'bas budget extravagant'. Son script est basé sur le livre de Daniel et de la Cyropédie de Xénophon (IVe siècle avant J.-C.) qui noircissent Balthasar – adorateur d'Ishtar/Astarté, la déesse de l'amour – en faveur du conquérant perse. Lors du tournage, Castle parla du professionnalisme de Maurice Schwartz quand il tourna de la scène avec les lions, l'acteur ayant peur des lions était hésitant à propos de sa performance, mais son expérience lui permit de faire une excellente performance. La scène fut filmée sans victimes. Tandis que Linda Christian avait un petit trouble avec Richard Conte, ils avaient tous les deux des idées amoureuses, et pour ne pas succomber  elle a amené son mari Tyrone Power sur le plateau un jour, après que Richard se soit installé et au vu des photographies il était ravi de son arrivée. William Castle se montra gentil et assez facile à vivre avec elle. Il a rappelé Julie Newar dans le film, où elle a fait une danse du sabre sauvage, dans une performance si frappante, grande et belle. C'est le corps de l'événement, elle trompe tout le monde et arrive presque à tuer Cyrus. De plus, Castle donna une attitude positive à Nabuchodonosor qui supporte Daniel. Il semble montrer un Nabuchodonosor (630-562 avant J.-C.) proche de la réalité, car ce dernier a régné sur Babylone pendant 57 ans et était connu pour avoir récupéré les provinces perdues du royaume et restauré et reconstruit tous les temples de son empire. Selon le livre de Daniel dans l'Ancien Testament, Daniel a interprété les rêves de Nabuchodonosor et il devenu un fonctionnaire de la cour. La fosse aux lions, la fournaise ardente et le départ des Israélite révèle que le véritable antagoniste du film est Balthasar interprété par un Michael Ansara assez convaincant. Dans ce point de vue narratif, cela permettait à l'audience de Castle de monter qu'il était un mauvais prince, et ce dernier devenu roi ne pense qu'à une chose massacrer les Israélites. Castle montre ce personnage d'une façon sombre qui finit tué à la fin du film. Le personnage est un équivalent d'Adolf Hitler qui à la mort de son père un équivalent du vieux maréchal Hindenburg, et met immédiatement en branle ses projets sans rencontrer de résistance avec les violences antisémites comme celles qui existaient en Allemagne depuis 1933, avec la spécifié du pogrom de novembre 1938 qui est de généraliser des violences antisémites qui jusque-là, n'étaient que locales. Contrairement au film, ce n'est pas Balthasar qui le jette au lion mais le roi mède Darius. Pour Shadrach, Meshach et Abednego sauvés des flammes de la fournaise, et le moment charnière où le festin de Balthasar est interrompu par une main géante qui écrit "Mene, mene, tekel upharsin" sur les murs de la salle de banquet pour prophétiser sa chute, les effets spéciaux sont classiques et reposent sur la même technique (projection) que Le Festin de Balthazar de Pathé en 1905.
 
Un film sympathique pour le lundi de Pentecôte : Les Esclaves de BabyloneCe film a été aussi réalisé seulement huit ans après l'Holocauste et seulement cinq ans après la création de l'État moderne d'Israël, et il reflète ces faits de plusieurs façons. Premièrement, plusieurs des personnages juifs, dont Daniel, portent des étoiles de David — le symbole qui apparaît sur le drapeau israélien moderne — assez en évidence. Plus tard, il y a une séquence dans laquelle Balthasar complote de tuer les Juifs dans un acte de génocide enflammé, mais à son insu, le feu est éteint par une tempête de pluie soudaine. Puis, lorsque les Juifs quittent Babylone à la fin du film, Daniel dit : «Cette captivité est terminée. Il y en a peut-être d'autres, mais maintenant nous pourrons supporter toutes les souffrances.» Des éléments comme ceux-ci auraient eu une résonance particulière si peu de temps après que les Juifs des temps modernes aient survécu à une persécution encore pire (le mot «holocauste» vient en fait d'un mot grec qui signifie «brûler quelque chose d'entier»), et si peu de temps après qu'Israël soit devenu une nation à part entière - mettant ainsi, en un sens, fin à une autre période d'exil. Au-delà de cela, il convient également de noter que les amis de Daniel sont identifiés dans ce film par leurs noms hébreux (Hananiah, Mishael, Azariah), et non par leurs noms babyloniens plus célèbres (Shadrach, Meshach, Abednego). Et à en croire ce film, ce sont des agents secrets juifs (après révélation divine, bien sûr) qui ont rendu possible la conquête de Cyrus, une sorte de Mossad antique à Babylone. Il faut dire qu'en utilisant le livre de Daniel, la connaissance des temps exiliques du film est sommaire et inexacte fait son charme à cet adaptation libre de celui-ci. Sa date pour la chute de Jérusalem, par exemple, est erronée; Balthasar est représenté comme le fils de Nabuchodonosor et le dernier roi de Babylone, alors qu'il était en fait le fils de Nabonide et, bien qu'il soit un personnage puissant, il n'a jamais été roi; Darius le Mède, un personnage fictif peut-être confondu avec Darius 1er de Perse, est nommé successeur de Balthasar au lieu de Cyrus. Le nom Daniel semblerait faire référence à un héros légendaire qui a été utilisé de différentes manières à différentes époques et qui est devenu particulièrement populaire dans la narration de la diaspora persane et grecque en tant que personnification des problèmes pratiques et théologiques auxquels sont confrontés les Juifs dans cet environnement, et cela a permis au scénariste de mettre le sujet du film dans le monde contemporain.
 
Un film sympathique pour le lundi de Pentecôte : Les Esclaves de BabyloneLe film mêle aventure biblique et romance. Dans celui-ci, les juif sont esclaves de Nabuchodonosor qui règne sur forcés d'édifier le grand temple de Bel Marduk à Babylone, et Daniel l'un d'entre eux est un sage conseiller, et à sa requête Nahum, un esclave rebelle s'échappe de Babylone, et part à la recherche d'un berger nommé Cyrus déterminé à en faire le roi de Perse. Il rejette d'abord sa proposition de le faire roi avant de le convaincre en lui disant qui pourra épouser la femme qu'il désire. Mais son grand père Astyage veut bloquer son ascension, et après  une tentative d'assassinat par une belle danseuse et une série de bataille ce dernier est renversé. Cyrus choisit la princesse Panthéa comme son épouse, cette dernière peu intéressée se fait convaincre par Nahum de devenir une puissante reine. Ce dernier exécute le plan de Daniel d'envahir Babylone avec l'aide de la princesse, et Cyrus déterminé à se marier avec elle part avec son armée à Babylone. Nahum part ensuite sauver Panthéa. Nabuchodonosor meurt de maladie et son fils Balthasar lui succède comme nouveau roi de Babylone. Ce dernier fait jeter Daniel aux lions. Celui-ci sort indemne de la fosse. Shadrach, Meshach et Abednego, trois Hébreux jetés aux flammes, survivent aussi miraculeusement. Cyrus se retrouve sans succès devant ses attentes face à Balthasar et doit se replier, tandis que Panthéa avoue son amour à Nahum qui rejette ses avances. Cyrus observant le mécontentement de sa future reine, décide de la chute de Nahum, mais cette dernière lui donne un délai. À Babylone, Daniel prie Dieu de libérer son peuple de Balthasar qui échoue à massacrer le peuple juif. Cyrus envahit encore Babylone par les égouts, et Nahum tue Balthasar au moment où il voulait tuer Daniel. Les israélites maintenant libérés, partent pour Jérusalem. Panthéa devenue reine ordonne à Nahum son exil permanent de Babylone. Cette fin cadre avec  le fait que Cyrus II le Grand (557 / 530), fondateur de la dynastie des Achéménides, s'empara de Babylone presque sans combat en – 539 et autorisa les Juifs déportés à rentrer en Palestine.
 
Un film sympathique pour le lundi de Pentecôte : Les Esclaves de BabyloneLa sortie des Esclaves de Babylone est conclue le 23 octobre 1953. Linda Christian et Julie Newmar tirent leur épingle du jeu dans film de la Columbia à petit budget d'une durée d'1h32, avec l'idée de génie de montrer un vieux Daniel devenu un stratège qui mènera son peuple à la libération de l'exil, s'inspirant ainsi du Livre portant son nom qui montre qu'il termine son service de prophète à Babylone car il est sans doute âgé de près de 94 ans quand l'édit de Cyrus, en 538 avant J.-C., permet le retour d'exil, mais aussi de Ben Gourion, le fondateur de l'État d'Israël en 1948 qui face aux Britanniques, plaida pour l'immigration juive en Palestine, et devenu l'un des principaux chefs de la Haganah, la milice d'auto-défense juive, et qui proclama l'établissement de l'Etat d'Israël, en mai 1948. Richard Conte est convaincant dans le rôle de Nahum, les bras de Daniel pour monter son opération de libération, ressemble aux membres de la Haganah qui commencent à s'armer et organisent de multiples grèves et sabotages pour s'opposer aux autorités mandataires entre 1939 et 1947. Le film a eu son petit succès malgré ses défauts. Cependant, il a été peu diffusé à la télévision, mais il a heureusement reçu depuis une petite attention. En 1957, dans une coïncidence étrange, il y eut un renouveau pour l'intérêt sur la figure historique de Cyrus. Donald Wiseman proposa une théorie d'une sinistre similarité entre Darius et Cyrus. Par la suite, cela n'empêchera pas certains des acteurs du film de tourner à nouveau dans des films biblique ou chrétiens comme Richard Conte dans le rôle de Barabbas dans La plus grande histoire jamais racontée (1965), et Michael Ansara dans un petit rôle en tant que Judas Iscariote dans La Tunique (1953) et d'un surveillant dans Les Dix Commandements (1956), tandis que Julie Newar fera les beaux jours de la série TV Batman dans le rôle de Catwoman (1966-1967).
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Paul Parla, ‎et Charles P. Mitchell, Screen Sirens Scream!: Interviews with 20 Actresses from science-fiction, Horror, Film Noir, and Mystery Movie, 1930s to 1960s, Mc Farland and Company, 2009, Joe Jordan, Showmanship: The Cinema of William Castle, BearManor Media, 2014, Michael Dante, My Classic Radio Interviews With The Stars, Volume One, Bear Manor Media, 2021, https://biblefilms.blogspot.com/2016/08/slaves-of-babylon-1953.htm, lhttps://en.wikipedia.org/wiki/Slaves_of_Babylon, https://www.allmovie.com/movie/slaves-of-babylon-v110576, https://www.britannica.com/topic/biblical-literature/Daniel, https://www.hervedumont.ch/L_ANTIQUITE_AU_CINEMA/files/assets/basic-html/index.html#page145, https://www.hervedumont.ch/L_ANTIQUITE_AU_CINEMA/files/assets/basic-html/index.html#page150, https://www.hervedumont.ch/L_ANTIQUITE_AU_CINEMA/files/assets/basic-html/index.html#page156, https://www.patheos.com/blogs/filmchat/2013/11/bible-movie-of-the-week-slaves-of-babylon-1953.html, et https://www.tcm.com/tcmdb/title/27574/slaves-of-babylon.
 
Merci et bon lundi de Pentecôte !
Tags : fêtes, Cinéma
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#Posté le lundi 06 juin 2022 07:34

Le Jour du Portugal, ou comment Camoes est devenu un symbole républicain, celui d'un régime autoritaire, et à nouveau un symbole progressiste et républicain

Le 10 juin, jour férié au Portugal depuis 1919, aujourd'hui «le jour du Portugal, de Camões et des communautés portugaises», après avoir été exalté par l'État Nouveau salazariste (1933-1974), régime dictatorial conçu et dirigé par Salazar  (1889-1970), comme «jour de Camões, du Portugal et de la race», commémore chaque année la date anniversaire de la mort du poète, le 10 juin 1580. Au XIXe siècle, c'est dans la figure de Camões que les libéraux portugais ont trouvé un symbole de leur lutte contre la présence des Anglais au Portugal, qui a conduit plus tard à l'établissement de la République.
 
Le Jour du Portugal, ou comment Camoes est devenu un symbole républicain, celui d’un régime autoritaire, et à nouveau un symbole progressiste et républicainCette fête de la nation portugaise avait vu ses contours se dessiner lors des commémorations du tricentenaire de 1880, véritable machine de guerre républicaine contre la monarchie de Bragance, lorsque les républicains descendirent dans les rues de Lisbonne pour une grande procession et évoquèrent Camões, à l'occasion du tricentenaire de sa mort. En 1880, les républicains, et notamment Teófilo Braga, qui avait importé au Portugal les conceptions positivistes d'Auguste Comte, comprirent qu'il était important de remplacer les symboles avec des symboles profanes. Camões apparaît comme un symbole séculier. Les républicains ont imposé un modèle de célébrations importé de France et de la Révolution française, ce qui a fait hésiter les monarchistes et la Cour elle-même dans le modèle des célébrations sans se méfier de la figure de Camões. L'idée qu'à l'époque il y aurait une procession civique le 10 juin était une appropriation de rituels religieux qui étaient ainsi sécularisés. Les célébrations ont mobilisé des Chambres de tout le pays, des associations... Et il y a eu une grande procession, qui est partie de la Praça do Comércio et est allée déposer des fleurs sur la statue de Camões, ce qui a contribué à l'affirmation des républicains comme force politique, bien que le roi lui-même ait été témoin des célébrations. Lisbonne, où sera proclamée la République en 1910, avait inauguré en 1867 une statue en l'honneur de l'auteur des Lusiades, promu poème national par les Portugais, au même titre que l'Iliade pour les Grecs et l'Énéide pour les Romains. Avec Camões et l'épopée des Lusiades semblait se concilier l'internationalisme humaniste et inspiration nationale, sentiment universel et national, sphère armillaire et blason des Quinas. Comme tout rite commémoratif, celui orchestré autour de la mémoire de Camões n'a pas échappé à un anachronisme contourné au prix d'une exaltation aussi héroïque que décalée à «l'inconstance du temps et de la fortune», alors qu'à l'heure de sa mort le Portugal s'enfonçait une profonde crise aggravée par la défaite d'Alcácer-Quibir (1578) et la mort sans héritier du jeune roi Sébastien, entraînant l'Union ibérique des deux couronnes sous la domination espagnole (1580-1640). La mort du «poète national» coïncidait avec la perte d'indépendance au profit de la Castille, tenue en lisière depuis plus de 4 siècles, et la fondation du royaume de Portugal. Cette mort révélait tout autant la fragilité et la démesure d'une expansion maritime héroïsé avec le voyage en Inde de Vasco de Gama (1498), Odyssée portugaise des temps modernes.
 
Le Jour du Portugal, ou comment Camoes est devenu un symbole républicain, celui d’un régime autoritaire, et à nouveau un symbole progressiste et républicainLa municipalité de Lisbonne décida en 1911 d'en faire un jour de fête municipale, puis de le commémorer tous les ans comme un mix de fête civique et villageoise, alors que des ouvriers voulaient en faire un jour de protestation en 1913 contre le chômage, ce qui aboutit à un mort, des blessés et la prison. La guerre donna une signification patriotique à ce jour en 1916 et 1917. Dans les années 1920, le nationalisme s'appuya sur le caractère civique de la célébration, plus particulièrement en 1924 lors du 4e centenaire de la naissance de Luís de Camões qui fut consacré «Jour de la race». La célébration a duré six jours et a eu des répercussions à l'étranger, notamment en Espagne. En 1925, adhérant à l'opinion de la municipalité de Lisbonne, le gouvernement décréta le 10 juin comme la 'Fête du Portugal'. On décida ainsi de «républicaniser» Camões, sans toutefois institutionnaliser cette fête. Le changement arrivera en 1929 quand viendra au pouvoir la dictature militaire qui le 1er décembre reconnaît le 10 juin comme une fête nationale, bien que l'opposition antifasciste ait utilisé Camões comme "drapeau" et symbole.
 
Le Jour du Portugal, ou comment Camoes est devenu un symbole républicain, celui d’un régime autoritaire, et à nouveau un symbole progressiste et républicainLe 10 juin a commencé à être plus valorisé avec l'État Nouveau, le régime établi au Portugal en 1933 sous la direction d'António de Oliveira Salazar. C'est à partir de cette époque que ce jour a commencé à être célébré au niveau national. La généralisation de ces commémorations est due en grande partie à sa médiatisation. La dernière épithète de la 'race' a été créée par Salazar lors de l'inauguration du Stade National en 1944 qui donna le titre à la fête de «jour de Camões, du Portugal et de la race». Oui, mais c'est seulement en 1952 que l'État Nouveau baptise la date comme le 'Jour du Portugal'. Le régime s'est ainsi approprié certains héros de la République, non pas au sens séculier voulu par les républicains, mais dans un sens nationaliste et de commémoration collective historique et propagandiste. L'État Nouveau a utilisé la date pour exalter la race du peuple portugais et les valeurs nationalistes. La figure du poète qui chantait les épopées portugaises servait désormais à célébrer la grandeur de l'empire national, à promouvoir un peuple héroïque, la fierté d'être portugais. La fête a servi de propagande pour le régime de Salazar. Les forces armées portugaises ont été célébrées et la politique coloniale du gouvernement (critiquée dans certaines organisations internationales, comme l'ONU) légitimée. Célébrant les valeurs de l'État Nouveau, en 1973, le président de l'époque, Américo Thomaz, déclara qu'il s'inquiétait d'une "maladie dangereuse" qui cherchait "à affaiblir l'amour de la patrie chez les peuples, afin qu'au lieu de patries il n'y en ait que un, symboliquement représenté par la faucille et par le marteau".
 
Le Jour du Portugal, ou comment Camoes est devenu un symbole républicain, celui d’un régime autoritaire, et à nouveau un symbole progressiste et républicainAprès la révolution des ½illets le 25 avril 1974, le 10 juin se maintient, mais se fera sous un jour plus progressiste, comme en 1975 au moment où  le gouvernement dirigé par le général Vasco Gonçalves lance un appel aux Portugais pour aller travailler au nom de la «bataille de la production», comme intersyndicale, et on changea sa titulature de «jour de Camões, du Portugal et de la race», qui devint en 1977 «le jour du Portugal, de Camões et des communautés portugaises» pour en faire une fête de consensus national. Jorge de Sena, l'écrivain vivant depuis longtemps aux États-Unis, a prononcé un discours extraordinaire pour défendre Camões – y compris la justification que Camões ne pouvait pas être qualifié de «fasciste».
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces articles qui m'ont beaucoup aidé : Justo G. Beramendi, ‎et María Jesús Baz, Identidades y memoria imaginada, Universitat de Valencia, 2008, Luís Oliveira Andrade, ‎et Luís Reis Torgal, Feriados em Portugal : tempos de memória e de sociabilidade, Imprensa de Universidade de Coimbra, 2012, Yves Léonard, Histoire de la nation portugaise, Tallandier, 2022, https://anamargaridapalmeiraebomeeugosto.blogs.sapo.pt/dia-de-portugal-de-camoes-e-das-23265, https://ionline.sapo.pt/artigo/567152/o-10-de-junho-so-regressou-em-1977-?seccao=Portugal_i, https://jornalissimo.com/curiosidades/dia-portugal-junho-historia-origem/, https://www.jn.pt/arquivo/2007/10-junho-primeira-festa-nacional-e-de-grande-gala-foi-em-1880-676870.html, et https://www.portugalinsite.pt/portugal/dia-de-portugal-10-de-junho/.
 
Merci et bon jour du Portugal !
Tags : fêtes, Histoire du Portugal
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#Posté le vendredi 10 juin 2022 07:07

Modifié le vendredi 10 juin 2022 07:22

Barnabé, un lévite, devenu compagnon de voyage de Paul et l'évangélisateur de Chypre

L'Église célèbre la fête de saint Barnabé le jour de son martyre, qui arriva le 11 de juin, sous Néron. Un martyr à l'historicité douteuse, dont le texte est tardif.
 
Barnabé, un lévite, devenu compagnon de voyage de Paul et l’évangélisateur de ChypreBarnabé est originaire de Chypre, un lévite juif de famille lévitique qui fut l'un des 1ers convertis au christianisme. Son nom, Joseph fut changé en Barnabé («fils de la consolation») par les disciples de Jésus, et il apparait représentatif de la Diaspora locale venue de Chypre dont les Romains avaient encouragé l'immigration en concédant un droit de propriété sur les terres à défricher. Les Actes des Apôtres racontent qu'il vendit l'un de ses champs pour en offrir le prix à l'Église primitive (Actes 4,36-37). Il fut envoyé de Jérusalem pour organiser l'Église d'Antioche (Actes 11,19-20), de passage à Tarse, il convainc Paul de la suivre dans sa mission (Actes 11,25). C'est lui qui conduisit Paul nouvellement converti à aux Douze et leur raconta les débuts de son apostolat à Damas. Plus tard, Barnabé prêcha pendant un an à Antioche en Syrie, avec Paul.
 
Barnabé, un lévite, devenu compagnon de voyage de Paul et l’évangélisateur de ChyprePuis, en ayant reçu l'imposition des mains qui les 'dégagent de tous liens' (Actes 13,3), Paul et Barnabé ont entrepris une activité missionnaire commune (Actes 13-14), parcourant Chypre, «l'immense pont entre la Syrie et la Cilicie» sans doute en 44 lors d'un échange ordinaire entre l'Église d'Antioche et sa métropole, et l'Asie Mineure (les villes de la Lycaonie, la Pisidie, et la Pamphylie) entre 44 et 46. Barnabé était le 1er parmi les prophètes et les docteurs à Antioche (Actes 13,1), Paul figurait en dernier (Actes 13,9). Les 2 hommes se rendirent à Jérusalem en 46 avec la monnaie collectée pour leurs frères judéens durant la grande famine sous l'empereur Claude, qui fut prédite par le prophète Agabus (Actes 11,27-30). À leur retour, ils furent accompagné par Jean surnommé Marc, le cousin de Barnabé (Actes 12,25).
 
Barnabé, un lévite, devenu compagnon de voyage de Paul et l’évangélisateur de ChypreAvec le temps le leadership passa de Barnabé à Paul entre 46 et 49, après qu'ils fondèrent des communautés à Iconion, Lystres et Derbé, c'est à ce moment-là que Paul devint le principal orateur à Lystres (Actes 14,12), et ils reçurent le titre d'«apôtres» (14,4) tout en devant rendre compte de leur activités à la communauté de  Jérusalem qui lui a remis ce titre (Actes 14,14), et les avis dans les épîtres pauliniennes confirment pleinement l'idée que "l'évangile des Gentils" qu'ils ont prêché était dans la conception de Paul (Galates 2, 1-9). Cependant, Barnabé à Antioche était plus hésitant que Paul comme le montre Galates 2 sur l'ouverte totale aux Gentils en s'affranchissant de la Torah avec le projet de dépasser toutes les différences ethniques et culturelles, ce qui explique qu'ils furent attaqués par les envoyés en mission de la communauté de Jérusalem à Antioche (Actes 15,1-2). Et ils durent ensuite se rendre à Jérusalem pour justifier auprès des Douze leur apostolat auprès des Gentils envoyé par l'Église d'Antioche au concile de Jérusalem en 49, où ils plaident avec un succès modéré la cause des païens convertis, afin qu'on ne les soumet pas la circoncision.
 
Barnabé, un lévite, devenu compagnon de voyage de Paul et l’évangélisateur de ChyprePar la suite, Barnabé se sépara de Paul au sujet de Jean-Marc entre 50 et 52, que le 1er voulait adjoindre à leur groupe, mais la véritable raison de cette séparation est que Barnabé et Pierre se sont retirés de la table et de la camaraderie des chrétiens gentils sous la pression des envoyés des la communauté de Jérusalem dont la publicité a été réprimandée par Paul, qui était en réalité fautif, car il n'avait pas dit à Pierre et Barnabé que les convertis païens leurs avaient donnés des viandes offertes aux idoles. Avant le 2e voyage, leur chemin se sépare (Actes 15,39). Paul retourna en Asie et Barnabé à Chypre avec Jean-Marc qu'il évangélisa, et dont la tradition le donne comme le fondateur des Églises de l'île, pénétrant difficilement dans les villes mais s'implantant plus facilement  dans les villages et les secteurs miniers, où il trouve la mort. Après, Paul éclipse totalement Barnabé dans les Actes des Apôtres, puis on ne parle plus de lui. Il n'y a aucune mention contemporaine de son activité ultérieure, à l'exception d'une brève référence par Paul quelques années plus tard (1 Corinthiens 9,6), où il aurait adhéré au principe de l'autosuffisance de Paul dans son travail missionnaire, mais aussi dans Colossiens 4,10 que son nom était bien connu et respecté à Colosses vers 60.
 
Barnabé, un lévite, devenu compagnon de voyage de Paul et l’évangélisateur de ChypreSelon des Actes apocryphes, un évangile non canon datant du Ve siècle, Barnabé aurait été lapidé par des Juifs, ce qui est absurde puisqu'il était un partisan de la communauté de Jérusalem voulant que les chrétiens continuent à appliquer la Torah, et Clément d'Alexandre lui attribué faussement une épître dite Lettre de Barnabé, écrite entre 70 et 135, due probablement à un juif converti, fortement anti-juive qui ne peut pas être l'½uvre du Barnabé des Actes des Apôtres. Ou on le représente à Rome et on suppose qu'il a écrit la Lettre biblique aux Hébreux. La tombe réputée de Barnabé, découverte en 488, se trouve près du monastère de Saint-Barnabé, dans la ville chypriote de Salamine, dont la communauté chrétienne a été fondée par Paul et Barnabé. La date de sa mort est incertaine, mais il n'était probablement plus vivant lorsque les Actes ont été écrits (vers 75-80).
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Pierre Pierrard, Dictionnaire des prénoms et des saints, Larousse, 1974, Marie-Françoise Baslez, Bible et histoire : Judaïsme, hellénisme, christianisme, Gallimard, 1998, Géza Vermes, Dictionnaire des contemporains de Jésus, Bayard, 2008, Michel Dubost, ‎et Stanislas Lalanne, Le nouveau Théo: L'Encyclopédie catholique pour tous, Mame, 2011, Enrico Norelli, La naissance du christianisme : comment tout a commencé, Gallimard, 2019, https://www.britannica.com/biography/Saint-Barnabas, et https://theodora.com/encyclopedia/b/barnabas.html.
 
La Saint-Barnabé est aussi une fête très importante en Espagne et plus particulièrement à Logroño.
 
Barnabé, un lévite, devenu compagnon de voyage de Paul et l’évangélisateur de ChypreLes fêtes patronales de Logroño, commémorant la victoire de 1521 sur les troupes du général français André de Foix ont lieu le 11 juin, jour de la Saint-Barnabé. On raconte que les habitants de Logroño auraient survécu au siège en s'alimentant de pain, de poissons pêchés dans l'Èbre, et en buvant le vin conservé dans les bodegas de la région. Les festivités tournent autour de l'accomplissement du V½u de Saint Barnabé datant de 1538. La statue du saint est déplacée le 10 de manière respectueuse et festive de la Cuisine Économique, où elle est conservée, au Ravelin, où elle demeure jusqu'au 12, date à laquelle elle est ramenée à la soupe populaire.
 
Barnabé, un lévite, devenu compagnon de voyage de Paul et l’évangélisateur de ChypreEt chaque année, une dégustation de pain, de vin et de poisson est offerte au pied de la porte de Revellín, construite au XVIe siècle en souvenir de la victoire, qui sert aussi de toile de fond à la reconstitution festive du siège de 1521, dans laquelle des centaines de bénévoles se produisent, comme si la vie en dépendait, leurs papiers d'artilleurs, d'arquebusiers, de piquiers ou de gens du peuple, tandis que dans des 58 bars, le vin de Rioja  est servi accompagné de brochettes mauresques, mariages, champignons, migas, saucisses, chaussons de jambon, bombitas, oreilles, nez, bravas, cassés, cojonudos, oncles Agus, foxpitos....
 
Barnabé, un lévite, devenu compagnon de voyage de Paul et l’évangélisateur de ChypreIl y a également le 11 des vêpres, des processions aux drapeaux, dont celle où le maire fait ondoyer le drapeau aux endroits où se trouvaient les portes de la ville en 1521, tandis que les canons tirent leurs salves d'honneur, défilés folkloriques et manifestations taurines durant lesquelles on voit des  génisses et on mange du b½uf en daube, et la fête se conclue par illumination de la ville avec des  bougies dans les rues, les fenêtres et les balcons.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé :https://www.petitfute.com/v44873-logrono/c1170-manifestation-evenement/c1250-fetes/c251-fete-traditionnelle-folklore-kermesse/658432-fiestas-de-san-bernabe.html, https://www.revistaviajeros.es/inspiracion/una-razon-para-visitar/la-rioja-logrono-segun-san-bernabe, https://www.rioja2.com/n-120932-2-el-protagonista-de-san-bernabe-es-el-santo-quieran-o-no/, et http://www.spainisculture.com/fr/fiestas/rioja_la/fiestas_de_san_bernabe.html.
 
Merci et bonne Saint-Barnabé ! 
Tags : Histoire du christianisme, fêtes
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#Posté le samedi 11 juin 2022 10:53

La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-Âge

Aujourd'hui, nous fêtons la fête de la Sainte-Trinité.
 
La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-ÂgeUne 1erfête  de la Sainte-Trinité fut célébrée dans la Principauté de Liège, dès le début Xe siècle (fête elle-même marquée par l'hymne trinitaire d'Alcuin), qui avait une octave au début du XIIe siècle, en Belgique, l'influence de celle-ci amena l'introduction de la fête dans les terres anglaise en 1162 par Thomas Beckett devenu archevêque de Cantorbéry, grâce à son amitié avec Everlin de Fooz (mort en 1188), un moine de Liège devenu un abbé. C'est lui qui décréta que le dimanche suivant la Pentecôte, on célébrerait la fête de la Trinité. Cependant cette fête fut longtemps écartée de la liturgie romaine, on la rencontrait à Reichenau en 1030 et Cluny en 1051. Après son imposition en Angleterre, elle passa chez les Cisterciens (1175), les Chartreux (1222), les Dominicains (au XIIIe siècle), et les Franciscains (1260). Après le synode d'Arles (1263), elle est adoptée dans de nombreux diocèses de pays francs. Ce ne fut seulement en 1334 que le pape Jean XXIII étendit son usage à toute l'Église universelle.
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : François Huot, L'Ordinaire de Sion: Étude sur sa transmission manuscrite, son cadre historique et sa liturgie, Saint-Paul, 1973, Ivan Gobry, Louis VII : 1137-1180 - Père de Philippe II Auguste, Pygmalion, 2012, et Bernard Forthomme, Histoire de la pensée au Pays de Liège, des origines à nos jours (tome I : IVe – XIe siècles), Editions Orizons, 2018.
 
Et comme nous allons voter aujourd'hui pour les élections législatives, je vais vous présenter les pratiques démocratiques au Moyen-âge. Le peuple a bon dos. Parler en son nom est un idéal politique aussi répandu que galvaudé. C'est le fondement même de la démocratie occidentale, mais aussi la source de tous les populismes. Porter la parole du peuple, c'est se l'approprier et, dans le champ du politique, le faire exister. Le problème non encore résolu de la figuration du peuple est d'abord et avant tout un problème de représentation, puisque ce peuple ne peut exister comme sujet politique qu'à travers ce processus. Aux derniers siècles du Moyen-Âge, l'Europe occidentale chrétienne voit le développement d'assemblées territoriales qui, sous diverses dénominations (parlements, états généraux, cortes ou diètes), sont le lieu d'expérimentation d'une représentation politique constitutive de l'État moderne, lointain ancêtre des régimes démocratiques contemporains. Cette représentation met en place des instances médiatrices entre des sociétés politiques en pleine émergence et des princes dont la souveraineté n'a encore rien d'absolu. Cela montre que dès le Moyen Âge, dans une société moins autoritaire qu'on veut bien le croire, «On y pratiquait une vraie culture du consentement».
 
La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-ÂgeC'est entre les années 1180-1240, qu'on voit apparaître les principaux parlements. Les assemblées demeurent jusqu'au XIIIe siècle sur le terrain de la représentation symbolique où les Grands et eux seuls représentent le peuple. Les changements n'interviennent qu'après, lorsqu'une forme d'échange politique entre princes et sujets se fait jour : des intérêts divergents se confrontent, la représentation se territorialise et des sources, de plus en plus nombreuses, mettent en évidence, à l'instar de la Magna Carta de 1215, qui fut un échec à court terme, des enjeux nouveaux autour des libertés fiscales ou de la protection des droits. Le moment décisif est cependant le siècle suivant, celui du «moment parlementaire». Car, malgré des expériences diverses et des variations notables, à la fin du XIVe siècle, au plus tard, «il n'est guère de royaume, de pays, de principauté, qui n'ait fait l'expérience d'une forme de représentation populaire». L'inverse (comme en Italie) a même plutôt de quoi surprendre, car dès le XIIe siècle, les communes italiennes inventèrent des formes originales d'un gouvernement collégial laïc capable d'administrer les villes les plus peuplées de l'Occident du temps. Affirmant leur autonomie face aux pouvoirs impérial et épiscopal, les communautés civiques expérimentèrent durant plus de trois siècles différents systèmes institutionnels qui furent adaptés aux évolutions profondes et parfois rapides des sociétés du temps. Des assemblées de plus en plus formalisées, élargies et aux dénominations multiples incarnent ainsi un dialogue et un dualisme entre des princes et des sujets qui se constituent en communautés politiques. Enfin, au tournant de l'année 1500, les assemblées représentatives sont partout.
 
La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-ÂgeOr la pratique d'assemblées délibérantes était très répandue au Moyen-Âge, que ce soit dans les guildes de métier et les villes libres, ou encore dans les «communautés d'habitants» qui autogéraient le commun dans des milliers de villages, dont celles-ci disposaient même d'un statut juridique, ont fonctionné sur le mode de l'autogestion pendant des siècles. L'histoire de cette démocratie médiévale n'a pas toujours été ignorée, pas même d'acteurs politiques ou d'intellectuels plutôt conservateurs. En France au dix-neuvième siècle, par exemple, François Guizot rappelait que «[l]es bourgeois du Moyen Âge se taxent, élisent leurs magistrats, jugent, punissent, s'assemblent pour délibérer sur leurs affaires et tous viennent à ces assemblées ; ils ont une milice ; en un mot, ils se gouvernent, ils sont souverains». En 1875, Edmond Demolins lançait Le mouvement communal et municipal au Moyen Âge. Essai sur l'origine, le développement et la chute des libertés publiques en France. Il rappelait que les villes médiévales  s'administraient elles-mêmes par des magistrats élus dans l'assemblée générale des habitants, où les bourgeois réunis soit dans l'église, soit sur la place publique changée en forum, délibéraient plus librement qu'à Sparte ou qu'à Athènes sur les affaires de la ville, sans se soucier nullement de recevoir des ordres de Paris.
 
La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-ÂgeLes expériences de gouvernement propres aux communautés religieuses, avec délibérations collectives parfois quotidiennes et désignation des supérieurs par les frères ou les s½urs (car ces expériences, à la différence des régimes politiques jusqu'à une date récente, n'ont pas concerné que des hommes) dans des élections, dans ce monde où le pouvoir ne pouvait pas être héréditaire, elles apparaissent à bien y regarder comme des laboratoires de la gouvernementalité moderne. Dans les cloitres, l'esprit de la Règle est le même, qui dit notamment qu'au sein de la communauté, tous les rapports doivent être fondés sur la charité, et que les supérieurs doivent être les serviteurs de leurs subordonnés. Y compris des supérieures, des femmes. Il y a eu aussi des communautés mixtes, comme le monastère de Fontevraud, où les hommes et les femmes étaient dirigés par une abbesse. Mais l'Église offre aussi un contre-modèle par le recours à l'élection pour désigner ses responsables : élections pontificales et épiscopales. Et c'est aussi aux XIIe et XIIIe siècles, qu'Abélard, Héloïse, Dominique de Guzmán, François et Claire d'Assise - d'autres encore - inventent une forme de gouvernement renversante. Selon eux, le chef d'une communauté doit se faire le dernier des serviteurs de ceux qu'il guide. Un devoir d'humilité strictement codifié. Ces ardents réformateurs du Moyen Âge abaissaient les puissants pour exalter les humbles, tout en se dépouillant eux-mêmes des emblèmes du pouvoir.
 
La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-ÂgeUn concept démocratique du pouvoir se voyait aussi par la laïcisation de la «conception chrétienne du pouvoir» dans le royaume de Sicile ou l'affirmation du caractère électif et non héréditaire de la monarchie suédoise, alors qu'en France les autorités monarchiques ou aristocratiques ne s'ingéraient pas dans les affaires de la communauté, qui se réunissait en assemblée pour délibérer au sujet d'enjeux politiques, communaux, financiers, judiciaires et paroissiaux. Le peuple disposait donc de fait d'une large autonomie. Dès le XIIe siècle, nombre de villes se sont dotées d'un régime municipal, avec un conseil et un maire ou des consuls élus, ou plutôt cooptés, pour traiter de certaines questions communes et se poser en interlocuteurs de l'autorité royale, dont la légitimité n'est jamais contestée. Et Jean sans Terre doit concéder une Grande Charte en 1215 dont sortira le Parlement. Ainsi, le peuple, au Moyen-Âge, parvenait à s'autogérer sur tout un ensemble de domaines considérés non comme "privés", mais comme publiques.
 
La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-ÂgeL'histoire de la notion de peuple est aussi liée à celle de la collecte des impôts. Inventé quelque part entre le XIIIe et le XVe siècle. Alors que l'Europe est en guerre de façon quasi permanente, l'impôt sert à financer des conflits coûteux. «Le peuple a accepté ce mécanisme, qui a été implanté dans la paix et le consentement. Il est faux de croire qu'au Moyen Âge, tout se réglait par la terreur et l'épée.» Les souverains obéissaient en effet, à leur manière, à l'idée que «ce qui concerne tout le monde doit être approuvé par tout le monde», s'appuyant sur un principe élaboré par le premier concile du Latran en 1123. «D'un point de vue contemporain, on peut considérer ces “moments parlementaires” comme une prémisse à la démocratie telle qu'elle se manifeste dans nos parlements actuels. Certes, avant le 18e siècle, il n'y a pas d'idée claire de démocratie, mais le peuple veut être consulté. Il ne met pas en cause la souveraineté du prince, mais il veut s'associer à l'exercice du pouvoir.»
 
La fête de la Sainte-Trinité, une célébration assez tardive, et on connaissait aussi la démocratie au Moyen-ÂgeEnfin, les ambiguïtés entourant la définition du peuple montraient aussi que la «méfiance traditionnelle» de l'élite intellectuelle envers la participation de la multitude au pouvoir, soulignait aussi le danger populiste qui survient quand «le dirigeant ne représente pas, mais prétend incarner, à lui seul, le peuple».
 
Pour aller plus loin, je vous conseille ces lectures qui m'ont beaucoup aidé : Jacques Dalarun, Gouverner c'est servir : Essai de démocratie médiévale, Alma Editeur, 2012, et https://croire.la-croix.com/Definitions/Figures-spirituelles/Regle-saint-Benoit-laboratoire-modernite-2020-03-27-1701086413, Michel Hébert, La voix du peuple : une histoire des assemblées au Moyen-Âge, Presses universitaires de France, 2018, https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/samedi-et-rien-d-autre/segments/entrevue/101739/democratie-peuple-michel-hebert-medieviste-moyen-age, https://journals.openedition.org/mots/27532, https://www.cairn.info/revue-tumultes-2017-2-page-139.htm?try_download=1https://www.monde-diplomatique.fr/2019/04/MOUSSA/59737, et https://www.nonfiction.fr/article-9913-le-pouvoir-des-assemblees.htm, https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/la-democratie-au-moyen-age-145371, https://www.lepoint.fr/histoire/l-essor-de-la-democratie-04-04-2017-2116978_1615.php, https://www.nonfiction.fr/article-8851-le-jt-de-socrate-penser-une-democratie-adulte-avec-et-contre-saint-francois.htm, et https://rdv-histoire.com/programme/le-moyen-age-un-laboratoire-du-gouvernement.
 
Merci et bonne fête de la Sainte-Trinité ! 
Tags : Histoire du christianisme, fêtes, Histoire, Actus
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